Le site Coronavirus Update (Live) fournit jour après jour des statistiques détaillées par pays. Il est tributaire de ce que fournissent les autorités nationales, dont on découvre maintenant qu’elles ont tendance à sous-estimer la réalité. Ainsi au départ la France et la Grande-Bretagne se contentaient piteusement de n’annoncer que les morts dans les hôpitaux, pour finir par avouer que les EMS étaient aussi devenus des mouroirs accélérés. Quant aux morts à domicile, souvent le virus n’est pas identifié.
Donc la mortalité est largement supérieure à ce qui est publié et personne n’est en mesure de la connaître et d’agir en conséquence. Or, il suffit de comparer les annonces de décès 2019 et 2020 par l’état civil pour en avoir une meilleure estimation. Ainsi en Suisse selon la RTS, la première semaine d’avril la mortalité des seniors a été de 1700 contre 1400 d’ordinaire, ce qui met en doute le chiffre total de 1 716 décès de virus depuis le début. Ne parlons même pas des Etats menteurs comme la Russie, la Chine ou l’Iran. Pour ce dernier pays, on estime 15 000 morts réels au lieu des 6 000 annoncés.
Il faut donc prendre avec réserve ce qui est publié sur le site mentionné. L’indicateur le plus révélateur est le taux de mortalité par million d’habitants : la Belgique est toujours triste championne apparente avec un taux de 677 alors que la France annonce 279. Les autorités belges se défendent en prétendant qu’elles annoncent tous les décès. Ce serait intéressant de savoir vraiment ce qu’il en est. En d’autres mots de calculer un taux de mensonge.
Néanmoins pour se cantonner aux pays sérieux, il existe tout de même des disparités significatives : pour l’Allemagne, c’est 81, la Suisse 204, l’Autriche 66. Cela signifie que deux pays voisins étaient mieux préparés. Les plus frappants sont les pays asiatiques et océaniens : Japon 4 ; Singapour 3 ; Australie 4 ; Malaisie 3 ; Thaïlande 0.8 ; Nouvelle Zélande 4 ; Hong Kong 0.5 ; Taïwan 0.3 ; Cambodge 0 ; Polynésie Française 0 ; Laos 0. Soit une disparité de 1 à 100 entre eux et les pays développés européens. Chez eux, il n’y a pas de crise sanitaire et donc pas de crise économique. Même en admettant autant de mensonges qu’en Europe, ils se tirent mieux d’affaire tout simplement parce qu’ils sont coutumiers des épidémies et équipés en conséquence, matériellement et politiquement.
Les statistiques faussées, les annonces biaisées, les recommandations mensongères ne sont pas admissibles en période de crise aussi grave. Les gouvernements ne parviennent pas à agir avec pertinence au plus près de la réalité puisqu’ils se la dissimulent à eux-mêmes ; les populations perdent confiance dans les autorités dont ils découvrent la duplicité. On ne peut pas à un mois de distance prétendre que les masques ne servent à rien, voire sont contreproductifs, parce que l’on a été imprévoyant, et puis les recommander ou les rendre obligatoires quand on en dispose. Le prix à payer de l’impréparation a été le confinement, mesure improvisée et mortelle pour l’économie, dont notre survie dépend aussi. A Genève des gens ont tout simplement faim, parce qu’ils n’ont plus de travail.
Dès maintenant il faut créer une instance composée uniquement de gens compétents dans le domaine et indépendants, dotée des moyens nécessaires, pour essayer enfin d’établir les faits et, à partir de ceux-ci, de recommander une organisation, prête à faire face aux prochaines épidémies, dans toutes les dimensions : moyens matériels et humains ; mécanisme de décision ; information de la population.
Plus largement et plus tard, de prévoir les dangers auxquels nous sommes vraiment exposés et ceux qui sont moins probables. L’invasion du pays par des colonnes de chars est moins vraisemblable que l’incursion par un virus, la pénurie alimentaire par sécheresse planétaire, une intrusion dans les systèmes informatiques vitaux, un acte de terrorisme majeur, l’explosion d’une centrale nucléaire, etc. Il faut donc choisir entre des avions ou des drones et des missiles sol-air en fonction des menaces réelles et des moyens efficaces et non en faveur de l’industrie locale ou d’une idéologie. Sinon nous deviendrons à terme un protectorat de la Chine comme nous l’avons été des Etats-Unis pendant un demi-siècle.
Il faut aussi construire une autarcie pour les produits essentiels, soit au niveau du pays, soit au niveau du continent. Le fédéralisme est un des piliers de la Suisse mais on ne peut laisser subsister des lacunes de pouvoir et de responsabilité entre confédération et cantons. Il faut désigner des instances vraiment responsables et connues de tous. Il faut un Parlement professionnel, pas à temps partiel, et un gouvernement convenablement dimensionné, pas à sept. Nos institutions ont bien réagi dans l’improvisation, mais ce n’est pas une méthode fiable. Il y a mieux à faire. On aurait pu faire mieux. On aurait pu épargner des morts, des faillites, des chômeurs. Comme à Taïwan, pays inexistant que nous ne reconnaissons même pas, car notre pays protecteur nous l’interdit.