La plus grande assurance américaine refuse désormais d’établir de nouveaux contrats (CNN, Guardian). State Farm, géant de l’assurance en Californie, a dépensé toutes les réserves constituées au cours des vingt dernières années pour indemniser ses clients victimes de récentes catastrophes et refuse de prendre plus de risques.
L’état le plus riche et le plus peuplé des Etats-Unis a subi plusieurs années de sécheresse et de nombreux feux, qui ont détruit des dizaines de milliers de maisons. Cet hiver, la Californie a aussi vu des inondations sans précédent, et l’aggravation est prévisible (blog). J’ai été étonnée que les médias américains n’énonçaient pas clairement le fait que les pluies intenses sont liées au réchauffement, et à la température élevée des océans, mais les assurances semblent savoir qu’une augmentation du nombre et de la gravité des catastrophes est prévue.
Le risque d’incendie est maintenant tel que l’assurance refuse tout nouveau contrat. L’état régule apparemment les primes et les maintient à un niveau trop bas selon leurs calculs.
Deux autres assurances américaines, dont la multinationale American International Group, ont signifié à des milliers de propriétaires Californiens que leurs assurances ne seraient pas renouvelées, selon le Wall Street Journal.
Le changement climatique augmente le risque de feux de forêts. L’année passée, en 2022, la Californie en a subi 7’490, plus que l’année précédente. Un de ces feux a détruit une centaine de villas. Le plus grand, qui a ravagé la ville de Paradise en 2018, a anéanti plus de dix mille bâtiments (NBCNews).
La région a vu des incendies record au cours des six dernières années, qui figurent parmi les plus chaudes de l’histoire. Ils font partie des plus grands et les plus meurtriers de l’Histoire des Etats-Unis.
Une étude récente établit qu’environ 40% de ces brasiers sont dus au changement climatique (Washington Post).
L’assurance incendie est généralement nécessaire pour obtenir un prêt bancaire ou une hypothèque. Leur absence fera probablement baisser les prix des maisons en Californie.
C’est une conséquence du réchauffement climatique qui sera ressentie rapidement par de nombreux particuliers. Le risque de catastrophes augmente presque partout dans le monde.
La population de toute la Terre est frappée aujourd’hui par des catastrophes plus grandes, plus complexes et plus chères, notamment par manque de mesures adéquates.Beaucoup de ces événements sont dus au climat, et s’aggraveront probablement (UNDRR).
En particulier, les sécheresses et les feux augmentent beaucoup. L’Amérique du Sud subit une sécheresse qui dure depuis 2019, la plus longue depuis des décennies. L’Uruguay, le nord de l’Argentine et le sud du Brésil sont particulièrement touchés.La production de soja de l’Argentine est réduite de moitié, les glaciers des Andes ont perdu de 30 à 50% de leur volume (Flash News from the Disaster Risk Management Knowledge Centre,online).
Une nouvelle étude met en garde contre les sécheresses éclair (flash drought) , qui se développent très vite, en quelques semaines et menaceront progressivement toutes les régions agricoles au 21ième siècle (lien).
La chaleur s’accompagne d’immenses feux, qui ont frappé tous les continents,l’Australie en 2020 où 126’000 km2 de forêts uniques au monde sont parties en fumée, emportant des peuples d’animaux entiers (BBC, blog1, 2) l’Amazonie, ou la Sibérie. Les feux sont clairement liés à la sécheresse, et certaines régions boréales, où l’humidité avait toujours régné, se sont révélées très susceptibles.A Lytton au Canada, l’incendie s’est déclaré dans la ville lors de la monstrueuse vague de chaleur de 2021, l’été passé l’Angleterre a atteint une température de 40°C et a aussi vu de très nombreuxembrasements les jours les plus chauds.
Ce printemps,ce fléau s’est abattu sur le Canada (Temps) et l’Espagne (Euronews)lors de canicules exceptionnelles.
L’Europe n’échappe pas à ce danger.L’Agence européenne Copernicus en fait l’inventaire.Leur rapport sur l’année 2021 concluait qu’il s’agissait de la deuxième année la plus touchée, et que ces catastrophes s’étaient surtout produites dans les années 2016-2021, les plus chaudes de l’Histoire.En 2021, les flammes se sont surtout attaquées à l’Italie, ainsi qu’à la Grèce, à la Turquie et au Portugal. La surface embrasée avait doublé par rapport à l’année précédente (lien).
L’année passée a vu plus de feux que la précédente. En 2022, 45 pays d’Europe ont subi ce cataclysme (Copernicus EFFIS Advance report on forest fires). Le nombre de brasiers et la surface totale ont augmenté.L’Espagne aété particulièrement éprouvée, ainsi que la Roumanie, le Portugal, la Bosnie et la France. Malheureusement les flammes se sont aussi attaquées aux zones protégées, particulièrement importantes.
En Suisse, la surface brûlée a fortement augmenté en 2022.
Cette année ce danger subsiste, l’Espagneet la France ont déjà vu de nombreux embrasements, et la surface consumée en France surpasse déjà sa moyenne annuelle.
Les incendies sont undes grands dangers des canicules. Nous verrons des feux de forêts et des départs de feux dans les villes. Une augmentation de ces catastrophes est prévue par les experts. Il faut compter avec ce danger, et prévoir beaucoup plus de surfaces forestières pour compenser celles qui seront perdues. Je propose aussi d’étudier plusieurs solutions techniques, par exemple la présence d’eau, pour juguler les immenses incendies à venir.
