La Suisse n’existe pas pour Donald Trump? A moitié juste

Difficile d’y échapper. Donald Trump a passé un cap ce samedi, celui de ses 100 premiers jours comme président des Etats-Unis. Les médias se déchaînent depuis plusieurs jours et jouent à celui qui fera le meilleur bilan, le plus original, le plus décalé. Des bilans pas vraiment positifs. Mais la bave des crapauds-journalistes ne semble pas atteindre la «blanche colombe» de Washington: Donald Trump n’en finit plus de se jeter des fleurs. «Nous avançons terriblement bien, nous faisons énormément de choses», a-t-il ainsi assuré vendredi, en signant son 31e décret, alors qu’un récent sondage de CNN confirme qu’il est le président le plus impopulaire des Etats-Unis, avec seulement 44% d’avis positifs. «Je pense que l’on a rien vu de tel». L’avenir le dira.

En attendant, la BBC propose son propre bilan, censé rester très factuel: «Qu’a dit le président Trump sur votre pays pendant ses 100 premiers jours?». Sur son site, il suffit de choisir un pays pour savoir si Donald Trump a rencontré son dirigeant, s’il a eu un entretien téléphonique avec lui ou si le pays a été cité dans un tweet présidentiel. Instructif. La Corée du Nord, par exemple, a été citée 9 fois.

Et la Suisse? Rien. Pas une rencontre, pas un appel téléphonique, pas un tweet. Inexistante. Ouf, serait-on tenté de dire. Car moins Donald Trump parle de nous, mieux c’est. La Suisse tremble un peu car elle est montrée du doigt dans un récent rapport du Trésor américain à cause de son excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis, un excédent évalué à 17 milliards de francs. De quoi éveiller des soupçons chez les Américains, qui ne sont pas loin de parler de manipulation de devises. Ueli Maurer et Johann Schneider-Amman, en déplacement récemment à Washington, ont cherché à calmer le jeu, tout en concédant avoir de la peine à entrer en contact avec de hauts responsables de l’administration Trump. Forcément: la plupart ne sont pas nommés, et les ministres en place ont d’autres priorités.

Mais la Suisse n’est pas inexistante pour autant. De discrets liens se tissent. Et puis, président de la Confédération en 2016, Johann Schneider-Ammann a eu l’occasion de s’entretenir par téléphone avec Donald Trump pendant une dizaine de minutes. C’était le 21 décembre dernier, donc pas dans le cadre des 100 jours. Idem pour les tweets. A deux reprises, Donald Trump a, avant sa prestation de serment, évoqué la Suisse. Le 5 août 2016 et le 19 décembre dernier. Les voici:

Si l’on poussait le bouchon un peu plus loin que la BBC, on trouverait encore d’autres mentions de la Suisse. Tenez: des hôtels Trump servent des «swiss bircher muësli». Ou, mieux, on pourrait relever la «suissitude» de son menu du 31 décembre 2016 dans sa résidence de Mar-a-Lago, alors qu’on l’appelait encore le «président élu». Car, oui, dans le menu intitulé «Mr Trump’s Wedge Salad», on trouve du bar, des filets de boeuf, mais aussi des raviolis composés de champignons sauvages et de… «swiss chard». Vérification faite, ce n’est que le nom de la bette à carde. Mais si on était un peu chauvin et légèrement marseillais, on pourrait presque dire que la Suisse était présente au repas de fête de Donald Trump. Non?

Patron, j’ai un nouveau chiot: je prends un congé payé

Cet hiver, j’ai croisé un certain nombre de chiens avec des petites bottes en latex dans les rues de New York (photo: Pawz Dog Boots). Les Américains adorent les bêtes. Quoique. J’ai aussi pu observer des propriétaires de chiens stressés (l’adjectif peut être rapporté aux chiens ou aux propriétaires, à choix), sortir de leur building clinquant sur Madison Avenue, tirer leur pauvre clébard jusque dans la rue, le laisser se soulager entre deux taxis, et le réacheminer péniblement vers leur immeuble. Le tout, emballé, poutzé, en vingt secondes chrono. Mais passons.

