Communication institutionnelle, comment éviter le bonnet d’âne ?

Prenons trois affaires de communication récentes. Le Crédit Suisse et Tidjane Thiam, la Vaudoise aréna avec Jean-Jacques Schilt et enfin le dépôt militaire de munitions souterrain de Mitholz (BE) traité par Mme Viola Amherd, ministre de la défense.

Crédit Suisse et la filature démasquée du numéro deux de la banque

“Ce n’est pas moi, je n’étais pas au courant” nous dit Tidjane Thiam. Cette allégation est improbable pour deux raisons. Premièrement, il existe toujours quelqu’un pour informer le patron quelles qu’en soient les motivations : se faire bien voir, par zèle, pour obtenir une reconnaissance, de l’argent, une promotion. Certain même le font par éthique. Deuxièmement, aucune action d’envergure ne peut être entreprise par un collaborateur sans l’aval de son supérieur hiérarchique, surtout si cette action peut déclencher une sentence. Peu importe, cela ne change rien qu’il soit informé ou pas. Tidjane Thiam a mal réagi. Le chef doit prendre ses responsabilités et ne pas répliquer comme un gamin prit les doigts dans le pot de confiture. Qu’aurait dû dire M. Thiam : “Je suis scandalisé à tire personnel et pour le Crédit Suisse. Les valeurs de la banque et le code éthique ont été enfreints. Je vais tout mettre en œuvre pour découvrir la vérité, la presse sera informée des conclusions…”. Il dispose de suffisamment de conseillers en communication dont on peut douter qu’ils aient été consultés.

La pathétique affaire de la Vaudoise aréna

Heures supplémentaires, jusqu’à vingt heures de travail d’affilée, nuits effectuées en dehors des prestations légales, départs, démissions, burn-out, locaux de travail inadéquats, audit interne sont encore des allégations insuffisantes pour Jean-Jacques Schilt, président du conseil d’administration, qui rejette les accusations (Le Temps). Jean-Jacques Schilt est l’ancien Syndic de Lausanne et dévoile le côté le plus attristant de l’affaire Vaudoise aréna. On l’attendait cet ancien élu irréprochable, déterminé, voir déçu. Non, il protège son directeur général, en bon copain. Qu’aurait dû dire Jean-Jacques Schilt ? Il aurait pu dire par exemple “Nous allons diligenter une enquête, les responsables seront sanctionnés parce que la santé des travailleurs est supérieure aux intérêts de construction”.

Ces deux histoires marmiteuses posent la question du comportement des élites. L’image des tous pourris, tous protégés qu’ils propagent est plus percutante qu’un défilé d’anti capitalistes, même de grande ampleur.

Maintenant, la question est de savoir s’il existe un cas Suisse de communication bien traitée ? La réponse est oui.

Le cas Viola Amherd, ministre de la défense

Nos anciens ont laissé se décomposer dans des grottes des stocks incroyables de munitions qui risquent de détruire un village entier dans le canton de Berne. Mme Amherd a empoigné la caisse de munition. Elle est partie discuter avec les villageois pour trouver avec eux une solution individuelle afin de compenser la privation de leur logement pendant au moins dix ans. Elle a compris l’importance des enjeux, n’a pas délégué, a fait preuve d’une empathie non feinte. Elle est montée au front alors qu’elle joue son image moins de trois, mois après son élection au Conseil Fédéral. Dans cette crise, elle a pris ses responsabilités en prenant soin de ne pas se laisser déborder, comme tout bon chef militaire dans une bataille.

Il est important de souligner cet acte héroïque, ce fait d’armes, et le comparer à ces piètres dirigeants qui méritent un bonnet d’âne ou plutôt un bonnet de mulet militaire.