Une autre chance, oui, mais pourquoi pas 

“C’est reparti pour un tour”, comme l’a évoqué Léman Bleu. Connotation négative ? Pourquoi encore croire en moi ? Comment considérer l’échec ? Ne faut-il pas mieux retirer une leçon de chaque expérience pour mieux rebondir ?

Reprendre la compétition n’était pas dans mes plans. Un tour de plus ? Après l’équitation et l’athlétisme, c’est en cyclisme que je m’épanouis.

Pourquoi un troisième sport ? Et pourquoi pas…

Jamais deux sans trois, dit-on. Retirer de chaque situation passée un apprentissage permet de s’adapter et implique parfois de devoir changer. La vie est remplie d’opportunités. Étant prête à en embrasser (une), elles se sont présentées. Certaines peuvent être saisies. D’autres doivent être laissées passées. A vous de choisir !

Mais avant cela, il faut les susciter : nos actions et les graines semées par le passé, parfois durant des années, fleurissent tôt ou tard. Il vaut mieux être prêt à les apercevoir.

Le sens de la (ma) vie

Qu’est-ce que j’aime le plus ? Aider. Comment la rendre utile et la cultiver ? Par l’exemplarité. Inspirer. Œuvrer pour la société. Par quels moyens ? Le sport, les conférences, l’écriture, les associations, la politique. Mes activités s’imbriquent les unes dans les autres.

Le cyclisme me permet de me sentir (plus) en sécurité (mon trois-roues est plus large et adapté à mon handicap) et ma relation au risque a évolué : bien que l’incident reste imprévisible peu importe le contexte et l’instant, j’ai conscience des conséquences possiblement irréversibles. Mais je n’ai surtout pas envie de finir ma vie sans m’être épanouie.

Une quête permanente de la perfection ?

On me pose parfois la question. Tout est possible, dans un sens comme dans l’autre : cette philosophie est applicable dans tous les domaines et je l’explique davantage dans mon dernier ouvrage. Sans même viser l’excellence, mon instinct m’y guide. La survie ayant longtemps été mon quotidien, chaque avancée m’a permis d’être plus motivée, d’être créative et de trouver des solutions. J’en ai été félicité. Situation agréable. Pourquoi m’arrêter? Riche d’un passé lourd, j’ai du plaisir à repousser “des” limites sans franchir les miennes. L’adversité signifie-t-elle que nous y sommes arrivés ? Pour moi, la limite est la santé physique, bien-sûr, qu’il faut écouter, mais aussi mentale, pour éviter de sombrer et surtout, pour être heureuse. N’est-ce pas de la performance ? En soi ?

La suite des événements

J’ai une chance inouïe de concourir à nouveau. La face cachée de ma vie publique est composée de nombreux éléments que j’ai décris dans mon dernier livre (Tout est possible, d’une situation à l’autre, Slatkine) : tout ça me permet, aujourd’hui, d’être, pour la première fois de ma vie, à la tête du classement de la Coupe du Monde de para-cyclisme (2022) ! Cette place, je la défendrai au cet été !

Plus de liberté et d’autonomie, ça vous dit ?

En situation de handicap, âgé ou blessé, on est dépendant de quelqu’un d’autre, d’une canne ou d’une chaise roulante. Notre « mobilité » au sens large est remise en question. Comment notre liberté peut-elle être donc être assurée ? Celle-ci est un droit fondamental. Selon ma conception, chacun d’entre nous doit avoir la possibilité d’accéder facilement aux mêmes informations, notamment aux prestations de l’Etat et aux moultes initiatives privées, soit celles des associations. Mais comment les connaître sans l’avoir appris, avec un peu de chance, par son propre réseau ? Combler ces failles auxquelles les personnes susmentionnées sont exposées semble une évidence.

Problématique affirmée

Moi-même en situation de handicap, je rumine tout le temps pour trouver des solutions. Les idées provenant des discussions avec les autres et de mes propres expériences. Exemple : les toilettes (publiques) handicapées. Imaginez que cela m’a pris 12 ans pour savoir comment y accéder ! La problématique est la même dans tous les domaines et pour tous. De plus, “nous” avons tous des renseignements différents. Le bonus : on se complète ! Mais pas tout le monde peut prétendre accéder à des prestations par ce biais, évidemment !

Les statistiques démontrent qu’une grande partie de la population pourrait avoir l’utilité de la création d’un « guichet de l’autonomie » (1,7 millions de personnes en situation de handicap vivent en Suisse, soit presque un cinquième de la population ; 14’000 rentiers AI et 83’000 rentes AVS).

L’histoire récente à Genève

Un plan stratégique cantonal du handicap à 2030 a été lancé par le biais de consultations en 2021 et je n’ai aucun doute sur le travail acharné que cela représente pour le Département de la Cohésion Sociale.

La vision d’une meilleure inclusion est claire. Logiquement, l’on réalise la stratégie ensuite. Jusque-là, tout va bien. Lorsqu’on se penche sur les questions d’accessibilité, on n’est pas bon. Si un « guichet de l’autonomie » facilitant l’accès aux informations est créé, c’est une opportunité de rapidement améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, en les orientant vers les services appropriés et en soutenant leur autonomie, en plus du Bureau d’information Social et des Centres d’actions sociales existantes dans des Communes. Espérons que ces dernières collaboreront toutes !

Pourquoi la motion ?

Après avoir discuté avec de nombreuses personnes et associations, cette opération semble appropriée et répond aux attentes : plusieurs représentants d’associations l’ont évoqué lors des consultations mentionnées précédemment. N’y a-t-il pas urgence de mettre en œuvre certaines actions dans l’attente de la mise en œuvre de ce plan stratégique ? Oui. Mais par où commencer ? L’idée est d’implémenter un service qui servira de socle solide pour les futurs développements.  Les choses doivent être exécutées dans le bon ordre afin de maximiser leur efficacité. Un bon référencement et ainsi mieux transférer les connaissances participera également à mettre en avant les prestations des associations qui font un travail d’enfer ! Cette motion permet de gagner passablement de temps en proposant des idées liées (et discutées) avec la Maison de l’autonomie.

