L’effet de serre peut devenir humus fertile

Matière organique du sol (MOS)

Le sol est constitué de minéraux et de matière organique. Celle-ci provient des feuilles, des racines, et des composés sécrétés par les plantes dans la terre. Des bactéries, des champignons du sol et d’autres petits êtres vivants s’en nourrissent et la transforment. Elle est constituée d’un mélange de diverses molécules organiques (à base de carbone C et d’oxygène O). Elle rend le sol fertile, et lui permet de garder l’humidité.

Les champs suisses perdent la matière organique du sol depuis des dizaines d’années. Si cette tendance se poursuit, la production alimentaire pourrait être compromise. Elle doit donc être jugulée ou inversée. D’autre part, le carbone perdu est rejeté dans l’atmosphère sous forme de CO2 et augmente l’effet de serre. Le sol en contient une énorme quantité, dont l’oxydation pourrait aggraver dangereusement le réchauffement climatique. Au contraire, une augmentation du carbone du sol de 4 pour 1000 par an absorberait nos émissions de carbone d’une façon inoffensive et bénéfique (initiative 4p1000 https://www.4p1000.org/fr).

Enrichir le sol en carbone: Forêts, bio, peu de labour, fumier, compost

En Suisse, les études ont montré que la perte de matière organique,  est la plus importante dans les exploitations sans bétail. Dans une ferme traditionnelle, les prairies et le fumier qui restitue la paille enrichit les champs en matière organique. Sur une ferme sans bétail, ces cycles sont rompus et les pailles souvent exportées sont perdues pour fertiliser naturellement les champs. Le compost végétal est aussi précieux. Selon une expérience du FIBL, il est parfois plus stable dans le sol que le fumier.

Le carbone est entre autres amené sous la surface par les racines des végétaux. Au cours des dernières décennies, les variétés des cultures ont été sélectionnées pour une production rapide de la partie aérienne. Cela pourrait mener à un déficit de matière organique dans le sol, alors que certaines plantes anciennes ou des durées de culture plus longues développent plus leur partie racinaire. Nous pourrions redécouvrir des cultures et des variétés importantes pour le sol.

La façon la plus simple d’enrichir les sols est d’étendre la surface des prairies et des forêts. Cependant, l’agriculture reste indispensable pour notre alimentation. Elle ne doit pas être synonyme d’épuisement des sols, et il y a des nombreuses techniques pour éviter la dégradation : l’agriculture sans labour, l’agriculture biologique ou encore l’implantation systématique de couverts végétaux. Le semis direct ou un travail superficiel du sol évitent également la perte de matière organique par une minéralisation accélérée.

L’agriculture biologique constitue aussi une bonne solution. Elle s’accompagne de plus d’entrées de carbone dans le sol (Gattinger, 2012), plus de rhizodéposition, plus de mycorhizes, qui stabilisent le carbone du sol (Dignac). Ces réseaux souterrains de champignons parfois millénaires, décrites dans les forêts, existent aussi dans les champs. Les minuscules filaments de champignon s’infiltrent dans les racines de plantes, en tirent des aliments, et la plante bénéficie de l’eau et des sels minéraux du sol apportés par les mycorhizes. Grâce à l’absence de pesticides, les racines des plantes sont plus colonisées ou, peut-être plus précisément, mieux connectées à l’écosystème.

Couverts végétaux

Dans la Nature, la matière organique abonde en forêt, et dans les prairies naturelles, mais elle est rapidement perdue lorsque les terres sont converties en cultures. Dans une prairie, les tiges et les feuilles tombent sur le sol, et y sont incorporées par des insectes et des vers de terre. Par contre, dans une culture de blé traditionnelle, la plante est récoltée, la paille est exportée, et le peu de débris végétaux dans le sol nu est rapidement consommé par une communauté d’organismes finalement réduite faute de nourriture.

