La viande de boeuf deviendra un immense danger planétaire

La production de nos aliments dégage des gaz à effet de serre qui augmentent le réchauffement climatique.

Un nouvelle estimation établit que les émissions de l’agriculture accroîtront l’effet de serre d’un degré en 2100. Les températures de la Planète sont déjà montées d’un degré avec des graves conséquences météorologiques. Ces gaz à effet de serre supplémentaires suffiraient donc à porter le climat au-dessus du seuil de stabilité planétaire de 1.5°C.

Le méthane deviendra le gaz à effet de serre le plus nocif, et la production de boeuf en sera la principale responsable.

Si l’alimentation reste similaire à celle d’aujourd’hui,  en 2100 elle réchauffera la Planète d’un degré et cet effet de serre proviendra à 60%  du méthane.

La consommation de produits laitiers et de la viande causera la moitié du réchauffement dès 2030, et le riz apportera 19%.

Je pense un instant courageusement à essayer des pâtes avec du dhal (sauce de lentilles), mais la production de blé est menacée par les températures croissantes, et le maïs par les sécheresses.   Il vaudrait apparemment mieux manger du millet et du sorgho (lien).

Les auteurs de l’étude relèvent eux-mêmes que leurs calculs incluent simplement la croissance de la population et se basent sur une hypothèse d’alimentation constante.  Ils citent d’autres travaux qui estiment que la consommation de viande de boeuf pourrait augmenter de 90% en 2050. Le développement mondial provoque une consommation accrue chez un milliard de chinois et d’autres populations qui en étaient auparavant privées.  Ils remarquent justement donc que leur travail, qui détaille les gaz à effet de serre dus à la production de nombreux aliments, sous-estime probablement l’avenir.

La FAO alertait il y a quelques années sur une augmentation rapide de la production de viande, alors les projections réalistes seraient bien plus élevées. De plus, l’élevage implique de nourrir ce bétail dans des pâturages ou par des cultures rendues possibles par la déforestation. Celle-ci provoque des émissions de carbone des arbres et du sol, qui ne sont probablement pas encore totalement comptabilisées. L’absence des forêts déstabilise le climat local  et augmente l’effet de serre global.

Les auteurs estiment qu’il est possible de réduire le 1°C apporté par l’alimentation de 0,2°C en adoptant des pratiques agricoles plus adaptées, en limitant la production de méthane des boeufs, des rizières et le gaspillage alimentaire.  

Ils observent qu’à mesure que le CO2 sera remplacé par les énergies renouvelables, le méthane deviendra le principal problème, et qu’en 2100 le boeuf  élevé pour la viande sera bien plus polluant que tout autre aliment.  Le poulet provoquerait alors beaucoup moins d’effet de serre.  Les émissions de carbone des vaches laitières semblent plus faibles. En Suisse, les pâturages naturels de montagne permettent un élevage plus écologique, si les aliments du boeuf suisse n’incluent pas de produits de la déforestation tropicale. 

Cette étude est utile pour mettre en évidence des problèmes de production d’aliments spécifiques et donner des pistes d’amélioration spécifiques.

Mais si nous ajoutons à cela l’augmentation rapide de consommation de viande dans le monde le bilan pourrait être bien supérieur, démultiplié. La production de viande est aussi très sensible aux chocs climatiques et économiques. Nous ne pouvons simplement pas l’augmenter et survivre sur Terre.

Des changements dans notre alimentation réduiraient aussi les émissions de carbone.  De toute façon le menu des bûcherons du 19ième siècle ne me convient pas. Dans la génération de mes grands-parents, nés en 1910-1920, de nombreuses personnes sont décédées dans la cinquantaine de crise cardiaque liée au cholestérol.  Cette étude cite l’école médicale d’Harward qui conseille de limiter la viande de boeuf ou de porc à un repas par semaine, et les oeufs, le poulet et le poisson à deux repas par jour au maximum. Leur menu me semble déjà très riche en protéines animales. La FAO recommande 20 grammes de protéines par jour, un chiffre total plus bas. Je préparais en général un repas avec du fromage ou un oeuf, et le deuxième avec des protéines végétales. Je réalise  ainsi une réduction d’émission assez importante en prenant simultanément soin de ma santé. Le régime Eat-Lancet, régime  optimal pour la santé et pour la Planète,  inclut encore moins de protéines animales et plus de protéines végétales. Il réduit aussi le risque de cancer.  Il pourrait être massivement adopté si nous disposions d’alternatives végétales fabriqués à grande échelle à des prix inférieurs à ceux de la viande. 

The Planetary Health Diet

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

21 réponses à “La viande de boeuf deviendra un immense danger planétaire

  1. Merci beaucoup, chère Madame Retelska, pour ce très intéressant article et les suggestions
    pour manger moins de viande; c’est très raisonnable et faisable. De toutes les façons, si nous humains ne voulons pas réguler notre population et notre consommation, la nature s’en occupera… et ça elle sait le faire !

