Dans toutes les entreprises et particulièrement les PME, lorsque la situation économique se dégrade les patrons ne prennent pas leur salaire. Les dirigeants du Crédit Suisse, alors que les résultats sont absents, augmentent à la fois leur bonus et leurs rémunérations. Audits réguliers, commissions multiples, réglementation exigeante, assemblées générales houleuses, rien n’y fait, le gavage se poursuit inexorablement. Mais comment ces petits génies ont-ils fait ? J’ai quelques pistes.
Créer un royaume
Jusqu’à maintenant, j’ai pensé naïvement que la création d’un réseau est nécessaire pour progresser dans une organisation, mais ce n’est pas tout à fait juste. Quand on parle de réseaux, il s’agit pour la plupart du temps d’un carnet d’adresses pour obtenir de temps à autre une information utile. Ce n’est donc pas suffisant. J’ai pensé à un clan ou à une caste. On se rapproche. Mêmes études, mêmes parcours, même lieu de résidence, mêmes protecteurs, mêmes cooptations convenues… verrouillent irrévocablement l’entrée de nouveaux arrivants. Nous y sommes. Pour devenir un génie de la finance, il faut créer un royaume avec ses princes, ses ducs et ses capitaines. Le reste n’existe pas. J’exagère sans doute mais on ne peut pas nier que les collaborateurs sont maintenus sous pression par un management intransigeant, particulièrement bien formé à la gestion des ressources humaines et rémunérés aux indicateurs de performance.
Se situer au-dessus du plafond de verre
Le plafond de verre ce n’est pas de passer de cadre à cadre supérieur. Le plafond de verre, c’est s’affranchir de toutes les contraintes auxquelles les autres membres de l’organisation sont soumis : budgets, contrôles, autorisations. Bref, une sorte de paradis sur terre où tout est permis. C’est fascinant. Un magasin de jouets pour petits garçons sans que personne mette le holà.
S’enraciner dans la fonction
L’enracinement est sans doute le plus difficile, le moins documenté et le plus fragile en matière de stratégie managériale. J’ai deux points tirés du Prince de Machiavel. Le premier est “surtout de ne pas innover, juste temporiser. Pour se maintenir, il faut conduire et de ne pas mettre en œuvre des nouveautés odieuses”. Il est vrai que la politique de restructuration du Crédit Suisse ressemblait à s’y méprendre à celle de l’UBS quelques années plus tôt. Le second point est “il faut chérir ceux qui s’attachent au pouvoir” mais il faut faire très attention. Tout n’est pas monétisable mais il suffit de bons communicants pour arriver à ses fins.
Partir avant le crash
On oublie. Vanité, aveuglement, démesure sont les forces de ces hommes mais leurs faiblesses aussi. Au-dessus du plafond de verre tout est tellement merveilleux qu’il en devient éblouissant. Chez les dirigeants du Crédit Suisse, il n’y a pas eu de ruse signe, d’une intelligence supérieure redoublée de prudence, non, ils sont simplement habiles à réaliser leurs propres ambitions… À l’excès.
Alors que faire ?
La quantoprhénie, ou l’usage excessif de chiffres, et de réglementations doivent aussi prendre en compte des comportements des individus avec plus de discernement particulièrement ceux qui peuvent mettre le monde en péril. Qui veut prendre le risque et partir à la conquête de leurs forteresses ?