Pour pallier à cette différence, l’agriculture de conservation et l’agriculture biologique développent des couverts végétaux, des plantes semées entre les cultures principales, qui maîtrisent les adventices, apportent du carbone au sol par la photosynthèse et l’enrichissent en azote fixé de l’air. L’institut de recherche sur l’agriculture biologique FIBL mène des travaux sur ce sujet. Des plantes de couverture, par exemple des pois, sont semées en été, puis l’agriculteur broie ce couvert à l’automne pour semer les céréales ou au printemps pour installer des cultures sarclées. La protection du sol qu’ils apportent est généralement liée à la biomasse, à la croissance des couverts. Certaines études ont montré qu’après quelques années de ce traitement, le sol retrouvait ses niveaux de carbone (vidéo FIBL , couvert Penn State).

Le réchauffement climatique provoque une déperdition de la matière organique, surtout dans les zones originellement pluvieuses. Nous allons vers une alternance intense de sécheresses et des pluies diluviennes, qui pourrait augmenter le lessivage du sol et l’érosion. Les couverts pourraient s’avérer très utiles. Un sol couvert et riche en matière organique résistera mieux aux intempéries.

La croissance souterraine, plantes pérennes et agroforesterie

Les prairies et les forêts accumulent plus de matière organique dans le sol. Les plantes pérennes de ces milieux ont davantage de racines notamment en profondeur.

Ajuga repens

Ameria Alpina

Amygdalus mongolica

Allysum Montanum

Une scientifique de l’université de Wageningen a étudié les racines des végétaux pendant des nombreuses années.  Elle a dessiné les schémas ci-dessus. Certaines plantes semblent développer des racines immenses, bien plus grandes que la partie aérienne. La partie souterraine, cachée, semble constituer l’essentiel de la plante. Je les trouve absolument extraordinaires. Le sous-sol des prairies est-il constitué d’un enchevêtrement d’immenses racines? Peut-être pourrions-nous combiner l’agriculture à des biomasses souterraines importantes dans champs, les prairies ou les systèmes agroforestiers pour contribuer à un bilan carbone favorable? Les associations de plantes annuelles et pérennes capteraient plus de CO2 en enrichissant d’avantage le sol.

L’agroforesterie permet d’obtenir des résultats semblables. Les agriculteurs suisses combinent désormais des cultures de céréales et des arbres de différents usages (fruitiers, bois de valeur, etc.) dans des exploitations d’agroforesterie (lien RTS). Cette technique a d’abord été utilisée dans les pays tropicaux, entre autres dans les exploitations de commerce équitable, mais elle s’implante aussi en Suisse.  Les arbres vont loin en profondeur, et ainsi préviennent l’érosion et le ruissellement. L’agroforesterie peut apporter un double gain à l’agriculteur, grâce à deux récoltes et constitue une sécurité en cas d’intempéries dévastatrices, rétablit l’équilibre écologique des sols.

L’agriculture a un grand potentiel de capture de carbone, il faut simplement un changement de paradigme, une prise de conscience et une valorisation financière du carbone du sol.

Les sols de toute la Planète absorberont le carbone

 

 

L’espoir est dans les forêts – elles triplent la dégradation de méthane atmosphérique

Le sol produit et métabolise le méthane

Le réchauffement climatique provoque le dégel de terres gelées depuis des millénaires, dans les régions boréales ou dans les montagnes.  Les débris de plantes contenus dans ces sols  depuis la dernière glaciation fermentent immédiatement et produisent du méthane (CH4). Cette réaction semble dominer surtout lorsque le terrain est humide. Elle est accomplie par des bactéries du sol.  Actuellement, des larges étendues du permafrost dégèlent en Sibérie et Arctique, et les émissions de méthane ont déjà commencé. Elles pourraient atteindre des niveaux inquiétants et accélérer dangereusement le réchauffement climatique car ce gaz, peu abondant, provoque cependant 80 fois plus d’effet de serre par molécule que le gaz carbonique (permafrost, survivre).

