Le Youtubeur amérindien qui rit des Amérindiens

Les Sioux de la réserve de Standing Rock ont remporté une importante victoire la semaine dernière: le tracé du Dakota Access Pipeline pourrait finalement ne pas passer par leurs terres. Et ne pas souiller leurs sources d’eau potable, ni les lieux sacrés où sont enterrés leurs ancêtres. Le chef sioux Dave Archimbault II, combattant sans relâche, a de quoi se montrer un peu plus serein, après des mois de tensions (lire notre article ici). Mais attention, déclare à qui veut l’entendre Dallas Goldtooth, toujours sur les dents: l’administration Trump pourrait changer d’avis. Le combat n’est donc peut-être pas terminé.

Dallas Goldtooth? C’est l’un des organisateurs de l’opposition au tracé du pipeline controversé, qui s’était déjà battu avec succès contre l’oléoduc Keystone XL en 2014. Mais surtout, c’est un original, un doux dingue. Activiste environnemental, son arme à lui pour défendre les siens, c’est l’humour. Un humour parfois grinçant qui se moque des clichés sur les Amérindiens et joue avec les stéréotypes.

Il a le militantisme dans le sang: son père, Tom Goldtooth, n’est autre que le directeur du «Indigenous Environmental Network», l’une des plus grandes organisations défendant la cause des Amérindiens. Quand il n’est pas lui-même sur les chantiers pour protester contre la construction d’oléoducs, il change de registre et squatte Youtube.

L’image de l’Indien activiste fâché, il trouve cela hilarant. Il en joue, il en use.  Pour lui, c’est aussi un bon moyen de capter l’attention et de faire passer des messages sérieux.

Dallas Goldtooth fait partie du collectif 1491s, qui s’intéresse «aux Américains qui étaient là avant Christophe Colomb». C’est avec son beau-frère et des amis qu’il a commencé à tourner des petites vidéos satiriques. La première, «New Moon Wolf Pack Auditions», tournée en 2010, les met en scène en train de chercher à décrocher un rôle dans un film. Elle a été vue plus de 300 000 fois.

Le jeune Amérindien puise son énergie dans l’humour pour mener des combats déterminants pour les siens. Car ne vous y méprenez pas: c’est bien son but principal. Le voilà, d’ailleurs, dans une attitude beaucoup plus sérieuse.

Ses appels sur Twitter démontrent à quel point l’homme est engagé et reste vigilant par rapport à la construction du Dakota Access Pipeline.

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Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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