La Suisse n’existe pas pour Donald Trump? A moitié juste

Difficile d’y échapper. Donald Trump a passé un cap ce samedi, celui de ses 100 premiers jours comme président des Etats-Unis. Les médias se déchaînent depuis plusieurs jours et jouent à celui qui fera le meilleur bilan, le plus original, le plus décalé. Des bilans pas vraiment positifs. Mais la bave des crapauds-journalistes ne semble pas atteindre la «blanche colombe» de Washington: Donald Trump n’en finit plus de se jeter des fleurs. «Nous avançons terriblement bien, nous faisons énormément de choses», a-t-il ainsi assuré vendredi, en signant son 31e décret, alors qu’un récent sondage de CNN confirme qu’il est le président le plus impopulaire des Etats-Unis, avec seulement 44% d’avis positifs. «Je pense que l’on a rien vu de tel». L’avenir le dira.

En attendant, la BBC propose son propre bilan, censé rester très factuel: «Qu’a dit le président Trump sur votre pays pendant ses 100 premiers jours?». Sur son site, il suffit de choisir un pays pour savoir si Donald Trump a rencontré son dirigeant, s’il a eu un entretien téléphonique avec lui ou si le pays a été cité dans un tweet présidentiel. Instructif. La Corée du Nord, par exemple, a été citée 9 fois.

Et la Suisse? Rien. Pas une rencontre, pas un appel téléphonique, pas un tweet. Inexistante. Ouf, serait-on tenté de dire. Car moins Donald Trump parle de nous, mieux c’est. La Suisse tremble un peu car elle est montrée du doigt dans un récent rapport du Trésor américain à cause de son excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis, un excédent évalué à 17 milliards de francs. De quoi éveiller des soupçons chez les Américains, qui ne sont pas loin de parler de manipulation de devises. Ueli Maurer et Johann Schneider-Amman, en déplacement récemment à Washington, ont cherché à calmer le jeu, tout en concédant avoir de la peine à entrer en contact avec de hauts responsables de l’administration Trump. Forcément: la plupart ne sont pas nommés, et les ministres en place ont d’autres priorités.

Mais la Suisse n’est pas inexistante pour autant. De discrets liens se tissent. Et puis, président de la Confédération en 2016, Johann Schneider-Ammann a eu l’occasion de s’entretenir par téléphone avec Donald Trump pendant une dizaine de minutes. C’était le 21 décembre dernier, donc pas dans le cadre des 100 jours. Idem pour les tweets. A deux reprises, Donald Trump a, avant sa prestation de serment, évoqué la Suisse. Le 5 août 2016 et le 19 décembre dernier. Les voici:

Si l’on poussait le bouchon un peu plus loin que la BBC, on trouverait encore d’autres mentions de la Suisse. Tenez: des hôtels Trump servent des «swiss bircher muësli». Ou, mieux, on pourrait relever la «suissitude» de son menu du 31 décembre 2016 dans sa résidence de Mar-a-Lago, alors qu’on l’appelait encore le «président élu». Car, oui, dans le menu intitulé «Mr Trump’s Wedge Salad», on trouve du bar, des filets de boeuf, mais aussi des raviolis composés de champignons sauvages et de… «swiss chard». Vérification faite, ce n’est que le nom de la bette à carde. Mais si on était un peu chauvin et légèrement marseillais, on pourrait presque dire que la Suisse était présente au repas de fête de Donald Trump. Non?

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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