Les errances de l’installation anti-Trump de Shia LaBeouf

Shia LaBeouf, l’acteur, a quelques problèmes avec Donald Trump. Et surtout avec son installation anti-Trump. Le jour de la prestation de serment du président américain, il a choisi, dans le Queens, à New York, d’installer une petit caméra à l’extérieur du Museum of the Moving Image. Il l’a fait avec son collectif LaBeouf, Rönkkö & Turner. Un concept tout simple: les curieux sont invités à se présenter face caméra et à prononcer à haute voix le slogan écrit sur le mur «He will not divide us» (crédit photo:A Clary/AFP/Getty Images). Un site web retransmettait en direct ces prises de vue. C’est tout. Rien de bien compliqué.

Tout, mais suffisamment agaçant aux yeux de partisans du président américain. Premier écueil: le 10 février, le musée décide de retirer l’installation, le lieu étant devenu une «poudrière de violences» en raison de plusieurs altercations. Shia LaBeouf et son collectif choisissent alors le El Rey Theater d’Albuquerque, dans le Nouveau-Mexique, pour continuer leur expérience. Rebelote. Mêmes problèmes de vandalisme.

L’acteur, sur son compte Twitter, évoque même des coups de feu. Fin de l’expérience, qui fait décidément beaucoup parler d’elle – n’était-ce pas le but? -, le 8 mars. Le projet est un peu réadapté, toujours avec une caméra, qui cette fois filme un drapeau blanc avec le fameux slogan, dans un lieu tenu secret… mais découvert quelques jours plus tard par des «suprémacistes blancs», qui s’en sont emparés.

Et puis, dans cette odyssée artistique, on finit par le retrouver à… Liverpool, au Royaume-Uni, du côté de la Foundation for Art and Creative Technology, qui a décidé d’exposer ce même drapeau, autour duquel, décidément, bravo Shia LaBeouf, on fait tout un foin. Jusqu’à quand? Jusqu’à vendredi dernier. L’établissement a été contraint, sur conseil de la police, de retirer le drapeau, en raison d’intrusions de personnes masquées. Deux jours seulement après avoir annoncé héberger le projet.

Euh, ça ne fait pas très scénario hollywoodien tout ça? Pas pour Shia LaBeouf. Des extrémistes qui se revendiquent de l’alt-right américaine, avaient averti, sur internet, qu’ils feraient tout pour empêcher le projet: «Peu importe où Shia LaBeouf plante son drapeau, l’un des nôtres l’attrapera. Notre groupe a des relais dans tous les pays».

Bon, on aurait presque envie d’insinuer que peut-être, ça aussi, ça fait partie de l’installation de l’acteur qui aime bien jouer avec le feu. Difficile de penser qu’un projet, qui n’a finalement rien de bien agressif, suscite autant d’intérêt de la part de fervents admirateurs de Donald Trump. Shia LaBeouf a promis de poursuivre son projet #HeWillNeverDivideUs, pendant tout le mandat présidentiel. On verra bien qui de lui ou de ses probables détracteurs s’épuisera en premier.

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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