Le pouvoir fait peur par son côté démoniaque
Aujourd’hui dans nos sociétés démocratiques plus personne ne prend le pouvoir par la force. La poésie démoniaque du pouvoir, concept terrifiant, tient plus du fantasme que de la réalité pour une raison bien simple, on ne fait pas n’importe quoi dans les organisations. Les raisons sont évidentes, le pouvoir ne repose que sur la légalité, les règlements et le droit. Un cadre dirigeant n’est nommé qu’après un parcours initiatique parsemé d’embûches comme des portes qu’il faut franchir pour accéder au monde supérieur. Des gardiens du seuil empêchent d’entrer ceux qui n’en sont pas dignes. Il ne faut pas être gobeur de clichés. Celui qui détient le pouvoir n’est pas un surhomme. Certes, il est nécessaire d’avoir un certain nombre de qualités techniques, stratégiques et comportementales, mais il faut aussi la chance d’être sélectionné au bon moment, au bon endroit. Pourtant et cela est contre intuitif, les postulants ne se précipitent pas au portillon et les chasseurs de têtes doivent se surpasser pour trouver des cadres dirigeants capables de tenir le gouvernail de ces montres de fragilité que sont les organisations. Qui veut accéder à un poste dont on risque d’être éconduit au premier faux pas et dont on ne connaît ni les pièges, ni les règles, ni les contraintes.
Mais les fantasmes sont tenaces. Qu’il s’agisse de romans, de films ou de séries télévisées, les Hommes de pouvoir sont immanquablement décrits comme brutaux, odieux et manipulateurs. Peu de personnes se posent la question de savoir comment l’affrontent-ils, ni comment ils en sont affectés ?
Affronter l’adversité
Les médias nous livrent quotidiennement les vicissitudes du monde des organisations : inflation, manque de main-d’œuvre qualifiée, livraison de composants indigente, ruptures éventuelles d’électricité et cette liste est loin d’être exhaustive. Face à tant d’adversité, on est en droit de se demander si les organisations modernes sont encore gouvernables par des humains aussi perspicaces soient-ils ? On peut leur souhaiter bon courage d’autant que leurs décisions prises aujourd’hui dans l’urgence devront être justifiées quand les crises seront passées.
Passer au-dessus des vicissitudes
Une peau d’éléphant ne suffit pas à se protéger des coups tordus. Il faut aussi une grande dose de résilience pour passer sans trouble pathologique au travers de tous ces évènements auxquels viennent s’ajouter les querelles internes, les incompétences notoires et les rancunes indélébiles.
Certes les cadres dirigeants pourraient être un peu plus bienveillants, un peu moins intolérants, plus de cela et moins de ceci ? Mais leur salaire sont-ils eux aussi injustifiés pour mériter leur travail insensé.
Il me semble que le problème est moins le pouvoir que la responsabilité,
J’observe depuis quelques années une tendance des dirigeants à monopoliser le pouvoir tout en déléguant au maximum les responsabilités.
A coup de cahiers des charges peu clairs, d’objectifs flous et d’injonctions contradictoires, beaucoup installent à leur profit une situation confortable qui permet de clamer haut et fort « j’ai réussi » quand tout se passe bien et « vous avez échoué » si les choses tournent mal.
On observe cette dilution des responsabilité à tous les niveaux de la hiérarchie, le but étant de repousser le fusible au plus bas possible de l’échelle.
On pourra alors accuser quelques lampistes de toutes les incompétences et de toutes les erreurs et rester bien installé à son poste de cadre ou de dirigeant.
Vos remarques sont pertinentes, mais c’est sans connaître la pression qu’ils subissent. Vous me direz, ils sont payés pour cela. Mais les salaires justifient-ils tant de haine.