La terre abrite aussi des bactéries capables d’utiliser le méthane.  Les forêts semblent absorber et éliminer ce gaz plus efficacement que les pâturages et les champs.

Le sol des forêts suisses dégrade le méthane

Certains pâturages des montagnes suisses utilisés dans les siècles passés ont été abandonnés. Des forêts d’épicéas y repoussent, depuis 25 ans, 45 ou 150 ans.

Les scientifiques ont voulu tester si la prairie alpine, non labourée, et les bois absorbent le méthane de la même façon. D’autres avaient déjà observé que le sol forestier dégradait ce gaz. Dès que les arbres disparaissaient, lorsque la parcelle était convertie en champ ou en prairie,  lea terre ne transformait plus aussi efficacement le gaz.

Le méthane est consommé par des bactéries méthanotrophes. Celles-ci sont capables de se nourrir de ce gaz si elles disposent de suffisamment d’oxygène. Ces microorganismes spécialisés pourraient disparaître des champs ou des prairies. Il est aussi possible que l’air circule mieux dans le sol forestier, et que les bactéries soient plus facilement en contact avec le gaz ou avec l’oxygène dont elles ont besoin pour le dégrader.

Les scientifiques du WSL ont montré que le sol forestier, en particulier s’il provient des futaies anciennes, dégrade trois fois plus de méthane que le sol des prairies.

Quand la forêt remplace les champs, la terre retrouve lentement la capacité d’oxyder le méthane. Ce processus rend plusieurs années.

Après une centaine d’années de présence d’arbres, le sol métabolise trois fois plus de méthane. Cette capacité s’accroît avec l’âge du bois, le sol des forêts anciennes en absorbe le plus.  La parcelle boisée depuis 120 ans atteint des niveaux observés dans d’autres bosquets tempérés.

Bactéries ou structure aérée du sol

Cette capacité de la glèbe pourrait provenir des bactéries spécialisées qui se multiplieraient lentement dans les pinèdes au cours de dizaines d’années.

Une expérience de Hiltbrunner et Hagedorn du WSL suggère cependant que  la structure aérée de la terre des forêts favoriserait la dégradation de ce gaz dangereux. La sylve, qui contient de nombreuses racines et animaux souterrains, pourrait améliorer la structure du sol, et permettre aux gaz d’y circuler plus efficacement.

Les bois pourraient limiter les émissions de méthane des régions où le permafrost dégèle.

De plus, dans les parcelles forestières il faisait en été 5°C plus frais que dans les prairies. Les forêts sont mieux drainées, et moins humides. La couverture de feuilles mortes limite encore les émissions du gaz dans l’atmosphère et favorise sa dégradation sur place.

Les émissions de méthane du permafrost sont considérées par certains comme un énorme danger pour la survie de l’Humanité. La repousse naturelle des taillis dans les régions boréales pourrait cependant limiter les dégâts.

Frank Hagedorn souligne aussi que la surface des forêts s’accroît en Suisse, en 30 ans elle a augmenté de 11% dans le pays et de 20% dans les montagnes, ce qui pourrait avoir des réelles conséquences sur la proportion de méthane atmosphérique, et aider à le limiter.

L’agriculture est devenue très efficace. Les terres dont nous n’avons plus besoin pour notre alimentation doivent redevenir des forêts. Celles-ci absorberont le carbone atmosphérique,  stabiliseront le terrain, permettront le retour de la biodiversité et amélioreront le climat et le cycle de l’eau.

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NB: Je m’efforce de documenter mes blogs le mieux possible, en y insérant des liens sur le GIEC, l’ONU, et toutes les références possibles. J’essaie de partager largement les informations sur le climat, entre autres parce que nous devons vite  communiquer et prendre conscience de ce sujet. Je vois que certains de mes liens ne sont plus actifs,  alors je donne aussi la référence complète de l’article cité:

Increasing soil methane sink along a 120‐year afforestation chronosequence is driven by soil moisture: David Hiltbrunner, Stephan Zimmermann, Saeed Karbin, Frank Hagedorn, Pascal A. Niklaus; Global Change Biology 2012, vol 18-12, pp 3664-3671.