Ce printemps est maussade en Europe centrale. Nous subissons encore les effets d’un réchauffement stratosphérique qui nous a envoyé de l’air froid, et continuera jusqu’à début mai. C’est un événement météorologique local et temporaire qui ne modifie pas le réchauffement global.
En Asie par contre, la chaleur règne. Au Japon, les températures ont atteint des records en mars, les cerisiers ont fleuri plus tôt, et le mois passé était le plus chaud de l’Histoire du pays. L’année passée déjà, ce pays avait accumulé 200 records de température et 71’000 personnes ont été hospitalisées pour des malaises dus à la canicule, des personnes âgées mais aussi des enfants (lien). Cette année s’annonce encore plus torride. Le Japon organise des abris à air conditionné pour sa population.
La canicule s’étend de l’Inde à la Chine. Six villes en Inde ont dépassé 44 degrés, des décès ont été enregistrés. Cinquante personnes ont été hospitalisées après une cérémonie en plein air et treize sont décédées. Les enfants souffrent de maux de tête et des nombreuses écoles ont été fermées. La population indienne ne dispose pas de climatisation ni de budgets pour des soins médicaux, ils souffrent donc de la canicule en silence et sans recours. Dans ce pays, la plupart des travaux pénibles sont faits manuellement, les femmes portent des briques sur les chantiers et ces travailleurs sont parmi les premières victimes.
Les températures en Chine ont atteint des nouveaux records. En Thaïlande, elles ont dépassés 45°C. Dans ces régions, l’humidité est importante ce qui rend la chaleur plus dangereuse. L’index combiné (heat index) indiquait 53,8°C hier. Ce temps torride a favorisé des feux de forêt dans le nord de ce pays (lien).
Ces derniers printemps ont été de plus en plus chauds (p.ex blog 2019), mais la canicule de cette été est inégalée. Les thaïlandais souffrent de ces journées pénibles, et la sécurité de la population n’est probablement pas aussi bien organisée qu’au Japon. Samedi, les autorités ont alerté une grande partie du pays sur le risque de chaleur extrême et ont conseillé à la population de rester à l’intérieur.
La consommation d’électricité, essentiellement pour la climatisation, s’est aussi accrue, 39’000 megawatts alors que l’année passée elle n’avait atteint que 32’000 megawatts. Des coupures d’électricité ont frappé les populations lors de cet événement extrême.
Selon les scientifiques et les études cités, cette vague de chaleur est sans précédent et due au réchauffement climatique (Reuters, msn).
Je trouve ces vagues de chaleur et ces records successifs, quasiment chaque année, très inquiétants, d’autant plus que l’arrivée d’El Nino apporte habituellement des sécheresses et des canicules, qui pourraient bien atteindre des extrêmes encore plus élevées l’année prochaine.
Aujourd’hui je vous livre une sélection de phrases exactes du résumé pour décideurs du rapport du GIEC avec le numéro de paragraphe. Si cela vous est utile, vous pouvez donc les citer ainsi.
Ce document montre que le réchauffement causé par l’Homme contribue déjà à de nombreux événements extrêmes partout dans le monde.
Pour chaque 1000 Gt de CO2 émis par l’activité humaine, la température de surface globale augmente de 0,45°C (B.5.2).
Le changement climatique a réduit la sécurité alimentaire (A.4). Environ la moitié de la population mondiale connaît actuellement des graves pénuries d’eau. Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones très vulnérables au changement climatique : Afrique, Asie, Amérique centrale et du Sud, PMA, petites îles et Arctique (A.2.2).
Avec chaque augmentation supplémentaire du réchauffement climatique, les changements dans les extrêmes continuent de s’amplifier (B.1.3). Cela signifie que si la température moyenne sur la Planète augmente de 0,5°C, en Suisse elle montera d’un (1) degré (fig SPM.2 a et plus détaillé ailleurs, rts, OFEV), et les vagues de chaleur augmenteront plus (dr). Les pluies et sécheresses extrêmes s’intensifieront, les puits de carbone terrestres et océaniques fonctionneront de moins en moins bien (GIEC).
À court terme, chaque région du monde devrait faire face à une nouvelle augmentation des aléas climatiques (B. 2.1.) Les impacts à long terme projetés sont jusqu’à plusieurs fois plus élevés que ceux actuellement observés (B.2 degré de confiance élevé). Les inondations seront donc plusieurs fois plus grandes, les sécheresses toucheront beaucoup plus de cultures (dr).
Les risques à court terme comprennent une augmentation de la mortalité et de la morbidité humaines liées à la chaleur (degré de confiance élevé), des maladies et des problèmes de santé mentale.
L’augmentation prévue de la fréquence et de l’intensité des fortes précipitations (confiance élevée) augmentera les inondations locales générées par la pluie (confiance moyenne).
Par rapport au rapport du GIEC précédent AR5, les niveaux de risque globaux agrégés sont évalués comme étant élevés à très élevés à des niveaux inférieurs de réchauffement climatique en raison de preuves récentes des impacts observés (B.2.2).
Les risques d’événements météorologiques extrêmes seront déjà élevés à 1.5°C degré (Fig SPM.4).