Possibles voies de développements

Cela permettrait, évidemment, d’inclure toute évolution des prestations et des activités des associations. Mais pas seulement. L’offre ne rejoint pas toujours la demande en matière d’immobilier, entre autres. Ce guichet pourrait permettre de centraliser les habitations « adaptées » dans le Canton. Les personnes demandeuses sauront où chercher l’information. Les régies (et les Communes dans certains cas) auront plus de facilité à attribuer ces logements. Le défi à relever est là : la communication du Canton et des Communes ainsi que les secteurs privé (les associations et les entreprises) et public (l’Etat).

Imaginons une avancée considérable en termes d’emploi : si les entreprises étaient amenées à créer des postes pour des personnes concernées par cette motion, l’annonce de ces postes à travers un organisme unique faciliterait la tâche des entreprises à trouver des candidats (si ce n’est pas le cas, pourquoi est-ce qu’elles feraient des efforts ?)

Le social au PLR, est-ce une blague ?

Avoir une fibre sociale, ne signifie pas le fait d’être socialiste, comme le fait d’être libéral ne prédit pas un manque d’affinité sociale. Pourquoi est-ce que les thématiques sont liées à des étiquettes politiques et donc à des valeurs ? J’estime que ces dernières déterminent une vision, applicable dans tous les domaines.

Chaque parti peut (et devrait même) se pencher sur tous les domaines de la société. Considérant le nombre de personnes de tous les horizons, il est temps d’ouvrir le débat et d’interagir, tous ensemble, pour la meilleure qualité de vie possible des citoyens de notre Canton. Utopie ?

Ma vision est claire : rendre les citoyens les plus autonomes possibles ! Aider si le besoin est avéré ? Oui. Accompagner vers l’amélioration de la situation de chacun ? Oui. Pousser les citoyens à se réaliser ? Oui. Ma vision, idéalisée ici, permettrait, au plus de personnes possibles, de s’accomplir.

Ceci peut avoir un coût qui doit être analysé avec attention. Une stratégie de bonne facture permettra aux individus qui rencontrent des difficultés de gagner en autonomie et de rester indépendants, engendrant des économies.

La leçon

En cherchant les moyens qui demandent parfois beaucoup d’efforts, mon initiative démontre que l’on peut avoir un impact à tous les niveaux. Ceci est un encouragement de s’investir pour notre société. L’avantage du militantisme pour une cause est de bien connaître le terrain et d’avoir de nombreuses expériences : on est légitime ! Dès lors, partager ses idées et créer des liens est indispensable pour les faire fleurir. Persévérez !

Je remercie Monsieur Pierre Nicollier, député PLR (qui a déposé la motion 2813 le 10 janvier au Grand Conseil à Genève), pour notre collaboration et pour sa confiance.

 

Références :

Personnes handicapées | Office fédéral de la statistique (admin.ch)

RS 0.109 – Convention du 13 décembre 2006 relative aux droits des personnes handicapées (admin.ch)

Le bonheur, c’est pas la joie!

« En discutant, j’ai remarqué qu’on parlait de la même chose », lors d’une réunion amicale. Êtes-vous vraiment heureux ou simplement joyeux ? Vous n’êtes pas d’accord sur la manière dont je formule mes propos ? Comment l’expliquer ? Quelle différence ? Parle-t-on de psychologie ou de philosophie ? Comment expliquer plusieurs conceptions différentes ?

En considérant que ces termes peuvent être perçus de différentes manières, j’ai décidé de me mouiller pour tenter d’expliquer la mienne, sans pourtant trop m’appuyer sur quelconque théorie pour la formuler. Au fond, j’aimerai comprendre et expliquer ce sentiment profond de réalisation de moi-même à travers les défis que je décide de relever, ce que je vais approfondir dans différents articles.

Êtes-vous joyeux ? 

Commençons par une brève mention théorique : selon la définition du dictionnaire Le Robert, la joie est une émotion agréable et profonde, un sentiment exaltant ressenti par toute la conscience. En philosophie, il y a cette notion de “grande perfection”, de “la réalisation de soi d’un être humain”. Le Larousse mentionne aussi un sentiment de plénitude et que sa durée est limitée.

Sandrine Ray, aumônière du sport, m’a envoyé un courriel avec ses propos, n’étant pas en accord avec ces explications. Car, selon son expérience, si la joie est un sentiment que l’on peut ressentir de manière intrinsèque (par un esprit de gratitude, notamment), ce sentiment peut rester de manière illimitée, car nous pouvons toujours avoir quelque chose pour laquelle être reconnaissant.

Plusieurs choses m’interpellent :

  • Une émotion est un état affectif intense, caractérisé par des expressions physiologiques diverses. Un sentiment est la composante de l’émotion qui implique les fonctions cognitives de l’organisme (la manière d’apprécier est à l’origine d’une réaction immédiate ou d’une simple impression).
  • La joie est donc liée à une situation ou un événement, à quelque chose de « matériel ». La multiplication d’événements joyeux pourrait renouveler cette sensation d’une manière quasi permanente.

« J’ai ressenti une joie profonde (malgré la tristesse) lors du décès de ma maman, car il y avait en moi beaucoup de gratitude qu’elle soit en paix auprès de Dieu. Cette joie est restée en moi, malgré les circonstances négatives », témoigne Sandrine. Pour elle, être ou plutôt « rester dans la joie » repose sur le choix de poser son regard sur ce qui est bon pour soi et ce pour quoi nous pouvons être reconnaissant (au lieu de considérer davantage les circonstances négatives que nous vivons aujourd’hui à travers le monde, par exemple).

Ou êtes-vous heureux?

La définition du Larousse d’être heureux, c’est « celui qui est très satisfait, très content de ce qui lui advient ou de ce qui se produit en général ». Pour Sandrine, « être heureux dépend d’éléments extérieurs, alors que la joie n’en dépend pas forcément. Elle peut être vécue profondément et de manière intrinsèque ».