Lisez aussi Laurent Horvath sur la géopolitique des énergies: https://blogs.letemps.ch/laurent-horvath/

Les sols de toute la Planète absorberont le carbone

Le carbone peut être accumulé dans le sol et compenser l’aridification

Une nouvelle publication  émanant des instituts Crop Science and Resource Conservation et Bio-and Geosciences, en Allemagne suggère d’enterrer l’effet de serre et propose une marche à suivre.  Le sol de la Planète contient énormément de carbone, deux à trois fois plus que l’atmosphère. L’agriculture, a des nombreux endroits, a épuisé et appauvri ces sols.  Un enrichissement en carbone serait bénéfique pour les sols et pourrait limiter ou même éliminer l’effet de serre.

Les émissions humaines augmentent d’environ 5 Gigatonnes par année. D’après le GIEC, il est possible de capter dans le sol entre 0,79 et 1,5 Gigatonne de carbone par année.  Pour y arriver, il faut mettre en place des résolutions politiques et des encouragements économiques .

Trois projets internationaux se sont penchés sur ce thème: l’initiative française 4p1000, les Koronivia workshops, et le programme RECSOIL de la FAO. Le premier proposait d’absorber les émissions annuelles excessives en augmentant la teneur du sol en carbone de quatre pour mille, d’où son nom. Tous les trois soulignent que la terre peut contribuer à réduire l’effet de serre, et qu’elle bénéficierait de cet enrichissement en carbone.

La sequestration du carbone dans le sol permet de restaurer les sols appauvris et d’augmenter le rendement. Le potentiel, les techniques et la gouvernance varient selon les régions du globe. La gestion est très décentralisée, et souvent à charge des fermiers individuels.

Il faut cartographier les sols appauvris

Un tiers des sols de la Planète sont appauvris par l’agriculture humaine. Leur stabilité est réduite, l’érosion augmente, ils accumulent moins d’eau et de nutriments. C’est une menace pour la sécurité alimentaire. La perte de carbone se produit surtout lors de l’agriculture intensive sans ajout de carbone.  L’augmentation de carbone du sol améliorerait les rendements du maïs et du blé, et réduirait les besoins en engrais.  Elle éviterait le besoin de défricher de nouvelles terres au risque d’une perte de carbone supplémentaire. La priorité devrait être donnée aux régions aux sols très appauvris, l’Afrique Sub-Saharienne, et l’Asie du Sud et de l’Ouest.  Il faudrait tout d’abord restaurer les sols appauvris par l’exploitation humaine. Malheureusement la surface totale des sols dégradés n’est pas bien définie. La dégradation des sols est bien étudiée dans les pays développés. Dans certains pays en voie de développement par contre,  c’est une grande inconnue.

Les auteurs de ce papier suggèrent des recherches additionnelles pour pour évaluer le potentiel de capture des différents sols et des différentes fermes, en tenant compte de la gestion du sol passée et des expériences passées de séquestration de carbone dans le sol.

Selon eux, il faut rapidement mettre en place: (i) un système d’information global sur le statut du sol et son niveau de dégradation; (ii) des pratiques de gestion du sol correspondantes à chaque situation; (iii) arrêter la perte de carbone de certains sols qui pèseraient lourd dans la balance climatique. Actuellement, quelques pays seulement ont un système de surveillance suffisant. Le programme Global Soil Partnership de la FAO a initié l’harmonization de l’acquisition des données.

Les techniques sont connues

Les coûts d’une gestion des sols accroissant la teneur en carbone pourraient aller de 3$ à 130$ par tonne de CO2.   L’impact sur le rendement est variable, il dépend aussi d’autres facteurs tels que l’abondance d’eau.