En général, lorsqu’un chiffre de température est utilisé dans le rapport, il s’agit d’une moyenne décennale. La fonte en profondeur des glaces et du permafrost s’étale sur plusieurs années et une seule année chaude n’aura pas les mêmes effets. Cependant, il me semble que l’atmosphère pourrait répondre très vite à une élévation de température, et des vagues de chaleur et des tempêtes extrêmes pourraient déferler lors d’une seule année torride.
L’élévation du niveau moyen mondial de la mer au-dessus de la plage probable – proche de 2 m d’ici 2100 ne peut être exclue. Il y a une confiance moyenne que la circulation thermohaline Atlantique ne s’effondrera pas brusquement avant 2100 (B.3.3). Je crois qu’on pourrait rétorquer sur ce dernier point qu’elle ne s’effondrera par braquement parce qu’elle s’arrête progressivement.
Le risque de fonte du permafrost est déjà élevé à 1,5°C (Fig. SPM4).
Une atténuation profonde, rapide et soutenue et une mise en œuvre accélérée des mesures d’adaptation au cours de cette décennie réduiraient les pertes et les dommages prévus pour les humains et les écosystèmes (C 2.2). Les options d’adaptation qui sont réalisables et efficaces aujourd’hui deviendront limitées et moins efficaces avec l’augmentation du réchauffement climatique (B.4). Les limites à l’adaptation et les pertes et dommages, fortement concentrés parmi les populations vulnérables, deviendront de plus en plus difficiles à éviter (confiance élevée) (Extraits exacts du résumé pour décideurs du rapport du GIEC: lien).
Actuellement, une marche bleue réunissant plusieurs personnalités romandes, surtout des femmes, parcourt la Suisse romande de Genève à Berne pour demander à notre gouvernement le respect de l’accord de Paris qui permettraient cette attenuation rapide du changement climatique. Elle est accueillie à de nombreux endroits avec bienveillance et conscience de cette problématique (#lamarchebleue sur Instagram ou Facebook). La marche a parcouru la Côte de Genève à Lausanne, a atteint Neuchâtel samedi et part aujourd’hui en direction de Berne en passant par Fribourg. Le 22 avril, elle remettra officiellement une pétition pour l’action climatique au gouvernement.
J’ai remarqué depuis plusieurs années que les catastrophes météorologiques dépassent les prévisions précédentes. Celles-ci ont maintenant été partiellement mises à jour avec les connaissances acquises de ces événements récents.
Cette semaine encore, un nouveau record météorologique était battu par l’ouragan Ilsa, qui a percuté les côtes australiennes avec des vents record de 289 km/h.
Les observations suggèrent l’arrivée du El Nino, courant chaud dans le Pacifique, qui provoque des années chaudes et souvent des événements météo extrêmes. Plusieurs modèles estiment qu’un super El Nino est possible (Guardian). Une étude suggère que le changement climatique pourrait provoquer une amplification de ces phénomènes. Au cours des années 2015-2016, la température planétaire s’était alors élevée de 0.5°C. Cette période avait provoqué la sécheresse en Amérique du Sud, et un retard de la mousson en Inde, et des épidémie de fièvre dengue et de choléra. Il se trouve qu’un épisode de super El Nino pourrait nous faire dépasser 1.5°C degré l’année prochaine déjà, et nous amener des intempéries inconnues de l’humain. Cela montre le niveau du danger climatique auquel le monde est confronté aujourd’hui. Nous devons le réduire autant que possible.
Les discussions de printemps de la Banque Mondiale commencent sur le constat que la croissance a ralenti. Selon leurs déclarations, la croissance mondiale devrait être autour de 3% pour les prochaines années. Elle se produirait essentiellement dans les pays développés, et elle sera plus difficile pour les pays pauvres. Ils sont notamment étouffés par la dette, et la Banque Mondiale organise une table.ronde qui réunirales créanciers pour discuter de solutions.
Selon M. Malpass, les perspectives développement des pays pauvres ne sont pas très bonnes. Il a déclaré qu’il y a assez de capitaux dans ces pays mais ils sont dans les mains d’un petit groupe d’acteurs et qu’il faudrait changer les choses dans ces pays. Je suis très curieuse de ce qu’il voulait dire par là, le savez-vous?
Kristallina Giorgieva se demande comment placer le monde sur une trajectoire de croissance plus élevée, pour garantir l’emploi et limiter les migrations. Selon elle, la croissance repose sur plus de productivité mais les conditions nécessaires ne sont pas réunies, et la solution à long terme est d’accroître l’approvisionnement, pour fournir des financements aux entreprises. Ils estiment que le commerce extérieur favorise la division des tâches, et que le développement se ferait grâce aux bénéfices rapportés par les exportations.
Ces perspectives me semblent erronées à deux niveaux: d’une part l’économie ne se comporte déjà pas comme ils l’espèrent, par exemple les faillites des banques ont suivi celles des petites entreprises, aujourd’hui nous apprenons que les ventes d’ordinateurs Mac ont baissé de 40% cette année. D’autre part la création d’entreprises à profusion me paraît difficile à concilier avec la réduction rapide d’émissions de carbone.
La problématique du climat
Leurs prévisions font abstraction du climat qui provoque une grave sécheresse en Afrique, affectant 36,4 millions de personnes et tuant le bétail (wiki), des vagues de chaleur précoces en Asie, les inondations sans précédent en Nouvelle-Zélande (CNN) et en Californie (blog), l’effrayant cyclone Freddy (lien), plusieurs grands glissements de terrain consécutifs aux pluies intenses dans plusieurs pays, au Brésil, au Pérou (Reuters), en Equateur (Reuters), dans l’Himalaya indien et au Congo (Reuters).
