Jeunes diplômés, attention aux fausses croyances avant de rejoindre la vie active

Après des années de formation, l’arrivée des jeunes diplômés sur le marché du travail est un saut dans un nouveau monde, comme ceux que l’on trouve dans les jeux vidéo. Il est temps pour eux de prendre conscience de ce qui les attend.

L’entreprise est un lieu de créativité

Faux. Sans doute s’agit-il d’une incompréhension. La créativité dans l’entreprise est prise au sens d’améliorations continues, pas à pas, mais nous sommes loin des révolutions créatives. L’entreprise est  un lieu d’optimisation des marges, des coûts et des clients. On y parle de normes, de standards et d’objectifs, de rendement, d’efficacité mais surtout pas de révolution.

L’univers de l’entreprise est rationnel, logique et cohérent comme une montre suisse

Faux. Si vous pensez que l’entreprise est un monde rationnel et cohérent, vous faites fausse route. Dans la réalité, l’entreprise est traversée de multiples logiques paradoxales : les commerciaux s’opposent aux administratifs, les responsables de la qualité aux responsables de la fabrication. Coopérer devient un exploit que l’on vous demande d’accomplir quotidiennement, avec bonne humeur.

Tout le monde peut devenir un leader

Faux. Nous ne sommes pas tous des Angela Merkel, des Bill Gates, des Marc Zuckerberg ; nous ne sommes pas tous charismatiques. Il faudra faire avec. Faire son job, le mieux que l’on peut, n’est déjà pas très facile.

Il existe une vraie crise de leadership dans les organisations

Vrai. Il y a une vraie crise du leadership dans les entreprises. Il est très difficile de trouver des hommes ou des femmes capables de supporter des pressions venues sur 360° : collègues, hiérarchie, collaborateurs, clients. Pour gravir les échelons, il faut du temps pour comprendre ce qui se passe dans son entreprise. Toute forme de précipitation conduit les étoiles filantes du management en fines poussières.

Ceux qui parlent bien, qui savent se vendre auront des promotions plus facilement que les autres

Faux. Les donneurs de leçon, les politiciens en herbe, les péroreurs agacent plus qu’ils ne se valorisent. Vous les détestez ? Alors mettez-vous à la place de ceux qu’ils flattent et demandez-vous ce qu’ils en pensent vraiment ?

Adopter un profil bas

Vrai. Ceci est un corollaire du point précédent. Faites votre job d’expert, devenez la personne indispensable, en qui l’on a confiance, soignez vos relations avec les autres et laissez la politique et la stratégie aux grands.

Mon chef n’y comprend rien

Faux. Si vous pensez cela vous êtes déjà en difficulté. Votre chef a été nommé par une hiérarchie après de longues discussions. Ses qualités techniques et managériales ont été reconnues. Vous ne pouvez strictement rien contre lui. Au contraire, plus vous vous opposerez plus il vous exclura de ses réflexions et des promotions simplement parce qu’il pense que vous n’êtes pas crédible.

Dernier point, il faut beaucoup d’expérience pour progresser. Malheureusement.

Bernard Radon

Certains considèrent les organisations publiques et privées comme un lieu de tragédie face à un management peu enclin à la compassion. D’autres sans doute plus cyniques, y voient surtout une représentation d’opérette où se pâment les galons dorés, dans l'imbroglio de relations humaines. C’est autour de ces visions différentes que le combat des acteurs pour leur survie se cristallise dans un univers intentionnel, égoïste et myope. Ce blog veut décrypter ces liens humains qui relient toutes les relations complexes où le terme stratégie rime avec tragédie pour donner quelques pistes à ceux (petits et grands) qui les vivent au quotidien. Bernard Radon N°1 du coaching de managers en Suisse romande.

2 réponses à “Jeunes diplômés, attention aux fausses croyances avant de rejoindre la vie active

  1. Intéressant, et bien dit. Mais vous parlez des qualités nécessaires pour faire carrière dans de grandes entreprises en tant que cadre, c’est à dire employé, ou si l’on veut fonctionnaire d’une administration privée. Ces qualités sont importantes et peuvent se comparer à celles d’officiers dans une armée, qui comme une entreprise est sous la pression d’un adversaire, dans un combat, ce qui implique de fortes tensions, internes et sur le front.

    Cependant il existe une catégorie d’hommes qui ne cadre pas avec ce contexte. Ce sont les entrepreneurs. Ceux-ci, avant de se lancer dans l’aventure ont parfois travaillé en entreprise, comme cadres à différents échelons, mais ils n’ont pas eu forcément du succès et n’ont pas souvent été appréciés, car leurs qualités à eux ne sont pas celles que l’on attend de subalternes, même de haut rang. Ils ont parfois des lacunes au plan de l’organisation, puisqu’ils n’ont pas suffisamment blanchi sous le harnais d’une grande organisation. C’est pourquoi, une fois que leur entreprise atteint une certaine taille, ils sont souvent bien avisés de recruter des cadres expérimentés pour des tâches d’état major. Cependant ce sont toujours des entrepreneurs et jamais des managers qui créent les grandes entreprises dans lesquelles plus tard les diplômés des grandes écoles de cadres peuvent faire leur carrière.

    1. Merci pour ces deux longs commentaires qui viennent appuyer mon blog dans Le Temps et qui font aussi référence à d’autres articles ou livres que j’ai écrits.
      Pour le premier que vous avez envoyé, effectivement l’angle de ce blog est l’entrée d’un jeune dans une grande entreprise ou une administration. L’entrepreneur lui n’a pas toujours besoin de diplôme mais il a l’instinct qui lui permet de diriger des plus intelligents que lui, malheureusement ce n’est pas toujours le cas. Heureusement beaucoup de jeunes optent pour la start-up et nous pouvons que leur souhaiter de réussir.
      Pour votre second commentaire, tout aussi excellent, je vous approuve aussi mais certainement pas pour la promotion canapé qui est vraiment un cliché. Je ne dis pas que cela ne peut pas arriver surtout aujourd’hui avec le mélange des genres. Mais cela finit toujours en catastrophe.
      BR

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