La diminution des émissions de 2020 a-t-elle réchauffé la Planète? 

Combustion de carburants fossiles et aérosols

L’épidémie de coronavirus et les mesures de confinement ont provoqué une réduction des émissions de carbone planétaires, particulièrement de celles des transports terrestres et aériens.

La réduction a atteint 26% à son apogée (blogArticle Le Quéré) et les émissions de carbone de l’année 2020 ont baissé d’environ 6% (Lien IEA). Une étude récente suggère que les Etats – Unis ont même vécu une baisse plus importante (lien).

La combustion de  charbon, de bois et de gaz dégage du gaz carbonique, dont la demie-vie dans l’atmosphère est d’environ cent ans.  Elle produit aussi des aérosols, qui ne subsistent que quelques jours dans l’air. Il s’agit de diverses molécules dont certaines absorbent la lumière solaire et d’autres la réfractent , et en protègent la Planète (Lien aerosols).

L’utilisation des énergies fossiles provoque la formation de ces molécules qui refroidissent la Planète. Un des grands dilemmes du climat est que l’arrêt soudain de toutes les usines provoquerait la disparition des aérosols, qui pourrait brusquement réchauffer la Planète d’environ un demi-degré Celsius. Ce serait dramatique, pourrait conduire à des violentes intempéries et à la mort des forêts. 

Pourtant, si nous continuons, l’effet de serre s’accroît et la température planétaire augmente. 

Certains considèrent qu’une dispersion artificielle de particules (geoengineering SRM) dans l’atmosphère est la seule solution pour sauver le climat terrestre. 

Effet du confinement

Image by Tumisu from Pixabay

La grande expérience planétaire de 2020 nous a apporté des renseignements sur ce sujet.  Les émissions de carbone ont été réduites de 6 ou 7%. Les aerosols ont diminué. Comment ce changement a-t-il influé sur la température de la Planète?  Les calculs basés sur plusieurs modèles indiquent que la quantité de rayonnement solaire touchant la Terre a augmenté pendant cette période, mais pas au point d’augmenter la température ou le rayonnement terrestre.  Même localement en Asie, où l’effet de réduction a été le plus fort,  l’augmentation de température n’a pas dépassé 0,1 degrés Celsius (communiqué, article).

Une autre publication rapportait que le printemps chaud que nous avons vécu en 2020 en Europe n’a pas été directement causé par l’arrêt des usines et l’absence de particules dans l’atmosphère, mais était un phénomène météorologique indépendant. 

Les calculs qui rapportent peu d’effet de la réduction des aérosols sur la température  se basent sur des chiffres estimés de l’effet des aérosols. J’aimerais voir ces calculs confirmés par des mesures directes de rayonnement solaire. 

Aérosols et réchauffement futur

L’effet de ces particules sur le climat a été sujet de débat. La combustion du bois, du pétrole, et du charbon produit différents mélanges. J’ai trouvé une publication qui estime que la combustion du charbon pourrait temporairement refroidir la Planète, alors que celle du pétrole et du bois la réchauffe plutôt (lien).

 Si c’est le cas, nous avons intérêt à arrêter au plus vite le traffic automobile et la déforestation, et à réduire la consommation du charbon plus lentement, de manière bien calculée. En 2020, la diminution des émissions du pétrole a été la plus forte. Il est donc possible que nous ayons réduit les aérosols absorbants (chauffants) plus que ceux qui refroidissent la Planète. Par contre, les feux de forêt ont été très importants et ils ont pu contribuer au réchauffement annuel.

Si les aérosols du pétrole ne refroidissent pas la Planète, l’arrêt rapide de son utilisation pourrait protéger notre civilisation.  Par contre, un arrêt immédiat et total de toutes les usines à charbon planétaires pourrait être dangereux pour le climat. Du reste, un arrêt progressif sur dix ou vingt ans nous permettrait d’organiser la transition vers un monde sans carbone fossile, et à l’économie locale.