Ces catastrophes s’aggraveront au cours des vingt prochaines années et les pays tropicaux seront particulièrement exposés aux intempéries violentes et à leurs conséquences, leur économie sera menacée.
Or le développement devrait se concentrer dans les pays les plus pauvres, pour aider leurs populations à assurer leurs besoins vitaux et à former des sociétés plus stables. Il me semble que instances internationales se sont fixés ces objectifs.Les pays riches devraient parvenir à un fonctionnement harmonieux sans croissance, en améliorant plutôt les conditions de vie de la population, les conditions de travail, et les loisirs, et en diminuant le temps de travail, les trajets, et la pollution.
Le réchauffement climatique et la pollution pourraient être jugulés très simplement par la diminution de la production d’objets sur la Planète. Par contre, une croissance accompagnée d’une augmentation de la productivité est aux antipodes du développement durable, elle apporterait de la pollution et un réchauffement climatique porteur de vagues de chaleur mortelles, de sécheresses et tempêtes destructrices. Une augmentation de la productivité provoque aussi des pertes d’emploi (Arte).
J’ai l’impression que la Banque Mondiale ne propose pas de solutions durables à l’économie mondiale, mais une poursuite de la fuite en avant actuelle, alors même que le GIEC et l’ONU appellent tous et toutes à s’investir entièrement pour sauver notre climat. Tous les secteurs de l’économie devraient s’aligner sur le principe du zéro émission d’ici 2050 (Guterres). Produirons-nous à l’excès jusqu’à la destruction des usines par les tempêtes que nous aurons provoqué? Les créations d’entreprises en devraient pas être favorisées mais au contraire, les initiatives polluantes devraient être fortement découragées, sévèrement contrôlées dès le début et privées de crédits. La consommation effrénée de notre société devrait être limitée. Une réduction de la création d’entreprises pourrait provoquer une crise économique mais il doit y avoir un moyen de l’éviter.
Des connaissances ont tout essayé pour faire marcher leur petite entreprise, investi leurs économies, de longues heures de travail, à tenter de vendre ce que personne ne voulait acheter et ont récemment fermé. J’ai récemment entendu quelques histoires semblables. Je ne sais combien d’entreprises vivotent ou survivent actuellement sans réellement fonctionner, ce rêve capitaliste a du plomb dans l’aile.
Surtout, nous ne pouvons pas nous permettre de fabriquer des jupes à LED, de les transporter, de construire des magasins et de les renvoyer à la casse. Et cet article existe déjà, pour réussir à les supplanter, je pourrais encore inventer une variante qui diffuse de la musique quand la personne tournoie. La musique pourrait changer selon le rythme du mouvement, ça plairait certainement. Cependant cet article semi-jetable, cassé après trois utilisations, polluerait trop et menace nos conditions de vie sur Terre.
Les ventes des ordinateurs Apple ont baissé cette année. Notre société fonctionnera très bien avec la moitié des ordinateurs neufs des années passées, nous y parviendrons par une utilisation plus longue du même objet ou par la réparation. L’ancien ordinateur est déjà très bon, et nous n’en souffrirons pas du tout. Nous avons tout intérêt à économiser les métaux rares nécessaires pour leur fabrication pour des usages essentiels dans le futur. Nous devons seulement s’assurer que les employés d’Apple ne souffrent pas trop de la diminution de production, et en aucun cas nous ne devons augmenter la productivité. Les employés devraient donc bénéficier d’une réduction du temps de travail, de deux heures à consacrer à leur hobby sur le lieu de travail ou des cours de yoga et d’autres activités de bien-être.
Nous devons graduellement réduire la production et la consommation matérielle de nos sociétés. Une réduction de la consommation dans nos sociétés comporte un risque sérieux de crise économique, qui doit être bien géré dès maintenant. Nous devons parvenir à une société harmonieuse sans croissance économique, ou même en décroissance.
Rob Hopkins demande un ‘plan Marshall climatique’ qui créerait une grande quantité d’emplois dans l’isolation des bâtiments et autres activités protectrices de notre climat. Un revenu minimum universel serait une autre solution qui éviterait la crise. Un tel revenu dans les pays pauvres éviterait d’innombrables drames et constituerait un réel outil de stabilité et de développement. D’autres suggéraient une économie du bien-être où l’achat d’un objet supplémentaire serait remplacé par un massage ou un concert. Je serais personnellement ravie que l’Etat m’offre des bons pour des spectacles ou des activités de bien-être et de loisirs.
Nous devons rapidement limiter la création d’entreprises à celles qui respectent notre climat et permettent à la vie sur Terre de se poursuivre dans des bonnes conditions. La Banque Mondiale doit inclure immédiatement cette exigence dans les propositions qu’elle formule.
Addendum: Le GIEC suggère des mesures matérielles, comportementales et sociales pour réduire la demande des consommateurs (résumé pour décideurs, point C3).
Vendredi, un fort vent soufflait toute la journée, les arbres s’agitaient dans la tempête. A certains moments, le grésil recouvrait le sol de billes blanches en une minute, puis cessait aussi vite. A la récréation, les enfants jouaient devant l’école, sous les grands arbres gémissants. Ils devraient probablement rester à l’intérieur dans un telle situation. Dans l’après-midi, des vents de 120 km/h ont été mesurés à Neuchâtel (MétéoSuisse). J’y étais à ce moment-là. La vitre de l’abri-bus tremblait. Une lourde pluie tombait de biais. Les passants marchaient encore facilement dans la rue, nous ne nous rendions absolument pas compte qu’il y avait un danger. Seule une dame âgée totalement décoiffée s’est plainte qu’elle a failli tomber.
