Jeudi passé, 9 juillet 2015, la ville de Londres était paralysée par une grève des employés du métro. Aucune rame ne circulait – contraignant les trois millions et demi de passagers journaliers d’utiliser d’autres moyens de déplacement. Entre bus surchargés et routes congestionnées par un trafic inhabituel causant plus de 1’300 kilomètres de bouchons, le chaos était total. En réaction, le gouvernement a proposé une réforme du droit de grève – faisant bondir les syndicats britanniques.
Le droit de grève est une composante essentielle du dialogue social. Il permet au travailleur de «voter avec les pieds» – c’est-à-dire d’affirmer par ses actes son opposition à son employeur. Une liberté n’existant pas sans responsabilité, cette cessation de travail légitime ne peut être dissociée d’une renonciation au salaire qui l’accompagne. Dans certains pays, la grève est indissociable des négociations professionnelles alors que dans d’autres, la paix du travail est un élément-clé du partenariat social.
Mais – les syndicats l’oublient trop souvent – face au droit de grève, il existe un autre droit tout aussi important : celui de travailler. On ne peut réclamer le droit à une action sociale en forçant celui qui ne le souhaiterait pas à la rejoindre. Hélas, trop souvent des piquets de grèves sont mis en place pour empêcher les travailleurs non-grévistes d’agir librement – piétinant ainsi les droits des travailleurs pourtant souvent invoqués pour justifier le mouvement social. Un tel comportement est inacceptable et la loi doit – par les mesures nécessaires – l’empêcher !
(Grève du 26 décembre 2011 à Londres © Editor5807)
Plus encore, la liberté de travailler est souvent menacée par un autre abus du droit de grève : celui des employés des services publics. Affirmant – souvent à juste titre – leur nécessité au bon fonctionnement de l’ensemble de la société, les travailleurs des services d’urgence, de santé, d’éducation ou de transport, par exemple, réclament un cadre particulier : avantages salariaux, sécurité de l’emploi ou régimes particuliers de retraite par exemple. Ces revendications sont basées sur des arguments légitimes. Mais ces mêmes arguments exigent donc que leur droit de grève soit limité afin de garantir un service public minimum – que ces mêmes travailleurs qualifient d’essentiel.
Si l’on doit reconnaître – et même garantir – le droit de grève de façon générale, il est aussi nécessaire de l’encadrer afin, précisément, que son usage ne permette pas d’opprimer ceux qui ne souhaitent pas y avoir recours. La liberté de celui qui s’oppose ne doit pas s’opposer à la liberté de chacun !