Je me suis alors rendue compte que nous parlions de la même chose en opposant les termes. Pour elle, le fait « d’être dans la joie » est le summum alors que, pour moi, ressentir de la joie favorise le bonheur. Ou le fait d’être joyeux le plus souvent possible aura un impact sur son bonheur, le fait d’être heureux.

Elle me renvoie sur un article s’intitulant « La joie : être heureux sans être soumis aux éléments extérieurs ». Possible ? Le fait de se sentir joyeux quand on n’est soumis à aucune contrainte paraît évident : c’est alors une émotion qui touche toutes les dimensions de notre être (corps, âme et esprit) et qui est liée à des facteurs intrinsèques.

En premier lieu, la joie se distingue plus facilement du plaisir : « la joie est plus profonde, plus vraie. Elle s’accompagne du sentiment d’être en phase, en plein accord avec notre être. Le plaisir nous fait du bien, il est essentiel mais il ne possède pas cette dimension universelle, véhiculée par la joie » (référence : https://www.rtbf.be/lapremiere/article/detail_la-joie-etre-heureux-sans-etre-soumis-aux-evenements-exterieurs?id=10179078). Jusque-là, nous sommes d’accord.

Mais pas en la conception du bonheur ! Elle considère le bonheur comme trop matérialiste, comme c’est trop souvent mentionné dans le langage courant : on pourrait même dire qu’il est lié à obsession pour le plaisir ou le succès et qui se nourrit de comparaison sociale. L’image du bonheur qui nous est propre dépendrait, souvent, d’un prescrit social et de la comparaison avec les autres.

Pour moi, le bonheur est un état d’âme, une finalité, comment on se sent le mieux. Je le définirai comme le plein épanouissement dans la vie malgré les défis auxquels nous pouvons être confrontés. Pour l’atteindre, je vis « dans la joie », quoi qu’il arrive.

Point commun

« La joie est liée à l’ouverture à la vie. Nous pouvons nous ouvrir à la joie même lorsque tout dans notre vie n’est pas tel que nous le souhaitons ». Être heureux faisant référence au bonheur, ne peut-on pas être simplement heureux ? Est-ce forcément lié à des moments précis de la vie ? Je me rends compte que, Sandrine et moi, parlions de la même chose. La différence de terminologie est probablement liée à la religion, à laquelle elle fait référence. Je regarde le concret, les notions de psychologie… En tant qu’aumônière, elle est certainement plus « religieuse » que moi ; elle pourrait aussi avoir reçu une éducation allant dans ce sens, ce qui jouerait aussi son petit rôle…

Quoi qu’il en soi, je finirais par définir cet « état » fortement positif et séducteur dans lequel on se trouve. Je le résumerais par dire « Vivre l’instant présent, quoi qu’il arrive, et le rendre le meilleur possible ». A propos de ce dernier point, on a toujours le choix comment faire face à telle ou telle situation. Peut-on donc avoir un impact sur sa joie ou son bonheur ?

La vie dans le temps

Regrettez-vous d’avoir un jour laisser le temps vous rattraper ? Avez-vous vu le temps défiler? En psychologie, le temps est étroitement lié à des émotions. La peur du temps : d’en perdre, de ne pas le rentabiliser, de se projeter dans l’inconnu ou encore d’être affecté par le passé. Ces notions sont rattachées à nos pensées. Leur répétition renforce vos croyances, parfois absurdes quand on les décortique. Hasard ?

Demain est incertain

Enfant, j’avais un plan : je voulais devenir chirurgienne du cœur, me marier, avoir des enfants.

Je n’ai jamais pris le temps de vivre pleinement, jusqu’à ce maudit jour de 2008.

Mon heure était-elle arrivée ?

L’inconcevable survient.

C’est l’accident. Il y a 13 ans.

Les minutes sont comptées.

Il fallait me sauver.

J’ai été opéré. Ma tête a été coupée.

Le temps, mon temps est suspendu.

Coma profond.

Le temps s’est arrêté.

Ces mois de temps mort m’ont épargnée d’une grande souffrance. La perte de mémoire m’a protégée.

Réapprendre tous les gestes les plus simples du quotidien m’a demandé passablement de temps. Pour surmonter un imprévu, il faut s’en laisser, à condition de l’utiliser à bon escient.

Redonnant du sens à ma vie, chaque progrès, aussi petit ou grand qu’il soit, était un tremplin. Bien que les médecins ne les voyaient pas toujours, je les considérais et les utilisaient comme auto-motivation. Pour me rétablir le plus vite possible. Pour optimiser le temps. Pouvez-vous en bénéficier ?

Tirer profit du temps

Les temps changent. Une nouvelle vie a commencé. Je n’ai jamais cherché à retrouver le temps que j’avais perdu. Ni à me projeter dans l’avenir, ce qui aurait été terriblement angoissant. Il me fallait vivre le moment présent.

Retournant à la compétition équestre, c’était le moment de me rapprocher de mon rêve d’enfant.  Certes, autrement. Ayant des difficultés motrices et visuelles, le handicap m’aura permis de me forger et d’expérimenter la vie différemment. Je l’ai utilisé comme un avantage et non comme un inconvénient.

Pas de temps à perdre. Suite aux Jeux paralympiques de Rio 2016, j’avais envie d’un nouveau défi : courir. Chaque chose à son temps. Durant trois ans, j’ai vécu plusieurs blessures. J’ai consacré ma vie à cette activité. En m’entraînant des heures infinies pour réaliser le temps souhaité, mon meilleur temps m’a permis d’arriver à un haut niveau.

Pour atteindre son objectif, on doit, souvent, passer par des nouvelles épreuves. J’ai toujours cru, sans jamais avoir aucune certitude de réussite, que j’y parviendrai avec le temps. On a toujours le choix : laisser le temps péniblement passer ou entreprendre et se donner la chance d’y arriver. Mais il y a aussi un risque : ne plus réussir à le renouveler, le temps n’étant pas une solution à tout.

