Végétarienne

Moins de viande pour le climat

Le GIEC a publié la semaine passée un rapport sur l’effet du réchauffement sur les terres. Le changement climatique augmente les sécheresses, l’érosion des sols, les feux de forêts, et diminue le rendement des cultures dans les tropiques. S’il continue, il créera des conditions climatiques sans précédent dans les tropiques avec des conséquences graves pour les habitants. Les émissions de l’élevage intensif du bétail aggravent le réchauffement, alors que la restauration des sols et des forêts, et une réduction de la consommation de viande, auraient des conséquences bénéfiques.

Ce rapport ne s’étend pas sur les événements météo nouveaux qui touchent l’Europe cette année. Des grêles de quinze centimètres de diamètre ont frappé à plusieurs reprises, une tornade a détruit soixante maisons au Luxembourg cette semaine. Ces événements progressent rapidement et pourraient dépasser les prévisions.  Nous ne pouvons nous permettre une aggravation du réchauffement, elle signifierait la destruction de nos villes par les catastrophes climatiques. C’est une question de vie ou de mort.

Le GIEC recommande de réduire la consommation de viande de moitié dans les pays développés.

Sans viande?

Personnellement j’ai refusé la viande lorsque j’avais environ quatre ans.  Mon parrain m’a appris qu’il s’agissait de la chair d’animaux.  J’ai regardé mon propre bras et j’ai compris que la viande provenait d’un être vivant. Le rejet a duré vingt ans. J’acceptais bien le poulet et le poisson, mais la viande me dégoûtait. Certains végétariens pensent que cette réaction est normale et serait en fait celle de la plupart d’enfants.

Techniquement, on peut forcer physiquement un enfant à manger de la viande, le menacer de punitions, lui donner des récompenses, lui servir seulement de la viande sans lui donner le choix, ou lui apprendre que c’est ce qu’il y a de meilleur. Il ne faudrait rien faire de cela.  Mes parents étaient, eux, convaincus que je dois manger de la viande pour vivre, ou au moins du poulet.  Dès l’enfance,  j’accepte facilement un régime pauvre en viande, je demandais à manger des céréales, j’aimais beaucoup les champignons qui souvent accompagnaient la viande chez nous, les noix aussi. Récemment, j’ai appris que les moines du Moyen-âge ne mangeaient pas d’animaux à quatre pattes pour ne pas tuer, ce qui suggère que la religion chrétienne condamne aussi la mise à mort d’animaux, pour des raisons morales ou diététiques. Et bien sûr, en Europe, mes ancêtres étaient essentiellement végétariens, mangeant des céréales, des légumes et des lentilles. De nombreux théoriciens de l’alimentation suggèrent que ce régime nous convient le mieux.

J’accepte facilement un régime végétarien, car toute ma vie, je  préférais des céréales,  du fromage, et des champignons quand c’était possible. Ensuite, j’ai quand même eu un peu de cholestérol, puis j’ai vraiment limité le fromage, la crème et le beurre. Le cholestérol a disparu. Depuis des années, nous mangeons du tofu, des haricots, des lentilles, des noix, des algues, des préparations végétariennes au tofu, au quorn, au seitan.  J’ai des suppléments de fer et de B12, le lait est généralement du lait de soja. J’essaie de composer un menu bio, local, accepté par les diététiciens suisses, avec assez de vitamines, de fruits et légumes, qui ne contienne qu’une portion de protéines animales par jour. Là, j’essaie d’être végane, mais je trouve vraiment difficile d’éviter  complètement le beurre, le lait et les oeufs omniprésents, en quantités excessives, dans les préparations du commerce et les apéros traditionnels.

Les avantages du régime végétarien

Les végétariens et végétaliens expérimentent une alimentation équilibrée sans viande. Le régime végétarien et surtout végétalien réduisent le risque du cholestérol et  du cancer. Heureusement qu’ils sont là, sinon il y aurait déjà de la viande dans tous les plats disponibles dans la restauration, alors que personne ne devrait en manger constamment. Les végétariens créent une demande pour des aliments  végétaux qui apparaissent, peu à peu, dans les rayons des supermarchés.

