Blog LeTemps Toute une Affaire Elena Debbaut

Le Temps du Goodbye

Je vous écris aujourd’hui pour vous informer sur un changement important concernant ce blog “Toute une Affaire”.

Comme vous le savez peut-être, l’espace blogs du journal LeTemps est en train de fermer pour tous les contributeurs, et cela sans distinction. Je remercie le journal LeTemps pour l’hébergement accordé depuis janvier 2019.

Cependant, cela ne marque pas la fin de mon engagement envers la création de contenu de qualité et le partage d’informations intéressantes dans le domaine des entreprises, la gestion de crise et des organisations, les stratégies, l’innovation, les processus.

Et pour la suite des publications ?

Par le passé, j’ai eu le plaisir de collaborer avec plusieurs autres plateformes. Dès lors, je vous invite de me suivre sur ces canaux; et selon liste ci-après.

La Suisse Romande est (toute) petite mais ôh, combien vivace — alors c’est un bon au revoir, et pas un adieu.

 

signature

 

 

L’ensemble de mes publications en français

 

Quelques publications en anglais

 

Réseaux sociaux

 

Sur l’ensemble de ces canaux, découvrez de nouvelles publications, dont certaines teintées d’une ironie subtile sur le monde des entreprises, comme celles qui ont déjà ravi les lecteurs de ce blog sur le site LeTemps. Voici une courte sélection.

 

Toute une Affaire - Le Blog de Elena Debbaut sur le site du journal LeTemps.ch

 

 

Les gourous d'entreprise prêchent qu'il faut se réveiller à 3:30 la nuit pour réussir. Ils rêvent.

Les gourous d’entreprise prêchent qu’il faut se réveiller à 3:30 la nuit pour réussir. Ils rêvent.

Le CEO d’Apple se lève à 3:45. D’autres, plus paresseux, se réveillent au maximum une demi-heure plus tard à 4:15. C’est ainsi aux États Unis. En Suisse, l’entrepreneur se réveille à 3:30. Enfin, s’il arrive à dormir. Suite …

 

 

7 raisons pour lesquelles les chats feraient d’excellents chefs d’entreprise - un article d'inspiration féline par Félix, Zorro, Tache, et moi-même. Elena Debbaut.Les 7 raisons pour lesquelles les chats feraient d’excellents chefs d’entreprise

Le chat, lui, n’est jamais allé à l’école, ne suit pas de formation continue, n’a pas de profil LinkedIn, et pourtant, il excelle pour développer et gérer ses affaires. Suite …

 

 

 

Elena Debbaut: Toute stratégie d'entreprise possède un élément très important d'intuition. Et surtout, une bonne dose de chance.

Stratégie d’entreprise: un échec annoncé sans la partie opérationnelle.

Le résultat des séminaires de “design thinking” reste globalement le même: après quelques mois, plus personne ne s’en souvient encore de ces réunions stratégiques. Suite …

 

 

Le processus d'innovation et la gestion des opérations régulières d'une entreprise - Elena Debbaut - L'innovation est plus qu'une brillante idée

Quelques fausses idées sur l’innovation

Une innovation ne peut pas être réduite à quelques idées. L’innovation n’est pas non plus le résultat d’une seule personne. Suite …

 

 

 

excellence opérationnelle et processus d'entreprise, par Elena Debbaut

Voici pourquoi une entreprise a besoin de processus fiables

En pratique, les entreprises font face à des défis liés soit à un excès, soit à une absence de processus, ou encore à des processus désorganisés ou non standardisés. Suite …

 

 

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

Déchiffrez les réalités du terrain, et ce qui se cache derrière les tendances du moment avec Elena Debbaut - conseil restructuration entreprises et projets en difficulté

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

L’aide et l’entre-aide entrepreneuriale — un workshop avec Elena Debbaut sur le mécanisme d’un modèle d’affaires très profitable

L’aide et l’entre-aide entrepreneuriale — le mécanisme d’un modèle d’affaires très profitable

Depuis quelque temps déjà, l’aide au développement entrepreneurial est une intervention présentée comme une action noble et prétendument dépourvue de tout intérêt mercantile direct ou indirect pour le fournisseur.

Voici l’apparition de diverses associations, clubs, cercles, fondations, et même des sociétés peu viables mais reconverties dans l’aide aux entreprises. Outre les quelques très rares participations comme la fourniture gratuite d’une place débout dans un bureau open-space, ou la consommation illimitée de boissons gratuites, tout cet écosystème offre aussi une myriade de formations, masterclass, des mentors, ou séances de coaching d’affaires.

L’idée derrière ces structures est facile à comprendre: démocratiser à un coût mutualisé l’accès au savoir-faire et à la gestion d’entreprise pour développer l’économie locale.

Quelques belles réussites temporaires ont été possibles grâce à ce modèle, mais le pourcentage de succès est très bas sur les milliers d’initiatives.

En effet, l’accès aux services des cabinets de conseils en entreprise n’est pas toujours possible pour les “jeunes pousses“. Ces structures manquent souvent de maturité stratégique et opérationnelle, sans mentionner l’absence d’un financement suffisant. Ainsi, sous certaines conditions, une aide ponctuelle de la part des personnes plus expérimentée peut bien faire l’affaire et augmenter les chances de succès.

Je ne suis pas la seule à observer que depuis quelque temps, cette aide est présentée de plus en plus comme “entre-aide” — c’est une nouvelle tendance. Cet emballage fait plus “noble” et présente un hypothétique avantage réciproque. Tout le monde aurait à gagner: autant le mentor que son protégé d’élève, autant le formateur que ses classes, autant l’entreprise que ses clients. Un apprentissage mutuel au long de la vie sous la forme d’une entre-aide. Il y a aussi de nouveaux termes qui apparaissent pour emballer ce nouveau concept comme:

  • le bien-être de la communauté,
  • le partage avec le monde entier,
  • des échanges dans la bienveillance,
  • ou la transition vers de nouveaux modèles d’affaires.

En soi, ce sont des belles idées sociales et économiques qui méritent bien d’être explorées.

Mais la pratique est plus nuancée.

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Table des matières

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

L’engagement dans une relation d’aide au développement entrepreneurial ou entre-aide

Les entrepreneurs expérimentés et qui ont quelque chose de concret à partager réfléchissent avant de s’engager dans une relation d’aide ou mentorat. Ce genre de rapports professionnels est d’une nature et responsabilités particulières. De plus, pour nombreux chefs d’entreprise, l’entre-aide et même l’aide directe à un compétiteur est une occupation assez éloignée des occupations et aspirations philosophiques habituelles. En effet, de nos jours, même l’aide humanitaire est emballée sous un message marketing et présentée partout dans les médias et sur les sites web — regardez comme on est bons.

Alors pourquoi aider un possible compétiteur ?

Pourquoi s’engager à encadrer une entité qui présente des bonnes chances pour littéralement, tourner le dos une fois qu’un hypothétique succès serait au rendez-vous ? Et en plus, ne pas avoir le droit de mentionner cette activité de soutien, ni comme receveur ni comme fournisseur ? Encore: pourquoi présenter cette sollicitation d’aide sous le terme d’entre-aide, alors que cela va dans un seul sens unique ?

Cette activité serait presque à classer dans la catégorie d’aide humanitaire, sans rien attendre en retour, mais avec obligations strictes et souvent irréalistes accompagnées d’un contrat de confidentialité et punitions lourdes en cas de violations involontaires.

C’est un fait: l’économie actuelle est libérale et globalisée, avec un niveau hautement compétitif dans tous les domaines. Pour tous les chefs d’entreprise ou dirigeants, cette complexité est difficile à gérer. Toutes les entreprises ont des difficultés à faire face à la compétition qui propose à la vente des services ou produits très similaires. Mais les problématiques actuelles du monde des affaires exigent des compétences réelles.

C’est extrêmement rare que ces compétences soient disponibles de manière gratuite ou sans aucune arrière-pensée. Malgré ce contexte, l’idée de solliciter de l’entre-aide par des entrepreneurs expérimentés apparaît comme une solution possible à ces complexités, sans devoir passer par les cabinets spécialisés ou ceux de niche, tous réputés coûteux d’accès.

De l’autre côté, pour les chefs d’entreprise, les ressources en temps sont limitées. Ceux et celles qui ont une entreprise stable et fonctionnelle ont d’autres priorités et vision du monde des affaires. Voici pourquoi, avant d’assumer quelques nouvelles responsabilités, il est donc utile de faire les bons choix. Ainsi, des questions apparaissent rapidement devant ce nouveau concept d’aide entrepreneuriale.

Ces questions sont justifiées aussi pour ceux et celles qui se font aider.

Les questions sur l’aide à fournir ou à recevoir

Avant d’envisager une activité d’aide, soutien, ou se faire faire aider, quelques clarifications sont nécessaires.

  • L’investissement en temps ou en autres ressources pour cette “aide — ou entre-aide” va-t-elle la peine de ses efforts ?
  • Qu’est-qu’il y a à gagner ?
  • Y a-t-il une valeur réelle dans ce type d’échanges ?
  • Une réciprocité ?
  • Un plaisir à le faire ?
  • Un résultat réel pour la personne aidée ?
  • Un esprit de gagnant-gagnant ?
  • Faut-il payer pour accéder à ce cercle d’entre-aide ?
  • Qui paye pour le local de réunion, le marketing, les repas ou les rafraîchissements, ou les divers autres frais administratifs ?
  • Qui sont les participants ?
  • Quelles sont leurs attentes, qualifications et expertises réelles ?
  • Pourquoi ces intervenants participent-ils ?
  • Quelles sont les obligations en temps ?
  • Quelles sont les conditions financières de ces échanges ?
  • Quelle est l’hiérarchie pendant les interventions ou entre les participants ?

Autant de questions qui sont rapidement apparues dans mon esprit quand j’ai été contacté plusieurs dizaines de fois par les organisateurs de ces structures d’aide à l’entrepreneuriat et à l’innovation. Je commence à me méfier quand j’entends le mot “innovation” et utilisé (trop) souvent sans justification réelle. En effet, de nos jours, le mot innovation est exploité comme publicité pour aguicher et vendre plus.

 

concept et projet innovation workshop avec Elena Debbaut
Lire l’article publié sur LeTemps: Quand l’innovation est seulement un mot pour vendre plus: un essai d’économie et gestion par Elena Debbaut

 

Devant la multiplication de ces prises de contact, et sur des canaux suffisamment créatifs pour me trouver et entamer une conversation directe, je me suis demandé … pourquoi cette envie soudaine d’aider et entre-aider ? Que se cache-t-il derrière les beaux discours des démarcheurs ?

Il se trouve que je n’avais rien demandé, ni fait des démarches pour offrir mes services pour “entre-aider” et encore moins pour “aider” des chefs d’entreprise. Le tout, sans aucune compensation ou tellement symbolique sous le prétexte de “se faire connaître” et “réseauter” — même que c’était à moi-même d’y contribuer financièrement pour “aider” ou se faire faire “entre-aider“. Dans les deux situations, je ne vois toujours pas d’intérêt.

J’avais posé une partie de ces questions ci-avant.

Mais … silence.

A ce stade, vous pensez déjà qu’il y a quelque chose de pas trop sérieux de la part de ces démarcheurs et les organisations qu’ils étaient censés les représenter.

J’ai été intriguée par le modèle d’affaires derrière cette aide et entre-aide entrepreneuriale. Et il se trouve que ce modèle est hautement profitable mais plutôt pour les fournisseurs.

Nous allons maintenant brièvement passer en revue quelle est la base de ce type de services d’aide aux entrepreneurs, et quel est son principal mécanisme d’action.

Les organisations qui offrent de l’aide entrepreneuriale

Les formes d’organisation de ces structures d’aide aux entrepreneurs sont diverses, mais avec une typologie similaire, et toujours avec un but commercial. À titre d’exemple, une association a bel et bien un chiffre d’affaires et un profit; sauf que celui-ci est utilisé en entier — et du moins en théorie —pour la cause défendue ou le bénéfice de ses membres.

Les mots comme “non-profit” ou autres terminologies similaire ou d’intérêt prétendument publique ont seulement une couche contreplaquée de noblesse. Comme pour toute entreprise, il y a des centres de coûts et profits. Ces organisations ont aussi un marché, des niches, et des clients. La direction et les autres collaborateurs employés ainsi que les fournisseurs de services et produits sont payés (et même bien) pour leurs prestations. En même temps, des organisations entièrement basées sur le bénévolat offrent des services gratuits et professionnels, quoique leur durée de vie est limitée — il est difficile de garder les chiffres noirs dans ces conditions. Le domaine des structures non-profit reste complexe.

Outre les associations et les fondations, il y a aussi diverses “cercles” ou “tribus” avec une pensée non-profit, et dont les noms commerciaux ont une consonance si hautement chamanique qu’on penserait à des loges secrètes.

Dans une autre gamme, mais avec un positionnement similaire, quelques chefs d’entreprise tentent maladroitement de constituer un “réseau propre” d’experts. Ces experts et autres personnes “stagiaires” avec un rôle de soutien administratif devraient être prêtes à travailler comme indépendants à leurs entiers frais, sous le nom de quelqu’un d’autre, et exactement dans les mêmes conditions qu’un collaborateur à statut d’employé. Une sorte de consultants senior et employés en mode uberisés.

Toutes ces organisations sont des entreprises commerciales, mais leur manière de se présenter laisser penser à un but désintéressé. Or, leur intérêt est de vendre divers produits et services comme une cotisation annuelle, l’accès hypothétique à une base de données sans intérêts, le billet d’entrée à un ou plusieurs événements, des formations, des cours en surnombre.

Ces organisations ont des éthiques de ventes fort discutables, en tentant d’attraper le poisson/client avec des offres alléchantes, voire gratuite. Une fois les contacts établis et avoir accès au fameux “secret de l’entrepreneuriat” il faudra passer à la caisse. Cette situation dure aussi longtemps jusqu’au moment où  l’entrepreneur en herbe se rend compte du mécanisme, ou reste sans financements ou quand son entreprise fait faillite — selon ce qui arrive en premier. Mais vu l’engouement actuel pour l’entrepreneuriat et innovation, ce type de marché est encore bien développé.

 

Note: Vous trouverez plus d’information sur les différences entre fondation, association et organisation non-gouvernementale dans une bonne publication par les bibliothèques municipales de Genève.

 

Selon mes autres observations, ces structures présentent une hiérarchie surchargée et sans justification réelle, ainsi que des catégories de dépenses qui n’existent pas dans les entreprises privées. Ce n’est pas tout: ces organisations ont un nombre élevé de projets qui sont surpayées et surdimensionnées par rapport aux besoins réels. Ce contexte arrive si souvent qu’il gagne le mérite de le mentionner.

Heureusement que les associations ont accès à un pôle de bénévoles motivés pour compenser ces dysfonctionnements. Quoique — il semblerait que depuis des années, leur nombre est en baisse constante. La disposition au bénévolat comme force de travail gratuite recule même en Suisse, selon d’autres constats couverts par la presse suisse.

 

relations d'affaires, concept gagnant gagnant Elena Debbaut stratégie d'affaires
Lire plus: : Elena Debbaut sur le concept d’une relation gagnant-gagnant dans les affaires.

 

L’effet mode de l’entrepreneuriat

Pour un grand nombre de personnes jeunes, le sport national en Suisse n’est plus le hockey ou le curling. Pour cette catégorie de personnes, le sport national en Suisse, et même au niveau mondial, est devenu la création de start-up et l’innovation.

Dans cet écosystème de soutien à l’entrepreneuriat et à l’innovation, nous retrouvons ainsi des éléments similaires à une league B, une super league, des compétitions, des concours avec des prix à valeur hautement humoristique, et pour des projets l’étant tout autant. Il y a aussi de multiples classements entre les “start-up nations” — selon une expression dorénavant tournée en dérision.

Même les enfants se transforment en entrepreneur: au stade de graine déjà.

Les discours pour atteler et rester motivé dans ce type de projets complexes sont étrangement similaires et simplifiés pour être comprises par le plus grand nombre de personne. Des mantras comme “prendre des risques, sortir de sa zone de confort, quitter son job et goûter à l’indépendance” sont devenues habituelles.

La “recette” du “succès” entrepreneurial est connue:

  • trouver une niche, miser à fond sur ses compétences,
  • écrire une phrase pour un “pitch” (soit un discours rapide présentant un concept ou une idée),
  • copier la stratégie et les méthodes des grandes entreprises à succès planétaire,
  • trouver des investisseurs qui trouvent l’idée géniale et mettent sur la table quelques dizaines de millions en moins de 24 heures,
  • contacter 100 inconnus le premier jour, et même 10’000 dans les mois qui suivent, le tout pour “scaler” (terme utilisé pour designer l’agrandissement de l’entreprise, et l’augmentation du nombre des clients et ventes),
  • les harceler jusqu’à ce qu’ils achètent ce dont ils ne savent pas encore avoir besoin,
  • ne pas fournir ce qui a été convenu et ignorer le client parce que la stratégie de “blitzscaling” serait la seule voie à suivre pour grandir,
  • se planter, et faire une autre entreprise en parallèle (même plusieurs tant qu’on y est),
  • et répéter le même processus jusqu’au moment où une autre entreprise fonctionnerait.

En veux-tu un business à 9 (neuf) chiffres au minimum avec une croissance mensuelle à minimum 2 chiffres en pourcentage, et plusieurs revenus dits passifs en quelques années, en voici. Avant de passer le cap de 30 ans d’âge, si possible. Ensuite ce sera repos, piscine, et tout ce qui gravite autour: voitures de luxe, fêtes poudreuses et arrosées, nanas, et neuneus.

Comme tout propriétaire d’entreprise fonctionnelle vous le dira, cette recette est une véritable connerie.

Le fait d’être compétent dans un domaine ou avoir des bonnes idées ne peut pas garantir que l’entreprise aura du succès. Même l’argent des investisseurs n’est pas toujours suffisant pour un grand nombre d’entreprises à bon potentiel. En effet, les investisseurs savent que nombreux projets échouent; ils espèrent de se rattraper avec un bon “coup” de chance mais si les analyses de risques sont élevées, alors ils tirent vite la prise. Même le fait d’avoir une excellence opérationnelle et venir avec des centaines d’idées chaque semaine ne sont pas des garanties pour le succès.

 

Les qualités d'un fondateur d'entreprise, par Elena Debbaut
Lire l’article publié sur LeTemps: Quelles sont les qualités recherchées par un fond d’investissement pour un fondateur d’entreprise ?

 

Au moins dans une première étape, et sans financements externes importants (ce qui est le cas de la majorité des nouvelles startups, surtout en Suisse), ou être le rejeton d’une famille aisée avec “le” bon carnet d’adresses, alors le futur patron devra couvrir des aspects comme la gestion des ressources humaines, le marketing, l’encadrement des opérations courantes, le développement de nouveaux produits et services. Sans oublier l’élément du développement commercial et les ventes (que personne ne veut faire de gaieté de cœur).

La surcharge de travail comme chef d’entreprise force à vite oublier les sorties régulières entre amis, les échanges de fluides corporels, et dans quelques situations extrêmes, même l’hygiène corporelle de niveau avancé.

J’ai vu des centaines de personnes désireuses et enthousiastes à lancer leur entreprise, et qui l’ont fait au détriment des signaux de risque très élevé. Quelques mois ou années plus tard, et des dépenses importantes plus tard, c’était devenu l’échec le plus inavouable. Ou si, avouer à demi-mots pour tenter de rebondir pendant les fameuses soirées “Fuck Up Nights“.

Pour certains, c’est devenu presque une fierté d’avoir fichu en air son entreprise avec moins de 7 (sept) minutes pour s’exprimer sur cette performance intéressante.