Généralement, donc, les Américains aiment les animaux. Il suffit de voir le nombre de magasins pour chiens, les crèches canines et les applications pour promeneurs de poilus pour s’en rendre compte. Mais il y a mieux: certaines entreprises, soucieuses du bien-être de leurs employés, accordent des jours de congé payés en cas de décès de leur compagnon à quatre pattes, si leur chienne met bas, et surtout lors de l’acquisition d’un nouveau chiot. C’est le fameux «pawternity».

Le concept est déjà à la mode au Royaume-Uni. Récemment, c’est le fabricant de bières BrewDog, irlandais mais bien implanté aux Etats-Unis, qui a fait parler de lui. Une semaine entière de congé payé accordé à chaque employé qui a la bonne idée de ramener un chiot à la maison! Et ils ne sont pas les seuls.

Nous avons mené notre petite enquête. Kimpton, la chaîne d’hôtels et de restaurants, nous confirme qu’elle accorde de tels congés, en cas de décès de l’animal de compagnie. Parfois jusqu’à trois jours. Du côté de Ben & Jerry’s – les fameuses glaces! -, Lindsay Bumps, la porte-parole, précise que l’entreprise est très «pet friendly» – «nous avons entre 20 et 30 chiens dans nos bureaux tous les jours» -, mais que ce genre de situation est réglée «au cas par cas», sans règlement précis.

Et maintenant, la question que tout le monde se pose (ou en tout cas l’écrivain Alex Beam dans le New York Times): quel animal prendra Donald Trump à la Maison-Blanche? Franklin Roosevelt avait son terrier Fala, Richard Nixon, son cocker Checkers, Lyndon Johnson, ses beagles Him et Her, Bill Clinton, son chat Socks, Barack Obama, ses chiens d’eau portugais, Sunny et Bo. D’ailleurs, il existe un «Musée des animaux présidentiels» (!), et la liste complète peut être consultée ici.

Donald Trump? Le président américain, mégalomane assumé, a tendance à voir grand et à vouloir faire mieux que ses prédécesseurs. Et là, la barre est placée assez haut, car certains présidents américains – Théodore Roosevelt en fait partie – ont eu des lions, une hyène, des zèbres ou encore des ours. Et sachant que les fistons Trump sont des chasseurs de trophées en Afrique, on imagine à quoi pourrait ressembler la pelouse de la Maison-Blanche… Ce serait donc ça le «carnage de l’Amérique» que Donald Trump a évoqué dans son discours d’investiture?

 

 

Un lapin nu, des oeufs en retard et le petit geste de Melania

Pour se démarquer de ses prédécesseurs, Donald Trump a décidé de déshabiller le gros lapin de Pâques, celui qui figure à côté du président et de sa famille pour le lancement de la traditionnelle «chasse aux oeufs» de la Maison Blanche. A moins qu’il ne soit arrivé quelque chose à son curieux habit rose?

Mais la question cette année est surtout: qui est DANS le lapin? En 2008, ce n’était autre que Sean Spicer, l’actuel porte-parole de la Maison Blanche. Il vient de passer une très mauvaise semaine après la polémique qu’il a déclenchée en comparant Bachar al-Assad à Adolf Hitler, et faisant mine de nier l’existence des chambres à gaz.

Cette année, Sean Spicer ne s’est pas caché, couvert de honte, derrière le costume. Il a été vu, souriant sur la pelouse de la Maison Blanche, arborant une cravate avec des petits lapins.

Donald Trump, entouré de sa femme et de leur fils Barron, a tenu à remercier la First Lady pour la préparation des festivités. Elle a pourtant commis une bourde. Mélania Trump a… oublié de commander les fameux oeufs en bois en février! C’est le prestataire habituel, celui qui est censé fournir des dizaines de milliers d’oeufs ce jour-là, qui a dû tirer la sonnette d’alarme et tenter de sauver les meubles. En envoyant ce tweet, effacé depuis:

Un tweet qui n’a suscité une réponse que tardivement. Résultat: la commande a bien été passée, mais le fabricant a dû se montrer moins ambitieux que d’habitude. La Maison Blanche n’a commandé que 40 000 oeufs, contre 85 000 en 2016. Seules 21 000 personnes étaient attendues ce lundi aux dires de Sean Spicer, alors que les curieux étaient 37 000 l’an dernier à fouler la pelouse de la Maison Blanche. Et cette fois, après la controverse autour de la fréquentation le jour de la prestation de serment de Donald Trump qui l’a couvert de ridicule, le porte-parole ne s’aventurera probablement pas à déclarer, avec le raté des oeufs en bois, qu’il s’agit de la plus grosse chasse aux oeufs jamais vu dans l’histoire des Etats-Unis.