Ces dernières années, je suis frappée par la multiplication des stands de nourriture, des food festivals. Un festival de musique inclut maintenant des dizaines de stands de nourriture simple. Je remarque qu’il y a de plus en plus de plats tout préparés, et l’obésité progresse. Il serait très facile et généralement bénéfique de remplacer la viande dans les plats tout prêts, les burgers, tacos, rouleaux de printemps, par des substituts de viande ou contenant des légumes.  Je crois que ce qui s’y trouve actuellement n’est pas de très bonne qualité.

Donnez-nous les moyens d’être végétarien

Les préparations végétales devraient en fait être beaucoup moins chères que la viande. Le prix de la culture des céréales est plus bas.

Il faut les subventionner ou lancer une production efficace en grande quantité, et offrir partout un plat végétarien/durable/One Planet moins cher que le plat carné.

L’offre devrait en fait consister en plusieurs plats végétariens et un plat carné,  ce  qui serait alors représentatif d’un régime équilibré.

Nous devrions aussi subventionner les légumes au lieu du fromage et du lait, dont notre société abuse actuellement. La viande doit rester un choix conscient, que le consommateur ferait s’il en ressent le besoin, et non pas un aliment universel. Aujourd’hui, alors que l’obésité et les cancers progressent, nous avons tout intérêt à y faire attention. Et  ainsi nous nous éviterons peut-être les dangers du climat qui se multiplient d’année en année.

 

 

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

17 réponses à “Végétarienne

  1. Bah, là, le choix iconique est plus que subjectif, dirigiste, chère Dorota (c’est pas bien).

    Il faut manger de tout, même de la viande, mais pas comme les urus, 100kg par année, ils sont tous diabétiques, frappés d’infarctus, gros cul à quinze ans et j’en passe.

    J’ai toujours le souvenir de maréchers bio de Lutry, vegan pur souche AOC, ridés comme de vieilles pommes hahahah,
    enfin, la liberté de choix, si elle n’empiète pas sur la terre qui me nourrit, bienvenue au PLRPOLPOTBIO 🙂

    1. Cher Olivier,
      Je dirais que j’ai le droit d’être végétarienne et que vous vous montrez bien plus dirigiste en me disant de manger de tout. De plus, les médecins me disent que c’est bien pour ma santé d’être végétarienne.

      1. Vous avez changé la photo des 2 petits lapins mascotte, que l’on a tout sauf envie de manger, mais je mangerais plutôt la jolie Vahiné 🙂
        Non, vous mangez ce que vous voulez, il me semble seulement qu’un peu de viande, c’est excellent !

    2. Bonjour Olivier,
      La frontière est ténue entre dirigisme et forte recommandation(!) 🙂
      … tout est dit dans …: la liberté de choix, si elle n’empiète pas (et là je complète quelques peu) … sur la vie(!)
      Excellent week-end,

      1. Entre le guépard et l’impala, vous choisissez lequel… en vie?
        Une salade est aussi vivante que les jolis petits lapins de Dorota et les arbres communiquent entre eux, alors on fait comment pour se nourrir?

        1. Question santé les savoirs seront toujours aussi diverses. Mais la question du climat est factuelle. L’élevage industriel et la déforestation étant néfastes au climat, aucun argument contre le végétarisme n’est entendable, n’en déplaise aux mangeurs de cadavres.

  2. Chère Dorota votre médecin a raison de souligner qu’un régime végétarien est utile (et bon) et vous le recommande. Mais je n’oublie pas que nous sommes aussi des omnivores et que par conséquent la viande fait partie de notre alimentation (avec modération). Pour le quotidien il faut rappeler la notion d’équilibre alimentaire (protéines, lipides, sucres, vitamines et oligo-éléments) et surtout ne pas suivre la publicité de l’agro-business et ses supermarchés (avec ses excès de mauvaises graisses, de sucre et de sel). Tout est donc affaire de proportion ce que l’économie semble ignorer. Pour ce qui concerne la démographie, elle progresse tant que les conditions de vie sont présentes et dans le cas contraire elle régresse. La vie est un équilibre et tout excès se paie cash (tout domaine confondu) !