L’idée de partager les échecs et tirer quelques leçons n’est pas mauvaise en soi, sauf quand il y a un aspect financier permettant de couvrir les divers “frais et honoraires” des intervenants ayant échoué sans même faire des efforts particuliers. Ou quand les histoires racontées sont d’une cruelle banalité d’incompétence. Ou quand ces typologies de personnes sont devenus inemployables, bercées par les illusions d’un succès entrepreneurial qui tarde à arriver.

Les aides au développement entrepreneurial et l’entre-aide

Créer et développer une entreprise et la tenir fonctionnelle dans la durée est difficile. Vraiment difficile, surtout quand l’absence de chance ou investissements ou du bon carnet d’adresses rendent l’entier de projet encore plus compliqué.

L’entrepreneuriat reste le choix et le parcours le plus difficile et complexes dans la vie d’une personne.

Il y a une relation complexe de haine et amour avec son entreprise: haïr les sacrifices personnels, mais aimer chaque seconde du travail. Utiliser son expérience et son intuition pour la résolution des problèmes, mais devoir faire ce travail gratuitement sans compter ses heures, du moins dans un premier temps. Et enfin, être content quand tout est stabilisé pendant quelques mois ou années ou pour les plus chanceux.

En effet, le contexte du marché change, et il change de plus un plus vite. Cela fait qu’un entrepreneur devra adapter sa stratégie et répéter le même processus et les mêmes sacrifices.

 

L'implémentation opérationnelle de la stratégie d'une entreprise avec Elena Debbaut, Operating Partner Solutions et et Consultante en Entreprise dans la gestion de crise

Lire plus sur LeTemps: Elena Debbaut sur la stratégie d’entreprise: un échec annoncé sans la partie opérationnelle.

 

Je ne connais aucun entrepreneur dire qu’il adore les nuits blanches ou le travail à l’extrême. La zone de confort est confortable justement, pour son … confort. Qui n’aime pas le confort d’une vie facilitée ? Prétendre le contraire est un mensonge.

Voici pourquoi, les organisations et les personnes qui essaient de vendre les prétendues “recettes à succès” mais en simplifiant à l’extrême l’un des parcours les plus complexes n’offrent pas beaucoup de résultats concrets.

Nombreux entrepreneurs renoncent malgré un certain degré de succès, et retournent poursuivre leur carrière comme collaborateur employé. Il n’y a aucune honte à vouloir un revenu stable et régulier, ne plus avoir des responsabilités stratégiques, ne plus devoir sacrifier sa vie familiale, et avoir des vacances payées.

Ce n’est pas un échec, contrairement aux discours actuels sur l’entrepreneuriat, mais un autre choix de vie qui n’a absolument rien d’honteux.

Selon les structures d’aide entrepreneuriale, le monde de demain ne serait plus un monde où des personnes apprennent un métier, et ont un travail, mais un univers idéalisé qui transforme des chômeurs sans compétences en entrepreneurs à succès. Cela grâce aux formations continues et payantes pour réussir ce prétendu “défi” et “prouver” sa valeur aux yeux du monde.

Et si par malchance, le succès n’est pas au rendez-vous, alors l’entrepreneur en question n’aurait pas “assez fait” pour réussir et devra acheter encore plus de formations payantes. La réponse usuelle et simplifiée est que la vie est un apprentissage constant. Oui, sauf que cette idée ne s’applique pas toujours dans les affaires.

Comme entrepreneur, la base essentielle est d’avoir suffisamment d’expérience et une bonne intuition. Une sorte de talent. Un véritable entrepreneur “sait” ce qui fonctionne, et comment atteindre ses buts. Tout le reste n’est que de la garniture inutile, avec très peu de valeur par rapport aux investissements en temps.

Ainsi, quelqu’un qui n’a jamais travaillé dans le marketing ne pourra pas créer un bon plan de communication réaliste, ni identifier le budget nécessaire ou anticiper les nombreux pièges des vendeurs dans une agence.

Une personne qui n’a jamais tenu la moindre écriture dans la comptabilité ne pourra pas comprendre les subtilités d’un rapport financier.

Quelqu’un qui n’a jamais passé du temps pour développer un produit ou un service, aussi minimal soit-il, n’a pas beaucoup de chances à réussir convaincre des clients pour l’acheter.

La liste continue.

L’histoire racontée souvent aux futurs entrepreneurs est qu’ils doivent “déléguer” et “bien s’entourer” avec des professionnels longtemps vérifiés sous toutes les coutures, éthiques, fiables, et payés aussi peu que possible. Or, cette idée est fausse, par construction, pour plusieurs raisons. D’abord, il faudra savoir identifier les priorités stratégiques avant de déléguer quoiqu’il soit. Ensuite, savoir identifier comment et quoi déléguer. Et enfin, appliquer la règle essentielle dans les affaires — faire confiance quand on trouve les “perles rares” mais vérifier toujours.

Si à ce stade de la publication vous n’avez pas encore commencé à réfléchir sur la notion de “courage entrepreneurial qui permettrait de se lancer tête foncée“, ni à une stratégie d’entreprise qui tient la route, alors vous devriez. Pour votre futur bien.

Les dangers des formations et programmes de bas niveau pour les entrepreneurs

Certes, les notions de base et théoriques dans le marketing, la comptabilité, la gestion des opérations et des ressources humaines peuvent être transmises, acquises et implémentées rapidement. Ces typologies d’aides, formations, coaching et mentorat ont une bonne valeur. Mais il faudra faire attention à plusieurs éléments et qui tirent la sonnette d’alarme.

D’abord, qui sont les intervenants ?

Des influenceurs ? Des prétendus “entrepreneurs en série” ? Des experts “masterclass” sans expérience autre que les cours et les formations ? Passez vite votre chemin — tout ce que vous obtiendrez ce sera la vente d’un rêve qui frôle l’escroquerie, un enthousiasme temporaire, et aucunement des connaissances validées en pratique. Les réseaux sociaux sont surchargés par ces “influenceurs” autoproclamés. Or, de nos jours, les suiveurs s’achètent, et avec quelques exceptions notables, les gains naturels d’abonnés sur les réseaux sociaux ne sont pas spectaculaires.

En général, ces influenceurs n’ont pas suivi des formations reconnues — voire abandonné après quelques mois. Après tout, qui aurait besoin de ce genre de “autodiscipline” et une “structuration intellectuelle” dans le cadre d’un programme d’enseignement officiel, alors que les exemples de réussite à la Zuckerberg ou autres semblent être la règle ?

Chose curieuse: l’objet et le but de ce type d’entreprises consiste souvent à “aider” les autres devenir “entrepreneur comme eux” … et ils seraient prêts à vous l’apprendre, moyennant beaucoup de finances, évidemment.

Des professeurs ? Il est très probable que vous recevrez une multitude d’informations qui restent à un niveau de recherche académique et qui ne sont pas toujours validées en pratique. En effet, dans la plupart des cas, ces gens n’ont pas travaillé de manière strictement opérationnelle dans une entreprise pour connaître la finesse des mécanismes en place.

Des consultants ? Ceux-ci n’offrent pas de formations généralistes, ni programmes de soutien sous la forme de masterclass, mais plutôt des services et réponses à des questions concrètes sous la forme des ateliers ou workshops “sur mesure” et adaptés à l’entreprise cliente.

Ensuite, quelles sont les typologies visées par ces formations ?

Le “client idéal” pour ces typologies de formations est jeune et inexpérimenté. Le “formateur” a souvent le même degré d’expérience que ses élèves, ce qui fait qu’ils manquent d’exemples pour montrer comment ils ont accompli eux-mêmes un projet complexe. Les “cours” sont copiés d’ici et là depuis Internet. Cela ne les rend pas plus qualifiés que vous-mêmes.

Les séances de “masterclass” et sans experts véritables sont encore plus sournoises — ils prêchent la croyance dans un esprit de l’univers qui ferait venir la richesse juste en y pensant. J’avais vu une émission à la télévision sur ce sujet. L’idée des masterclass a l’air super-méga-génial au minimum, et surtout quand les clients participants sont invités à “créer des stratégies” en groupe, pour les autres participants. Comment quelqu’un serait capable, ne serait-ce qu’une seconde, à résoudre des problèmes stratégiques, se prononcer et “conseiller” sur un marché qui n’est pas le sien, et sans aucune expérience ? C’est de la magie, avec les mêmes trucages d’un spectacle de cabaret bien mis en scène.

Le mécanisme de ce modèle d’affaires peut se résumer en une seule phrase: “si moi j’y suis arrivé à avoir le succès, alors vous aussi … mais seulement après avoir payé pour accéder au secret très bien gardé“. Ce mécanisme fonctionne très bien avec des personnes jeunes, peu sophistiquées et peu expérimentées. Tant qu’un nombre suffisant de personne continue d’y croire et acheter, alors ce mécanisme continuera de plus belle, vers la plus grande déception des victimes.

Les solutions alternatives à l’aide entrepreneuriale

Il fut un temps quand cette idée d’aide entrepreneuriale avait une valeur.

Les arguments en faveur d’une aide presque désintéressée étaient encore valables. Ces aides couvraient des aspects comme:

  • l’accès à une expertise inaccessible autrement,
  • le partage réciproque d’expériences d’affaires ou bons contrats,
  • les séances de “brainstorming” (soit une technique consistant à venir avec des idées afin de résoudre en commun un problème) avec des personnes expérimentées,
  • contributions à une “communauté” locale avec son “économie circulaire” selon la nouvelle terminologie.

Pour un entrepreneur, trouver un menteur ou avoir accès à un professeur était un des éléments qui pouvait augmenter significativement ses chances de succès. En bref, ces mentors apportaient une valeur ajoutée, même si le paysage n’était pas rose non plus. Souvent, un entrepreneur à succès et proche de sa retraite faisait le choix de prendre sous sa protection un autre entrepreneur qui était son propre miroir de jeunesse.

De nos jours, la situation a profondément changé.

D’abord, il y a le copier-coller qui permet à quiconque de s’improviser expert en seulement quelques heures.

Ensuite, pour une entreprise, il n’est pas possible de résoudre les problèmes stratégiques avec des étapes purement opérationnelles.

Et enfin, l’accès à un vivier de connaissances après une simple recherche sur Internet offre l’illusion que les problèmes d’une entreprise seraient “simples” à résoudre. Non, ce n’est pas le cas, et même les grands cabinets et les consultants de haut niveau commencent à ne plus “tout voir et anticiper” des années en avance. Les difficultés sont croissantes pour tous.

En effet, et depuis des dizaines d’années déjà, soit dans les années 1998 avec la crise asiatique, les entreprises se trouvent dans un mode de gestion de crise constante. Or, ce mode de fonctionnement et résolution des problèmes nécessite des expériences et compétences multiples. L’accès à de tels profils est rare, et cher.

 

Livre et eBook: Plan de continuité et Gestion opérationnelle en situation de crise avec Listes pratiques pour les 50 premiers jours de crise, un livre pratique en format .pdf ou imprimé par Elena Debbaut, consultante en entreprise et gestionnaire de crise

 

Très souvent, nous pensons être capables d’identifier les arnaques sur Internet. Or, les chiffres de la criminalité sur Internet sont en hausse. Si vous êtes tentés d’acheter une formation ou faire appel à un coaching d’affaires, vous devriez vous demander les questions suivantes:

  • Avez-vous utilisé toutes les ressources gratuites de formation en ligne, comme Coursera (www.coursera.org), Udemy (www.udemy.com), ou Linkedin Learning (www.linkedin.com/learning/) ? Pour les intéressés, il est possible d’obtenir même un certificat contre un investissement raisonnable.
  • Avant de faire appel un coach ou suivre une formation, avez-vous lu quelques livres reconnus pour leur qualité ? Les listes de lecture business circulent souvent, y compris via des sources réputées comme The Economist. De plus, les dossiers thématiques sont créés souvent par des professionnels reconnus et les journaux locaux d’affaires.
  • Même si ce n’est pas toujours un critère fiable, quelle est l’âge de l’entreprise ou celle du formateur ? Quelle est l’expertise pratique ? Le domaine concret d’actions ?
  • Évaluez toujours la qualité du programme à suivre et demandez l’aide des personnes de confiance. Quelques fournisseurs de services dans l’entrepreneuriat ont des buts narcissiques ou opaques, plutôt que de répondre concrètement aux questions de leurs clients. Une interview dans un journal ne fait pas une carrière. Une vidéo sur YouTube ou comme invité par une chaîne de télévision locale non plus. Gardez ces éléments dans votre esprit.
  • Croire sans vérifier tout ce qui est écrit sur Internet ou qui fait partie d’une campagne de relations publiques n’est jamais une bonne idée. En effet, le fait d’écrire sur une page web sur une quelconque offre de ses services n’offre jamais la crédibilité nécessaire pour faire des affaires. Le fait de publier des articles sur un blog non plus. Le fait d’être anormalement actif sur les réseaux sociaux et avec un grand nombre de suiveurs entre dans la même catégorie d’alerte. En effet, les algorithmes des réseaux sociaux sont créés pour quelques catégories de public-cible majoritaires. Ce type de publique est également la cible des divers escrocs et vendeurs de rêve.

Conclusions

La généralisation après plusieurs expériences similaires a le mérite de trouver quelques caractéristiques communes pour illustrer une manière de faire. En même temps, tout sujet présente une certaine complexité et pour des raisons évidentes, cette publication n’a pas couvert tous les aspects.

C’est reconnu que les bases théoriques de l’entrepreneuriat peuvent être transmises et apprises. Mais ensuite, c’est le talent qui devra prendre le relais, d’une manière similaire aux chanteurs, artistes, danseurs. Un artiste sans dons innés pourra suivre toutes les formations et faire le tour de tous les cours disponibles, avec les meilleurs maîtres, mais sans jamais réussir à acquérir les agilités naturelles.

Il est rare que les gens ayant subi un échec suite à ces programmes d’aide à l’entrepreneuriat ou entre-aide expriment leurs expériences, notamment sur le sujet des prix aux entrepreneurs. En même temps, quelques voix commencent à se faire entendre, telles quelques publications dans PME Magazine, ou encore des conseils pratiques d’entrepreneurs qui partagent une expérience réelle.

Dans la pratique, l’acte complexe et hautement risqué de créer une entreprise est devenu un modèle économique pour gagner de l’argent sur la méconnaissance des personnes inexpérimentées, et souvent, jeunes. Les influenceurs sont les pires à utiliser les faiblesses humaines et la naïveté naturelle.

Vendre du rêve et enthousiasme n’a absolument rien d’un processus pour devenir un entrepreneur à succès. C’est de la propagande entrepreneuriale.

Mais ce type de discours plaît énormément aux personnes qui ont le plus de chances pour se planter avec leurs projets d’entreprise. Ce type de publique ne veut rien entendre d’autre quant aux dangers, et suivent des gourous d’entreprise qui leur explique que se lever à 3:30h la nuit permettrait de réussir.

 

La propagande entrepreneuriale, un essai d'économie et gestion écrit par Elena Debbaut, consultante en entreprise et gestionnaire de crise

 

Je conseille de faire toujours attention avant d’envoyer de l’argent et acheter des formations sur Internet ou auprès des organisations qui n’ont pas grand-chose à offrir. Soyez toujours méfiant, vérifiez, et posez des questions.

Le fait d’être proactif et se protéger est un bon moyen d’éviter à devenir un “entrepreneur à succès” après seulement quelques achats sans valeur réelle. Dès lors, assurez-vous que les personnes ou les structures auxquelles vous faites confiance sont réellement capables et compétentes dans leur domaine. Dans toutes les situations, gardez votre esprit critique.

L’aide au développement entrepreneurial et l’entre-aide est toute une affaire … bien juteuse.

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

Déchiffrez les réalités du terrain, et ce qui se cache derrière les tendances du moment avec Elena Debbaut - conseil restructuration entreprises et projets en difficulté

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

To boycott or NOT to boycott: une approche opportuniste et réaliste par Elena Debbaut, consultante en entreprise et gestionnaire de crise

To boycott or NOT to boycott: une approche opportuniste et réaliste

Compte tenu de la situation actuelle dans l’est de l’Europe avec une guerre en Ukraine, et les sanctions au niveau international, la question de boycott question commence à revenir de plus souvent pendant les séances stratégiques des entreprises exposées à l’international.

Les questionnements des entreprises et les particuliers ne sont pas liées à un seul pays ou une seule situation particulière.

Ces questions sont même devenus un moyen de réduire les nombreux choix qui actuellement existent en surnombre, et simplifier ainsi le processus décisionnel. En effet, une surabondance de choix possible paralyse le choix d’une solution. Cette paralysie peut être dévastatrice pendant une situation de crise, quand les décisions se doivent d’être rapides et aussi correctes que possible.

Alors, boycotter, ou pas boycotter ?

Faut-il abandonner entièrement les investissements dans un pays ? Une entreprise doit-elle prendre des mesures contre les états ou autres autres structures étatiques basés sur le banditisme et l’irrespect des lois internationales ? Faut-il appliquer des sanctions et abandonner un marché profitable, même si la loi n’oblige pas à prendre ces actions ?

Rester ? Partir ? Attendre ? Rester partiellement ? Brûler les ponts ? Refuser de faire des affaires avec ces pays ou les entreprises basées dans les pays sanctionnées ? Commencer à se méfier au regard de la perte massive de confiance ? Ou au contraire, continuer à faire des affaires et ignorer tout ce qui n’est pas lié à un aspect purement commercial ?

Quel est l’impact financier ? Comment réduire les troubles opérationnels ou logistiques dans ces situations ? Comment adapter ses opérations et la stratégie d’entreprise pour faire face aux nouveaux risques ? Comment une entreprise peut répondre au mieux à ces défis, et suite aux pressions de la société et celles des consommateurs ?

Autant de questions complexes qui peuvent chacun faire l’objet d’une multitude d’autres articles et observations.

Même les consommateurs comme vous et moi se posent ces questions.

To boycott or NOT to boycott: une approche opportuniste et réaliste de bon sens est une bonne solution, et nous allons voir quelques éléments dans les chapitres suivants.

 

L'implémentation opérationnelle de la stratégie d'une entreprise avec Elena Debbaut, Operating Partner Solutions et Consultante en Entreprise dans la gestion de crise

Lire l’article publié sur LeTemps: Elena Debbaut sur la stratégie d’entreprise: un échec annoncé sans la partie opérationnelle.

 

La notion et la décision du boycott

Contrairement à un consommateur privé, une entreprise bénéficie de quelques outils qui lui permettent de prendre une décision rationnelle et éclairée.

Ainsi, une méthode comme PESTLE permet d’analyser le niveau des risques au niveau politique, économique, sociologique, technologique, environnemental et légal. En même temps, ce n’est pas toujours facile de prendre une décision stratégique sur la seule base d’une telle analyse.

En effet, les analyses et les décisions stratégiques ne sont jamais binaires, mais doivent prendre en compte une multitude de nuances. Une décision stratégique reste complexe, mais l’ajout d’une signature propre du dirigeant ou son conseil d’administration permettent de venir avec une solution qui implique aussi le facteur humain et éthique; pas seulement celui purement financier.

Mais en fait, qu’est-ce que c’est le boycott ?

L’action de boycotter consiste, selon la définition du dictionnaire, dans la “cessation volontaire de toute relation avec un individu, un groupe, un pays et refus des biens qu’il met en circulation“. Le boycott couvre ainsi la notion d’un “refus collectif et systématique d’acheter ou de vendre les produits ou services“.

Le boycott n’est pas une méthode récente, mais a été appliquée déjà par le passé, comme pour réduire les mouvements esclavagistes à la fin du XVIIIe siècle. La page Wikipédia sur l’historique du boycott présente une liste très intéressante qui prouve que les mœurs peuvent bel et bien changer suite aux pressions envers une entreprise ou groupe de pays.