La tradition de la «chasse aux oeufs» à la Maison Blanche en est à sa 139e édition. C’est habituellement la First Lady qui doit organiser cette journée très prisée des enfants. Cette année, l’organisation s’est compliquée par le fait que Mélania vit encore essentiellement à Manhattan, et qu’elle a mis du temps à constituer la petite équipe chargée de l’aider dans ses premiers pas de First Lady. Autre raté: des écoles de la région reçoivent habituellement 4000 tickets d’invitation. Là aussi, ces tickets se sont faits désespérément attendre. Et sinon? La fête a été belle. Ah, encore juste une dernière chose: pendant l’hymne national, Donald Trump a oublié de porter sa main sur le coeur. C’est sa femme qui a dû le lui rappeler par un discret petit coup contre la cuisse. Enfin, pas si discret que ça, puisque la séquence tourne désormais en boucle sur les réseaux sociaux.

Photographe subtil ou les discrets pieds de nez de Pete Souza à Donald Trump

Certains s’érigent contre Donald Trump à coups de pancartes, de slogans et d’insultes, d’autres le font de façon beaucoup plus subtile. C’est le cas de Pete Souza, qui a été le photographe officiel de la Maison Blanche sous Barack Obama, après l’avoir été pour Ronald Reagan. Le Temps l’avait interrogé peu avant l’élection présidentielle, son interview est à relire ici.

Pete Souza donc, l’homme qui a travaillé pour de prestigieuses publications et qui a notamment couvert la guerre en Afghanistan, est un nostalgique de l’ère Obama. Il avait capturé des moments-clés de son mandat, mais aussi des instants plus intimistes, nous montrant des facettes plus privées du premier président noir des Etats-Unis et de sa famille. Il prenait entre 500 et 1000 photos par jour. Parfois bien plus. Pour comprendre comment il manifeste son anti-trumpisme, c’est sur son compte Instagram qu’il faut aller. Un compte suivi par plus d’un million d’afficionados.

Ce qu’on y trouve? Des photos de Barack Obama, encore et encore. Mais regardez bien quand il publie quelle photo. C’est là où se révèlent quelques petits pieds de nez bien discrets à Donald Trump, sans jamais le citer. Subtil, on vous avait dit. Plusieurs médias s’en sont amusés. Le 29 janvier, par exemple, deux jours après la signature du décret anti-musulmans par Donald Trump, un décret qui a provoqué un tollé et finira par être bloqué par la justice, Pete Souza poste une photo montrant Barack Obama tout sourire, avec une jeune musulmane voilée, à Kuala Lumpur.

Un autre exemple? Prenons le 31 janvier. C’est le jour où le président annonce la nomination du très conservateur Neil Gorsuch comme neuvième juge à la Cour suprême. Le Sénat vient de confirmer sa nomination, après un psychodrame: les républicains ont dû déclencher l’option nucléaire pour passer sa nomination en force. Ce jour-là, le 31 janvier donc, que choisit Pete Souza de poster sur son compte Instagram? Une photo de Barack Obama avec le juge Merrick Garland. Un juge choisi après la mort d’Antonin Scalia, mais que les républicains n’ont jamais voulu auditionner. Merrick Garland n’a jamais pu devenir juge à la Cour suprême. Pete Souza a tenu à le rappeler. Discrètement. Avec un commentaire simple, mais efficace: «Just saying».

Inlassablement, à chaque action, sortie ou gaffe de l’administration Trump, Pete Souza fouille dans ses souvenirs et ses photos pour poster l’image-contraste, celle de Barak Obama qui s’oppose le plus clairement à l’actualité du jour. La toute première photo de son compte Instagram personnel, une vue plongeante sur le Bureau ovale, avec la fine silhouette de Barack Obama, de dos, laissait presque penser qu’il voulait lui aussi tourner la page. Il annonçait qu’il allait désormais «bien dormir, faire tout ce que sa femme lui demanderait de faire, aller à la gym tous les jours, se rendre à des concerts, regarder des films, lire des livres et boire du vin»
Il a visiblement rajouté un élément à sa «to-do list»: troller Donald Trump.