Évoluer avec le temps

En mars dernier, j’ai chuté. Un jugement objectif du risque m’a poussé à prendre mes responsabilités et à m’arrêter. A mettre fin à ma carrière de sprint. Toujours à la recherche de nouveaux défis, en les relevant, j’ai une dose de satisfaction et de motivation supplémentaire à y gagner. Comment pourrais-je à l’avenir continuer ?

Engagée pour défendre différentes causes et intérêts, il était évident de choisir un milieu qui me permettrait de m’impliquer pour les personnes qui m’ont tant aidé. D’où mon récent engagement politique. Je sais que tout ne sera pas rose ; mais tout a un sens. Ne voulant pas inutilement laisser le temps passer, je souhaite le dédier à aider, inspirer, œuvrer pour la société.

Comment atteindre son objectif ? Essayer, c’est se donner la chance d’y arriver. Il faut du courage pour affronter l’inconnu. Cela nécessite beaucoup d’efforts et de détermination. Une perte de temps ? Non, on apprend. Ce faisant, vous en gagnerez même. Tirez une conclusion constructive de chaque expérience. Bien que ladite épreuve ait été difficile, vous ne serez plus déçu quand elle vous aura aidé une prochaine fois.

Vivre l’instant présent

Tout est possible, d’une situation à l’autre (titre de mon livre, éditions Slatkine). Ne laissez pas le temps filer ! Remettez-vous en question, prenez des décisions et vivez chaque seconde de la vie intensément.

 

Vidéo de ma conférence sur mes perceptions du Temps pour Forum 360, Neuchâtel.

Faire l’impasse sur les Jeux paralympiques : le bon et le mauvais côté

Après avoir renoncé aux Jeux, je me sens soulagée d’avoir considéré mon état de santé à sa juste hauteur, de ne pas avoir « tout » tenté jusqu’au bout. Quelles sont les conséquences évitées sur le long terme ?

Revenons en arrière. 2020 : les JO sont reportés. Pour quel impact sur les athlètes ? Est-il physique ? Mental ? Comment l’estimer pour ceux qui ont décidé de mettre fin à leur carrière après les Jeux ? Faut-il adapter ses plans ? Que signifie l’événement majeur de la planète tout court ? Quelles chances ratées et quelles autres opportunités ?

Je me voyais concourir à Tokyo un an plus tôt. Voyant toujours le positif au sein de chaque difficulté, c’était la chance d’encore mieux m’y préparer. Je faisais alors du sprint depuis deux ans. La marge de progression étant grande, une année supplémentaire semblait précieuse. Peut-être trop. En ai-je trop voulu ? Ai-je dépassé mes limites ? Suis-je parvenue à mon meilleur niveau pour courir le 100m (en 15 secondes) ? D’autres améliorations étaient-elles prévisibles sans mettre ma santé en danger ? Mon handicap (la spasticité de mes membres – des petits mouvements involontaires et incontrôlables) en a voulu autrement (chute en mars).

Pourtant, était-ce la peine de m’astreindre à des entraînements que je ne serais pas parvenue à réaliser dans leurs totalités ? De continuer à tout prix au risque de devoir affronter des grandes déceptions et de péjorer mon bien-être ? Bien évidemment que non.  Certes, renoncer à mon plus grand objectif puis vivre les Jeux à la télé n’est pas évident. Le pincement au cœur est présent, ma carrière sportive étant le synonyme d’un immense engagement, d’une rage de vaincre et de dépasser mes difficultés (liées au handicap) mais aussi d’avoir fait l’impasse sur ma vie privée durant des années. Est-ce un échec ? Je ne peux pas l’imaginer ainsi, considérant tout ce que le sport de haut niveau m’a apporté : l’entraînement sans relâche, les compétitions, gérer les défis de santé, la pression, et particulièrement les immenses progrès effectués et l’évolution positive de mes capacités physiques (malgré mon handicap) et mentales (l’état d’esprit).

S’adapter à tout changement important ne s’improvise pas. Ne pas participer à cette échéance de grande importance reste un crève-cœur, voyant les Jeux arriver et suivant intensément l’équipe de Suisse. C’est le synonyme de l’engagement que j’ai porté au sport d’élite durant plus de quinze ans. Il ne s’agit pas seulement d’une passion. Mais de toute une vie consacrée au sport. Cela n’a jamais été un sacrifice, pour moi. Mon moteur ? Les démarches que j’ai entreprises ont toujours été le fruit de mon impulsion et de ma volonté. Ça, je me l’étais promis.

Arrêter sans avoir un plan à la clef, est-ce la fin du monde ? Ayant tenu à maintenir une activité en dehors du sport m’a permis de ne pas me sentir dans l’insécurité. Ayant déjà vécu une (ou même plusieurs) reconversion(s), je n’ai jamais été aussi confiante avec l’idée permanente consistant à rebondir, différemment. J’ai prêté une grande importance à la formation, n’ignorant pas que le sport semi-professionnel s’arrêterait un jour. Concours de circonstances : d’autres aboutissements sont intervenus au bon moment. Concours de circonstances : mon nouveau livre « Tout est Possible, d’une situation à l’autre, éditions Slatkine » est sorti au même moment. Mon nouvel engagement : la politique. Sans oublier l’écriture via ce blog et les conférences. Tout cela m’a permis de relativiser, sans compter les dommages potentiels évités sur ma santé (les conséquences de la chute de mars s’atténuent : de moins en moins de vertiges et de maux de tête). De plus, ayant vécu un grave accident qui m’a laissé un handicap, je crois pouvoir dire que j’aimerais à tout prix sauver ma santé, mais aussi éviter de gommer les bénéfices de tous les efforts fournis ces dernières années.

Un abandon définitif ? Le sport a guidé ma vie (en partie). C’est lui qui m’a sauvé et qui m’a permis de retrouver la vie, durant les années suivant mon accident d’équitation en 2008, avant de devenir mon métier. Des prochains défis ? Ayant repris les entraînements dans le respect de mes capacités et de mon corps, je ne compte pas m’arrêter. Cependant, c’est la fin d’un chapitre (du sport professionnel) et le début d’un autre.