C’est très coûteux pour une entreprise d’être soumises à une telle décision de boycotter; car elle doit investir beaucoup de ressources juste pour comprendre la situation et les risques. Mais nombreuses entreprises ne possèdent pas ces compétences ou ressources et faire appel à des experts externes est souvent très coûteux, surtout pendant une situation de crise quand ces compétences s’arrachent. Dans un nombre de situations, cette action a même une grande portée stratégique, avec un impact opérationnel important et une perte financière difficile à anticiper sur le long terme.

Cet investissement d’analyse et décisions est intégré par les entrepreneurs et les investisseurs expérimentés dans le cadre du coût pour faire des affaires. En effet, les entreprises sont aujourd’hui forcées à adopter une attitude qui préserve leurs intérêts financiers, leur identité de marque, la stabilité des opérations, et aussi respecter les contraintes stratégiques au niveau politique d’état.

De plus, quand une grande entreprise boycotte ou suspend ses opérations, l’impact financier et médiatique est plus grand que celui des niches couvertes par les structures de type PME, traditionnellement plus petites et qui se trouvent moins souvent sous l’attention des médias et du public. Sur cet aspect, la Suisse et ses 99% de petites entreprises est particulièrement impliquée mais reste protégée.

L’éthique comme base d’action pour le boycott

Dit-on que l’argent n’a pas d’odeur, que le consommateur moyen est tout simplement con, qu’entre bon et con il y a une seule lettre de différence, que les chiens aboient pendant que la caravane passe, que l’histoire se répète, et que le temps fait tout oublier.

Ce sont quelques perles reprises depuis la sagesse populaire, mais qui n’ont absolument rien de négatif.

Au contraire.

La sagesse est distillée à la perfection pour être comprise par le plus grand nombre.

Les entreprises se trouvent aujourd’hui dans une situation peu confortable, même si leur tentation très forte est de laisser passer l’orage et continuer les affaires. Or, l’attentisme n’est pas une bonne approche en situation de crise.

De plus, les entreprises actuelles ne peuvent plus se baser sur cette même stratégie qui offrait d’assez bons résultats par le passé. Il suffit de voir que plus une entreprise a mal agi dans un sens purement moral, plus rapide et important est son succès financier. Mais de nos jours, l’atteinte à la réputation de l’entreprise peut être très importante et surtout, ne plus être oubliée de sitôt.

Pire encore. Face à une situation de guerre, les entreprises ne peuvent pas se cacher derrière une prétendue neutralité. Attendre et se rallier ensuite du côté des “vainqueurs” est une stratégie peu viable au monde actuel où la communication se passe 24/24 et 7/7. Les consommateurs n’hésitent plus à exprimer leurs mésaventures sur Internet ou les réseaux sociaux. Au grand jour. Les consommateurs ont bel et bien compris que par leurs actions, ils peuvent agir sur les entreprises ou les organisations qui agissent de manière peu éthique.

Une entreprise n’agit pas sous le coup d’une émotion, aussi forte soit-elle.

Sans exception, les entreprises ont une autre vision de l’économie et les tragédies humaines. Les entreprises, surtout celles de très grande taille sont des empires d’hypocrisie et mensonges parce que les intérêts en jeu sont plus grands que dans les structures de type PME. Derrière les communications à but marketing qui mettent en avant de très hautes valeurs éthiques, les intérêts économiques priment pour toutes les structures économiques, qu’elles soient à but lucratif ou un prétendu non-profit. Et cela, peu importe leur taille ou leur secteur d’activités.

L’éthique dans une entreprise est une notion qui même à l’Université Stanford est enseignée comme ayant une “dimension” dite variable. D’ailleurs, l’éthique et les affaires ne font pas toujours bon ménage.

Les entreprises sont souvent réticentes quand il s’agit d’adopter une décision éthique. Cette absence de choix au niveau éthique est justifiée parce que les décisions stratégiques et opérationnelles sont basées très souvent sur une analyse purement financière.

De plus, l’éthique en soi n’est pas réglementée par la loi.

En effet, l’éthique est seulement une valeur dont les limites varient fortement. Et pour ne rien arranger, la perception du niveau éthique possède d’autres dimensions que la seule définition dans un dictionnaire. Selon la définition dans un dictionnaire, l’éthique est un “ensemble des conceptions morales de quelqu’un, d’un milieu“, ou “agir selon des valeurs morales” ou encore “qui intègre des critères moraux dans son fonctionnement“. Mais qu’est-ce que qui fait qu’une décision soit éthique ? Quels sont les “valeurs” à intégrer dans une décision éthique ?

Il existe bel et bien des entreprises et personnes éthiques dans le sens idéal du terme, mais il s’agit plutôt d’une exception. La raison est souvent financière. En effet, les entités éthiques sont souvent perdantes financièrement, parce qu’agir en vertu des principes est toujours une action coûteuse. Toujours.

Par exemple, une entreprise ou un consommateur peut choisir un fournisseur qui respecte les lois, plus encore les diverses réglementations comme celles environnementales, soigner aussi sa main d’œuvre et ses conditions de travail, ses autres sous-traitants, et en prime, appliquer une qualité à toute épreuve. Comme conséquence logique, ses prix finaux sont ainsi plus élevés. Un compétiteur peut réduire ces mêmes coûts pas seulement par une optimisation opérationnelle basée sur une compétition saine, mais par la violation des lois, tout simplement. Des bricolages de voyou comme le travail au noir, qualité mensongère, signature des contrats avec les clients en utilisant des méthodes manipulatoires, violation des sanctions entre les états, sociétés écran — ces quelques méthodes à titre d’exemples figurent ainsi parmi les raccourcis de ces catégories d’entreprises.

Un consommateur (et peu importe le marché) pense souvent que l’entreprise agira d’elle-même, et même de manière éthique.

Or, cette perception est incorrecte.

Non seulement la majorité des entreprises sous-estiment les risques stratégiques et opérationnels, mais l’éthique fait partie de l’aspect qui est toujours ignoré, par conception. Ce n’est pas possible de gérer une entreprise avec des notions vagues et contours flous qui peuvent être interprétées selon la perception de chacun. Il ne s’agit même plus de prendre des risques calculés, mais de les ignorer tout simplement.

En soi, cette stratégie d’ignorance est aussi une approche qui peut faire faire gagner beaucoup, mais dans un nombre très réduit de situations. L’absence d’éthique va ensemble avec une prise de risques supérieure à la moyenne. Dans nombreuses situations, la prise de risques s’accompagne d’une violation intentionnelle des lois. Mais assez souvent, et selon les la prise de risques, ces actions peuvent même finir devant un juge pénal, comme ce fut le cas de diverses fondateurs ayant fait les gros titres dans la presse. Le plus connu récemment c’est Theranos. avec dirigeants inculpés en 2018 pour fraude massive, alors que le monde de nombreuses start-up touche assez souvent avec les illégalités de toutes sortes.

 

L'implémentation opérationnelle de la stratégie d'une entreprise avec Elena Debbaut, Operating Partner Solutions et Consultante en Entreprise dans la gestion de crise

Lire l’article publié sur LeTemps: Elena Debbaut sur l’ignorance comme stratégie d’entreprise

 

Puisque une société et des entreprises ne peuvent pas s’auto-réguler ni agir selon des règles de bien séance et décence (encore des notions discutables car très difficiles à définir clairement), alors c’est l’état seul qui peut agir pour définir les bases législatives de ce qui est “éthique” et qui pourrait ainsi être puni en pénal ou civil.

L’individu comme consommateur, lui, n’a aucun pouvoir réel, et encore moins quand sa perception de ce qui est éthique, bon, ou mauvais varient selon sa proche échelle de valeurs. Afin que le boycott individuel présente un quelconque résultat, il faudrait arriver à fédérer un nombre de personnes suffisamment motivées pour suivre les mêmes actions punitives, et selon des critères éthiques similaires. C’est difficile, mais pas impossible. Même à titre individuel, un boycott individuel facilite grandement le choix d’un produit ou un service. Enfin une solution viable au paradoxe du choix par les actions de boycott individuel.

Le boycott des états

Le problèmes des pays de voyous c’est que leur système législatif permet une trop grande liberté d’action. Comme conséquence à ce cadre flou et sans règles, seule une certaine typologie d’entrepreneurs arrivent à avoir du succès avec leurs entreprises. Le capitalisme en style gangster, dans sa forme la plus primaire. Tout pour soi-même, et rien pour les autres, et encore moins pour la société. L’éthique n’existe même pas comme notion.

Dans ces typologies de pays, pays, les investisseurs qui y arrivent depuis l’étranger en sont bien conscients.

Ainsi, quand une entreprise fait des affaires avec des gangsters ou dans un tel système de voyou, les gains peuvent être très rapides et de grande importance. Le problème apparaît quand le gangster ou l’état voyou change les règles de son propre chef.

L’argent sale a une odeur de poubelles, et même une très grande visibilité.

Par exemple, il suffit de voir que suite à des sanctions envers les oligarques russes, les yachts et les jets avec les diverses félines assorties à ces objets de luxe ont été immédiatement “gelés” comme sanction financière immédiate. C’est très nouveau comme réaction de la part des états: un morceau d’éthique étalé au grand jour. D’ailleurs, ces actions figurent toujours dans les gros titres de la presse. En effet, le malheur des riches fait toujours le bonheur, ce n’est pas quelque chose de nouveau dans les sociétés vivantes. Les fins heureuses sont tout aussi souhaitables par tout humain de l’espèce sapiens.

De nos jours, le boycott n’est plus le seul apanage des consommateurs révoltés suite aux pratiques de voyou dans certaines entreprises ou organisations. Même les états et les présidents commencent à émettre des appels au boycott à l’égard des entreprises et des états. Après l’activisme des collaborateurs sur diverses causes sociales, voici maintenant l’activisme d’état et boycott qui porte le nom de géopolitique.

Les parents essayent de corriger les comportement de leurs enfants jusqu’à leur majorité, les juges aspirent à améliorer les comportement criminels des adultes, et les sanctions économiques tentent de sanctionner les comportements de certains états.

Pour paraphraser les communications officielles désormais tristement célèbres, les sanctions économiques sont seulement des opérations économiques spéciales. En pratique, il s’agit d’une action de boycott, mais lancée par un état à l’égard d’un autre, et selon le même mécanisme qu’un consommateur le fait avec ses achats personnels.

La réticence à boycotter

Tout consommateur qui a eu des envies à boycotter une ou plusieurs entreprises a été confronté à une absence de choix viables pour remplacer les services ou les produits.

Il en va de même pour les états et les entreprises.

Dans ce type de situations, le sujet “éthique” revient encore plus fortement.

Quand l’heure est grave, ni les états, et encore moins les entreprises ne peuvent plus rester silencieuses.

Depuis quelque temps déjà, et surtout avec le développement du réseau Internet, les entreprises sont scrutées de tous parts. Les états aussi. Les politiciens encore plus, et pour justes raisons liée à la renommée de cette profession. Les scandales ne manquent pas, les lanceurs d’alerte (“whistleblowers“) aidant grandement à l’accomplissement de cette périlleuse tâche. Tout ce beau monde se trouve comme dans un aquarium, et chacune de leurs actions et procédures commerciales est analysée et critiquée.

D’ailleurs, dans le récent boycott des affaires avec la Russie, une équipe d’experts à l’Université de Yale tient à jour une liste des entreprises classées selon le degré du respect des engagements. Voici le lien avec les 750 grandes entreprises ayant investi en Russie: https://som.yale.edu/story/2022/over-750-companies-have-curtailed-operations-russia-some-remain. L’information est donc très facilement accessible. Vous constaterez qu’au stade actuel, seules les entreprises du top Fortune 500 font l’objet d’une attention particulière.

Quand une entreprise ou un état prend (presque toujours à contrecœur) une décision de boycott, alors le calcul se limite d’abord au coût subi. Le plan de continuité suit après ce type de décision stratégique.

 

Livre et eBook: Plan de continuité et Gestion opérationnelle en situation de crise avec Listes pratiques pour les 50 premiers jours de crise, un livre pratique en format .pdf ou imprimé par Elena Debbaut, consultante en entreprise et gestionnaire de crise

 

La réflexion première en termes de coûts est très saine.

Ainsi, le résultat de cette réflexion stratégique est que le coût de ne pas boycotter est presque toujours plus grand que l’action de le faire.

Quand la proportion du chiffre d’affaires d’une entreprise dans une région géographique se situe dans les 2% à 3% alors le choix est plus aisé vers l’action de boycotter. C’est même proactif et presque immédiat. Le choix d’une entreprise exposée est alors très rapide: perdre 2-3% de son chiffre d’affaires, ou perdre les 60% au minimum dans les pays à fort pouvoir d’achat, avec en prime, une perte de crédibilité et confiance sur le long terme.

La tentation des profits faciles se compliquent un peu quand le pourcentage du chiffre d’affaires dans une région va vers 12 à 30% ou quand il y a eu des investissements importants. Mais là aussi, le risque de “perdre” plusieurs parts de marchés dans d’autres régions et suite aux boycotts individuels est plus grand que le risque de ne rien faire. Les consommateurs gagnent quand ils font des pressions. Les entreprises choisissent de perdre un peu plus sur le moment, que perdre beaucoup ou tout pour le long terme.

Les choses se compliquent pour les entreprises qui ont consenti à des investissements importants, comme la construction des usines. Certes, les tarifs locaux des produits fabriqués localement sont plus importants afin d’amortir au plus vite ses investissements et compenser les risques d’externalisation, mais cela n’empêche pas que nombreuses entreprises de production vont être perdantes sur toutes les limites temporelles. C’est d’ailleurs la raison principale des actions dites de “suspension temporaire” ou en d’autres mots plus crus, avoir le cul dans deux bateaux. Les prétendues excuses à but purement marketing présentées par ces entreprise, comme la sauvegarde des emplois, ne manquent pas de cynisme et pour certaines sont carrément méprisantes envers l’intelligence de leurs clients. Surtout quand les mêmes entreprises sont reconnues pour avoir licencié en masse.

Les conseils d’administration et la direction des entreprises sont toujours très agités pendant une situation de crise. C’est une agitation bien productive, contrairement à la gestion usuelle des opérations courantes. En situation de crise, les risques sont même analysés et évalués correctement. Les plans de redressement sont appliqués presque à la lettre, chose qui est très rare dans le monde des entreprises. Une fois sorties depuis une situation de crise, les entreprises ont appris la leçon, et choisissent ensuite de s’assurer de manière proactive contre les risques le plus improbables, alors que la gestion de ces risques doit figurer dans toute stratégie.

Une règle très connue dans le secteur du conseil et redressement stratégique, opérationnel et financier pendant une situation de crise (turnaround) révèle qu’il faut toujours sur-corriger, quitte à faire trop et trop vite. Ni les entreprises ni les états ne doivent pas faire exception à cette règle.

Faut-il boycotter, en vertu d’un choix éthique, même si la loi n’oblige pas à prendre ce type de mesures ?

Oui, et selon le contexte particulier du consommateur, de l’entreprise, ou de l’état en question.

Les justifications rationnelles sont multiples. La stabilisation des opérations courantes ou les produits ou services de remplacement se trouvent déjà sur le marché ou peuvent être crées par des nouvelles entreprises. Les prix supplémentaires qui sont payés dans ce cadre s’oublie aussi. Mais l’atteinte à la réputation et les pertes financières qui peuvent suivre ne doivent pas être négligés. Quand aux consommateurs finaux, ceux-ci font dorénavant leurs achats auprès des entreprises qui respectent certains critères environnementaux, sociales et de gouvernance éthique (ESG).

activisme sociétal et politique dans les entreprises ESG par Elena Debbaut, consultante en entreprise

Lire plus: Elena Debbaut sur l’activisme sociétal et politique en entreprise

 

En même temps, un boycott devrait idéalement être confirmé régulièrement. Rien n’est définitif, et encore moins dans le monde des affaires, donc l’organisation ou la région ciblée par le boycott peut retrouver le droit chemin et retrouver sa juste place. Par exemple, la situation de l’Afrique du Sud qui a subi par le passé des boycotts suite à son régime basé sur l’apartheid.

Loin d’une approche opportuniste, ou parce que les autres le font, les analyses financières sont également en faveur des actions de boycott. Sans mentionner le bonus de la perception positive par rapport à l’éthique.

Albert Camus avait écrit “un homme sans éthique est une bête sauvage lâchée sur ce monde“. Et si on applique cette pensée au monde des entreprises aussi ? Et avec le temps, et les actions individuelles de chacun, peut-être que nous allons arriver à construire ensemble une société humaine plus juste, et qui fait correctement les “bonnes” choses. Idéaliste ? Peut-être, mais oh, combien réaliste.

Finalement, le boycott c’est toute une affaire, et un choix pas si individuel limité à un consommateur, une entreprise ou un état. Ce choix a un impact sur l’ensemble de l’humanité.

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

Déchiffrez les réalités du terrain, et ce qui se cache derrière les tendances du moment avec Elena Debbaut - conseil restructuration entreprises et projets en difficulté

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

L’ignorance comme stratégie d’entreprise est une pratique très répandue parce que le but principal de la réussite dans les affaires est de reproduire ce qui fonctionne. - Elena Debbaut dans l'essai d'économie et gestion sur l'ignorance comme stratégie d'entreprise.

L’ignorance comme stratégie d’entreprise

J’ai récemment donné une brève présentation sur les stratégies d’entreprise. Une question surgit dès les premières minutes parmi le public, en majorité des entrepreneurs expérimentés et bien reconnus dans la région. Quelle serait la meilleure stratégie d’entreprise en ce moment ?

La discussion a été vite animée et polarisée, à l’image de la société actuelle. Les idées plus nuancées n’ont pas eu beaucoup de succès, et pour cause, puisque ces approches sont malheureusement vouées à l’échec dans l’économie actuelle.

Les débats se sont résumés à deux grandes lignes d’approches stratégiques. Comme entrepreneur, faudra-t-il continuer à appliquer des principes éthiques, assurer un rôle social, et rester une petite entreprise locale ? Dans cette situation, et pour diverses raisons, il y a un risque réel que la survie ne soit pas assurée sur le moyen ou le long terme. Ou au contraire, prendre plus de risques, devenir une grande entreprise dans un court délai, casser les liens ainsi que le contrat social, et obtenir par tous les moyens un profit qui permettait, littéralement, d’aller faire des culbutes de quelques minutes comme touriste dans l’espace ?

Un entrepreneur est habitué à trouver des solutions en concordance avec ses valeurs. Mais le sentiment d’impuissance et l’état de presque désespoir de certains entrepreneurs était palpable. Un choix éthique: faire vivre son entreprise à tout prix, ou réaliser que les options stratégiques se sont fortement réduits dans le paysage entrepreneurial actuel. L’entrepreneur en Suisse se trouve devant un choix difficile.

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

 

Dans le monde des affaires, il existe un grand nombre de modèles stratégiques possibles. Il n’y a pas de recette toute prête, mais force est de constater que de nos jours, certains modèles stratégiques fonctionnement d’une manière diablement efficace, peu importe la taille de l’entreprise, son secteur d’activités, ou sa zone géographique.

 

L'implémentation opérationnelle de la stratégie d'une entreprise avec Elena Debbaut, Operating Partner Solutions et Consultante en Entreprise dans la gestion de crise

Lire l’article publié sur LeTemps: Elena Debbaut sur la stratégie d’entreprise: un échec annoncé sans la partie opérationnelle.

 

La plupart des stratégies actuelles, et présentées sous diverses étiquettes comme ‘agilité‘ ou le ‘blitzscaling sont devenues la seule recette qui peut garantir la réussite de toute entreprise, et cela dans un délai relativement court.

