Dans les revues et journaux, le “savoir dire non” est traité sous l’angle psychologique. L’individu collaborateur est décrit comme un tout émotionnel incapable de résister à son patron – forcément tyrannique – ou à ses collègues auxquels il ne faut pas déplaire sans risquer l’exclusion. Dans son article paru dans Le Temps du 4 septembre, Julie Eigenmann, nous donne l’exemple d’un journaliste pigiste incapable de dire non quand on lui demande un travail supplémentaire, non rémunéré. Il est facile de dire “ce garçon, manque cruellement de leadership”. Je dirais le contraire, ce pigiste a raison, il n’a pas le pouvoir – réel ou supposé – de refuser.
Dire non est un pouvoir
Pour centrer le débat, je vais dire qu’une personne dans une organisation a du pouvoir lorsqu’elle détient des connaissances, des formations spécifiques ou une notoriété difficile à acquérir. Par exemple, le journaliste, qui a reçu un prix international, a un pouvoir certain sur son rédacteur en chef. Il peut facilement lui refuser des demandes irraisonnables ou un travail inintéressant.
Le pouvoir n’est réel pas, il est supposé
Curieusement, et cela est contre intuitif, plus vous montez dans la hiérarchie moins vous avez de pouvoir, pour une raison très simple : “Que faire face à un refus ?”. Licencier le rebelle ? Chouette ! Vous êtes parti pour douze mois de recherche d’un nouveau collaborateur avec tout ce que cela suppose d’interviews, de pressions diverses et de frais de chasseur de têtes. Conséquence pour le patron, son intérêt est d’utiliser son influence, un jeu habile entre la crainte et l’espoir de récompense.
Alors que faire ?
Il y a deux choses à faire. Premièrement, il s’agit de bien comprendre le contexte dans lequel on évolue et se poser la question : “Ai-je cette parcelle de pouvoir obtenue par mes connaissances ou ma notoriété ?” Si la réponse est non, retournez-vous vers l’exemple du pigiste et changez de métier ou d’entreprise. La seconde solution est élémentaire, elle est inscrite dans tous les livres de développement personnel : pensez d’abord à vous, soyez égoïste. Vous deviendrez alors la dernière personne à qui l’on viendra demander de faire des heures supplémentaires.
Enfin, les choses à ne pas faire
Votre patron arrive devant vous, stressé et pathétique, prêt à vous offrir des fleurs ou des chocolats. Il vous demande si, exceptionnellement, vous ne pourriez pas l’aider à finir son rapport demandé par la direction générale, en toute urgence. Ne lui répondez surtout pas : “Impossible, je dois repasser mes chaussettes”. Quelques fois, il ne faut pas laisser passer sa chance d’être bien vu.