Un train a alors déraillé à Locras, près de Bienne, canton de Berne. Un wagon s’est renversé. L’accident a causé trois blessés, les trois occupants de cette voiture. Vingt minutes plus tard, un autre train à voie étroite subissait le même sort à quarante kilomètres de là, à Büren-zum-Hof. Trois wagons ont déraillé. A ce moment précis, la station de mesure météorologique voisine enregistrait une rafale de 136 km/h, ce qui s’approchait d’un ouragan (rts). La tempête Mathis, centrée sur le sud de l’Angleterre a généré des vents violents sur une partie de l’Europe dont la Suisse. Il a beaucoup plu et des milliers d’éclairs ont été observés.
Les deux accidents simultanés montrent clairement qu’ils sont dus aux conditions particulières qui régnaient à ce moment-là. D’autres déraillements se sont déjà produits par vent fort près de Wasserauen en 2007, en 1996 dans l’Oberland bernois, et en 2018 dans le Simmental bernois, sur la ligne entre Montreux et l’Oberland bernois.
Vendredi passé la ligne ferroviaire de Wasserauen était suspendue en raison des vents violents. Comme c’est souvent le cas, les mesures de prévention sont prises là où un accident s’est déjà produit, alors que des modèles scientifiques pourraient suggérer les risques à de nombreux autres endroits.
Les deux accidents de vendredi se sont produits sur des lignes à voie étroite. L’écart normal entre les rails est de un mètre quarante. Sur les tronçons où les deux trains ont déraillé vendredi, il mesure un mètre seulement. Le service suisse d’enquête de sécurité estime que cette différence peut influencer la stabilité du train. L’angle d’attaque du vent semble aussi important, et la forme des wagons pourrait peut-être être plus aérodynamique.
Les tempêtes s’aggravent et le nombre d’arbres cassés par le vent augmente. Nous savons que le changement climatique s’amplifiera au cours de la prochaine décennie, et des intempéries sans précédent, inconnues à l’heure actuelle, nous attendent. Nous avons besoin de règles de prévention, qui arrêtent les trains en cas de danger. Cela risque bien sûr de se produire fréquemment, entre les tempêtes et les glissements de terrain nous avons déjà vu plusieurs perturbations du traffic dans les dernières semaines. Les transports deviendront plus hasardeux.
Nous aurons bientôt besoin de confiner la population à la maison le temps d’une journée ou de diffuser des appels radios et sms pour ouvrir instantanément nos portes aux passants en danger. Ces mesures de sécurité doivent être développées au plus vite. Le mieux sera alors de rester à la maison. Nous devons rapidement développer un modèle du fonctionnement de la société avec une semaine par mois de confinement pour raisons météorologiques, ainsi que des moyens d’évacuation de la population en cas d’inondation ou de vague de chaleur (véhicules, abris).
Deux déraillements quasi-simultanés incriminent très clairement la tempête. D’autres accidents semblables se sont récemment produits dans le monde. Ils devraient être réexaminés pour détecter ceux qui étaient dus à des vents forts et une modification des conditions climatiques.
Le GIEC nous alerte cette semaine sur l’urgence de juguler le réchauffement climatique. Nous savons déjà que les catastrophes s’amplifieront dans les années à venir. Les réductions d’émissions porteront leurs fruits autour de 2050. Si elles restent incontrôlées, les catastrophes s’aggraveront encore.
Les auteurs du GIEC expliquent que les années le plus chaudes vécues jusqu’à maintenant, avec 39,1°C à Genève et la sécheresse de l’été 2022 seront les plus fraiches dans une génération (Otto).La plupart seront plus chaudes, dangereusement chaudes, avec des canicules à bien plus de quarante degrés.
Une étude récente s’est penchée sur les inondations du Futur. Elle a examiné les risques pour cinq cent lieux dans le monde, avec les particularités de leurs protection contre la montée du niveau de la mer.
Il s’avère que d’ici trente ans, la probabilité d’inondation sera dix fois plus grande dans de nombreuses régions du monde. Elle dépend en partie des aménagements existants, et les risques escaladent le plus rapidement en Amérique centrale, en Europe du Sud, en Afrique du Sud, et en Asie et en Australie.
Cependant, toutes les côtes sont menacées. Les aménagements côtiers actuels seront débordés dix fois plus plus souvent dans trente ans dans 26%-32% des zones étudiées, et certains endroits seront exposés aux flots chaque année.
L’étude prend l’exemple d’une ville hollandaise, Den Helder, qui est protégée jusqu’au niveau d’inondations millénales. Elle est entourée de barrières qui ne seraient dépassées que tous les mille ans, et donc en théorie, elle serait inondée une fois par millier d’années.
A mesure que les températures monteront, elle courra ce risque tous les dix ans. Elle pourrait être fréquemment submergée en 2116 ou même en 2067 (communiqué Université d’Utrecht).
Cette estimation permet bien sûr de mettre en place des protections et de prévoir des évacuations éventuelles. Les barrages hollandais peuvent être surélevés, mais dans d’autres pays, des villes plus exposées ne pourront pas se préparer.