Vous l’avez peut-être constaté par vous-même en lisant dans la presse les scandales à répétition, et qui impliquent presque toujours les grandes entreprises. Et si vous regardez encore plus en détail, ces stratégies sont utilisées par la majorité des entreprises, voire des associations prétendument non-profit, et même par certaines typologies d’individus à tendances asociales comme les sociopathes et les psychopathes.

Toutes ces entreprises, organisations et personnes arrivent à réussir leurs coups avec une précision qui n’est plus le seul résultat de la chance.

La recette de nombreuses réussites actuelles n’a rien de magique et ne sont même pas liées à une bonne implémentation opérationnelle.

Ces stratégies consistent, entre autres, dans une communication marketing mensongère, des informations manipulatrices, des impostures économiques qui passent par des produits ou services minimum viables, des inversions des rôles, des prétendues erreurs ou oublis de communication en toute mauvaise foi, une dialectique éristique, et sans oublier les tactiques d’intimidation dignes d’un scénario de film avec organisations mafieuses.

Mais il y a pire: ces manières de faire des affaires sont données comme ‘exemples à suivre‘ pendant les formations des hautes écoles de commerce, ou par des coach-formateurs spécialisés dans la croissance d’entreprise.

Ces types de stratégies vont même jusqu’à encourager ses concurrents, ses partenaires, ses collaborateurs, et même ses clients, à faire des erreurs. Le tout, en prétendant d’aider. Cela revient à une sorte de hyper-normalisation d’un système dans lequel tout le monde connaît la vérité, la vérité est dite à plusieurs reprises, mais plus personne n’ose encore agir pour faire reconnaître la vérité puisque les représailles sont immédiates et fortes, et puisque après tout … les mensonges c’est presque devenu la nouvelle normalité.

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

 

En fait, il ne s’agit de rien de sorcier.

L’idée maîtresse est qu’une entreprise est seulement un système de maximisation du profit pour les actionnaires, et sans aucune responsabilité quant aux méthodes ou les tactiques stratégiques qui sont implémentées.

Ces actions permettent d’avoir un meilleur effet de levier, des économies d’échelle, et surtout, atteindre une taille plus grande en très peu de temps. En majorité, un tel système économique est composé et géré par des personnes capables de ‘jouer‘ avec les concepts éthiques, même pour tester les limites légales quand elles existent encore. Cela conduit de manière innée à des résultats sociopathiques, indépendamment de l’intention initiale purement économique.

Les résultats malheureux comme les scandales à répétition et les crises ne devraient pas être une surprise, étant donné les conditions fondamentales du système. Les stratégies d’entreprise actuelles ne font que s’adapter à un tel système.

Dans le cadre de ces stratégies, une entreprise ou un individu essaye d’augmenter l’ignorance de son concurrent, tout en diminuant la sienne.

Il s’agit de la fameuse théorie des jeux.

Cette théorie appartenant à un domaine des mathématiques s’applique à tous les domaines et consistent à identifier les réactions stratégiques des intervenants. Sauf que les règles du jeu actuel n’est plus à tour de rôle, ni basé sur le respect des règles communes.

Pour diverses raisons, et notamment législatives, le jeu actuel ne peut même plus arriver à un équilibre de Nash. La situation économique actuelle ressemble furieusement à un combat de rue entre plusieurs gangs. La situation économique actuelle n’est même plus un match de boxe avec règles claires et un arbitre.

C’est chacun pour soi, et personne pour personne.

 

La face cachée de l'économie numérique, un essai d'économie et gestion, par Elena Debbaut

 

Voici pourquoi dans le monde actuel des affaires et aussi quelques typologies de relations personnelles, l’accent est régulièrement mis sur l’ignorance.

Certaines entités sont même devenues des maîtres à créer le doute ou l’incertitude. Il existe une multitude de formations et livres qui partagent ces méthodes comme quelque chose qui peut être appris, fabriqué, maintenu, et manipulé par des moyens scientifiques. Ou plus communément exprimé, c’est de la science et les arts du bullshitage et ses conneries fumeuses exposées au grand jour. Et sans même s’inquiéter de conséquences.

Ne rien dire au client, cacher les petites lettres, faire des promesses intenables, s’excuser mais continuer comme avant, utiliser des mots dénués de sens réel, et quand les choses se compliquent, il suffit de changer le nom.

Les exemples ne manquent pas.

C’est révoltant: ces méthodes sont devenues des pratiques usuelles.

Ce type de stratégie est une idée qui se prête très facilement à la paranoïa et un manque de confiance chronique. Et pour cause: ce n’est pas évident de réaliser que certaines entreprises ou personnes cachent des informations juste dans le but de s’enrichir au détriment de plus faibles, ou ne veulent pas que vous sachiez certaines choses, ou travaillent activement pour organiser le doute, l’incertitude, et la désinformation pour maintenir l’ignorance.

Encore: prétendre le contraire de ce qui a été convenu et noté. Le gaslighting ou le détournement cognitif en fait aussi partie.

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

 

Le rôle d’un chef d’entreprise est de justement, réduire l’ignorance et prendre les bonnes décisions. Mais aujourd’hui, cette tâche est devenue très difficile.

Par exemple, les données chiffrées comme la taille du marché ou les chiffres de ventes ou les parts de marché ne suffisent plus à elles seules. Les acteurs de mauvaise foi sont devenus plus nombreux, à tel point qu’un chef d’entreprise ne sait même plus à qui faire confiance. Tout est devenu plus complexe. L’entreprise est devenue un écosystème en soi, et qui évolue dans un écosystème économique tout aussi fragmenté.

Cette complexité n’est pas mauvaise en soi, parce que c’est une suite logique de l’évolution de la société, et notamment les évolutions technologiques.

Le cadre législatif et qui offre les mêmes règles de jeu doit également être aussi adapté, et vite. Mais c’est exactement ce point qui pose les problèmes les plus insurmontables. Le système actuel est hors tout contrôle, et n’a plus de règles claires pour tous.

Il suffit d’ajouter encore des tactiques psychologiques. Ainsi, tout chef d’entreprise risque de perdre sa raison et sa santé mentale, et bien avant celle physique causée par ses nombreuses heures de travail. Comme entrepreneur, à qui faire confiance ?

Quand un compétiteur s’adonne à des pratiques douteuses et intimidantes pour signer un contrat, ou proposer des conditions-arnaque, et récupère ainsi des clients, quel est le choix restant pour l’entreprise lésée ? Quand des entreprises respectent les lois existantes alors que d’autres arrivent à y échapper ou jouer avec ses limites, comment réagir ?

Expliquer au client, entre autres exemples, que les tarifs plus élevés sont le résultat d’un environnement plus respectueux et transparent envers les clients et les collaborateurs ? Ou que le compétiteur ne peut pas, ni techniquement, ni légalement, ni commercialement offrir tel ou tel service ou produit à un tarif défiant toute concurrence ? Ou encore, qu’il existe des lois, mais que trop souvent, les lois sont devenues inapplicables pour diverses raisons, notamment financières ?

Le client, lui, a la fâcheuse habitude de faire le choix le plus simple pour soi, et qui consistent à penser avec la tête dans le porte-monnaie, et aller voter avec les pieds.

A nouveau, c’est une attitude très sage de la part du client, mais … la situation est plus complexe, et la situation macro-économique suite à ses choix individuels est le moindre de ses soucis.

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

 

Est-il possible d’éliminer l’ignorance ?

La réponse est non, parce que le système économique actuel ne le permet pas.

Ce n’est pas très positif comme message, mais c’est la volonté et la conception même du système économique actuel. Il suffit de constater par soi-même. Par exemple, pour certains produits et services, même les prix de vente ou les niveaux des salaires à l’annonce d’un poste libre ne sont plus indiqués, sans mentionner les entreprises multimilliardaires qui optimisent leurs profits et ne payent quasiment pas d’impôts. Ceux et celles qui dénoncent de telles dérives sont intimidés, harcelés, humiliés, ridiculisés, chassés pour leur idéalisme ou leur naïveté, ou les deux.

 

La propagande entrepreneuriale, un essai d'économie et gestion écrit par Elena Debbaut, consultante en entreprise et gestionnaire de crise

 

L’ignorance comme stratégie d’entreprise est une pratique très répandue de nos jours parce que le but principal de la réussite dans les affaires est de reproduire ce qui fonctionne.

Tant qu’un cadre légal rapide et efficace n’existe pas, le jeu du marché n’existe pas non plus.

Le chef d’entreprise se trouve actuellement à procéder soit d’une manière similaire à ses compétiteurs et avancer vite peu importe les coûts humains ou au niveau de la société, ou au contraire, faire un choix éthique et prendre un retard économique qui peut lui être fatal. Or, l’éthique est seulement une valeur, et celle-ci n’est pas légalisée.

Dit-on que tout est juste en amour et en guerre.

Oui, c’est correct dans l’absolu, mais en même temps, je reste fidèle au conseil qui consiste à dire que les accords équitables peuvent toujours être conclus malgré le contexte difficile de l’économie actuelle.

Je le soutiens toujours: la longévité d’une entreprise vient de la valeur de la marque. Les ajouts répétés de valeur sont transparents pas seulement pour le client et l’entreprise, mais aussi pour la société dans son ensemble.

La perception d’impuissance des entrepreneurs est une caractéristique du système économique actuel. Si vous êtes sur ce blog et jusqu’à la fin de cette publication, alors vous connaissez, vous aussi, ce sentiment d’impuissance.

Malheureusement, en absence de règles et lois communes, et à quelques exceptions près, une entreprise n’a plus beaucoup de choix stratégiques.

L’ignorance, comme stratégie d’entreprise, reste toute une affaire.

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

 

Déchiffrez les réalités du terrain, et ce qui se cache derrière les tendances du moment avec Elena Debbaut - conseil restructuration entreprises et projets en difficulté

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

Conseils création entreprise start-up en Suisse, avec Elena Debbaut, consultante en entreprise et gestionnaire de crise

La propagande entrepreneuriale

L’entrepreneuriat est mort. L’écosystème des nouvelles entreprises est dysfonctionnel.

Cela choque ?

Pas tant que ça, vous l’avez peut-être senti instinctivement dans le parcours de vos amis ou autres connaissances qui se lancent comme “entrepreneurs” d’une start-up et tentent de faire fonctionner une telle structure, alors qu’ils déménagent chez leurs parents, ou dans un pays avec un coût de la vie plus réduit. Trop souvent, derrière leurs messages faussement optimistes se cache une déception et une souffrance réelle.

Vous avez peut-être déjà lancé une ou plusieurs entreprises, et avez constaté que le marché n’est pas seulement hyper-concurrentiel, il est aussi cruel et maléfique, sans aucune protection légale réaliste. Vous avez peut-être aussi lu les titres de presse quand le “gagnant du marché” élimine sa compétition par une position de quasi-monopole, mais sans être le meilleur, seulement par un accès à des investisseurs favorables envers un modèle d’affaires immoral. Vous-même ou vos connaissances ont peut-être aussi vécu quelques histoires malheureuses, comme employé, stagiaire, ou client de ce type d’entreprises.

Partout dans le monde, nombreux sont les entrepreneurs intelligents, compétents et réellement innovants qui ne se lancent même plus dans l’aventure entrepreneuriale, car ils savent que les chances de succès sont beaucoup plus réduites que par le passé. Voire même inexistantes pour certains secteurs d’activité. Soyons clairs: la création d’entreprise a toujours été faite dans la douleur. Mais quand un jeu est triché, sans règles communes, et les chances de gagner se trouvent à zéro … alors y participer s’avère inutile. Le résultat est une sorte de démission au niveau de la société. Ou un abandon, sans même avoir essayé.

Culturellement, les pays asiatiques croient beaucoup dans les notions de travail et la chance. Mais même la Chine se trouve actuellement en état de rupture. Sa jeunesse commence à pratiquer une nouvelle philosophie d’abandon “tang-ping” et comme vous pouvez lire dans ce récent article du journal LeTemps: https://www.letemps.ch/societe/desabusee-desireuse-stress-jeunesse-chinoise-veut-rester-allongee. La nouvelle génération de jeunes dans les pays occidentaux pratique cette attitude depuis longtemps encore. Paradoxalement, cette nouvelle tendance de société est hautement entrepreneuriale, parce qu’elle consiste à optimiser les résultats selon les conditions existantes.

Loin des histoires à succès qui sont fortement médiatisés, ou le prétendu amusement dans le parcours entrepreneurial, ou encore les belles théories dans les livres pour les chefs d’entreprise, c’est plutôt ça la réalité du terrain. La nouvelle tendance de l’entrepreneuriat s’apparente à un spectacle de “gladiateurs uberisés” et qui se bagarrent sans loi ni foi pour quelques miettes, au lieu d’une réelle prospérité pour la société dans son ensemble.

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

 

Table des matières

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

La vitalité entrepreneuriale est un nuage de fumée

Cet énoncé n’est pas une surprise pour les entrepreneurs et les investisseurs expérimentés. De nos jours, l’entrepreneuriat est souvent un choix forcé, par manque d’autres options viables dans l’actuelle économie numérique. La prétendue vitalité, bien appuyée par les chiffres impressionnants quant aux entreprises enregistrées, n’est qu’un simple coup d’épée dans un nuage de fumée à forte saveur marketing.

Et non, le seul nombre des entreprises enregistrées ou leur valorisation irréaliste n’est jamais un indicateur de réussite. Le nombre des postes de travail théoriques ou les prétendues innovations qui sont annoncés par voie de presse non plus.

La réalité des faits est cruelle: un très grand nombre des “nouvelles entreprises” s’apparentent plutôt à un hobby de dimanche, entre la vente des graines pour le petit-déjeuner, la fabrication de cupcakes, limonades, lessives, ou quelques services à la personne. La multiplication des “coach” qui les accompagnent, et qui savent encore moins que le fondateur, est un triste spectacle, avec des marionnettes délabrées et poussiéreuses.

Malgré leurs communications marketing, ces nouvelles structures n’ont absolument rien d’innovant, elles s’adressent à un marché surchargé, ou trop fragmenté, ou qui est difficile à faire grandir en taille, ou au pire, qui est très peu profitable sans un grand volume de ventes, et l’atteinte sauvage d’une position de quasi-monopole à l’international. Entre autres difficultés, la compétition en provenance des pays à plus faible coût salarial, le vol constant de sa propriété intellectuelle et les coûts significatifs pour leur défense n’arrangent pas non plus les choses.

Pire encore, un trop grand nombre d’entreprises sont sous-capitalisées, avec seulement quelque 20 à 50 milliers de francs comme fonds de départ, ou une marge opérationnelle tout simplement misérable et inférieure à 5%, mais qui ne permet pas d’en vivre, et encore moins de se développer ou créer. Quant à la levée des fonds à plusieurs millions pour aller à l’international, il ne s’agit que d’une immense dette pour pouvoir manipuler le concept de l’effet réseau (“network effect“). En effet, l’obtention d’un prêt qui se mesure au minimum en quelques dizaines de millions n’est jamais un signe de vitalité, mais celui d’un dysfonctionnement important. Par le passé, ce n’était pas possible d’aller à l’international si “facilement” ou devenir une “grande multinationale” en quelques mois. Le profit de sa propre entreprise était une condition indispensable pour arriver à ce stade.

En même temps, il existe des entreprises à bon potentiel qui nécessitent des investissements très importants, compte tenu de la complexité du service ou du produit.

Malheureusement, les financements obtenus par voie “normale” sont trop souvent insuffisants pour un développement rapide, et telles les exigences actuelles du marché. Le “bruit” des entreprises sans potentiel est plus fort. Les fondateurs talentueux souffrent. En effet, il suffit qu’un autre fonds d’investissement fasse le choix d’un autre “gagnant” du marché. Pour certaines entreprises, ce n’est même plus le meilleur produit ou service qui gagne le client, c’est plutôt la famille du fondateur qui peut lui donner accès facilité à un meilleur carnet d’adresses, ou une meilleure somme comme fonds de départ permettant d’attirer les bons investisseurs. La chance d’avoir vu le jour au bon endroit.

L’entrepreneuriat moderne

Depuis les années ’60 déjà, la notion d’esprit entrepreneurial était glorifiée comme un moyen pour réussir sa vie professionnelle et personnelle. Une entreprise était souvent le résultat du travail initial d’un fondateur talentueux. Le fondateur presque toujours immigré, sans connaître la langue de son pays d’accueil, forcément jeune, sans carnet d’adresse, sans famille, et qui par la force de son travail acharné a poursuivi ses rêves, commencé sans argent, échoué plusieurs fois, et créé au final un service ou produit qui s’est bien vendu. Le tout, avec un bon mix marketing, le respect des lois, du client et de ses employés. La notion éthique est toujours discutable dans les affaires, mais la déontologie était une condition pour la réussite entrepreneuriale.

Ce schéma se retrouve de manière similaire un peu partout dans le monde. D’ailleurs, les livres destinées aux chefs d’entreprise se basent surtout sur des notions d’un autre temps, et souvent acquises principalement pendant la période des trente glorieuses.

La presse et le public adorent les histoires qui finissent bien.

Mais aujourd’hui, à l’exception de la fin heureuse, les choses ont évolué, et pas toujours en bien. La création d’une entreprise n’est pas devenu plus facile, ou plus complexe, c’est juste différent. Le mythe entrepreneurial actuel laisse penser que la création d’une entreprise, son expansion à l’international, et son succès répondrait à un besoin du marché. Ou encore, que la création d’entreprise serait facilitée, et que chacun peut avoir sa chance.

Il y a une part de vérité, mais en pratique c’est … non.

Dans l’actuelle économie numérique, cette ancienne idée ne correspond plus aux besoins du marché.

L’identification d’un besoin du marché, qui permet de créer une entreprise viable et capable de créer un “cercle vertueux” au niveau de la société est dysfonctionnel. Pour certains secteurs d’activité, l’analyse du potentiel de marché se fait en quelques secondes et de manière totalement automatisée, sans aucun intérêt sur l’entreprise en soi ou son impact sociétal. Des entreprises qui ne devaient même pas exister mettent à mal celles existantes, et détériorent les conditions de travail et du marché. En effet, il n’y a rien d’innovant dans la prétendue création d’une plateforme d’intermédiaires pour les indépendants.

De plus, aujourd’hui, tout se copie, quel que soit le service ou le produit, ou sa difficulté. Sous le prétexte de “bien faire” le parasitisme et le vol est officialisé et se monnaye en plein jour, entre les listes des clients, les données, la technologie, les brevets, les services, les produits, et même quelques images et textes des articles de blogue. La création coûte de l’argent, alors que le vol est rapide et sans aucun investissement important.

L’éthique dans les affaires serait même une notion désuète. L’irrespect des lois est devenu presque une condition indispensable de réussite. Et même si un entrepreneur voyou se fait prendre, les procès sont longs et coûteux, avec des punitions ridicules par rapport aux gains réalisés entre-temps. Quelques tartuferies juridiques plus tard, et l’esprit des lois et la volonté des législateurs sont détournées en plein jour, sans aucune honte. Les approches éthiques sur le commerce dans les conventions internationales restent au stade d’une simple recommandation qui n’est même plus suivie.

A peine adoptée, la législation est déjà en retard. La technologie va trop vite. Les réglementations actuelles sont trop lentes pour arriver sur le marché. Le renforcement des lois ne peut plus toujours apporter l’ordre nécessaire à un écosystème sain pour les entreprises existantes ou en création. Les mauvais exemples se multiplient, restent impunies, et en voilà d’autres qui répètent la même “recette” d’un succès volé. L’irrespect des lois est devenu la nouvelle loi.