Les flèches de Scarlett Johansson

Scarlett Johansson n’est pas du genre à garder sa langue dans sa poche. Jeudi, lors du Women in the World Summit, qui se déroule sur trois jours à New York, avec des orateurs de renom comme Hillary Clinton, Arianna Huffington ou Justin Trudeau, l’actrice n’a pas pu s’empêcher de s’en prendre à Ivanka Trump. Ivanka avait la veille accordé sa première interview télévisée depuis l’investiture de son père à la présidence des Etats-Unis.

On sait Scarlett Johansson très engagée politiquement, et féministe jusqu’aux bouts des ongles. Elle a participé à plusieurs marches contre «son» président, et s’est récemment moquée d’Ivanka Trump en la parodiant dans un sketch de Saturday Night Live, sur la NBC.

Mais jeudi, c’est le plus sérieusement du monde, et vraiment agacée, qu’elle a dit ce qu’elle pensait d’Ivanka. «Si vous décidez d’accepter un rôle public (pour défendre le droit des femmes, ndlr), alors vous devez agir publiquement! Elle a dit quelque chose qui m’a particulièrement déçue, hier: elle a laissé entendre, à propos de l’influence qu’elle exercerait, qu’elle interviendrait surtout en coulisses, derrière des portes fermées, sans même que l’on sache qu’elle est à l’origine de changements. Well, that’s empowering!», s’est-elle moquée.

Les promesses d’Ivanka Trump, qui a fait la promotion de l’égalité salariale et du droit au congé maternité pendant la campagne électorale de son père, ne parviennent visiblement pas à convaincre Scarlett Johansson, très déçue que la fille du président, de facto la femme la plus puissante de l’administration Trump, n’use pas davantage de son pouvoir sur la scène publique.

Le fait qu’elle publiera bientôt un nouveau livre, Women Who Work: Rewriting the Rules for Success, avec des conseils prodigués aux femmes pour réussir sur le plan professionnel, ne l’impressionne guère plus.

Quand Scarlett Johansson a une idée en tête, elle ne la lâche pas. Et, hop, une flèche de plus: «L’idée que derrière chaque grand homme se cache une grande femme est un concept si ringard! Et pourquoi pas se mettre à côté, ou agir par soi-même? C’est ringard, peu inspirant et même lâche».

Les «filles de» savent faire parler d’elles (Ou quand Ivanka dit oui, Chelsea dit non)

Dans le registre «Dans la famille X, je demande la fille», Ivanka Trump fait fort. Fille préférée du président américain, et femme de son gendre préféré, elle a obtenu un bureau à la Maison Blanche ainsi qu’un titre de conseillère. Mais non, rassurez-vous, elle ne sera pas rémunérée pour cette fonction d’employée fédérale et continuera, elle la fille du président «America first», à vendre du «Made in China». Cela fera sans doute plaisir au président chinois en visite officielle cette semaine à Washington, pardon, à Mar-a-Lago.

Zut, on s’égare. Ivanka Trump donc, même si elle n’est pas payée pour ses fonctions auprès de son père, reste au coeur des intrigues. Selon des documents officiels de la Maison Blanche publiés vendredi, elle est son mari Jared Kushner, promoteur immobilier à succès, ont conservé des intérêts considérables dans les affaires malgré leur entrée au gouvernement. Ce qui pose de nouveau la question des conflits d’intérêts. Les documents de 54 pages révèlent qu’ils perçoivent toujours des revenus de leurs actifs évalués entre 240 et 740 millions de dollars.

Chargé de diriger un bureau qui a pour tâche de réformer l’administration américaine, Jared Kushner a bien quitté certains postes à haut niveau qu’il occupait au sein de sociétés appartenant à l’empire immobilier de sa famille, il conserve malgré tout des parts dans la plupart d’entre elles. Et Ivanka, si elle a placé ses actifs dans un trust et laissé la Trump Organization entre les mains de ses deux frères, elle a, confirment ces mêmes documents, conservé ses parts dans le Trump International Hotel de Washington.