Le coût de l’inondation des côtes de la Planète est estimé par Yale Climate Connection à environ dix trillions (mille millards) de dollars pour une montée du niveau de la mer inférieure à un mètre (blog,Yale).
Les dommages que subiront les côtes africaines sont évaluées par leur modeste valeur actuelle du marché, mais les villes et les zones agricoles situées au bord de la mer sont très importantes pour leurs habitants et pour la production alimentaire mondiale. La montée du niveau de la mer menace la moitié des terres cultivées, alors il faudrait tenir compte de la valeur que prendront les terres que nous pouvons sauver lorsqu’elles deviendront essentielles pour nourrir l’Humanité. Une estimation suggère que les coûts des catastrophes seraient d’1.5 à 4 fois supérieurs aux mesures de prévention (lien IIASA). Le changement climatique affecterait presque tous les éléments de la vie sur Terre, toutes les possessions et les activités humaines et les estimations sont souvent partielles.
Si nous ne réduisons pas rapidement les émissions de carbone, comme le GIEC le demande, la Suisse subira des canicules mortelles et les côtes du monde seront progressivement inondées à coups d’immenses tempêtes.
Le GIEC finalise un nouveau rapport. Ils ont apparemment décidé de débattre sans se séparer jusqu’à atteindre un accord. Ce procédé rappelle le conclave, qui élit le pape, à croire qu’ils attendaient une intervention divine.
Dans la conférence de presse, il fut répété plusieurs fois qu’une action rapide peut encore limiter les températures à 1,5°C en moyenne décennale.
Les réductions d’émissions auront un effet certain sur le climat dès 2030-2040. Hier, je citais Yale Climate connection. Ils rappelaient que des événements autrefois attendus tous les mille ans se produiront maintenant tous les 20 ans. Il s’agit de vagues de chaleur extrêmes, des cinq inondations millénales qui ont touché les Etats-Unis cet été, de l’inondation de 90% de la surface de l’Iran, des immenses feux de forêt d’Australie péniblement arrêtés aux portes de Sydney, ou du plus grave ouragan de l’histoire. Nous savons déjà que ces événements s’aggraveront, nous verrons donc par exemple ces canicules ou ces déluges chaque décennie. Une action rapide les limitera cependant, dans le cas d’émissions incontrôlées les vagues de chaleur seraient plus fortes, plus fréquentes et plus longues, par exemple trois mois à 50°C tous les deux-trois ans, avec des extrêmes plus élevées, mortelles pour l’humain, mèneraient à la désertification progressive de l’Europe. les tempêtes et les inondations pourraient détruire nos villes, les eaux s’étendraient sur des grandes surfaces, monteraient à plusieurs mètres, des torrents tumultueux s’attaqueraient aux bâtiments. Ces catastrophes seraient extrêmement graves. L’action climatique rapide est très importante pour notre sécurité ici, en Europe, en 2050. Je précise que mes chiffres sont des exemples imprécis et que le GIEC fait un travail important pour fournir des valeurs correctes.
Nous devons donc agir immédiatement pour le climat. La solution évidente est de cesser de produire et de transporter massivement des objets jetables ou à très courte durée de vie, qui seront souvent détruits sans être vendus. Ce système basé sur la croissance perpétuelle s’épuise déjà. Les crises s’accumuleront à l’avenir.
Les Etats peuvent gérer la transition de façon positive. J’estime qu’ils doivent déjà créer des emplois et investir massivement dans l’agro-foresterie, la préparation des bâtiments existants aux catastrophes climatiques, et la mise en place d’aliments végétaux très bon marché. La population serait en sécurité économique, nous sortirions du système nocif d’encouragement aux entreprises dangereuses pour l’avenir de l’Humanité, de conditionnement de la population à adorer le travail dans celles-ci, de l’achat provoqué par les publicités mensongères. Simultanément, nous nous préparerions à l’avenir climatique en limitant les dangers futurs.
Le résumé du rapport du GIEC est accessible sur leur site internet (lien). Je résume ici les conclusions principales (lien):
A1: Le réchauffement est causé par l’Homme, a déjà atteint 1,1°C, et est dû à des émissions de carbone humaines inégales de diverses sources.
A2: Le changement climatique influence de nombreux événements extrêmes, avec des nombreuses conséquences et des pertes et dommages partout dans le monde.
A3: L’Adaptation progresse dans le monde. Elle est encore insuffisante, et les flux financiers manquent surtout dans les pays en voie de développement.
B1 – B2: Les émissions de carbone mèneront le réchauffement au-dessus de 1.5°C. Chaque augmentation de température intensifiera plusieurs risques et impacts négatifs (degré de confiance très élevé). Les réductions d’émissions ralentiraient le réchauffement dans environ vingt ans.
B3: Un réchauffement plus élevé augmente de risque de conséquences abruptes et/ou irréversibles.
B4: L’adaptation est encore possible mais deviendra plus difficile par la suite.
B5: Les réductions d’émissions au cours de cette décennie détermineront si les températures pourront être limitées à 1.5°C ou 2°C.
B6: Des réductions d’émissions rapides, profondes et immédiates sont nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C mais aussi à 2°C.
B7: Si nous dépassons le 1,5°C, les températures pourraient être limitées par le CDR (capture de carbone).
C1: Nous devons absolument agir vite.
