Le cauchemar de la lettre de motivation

Une carrière professionnelle dure une quarantaine d’années environ. C’est à la fois court, en regard de l’éternité, mais long dans un contexte où les emplois ne sont plus garantis à vie. Phénomène alarmant, une carrière, comme tout produit de consommation, se compose de trois périodes : une période de lancement professionnel, son développement et son inévitable déclin. Ces trois périodes ont un point commun : l’impérieuse nécessité de rédiger au cours de sa vie professionnelle un CV (le plus facile), et la lettre de motivation (le cauchemar). Ce blog s’intéresse à cette dernière.

Parue dans le réseau professionnel LinkedIn Yves Gauthier nous donne deux excellents exemples de lettre de motivation. Dans la première, le candidat flatte, dans la seconde il montre ses compétences dans le domaine d’expertise recherché l’entreprise. À votre avis, lequel des deux va-t-elle choisir ?

Ce qui est particulièrement intéressant dans le blog d’Yves Gauthier est de répondre à la question : “Comment proposer aux entreprises qui recrutent les compétences dont elles ont besoin ?”.

La réponse est simple.

La lettre de motivation se prépare

Pour les étudiants, avant de faire un Master, il est préférable de se poser la question des expertises recherchées, questionner ses professeurs, consulter la littérature. La question des compétences sur le marché du travail doit être au centre de leurs réflexions, en particulier pour le choix de leur Mémoire de Master. Rédiger un mémoire de Master sur “L’ouverture d’un restaurant bio à Carouge” ne constitue en rien une compétence sur un marché du travail qui recherche des experts dans des domaines dont elles sont en manque cruel de compétences. A l’inverse, un mémoire ciblé sur l’utilisation des réseaux sociaux ou l’analyse des “big datas” en marketing des biens de consommation auront plus de chance d’attirer le regard des entreprises qui recrutent.

Sortir la tête du guidon

Cette injonction est certes devenue un lieu commun. Mais une fois dans l’entreprise, combien vont-ils se préoccuper de leur environnement économique ? Une infime minorité. Or l’entreprise évolue sur des marchés compétitifs, elle se transforme et avec elle les compétences de ses collaborateurs. Ce qui est indispensable en 2018 ne le sera plus en 2025. Les journaux économiques produisent une quantité d’informations qu’il faut absolument décrypter dans le continuum de sa vie professionnelle.

Chercher ailleurs

Aujourd’hui, il ne faut pas se fermer les yeux. A 50 ans la fin de carrière approche. La reconversion la plus probable est celle de l’auto entreprenariat. Pourquoi pas, mais attention : il faut proposer un produit ou un service innovant et surtout avoir une expertise commerciale et marketing bien rodée. Sachez aussi que proposer sur le marché vos capacités de management d’équipe ou de gestion de projets ne sont plus un critère d’expertise au-delà de 50 ans.

La lettre de motivation se prépare deux ans à l’avance

Finalement, doit-on parler de lettre de motivation ou de lettre de plan d’expertise ? Sans doute est-ce facile à dire, mais une lettre de motivation se prépare trois ans à l’avance. Dès les premiers signaux faibles, sortez la tête du guidon et mettez tout en oeuvre pour ne pas tomber sur le terrain de ceux qui glissent gentiment vers les placards (pour les plus chanceux) ou la porte pour les étourdis. Aujourd’hui tout est devant vous : les chasseurs de têtes, les sites d’entreprise, le web, les chambres de commerce, les associations professionnelles… Ne vous faites pas surprendre.