Différentes techniques d’amélioration du sol peuvent être utilisées suivant le type de sol et dans différents pays.  table de l’article Elles incluent la gestion des engrais et des résidus organiques, le chaulage, le biochar, le paillage, les plantes de couverture,  l’agriculture en sillons, l’inversion du sol profond, le transfert d’argile, l’utilisation de plantes spécifiques, et des mélanges de plantes précis. Les encouragements pourraient inclure des subsides, des taxes, des payements basés sur le marché et le système ‘cap and trade’.

Les auteurs de l’article suggèrent de limiter la perte de carbone de certains sols riches en carbone, et de régénérer les tourbières.  Je crains que les tourbières et les marais ne soient  très menacés par le changement climatique, à  mon avis il faudrait prévoir des systèmes d’irrigation pour les protéger.

La capture du carbone dans le sol est certainement la meilleure solution, qui régénérerait les champs et réduirait la pollution.  Les coûts du changement climatique pourraient être très importants, ou notre civilisation serait détruite à un point irréparable.  Il faut absolument pousser à l’accumulation du carbone dans le sol. J’imagine que chaque agriculteur pourrait être assorti de dix techniciens occupés à la capture du carbone.  L’agriculture a un grand potentiel d’absorption de carbone, qui pourrait encore être développé, si les moyens investis sont plus importants.  Je crois qu’on pourrait aller plus loin, que l’élevage pourrait être remplacé par la culture de noyers et  par l’agroforesterie.

L’afforestation est une autre  excellente solution durable. La croissance des forêts et d’arbres épars accumule aussi du carbone dans le bois et dans le sol, et doit être développée au maximum.

La même publication présentée par  l’INRA

Les plantes de couverture enrichissent le sol en carbone

Les sols de la Planète perdent du gaz carbonique, qui s’échappe dans l’atmosphère et augmente l’effet de serre. Le sol est un important réservoir de carbone, qui peut augmenter ou résoudre l’effet de serre.

Certains agriculteurs sèment des plantes de couverture entre les cultures de blé, de soja et de maïs. Elles ajoutent du carbone et de l’azote au sol, le protègent et empêchent son érosion.

Jusqu’à maintenant, seule la partie visible de ces végétaux a été étudiée.

Une équipe scientifique a comparé les bienfaits de diverses plantes de couverture et de leur racines pour le sol. Elle a comparé divers mélanges de triticale, de colza et de trèfle incarnat (crimson clover). Ils étudient l’effet de ces plantations depuis 2011, prélèvent des échantillons du sol et observent l’évolution du carbone du sol au cours des années.  Ils ont découvert que l’utilisation de couverture végétale accroît le carbone du sol.  Après son utilisation, les cultures de maïs donnaient un meilleur rendement. Les scientifiques ont ont trouvé un mélange optimal de cinq plantes.

Certaines d’entre elles produisent beaucoup de racines, la triticale donne des racines latérales, et les légumineuses enrichissent le sol en azote.  Elles évitent aussi la prolifération des mauvaises herbes. Les scientifiques espèrent trouver d’autres mélanges, qui bénéficient aux cultures et à l’écosystème.

Il est absolument essentiel d’enrichir le sol en carbone, et les mélanges de plantes étudiés ici seront certainement utiles. Il faut y ajouter d’autres méthodes, d’autres outils pour ajouter du carbone au sol.

Racines: Image par ArtTower de Pixabay
Image 'Grow' Nasah Rwafa de Pixabay

Lien avec photos de l’étude: article phys.org 

 

 

Immoraux ou suicidaires? Qui tuons-nous vraiment?

A la réunion COP24 au mois de décembre 2018, le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres a demandé la mise en oeuvre de l’accord de Paris.
Il l’a appelé notre dernière, meilleure chance d’éviter le déchaînement du réchauffement climatique et a déclaré que l’attitude contraire ne serait pas seulement immorale, mais suicidaire.

Pourquoi dit-il cela?