Malheureusement, la vitesse de changement de la technologie oblige les entreprises à aller aussi vite que cette évolution, mais souvent, c’est au détriment de l’éthique. Je ne suis pas la seule personne qui constate que cette dynamique est malsaine pour la société dans son ensemble. En même temps, un usage positif des technologies permettrait de réagir plus vite et renforcer les lois existantes, tout en offrant une adaptabilité constante aux nouvelles conditions du marché. Le potentiel positif est bien présent. J’en ai parlé plus en détail sur ces aspects dans mon livre sur la face cachée de l’économie numérique.

 

La face cachée de l'économie numérique, un essai d'économie et gestion, par Elena Debbaut

 

Le cercle vertueux de l’entrepreneuriat

Fort heureusement, il existe encore des exceptions à ce paysage sombre.

Ainsi, le marché européen est peut-être moins dynamique dans son ensemble, mais bien plus stable. Le marché suisse suit aussi cette tendance, bien qu’il y a d’autres spécificités qui y contribuent. Il y a ainsi un bon nombre des entreprises et collaborateurs de qualité qui réussissent sans vendre son âme, mais le chemin est plus long, moins rapide, et bien plus difficile. Les chances d’échouer avec une telle stratégie sont effectivement plus grandes, tout comme la possibilité réelle de se faire dépasser par une compétition étrangère qui méprise l’éthique et même les lois existantes.

Le succès d’une entreprise éthique est néanmoins plus solide et durable dans le temps.

Pour ma part, et depuis plus de 30 ans de vie professionnelle, je privilégie l’éthique dans les affaires, et je boycotte systématiquement tout pays, ou entreprise, ou personne qui présente des attitudes de voyou. Cette approche de boycott permet de faciliter les choix, surtout quand il s’agit de couper dans les coûts opérationnels pour les entreprises ou les projets en difficulté. En effet, les entités qui figurent sur ma liste de boycott ne sont pas seulement mauvaises, mais aussi très coûteuses par rapport à la qualité de leurs offres.

 

Elena Debbaut: conseils et quelques méthodes pour réduire les coûts opérationnels dans une entreprise en difficulté

 

Le monde des affaires et des entreprises n’est pas compliqué.

Une nouvelle entreprise crée un service ou un produit destiné à la vente. Les ventes répétées permettent à l’entreprise de s’agrandir, investir plus, créer de l’innovation, et embaucher de nouvelles personnes, produire plus, et vendre encore plus. L’entreprise et les personnes qui y travaillent payent des taxes qui sont utilisées à bon escient pour construire des écoles, des routes, ou établissements de santé. Dans la même ligne, une entreprise ou ses collaborateurs contribuent au développement d’autres entreprises par leurs achats d’autres services et produits. Ce cercle vertueux permet la création d’une stabilité économique et psychologique pour les personnes qui y travaillent, le développement d’autres entreprises, l’apparition de nouvelles véritables innovations, et au final, une région ou pays fort.

Le désastre entrepreneurial

Le problème actuel est qu’une trop grande majorité de personnes sont forcées d’aller vers un type d’entreprises qui ne permet plus de se développer ni investir ou embaucher, et créer ainsi un créer un cercle vertueux de l’entrepreneuriat.

Paradoxalement, un très grand nombre de ces nouvelles entreprises détruisent des postes de travail. Vous l’avez certainement déjà observé par vous-mêmes: le marché actuel est surchargé par des offres et services trop similaires, voire identiques, avec messages marketing et textes de pages web copiés carrément en entier depuis les autres publications qui apparaissent dans les premières pages en Google. La seule “différenciation” pour ce type d’entreprises est soit un marketing agressif qui est souvent externalisé dans les pays à plus faible coût salarial, soit l’exploitation d’une main d’œuvre sans autre choix viables, soit une course vers les prix et la qualité la plus basse.

Le marché n’est pas devenu plus compétitif dans le sens sain du terme.

Le marché actuel est devenu plus fragmenté, avec des milliers de micro-entreprises qui récupèrent quelques miettes, et quelques gros acteurs et groupes avec un statut de quasi-monopole. Pour un grand nombre de services et produits, l’illusion d’un “choix abondant” est seulement une duperie macro-économique. En réalité, le client a seulement le choix entre une entreprise avec un statut de quasi-monopole ou un fournisseur avec une capacité de service réduite et une qualité souvent à l’identique.

Cette situation se retrouve dans toutes les régions du monde; ce n’est pas quelque chose qui arrive seulement en Suisse.

Les régions et les états se retrouvent avec une grande cohorte d’entrepreneurs “start-upeurs” mais qui travaillent principalement en mode uberisé. Par exemple, en Suisse, et selon les chiffres de fin 2018, ce chiffre se situait à 594’000 personnes de condition indépendante. En d’autres mots, voici presque un demi-million de chômeurs déguisés, et qui ne figurent plus dans les statistiques officielles.

A l’échelle d’une région et d’un pays ce n’est pas joli à voir. C’est même très moche. Oui. Il faut rester réaliste, ce n’est pas tout le monde qui possède l’expérience stratégique et opérationnelle du terrain, avoir le capital de départ, et être capable de tenir un tel choix de carrière.

Les régions et les états investissent chaque année de millions dans diverses associations de “soutien à l’entrepreneuriat” et multiplient les programmes d’innovation, les concours avec prix qui ne couvrent même pas le temps pour y participer, et le nombre des personnes qui sont assez grassement payées dans le cadre de ces structures. Sans oublier les jolis sites web qui leur sont dédiés. En pratique, tout cet écosystème est une coquille vide: les montants accordés comme “aide” sont souvent comiques, tellement qu’ils sont petits, et ne peuvent pas apporter des résultats sur le terrain. De temps à l’autre, ces entreprises font la une des journaux parce qu’elles sont forcées de fermer pratiquement du jour au lendemain, et bien que leur valorisation théorique était considérée comme très intéressante.

Au final, les résultats sont décevants: très peu d’entreprises viables, encore moins d’innovation et production réelle par manque de fonds, et un nombre encore plus petit d’entreprises qui se développent pour créer de l’emploi ou acheter les produits ou les services d’autres entreprises. Ces entreprises ne peuvent pas contribuer à la société; elles coûtent plus cher qu’elles n’en rapportent.

Les budgets investis par les états dans le développement des nouvelles entreprises n’est pas toujours optimisé. Autant explorer d’autres solutions complémentaires, comme la création d’un revenu de base, en lieu et place d’investissements inutiles. J’ai été longtemps assez opposée à cette idée (je le nommais revenu de naze), mais le contexte actuel de l’économie numérique impose l’exploration de nouvelles solutions. Je parlerai plus sur ce sujet et mes observations, dans une future publication.

La viabilité d’une entreprise dans l’actuelle économie

L’époque où il était possible de lancer son entreprise tout seul dans son garage n’existe plus.

La viabilité d’une entreprise passe aujourd’hui principalement par la technologie de pointe, ou les sciences de la vie.

Or, ces entreprises ont un besoin accru en investissements, et qui se chiffrent en quelques centaines de millions de francs suisses. Des compétences pointues aussi. De plus, le cycle du développement de ce type de produits ou services est long. Malgré les jolis vidéos de promotion pour l’innovation par diverses structures de soutien, il est peu réaliste de penser que seulement 5 000 francs d’aide peut créer un vaccin dans sa salle de bain, ou encore, faire la soudure d’un système électronique miniaturisé sous le microscope qui se trouve sur la table de cuisine.

Le but non-avoué de ce type de fondateur est “se faire racheter” par une autre grande entreprise après le lancement d’un produit minimum viable, et continuer à y travailler comme … employé.

Voici l’entrepreneuriat uberisé.

Les grandes entreprises ont réussi à externaliser même le risque entrepreneurial.

Il ne faut pas rêver, les grandes entreprises et groupes qui “aident” l’écosystème des start-up ne le font que dans une démarche de communication à but marketing, ou le rachat préventif d’un futur compétiteur. En grande majorité, les grandes entreprises n’innovent plus et ne prennent plus de risque entrepreneurial; elles achètent des start-up.

Encore: même si ces nouvelles entreprises ne se font pas racheter, et arrivent à dégager un profit et persister vers l’indépendance, ces start-ups restent fragiles. Les salaires de leurs collaborateurs sont très inférieurs à la médiane du marché, quand il ne s’agit pas de postes sur base de “volontariat” au niveau de la direction stratégique et faux “stagiaires” autonomes avec plus de 15 ans expérience. Les postes de travail proposés par une telle start-up sont instables. Le personnel est trop souvent démotivé, quand il ne s’agit pas d’incompétence ou mauvaise foi. Et même si leurs collaborateurs de qualité souhaitent se reconvertir ou créer leur propre entreprise, ce n’est pas toujours possible par absence de capital, contacts d’affaires plus forts que ceux existants dans les “bonnes familles” ou l’absence de ses économies personnelles. Après avoir fait le tour des diverses association d’une hypothétique aide, ces entrepreneurs potentiels jettent l’éponge. Le cercle vertueux de l’entrepreneuriat n’existe plus.

Le décalage de l’écosystème entrepreneurial

Nombreux sont les futurs entrepreneurs qui n’ont absolument aucune idée du quotidien vécu par le fondateur d’une entreprise. Cette réalité n’est pas remplie d’une musique énergisante, ni de jolis paysages, ou une vie heureuse et équilibrée avec sa famille. C’est plutôt le contraire: un entrepreneur travaille du matin au soir, et possède peu de temps pour admirer la nature. Ses efforts sont trop souvent volés.

Comme entrepreneur qui vient de commencer ou qui envisage de l’être, il vous faudra donc bien s’informer, et ne plus croire toutes les publications optimistes et amusantes sur le lancement entrepreneurial, ou sur l’accès à un réseau secret après le paiement d’une cotisation, ou le quotidien rose d’un start-upeur heureux qui travaille dans un quelconque espace de co-working.

De nos jours, la création d’une entreprise est présentée comme une activité ludique. Or, c’est loin d’être le cas.

Le monde entrepreneurial est cruel et maléfique. L’économie avance tellement vite que les lois, alors quand ils existent, sont obsolètes en seulement quelques années. La participation au marché est une tricherie géante, puisque chaque joueur peut violer la législation existante et définir ses propres règles. Les attaques contre l’existence de son entreprise sont de plus en plus violentes. Les choix éthiques sont de plus en plus difficiles. Un entrepreneur est seul, avec toutes ses souffrances, et personne ne va l’aider. Dans une majorité de situations, un entrepreneur n’est même plus compris. Faire des affaires a toujours été compliqué, mais aujourd’hui c’est encore plus éprouvant.

Les nouveaux entrepreneurs doivent avoir conscience de cet état des faits. La création d’une entreprise dans l’actuelle économie c’est bien plus que les simples considérations stratégiques, financières, ou opérationnelles.

La création d’une entreprise est toute une affaire. Et même très sale.

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

Note: Cette publication présente seulement quelques extraits depuis mon essai d’économie et gestion dans la série “la face cachée de l’économie”. Commandez votre exemplaire auprès de votre libraire, en format électronique ou imprimé en format de poche, ou directement auprès de moi-même, Elena Debbaut. Je vous remercie pour votre soutien.

 

La propagande entrepreneuriale, un essai d'économie et gestion écrit par Elena Debbaut, consultante en entreprise et gestionnaire de crise

 

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

 

Déchiffrez les réalités du terrain, et ce qui se cache derrière les tendances du moment avec Elena Debbaut - conseil restructuration entreprises et projets en difficulté

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

Elena Debbaut: Toute stratégie d'entreprise possède un élément très important d'intuition. Et surtout, une bonne dose de chance.

Stratégie d’entreprise: un échec annoncé sans la partie opérationnelle

L’établissement et l’implémentation d’une stratégie d’entreprise est une activité très agréable quand l’implémentation est un succès, ce qui dans la pratique est rarement le cas.

La raison est évidente: en majorité, les tacticiens et les créateurs d’une stratégie n’ont pas toujours conscience quant aux difficultés de l’implémentation. En effet, il ne suffit pas de transformer en stratégie toute nouvelle idée, mais de bien analyser les alternatives, choisir seulement ce qui a le plus de chances de succès, et implémenter correctement sur le terrain, en fonction de processus déjà existants.

Alors, comment choisir et implémenter la bonne stratégie d’entreprise ?

La stratégie et le facteur temps

En théorie, la stratégie d’une entreprise est conçue pour le moyen et le long terme.

Effectivement, une bonne stratégie nécessite du temps pour être correctement implémentée à tous les niveaux.

Mais il y a quelques chiffres qui contredisent cette idée. D’abord, en 2016 déjà, la durée de vie moyenne d’une entreprise se situe à moins de 18 ans, soit entre 7 et 12 ans, selon une étude du cabinet de conseil McKinsey.

Concrètement, cela veut dire qu’une entreprise peut appliquer 1 à 3 stratégies majeures pendant l’entier de sa durée de vie.

Tout concept “stratégique” dont la durée se limite à quelques semaines ou quelques mois s’apparente plutôt à l’implémentation de quelques tactiques et méthodes déjà connues et appliquées ailleurs. Une entreprise ne peut pas collecter les idées, concevoir, analyser ses effets possibles, et implémenter une stratégie en si peu de temps.

Selon le cas, le but d’une stratégie est d’améliorer la viabilité d’une entreprise dans un délai de 3 à 7 ans. En même temps, comme vous avez pu voir plus haut, dans l’actuelle économie numérique, le futur n’existe plus pour une très grande majorité d’entreprises. Les concepts de “futur” et “entreprise pérenne” sont limités par la durée de vie moyenne d’une entreprise.

La conception stratégique

J’ai presque un demi-siècle d’existence, et une expérience de plus de trois décennies dans le monde des entreprises. Je m’en souviens encore de ma surprise suite à l’agitation qui avait gagné l’entreprise après la réception du mémo de convocation pour les “réunions et conception des plans stratégiques“.

Les directeurs étaient assez joyeusement excités.

Les collaborateurs des équipes opérationnelles étaient jaloux sur ce qui était perçu comme quelques “journées de farniente, tous frais payés” et dans un endroit digne d’une belle vacance.

La jalousie était justifiée.

Les équipes opérationnelles restaient confinées et limitées à une boîte à idées, laquelle boîte se trouvait sur un couloir avec très peu de lumière. La boîte à idées était en carton, et la qualité du contenant un peu pareil. Pendant le même temps, les directeurs étaient à l’extérieur, tous frais payés, et avec un bon repas matin, midi, et soir.

Le but de ces séminaires à l’extérieur était d’extraire et affiner quelques bonnes idées. Il fallait impérativement venir avec des idées à accrocher sur un mur. Ces idées étaient ensuite analysées de fond en comble, enregistrées, et catégorisées. Sauf quelques exceptions, il ne restait plus assez de temps pour faire des réflexions opérationnelles sur les plans stratégiques.

Tout à la fin de ces journées, la direction se disait: “Oh, regardez-moi tous ces post-it de couleur. Comme on a bien travaillé. C’est beau.” Pendant ce temps, les équipes opérationnelles avaient une toute autre réflexion. “En voilà encore des conneries.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

De nos jours, cette manière de faire n’a pas profondément changé.

Les lieux extérieurs ont été remplacés avec la salle de réunion dans laquelle quelques plantes agonisent de plus belle, ou ceux d’un espace de co-working en open-space et dans lesquels les nouveaux coachs d’entreprise vivent leur vie. Les idées sont aussi accrochées au mur, mais aujourd’hui il y a des feuillets en couleur et déjà découpés en diverses formes comme les nuages, petits cœurs, et signes d’exclamation.

Il y a même de la pâte à modeler et briques en plastique. Voyez-vous, c’est du “design thinking” moderne avec quelques gribouillis provenant d’une quantité impressionnante de crayons en couleur. Un vrai arc-en-ciel. Le tout, entre quelques petits croissants et cafés, des tables debout, ou quelques coussins par terre. Oui, c’est plus facile à ranger, moins de coûts pour une entreprise, et il semble que cela ajoute de la convivialité. Tiens, dans mes vagues souvenirs, cela ressemble à mes classes de maternelle dans les années ’70; mais sans le café.

Le résultat final de ces séminaires reste globalement le même que celui des pratiques passé: après quelques mois, plus personne ne s’en souvient encore de ces réunions stratégiques ou leur contenu, parti dans les bacs de récupération papier (écologie oblige).

Ces “stratégies” sont vouées à l’échec parce que la partie opérationnelle n’est pas couverte pendant la phase d’idéation. C’est un paradoxe. Les équipes opérationnelles ont besoin de connaître les activités journalières permettant l’implémentation d’une stratégie, mais la stratégie ne couvre pas cet aspect.

Soyons très clairs: une stratégie n’a pas comme but de détailler la partie opérationnelle.

En même temps, une entreprise a besoin pas seulement d’une vision stratégique, mais aussi d’une implémentation sur le terrain. C’est cela, la bonne stratégie d’entreprise: établir un lien entre la vision sur le moyen et le long terme, ainsi que les activités concrètes au niveau opérationnel.

L’implémentation d’une stratégie

En 2017, un article de Harvard Business Review avait fait beaucoup de bruit.

Et pour cause: cet article mentionnait que seulement 8% des membres de la direction sont suffisamment compétents autant sur le volet stratégie que celui implémentation opérationnelle.

 

Elena Debbaut sur le choix de la bonne stratégie et l'implémentation opérationnelle et processus.
– La stratégie et l’innovation en quelques chiffres, selon un article publié dans Harvard Business Review – retrouvez et téléchargez le format .pdf de cette infographie sur www.Debbaut.Solutions

Concrètement, cela veut dire que sur une centaine de dirigeants, seulement 8 d’entre eux sont bons autant sur le volet stratégie que celui de l’implémentation.

L’explication est que la plupart des dirigeants d’entreprise sont qualifiés et arrivent depuis une seule zone fonctionnelle comme les finances ou le marketing. Très souvent, cet aspect “familier” dicte la stratégie d’une entreprise.

Il y a pire: d’autres dirigeants ne possèdent absolument aucune compétence opérationnelle. L’aspect multi-fonctionnel d’une entreprise est négligé. Les entreprises commencent à s’en rendre compte, mais le recrutement de ces personnes est difficile par l’apparition de besoins technologiques très pointus. Les chiffres de 2017 sont donc aujourd’hui encore plus bas.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Afin d’augmenter la capacité d’implémentation, je recommande une approche qui combine les aspects “top-down” et “bottom-up“.

Assez souvent, les entreprises appliquent une ou l’autre approche, mais une combinaison adaptée au contexte de votre entreprise permet un meilleur retour. Les retours “bottom-up” de l’opérationnel permet de comprendre et adapter sa stratégie selon les réalités du terrain.

Cette approche permet un meilleur choix des options stratégiques ainsi qu’une adaptation constante et presque en temps réel.

Il y a plusieurs moyens permettant d’obtenir cet équilibre sans tomber dans l’erreur du micro-management, avec une gestion trop détaillée. Si la stratégie tient la route, avec l’indication claire de quelques activités concrètes, dans un langage clair et sans mots ou concepts à la mode, alors les équipes opérationnelles peuvent parfaitement prendre le relais et faciliter l’implementation.

>> Lire plus: Vous pouvez avoir plus de détails sur cette approche et l’infographique correspondante en suivant le lien suivant vers le document d’économie et gestion de 14 pages et presque 4’000 mots et intitulé Comment choisir et implémenter la bonne stratégie d’entreprise. Le lien direct vers mon travail: https://www.debbaut.solutions/fr/choisir-et-implementer-strategie-dentreprise/

Conclusions

Une stratégie d’entreprise ne doit pas seulement exprimer quelques idées, mais aussi le “comment y arriver” soit la partie opérationnelle. Il faudra également garder à l’esprit que toute stratégie d’entreprise possède un élément très important d’intuition. Et surtout, une bonne dose de chance.