  3. Les végetaux ont les mêmes droits que les animaux de vivre, on n’est pas plus gentil si on est végétarien. Je n’ai jamais obligé mon fils à manger de la viande au contraire je dois me battre chaque jours pour qu’il mange des fruits et des légumes.
    Toutes activités humaine a un impact sur l’environnement, je suis aussi un physicien qui travail dans l’environnement et membre dans différentes commissions. Ma bataille se concentre dans la réduction du CO2 non rénouvelable (utilisation du pétrole ou l’eau stocké), et non dans une guerre réligieuse du bien contre le mal. Une vache qui mange de l’herbe et bois l’eau de pluie, pour moi a un impact nul et du mais qui pousse aux États-Unis en utilisant l’eau stocké depuis des millénaires a un impact non négligeable.
    Juste une dernière phrase, vous avez droit d’être végétarien mais, ça ne veut pas automatiquement dire que vous gentil et que les omnivores sont des méchants.

    1. Je n’ai vu nulle référence de la part de l’auteur de l’article à des gentils et des méchants… Et en scientifique, vous devriez savoir qu’il n y a pas que les énergies fossiles qui résulte en des émissions de gaz…

  4. Je me demande d’ou vient cette habitude de toujours remettre en questions des principes pourtant largement étudiés .Manger intelligemment de tout selon la pyramide alimentaire est la seule vrai réponse diététique à une vie saine tant psychologiquement que physiquement. Tout comme les végétaux et dans une logique eco-logique , les êtres-vivants gras et dodu qui nous entourent sont bien là pour être mangés. La nature est bien faite. Pour la petite anecdote, c’est justement l’apport protéique de la viande (crue et cuite ) qui a permis au savant petit singe que nous sommes de s’affranchir de ses longues heures perdues à chercher , mâcher et difficilement digérer ses pitences végétales.

    Marco.

  5. -l’étude du GIEC ne prend pas en comptes les contres effets de l’arrêt complet de la viande sur le marché, les produits exotique il faut les faire exporter des autre pays tandis que de la viande produit et consommer par le France est moins polluante que des fruit exporter.
    -remplacé des produits de base á défaut d’autres de substitutions est majoritairement plus polluants, exemple le soja.
    -c’est bien de changer son alimentation mais pas dans l’extrême (surconsommation/veganisme) mieux vaut consommer mieux et acheter de la viande ou d’autres produits de meilleur qualité qui ne sont pas issu de l’élevage et de l’agriculture intensive.

    1. Une grande partie des médecins trouve que l’alimentation essentiellement végétarienne, qui est celle de la majorité des Humains sur Terre, est saine aussi.
      En général la viande pollue plus que le soja, au moins dix fois plus. Les vaches mangent des kilos de soja pour un kg de boeuf. Il faut vraiment chercher les viandes ne nuisant pas à l’environnement, il faudrait inventer un label.

      1. Vous avez de plus en plus d’agriculteurs qui vendent “leur” viande, nourrie avec “leur” fourrage.
        Mais elle devrait valoir trois fois le prix de la viande industrielle, ce qui n’est pas viable.

        Car effectivement, de la viande suisse nourrie avec des mégatonnes de tourteaux de soja, importés d’Amérique du Sud, des US ou encore de l’Inde ne fait pas sens.
        Il serait plus écologique d’importer la viande d’Uruguay, nourrie au pré avec une eau naturelle sachant le rapport Kg/Poids.

        Donc tout le tofu, lait de soja et autres proviennent bien d’une importation d’outre-mer!

        Je ne me prononce pas sur la notion vie/mort qui est une notion d’urbain déconnecté de toute réalité et dont la plupart,n’ont jamais vu une bouse de vache de leur vie (comme les jeunes qui pensent que le lait vient de la brique)!