Cette année l’activité volcanique semble intense,  notamment la Souffrière  a rejeté une grande quantité de particules qui pourraient tamiser le rayonnement solaire.  Elles remplacent les particules émises par les usines.

Il est aussi essentiel de protéger les forêts.  Les aérosols de combustion du bois pourraient contribuer immédiatement au réchauffement, Les feux de forêt émettent beaucoup de carbone,  de plus les forêts sont très importantes pour la Biosphère, une Terre déforestée ne serait peut-être pas habitable pour les humains.   Plantons et protégeons les arbres!

Image de couverture by Ralf Vetterle from Pixabay

 

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

14 réponses à “La diminution des émissions de 2020 a-t-elle réchauffé la Planète? 

  1. Mme Retelska ne lit pas les derniers relevés climatiques que nous envoient les satellites :
    Le pic de 2020 a été effacé par le phénomène “La Nina” et la Terre a perdu 0.4°C depuis la fin de l’année dernière :
    ( https://www.nsstc.uah.edu/climate/2021/April2021/202104_bar.png )
    Et par conséquent le graphique montre une différence de 0.4 °C entre la fin 1979 et début 2021 , soit une progression de un dixième de degré par décennie en moyenne sans tenir compte de l’effet AMO …
    Pas de quoi mettre de XR sur un passage pour piétons …

    1. M. Giot,
      Le graphique que vous citez n’est absolument pas clair. CLEAR AS MUD. Clair comme de la boue… S’agit il de mesures locales ? Dans ce cas, la météo locale ne fait pas le climat global. Pour être sérieux, merci de citer les, études du GIEC ou de l’Agence Internationale de l’Energie.

  2. Si j’avais une baguette magique, j’éliminerais immédiatement toutes les centrales à charbon et les remplacerait par du biogaz, panneaux solaires, éoliennes et centrales nucléaires (à fission d’abord car on a la, solution pour les déchets nucléaires et à fusion ensuite quand la technologie, sera au point). En se focalisant uniquement sur le climat, on oublie les autres impacts négatifs des centrales à charbons (pollution de l’air locale, pluies acides dispersées donc mort des lacs et des forêts,…), scories, maladies respiratoires chez les travailleurs, augmentation des cancers du poumon, etc. Ayant vécu près d’une centrale à charbon et en vous rappelant au bon souvenir du smog londonien des années 50, je considère inacceptable de défendre le charbon d’un point de vue environnemental et santé. Quand à la géo-ingénierie, je la considère comme une sinistre farce et comme une pollution supplémentaire.

  3. C’est vraiment n’importe quoi. Soit le climat se réchauffe à cause des émissions de carbone dues aux énergies fossiles, chabon et pétrole, et c’est ce qu’on nous serine depuis des années, soit ce n’est pas le cas. Maintenant miss Retelska nous dit que la planète s’est réchauffée précisément parce qu’en 2020 on a consommé moins d’hydrocarbures dans l’ensemble. Comment voulez-vous que ces gens soient crédibles alors qu’ils ne cessent de se contredire? Toutes ces Greta Thunberg ne sont que des fumistes et ça me renforce dans ma conviction qu’il y a bien des fluctuations climatiques et des changements de température, mais cela n’est pas un phénomène dû à l’activité humaine.

    1. En gros, il faut que tous les méchants pays pollueurs cessent immédiatement leur émission de carbone, sauf la Chine communiste qui doit continuer de faire tourner ses centrales à charbon à plein régime pour sauver la planète.