Quatre mois après ma fin de carrière en sprint, j’ai découvert une nouvelle vie. A commencer par le fait de me « laisser vivre » sans cadre aussi rigide ni rythmé d’entraînements aux séances de repos en passant par les soins. Mes relations sociales sont, elles aussi déjà largement étoffées (je rencontrais quasi seulement les personnes de mon cadre sportif ou mes audiences lors de conférences). Je n’ai jamais été aussi contente de rencontrer d’autres personnes, de m’inspirer et d’apprendre de leurs expériences pour la suite, mais aussi de connaître leurs préoccupations et les enjeux qu’ils rencontrent. Ne pouvant pas tout contrôler ni prévoir, je me réjouis de toutes les aventures que me réserve la vie. Je compte la « guider » par les valeurs qui sont les miennes.

Photo: Jess Hoffman

Un amour éternel pour Amanta

Une halte s’est imposée lors de mes vacances aux Pays-Bas. Je ne pouvais décemment pas ne pas rendre visite à ma fidèle jument Amanta qui m’a accompagnée aux Jeux Paralympiques de Rio 2016, le summum de ma carrière équestre.

Quand nous nous sommes quittés

Depuis que j’ai décidé de me reconversion de l’équitation à l’athlétisme en 2018, je n’ai jamais oublié Amanta. Je l’ai gardée le plus longtemps possible auprès de moi. Devant optimiser ma préparation pour le sprint, je n’ai que rarement pu la monter. Conséquence : les coûts étant (trop) élevés, j’ai été contrainte de m’en séparer, le cœur brisé.

La cousine de mon entraîneur de l’époque l’a reprise. Je n’aurais pas pu espérer mieux ! Son départ a eu lieu en mai 2020 dès l’ouverture des frontières pour les transporteurs professionnels (je le raconte dans mon nouveau livre “Tout est possible, d’une situation à l’autre”, éditions Slatkine). Depuis, le temps a passé. La régularité des compétitions d’athlétisme oblige, je n’ai jamais pu me libérer pour la retrouver. Aujourd’hui, j’ai enfin pu la revoir. Émotions.

Nous nous sommes retrouvés

Comme avec Zizz (le cheval avec lequel j’ai eu mon accident; je le raconte dans mon premier livre), les retrouvailles m’ont procuré une immense sensation de bonheur et d’amour. C’était presque comme hier, sauf que dans son quotidien, les habitudes d’Amanta ont changé. A commencer par celles imposées par ses nouveaux propriétaires touchant l’affection qu’ils lui portent. Celles ayant trait aussi au lieu dans lequel elle vit désormais, très adapté.

Cependant, je parle toujours de “ma” jument. J’accepte qu’elle ne m’appartient plus. Je la considère toujours comme un être précieux, Amanta faisant toujours partie de ma vie malgré l’éloignement, et pour toujours. Je suis ravie qu’elle soit entourée par des personnes qui l’aiment et qu’Amanta peut rendre heureuses.

Une nouvelle fin ?

Le moment tant redouté est (trop vite) arrivée. Après avoir longuement échangé avec les membres de “sa” nouvelle famille (on ne s’était jusque-là jamais rencontré, covid oblige), l’heure de se dire au revoir est arrivée. Moment douloureux, j’ai pleuré, mais en même temps, dans ma serre intérieure, je me suis dit qu’Amanta était heureuse là où elle était, dans cette famille qui l’était aussi, à son contact.

Que des souvenirs

Mes émotions étaient naturellement liées à des épisodes vécus par le passé. Revoir Amanta chérie m’a donné une lueur d’espoir et l’envie de renouer quelques instants avec des expériences fortes que nous avons traversées, englobant quelques déboires mais aussi des nombreuses victoires. Faits marquants qui jamais ne s’effaceront. Signe qu’elles m’ont marquées.

Que puis-je en retirer ?

Mon cheval m’a mis sur le droit chemin : en plus d’être mon meilleur ami et mon partenaire de sport, depuis mon accident, il a été un excellent psychologue et médecin. Il m’a rendu autonome et je me suis envolée.

J’ai – encore une fois – réalisé à quel point le passé a eu un impact sur la suite de ma vie : il m’a forgé, transmis des qualités humaines qui m’ont propulsé vers de nouveaux défis.

Le sens de la (ma) vie

Nous avons fêté l’anniversaire de notre splendide pays, l’occasion de nous remémorer quelques moments clefs de notre histoire desquels nous pouvons être fiers. En les comprenant, nous irons beaucoup mieux de l’avant.

Tout a commencé, cette année, à Bardonnex. Ses compatriotes faisaient rayonner leur Commune pour le Canton et la République de Genève tout entier, l’une des seules qui célébrait la Fête nationale le soir du 31 juillet. J’ai eu la chance d’y faire le discours que je relate ici :

Un rappel historique qui nous projette vers l’avenir

Nous traversons la crise covid ; ce ne sera pas la dernière, mais ce n’a pas été la première non plus. Rappelons-nous les combats que nous avons vaincus. Je vais en évoquer deux essentiels en termes d’égalités des droits. Cette année, nous fêtons les 50 ans du droit de vote des femmes.  Un pas de plus a été franchi en novembre dernier par presque 70% des suffrages en accordant le droit de vote à toutes les personnes en situation de handicap ou âgées. Votation que j’ai ouvertement soutenue. Il s’agit d’aligner les droits et les devoirs pour tout un chacun. Par-là, un grand pas de plus a été franchi vers une meilleure inclusion de la diversité de la population. La prochaine étape est l’acceptation du Mariage pour tous, un combat qui se poursuit.  

La situation de crise, les combats de tous les jours, tomber, se relever, apprendre et avancer font partie de ma vie. Certains dirons que je transmets un exemple de résilience et de courage, caractéristiques que j’ai eu la chance de développer à travers mon accident qui a, quand même, failli me coûter la vie, il y a 13 ans.