Encore, une entreprise devra percevoir la stratégie à la fois comme un un processus créatif et en constante évolution, mais aussi comme une activité de gestion régulière. Les notions de “change the business” et “run the business” retrouvent ici tout leur sens.

Cette manière de faire est donc très orientée sur la pratique, et c’est la seule qui permet de “faire fonctionner” la stratégie.

Finalement, la stratégie c’est toute une affaire.

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

Déchiffrez les réalités du terrain, et ce qui se cache derrière les tendances du moment avec Elena Debbaut - conseil restructuration entreprises et projets en difficulté

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

L'innovation ne doit pas être perçue comme un concept simpliste pour augmenter les ventes - Elena Debbaut, conseils entreprise

Quand l’innovation est seulement un mot pour vendre plus

Fin 2019, j’ai reçu une boîte de biscuits.

Sur la boîte, le mot “PRODUIT INNOVANT” attire immédiatement mon attention.

Je n’ai pas compris comment ce banal biscuit pouvait être qualifié d’innovant; les ingrédients étaient celles d’une recette connue: de la farine, beurre, eau, levure. Est-ce que le fait de revenir à une fabrication classique était de l’innovation ?

Pendant que je lis les nouvelles, tout en croquant ce biscuit, je vois que le mot “innovation” se retrouve presque partout, et souvent, sans aucune justification quelconque.

Et si ce mot était utilisé seulement pour vendre plus ?

Une idée venue droit du département marketing pour cacher un dysfonctionnement de l’entreprise ? Une simple astuce pour augmenter les ventes d’un produit ou service qui manque d’innovation ?

L’innovation

L’innovation est assez facile à reconnaître, malgré les confusions avec des notions comme l’invention et l’amélioration.

 

Les différences entre innovation, amélioration et invention - présentation par Elena Debbaut

Lire l’article: Les différences entre innovation, amélioration et invention.

 

L’innovation change quelque chose d’existant, elle contamine par la force des idées d’autres secteurs d’activité, se développe de plus en plus vite, dans nombreux cas améliore la vie de millions de personnes, et amène la prospérité pour les entreprises, les emplois, la société dans son ensemble.

Dans d’autres cas, l’innovation est souvent perçue comme solution à presque tous ses maux, y compris contre la compétition, la situation du marché, l’attraction des nouveaux talents qui manquent, et même les dysfonctionnements organisationnels.

C’est presque magique.

Et voici comment une entreprise commence à déclarer l’innovation comme une “priorité stratégique” . Les grandes entreprises essaient d’innover à coup de grand investissements et Labs, départements, ou incubateurs qui sont spécialement dédiés à cette tâche. Même les petites PME savent qu’elles doivent suivre cette tendance.

En même temps, les chefs d’entreprise et les investisseurs se plaignent de l’absence des résultats.

 

L'innovation en quelques chiffres, selon les données cabinet conseil McKinsey et PWC - infographie par Elena Debbaut
– L’innovation en quelques chiffres, selon les cabinets conseils McKinsey et PWC  –
retrouvez et téléchargez le format .pdf de cette infographie sur www.Debbaut.Solutions

Une enquête du cabinet McKinsey sur l’innovation avait découvert que seulement 6% des chefs d’entreprise sont satisfaits avec la performance de leur innovation. Et ce sont les chiffres du 2016. Toujours selon cette étude qui a fait pas mal de bruit à l’époque, pas moins de 84% considèrent que l’innovation est importante pour la croissance de l’entreprise.

Ces chiffres se retrouvent sous d’autres étiquettes dans d’autres analyses.

Par exemple, une analyse comparative de l’innovation du cabinet de conseil PWC avait constaté en 2017 que 54% des chefs d’entreprise ont de la peine avec l’innovation et 72% n’arrivent pas à dépasser ses compétiteurs.

Comment cela est possible pour une entreprise qui a la prétention d’être innovante ?

L’engouement pour l’innovation

L’innovation reste encore à la mode, même en 2020.

Il y a des années en arrière c’était la disruption par les petites entreprises (qui à coup de millions d’investissement deviennent des unicornes monopolistes en très peu de temps avec un produit ou service médiocre), auparavant, les talents (qu’il faut les appâter avec jouets et bananes), l’externalisation (implémentée plutôt comme réduction des coûts au détriment des expertises existantes), et toutes sortes d’autres idées.

Les nouvelles idées, c’est bien.

Le problème avec les nouvelles idées c’est qu’une fois qu’elles deviennent dominantes, elles perdent assez rapidement tout le bon sens et la logique. Avec le temps, le message initial se retrouve modifié, comme dans un téléphone sans fil. L’innovation actuelle ne fait pas exception, avec sa pléthore de séminaires, congrès, formations, chefs CIO’s (rien à voir avec le comité olympique) et experts autoproclamés.

En pratique, l’innovation est lancée sans aucune analyse préliminaire, sans stratégie, et sans même prendre en compte la gestion des opérations. Au final, aux échecs presque annoncés se rajoutent d’importantes pertes financières qui mènent directement à la faillite, ou des licenciements de masse et externalisations. C’est donc l’effet inverse qui est obtenu.

Pourquoi ?

L’idée à elle seule ne possède pratiquement aucune valeur, c’est l’implémentation qui compte le plus.

 

Le pire ennemi de l'innovation est l'envie d'innover à tout prix - conseil innovation opérationnelle Elena Debbaut

Lire l’article: Le pire ennemi de l’innovation est l’envie d’innover à tout prix.

 

L’innovation, les opérations et la stratégie

1 – L’innovation

Dans le monde des entreprises et plus particulièrement dans les startups, l’innovation est devenue presque obligatoire. Mais elle reste souvent au stade d’un simple mot.

En effet, la plupart des entreprises ne possèdent pas suffisamment de ressources humaines et financières pour soutenir les efforts nécessaires à un processus d’innovation. Souvent, la notion d’innovation est comprise par la plupart des entreprises et futurs entrepreneurs:

  • comme une copie d’une idée ou d’un modèle d’affaires qui semble fonctionner chez un compétiteur
  • qui se trouve dans les grâces (temporaires) des investisseurs
  • et bénéficie d’une bonne couverture médiatique dans la presse.

Et les choses s’arrêtent là; les aspects opérationnels de l’implémentation sont à peine survolés. Il est assez courant d’avoir cette confusion entre l’idée initiale et le processus d’innovation. Dans le cas de l’innovation, le lien entre la stratégie (le pourquoi) et les opérations (le comment) est encore plus négligé.

 

Lire l’article: Quelques fausses idées sur l’innovation.

 

La plupart des personnes qui travaillent au niveau C-level ou direction arrivent dans une entreprise en pensant systématiquement que la stratégie serait le seul élément qui compte et que la partie opérationnelle se doit d’être “déléguée” depuis le haut d’une tour d’ivoire.

Cette idée est très répandue surtout avec le tout nouveau c h o u c h o u département qui est celui “responsable des innovations“.

En vertu de cette fausse idée, voici comment se met en place une traque agressive des investisseurs. Par la suite, il suffirait de simplement exiger l’implémentation, mais sans posséder les compétences opérationnelles pour savoir ce qu’il faut demander. Un aspect qui n’est pratiquement jamais abordé c’est la livraison et la stabilisation d’un produit ou service “minimum viable” (MVP ou MVS).

Et voici comment l’innovation tourne au cauchemar pour le client.

2 – Les opérations (=le comment)

En pratique, les entreprises savent très bien que la partie opérationnelle et exécution est plus importante que la simple phase initiale des idées. Et que ces opérations ont un coût payé par le client final.

Les responsables ou directeurs de l’innovation pensent être embauchés pour “établir une stratégie d’innovation” mais concrètement, tout ce qu’ils font c’est gérer les opérations courantes ou réparer sur le terrain une mauvaise livraison d’un service, un produit ou logiciel quelconque; tout en gardant un œil attentif sur le budget et les ressources.

À cela se rajoute la confusion sur la complexité de l’innovation. Effectivement, pour innover il faut bien délivrer un produit ou service qui soit viable commercialement et profitable, pas seulement venir avec quelques idées.

Voici pourquoi la “déception” quand ces personnes comprennent que seule l’annonce du poste était “innovante” et finalement, assez bien présentée pour vendre un emploi de gestion et purement opérationnel. L’élément stratégique (soit la vision d’ensemble) n’a jamais existé, par conception. Le rêve d’être au même niveau, voir même dépasser les grands leaders charismatiques qui changent le monde avec une idée était seulement … un mirage.

L’innovateur est ainsi frustré rapidement, donc il décide de se lancer comme indépendant pour implémenter ses propres idées.

Ce phénomène se retrouve dans pratiquement toutes les entreprises.

3 – La stratégie (le pourquoi)

Peut-être vous avez déjà eu l’occasion de discuter ou rencontrer un entrepreneur qui a décidé de créer une entreprise sur la seule base de ses idées innovantes.

Pendant la recherche des fonds, le discours de ces entrepreneurs se limite très souvent à un enthousiasme et une énergie presque sans limites. Après tout, les histoires à succès ne manquent pas: il suffirait de venir avec une bonne idée pour créer des unicornes et des grandes entreprises, reconnues partout dans le monde.

En pratique, il faut bien plus pour réussir.

Est-ce que l’élément stratégie est présent et apporte la structure nécessaire aux opérations, et cela depuis la phase initiale à la livraison finale et la maintenance ultérieure ?

Cet élément est souvent absent.

Le lancement d’une présentation “allons innover dès demain, mais seulement entre 9h et 18h et après quelques séminaires et recherches d’idées chez les compétiteurs” – le tout parsemé de quelques citations fameuses sur les réussites spectaculaires n’est pas de la stratégie. Et ce n’est même pas de l’opérationnel.

En pratique, il s’agit à peine d’une “idée d’action” avec “quelques tactiques“. Or, cette construction est instable; il manque autant la partie planification stratégique que la partie opérationnelle. Les quelques éléments tactiques qui peuvent être confondus avec la gestion des opérations ne se substituent pas à la stratégie.

La gestion de l’innovation

La gestion de l’innovation est encore une chose qui est mal comprise.

La gestion de l’innovation est aussi un processus, tout comme le processus d’innovation. Les deux peuvent sembler identiques, mais ne le sont pas.

La confusion arrive parce que la gestion de l’innovation a une approche plus globale qui s’applique à l’ensemble de l’entreprise.

 

L'innovation est avant tout un processus. Elena Debbaut - conseil entreprise et restructuration projets en difficulté

Lire l’article: Le processus d’innovation.

 

La gestion de l’innovation couvre donc le cadre général, y compris la stratégie de l’innovation et les opérations d’entreprise. Revoir le concept: “run the business & change the business” – “gérer l’entreprise et changer l’entreprise“.

En d’autres mots, il s’agit d’intégrer l’innovation dans les opérations courantes d’une entreprise. Les opérations courantes d’une entreprise passent par des notions comme les équipes, les responsabilités, les ressources et équipements, gestion des risques, processus, coopérations et échanges entre diverses zones fonctionnelles, contrôles, optimisations. Le but final des opérations d’une entreprise est de délivrer et vendre un produit ou service profitable.

Le processus d’innovation est une sorte d’exécutant qui découle du cadre général de la gestion de l’innovation. Ce processus d’innovation ne doit pas être limité à un seul département, mais l’appliquer partout où cela est utile et possible.

C’est surtout ce processus qui permet d’atteindre l’excellence opérationnelle et en même temps, délivrer le produit ou le service innovant.

 

Voici pourquoi une entreprise a besoin de processus fiables - Elena Debbaut

Lire l’article: Voici pourquoi une entreprise a besoin de processus fiables.

 

Le fait de venir avec des idées n’est pas une gestion de l’innovation. Déclarer que l’innovation est une priorité stratégique et l’octroi d’un budget non plus. La création d’une équipe “responsable de l’innovation” encore moins.

Et pourtant, des nombreuses entreprises se limitent à ces activités; la création d’une équipe dédiée étant souvent perçue comme le summum de l’innovation.

Désormais, c’est leur travail pour “innover“.

L’innovation qui n’est pas de l’innovation

Une recherche avec le mot “innovation” sur un grand réseau professionnel donne pas moins de 5 198 297 résultats. Oui, en ce début 2020, il y a plus de 5 millions de personnes dans le monde dont le titre du poste contient ce mot.

Presque toutes les entreprises se vantent sur leur capacité innovante. Ce mot est présent partout: sur leur site web, sur les réseaux sociaux, dans leur philosophie et vision d’entreprise, dans les diapositives de présentation faites dans le cadre des grands événements. Les employés rajoutent aussi des louanges de “fiertécomme une sorte de chœur géant à la gloire de l’entreprise innovante.

Après tout, voici toutes ces personnes qui travaillent pour innover. Et nous, on en fait partie: l’élite de l’innovation.

Ce spectacle continue à l’intérieur de l’entreprise, pendant les longues heures de “réunion stratégiques” et où il est plutôt question de “créer un besoin” sur le marché – au lieu de l’écouter attentivement.

Ainsi, très rapidement, un écosystème malsain se met en place.

Que se passe-t-il quand la direction ignore volontairement, et pour des raisons purement politiques, des sources d’innovation importantes comme les besoins du marché ou le retour des clients existants ? Ou quand les équipes de production attendent sur les idées trop théorétiques du département d’innovation ? Ou quand le cycle de mise sur le marché est raccourci au minimum pendant que les risques sont augmentés de manière irréfléchie ?

Le signal donné aux équipes opérationnelles est clair: “livrer vite et peu cher” et cela même si ce n’est pas toujours réaliste, éthique, ou possible. Les départements marketing et ventes comprennent qu’il faut “vendre beaucoup, très vite” . Quand le marché ne suit pas et la direction s’impatiente au vu des montants investis, alors la tentation est très forte pour “forcer” le passage des clients vers les produits et services prétendument innovants. Seule la poursuite du profit rapide est imposée, et cela, au détriment du cercle vertueux d’améliorations constantes mais basées sur un retour des cycles d’itération.

Et voici comment des mauvaises pratiques commerciales mais déguisées comme “innovation” sont presque devenues la nouvelle norme pour vendre et faire des affaires.

Conclusion

Nombreuses sont les entreprises qui utilisent le mot innovation, alors qu’en réalité, la plupart de leurs équipes, cadres et directeurs ne font que manier quelques mots à la mode.

La gestion de l’innovation devrait permettre d’améliorer le service ou le produit qui est proposé au client final. Mais en pratique, cette notion se résume à “obtenir la vente, même si pour cela il faudra mentir au client” avec un produit ou service “minimum viable“. Ceci n’est pas de l’innovation, c’est seulement une entreprise qui, en utilisant ce mot dans un but purement marketing-ventes, cherche à grappiller quelques pourcentages de parts de marché. Dans ce contexte, l’innovation ne doit pas être perçue comme un concept simpliste pour augmenter les ventes.

Les situations dans cet article ne sont pas si rares que cela et conduisent invariablement à la crise. Les solutions pour résoudre ces problèmes ne sont pas simples, et il n’y a pas de “recette toute prête” .

En règle générale, je conseille aux entreprises de commencer à améliorer en premier lieu les opérations orientées client, comme ceux permettant un gain de réactivité, coûts et qualité, une meilleure logistique de production et temps de livraison réduit. Ensuite, l’entreprise devra résoudre les problèmes latents; par exemple ceux liés aux processus. Pas dernièrement, une entreprise doit constamment adapter sa stratégie d’innovation selon sa situation sur le marché. Ces étapes peuvent être exécutées en parallèle.

En procédant ainsi, il y a des belles opportunités pour la découverte et le développement d’une véritable innovation.

Une gestion adéquate de l’innovation permet de faire remonter les signaux donnés par les clients et les employés. Une entreprise peut développer les nouvelles idées selon les critères principaux: la bonne idée, le bon moment, la bonne profitabilité, et si affinité avec la stratégie d’entreprise. Ainsi, l’entreprise facilite la création de l’innovation.

Le mot “innovation” à lui seul, peut faire vendre beaucoup, mais pas pour longtemps.

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

Déchiffrez les réalités du terrain, et ce qui se cache derrière les tendances du moment avec Elena Debbaut - conseil restructuration entreprises et projets en difficulté

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

Les meilleures qualités d’un fondateur d’entreprise sont l’adaptabilité et la rigueur. Elena Debbaut

Quelles sont les qualités recherchées par un fond d’investissement pour un fondateur d’entreprise ?

Pendant ma carrière de presque 3 décennies, il m’est arrivé assez souvent de rencontrer des entrepreneurs et fondateurs de start-up.

Ils sont tous très enthousiastes par rapport à leur nouvelle idée d’un produit ou service innovant, qui, il va de soi, va révolutionner, disrupter, et changer les règles du jeu et même le jeu lui-même, tant qu’on y est.

Toutes ces démarches sont faites avec l’espoir de convaincre sur sa capacité à accomplir quelque chose de vraiment important et rester dans l’histoire des 20 prochaines années (au minimum) tout en faisant la une des divers médias (chaque jour, si possible).

Ça … c’est le discours usuel.

En pratique, la réalité est un peu différente.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Avant toute chose, les fondateurs d’une entreprise cherchent à appâter les investisseurs.

Il s’agit d’une démarche justifiée quand l’idée a été validée avec un esprit critique par rapport au potentiel et quand son développement serait ralenti par manque de ressources pour l’implémentation, surtout pendant les premiers stades du développement de l’entreprise.

Il y a également des secteurs spécifiques où les fonds de départ sont indispensables pour venir avec un concept qui dépasse le stade d’idée.

Après l’excitation initiale, c’est surtout sur le point financier que les choses se compliquent.

La raison est simple: les investisseurs, peu importe le domaine, cherchent à rapidement trier toute cette masse de personnes inexpérimentées et totalement déconnectées de la réalité du terrain. Ce triage est rapide.

Les fonds sont importants pour le début et le développement d’une entreprise, mais ce qui compte plus que l’idée c’est la capacité opérationnelle d’implémenter cette idée avec l’argent des autres personnes.

Un investisseur souhaite avoir un retour sur son investissement (en temps ou argent).

C’est aussi simple que cela.

Juste pour mettre cette notion en perspective: cet objectif de retour sur investissement est identique pas seulement pour les organisations à but commercial, mais aussi pour celles actives dans le secteur non-profit, et même pour les particuliers dans la vie de tous les jours.

Un investisseur avisé possède la capacité d’identifier très rapidement le potentiel d’une nouvelle idée. Ce n’est pas pour rien que les personnes et les sociétés de capital-risque sont perçues comme étant “froides” car ayant un fort esprit des chiffres, en plus d’un esprit critique assez bien prononcé.

Mais ce n’est pas seulement les chiffres qui sont analysés pendant une demande de financement. C’est aussi les qualités humaines et organisationnelles qui sont évaluées.

Cependant, il faudra retenir que le but principal d’un investisseur n’est pas de changer les comportements des fondateurs et encore moins de les pouponner – pour cela il existe divers services de soutien de start-up et mentoring individuel.

Le but de cet article n’est pas non plus d’apprendre comment obtenir ces investissements, mais quel est le mécanisme d’évaluation qui s’applique à un grand nombre de fonds et fournisseurs en capital-risque. En effet, les critères d’évaluation peuvent varier de manière significative, selon le secteur et les spécialisations qui sont recherchées.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Mais que faut-il avoir comme capacité essentielle, afin de convaincre les investisseurs à signer le chèque si attendu ?

Il s’agit d’une question qui revient régulièrement.

Est-ce le charisme des grands chefs d’entreprise, aujourd’hui très médiatisés ? Est-ce la capacité de croire dans son idée ? Est-ce le succès du passé ? Est-ce la formation ?