      1. Ce n’est pas génial non plus. D’un côté nous pouvons facilement arrêter d’utiliser des voitures, alors que des habitations chauffées au charbon en hiver par -20°C ou par -40°C en Russie ou dans le Nord de la Chine doivent être chauffées. Je crois que le plan de réduction d’émissions de l’UNEP de 7.6% par année intègre correctement les 2 facteurs CO2 et aérosols

        1. Chère Mme Dorota Retelska,

          Dans mon cas pour être clair : ce n’est pas qu’une question de chauffage au charbon. La Chine a fortement augmenté sa PRODUCTIONS ÉLECTRIQUE par le charbon par la construction de nouvelles centrales et créé du smog dans des villes du Nord Ouest du pays. Il faut avoir été en Chine, à Pékin aussi, pour comprendre l’ampleur du problème de la pollution de l’air locale et la révolte sourde que cela engendre.

    2. Non, Si si! C’est comme ça, c’est reconnu, c’est prix en compte dans les plans de réduction d’émissions progressifs.

      1. La diminution de la dépendence sur le charbon en Chine (tant thermique que électrique) sera CRUCIALE pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Nous avons TOUTES les solutions pour atteindre les objectifs de Paris (negawatts, efficacité énergétique, substitution aux énergies pauvres en équivalent CO2, liquéfzction du charbon, capture du CO2, etc.) mais TOUS les grands pays doivent faire un effort, y compris le PREMIER pollueur, la Chine. Voir l’article du Temps ci-dessous. https://www.letemps.ch/economie/chine-plonge-nouveau-dependance-charbon

  4. Non. Il faut lire des rapports sérieux comme ceux du GIEC et de l’Agence Internationale de l’Energie sans sombrer dans le catastrophisle. Nous avons toutes les solutions disponibles sans compromettre notre niveau de vie.

  5. “(…) L’effet de ces particules sur le climat a été sujet de débat. La combustion du bois, du pétrole, et du charbon produit différents mélanges. J’ai trouvé une publication qui estime que la combustion du charbon pourrait temporairement refroidir la Planète, alors que celle du pétrole et du bois la réchauffe plutôt (lien).(…)”

    Merci pour le lien. Concernant les émissions du bois, il faut faire une distinction entre les foyers à alimentation et régulation manuelle (poêles) et ceux régulés automatiquement (chaudières). Pour les seconds, en particulier avec les granulés de bois (pellets) et les plaquettes forestières (copeaux), une combustion complète ou quasi-complète est atteinte ce qui signifie l’absence d’imbrûlés (goudrons) et de suie. L’étude de présentée ici concerne les poêles (small-scale wood combustion). SVP, ne pas faire de généralité ; le bois-énergie, ressource locale et durable, fait partie de la solution, pas du problème. Voir pour plus de détails les pages 20 et 21 du rapport de la Commission fédérale de l’hygiène de l’air. https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/34122.pdf

  6. Pour avoir des émissions nulles ou négatives, nous devons :
    1) améliorer l’efficacité énergétique de nos produits et de notre mode de vie en général (eco conception, isolation, récupération…)
    2) nous assurer que les puits de carbone soient labellisés de manière cohérente dans le monde (voir article)
    3) que les puits de carbone soient labellisés comme durable (si on brûle 10 ans après la forêt plantée comme puit de carbone, on s’est fait arnaquer).
    4) nous préoccuper aussi du METHANE comme gaz à effet de serre. Dans les pays qui les ont encore, on peut récupérer les émissions méthaniques des décharges et en faire du biogaz qui concurrence le gaz naturel d’origine fossile.
    5) ne pas oublier que plus la température augmente, plus de méthane est largué par les sols et les processus biologiques mais plus de CO2 est capté par les plantes. Ces deux phénomènes doivent être étudiés simultanément.
    6) utiliser les technologies de capture du CO2 chez les grandes cheminées industrielles polluantes et vendre le CO2 purifié à l’industrie alimentaire ou autres industries consommatrice de gaz carbonique qui alors n’a plus besoin d’énergie pour produire du CO2 artificiel.
    7) réduire fortement notre dépendance au charbon d’abord, ensuite au pétrole et finalement au gaz naturel en utilisant TOUTES les alternatives, incluant le nucléaire.

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