  2. Mangez de l’herbe si cela vous plait et calme votre esprit doté d’un pessimisme permanent ahurissant, mais laissez aux autres la liberté de vivre comme ils le souhaitent et manger ce qu’ils veulent d’autant que vous essayez de culpabiliser quelques millions de Suisses romands qui ne sont qu’une poussière face aux milliards d’habitants du reste du monde.
    Allez publier vos blogs en Chine, Inde et USA, s’ils les lisent cela aurait bien plus d’impact qu’ici.
    Au passage, les quantités de viande et protéines que vous listez sont trop faibles pour des enfants en pleine croissance….

    Bien sur, vous allez laisser l’usurpateur de pseudo habituel faire son numéro à la publication de celui-ci….

      1. Faux, vous ne pouvez nourrir des enfants en croissance, ni des adultes uniquement avec des protéines végétales sans apports de compléments alimentaires.

        Avec vous, plus de voyages, déplacements, ski, viande, mais non plus de café, chocolat, ananas, bananes, autant de produits “exotiques” qui viennent de l’autre bout du monde et donc émetteurs de CO2.
        Quel style de vie mettez-vous en avant ? Quels plaisirs reste-t-il si on suit toutes vos recommandations ? Retour à la vie des cavernes, tout l’hiver à manger patates, choux… Plus de fromage, fondues etc.. non plus. Car on interdit aussi les vaches qui émettent trop de méthane.

        Merci de préciser votre modèle de vie et société, car au final pour mettre tout cela en place l’état devra tout interdire et contrôler avec des contrôleurs (type stasi)… Bref le communisme vert…

        1. https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal%3A240877/datastream/PDF_01/view

          En 2019, l’Académie royale de médecine de Belgique a commissionné un groupe d’experts qui a émis l’avis que «le régime végétalien est inadapté, non recommandé et même proscrit pour les enfants à naître, les enfants et les adolescents, de même que les femmes enceintes et allaitantes». En effet, «il est tout à fait inadmissible médicalement de soumettre un enfant, en particulier lors des périodes de croissance rapide, à un régime entraînant des déséquilibres métaboliques et obligeant à un suivi médical rigoureux avec des contrôles biologiques fréquents et la prise de suppléments alimentaires. Le fait d’imposer cela à des enfants en bonne santé soulève donc d’importants problèmes bioéthiques» (6).

          https://www.sciencesetavenir.fr/nutrition/enfant-adolescent/alimentation-vegane-des-risques-dramatiques-pour-les-enfants_134700

  3. “Les auteurs estiment qu’il est possible de réduire le 1°C apporté par l’alimentation de 0,2°C en adoptant des pratiques agricoles plus adaptées, en limitant la production de méthane des bœufs, des rizières et le gaspillage alimentaire.”
    On parle donc de limiter éventuellement la hausse projetée de 0.2°C, en limitant aussi le méthane des “rizières” et le “gaspillage alimentaire” + des “pratiques agricoles plus adaptées”.
    Quelle est donc la vraie part du bœuf là-dedans?
    Il ne doit même pas rester grand chose du 0.2°C…
    Ce qui reste assurément, c’est l’imprécation culpabilisante envers la viande et la nourriture.
    Si vraiment vous voulez interdire, interdisez d’importer de la viande d’Amérique du Sud, alors qu’il y en a bien assez en Europe. C’est le commerce international qui transporte tout de-ci, de-là qui est absurde et qui pollue, en plus de détruire les relations humaines. Pas la viande consommée en local et qui fait vivre le petit paysan local.
    Or derrière tout ce débat, il y a un message indirect, qui est porté par tous les pessimistes ontologiques – tout être vivant pollue. Et, implicitement – surtout l’être humain, en tant qu’animal.
    D’ailleurs, je propose plutôt de regarder combien ces études émettent-elles de CO2?
    Combien ce blog émet-il de CO2?
    Combien chaque commentaire émet-il de CO2?
    Combien pourrait-on éliminer de CO2 en débranchant Internet ou en supprimant la TV?
    Combien en débranchant les super-ordinateurs de l’IA qu’on nous promet être notre amie?
    Combien de degrés °C seraient ainsi économisés?
    La culpabilité est un vieux mécanisme religieux, un mécanisme très puissant.
    Ce qui est intéressant, c’est pourquoi certains sujets sont dignes de culpabilité et pourquoi d’autres ne sont jamais évoqués?
    Visiblement être paysan = polluer. Se nourrir = polluer.
    Alors que de produire de la théorie en ligne pour gaver les cerveaux n’est pas questionné.
    Je vous informe donc qu’Internet produit une pollution gigantesque. Pas uniquement des sols et de l’air, avec des antennes toujours plus parasites pour la vie animale, mais aussi une pollution des cerveaux.
    Ces technologies utilisent également des minerais précieux, qui engendrent une forme d’esclavage pour les extraire dans les mines, en plus de détruire les écosystèmes. Tout cela se fait avec du pétrole.
    Il faut aussi beaucoup d’électricité pour faire tourner les serveurs, les batteries, les écrans, les antennes relais, etc.
    Et encore de l’énergie pour les produire et, sans compter l’énergie qu’il faudra pour les recycler.
    Au final, c’est sans assurément beaucoup plus de pollution qu’un steak de bœuf, surtout s’il est produit localement, avec du fourrage local (et c’est possible, c’est cela qu’il faudrait encourager).