La nomination officielle d’Ivanka Trump comme employée fédérale a été annoncée mercredi, et c’est cette fonction qui la contraint, comme son mari, à certaines obligations, dont celle de dévoiler ses actifs et ses revenus. Donald Trump lui-même n’a pas cédé ses actifs.

Mais Ivanka n’est pas la seule «fille de» sur laquelle se braquent aujourd’hui les projecteurs. Il y a aussi Chelsea. Chelsea Clinton (crédit photo: Getty images). Qui d’ailleurs a longtemps été proche d’Ivanka Trump, comme nous le rappelions ici. Chelsea, donc, fait parler d’elle avec insistance ces dernières semaines en raison de ses ambitions politiques. Du moins celles qu’on veut bien lui attribuer. La fille de Bill et Hillary Clinton est toujours plus percutante sur Twitter à l’égard de l’administration Trump et des républicains: il n’en faut pas plus pour que les rumeurs les plus folles concernant ses intentions politiques circulent. Elle viserait le Congrès.

Vraiment? «Je ne brigue pas de mandat public», a fini par assurer Chelsea Clinton dans une interview accordée mercredi à Variety. Sourire aux lèvres, elle a qualifié, face caméra, ces rumeurs de «plutôt hystériques». «Je suis vraiment constamment surprise par les histoires circulant à mon propos, comme quoi je viserai – cochez la bonne case – le Congrès, le Sénat, le Conseil municipal, la présidence. Je trouve tout ceci plutôt hystérique car on m’a posé la question toute ma vie et mes réponses n’ont jamais changé».

Et puis, elle a eu cette petite phrase: «Si quelqu’un renonce à son mandat ou que quelque chose change, je me poserai alors la question à ce moment-là et y répondrai. Mais pour le moment, non, je ne brigue pas de mandat officiel». Un «non» qui pourrait bien donc bien finir par vaciller. Chelsea a voulu faire taire les rumeurs, elle ne fait que les rallumer. D’ailleurs dans l’entourage même de Hillary Clinton, les langues se sont déliées, confirmant le goût très certain de la jeune vice-présidente de la Clinton Foundation, pour la politique.

Elle finira peut-être bien un jour par céder à la tentation. D’ici là, elle le sait, ses intentions politiques, réelles ou fantasmées, continueront à faire parler d’elles, qu’elle le veuille ou non. Un peu comme les habits «Made in China» de la fille du président «America first».

 

 

Les errances de l’installation anti-Trump de Shia LaBeouf

Shia LaBeouf, l’acteur, a quelques problèmes avec Donald Trump. Et surtout avec son installation anti-Trump. Le jour de la prestation de serment du président américain, il a choisi, dans le Queens, à New York, d’installer une petit caméra à l’extérieur du Museum of the Moving Image. Il l’a fait avec son collectif LaBeouf, Rönkkö & Turner. Un concept tout simple: les curieux sont invités à se présenter face caméra et à prononcer à haute voix le slogan écrit sur le mur «He will not divide us» (crédit photo:A Clary/AFP/Getty Images). Un site web retransmettait en direct ces prises de vue. C’est tout. Rien de bien compliqué.

Tout, mais suffisamment agaçant aux yeux de partisans du président américain. Premier écueil: le 10 février, le musée décide de retirer l’installation, le lieu étant devenu une «poudrière de violences» en raison de plusieurs altercations. Shia LaBeouf et son collectif choisissent alors le El Rey Theater d’Albuquerque, dans le Nouveau-Mexique, pour continuer leur expérience. Rebelote. Mêmes problèmes de vandalisme.

L’acteur, sur son compte Twitter, évoque même des coups de feu. Fin de l’expérience, qui fait décidément beaucoup parler d’elle – n’était-ce pas le but? -, le 8 mars. Le projet est un peu réadapté, toujours avec une caméra, qui cette fois filme un drapeau blanc avec le fameux slogan, dans un lieu tenu secret… mais découvert quelques jours plus tard par des «suprémacistes blancs», qui s’en sont emparés.

Et puis, dans cette odyssée artistique, on finit par le retrouver à… Liverpool, au Royaume-Uni, du côté de la Foundation for Art and Creative Technology, qui a décidé d’exposer ce même drapeau, autour duquel, décidément, bravo Shia LaBeouf, on fait tout un foin. Jusqu’à quand? Jusqu’à vendredi dernier. L’établissement a été contraint, sur conseil de la police, de retirer le drapeau, en raison d’intrusions de personnes masquées. Deux jours seulement après avoir annoncé héberger le projet.