Le réchauffement provoque les émissions de carbone des écosystèmes naturels

Le gaz carbonique (CO2) s’accumule dans l’atmosphère et provoque l’effet de serre. Le rapport du GIEC prévoit que nos émissions d’énergies fossiles pourraient causer un réchauffement de 1,5°C dès 2030, qui exposerait les trois-quarts d’Européens aux inondations, et provoquerait des pluies et des vagues de chaleur vraiment (significativement) plus fortes qu’aujourd’hui. Cela poserait déjà des problèmes sérieux, les économistes tels que Schroders craignent des sérieuses pertes économiques si nous ne réduisons pas rapidement les émissions, mais il peut y avoir pire.

Aujourd’hui, les températures de la Planète augmentent, les sécheresses, vagues de chaleur et feux de forêts s’intensifient.

L’été 2018 a causé la sécheresse dans le Nord de la France, l’Allemagne, la Suisse. L’année la plus chaude jusqu’à aujourd’hui, l’année El Nino 2016, a provoqué une immense sécheresse en Afrique de l’Est, ainsi qu’en Australie et en Amazonie.

Actuellement, les plantes des forêts, des savanes et le sol contiennent plusieurs fois plus de carbone que l’atmosphère. Dès que le climat se dérègle, les sécheresses et le feux perturbent le cycle du carbone, les plantes poussent moins et n’absorbent pas le carbone de l’air, et lors des sécheresses, le sol aussi émet énormément de CO2. Dans des bonnes conditions, le sol est composé en grande partie de bactéries et de champignons vivants. En 2016, la chaleur record a provoqué le dégagement de gaz carbonique des sols dans l’atmosphère.

Les feux de forêts sont de plus en plus fréquents. Un nouveau type de catastrophe naturelle, les méga-feux de forêts, dévastant des grandes étendues,  est apparu récemment et va augmentant.

Les immenses feux touchent la Californie, la Sibérie, le Canada, l’Australie. Le carbone des arbres brûlés dans les incendies aboutit dans l’atmosphère et alourdit le bilan.

Cela pourrait s’aggraver, si les températures montent encore, des régions plus étendues, des écosystèmes plus variées pourraient être touchés par les sécheresses et les feux, et provoquer un dégagement de carbone. Ainsi, chaque vague de chaleur augmenterait le réchauffement des années suivantes.  Si la désertification de la Planète commence, elle dégagera du carbone, réchauffera encore la Terre, et pourrait se répandre comme une épidémie.

Selon le Climate Institute, cet effet pervers a déjà commencé et les dix prochaines années, nous pouvons nous attendre à un réchauffement rapide.

Les scientifiques ont d’abord espéré que les plantes du grand Nord pousseraient mieux à des températures plus élevées.

Malheureusement, le changement semble trop brusque et trop chaotique. Les vagues de chaleur et les sécheresses, nouvelles dans ces régions, provoquent des feux de forêts, des écosystèmes entiers souffrent de vagues de chaleur ou de maladies nouvelles.

La Nature semble réagir mal au réchauffement, les écosystèmes dépérissent et augmentent l’effet de serre.

Le permafrost pourrait amplifier le réchauffement

Le climat cache un danger plus grave. Les terres boréales sont gelées depuis des millénaires. On appelle ces terres le permafrost, ou pergélisol. Elles contiennent d’énormes quantités de carbone. Dès qu’elles dégèlent, elles émettent du CO2 et du méthane.

Au contact de l’air, le permafrost émet plutôt du gaz carbonique, par contre les parties situées sous l’eau, sous des lacs ou sous la mer de Sibérie, émettent plutôt du méthane, qui cause un effet de serre 80 fois plus important. Plusieurs scientifiques ont remarqué que le méthane s’échappe du fond de la mer de Sibérie, en champs de bulles de plus en plus étendus ou en geysers (Swerus-C3). La chercheuse Natalia Shakova, a effectué des forages dans le permafrost, et a établi qu’il dégèle plus vite et plus profondément que prévu.

