Le sol produit et métabolise le méthane
Le réchauffement climatique provoque le dégel de terres gelées depuis des millénaires, dans les régions boréales ou dans les montagnes. Les débris de plantes contenus dans ces sols depuis la dernière glaciation fermentent immédiatement et produisent du méthane (CH4). Cette réaction semble dominer surtout lorsque le terrain est humide. Elle est accomplie par des bactéries du sol. Actuellement, des larges étendues du permafrost dégèlent en Sibérie et Arctique, et les émissions de méthane ont déjà commencé. Elles pourraient atteindre des niveaux inquiétants et accélérer dangereusement le réchauffement climatique car ce gaz, peu abondant, provoque cependant 80 fois plus d’effet de serre par molécule que le gaz carbonique (permafrost, survivre).
La terre abrite aussi des bactéries capables d’utiliser le méthane. Les forêts semblent absorber et éliminer ce gaz plus efficacement que les pâturages et les champs.
Le sol des forêts suisses dégrade le méthane
Certains pâturages des montagnes suisses utilisés dans les siècles passés ont été abandonnés. Des forêts d’épicéas y repoussent, depuis 25 ans, 45 ou 150 ans.
Les scientifiques ont voulu tester si la prairie alpine, non labourée, et les bois absorbent le méthane de la même façon. D’autres avaient déjà observé que le sol forestier dégradait ce gaz. Dès que les arbres disparaissaient, lorsque la parcelle était convertie en champ ou en prairie, lea terre ne transformait plus aussi efficacement le gaz.
Le méthane est consommé par des bactéries méthanotrophes. Celles-ci sont capables de se nourrir de ce gaz si elles disposent de suffisamment d’oxygène. Ces microorganismes spécialisés pourraient disparaître des champs ou des prairies. Il est aussi possible que l’air circule mieux dans le sol forestier, et que les bactéries soient plus facilement en contact avec le gaz ou avec l’oxygène dont elles ont besoin pour le dégrader.
Les scientifiques du WSL ont montré que le sol forestier, en particulier s’il provient des futaies anciennes, dégrade trois fois plus de méthane que le sol des prairies.
Quand la forêt remplace les champs, la terre retrouve lentement la capacité d’oxyder le méthane. Ce processus rend plusieurs années.
Après une centaine d’années de présence d’arbres, le sol métabolise trois fois plus de méthane. Cette capacité s’accroît avec l’âge du bois, le sol des forêts anciennes en absorbe le plus. La parcelle boisée depuis 120 ans atteint des niveaux observés dans d’autres bosquets tempérés.
Bactéries ou structure aérée du sol
Cette capacité de la glèbe pourrait provenir des bactéries spécialisées qui se multiplieraient lentement dans les pinèdes au cours de dizaines d’années.
Une expérience de Hiltbrunner et Hagedorn du WSL suggère cependant que la structure aérée de la terre des forêts favoriserait la dégradation de ce gaz dangereux. La sylve, qui contient de nombreuses racines et animaux souterrains, pourrait améliorer la structure du sol, et permettre aux gaz d’y circuler plus efficacement.
Les bois pourraient limiter les émissions de méthane des régions où le permafrost dégèle.
De plus, dans les parcelles forestières il faisait en été 5°C plus frais que dans les prairies. Les forêts sont mieux drainées, et moins humides. La couverture de feuilles mortes limite encore les émissions du gaz dans l’atmosphère et favorise sa dégradation sur place.
Les émissions de méthane du permafrost sont considérées par certains comme un énorme danger pour la survie de l’Humanité. La repousse naturelle des taillis dans les régions boréales pourrait cependant limiter les dégâts.
Frank Hagedorn souligne aussi que la surface des forêts s’accroît en Suisse, en 30 ans elle a augmenté de 11% dans le pays et de 20% dans les montagnes, ce qui pourrait avoir des réelles conséquences sur la proportion de méthane atmosphérique, et aider à le limiter.
L’agriculture est devenue très efficace. Les terres dont nous n’avons plus besoin pour notre alimentation doivent redevenir des forêts. Celles-ci absorberont le carbone atmosphérique, stabiliseront le terrain, permettront le retour de la biodiversité et amélioreront le climat et le cycle de l’eau.
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NB: Je m’efforce de documenter mes blogs le mieux possible, en y insérant des liens sur le GIEC, l’ONU, et toutes les références possibles. J’essaie de partager largement les informations sur le climat, entre autres parce que nous devons vite communiquer et prendre conscience de ce sujet. Je vois que certains de mes liens ne sont plus actifs, alors je donne aussi la référence complète de l’article cité:
Increasing soil methane sink along a 120‐year afforestation chronosequence is driven by soil moisture: David Hiltbrunner, Stephan Zimmermann, Saeed Karbin, Frank Hagedorn, Pascal A. Niklaus; Global Change Biology 2012, vol 18-12, pp 3664-3671.
Lisez aussi Laurent Horvath sur la géopolitique des énergies: https://blogs.letemps.ch/laurent-horvath/
Décidément, les arbres sont les meilleurs amis de l’humanité. Non seulement ils font pleuvoir en envoyant de grandes quantités de vapeur d’eau dans l’atmosphère ainsi que des molécules qui permettent
à cette vapeur d’eau de s’y fixer et de tomber sous forme de pluie, mais ils favorisent grandement la dégradation de méthane atmosphérique, comme l’explique très bien Dorota Retelska. Si nous apprenons enfin à respecter ces amis dont nous commençons à peine à déchiffrer les immenses vertus, nous n’aurons pas perdu notre temps à venir nous incarner sur cette planète!
bonjour; je confirme, voyez le dessin animé tiré d’un livre de Giono “l’homme qui plantait des arbres ”
https://www.youtube.com/watch?feature=youtu.be&v=n5RmEWp-Lsk&fbclid=IwAR3GGQUJWdtSmArWiKS9O2pMj-O7oHpEtiBM_HcYtFrmFLItXVEwcfi7A2w&app=desktop&ab_channel=GionoYT
L’homme qui plantait des arbres (après Jean Giono / dit par Philippe Noiret)
quant à la défense du climat, merci de la soutenir encore et toujours, elle a été mise à mal depuis une année entière pour le plus grand bonheur des boomers ! (qui prédisent déjà une troisième vague ! )