Ou l’intelligence ? Ou la capacité de constituer une équipe ? Ou la capacité de diriger et inspirer une vision ? Ou l’expérience passée d’une excellence opérationnelle pour bien mener à terme son projet ? Ou la capacité d’entrer en détail tout en gardant une vision d’ensemble ?

Est-ce tout simplement le potentiel de l’idée, la grandeur du marché et l’intérêt des clients ?

Quelques investisseurs et fonds spécialisés ont des critères précis avant de s’engager d’un point de vue financier et selon le cas, opérationnel. Cela peut être un domaine spécifique comme la technologie, ou la durabilité et l’écologie, ou tout un secteur particulier comme celui des services financiers ou pharmaceutique.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Peu importe le domaine ou le secteur, tous les investisseurs et les sociétés de capital évaluent tout d’abord le potentiel du fondateur ou de l’équipe initiale (si plusieurs cofondateurs).

Chaque fond de capital a des mécanismes permettant l’identification du profil-type du fondateur qui a le plus de chances de réussite selon la spécialisation recherchée dans le portfolio d’investissement.

Je ne suis pas un investisseur direct, mais grâce à mon expérience opérationnelle j’interviens quelquefois dans les derniers stades d’évaluation finale, surtout en cas de doute sur la capacité du futur fondateur. Pour ma part, j’ai une méthode qui a fait ses preuves dans la durée, car fondée sur une approche holistique et culturellement adaptée selon le but recherché et le domaine d’activité.

Par exemple, dans les domaines fortement compétitifs comme la technologie c’est un autre type de fondateur qui est recherché que celui perçu comme idéal pour le secteur de santé.

L’intuition joue aussi un rôle important, car ce n’est pas tout qui peut être mesurable de manière concrète.

En règle générale, voici les questions les plus habituelles.

Dans quelle mesure cette équipe initiale pourra tenir sa parole et explorer toute nouvelle voie possible ? Est-ce que cette personne ou équipe possède la crédibilité nécessaire auprès des clients et employés ?

Est-ce qu’il y a déjà une expérience opérationnelle sur le terrain ? Est-ce que les tendances dans la stratégie, la technologie, les opérations, le marketing et les ventes sont suivies à la lettre ou ces tendances sont plutôt adaptées selon la réalité du terrain ?

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Outre l’analyse financière du marché et du potentiel, c’est l’ensemble des éléments ci-avant qui jouent un rôle supplémentaire par rapport à la capacité principale d’adaptabilité et rigueur. L’accent est souvent mis sur ces aspects, tout simplement parce qu’ils sont perçus comme une sorte de “garantie morale“.

En même temps, ces qualités sont inutiles si les autres aptitudes et le potentiel du marché font défaut. C’est pour cette raison que cet ensemble est complexe et peut sembler incompréhensible aux fondateurs qui ne comprennent pas les raisons derrière un refus.

Pourquoi la capacité d’adaptabilité et rigueur est une qualité indispensable ?

Ces deux notions vont souvent ensemble parce que l’adaptation à elle seule, ne sert pas à grand-chose sans la rigueur.

L’adaptation permet de correctement réagir dans une situation de changement. De nos jours, la question ne se pose plus s’il y aura un changement, mais comment gérer la situation quand ce changement arrivera. Ce changement peut être déclenché par une nouvelle technologie, les changements du marché, voir même un événement imprédictible. Voici pourquoi l’adaptabilité est importante.

En même temps, trop d’adaptabilité est une approche inadéquate aux réalités du terrain, car elle empêche de maintenir les engagements déjà pris et apporte un chaos inutile avec des changements incessants de la stratégie et des opérations courantes. Une flexibilité entre certaines limites déjà définies auparavant est saine, mais trop de changements juste pour changer, c’est néfaste pour l’existence même d’une entreprise.

C’est donc la rigueur qui permet de poursuivre les divers objectifs et stratégies. Si la capacité de les faire exécuter ou les implémenter sur le terrain manque cruellement, alors il est inutile d’avoir plein d’idées. Cette rigueur peut être mesurée par des indicateurs de performance. La même rigueur permet d’améliorer les processus afin d’atteindre un bon niveau d’excellence opérationnelle, pour donner un autre exemple.

Cette capacité d’adaptabilité et rigueur est indispensable pas seulement aux fondateurs d’entreprise mais aussi à un manager ou un directeur de département, voir même à des employés dans les fonctions de support administratif.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

En effet, le monde d’aujourd’hui est en constante évolution et changement.

Qui aurait pensé en 2008 que les médias sociaux allaient prendre tellement d’importance ? Qui aurait pensé que des nouveaux produits et services peuvent être lancés avec des barrières d’entrée si basses ? Qui aurait anticipé le monde globalisé d’aujourd’hui dans lequel une offre compétitive et rapidement disponible se trouve à moins de 3 clics ? Qui aurait pu deviner l’essor actuel des nouvelles formes de travail à distance ?

Je pense que c’est très important d’avoir cette capacité d’adaptabilité et rigueur.

Cette capacité rajoute un bon sens solide par rapport aux incantations presque religieuses d’aller vite et “casser des choses” avec une attitude chaotique, sous le prétexte d’une “disruption de rupture” et “innovation mythique en style unicorne” .

 

L'innovation est plus qu'une brillante idée - Elena Debbaut
Lire l’article: Quelques fausses idées sur l’innovation.

En même temps, les innovations de qualité et qui sont bien conçues poussent à une adaptation constante. Aujourd’hui, cette adaptation est un processus rapide. Il y a ainsi des nouvelles technologies et des nouvelles manières de faire les choses, pour illustrer le côté pratique du besoin d’adaptation.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Comment développer cette capacité d’adaptabilité et rigueur ?

Il n’y a pas de recette magique à appliquer du jour au lendemain, mais quelques stratagèmes efficaces permettent d’améliorer rapidement cette capacité.

La première serait d’imaginer ce qui peut arriver dans le pire des cas. Pas seulement cet exercice pratique est utile dans la gestion d’une crise, mais aussi pour décider sur l’implémentation d’un processus permettant d’anticiper et contenir les éventuels effets négatifs. D’ailleurs, l’implémentation d’un processus fiable est indispensable à toute organisation qui souhaite être suffisamment viable sur le moyen et le long terme.

 

Voici pourquoi une entreprise a besoin de processus fiables - Elena Debbaut
Lire l’article: Voici pourquoi une entreprise a besoin de processus fiables.

 

Une autre stratagème consiste à apprendre de ses leçons.

Cette manière de faire est très utilisée dans la gestion de projet, par exemple. Elle fait d’ailleurs partie des diverses méthodologies comme le PMP ou Prince2. Pendant que j’ai passé les divers examens pour obtenir ces certifications moi-même, j’ai été étonnée que nombreuses personnes échouent à obtenir des points suffisants sur ce module et pendant l’examen d’évaluation.

Le motif était simple: ces personnes ne comprenaient pas la logique derrière cet apprentissage, alors que le projet était déjà livré. Cette étape importante était perçue comme une “perte de temps et ressources” au détriment d’un tout nouveau projet.

Pour ma part, je suis convaincue que cet apprentissage est essentiel, car cela permet ensuite d’adapter toute nouvelle tendance ou idée. Nombreux peuvent penser qu’il s’agit d’expérience, mais en fait c’est de l’adaptabilité. Une personne de niveau junior peut ainsi, sans avoir beaucoup d’expérience, posséder la capacité d’apprendre suite aux diverses situations qui sont rencontrées sur le terrain.

L’expérience permet de rapidement venir avec une solution car dans nombreux cas c’est quelque chose de “déjà vu“, pendant que l’adaptabilité permet d’avoir aussi une solution rapide, mais sur la base de situations différentes.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Au final, la rigueur permet de poursuivre les objectifs professionnels et personnels mais dans un cadre opérationnel bien établi.

Par exemple, les fondateurs ont souvent cette fausse idée de sous-estimer les besoins des divers collaborateurs dans le cadre d’une entreprise qui ne sera pas la leurs.

Il y a donc une sorte de dissonance par rapport aux ambitions d’un fondateur et celle des employés qui ont d’autres objectifs. Un fondateur est capable de travailler jusqu’à l’épuisement pendant 12 à 18 heures chaque jour et tester des nouvelles idées, pendant qu’un employé se trouve dans un autre type de relation avec l’entreprise.

La capacité d’un fondateur qui arrive, par la rigueur, à rapidement “mettre de l’ordre” dans le chaos d’une start-up permet aussi de trouver les bons collaborateurs qui vont s’intégrer naturellement et aider les objectifs du fondateur. Un employé n’apprécie pas toujours le chaos d’une start-up.

Dans ce cas, ce n’est pas dans une optique d’exploitation du plus faible, du plus jeune, ou du plus naïf qui prime pour l’entreprise qui souhaite rester viable sur le moyen et le long terme. Le but d’une entreprise n’est pas d’épuiser les équipes opérationnelles qui participent depuis le démarrage.

Grâce à la rigueur, le fondateur d’une entreprise peut implémenter un processus permettant une exploitation efficace des ressources existantes, mais avec un gain réciproque pour toutes les parties impliquées. C’est d’ailleurs un des nombreux facteurs de réussite pour une entreprise et cela peu importe le domaine d’activité.

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Une personnalité avec un grand égo ne possède pas cette rigueur et capacité d’adaptation. Il en va de même pour les individus qui manquent d’éthique ou sont trop opportunistes.

Certes, une entreprise doit vendre ses produits ou services et aussi trouver des nouvelles débouchées, sous peine de vite fermer en absence de clients. Malgré cela, une personnalité charmante et humble peut en même temps être éthique. Cela permet de garder les bonnes relations avec ses prospects et clients, même si ce n’est pas (encore) le bon moment.

Les fondateurs qui ont le plus de chances de réussite avec leur entreprise conçoivent cette rigueur des opérations comme un élément indispensable à la bonne marche des affaires.

Loin d’être un frein, cette rigueur permet de correctement analyser et organiser toute nouvelle opportunité. C’est cette capacité qui permet, entre autres, d’implémenter un bon processus d’innovation.

 

L'innovation est avant tout un processus. Elena Debbaut - conseil entreprise et restructuration projets en difficulté
Lire l’article: Le pire ennemi de l’innovation est … l’envie d’innover à tout prix.

 

Un bon tempérament comme fondateur permet d’être constamment à l’affût des nouvelles possibilités tout en gardant une excellence opérationnelle.

Il s’agit ici du fameux concept gérer l’entreprise et la faire évoluer en même temps ( “run the business” – “change the business” ).

Conseil entreprise - Elena Debbaut - redressement de projet et entreprises en difficulté

Chaque fondateur d’entreprise a la possibilité de développer cette capacité d’adaptabilité et rigueur, de la même manière qu’un athlète se prépare constamment pour réussir ses compétitions. Une fois cette capacité acquise et développée, pas seulement l’entreprise a plus de chances de succès, mais aussi elle augmente les possibilités de financement externes.

Avec le temps, un fondateur d’entreprise saura évoluer avec son entreprise, tout en préservant des bases saines autant sur le plan personnel que professionnel. Quand les crises arrivent dans le cadre d’une entreprise dirigée par un tel fondateur, alors les risques de perdre les deux sont réduits.

Depuis le début de mes activités professionnelles, j’ai eu la conviction que l’avenir d’une entreprise saine passe par sa capacité de s’adapter aux divers changements tout en gardant aussi son excellence opérationnelle, la compétitivité et la capacité d’innovation. En effet, les perturbations n’ont pas leur place dans la gestion des opérations courantes, mais la rigueur retrouve tout son sens.

Finalement, trouver l’entrepreneur convenable, c’est toute une affaire.

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

Déchiffrez les réalités du terrain, et ce qui se cache derrière les tendances du moment avec Elena Debbaut - conseil restructuration entreprises et projets en difficulté

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

excellence opérationnelle et processus d'entreprise, par Elena Debbaut

Voici pourquoi une entreprise a besoin de processus fiables

Comme propriétaire d’une entreprise ou comme cadre dirigeant, vous devez vous assurer que vos collaborateurs et équipes planifient, exécutent, organisent et contrôlent leur travail.

Voici pourquoi la création, l’implémentation et l’ajustement d’un ou plusieurs processus est une des responsabilités les plus grandes.

Les processus et l’excellence opérationnelle

Les processus assurent une cohérence et fiabilité opérationnelle par rapport au respect de la stratégie d’entreprise. C’est par un processus que l’exécution de la stratégie d’entreprise peut être faite de manière plus cohérente et plus fiable que celle de la concurrence. Cela permet également d’avoir un contrôle plus poussé sur les coûts (embauche, budget, délivrables) et aussi sur les délais.

En pratique, les entreprises souffrent principalement soit d’un trop grand nombre de processus qui souvent se superposent, soit d’une absence totale, soit d’un processus chaotique et mal respecté.

Cet article passera très brièvement en revue les avantages d’un processus et présentera ensuite un cadre général et simplifié permettant d’établir les bonnes bases.

Cet article n’a pas la prétention de couvrir tous les aspects opérationnels liés à la création ou la gestion des processus — seule une analyse adaptée à son secteur d’activité et zone géographique peut permettre d’avoir un meilleur aperçu de la situation.

Cet article n’a pas non plus la prétention d’être exhaustif — mais l’approche entrepreneuriale et pratique basée sur le retour des investissements dans une entreprise sera prépondérante.

La nécessité d’un processus

Avant même de prendre un mandat de restructuration opérationnelle et le redressement d’une entreprise ou projet en difficulté, je pose souvent une question qui dérange:

« Quel est le principal processus opérationnel déjà en place et pourquoi pensez-vous qu’il ne fonctionne pas correctement dans le cadre de votre entreprise ou département ? »

Quelques fois, un silence pesant s’installe comme seule réponse. D’autres fois, des balbutiements artistiques sur l’existence d’un processus qui existe, est bien documenté, mais qui n’est tout simplement pas appliqué. Dans d’autres cas, quelques responsables tentent maladroitement de s’expliquer en utilisant une belle quantité de mots à la mode.

La plupart des responsables et managers sont fermement convaincus que l’implémentation d’un processus pour la gestion des diverses opérations dans une entreprise serait une mauvaise chose qui doit être combattue à tout prix. Ainsi, le manque de processus est perçu comme un avantage, et cela en vertu de diverses excuses comme moins de bureaucratie, la liberté d’innover et la capacité de réagir rapidement.

Or, la création d’un système qui permet la documentation des actions, activités et étapes est la meilleure chose qu’une entreprise peut faire, avant même de se lancer dans des opérations plus complexes.

Un processus n’empêche aucunement l’innovation (qui d’ailleurs est aussi un processus), ni l’agilité de réaction. C’est tout le contraire, un processus encourage surtout ces 2 aspects.

 

L'innovation est avant tout un processus - Elena Debbaut
Lire l’article: Le pire ennemi de l’innovation est l’envie d’innover à tout prix.

Généralement, les responsables d’une entreprise ou d’un département pensent qu’ils doivent consacrer leurs efforts pour démanteler tout processus existant, et gérer chaque opération même la plus banale, au lieu d’utiliser ce moyen comme une sorte de gestionnaire automatique des prises des décisions sur les opérations courantes.

Malgré cela, un grand nombre d’entreprises de diverses tailles, et même les multinationales, continuent à se contenter avec un système chaotique, même si tout le monde sait que ce n’est pas la bonne solution.

La nécessité d’une stabilité et excellence opérationnelle

Un processus inadapté ou absent a des conséquences pour les résultats financiers d’une entreprise. Le problème s’aggrave avec le temps et tôt ou tard, une telle méthode opérationnelle pose des problèmes structurels qui impactent l’existence même de l’entreprise.

Prenons l’exemple de l’industrie hôtelière.

Voici un excellent exemple qui illustre la nécessité d’un processus efficace et l’acquisition naturelle d’une excellence opérationnelle.

Le besoin d’un processus répétable s’est fait sentir alors que les clients voulaient louer de manière temporaire une chambre, sans même être allé voir sur place. Les équipements devaient y figurer dans la liste, ainsi que les autres fonctionnalités comme l’existence d’un restaurant ou d’un bar. Le client voulait avoir l’assurance que sa chambre sera disponible pour lui, dans un état propre, et aux délais indiqués.

Les grandes entreprises ont optimisé pas seulement la gestion des opérations, mais également les processus permettant de faciliter la gestion et le flux des voyageurs dans leurs établissements hôteliers (réservations, check-in, check-out). Tout ceci a été fait au détriment des petits propriétaires et indépendants, qui ne voyaient pas l’utilité d’un processus opérationnel et encore moins la nécessité d’une stabilité et excellence opérationnelle.

Ce modèle s’est répété avec d’autres secteurs d’activité comme les divers magasins de proximité, les bouchers, les boulangers, autres petits artisans. C’était une stratégie imprudente. La conséquence directe a été l’exclusion du marché.

Comme nous avons pu voir depuis quelques décennies, les clients finaux ont choisi des entreprises ayant un processus de traitement rapide de toutes leurs demandes, avec une efficacité prouvée, et pouvant offrir une expérience prévisible.

Parmi d’autres facteurs, un processus permet de réduire, comme nous allons le voir plus bas, autant les coûts que les délais, tout en offrant une stabilité opérationnelle.

Cette stabilité des opérations courantes est nécessaire pas seulement à l’entreprise mais également aux clients finaux.

L’entreprise peut ainsi utiliser ses ressources pour d’autres activités comme l’innovation et le développement de nouveaux services ou produits, pendant que le client final sera « rassuré » quant à l’absence de mauvaises surprises en cas de problèmes.

À qui profite le manque de processus ?

Les gens sont réticents à l’idée d’être surveillés.

Effectivement, il est stressant de savoir que chaque action est contrôlée, mesurée, analysée et enregistrée. Il est encore plus stressant quand les KPIs (indicateurs de performance) deviennent la référence.

De plus, il peut être difficile à définir des étapes précises pour une entreprise active dans le développement informatique, par exemple. La nature du travail est différente par rapport à celle d’une usine de fabrication.

Malgré ces difficultés, lorsqu’il s’agit de correctement délivrer un projet et afin d’assurer le respect des travaux livrables, délais, et budgets, alors les processus opérationnels doivent bénéficier de toute l’attention et faire partie de la stratégie d’entreprise. Cette approche est la seule voie possible pour ne pas échouer et encore plus si on veut obtenir le maximum de résultats par rapport aux ressources investies.

Dans une majorité d’entreprises proches de l’effondrement, c’est le manque de processus qui est principalement lié à l’essor considérable des « responsables et managers superstar, présents partout, en tout temps » et l’augmentation du taux d’échec des multiples projets.

Si chaque décision et opération, même des plus banales, a besoin de l’accord et la surveillance proche d’un manager ou d’un responsable de département, alors c’est l’effet contraire qui est obtenu par rapport à l’innovation et l’agilité.

La volonté d’une ou plusieurs personnes de garder tout le contrôle dans un but illusoire de se rendre « faussement indispensable » n’apporte rien de bon sur le moyen et long terme.

Il n’est pas facile de convaincre que le respect d’un processus permet de gagner principalement, du temps. Le temps ainsi gagné permet, pour donner seulement quelques avantages, la transformation des métiers par une meilleure utilisation de l’intellect, une meilleure circulation de l’information et ressources entre les divers départements, équipes et zones fonctionnelles, le lancement de nouveaux produits ou services, et aussi plus d’attention accordée au client final.

Un exemple de structure générale et simplifiée pour la création, l’implémentation et l’évolution d’un processus

Cette structure peut servir comme modèle de référence simplifié. Une étude spécifique est toujours nécessaire afin de hiérarchiser les diverses opérations, décrire, évaluer et optimiser les processus opérationnels.