Transformer les difficultés

Mais il a aussi été un catalyseur en matière d’éducation pour moi et pour les autres. Cette expérience ne m’a pas formé à un métier comme les études le permettent, mais elle m’a enseigné ce que la vie signifie et m’a permis d’adopter plusieurs valeurs : l’échange, le partage, la cohésion, la responsabilité, la non-discrimination, l’inclusion et la solidarité, entre autres. Evidemment, c’est toutes celles-là qui nous rassemblent !

J’ai fondé l’Association Tout est Possible qui soutient des sportifs en situation de handicap du début de la compétition jusqu’au plus haut niveau. Qu’on ne voit pas, qu’on n’ait qu’une jambe ou un bras en moins, en se munissant d’une équipe, la performance devient accessible et possible !

Cela montre que la différence permet, paradoxalement, pour autant qu’une vague de positivisme règne, de souder davantage ! Tout cela pour dire qu’une avancée en incite toujours une autre et que les difficultés peuvent devenir des opportunités. Mais il est impossible de stagner !

Nouveau virage

Suite à plus de 20 ans de carrière sportive aux couleurs genevoises et suisses que j’ai eu l’honneur de défendre, de valide à handisport, d’équitation à l’athlétisme, de Genève aux mondiaux au Kentucky, en passant par les Jeux paralympiques de Rio en 2016, je décide de mettre un terme à ma carrière de sprint, il y a deux mois, pour des raisons de santé. Mon jugement du risque que je prenais par rapport aux valeurs qui sont les miennes m’a incité à changer, à poursuivre ma mission de vie, mais aussi à affronter l’inconnu. Cela m’a simultanément donné la possibilité d’évoluer. Certes, différemment. La fin d’une chose est toujours le début d’une autre.

Remettre en perspectives

Ma mission est d’aider, d’inspirer, de faire avancer les choses, comme le montre mon engagement, depuis des années, pour l’inclusion. En plus d’en débattre, j’ai trouvé plusieurs moyens afin de le promouvoir : le sport, les conférences et l’écriture. Je tiens à transmettre les leçons que la vie et le sport m’ont appris.

On retiendra ici la notion d’interdisciplinarité. Chaque domaine est en interrelation avec d’autres. Nous sommes aussi tous en interactions avec d’autres personnes sur lesquelles nous pouvons avoir un impact au quotidien. Faisons-en sortes qu’il soit positif et fructueux. Vous l’avez sans doute compris, mes engagements évolueront vers de nouveaux horizons. J’aimerais aujourd’hui mettre les expériences que j’ai vécues sur le terrain au profit de la population. 

Une ambition

La politique est un (nouveau) domaine dans lequel je m’investis, en commençant par formuler des projets de société sur mes thématiques de prédilections, à savoir le social, la culture et le sport. Mon but ? Contribuer à rendre tous les citoyens le plus autonome possible, donner des perspectives d’avenir en matière de santé publique et de cohésion sociale, notamment. Je n’ai pas peur d’affronter des oppositions, de faire face à des moments de déception, de devoir accepter que les changements prennent beaucoup de temps ; mais j’aimerai avoir la chance de transmettre et de concrétiser mes idées. Ainsi, je ne regretterai jamais de ne pas l’avoir fait, pour le bien des citoyens. 

Consciente

Mon grave accident m’a permis de considérer la vie à sa juste valeur. Pour cette raison, j’ai à cœur que vous n’attendez pas pour « vivre », tout simplement. Il s’agit de vivre chaque moment intensément, ici et maintenant, sans remords ni regrets. L’apprentissage permanent qu’est la vie vous donnera de la satisfaction et vous poussera à agir avec passion et conviction.

Nous sommes tous des Hommes. Avons-nous droit aux mêmes droits ?

Homosexuels, hétérosexuels, LGBTIQ+… Qu’est-ce qui justifie de distinguer nos droits ? Le 26 septembre prochain, le peuple suisse se prononcera sur une thématique liant tolérance et égalité des droits, quelle que soit notre orientation sexuelle. Il se prononcera sur le Mariage pour tous, sujet qui touche aux libertés fondamentales de l’être humain.

Un vecteur d’inclusion

Nous l’avons vu avec la votation du 29 novembre dernier sur les droits politiques concernant les personnes en situation de handicap ou âgées sous une mesure de curatelle de portée générale (voir article « L’universalité des droits fait-elle du sens ? »), il y a des sujets sur lesquels des explications manquent. Nous avons besoin d’écouter des personnes concernées, de près ou de loin, pour qu’elles nous expliquent leur vision. Le jour où la société sera prête à accepter toutes les singularités, ses citoyens découvriront vraiment la richesse de la diversité. Cette loi est sans aucun doute un catalyseur en matière d’inclusion. Mais tous ne semblent pas du même avis…

Confusion

Comment se peut-il que les Jeunes Radicaux Libéraux genevois, prônant qu’ils représenteraient la liberté, se soient prononcés contre ? Logique ? Pas du tout ! Comment et pourquoi en sont-ils arrivés à cette conclusion alors qu’ils devraient être, à mon sens, les premiers à aller dans ce sens ? Les convictions personnelles ou religieuses, l’éducation conservatrice reçue par certains sont-ils des éléments de réponse ? Concurrence ou intérêts personnels en jeu ? Difficile à dire. En réalité, ce vote a provoqué une détonation. Une vague de mécontentement règne désormais.  Beaucoup de jeunes membres sont perdus aujourd’hui.

La raison ? Tenue en bonne et due forme de l’assemblée ? Elle pose encore bon nombre de questions. Qui avait le droit de voter ? Pourquoi l’assemblée s’est-elle tenue en visio-conférence alors que le présentiel était possible et recommandé, surtout pour un objet aussi sensible ? Pour rectifier le tir, éviter tout risque de manipulation, assurer la véracité du vote et la représentativité des membres, faut-il tout recommencer ? Je vais vous donner quelques pistes de réflexions :

Une société libérale

Imaginez que vous êtes amoureux d’une personne du même sexe que vous. Pour commencer, il faut déjà accepter son homosexualité, cette différence, qui vous met dans une autre catégorie pour beaucoup de personnes. Parce que ceux-là préfèrent ne pas en entendre parler.

