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Pourquoi un libéral peut refuser «No Billag»

Telle que présentée par ses auteurs, l’initiative «No Billag» est une lutte pour les libertés individuelles. En conséquence, tout «bon libéral» semble sommé de partager ce point de vue ; les voix divergentes étant hélas souvent soumises à un «procès en libéralisme» et accusées de trahir cet idéal pour des motifs égoïstes. Pourtant, à bien y réfléchir, il est plutôt simple, pour un libéral, d’être convaincu de rejeter ce texte…

Le but évident de tout «bon libéral» est de garantir à chacun autant de libertés que possible. Tout adulte devrait donc pouvoir former son opinion comme il l’entend et faire ses propres choix. Et là, embrayent sans hésiter les partisans de «No Billag», devrait être inclus le choix de consommer ou non les médias du service public, et donc, par voie de conséquence, le choix de ne pas les payer le cas échéant. Pourtant, à bien y réfléchir, il est plutôt simple, pour un libéral, d’être convaincu de rejeter ce texte…

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Pour être à même de faire ses propres choix, chacun doit pouvoir en appréhender les tenants et aboutissants. Pouvoir décider entre des possibilités aux issues inconnues n’est pas une liberté ; c’est un simple mirage. La vraie liberté, elle, se définit au moment où l’on peut comprendre ce qu’un choix représente et le faire en connaissance de cause. En d’autres termes, il ne peut y avoir de réelle liberté sans information.

Mais cette information ne tombe pas du ciel. Elle peut souvent être produite par des médias privés et achetée (ou non) par ceux qui en expriment le besoin. Mais cette offre repose sur la nécessaire existence d’un marché suffisamment grand pour financer, par la vente ou par la publicité, le travail journalistique nécessaire.

CC Tschubby / modifiée

Or, la Suisse est un petit pays, partageant quatre langues et formé de nombreuses régions aux réalités bien diverses. Dès lors, le constat est simple : elle ne dispose pas toujours la taille critique nécessaire pour offrir une information suffisante à l’ensemble de nos concitoyens par la seule loi du marché. C’est conscient de cette réalité qu’un service public a été mis en place dans les médias – et c’est bien son avenir que nous allons décider le 4 mars prochain.

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Ainsi, l’initiative «No Billag» n’est pas un vote pour plus ou moins de libertés. Ce n’est, en réalité, rien d’autre qu’un arbitrage entre deux libertés : d’une part, celle de ne pas payer l’information qu’on ne souhaite pas consommer, et d’autre part celle, pour chaque citoyen de notre pays, quelle que soit sa langue et quel que soit son domicile, de pouvoir accéder à une information suffisante et de qualité.

S’il faut trancher entre les deux, mon choix est évident : je préfère accepter la contrainte d’un financement public et obligatoire lorsqu’il permet de garantir à chacun de s’informer et donc de pouvoir faire, en toute connaissance de cause, ses propres choix – en toute liberté.

C’est donc en libéral convaincu que, le 4 mars prochain, je glisserai un «non» résolu dans l’urne – et que je vous invite à faire de même !

Image : NASA

Notre-Dame-des-Landes : un crash politique ?

En arrivant au pouvoir, le gouvernement d’Édouard Philippe avait hérité d’un avion en détresse, volant depuis des décennies en pleine tempête et tiré dans des directions opposées par deux moteurs de puissance similaire. Mais en attendant huit mois pour agir, et en prenant une décision contraire à tous les engagements pris jusqu’alors, il a fait le choix du crash aérien plutôt que de tenter de rentrer à bon port. Et les conséquences de cette décision ne s’arrêteront certainement pas à la région de Nantes.

Peu après midi, la joie a éclaté chez les «zadistes», ces militants parfois extrêmes qui s’étaient mis en tête d’empêcher la construction d’un nouvel aéroport dans la région de Nantes. Face à leur succès, ce sont bien l’État de droit et la démocratie qui s’effritèrent.

CC Blandine Le Cain

Trois présidents différents se seront cassés les dents sur ce projet : Nicolas Sarkozy a été incapable de le faire avancer, François Hollande a même tenté, sans succès, d’évacuer la zone avant de meubler le reste de son quinquennat par des tergiversations et des reculades, et Emmanuel Macron, a finalement accepté d’enterrer le projet huit mois après son arrivée à l’Élysée.

Pourtant, lors de la campagne présidentielle de 2017, celui qui n’était à l’époque que l’ex-ministre de l’économie avait promis de mener le projet à son terme. L’argument qui prévalait dans la bouche du candidat était le résultat du référendum local de 2016, où la population de Loire-Atlantique avait majoritairement soutenu le transfert de l’aéroport en direction de Notre-Dame-des-Landes. La démocratie avait parlé, selon Emmanuel Macron ; il fallait désormais qu’elle s’applique.

CC Blandine Le Cain

Le revirement d’hier n’affaiblit donc pas seulement la parole du président jupitérien, mais, surtout, il torpille l’argument démocratique précédemment évoqué, dans un pays qui en aurait pourtant bien besoin, préférant céder à des militants qui avaient fait le choix de l’occupation et du rapport de force. Et cela, en soi, est probablement la conséquence la plus inquiétante de cette décision…

Mais le plus révélateur de cette journée était sans doute cette longue attente du discours du Premier ministre, alors que la décision avait fuite dans toute la presse. Les chaînes de télévision en continu interrogeaient tour-à-tour les opposants (euphoriques) et les partisans (dépités), tout en diffusant les images d’un podium vide dans la salle de presse de l’Élysée. L’avion s’était non seulement écrasé, mais on avait surtout l’impression qu’il était sans pilote…