Euh, ça ne fait pas très scénario hollywoodien tout ça? Pas pour Shia LaBeouf. Des extrémistes qui se revendiquent de l’alt-right américaine, avaient averti, sur internet, qu’ils feraient tout pour empêcher le projet: «Peu importe où Shia LaBeouf plante son drapeau, l’un des nôtres l’attrapera. Notre groupe a des relais dans tous les pays».

Bon, on aurait presque envie d’insinuer que peut-être, ça aussi, ça fait partie de l’installation de l’acteur qui aime bien jouer avec le feu. Difficile de penser qu’un projet, qui n’a finalement rien de bien agressif, suscite autant d’intérêt de la part de fervents admirateurs de Donald Trump. Shia LaBeouf a promis de poursuivre son projet #HeWillNeverDivideUs, pendant tout le mandat présidentiel. On verra bien qui de lui ou de ses probables détracteurs s’épuisera en premier.

J’ai mal à ma fondue

On ne se permettra pas de critiquer le fromage fondu d’un orange vif qui dégouline sur certains homards, le «imitation crab meat» repéré sur une carte d’un restaurant de Brooklyn, ces pauvres salades noyées sous des douches vaporisantes dans les étals des supermarchés, ou encore ces sortes de «boites-de-conserve-en-carton-à-pâte-à-croissants-qu’il-faut-presser-avec-une-cuillère-pour-qu’une drôle-de-masse-odorante-nous-saute-à-la-figure». Mais là, quand même. On ne peut pas rester les bras croisés. Le New York Times a habituellement de jolies pages dédiées à la gastronomie. Et là, paf, déception, horreur et damnation.

Non mais regardez cette recette «traditionnelle» de fondue suisse! Elle commence mal, très mal même. Avec la recommandation d’utiliser une portion égale de gruyère, «pour la richesse de son goût», et…. d’«Emmenthaler, raclette or Appenzeller cheese» (sic), «pour sa texture souple». Gloups. Va ensuite pour le shot de kirsch et l’ail. Mais après, ça se gâte sérieusement. On nous propose d’y plonger des bouts de pain… mais aussi des «tranches de pommes, des quartiers de clémentine, du salami en cubes,  des bouts de bretzels, des abricots séchés, du raisin sans pépins ou du tofu». Pire – j’ai comme l’impression que Melissa Clark, qui par ailleurs a écrit plusieurs livres de cuisine, n’a pas versé son shot de kirsch au bon endroit -, la phrase finale de la recette: «la fondue peut merveilleusement bien être utilisée versée sur de la laitue romaine à la place d’une sauce salade».

Ah, et puis, en lisant quand même la recette jusqu’au bout, la cuisinière, décidément en grande forme, nous gratifie de quelques «tips» ou variantes, histoire de satisfaire tous les goûts. Comme la «cheddar-whiskey fondue», la «seedy gouda fondue». Ou encore la «dark beer caramelized onion fondue». Qui dit mieux?

Je vous laisse. Il faut que je bricole ma pancarte «Ne touche pas à ma fondue».

Un blizzard nommé Stella

Le maire de New York, Bill de Blasio, nous a recommandés de rester à l’intérieur, et pour ceux qui devaient quand même sortir en voiture, la consigne était claire: «Armez-vous d’une torche électrique et d’une bouteille d’eau». Musées, écoles et siège de l’ONU fermés, traders de Wall Street invités à rester chez eux, rues aussi vides que les rayons des supermarchés, rares reporters engoncés dans leur parka, qui racontent, hilares, en direct, leurs impressions météorologiques sur des chaînes locales tout en se battant avec des flocons de neige, New York avait ce mardi un air de ville déserte.

La neige givrée frappe avec insistance contre les vitres, le vent siffle, le ciel est blanc. Drôles d’impressions. La fautive? Stella. Le blizzard que tout le monde redoutait et qui, forcément, a un prénom féminin. Finalement, dans la matinée, alors que l’on imagine chacun en train de ranger ses kilos de pâtes, de farine et de sucre achetés la veille, une nouvelle rassurante: la fin du monde est reportée à plus tard. La météo nationale a revu à la baisse les quantités de neige attendues: on n’atteindra probablement pas les 60 centimètres prévues à la fin de la journée, mais plutôt quinze. L’alerte au blizzard a été levée sur New York. Mais deux tiers des vols sur les aéroports new-yorkais ont été annulés, 5400 dans l’ensemble du pays.