Comme si nier l’existence des questions sociales, qu’il s’agisse de handicap, d’orientation sexuelle ou de religion, allait les faire simplement disparaitre. Une réaction conservatrice ? Dans tous les cas, c’est encore trop tabou ! Cela rejoint le handicap, toute particularité étant encore trop souvent synonyme d’exclusion.

Souvent, on ne préfère pas s’ouvrir à ce qui est différent, par crainte, par confort, par manque de courage peut-être. C’est – malheureusement – plus facile de rester enfermé dans ses clichés ! Ce n’est pas parce qu’on est tous différent (et très semblables à la fois d’ailleurs) que nos droits doivent être différents. Dans ce cadre-là, il s’agit du mariage et les lois qui en découlent, comme la rente de veuve, par exemple.

Ce n’est pas qu’une question d’image : pourquoi un couple homosexuel n’aurait-il pas les mêmes droits qu’un couple hétérosexuel ? Pourquoi n’ont-ils pas le droit de s’unir, d’avoir un enfant ? Donc d’avoir une vie “comme les autres” ? S’il devait y avoir enfant, est-ce bien d’être éduqué par deux personnes du même sexe, sachant qu’il a la possibilité de connaître son parent biologique ? Le fait de sortir du schéma “classique”, est-ce une dérive ? Question de tolérance ! Réfléchissons dans quel sens nous voulons aller. Ne devrait-on pas être libre de choisir en matière de sexualité ? Le point concernant la parentalité et la procréation est important ; il ne doit en aucun cas être vecteur de maltraitance pour aucune des parties.

Un choix de société

Malgré les arguments à l’encontre de ce vote, notre société est plus libérale que jamais. On ne peut imaginer, à l’instar des autres pays, ne pas s’ouvrir au mariage pour tous. La Suisse ne peut pas traîner et doit rester bien placée en matière d’égalité des droits ; le contraire serait un dégât ! nous pouvons aujourd’hui choisir de conserver la loi actuelle et de stagner ou, au contraire, appuyer l’égalité des droits et avancer.

Il est crucial que notre décision de société, à travers ce vote, reflète nos valeurs communes : la liberté des choix, la cohésion par la diversité, la solidarité envers les autres et la responsabilité. Rappelons que chaque droit induit des devoirs qui devront être respectés. Ce vote aura le mérite de nous avoir sensibilisé et, on l’espère, que les personnes directement concernées seront mieux acceptées.

Bâtir notre Cité de demain commence aujourd’hui. À Genève aussi ?

Dimanche dernier. Votations. Refus regrettable du plan localisé de quartier des Feuillantines. Pas de « Cité de la musique ». Pas de centre de formation. Pas d’infrastructures permettant d’agrandir l’offre culturelle. Que deviendra Genève sans penser au tourisme ? Les initiatives écologiques agissant directement contre les activités liées à l’aéroport et les refus cumulées des objets soumis à votation dans les domaines de la culture et du sport ne prétendent-t-ils pas qu’il faut tirer la sonnette d’alarme ? Les enjeux sont immédiats et à plus long terme.

Hypothèses

  • Que se passera-t-il si le Conseil administratif de la Ville de Genève s’oppose à la voix de ces citoyens ? Si tel est le cas, que se passera-t-il si le Conseil d’Etat passe lui aussi outre ce refus, malgré que ce soit ensuite au parlement de se prononcer ? Et si cela devait aboutir à une votation cantonale ? Quel sentiment pour les personnes opposées à ce projet de la Ville de Genève ? S’agissant de plus de la moitiés des votants, la démarche de l’Etat, pourrait-elle relever de la trahison ? Finalement, est-ce mettre en cause la démocratie directe, malgré que ce soit ensuite au parlement de se prononcer et que l’on retrouve régulièrement ce processus lors de préavis communaux ? Quel impact sur la confiance des citoyens ? Quels risques ? Quelles conséquences éventuelles ?
  • Soyons plus optimiste : bien que partant d’un échec, est-ce encore possible de changer un avis populaire déjà bien ancré ? Paradoxalement, valider cette Cité de la musique à l’encontre du résultat dans les urnes ne permettrait-elle pas à Genève de faire un pas vers l’avant, malgré le désaccord du peuple sur ce préavis ? Est-ce envisageable d’imaginer un projet différent ? De changer l’emplacement ? Pour quels bénéfices ? Tous ceux défendu par le comité de la Cité de la musique, évidemment !
  • Si le Conseil d’État genevois prend acte du vote populaire, est-ce que le projet doit-il être abandonné pour autant ? Est-ce qu’il doit être ficelé différemment ? Est-ce que les engagements financiers vont suivre ? Quelle leçon en retiendra-ton ? Une communication manquante sur des éléments importants (financement et programmation diversifiée), entre autres, doit être considérée. Ne fallait-il pas rendre le projet plus proche des citoyens ? Opter pour un démarche participative, à commencer par répondre à leurs craintes, par le biais d’une campagne par exemple ? Plus tard, un nouvel essai pourrait-il se concrétiser, cette fois ? Avant d’aller plus loin, qu’est-ce que cette situation signifie pour Genève ?

Débat éthique

Qu’est-ce qui est le mieux ? Le moins dommageable ? Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui est injuste ? Pour qui ? Pour ceux qui ont défendu les arguments du “oui” ? Ou de ceux qui ont dit “non” ? Aujourd’hui, un choix est à faire dans l’immédiat : quelle est la priorité ?

J’estime que ce vaste débat doit être tenu, l’objectif étant de parvenir au soutien de la population pour dessiner la Genève de demain. Il ne s’agit pas de la refaire, mais d’assurer la durabilité et la qualité de vie. Rappelons que tous les domaines sont étroitement liés.