À partir de ce modèle crée par moi-même (Elena Debbaut), vous pourrez faciliter l’identification des opérations qui peuvent faire l’objet d’un processus et d’intégrer naturellement ces possibilités dans votre organisation. Ce modèle peut s’appliquer à toutes les entreprises peu importe le secteur d’activité, la zone géographique et leur taille.

Si vous n’adoptez pas l’idée de processus dans votre organisation, alors vous encourez les risques d’une personnalisation inutile et des coûts opérationnels trop élevés, ainsi que des délais plus longs. Tout ceci va se refléter inévitablement sur le client final de l’entreprise.

Pire encore, vous risquez de ne pas obtenir le retour attendu sur vos investissements (financiers, humains, temps) à cause des occasions manquées permettant d’augmenter la productivité et la réactivité.

Ci-après, voici un cadre général et simplifié permettant d’établir les bonnes bases. Afin d’obtenir un meilleur résultat sur le terrain, ces phases peuvent avoir lieu en parallèle.

 

processus et excellence opérationnelle - Elena Debbaut - cabinet Suisse de conseil en restructuration opérationnelle et amélioration gestion processus
– Un exemple de cadre général pour la création, l’implémentation et l’évolution d’un processus –
retrouvez et téléchargez le format .pdf de cette infographie sur www.Debbaut.Solutions

1 – phase de réflexion. Identification des besoins, établissement inventaire opérations, analyse possibilités pour augmentation de la productivité, amélioration du service client, et autres opportunités pour accroître les revenus.

2 – phase de création. Sur la base des flux de travail prévus ou déjà existants, établissez l’enchaînement des tâches, ce qui peut être fait, par qui, à quel moment, à quel endroit, sous quelles conditions, et prévoir toujours les exceptions au process.

3 – phase implémentation. Des ajustements sont toujours nécessaires pendant la phase d’implémentation et la phase évolutive suivante. Ces correctifs font partie intégrante des processus ‘SOP – standard operating process’ ayant le meilleur taux de conformité, adoption et succès.

4 – phase évolutive. Un processus évolue et s’adapte aux besoins. Toute nouvelle donnée et expérience peut rajouter des éléments permettant d’améliorer le processus initial. L’élimination du gaspillage doit rester une priorité constante.

Voyons plus en en détail ces 4 étapes.

1 – La phase de réflexion sur un processus

Les processus documentés sont utiles pas seulement pour créer l’excellence opérationnelle, mais aussi pour former tout nouveaux collaborateur et intégrer des manières de faire qui autrement seraient perdues par la rotation du personnel.

Selon mon expérience, cette phase initiale offre d’excellents résultats quand il y a une approche orientée en priorité sur l’amélioration de la productivité, c’est-à-dire la capacité de faire plus avec les mêmes ressources. L’efficacité, soit faire plus avec moins (temps, argent, ressources) est une autre conséquence positive. Cette approche permet une meilleure répartition des ressources qui permet ainsi indirectement d’améliorer le service client et partant, une croissance de revenus.

La réflexion sur les divers documents de type « Business Case » et les propositions dans la conduite des affaires peuvent donner des idées permettant d’implémenter des nouveaux processus.

Si ces réflexions initiales sont faites avec une vision axée sur le moyen et long terme, alors les résultats financiers sont constants et prévisibles sur le même horizon de temps. Pour des résultats durables, il va falloir néanmoins sacrifier le court-terme.

2 – La création d’un processus

La création d’un processus pour les activités qui s’y prêtent est un sujet qui me tient à cœur. J’ai beaucoup écrit sur ce sujet, car je sens que dans la littérature spécialisée, il y a une approche trop technique, trop procédurale, et qui manque de nuance.

La création d’un processus n’est pas un objectif en soi. Il est inutile de créer tout un manuel avec des centaines de pages. Un processus doit être facile à expliquer, facile à comprendre, logique et pratique.

Ensuite, un processus doit être respecté dans une majorité de situations, mais ce respect ne doit pas non plus être ridiculement rigide dans le cas des situations exceptionnelles. Aussi paradoxal que cela peut paraître, un processus bien conçu possède d’ailleurs la fonctionnalité et les critères pour ne pas le respecter. C’est la partie « agilité » même si le cadre opérationnel est bien structuré à la base.

Au final, un processus efficace n’est pas seulement un enchaînement de tâches à exécuter, mais aussi un outil très puissant qui permet d’optimiser les opérations et les divers investissements en temps, ressources et argent.

La nécessité d’un processus s’explique par les importants changements technologiques qui sont apparus initialement dans le secteur de l’industrie manufacturière. La transformation de l’économie, avec l’apparition d’entreprises actives principalement dans le secteur des services ou des technologies, a pu faire penser, à tort, que les processus ne seraient plus nécessaires dans la gestion des opérations. Or, même une entreprise locale et artisanale a besoin de processus bien conçus, afin d’optimiser au mieux la gestion de ses opérations.

A mon avis, la réussite d’une entreprise passe par une excellence opérationnelle en premier lieu, ensuite par la capacité à rapprocher les différents types de compétences techniques, et un véritable travail d’équipe, même dans le cas où les collaborateurs sont localisés à distance. Si une entreprise souhaite réussir dans le monde actuel des affaires, alors elle devra savoir comment travailler de manière efficace.

Tout ceci peut être obtenu grâce à un processus.

Il est important de bien comprendre cette réalité.

3 – L’implémentation d’un processus

Le moment idéal pour faire cette démarche n’est pas séquentielle, juste après la phase de création. Idéalement, je recommande de faire l’implémentation en parallèle avec la création et la phase suivante d’ajustement par rapport aux réalités du terrain.

Les plus grands bénéfices sont obtenus en commençant au plus tôt possible, dès que le moment se fait sentir, mais il n’est pas trop tard si vous arrivez à clarifier, officialiser et documenter les diverses manières de faire qui sont déjà existantes.

L’implémentation d’un processus n’est plus réservée aux seuls cadres supérieurs ou directeurs.

Il est important de comprendre que même les collaborateurs de niveau intermédiaire peuvent proposer et implémenter des nouvelles manières de travail qui s’inscrivent dans la stratégie globale de leur entreprise.

Dans le même ordre d’idées, même un collaborateur du plus petit niveau peut apporter beaucoup s’il possède la capacité à comprendre comment son travail interagit avec autres départements et s’intègre dans l’ensemble de l’entreprise. Un tel collaborateur peut aider à créer quelque chose de plus grand que la somme de chaque travail individuel.

Les divers collaborateurs d’une entreprise peuvent aussi venir avec des nouvelles idées, plutôt que d’exécuter seulement ce qui leur est donné comme tâche par les niveaux hiérarchiques plus hauts.

A mon avis, les entreprises doivent développer cette capacité d’écoute, que cela soit par des réunions ad-hoc, des visites imprévues, des conversations, ou analyse de données.

Cette aptitude ne doit pas être limitée à quelques niveaux hiérarchiques et titres pompeux. Il suffit de surmonter la peur naturelle de « perdre le pouvoir ». D’ailleurs, un leader réel, et pas celui auto-proclamé, encourage et accompagne toutes les bonnes initiatives, même celle provenant d’un niveau hiérarchique plus bas que le sien.

Les entreprises qui arrivent à survivre dans une économie en mutation comme celle d’aujourd’hui sont justement celles qui acceptent que tous les collaborateurs ont un rôle à jouer et possèdent la capacité de résoudre les problèmes opérationnels ou de processus qu’ils ont pu identifier à leur niveau.

4 – L’évolution d’un processus

De plus en plus de clients choisissent les entreprises qui arrivent à fournir une expérience client prédictible et satisfaisante, même en cas de problème. Voici pourquoi les processus de base doivent garantir que la majorité des situations sont couvertes dans les plus brefs délais et avec le moindre coût autant pour l’entreprise que pour le client.

Par exemple, si le paiement d’un service ou produit ne se fait pas correctement, un processus permettrait d’identifier et corriger rapidement. Dans le cas d’un produit défectueux ou service insuffisant, le client s’attend à une résolution rapide de son problème. Les éventuels problèmes de fabrication ou livraison doivent être communiqués et corrigés.

Une gestion au cas par cas de ce type de situations ne serait pas efficace, parce que pour le client final, il n’y a rien de pire qu’une entreprise qui panique et multiplie les erreurs.

Même avec un processus bien conçu et admirablement implémenté, il y aura toujours le besoin d’une gestion individuelle pour les cas hors-normes. Selon le cas, toute nouvelle expérience peut rajouter des éléments permettant d’améliorer le processus initial.

La gestion de ces changements de processus doit assurer que les éventuels rajouts ont une justification réelle, sont bien documentés, et qu’elles ne rajoutent pas une complexité inutile.

Dans le même ordre d’idées, l’élimination du gaspillage (ressources, étapes, tâches) doit rester une priorité constante. Cette optimisation peut être faite avec des méthodes comme le « lean » ou « six sigma ». Ces méthodes ne sont pas réservées au seul secteur de l’industrie manufacturière, mais aussi aux services.

Un processus, de par sa capacité évolutive, permet d’augmenter pas seulement la qualité des opérations et le bien-être des équipes, mais également de réduire le temps et les coûts, tout en délivrant une expérience client supérieure.

Au final, tout le monde est gagnant: l’entreprise, les collaborateurs, les clients.

Conclusion

De nos jours, de plus en plus d’entreprises sont axées sur les services et utilisent un capital intellectuel plutôt que physiques. La création et l’implémentation d’un processus opérationnel est aussi importante pour les entreprises de fabrication que pour celles orientées sur les services.

Parmi les dirigeants, les preuves sur la nécessité d’un processus ne cessent de s’accumuler. En effet, le manque de processus est une des causes qui peut être à l’origine de profonds dysfonctionnements autant dans la gestion de projets que pour l’entreprise même.

L’implémentation de bons processus nécessite un leadership naturel, une vision orientée sur le long terme, et surtout, une compréhension pratique des diverses zones fonctionnelles d’une entreprise.

Les avantages d’un processus couvrent des aspects comme une expérience prévisible, une qualité améliorée, des coûts et risques réduits lors de la production ou la fourniture d’un service, et des opérations simplifiées. Au final, ces bénéfices se reflètent autant à l’intérieur de l’entreprise qu’à l’extérieur, sur le client final.

Une fois que l’excellence opérationnelle est atteinte, il n’y a pratiquement plus le besoin d’interventions régulières dans la gestion des affaires courantes.

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

Comment l'amélioration des processus dans l'industrie de fabrication FMCG conduit à l'excellence opérationnelle - cabinet conseil entreprise Elena Debbaut

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut

 

 

 

externalisation offshore - coûts réels de la délocalisation - conseils entreprise Suisse - Elena Debbaut

Quelquefois, la délocalisation n’est pas rentable. Voici pourquoi.

Il s’agit d’un sujet qui revient assez souvent.

Car oui, l’externalisation offshore dans les pays à faible coût salarial ne se traduit pas toujours par des économies de coût.

Le domaine de l’informatique IT et du développement des logiciels est d’ailleurs le plus impacté, comme j’ai écrit dans un article publié en 2017 (en anglais): https://www.consultingteam.solutions/it-offshoring-to-india-does-not-always-mean-cost-savings/ 

Cet article n’a pas la prétention d’être exhaustif au sujet d’un domaine si complexe qui est l’externalisation du processus (BPO – business process outsourcing) ni la délocalisation avec ses diverses formes possibles à l’interne ou avec un partenaire externe (sous-traitance offshore) mais il résume quelques points sensibles rencontrés sur le terrain.

Par souci de simplification, je vais utiliser le terme “externalisation” pour designer toutes les formes qui consistent à remplacer une partie ou l’entier d’une équipe ou zone fonctionnelle existante.

Le nerf de la guerre: l’externalisation comme moyen de réduire les coûts de fonctionnement

Assez souvent, le directeur financier ainsi que le directeur responsable de la stratégie ont la conviction que la seule façon de réduire les coûts dans les diverses fonctions de support (marketing, administratif, IT, comptabilité) consiste dans la délocalisation totale ou partielle.

Cette perception est très répandue dans le cadre des entreprises de type PME et les multinationales.

Il y a une part de vérité dans cette perception: l’externalisation permet effectivement de réduire les coûts de fonctionnement d’une organisation, mais seulement si cette externalisation a été bien implémentée.

Dans le cas contraire, une optimisation des processus existants donne des meilleurs résultats pour la réduction des coûts, et cela sans rien externaliser.

Une comparaison rapide démontre que la structure des coûts d’une ressource onshore (homeshore et nearshore inclus) et celle offshore peut être variable. Les coûts non-mesurables de manière directe sont souvent oubliés dans les calculs car la réalité du terrain est assez difficilement modélisable depuis un bureau.

En effet, cette variation peut s’expliquer en partie par divers facteurs comme le secteur d’activité, la complexité du produit ou service, la proximité culturelle et géographique, le degré de formation et expérience.

Les points sensibles sur l’externalisation

La littérature spécialisée sur l’externalisation est abondante; les détracteurs et les supporteurs s’entre-déchirent, bien que chacun a raison.

Reste que la prise en compte du seul élément “coût horaire” n’est pas suffisante.

Il faut rajouter et ne pas sous-estimer les éléments liés à la productivité, la formation, la qualité, les besoins supplémentaires en supervision et protection de ses intérêts.

La comparaison entre la productivité et l’efficacité doit être la fondation des analyses quant au coût réel de l’externalisation. Car en pratique, le budget final s’avère presque toujours plus important que prévu par une estimation initiale.

Le manque de compétences et connaissances métier de la ressource offshore impacte directement l’expérience client et l’efficacité opérationnelle d’une entreprise

Le plus important point c’est que les employés “offshore” sont généralement peu expérimentés sur les manières de faire et la culture de l’entreprise initiale. Quelquefois, cela peut devenir un avantage par rapport à l’accélération du processus d’innovation, mais pour une entreprise qui doit fonctionner sans interruption des opérations courantes, c’est un mauvais point.

De plus, les employés, peu importe la localisation, ont peu de chances à devenir des experts du jour au lendemain, et encore moins quand il s’agit de tâches hautement spécialisées.

Dans les cas d’une externalisation de type BPO (business process outsourcing) avec une entreprise externe proposant des services “sur demande”, il arrive même que l’équipe offshore n’a pas toujours une expérience dans le domaine, ni sur des zones géographiques ou secteurs d’activité spécifiques.

Dans un bon nombre de cas, l’acquisition de cette expérience ne peut pas se faire de manière rapide.

Les tarifs pratiqués se sont uniformisés partout dans le monde

Un autre point aussi important, et sur lequel je reviens régulièrement, c’est que les tarifs pour des compétences spécifiques et la fiabilité sont similaires partout dans le monde.

Effectivement, les ressources “offshore” ont connaissance des montants qui sont pratiqués ailleurs dans le monde et les promesses par rapport à une “augmentation salaire – prime – carrière – promotions régulières” n’ont plus tellement de “succès” que par le passé.

Pourquoi la solution “délocalisée en offshore” est parfois plus coûteuse que la solution “onshore ou interne” ?

La réponse se limite en une seule phrase:

En général, le coût d’un service “délocalisé en offshore” est effectivement moins cher; mais cette ressource nécessite beaucoup plus de temps pour fournir au final assez peu de résultats.

C’est moins cher par heure, mais il y a plus d’heures facturés.

Ainsi, aussi paradoxalement que cela peut sembler, il y a moins pour son argent. Selon mon expérience, il s’agit du point principal qui pousse vers l’échec une majorité des projets d’externalisation.

En fait, tout se résume à la productivité — et pas seulement au calcul des coûts horaires de base (efficacité financière ou pur calcul comptable). Or, la productivité c’est faire plus avec les mêmes ressources, pendant que l’efficacité c’est faire plus avec moins.

Dans le cas d’une externalisation processus, c’est souvent la productivité et l’efficacité qui sont impactées. Ainsi, il faudra utiliser plus de ressources comme les couches intermédiaires de gestion sur site ou à distance (manager, gestionnaire projet, directeurs). Or, le fait d’avoir plus de ressources à gérer conduit à une perte d’efficacité.

Mon retour d’expérience

Je ne suis pas adepte de la stratégie d’une externalisation juste pour l’amour de l’externalisation et encore moins parce que c’est tout simplement moins cher et que tout le monde le fait. Les entreprises qui font le choix d’une telle externalisation ne possèdent pas une évaluation nuancée, malgré les analyses positives des divers cabinets de consulting.

En pratique, lorsque vous décidez d’externaliser complètement à l’étranger vos diverses fonctions de support critiques comme le marketing, l’informatique IT, la gestion des projets, le service commercial et administratif alors pensez à prendre en compte les éléments suivants:

  • contrôler la qualité délivrée qui peut impacter commercialement la bonne marche de vos affaires courantes
  • tenir compte des délais supplémentaires, retards et erreurs de votre centre offshore
  • implémenter une stratégie de “business continuity” (continuité d’affaires) pour atténuer vos risques stratégiques (surtout au niveau de la propriété intellectuelle)

Ne jamais oublier les coûts cachés de votre projet d’externalisation car une économie sur le court terme s’avère coûteuse sur le moyen et long terme.

Une externalisation bien pensée peut donner de très bons résultats à condition de respecter un principe gagnant-gagnant entre les diverses parties et équipes. L’intégrité entrepreneuriale retrouve ici tout son sens.

Voici 2 exemples:

1 – dans le domaine de la création visuelle,

Des activités répétitives, comme le détourage d’une image peut être externalisé aux bons partenaires, car les équipes onshore ou internes sont devenues avec le temps trop expérimentées pour l’exécution de ce type de tâches. Ces équipes ont plus de valeur rajoutée sur des projets complexes.

Par contre, la création d’un logo à 5.- francs par heure n’est pas une tâche répétitive, car elle apporte une réelle valeur à l’entreprise. Ce n’est plus réaliste d’attendre un tarif bas, sachant que même les pays à faible coût salarial pratiquent des prix similaires à ceux onshore. L’effort d’externalisation ne justifie pas la prise de risques et la gestion supplémentaire.

2 – dans le domaine du développement informatique

La Suisse est un pays réputé comme étant “cher” pour le développement informatique, mais tout est en fonction de quel type d’externalisation il s’agit. Ainsi, une banque peut estimer à juste titre que les logiciels produits à l’étranger peuvent présenter quelques risques.

Souvent, les fonctions de support utilisateur de complexité moyenne (helpdesk, administration, dépannage informatique) peuvent être correctement externalisées à condition d’avoir les experts-métier sur place.

Conclusion

Les coûts compétitifs de l’externalisation “offshore” pour les diverses fonctions de support représentent un argument majeur dans le choix d’une telle solution. Mais le coût ne doit pas être le seul élément décisif. L’expérience concrète, la fiabilité et la ponctualité sont également importantes.

D’un point de vue financier et commercial, le fait d’externaliser trop vite et trop mal représente un non-sens stratégique.

Le résultat final sera une entreprise dysfonctionnelle, plus coûteuse au niveau du fonctionnement, une augmentation des risques commerciaux, et au final, une réduction du profit global.

Lorsque les fonctions de support nécessitent des adaptations constantes, sont spécifiques à des secteurs d’activités de niche, et doivent être culturellement adaptées à des zones géographiques bien délimitées, alors l’externalisation n’est pas une bonne stratégie.

 

📌 Droits de Réutilisation …

 

étude de cas - externalisation offshore - solutions pour réduire les risques - conseils entreprise Suisse Elena Debbaut
étude de cas – exemples d’externalisation et quelques solutions pour réduire les risques

 

 

 

Archives du Blog LeTemps - Toute une Affaire - Elena Debbaut