Quand Donald Trump veut la peau de Vanity Fair

Ainsi donc, Donald Trump a de nouveau lâché des tweets ra(va)geurs contre les médias. Et on ne finit pas de s’étonner de la façon dont l’homme à la tête de la plus grande puissance mondiale livre ses états d’âme de manière intempestive. Façon coup de tête, coup de sang. Il y a eu le New York Times, CNN et voici maintenant Vanity Fair, la victime du jour. Le tweet du président élu est particulièrement agressif: «Quelqu’un a-t-il regardé les numéros vraiment piètres du magazine @VanityFair? En dessous de tout, grosse difficulté, mort! Graydon Carter, aucun talent, sera out!». Violent.

Graydon Carter, l’homme dont Donald Trump veut la peau, est donc le rédacteur en chef du magazine, depuis 1992. Avec sa curieuse coiffure à la George Washington et son air espiègle, le Canado-américain, n’a, il est vrai, jamais vraiment épargné Donald Trump. En novembre, il publiait un article intitulé «Donald Trump: the Ugly American», où, lui, l’homme qui «observe depuis 30 ans ses singeries teintées d’orange», décoche des flèches empoisonnées contre Donald Trump et rappelle leur relation houleuse. Il se moque de ses petits doigts boudinés, photos à l’appui. Et publie notamment la série de tweets qui, déjà, demandaient sa peau.

 

 

 

Sauf que Donald Trump n’était alors pas encore élu président. La raison de sa toute dernière colère? Ce papier, qui laisse entendre que le Trump Grill, localisé dans la Trump Tower à Manhattan, pourrait être le pire restaurant des Etats-Unis. Avec en sous-titre: «Et il révèle tout ce que vous devez savoir sur notre prochain président».

La journaliste y raconte sa soirée par le menu. «L’allure du restaurant Trump, est comme le candidat, une version cheap du riche», résume-t-elle. Elle décrit l’aspect «too much» qui finit par être inconsistant et écoeurant: «Les boulettes, par exemple, venaient avec de la sauce soja et de l’huile de truffe, et les crostinis étaient servis à la fois avec de l’houmous et de la ricotta, deux ingrédients exotiques qui ne devraient jamais être servis ensemble».

Le tweet trumpien a en tout cas déclenché une série de messages colériques et ironiques de la part d’internautes excédés, qui l’accusent de réagir de manière enfantine et de se détourner des vrais problèmes. Comme la question de l’ingérence russe dans la présidentielle américaine pour le favoriser, selon les conclusions d’un rapport secret de la CIA. D’autres internautes le remercient: ils viennent de s’abonner à Vanity Fair. Tout ça pour ça. Donald Trump, finalement, fait beaucoup de bien aux médias.

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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