  6. Seigneur tellement d’idées reçues dans les commentaires…
    Deux appels à la nature “on est omnivores, la viande nous a permis de développer notre cerveau”.
    Alors non on “n’est” pas omnivore, la nature ça fonctionne pas comme ça. Sa seule règle c’est que si tu vis suffisamment longtemps pour propager tes gènes, alors ton mode de vie était viable. Point. Un mec qui naît avec des cheveux verts qui rebutent toutes les femmes au point qu’ils puissent pas ken, ben il a perdu. Par contre si ce même gars viole une femme et qu’elle enfante de lui, il a (hélas) gagné. Sauf si ses gènes sont récessifs. Bref.
    Et j’aime bien aussi cette manie de revenir à l’étymologie “omni”, “tout”. Sauf que y a un paquet de gens qui ne bouffent jamais de brocolis, jamais de papaye, ou de chien, ou que sais-je encore. Au nom de quoi ils ne mangeraient pas moins de ‘tout’ que les autres ? Les végétariens se passent certainement de moins d’aliments que les non-végétariens.
    Ah oui, puisqu’on est dans le naturel, j’espère que vous n’utilisez pas internet, ne prenez pas l’avion, ne prenez pas de médicaments, n’utilisez rien en plastique. C’est pas franchement naturel tout ça.
    Ensuite “la viande nous a permis de développer notre cerveau”, ok cool, et maintenant la viande détruit notre environnement. Oui le bétail européen est nourri aux tourteaux de soja sud-américain ; certes, l’humain consomme aussi du soja directement. Est-ce à dire que c’est équivalent ? NON. Seuls 20% de la production de soja est consommée directement par l’homme, contre 77% pour le bétail ! Et encore : consommée par l’homme essentiellement sous forme d’huile à 65% de ces 20%… Fait que par la magie de la règle de 3, les steaks de soja et le tofu consommés par les végé (en admettant qu’ils ne soient consommés que par les végé) c’est 7% de la consommation de soja…
    J’aime aussi cette façon de clamer qu’il n’y a pas de façon correcte de se nourrir mais quand même considérer que le végétarisme c’est extrême…
    Ah oui et en passant, la plus grosse révolution alimentaire, ça n’était pas la viande, c’était l’agriculture. Par ailleurs, le Français moyen mangeait 1 fois de la viande par semaine au début du 19e siècle. Au moyen-âge, on ne mangeait les animaux qu’une fois toutes les possibilités écartées, car ils étaient plus utiles vivants (lait, fromage, bêtes de somme) que morts ; l’investissement était tout simplement meilleur !
    Que dire d’autre ? Ah oui, le cri de la carotte.
    Bizarrement, je vous dirais que je me soucie plus de mon chat que de ma plante verte. Personne n’a dit que les végétariens étaient l’objectivité incarnée non plus. Comme la plupart des gens quoi.
    Quoi d’autre… Qu’il est mathématique qu’il est absurde de nourrir pendant des années une bête qui va engloutir des tonnes et des tonnes de nourriture et d’eau pour nourrir un être humain au mieux quelques semaines ?
    Aussi : oui, il existe quelque cas où le bétail fait du bien à la nature. Les chèvres (qui débroussaillent et évitent des feux de brousse) ou les vaches (qui tassent les prairies) en l’occurrence. Sauf que ce n’est pas en cela que consiste l’essentiel de l’élevage aujourd’hui. On consomme beaucoup trop de viande aujourd’hui pour que ça puisse être le cas.
    Bref, encore une fois, un(e) végétarien(ne) raconte son expérience, et tout le monde se la ramène avec sa science, erronée de surcroît.
    Oui j’ai conscience du nécropost mais j’étais surprise de n’entendre aucun autre son de cloche dans ces commentaires.

    PS: je ne suis pas végétarienne, je mange de la viande ou du poisson en moyenne 1 à 2 fois par mois, je suis en parfaite santé et très sportive hors COVID, et je n’ai aucune difficulté à consommer les 50g de protéines (0.8g/kg en AJR) et autres apports divers qui me sont nécessaires. Soit dit en passant, le végétarien moyen est souvent bien plus au fait des questions de nutrition que son cousin omnivore, parce que justement on lui fout une pression de malade.

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