  4. J’ai lu, qu’une vache qui se nourrit de pâturages et de fourrages traditionnels produit jusqu’à 200 fois moins de méthane qu’une vache nourrie avec des soyas et autres tiges de mais !

  5. Les préconisations générales sont de réduire notre consommation de la viande. N’oublions pas que l’élevage des ruminants, dans un cadre extensif, contribue au maintien ds prairies et à la production de fertilisants pour l’agriculture biologique. Actuellement, la politique de soutien envers l’agriculture biologique est insuffisante. L’agriculture conventionnelle utilise le protoxyde d’azote, un GES dont le pouvoir de réchauffement est 310 fois plus fort que le CO2. Avant l’ère industrielle, on cultivait des légumes et des céréales sans pesticides, engrais et carburants. Ce n’est pas un retour en arrière, c’est du bon sens.

    1. @Sonia; Le protoxyde d’azote est un gaz, je ne vois pas quel usage en est fait dans l’agriculture, merci de m’éclairer.

      1. L’épandage des engrais azotés émet du protoxyde d’azote. Ils polluent non seulement notre air mais aussi nos eaux en ruisselant sous forme de nitrate dans les rivières, lacs et océans. La prolifération des algues vertes est une des conséquences.

        1. Peux même vous confirmer qu’une proche parente qui habite en Suisse centrale subit avec les autres habitants les “charmes” très peu discrets de l’épandage sur les champs environnants durant tout l’été et qu’elle doit garder ses fenêtres fermées si elle ne veut pas en subir nuit et jour les relents.

          De plus, sans même être experte en la matière, lors de ses promenades à travers champs elle n’a pas manqué de constater qu’avec lisier, fumier et autres composts mêlés aux engrais chimiques (nitrates, phosphates, potassium, chaux, mélanges…) et aux biocides pesticides (herbicides, fongicides, des pesticides…) quand ce n’est pas aux boues d’épuration urbaines – le tout déversé par épandage on se demande ce qui reste au bétail à brouter et ce que, une fois parvenue dans nos assiettes, leur contribution carnée à ce que d’aucun considèrent encore comme une alimentation saine nos estomacs ingurgitent.

        2. Sauf erreur, le protoxyde d’azote est le gaz hilarant, utilisé pour les anesthésies, je doute un peu !

          1. “…le protoxyde d’azote est le gaz hilarant, utilisé pour les anesthésies…”

            Comme les cortonneries… hilarantes et anesthésiantes à souhait, non?

      2. https://www.infometha.org/pour-aller-plus-loin/le-cycle-de-lazote/emissions-de-protoxyde-dazote-par-lagriculture:

        Le protoxyde d’azote (N2O) est l’un des deux principaux gaz à effet de serre émis par l’agriculture, avec le méthane. Avec 122.000 tonnes émises soit près de 90% des émissions nationales, l’agriculture en est le principal secteur émetteur. Il est généré principalement par l’épandage des déjections d’élevage et l’utilisation des engrais azotés, soit directement au sol, soit indirectement via la volatilisation de l’ammoniac et le lessivage des nitrates. Ces émissions sont liées aux mécanismes de dénitrification et de nitrification qui interviennent à tous les stades du cycle de l’azote. Elles font l’objet d’une comptabilité dans les inventaires d’émission des gaz à effet de serre ou des analyses de cycle de vie (ACV), toutefois leur estimation précise est difficile compte tenu de la sensibilité de ces mécanismes à de nombreux facteurs locaux.

        Pour aller plus loin
        Les émissions de N2O de l’agriculture
        Selon le CITEPA, en 2017 l’agriculture contribue majoritairement aux émissions nationales de N2O (87%). Les 122 kt émises représentent 36,6 millions de tonnes CO2 équivalent, avec un PRG de 298 pour le N2O.

        Elles sont liées essentiellement à l’apport d’azote sur les sols (71 kt) : engrais azotés (35 kt), azote excrété à la pâture (27 kt), engrais et amendements organiques (9 kt, incluant l’épandage des déjections d’élevage). Ces émissions ont lieu dans le sol par réactions de nitrification-dénitrification.

  6. Le pétrole est source de richesse pour l’humanité. Grâce à lui je suis devenu un homme puissant dans ce monde. Comprenez-moi bien ! Sachez que physiquement je suis une personne extrêmement grosse, en d’autres mots, je suis du type obèse. Je fais 1.52 m et pèse 127 kilo. Alors pour sauver la planète, je préconise la liberté de manger quotidiennement que ce que je veux. Dans mon cas je ne mange que des chips et des gâteaux au chocolat. Jamais de viande, ni de légumes, ni de fruits. Comme breuvage, je ne consomme que de la bière suisse ou allemande, soit du matin au soir. Je ne bois jamais d’eau. Cela m’a conduit, bien sûr, à devenir un obèse morbide et mon médecin de famille m’a diagnostiqué une tension artérielle très élevée et un taux de cholestérol aussi très élevé. Bon ! C’est vrai que je ne suis pas top canon.

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