innovation processus - Elena Debbaut

Le pire ennemi de l’innovation est … l’envie d’innover à tout prix

Tout le monde en parle.

Tout le monde la veut.

L’innovation, ce nouveau Graal des entreprises agiles, créatives, modernes, avec plein d’idées, et qui, il va de soi, proposent des innovations une plus innovante que l’autre. Il y a même des entreprises qui embauchent des “innovateurs” et créent à tour de bras des départements entiers dédiés à l’innovation.

Le mot innovation est devenu un terme très à la mode.

Ça donne de l’importance, il fait délicieusement jaser, et rajoute de l’ambiance pendant les réunions dans les entreprises. Parce que de nos jours, tout le monde se doit d’innover. Il y a toute une industrie qui exploite à fond ce nouvel engouement: des formations, des livres, diverses méthodologies, des présentations, conférences.

De plus, c’est dans l’air du temps, des concepts comme la réinvention du soi et des entreprises (sans en avoir réellement besoin), le lancement d’un nouveau service ou produit (sans l’avoir développé de manière viable pour le marché), la glorification de l’échec (sans en apprendre réellement les leçons).

Et tout ceci se fait au nom de l’innovation, et en oubliant le bon sens.

Se lancer dans la création d’un département spécialement dédié, sans les bonnes personnes, les laisser “se débrouiller” sans structure ni processus, juste parce que c’est “tendance” et que “tout le monde le fait” ne représente pas la bonne approche pour obtenir des résultats satisfaisants. Et c’est précisément sur ce point qu’un grand nombre d’entreprises échouent à “créer de l’innovation“.

Mais en pratique, qu’est-ce que c’est, cette innovation ?

Souvent, le fait d’innover va ensemble avec les idées provenant d’une invention (voir même d’un tout autre secteur d’activité) et la capacité technologique permettant une implémentation en pratique.

Et ce n’est pas faux, d’autant plus qu’une grande partie de notre confort actuel est le résultat des nouvelles idées et avancées technologiques, ainsi que des approches presque révolutionnaires de transfert de connaissances entre divers secteurs d’activé sans lien direct. Le tout appuyé par des démarches itératives basées sur les améliorations (processus, produit/service, méthodes).

Mais l’innovation va plus loin que la capacité créative et l’utilisation finale qui en est faite. C’est bien plus complexe.

Il existe plusieurs concepts autour de l’innovation et les processus permettant de favoriser et de renforcer la capacité créative. Cela n’est pas le but de cet article. Cet article va brièvement (i) vulgariser et clarifier le concept de l’innovation, (ii) quels sont les risques en cas d’innovation chaotique, et (iii) offrir ensuite une solution pratique permettant de réduire les risques liés à cette activité.

Innovation vs. Invention vs. Amélioration

Il y a quelques confusions entre ce qui se cache réellement derrière les notions comme une “invention“, une “innovation“, et une “amélioration“. Cette confusion peut arriver du fait que ces activités peuvent se dérouler de manière simultanée et se superposent.

Dans de très nombreux cas, une invention peut se transformer en une innovation. Dans d’autres cas, plusieurs idées innovantes peuvent donner lieu à une invention. Ou des situations quand les améliorations itératives peuvent quelques fois donner lieu à une innovation ou une invention.

L’invention peut faire référence à la création nouvelle d’un instrument, appareil, dispositif, processus ayant comme origine des études, essais, et/ou des expériences. Exemple: l’invention du téléphone. L’innovation, de son côté, peut désigner le changement de quelque chose existant. Exemple: le smartphone.

Les termes invention et innovation peuvent quelquefois être perçus comme des synonymes. Ainsi, les premiers téléphones cellulaires peuvent être considérés à la fois comme une “invention” et une “innovation“. Les arguments en faveur d’une ou l’autre catégorisation appuient les deux définitions. Le cas du smartphone est plus clair: il s’agit d’une “innovation“.

Reste qu’en règle générale, une amélioration en soi n’est ni une innovation, ni invention, malgré l’originalité de l’idée et la caractéristique de “nouveauté“. Ainsi, une manière quelque peu différente de faire exactement la même chose que par le passé — mais en utilisant une meilleure technologie et/ou une simplification des améliorations existantes — ne représente pas forcément de l’innovation, car le processus et le résultat final sont quelque peu similaires. Exemples d’amélioration: une nouvelle version d’un modèle de smartphone déjà existant, ou une manière plus rapide de commander un article sur un site eCommerce.

Le processus simplifié et les interactions peuvent se résumer comme suit:

le concept de l'innovation dans un cadre général selon Elena Debbaut
le concept d’innovation dans un cadre général – www.debbaut.solutions/fr/

 

Quand l’innovation tourne au cauchemar pour le client

Dans la nouvelle économie numérique, le concept comme “produit minimum viable” est appliqué activement. Des études ont démontré qu’effectivement, les entreprises ayant appliqué une telle stratégie de lancement ont pu bénéficier d’un avantage concurrentiel sur le marché. Lancer vite, échouer encore plus vite, casser des choses, répéter.