C2: Une action rapide réduirait les pertes et dommages pour les humains et les écosystèmes (very high confidence) et apporterait de nombreux bénéfices pour la qualité de l’air et la santé.
C3: Des transitions rapides dans tous les secteurs sont nécessaires et possibles, les solutions existent.
C4: L’action climatique est essentielle pour le développement durable.
C5: L’équité, la justice sociale, la justice climatique etc peuvent permettre l’adaptation, la mitigation et le développement durable. La consommation polluante peut être réduite avec des apports de bien-être.
C6: L’action politique, par des lois, les règlements etc permettra une action climatique efficace.
C7: La finance, la technologie et la coopération internationale sont essentielles pour l’action climatique.
Un nouvel article de Yale Climate Connection se penche sur les événements extrêmes présents et futurs (lien).
Ils notent l’augmentation d’événements extrêmes et les raisons de leur aggravation rapide récente. Ils relèvent que la combinaison de plus d’énergie thermique et d’une circulation atmosphérique perturbée a rendu les événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. Les tempêtes bénéficient de plus d’énergie et de plus d’humidité qui entraîne des pluies plus fortes.
Ils notent que les épisodes de chaleur accablante qui devraient se produire une fois tous les 1 000 ans (une probabilité de 0,1 % au cours d’une année donnée) se produisent maintenant une fois tous les 20 ans.
L’Arctique s’est réchauffée de quelques degrés et cela modifie le courant-jet. Il forme des méandres qui provoquent une amplification quasi-résonante des phénomènes extrêmes.
La déforestation et les émissions de particules par l’Homme pourraient aussi jouer un rôle dans l’intensification de vagues de chaleur.
Ils relèvent aussi que les tornades se forment plus au nord, à des périodes de l’année plus précoces, et que les épisodes sont plus abondantes. J’avais rapporté une étude de l’évolution du nombre de tornades qui montrait une très forte augmentation.
Yale Climate Connection note que nous devons anticiper et nous préparer à une augmentation significative des conditions météorologiques extrêmes dans les années à venir.
D’autre part, ils citent un rapport de l’ONU qui a révélé une augmentation des du risque d’événements extrêmes rares par le changement climatique. Il s’agit de catastrophes mondiales mortelles pour plus de 10 millions de personnes ou destructrices au point de causer de 10 trillions de dollars de dégâts (10 000 milliards), qui constituent une menace d’effondrement total de la société.
Leur article de juillet 2022 (lien) discute ces risques globaux catastrophiques (GRC). Le changement climatique augmente les risques de plusieurs de ces événements.Ils parlent de cinq types de risque:
1: La sécheresse:
L’événement catastrophique mondial le plus grave associé au changement climatique pourrait bien être une famine massive causée par des sécheresses extrêmes ou des inondations frappant simultanément plusieurs grands « greniers à blé » producteurs de céréales. Un tel événement pourrait entraîner d’importantes flambées des prix des denrées alimentaires, un choc du système alimentaire, et entraîner la famine massive, la guerre et une grave récession économique mondiale. Cet événement est déjà possible, et l’assurance Lloyds estime qu’il a 14% de chances de se produire dans les trente ans. Je dirais que ce risque est même plus élevé.
2: La guerre:
Historiquement, les famines et l’insécurité alimentaire ont souvent mené à des guerres. Aujourd’hui, la guerre pourrait être nucléaire et un conflit ‘local’ Inde – Pakistan pourrait entraîner un hiver nucléaire et 2 milliards de morts.
3: Montée du niveau de la mer
La montée du niveau de la mer aurait des conséquences très importantes sur le monde entier. Selon Yale Climate connection, dans un scénario de réchauffement modéré, des biens d’une valeur de 7-12 trillions de dollars (7’000-12’000 milliards de dollars), notamment des villes et des zones agricoles, seraient menacés sur les côtes. Leur calcul s’appuie sur une estimation des inondations côtières de Kirezci, basée sur le 5ième rapport du GIEC de 2013. Celui -ci estimait que dans un cas de réchauffement modéré, le niveau de la mer monterait de 28 à 82 centimètres. Les observations des dix dernières années montrent plusieurs signes inquiétants de fonte du Groenland et des glaces Antarctiques. Le sixième rapport du GIEC, établi d’après des données d’il y a environ cinq ans, contient une estimation de montée du niveau plus élevée. Les observations récentes sont encore plus inquiétantes. L’effondrement de l’Antarctique-Ouest que je discutais dans mon livre en 2016 est un risque réel et pourrait mener à une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres. Le climatologue Michael Mann ainsi que d’autres déclaraient récemment que ce risque avait été sous-estimé (lien,lien), il pourrait se réaliser au cours de la prochaine dizaine d’années. Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres suivrait probablement au cours du 21ième siècle, et ses conséquences seraient beaucoup, plusieurs fois plus importantes que les prévisions actuelles.
4: Pandémie
Ils mentionnent le risque que les animaux sauvages privés d’habitat se rapprochent des populations humaines et transmettent de virus. Le changement climatique comporte aussi un risque de nouveaux pathogènes ou de réveil d’anciennes maladies. Ils relèvent enfin que les mouvements humains sont un facteur d’épidémie. La circulation de microbes dans l’Humanité est vraiment extrêmement rapide par rapport au passé: un jour à Pékin, le lendemain à Heathrow Londres, et le surlendemain dans toutes les capitales du monde.