Le fond de la mer de Sibérie est touché par le réchauffement des océans.

Lorsque la mer Arctique sera libre de glace, elle absorbera plus de chaleur, et le fond pourrait alors dégeler vite.

Des courants plus chauds venant de l’Atlantique pénètrent actuellement dans la mer Arctique, et pourraient précipiter le dégel. L’eau chaude favorise dangereusement la diffusion du méthane déjà présent dans les fonds marins et provoque sa formation.

Certains scientifiques, tels que Peter Wadhams, pensent que les émissions de méthane pourraient beaucoup augmenter, et aboutir à un réchauffement quasi immédiat, en quelques mois, d’1°C.  Les conséquences seraient apocalyptiques.

Le méthane du permafrost pourrait faire monter la température de la Terre de plusieurs degrés, même de dizaines de degrés.  Nous ne pouvons pas prévoir dans quelles régions de la Terre la Vie serait encore possible, et quand surviendraient les cataclysmes.

Il y a un mois environ, une nouvelle expédition russe a confirmé que les émissions de méthane augmentent (TASS).  Cette augmentation est aussi détectable dans l’atmosphère (NOAA).

Ainsi, le réchauffement climatique pourrait subir des sauts brusques, avec des très graves conséquences sur la météo et sur la production d’aliments sur Terre. La Planète deviendrait alors quasiment inhabitable. Les experts pensent que cela pourrait se produire après 2050, mais il y a énormément d’inconnues.

Pour éviter ce danger, il vaut mieux maintenir la température de la Terre à 1,5°C, comme prévu lors de la COP21, et certains suggèrent de la faire descendre à 0.5°C en 2100 (Climate Institute).

De plus en plus, il apparaît que nos activités économiques actuelles mènent à une émission de méthane du permafrost, peut-être par soudaines explosions. Un réchauffement brusque et fort s’ensuivrait, qui causerait probablement d’immenses tempêtes et l’impossibilité de cultiver les aliments sur Terre. C’est un énorme danger pour la Vie sur la Planète et nous devons y faire face. Il justifie pleinement des rapides et fortes réductions d’émissions et la reforestation à grande échelle.

Il y a plusieurs solutions ou parties de solution: une réduction suffisante d’émissions de carbone, qui pourrait exiger l’arrêt de la circulation et des usines, et/ou de la production de viande, la capture de carbone de façon naturelle, dans le sol ou les plantes, ou par des technologies nouvelles actuellement en développement. On devrait alors aussi développer des technologies de capture de méthane.

Certains experts proposent de regeler la mer Arctique en pompant de l’eau sur la surface de la glace en hiver, pour reformer une glace épaisse. Peut être peut-on trouver un moyen technique de capter le méthane, de l’éliminer sur place, ou même d’utiliser en tant que carburant?

Les solutions pour le méthane arctique devraient constituer une priorité absolue de la recherche aujourd’hui.  Pour que le méthane reste où il est, dans les sédiments, il faudrait que la mer Arctique soit couverte de glace en surface et que les températures de la Planète, et des eaux des océans, ne montent pas au point de dégeler le fond de cette mer. Les solutions technologiques, qui ne sont pas encore réalisées, pourraient se heurter à des imprévus et des surprises lors de leur réalisation. Il pourrait y avoir du méthane ailleurs..

Nous allons certainement trouver un moyen de nous en sortir. Il s’agit  de notre survie. Si nous posons le problème clairement, nous trouverons les solutions.  Nous voulons vivre. Nous devons maintenir les conditions climatiques nécessaires à la vie sur Terre, à l’agriculture et pour cela, un permafrost bien gelé. Tout projet pour la société et pour l’économie doit être établi à partir de cette base. Tous les autres plans économiques et projections de croissance sont totalement illusoires. Tout développement qui pose un risque sérieux pour notre existence doit être interdit.