C’est de l’innovation, c’est à la mode, et quelquefois, ça marche.

En achetant un produit “minimum viable“, pas seulement le client est devenu un cobaye malgré lui, mais en plus, il doit le payer plus cher en vertu du mot “innovant“. Et il va de soi que par son retour d’expérience effectué par ses plaintes, le client participe aux “améliorations“. Et tout ceci, à son insu.

La nouvelle tendance par rapport au processus de l’innovation est de justement, lancer à tout-va des produits “minimum viables“. Lesquels produits peuvent se faire faire améliorer de manière itérative et agile, tout en recevant l’argent du client pour les futurs développements.

Sur papier et en théorie, cette manière de faire possède des avantages incroyables.

Mais cet avantage n’existe que de manière temporaire. L’orientation stratégique sur le très court terme peut littéralement détruire une entreprise. Les exemples de lancement échoués n’en manquent pas, ni les faillites inattendues. Quand le produit ou le service est une véritable calamité et coule sous les plaintes en cas d’échec, alors il peut disparaître en moins de temps qu’il n’a fallu pour le concevoir.

En pratique, il a une ligne très fine entre l’innovation et l’esprit d’entreprise, ainsi que l’éthique et l’excellence opérationnelle dont le client devrait en bénéficier en échange de son paiement.

Comment innover grâce à un processus stable

Cette notion peut paraître paradoxale, car l’innovation nécessite un cadre rapide et flexible permettant la créativité. Or, le besoin de flexibilité est à l’opposé d’un processus défini, solide et répétable. La notion même de processus peut sembler rigide.

Comment faire le lien entre ces notions apparemment contradictoires ?

C’est grâce à l’efficacité que la flexibilité d’un acte créatif et la rigidité d’un processus peuvent fonctionner ensemble pour créer de l’innovation.

Les notions d’innovation et la capacité créative ne sont pas synonymes d’anarchie. Le département “innovation” qui innove entre 9:00 h du matin et 18:00 h le soir précises ne doit pas avoir carte blanche sur tout, au risque de bouleverser dans le mauvais sens l’organisation et les priorités d’une entreprise. Quant à l’innovation, elle ne se trouve pas dans un seul et unique département spécialisé, mais dans l’ensemble d’une entreprise. Les activités liées à l’innovation doivent être implémentées comme toute autre processus existant dans le cadre de l’entreprise. Car l’innovation est un processus comme un autre.

En procédant de cette manière, l’intégration des “nouvelles idées / améliorations / innovations” peut se faire de manière naturelle, grâce à des processus stables, contrôlés et reproductibles (exemple: conceptualisation, recherche et développement, production, vente, analyse ROI – le retour sur investissement). Ainsi, l’ensemble de l’entreprise comme entité n’est pas mise en danger par des initiatives trop risquées de type “casse-cou — ça passe ou ça casse” ou qui s’avèrent trop coûteuses.

Les entreprises qui innovent pratiquement sans risque pour leur existence sont celles qui sont le plus stables. Oui, car en contrôlant les risques, autant au niveau opérationnel et financier que les dommages par rapport à l’image de marque, ces entreprises arrivent à innover de manière responsable.

Ces entreprises ont compris qu’une stratégie axée sur le long terme et la satisfaction de leurs clients en premier représentent la clé de réussite pour une innovation fonctionnelle et qui peut survivre à la compétition sur un marché donné.

Une entreprise peut se lancer dans les expérimentations, l’implémentation des nouveautés, et les changements, mais sans que cela tourne au chaos. L’innovation est un état d’esprit, c’est certain – mais avant tout, l’innovation est un processus.

Selon le secteur d’activité et la zone géographique desservie, les activités d’innovation doivent idéalement se faire à une petite échelle. Quant aux activités d’amélioration ou révision complète pouvant déboucher sur une ou plusieurs innovations, elles doivent être implémentées en parallèle à ce qui fonctionne déjà, et sans remplacer tout l’ensemble avant d’avoir un produit ou service bien fonctionnel.

En procédant ainsi, l’intégration rapide des réactions reçues par rapport au marché permet une correction presque instantanée et sans impact négatif sur l’existence même de l’entreprise. Mais pour arriver à ce point, il faut d’abord que l’entreprise possède un processus opérationnel stable et bien rôdé.

Finalement, être prêt pour innover et le faire bien, c’est toute une affaire.

 

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Elena Debbaut

Elena Debbaut possède plus de 25 ans de pratique dans le monde des affaires, un fort esprit entrepreneurial, ainsi qu’une expertise technologique polyvalente. Aujourd'hui, elle intervient comme spécialiste en restructuration opérationnelle sur des missions comme le redressement des entreprises et projets en difficulté. Ses clients sont aussi bien les grandes multinationales que les PME.