5: Arrêt de la circulation océanique:
L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers pourrait ralentir ou même arrêter la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC). Ce système de courants océaniques transporte l’eau chaude et salée des tropiques vers l’Atlantique Nord et envoie de l’eau froide vers le sud le long du fond de l’océan. L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers due au réchauffement climatique pourrait déverser dans l’Atlantique Nord d’assez d’eau douce pour ralentir ou même arrêter la circulation océanique de l’Atlantique (AMOC). La conséquence citée, depuis longtemps, est un refroidissement de l’Europe. Il me semble que cet événement est en cours, la circulation océanique donne des signes de ralentissement mais le changement pourrait être graduel, sur des décennies, et pourrait surtout apporter des canicules extrêmes en Afrique. Ce phénomène ne se produirait pas seul. En Europe, la météo est modifiée par plusieurs facteurs, tels que le réchauffement global, les changements du courant-jet, le réchauffement de l’Arctique, qui nous amènent des fortes précipitations, et elle pourrait évoluer dune façon différente.
La production de nos aliments dégage des gaz à effet de serre qui augmentent le réchauffement climatique.
Un nouvelle estimation établit que les émissions de l’agriculture accroîtront l’effet de serre d’un degré en 2100. Les températures de la Planète sont déjà montées d’un degré avec des graves conséquences météorologiques. Ces gaz à effet de serre supplémentaires suffiraient donc à porter le climat au-dessus du seuil de stabilité planétaire de 1.5°C.
Le méthane deviendra le gaz à effet de serre le plus nocif, et la production de boeuf en sera la principale responsable.
Si l’alimentation reste similaire à celle d’aujourd’hui, en 2100 elle réchauffera la Planète d’un degré et cet effet de serre proviendraà 60%du méthane.
La consommation de produits laitiers et de la viande causera la moitié du réchauffement dès 2030, et le riz apportera 19%.
Jepense un instant courageusement à essayer des pâtes avecdu dhal (sauce de lentilles), mais la production de blé est menacée par les températures croissantes, et le maïs par les sécheresses. Il vaudrait apparemment mieux manger du millet et du sorgho (lien).
Les auteurs de l’étude relèvent eux-mêmes que leurs calculs incluent simplement la croissance de la population et se basent sur une hypothèse d’alimentation constante.Ils citent d’autres travaux qui estiment que la consommation de viande de boeuf pourrait augmenter de 90% en 2050. Le développement mondial provoque une consommation accrue chez un milliard de chinois et d’autres populations qui en étaient auparavant privées. Ils remarquent justement donc que leur travail, qui détaille les gaz à effet de serre dus à la production de nombreux aliments, sous-estime probablement l’avenir.
La FAO alertait il y a quelques années sur une augmentation rapide de la production de viande, alors les projections réalistes seraient bien plus élevées. De plus, l’élevage implique de nourrir ce bétail dans des pâturagesou par des cultures rendues possibles par la déforestation. Celle-ci provoque des émissions de carbone des arbres et du sol, qui ne sont probablement pas encore totalement comptabilisées. L’absence des forêts déstabilise le climat local et augmente l’effet de serre global.
Les auteurs estiment qu’il est possible de réduire le 1°C apporté par l’alimentation de 0,2°C en adoptant des pratiques agricoles plus adaptées, en limitant la production de méthane des boeufs, des rizières et le gaspillage alimentaire.
Ils observent qu’à mesure que le CO2 sera remplacé par les énergies renouvelables, le méthane deviendra le principal problème, et qu’en 2100 le boeufélevé pour la viande sera bien plus polluant que tout autre aliment.Le poulet provoquerait alors beaucoup moins d’effet de serre. Les émissions de carbone des vaches laitières semblent plus faibles. En Suisse, les pâturages naturels de montagne permettent un élevage plus écologique, si les aliments du boeuf suisse n’incluent pas de produits de la déforestation tropicale.
Cette étude est utile pour mettre en évidence des problèmes de production d’aliments spécifiques et donner des pistes d’amélioration spécifiques.
Mais si nous ajoutons à cela l’augmentation rapide de consommation de viande dans le monde le bilan pourrait être bien supérieur, démultiplié. La production de viande est aussi très sensible aux chocs climatiques et économiques. Nous ne pouvons simplement pas l’augmenter et survivre sur Terre.
Des changements dans notre alimentation réduiraient aussi les émissions de carbone. De toute façon le menu des bûcherons du 19ième siècle ne me convient pas. Dans la génération de mes grands-parents, nés en 1910-1920, de nombreuses personnes sont décédées dans la cinquantaine de crise cardiaque liée au cholestérol. Cette étude cite l’école médicale d’Harward qui conseille de limiter la viande de boeuf ou de porc à un repas par semaine, et les oeufs, le poulet et le poisson à deux repas par jour au maximum. Leur menu me semble déjà très riche en protéines animales. La FAO recommande 20 grammes de protéines par jour, un chiffre total plus bas. Je préparais en général un repas avec du fromage ou un oeuf, et le deuxième avec des protéines végétales. Je réalise ainsi une réduction d’émission assez importante en prenant simultanément soin de ma santé. Le régime Eat-Lancet, régime optimal pour la santé et pour la Planète, inclut encore moins de protéines animales et plus de protéines végétales. Il réduit aussi le risque de cancer. Il pourrait être massivement adopté si nous disposions d’alternatives végétales fabriqués à grande échelle à des prix inférieurs à ceux de la viande.