Après le maire, c’est le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, qui évoque de gros problèmes de verglas et nous invite à rester chez nous. Donald Trump avait lui tweeté la veille «Be safe!», après avoir décidé, à cause de Stella, de reporter sa rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel à vendredi.

Finalement, on est aux petits oignons ici. Un maire, un gouverneur et un président qui se soucient de notre bien-être et qu’on soit bien au chaud à la maison, c’est plutôt classe.

Ah zut, il va quand même falloir sortir le nez dehors et affronter la bourrasque: j’ai promis à une amie d’aller nourrir ses chats pendant qu’elle bronze en Floride.

Dormir tout près de Donald Trump

En m’installant à New York, début novembre, je suis d’abord passée par Airbnb. Et comme je m’y étais prise un peu au dernier moment, je n’avais plus beaucoup de choix du côté de Brooklyn, où je voulais passer mes premiers jours new-yorkais. Il a donc fallu se décider rapidement, entre cinq offres différentes. Tiens, cet appartement-là semble pas trop mal. Vendu! Une fois sur place, on se dit qu’on aurait pu faire un peu plus attention. Pour éviter de se retrouver dans une espèce de cave sans fenêtre (ou plutôt si, mais des fenêtres qui mangent le trottoir), dans un sympathique quartier jamaïcain de Flatbush, mais où on peut compter au moins une quarantaine de «groceries» jamaïcaines, avant de trouver une bouche de métro.

En prenant le temps de regarder plus attentivement les offres d’Airbnb, j’aurais surtout très bien pu me retrouver à quelques mètres de celui qui allait devenir le nouveau président des Etats-Unis. Car une propriétaire d’un appartement de la Trump Tower, sur la 5ième avenue, à Manhattan, avait discrètement mis son bien sur la plateforme, pour un prix oscillant entre 300 et 450 dollars la nuit. C’est le New York Times qui le raconte dans son édition de mardi. Et qui du coup a provoqué le retrait de l’annonce du site, quelques heures seulement après avoir joint la société pour un commentaire.

L’appartement était disponible depuis le mois de septembre. Il était déjà réservé pour mars, avril et mai. Un journaliste du New York Times l’avait booké pour un weekend en avril. La propriétaire lui a tout de suite fixé un rendez-vous au bas de l’immeuble, en précisant qu’il ne fallait pas parler d’Airbnb au personnel mais plutôt faire croire qu’il venait lui rendre visite. Mais deux jours plus tard, la femme annule la réservation: elle avait découvert que son nouvel hôte était journaliste, et ne voulait pas que son appartement soit utilisé pour se rapprocher de Donald Trump ou pour être mentionné dans un article. Trop tard.

La location était par ailleurs illégale, la propriétaire n’ayant théoriquement pas le droit de sous-louer son appartement moins de 30 jours si elle-même n’y loge pas en même temps que son hôte. Le Secret Service, qui quadrille l’immeuble, était-il au courant que cette femme louait régulièrement son appartement? Airbnb ne l’avait visiblement pas découvert. L’annonce ne mentionnait bien évidemment pas directement la Trump Tower, et ce n’est qu’une fois que des gens étaient intéressés par son appartement que la propriétaire donnait des détails supplémentaires. Le texte de l’annonce précisait toutefois qu’il s’agissait d’un building «ultra-sécurisé et unique». Et qu’il convenait d’être politiquement neutre: «c’est un immeuble particulier, il ne faut pas montrer ses opinions politiques». Un étudiant mexicain qui y était le mois dernier a posté le commentaire suivant: «Le seul inconvénient quand vous arrivez est que vous devez passer par un contrôle des services secrets, un peu comme dans les aéroports. Mais une fois que vous l’aurez fait la première fois, vous n’y prêterez même plus attention».

Bon, dans ma cave jamaïcaine à Flatbush, j’avais au moins l’avantage de ne devoir me soumettre à aucun contrôle.