Le pouvoir est entre les mains de personnes. C’est ce que vous développez essentiellement. Mais le pouvoir est aussi le fait des lois voire des règlements. Qui sont les coupables? les chefs ou les règlementations? Je me demande encore quelles sont les vraies raisons qui ont poussé les Anglais à sortir de l’Europe. Quelles sont les règles qui leur ont semblé insupportables. Qu’on ne me parle pas de saucisses ou de bananes! De même pour la Pologne: qu’est-ce qu’ils rejettent, pourquoi leurs rebellions ne peuvent-elles pas être acceptées par l’Europe. En Suisse, quelles sont les règles qui feraient hurler? Sont-elles les mêmes que pour ces deux pays? Quels sont les contrôles qui s’établiraient et qui seraient dangereux ou qui relèvent d’un autoritarisme inutile, stupide, égoïste ou aveugle. Les lois acceptables et celles contre lesquelles il faut se dresser. J’avoue que je ne suis pas au courant de tous ces règlements, je n’avais pas le temps de m’informer. Mais admettez que les médias peinent à pointer l’essentiel, à nous informer de façon pédagogique. Et rédiger ces lois doit être bien difficile. Elles doivent être perpétuellement améliorées, affinées, changées et pas par un homme seul… Jusqu’à rester crédibles quand même!
Bonsoir Monsieur,
“Hommes de pouvoir sont immanquablement décrits comme brutaux, odieux et manipulateurs.”…. dites-vous
Sans aller aux “fantasmes”, qui parfois ne sont que triste réalité ( il serait du reste naïf d’imaginer que le pouvoir n’attire que les altruistes, les honnêtes serviteurs d’un projet ou les êtres sans ego envahissant), nous pourrions peut-être simplement remarquer que l’arrogance et le sentiment d’impunité de certains amateurs de pouvoir vont bien trop souvent avec l’exercice de ce pouvoir.
La question serait : pourquoi veut-on le pouvoir ?
Pour servir ?
Pour se servir ?
Pour satisfaire son narcissisme ?
Pour mettre sa compétence au service des autres ou d’une idée ?
……
La liste des possibilités est vaste.
L’expérience de l’exercice d’une “autorité” m’a enseigné qu’un “chef” ( je nous épargne le prétentieux cliché du “leader”) n’est pas celui que l’on aime, mais celui que l’on suit, car on lui fait confiance, car il est fiable, car il est équitable et car il assume ses erreurs.
Et parfois tout cela pour des salaires peu élevés, avec d’importantes responsabilités et sans jamais subir la “haine” ( quel mot !!!) de qui que ce soit.
Une femme ou un homme de pouvoir ont des devoirs qui obligent.
Que personne ne les confonde avec des droits que l’on s’arroge.
Sinon l’on perd l’exemplarité qui suscite le respect.
Vous remerciant pour ce blog,
Effectivement face à tant de problèmes macro-économiques il semble difficile de cadrer … de surcroît avec Le télétravail et les sensibilités grandissantes…mais bon l’agilité, l’habileté sauvera les bons cadres !
Effectivement, les métiers d’encadrement ne vont pas être simples ces prochaines années.
Bonjour Monsieur,
Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour vos écrit.
Il me semble que le pouvoir a toujours été présent dans l’histoire et est redevenu d’actualité ces dernières années dans le management avec les ouvrages de Robert Greene « les 48 lois du pouvoir » ou encore « les lois de la nature humaine ». D’où ma question, si vous me le permettez :
Ne pensez-vous pas que le pouvoir n’est pas seulement l’apanage des grands et des dirigeants, mais que tout membre ou collaborateur ayant de l’influence, une responsabilité ou une compétence spécifique et unique disposerait de pouvoir dans une organisation ou sur ses supérieurs ou collègues, bref que le pouvoir n’est pas forcément où on le croit ?
Bien à vous
Bonjour Christophe,
Je réponds pour vos deux commentaires. Tout d’abord merci pour cette intéressante bibliographie, je vais aussi relire Garcian.
Pour répondre à votre question “Tout le monde a-t-il de l’influence ?” Oui, effectivement, il suffit de relire Crozier et Friedberg, l’acteur et le système. Mais j’apporterais une nuance. Si un collaborateur se met en congé maladie, il ne gêne que ses collègues proches qui doivent travailler plus. A l’inverse, devant ce comportement sa hiérarchie aidée des RH vont le sanctionner en le licenciant ou en lui supprimant toute promotion et bonus. Le résultat n’est pas le même. Excellente semaine.