Theresa May traverse des temps difficiles. Alors que les discussions sur le Brexit viennent d’être entamées, le torchon brûle déjà entre Bruxelles et Londres sur la facture de 100 milliards d’euros que l’Union Européenne souhaiterait présenter au Royaume-Uni pour solder sa participation dans la construction commune – un montant qui a rapidement fait hurler les responsables britanniques. Et pourtant, en réalité, il importe peu…
La facture totale présentée à Theresa May devrait solder les engagements la part du Royaume-Uni dans les engagements pris par l’UE. Si le chiffre de 100 milliards d’euros a été régulièrement évoqué, la réalité – nette des recettes futures auxquels Londres renonce en sortant de l’UE – devrait plutôt avoisiner 60 milliards d’euros, selon les analyses du Financial Times et du think-tank Bruegel.Un montant, étalé sur une dizaine d’années, qui reste relativement modeste. En effet, les partisans de la sortie de l’Union Européenne affirmaient que leur pays économiserait 50 millions de livres Sterling par jour, soit presque 22 milliards d’euros par an. À ce rythme-là, le solde des comptes ne sera rapidement qu’une goutte d’eau face aux économies invoquées – d’autant plus dans un budget annuel britannique de plus de 900 milliards d’euros.
Le commerce…
Mais se concentrer sur cette facture serait une erreur. Le vrai coût du Brexit est ailleurs. En sortant des traités, le Royaume-Uni devra renégocier l’entier des accords qui le lient avec le continent – en particulier en matière de libre-échange. Chaque année, environ 170 milliards d’euros de produits et services sont exportés des îles britanniques en direction de l’UE. L’introduction de droits de douane à hauteur de 5% – soit, en moyenne, ce que Bruxelles impose à la Chine ou aux États-Unis – coûterait au commerce britannique huit milliards et demi d’euros par année. Bien plus cher, sur une décennie, que la facture que souhaite présenter la commission européenne.
…et les emplois
Plus encore, l’économie britannique pourrait être profondément ébranlée par un ralentissement du commerce avec le reste de l’Europe. Un exemple est symbolique : l’usine Vauxhall d’Ellesmere Port, depuis peu dans les mains de Peugeot suite au rachat de la marque Opel. Située à quelques kilomètres au sud de Liverpool, elle importe de l’UE trois quarts de ses composants. À l’inverse, 80% de ses 187’000 véhicules produits chaque année sont vendus sur le continent. La moindre tension sur les échanges commerciaux menacerait sérieusement l’avenir du site – et de ses 2’100 employés.
Ellesmere Port est loin d’être un cas isolé. L’industrie britannique s’est développée grâce à des décennies de libre-échange avec le continent. Un coup de frein brutal aurait inévitablement des retombées économiques désastreuses, tant financièrement qu’en termes d’emplois – un prix politique probablement bien plus douloureux que les livres Sterling.
Au final, Britanniques et Européens négocieront sans doute âprement la facture finale présentée au Royaume-Uni. Mais le vrai coût du Brexit, lui, serait celui d’un ralentissement des échanges commerciaux entre les futurs divorcés – et il est autrement plus élevé et plus terrifiant que quelques dizaines de milliards d’euros.
Analyse intéressante et bien vue, à laquelle il faut ajouter la montée inexorable des prix de l’alimentation et des divers achats de consommation, ainsi que l’aggravation de l’endettement des Britanniques (sauf les riches), qui maintiennent à crédit leur train de vie d’avant le Brexit.
Ce n’est pas par opportunisme politique que Tony Blair sort de sa retraite pour tenter d’annuler cette aventure nationaliste irréfléchie.
Excellent article! Un autre argument à considéré est celui de l’éducation. Le Royaume-Uni a pendant longtemps ete le point focal de l’éducation en Anglais avec c’est université comme Oxford et Cambridge. Ce retour au nationalisme pourrait leur faire perdre une grande quantité d’étudiantes internationales qui aurait cherché à être éduqué là-bas et peut-être restés pour contribuer à leur économie.