Un message clair pour la culture et le sport

Le résultat de cette votation, après plusieurs refus dans le domaine de la culture, ne reflète-t-il pas une vérité ? Ne démontre-t-il pas le travail à faire ?

Dans le domaine du sport, c’est pire. Il suffit de regarder le budget total alloué au sport, équivalent à celui du Grand-Théâtre. L’objet concernant le Pré-du-Stand n’avait pas été voté favorablement en 2019. La convention pour accueillir l’Académie du Servette au Centre sportif, loisirs et nature des Evaux fait polémique. Ils se retrouvent sans infrastructures; la Haute Ecole de Musique avec sept locaux différents. Inimaginable, non ? Comment améliorer la situation ? Quel avenir pour la culture et le sport ? Où aimerait-on aller ?

La “forme” est une chose ; le “fond” en est une autre

Une réflexion de fond s’impose. Aujourd’hui, cette nécessité d’une vraie vision à et pour Genève se fait ressentir plus que jamais ! Tant que ce ne sera pas fait, j’ai bien peur qu’on reste sur des refus dans ces deux secteurs de grande importance, en lien étroit avec la cohésion sociale et la santé, sans oublier la formation, l’économie, le tourisme… et qui demandent de l’interdisciplinarité ! Ne faut-il pas d’abord sensibiliser et créer l’adhésion à ces facteurs importants pour la société ? Le débat est lancé !

Après un troisième choc à la tête, j’ai hésité

Kickboxing. Certains athlètes ont des séquelles définitives après leur carrière. À cause de nombreux chocs. Bien qu’ils ne paraissent que moyennement violents à l’instant (comme ces boxeurs se sont alors relevés à chaque fois), il ne faut pas sous-estimer la multitude de microlésions créées. Peut-être qu’ils garderont des difficultés neuropsychologiques, tel qu’une altération la mémoire, la concentration, l’attention, l’irritabilité, la fatigue, sans oublier les atteintes sur le moral. Sont-elles les conséquences du fait d’avoir persévéré, quoi qu’il arrive ?

Autre exemple. Prenons le politicien genevois. Il est déterminé. Persévérant. Parfois trop courageux. Manquant d’humilité. Au risque de nuire quasi définitivement à son image. À sa réputation. À des messages très lourds pour sa famille. Destructifs. Ethique de sa part ? De sa famille qui le soutient ? C’est une vraie interrogation dont chacun fera son opinion.

Pourquoi ce discours alarmant ?

M’inspirant de ces deux situations, j’ai décidé de livrer mon expérience récente. Ma réflexion. Mon analyse du contexte. Le questionnement quant à sa légitimité. Je relaye chaque compétition d’athlétisme sur les médias sociaux. Mes supporters s’en réjouissent et je leur en suis reconnaissante. Cela me permet aussi de mettre en lumière mes fidèles partenaires que je remercie du fond du cœur. Rien qu’à ce niveau-là, les enjeux sont nombreux. En camp d’entraînement en Turquie au sein d’un complexe où la performance sportive est au centre, mes trois semaines se sont transformées en milieu idéal à la récupération.

Dix jour avant, je chute. C’était au meeting à Tunis début mars. À l’entraînement. Je prends le départ d’un sprint de quelques dizaines de mètres. Je vais de plus en plus vite. Je pousse de plus en plus fort. Victime de ma progression, mon handicap a remis les pendules à l’heure : il m’a freiné en me rappelant que je ne peux pas avancer plus vite que la musique et que je dois le respecter ! Mon « ataxie » (manque de coordination et d’équilibre, se matérialisant par des gestes incontrôlés et incontrôlables) est bien présente. Ma jambe droite ne s’est pas levée. Ou mon pied est mal arrivé au sol. Juste un pas. Un de ces mouvements parasites a grignoté sur le temps de réactivité de mon corps qui se veut naturel et spontané, à priori. Ayant eu des lésions cérébrales il y a treize ans, ce n’est pas toujours le cas, pour moi. Une capacité qui a, certes, beaucoup évolué grâce à mon dévouement total à l’exercice de l’athlétisme (comprenant différents types d’entraînement).

Tout est possible ? Oui, toutes les conséquences – heureuses ou non – sont envisageables. Mon objectif ultime était d’atteindre « ma limite ». Est-ce nécessairement une notion de performance ? Y suis-je arrivée ? Franchement, je n’en sais rien. La recherche de la performance en bonne santé peut aussi en être une. Une chose est pourtant sûre : je ne vais pas m’acharner à la poursuite de mes objectifs compte tenu que, si je devais à nouveau chuter, cela pourrait à nouveau m’affecter.

Interrogations permanentes

Chaque année. Ou bien après une échéance majeure. Les remises en question sont essentielles : elles permettent d’être persuadé dans ses actions et d’avoir une vision claire du futur proche. Pour n’importe qui. À n’importe quel moment. Sur un plus long terme, tout peut changer et on ne peut jamais tout contrôler. Essayer de le faire serait une erreur. C’est à la fois ce qui fait la beauté de la vie. Dans tous les domaines. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit ici de mon activité préférée, ce qui rend les choses plus compliquées.

On n’est jamais seul. Il est nécessaire de considérer toutes les parties prenantes. Bien que les conséquences soient majeures pour moi, elles ne sont pas nulles pour les autres (mon entraîneur, mon équipe médico-sportive, mes partenaires, mon association de soutien, etc.). La déception d’autrui face à la décision d’arrêter serait-elle justifiable ? Tout à fait compréhensible jusque-là, considérant la hauteur de l’engagement des parties prenantes.

Au contraire, m’en voudrait-on de continuer malgré tout, sans écouter mon corps qui m’appellerait à arrêter ? Quelle conséquences cela aurait-il ? Ai-je le droit de prendre une décision ? Suis-je libre de faire un choix ? Ce processus peut prendre un peu temps, un choix de cette importance ne se faisant pas du jour au lendemain.

Bilan provisoire

C’était mon troisième choc à la tête – le premier m’a coûté un mois de coma et une tétraplégie partielle lors de mon accident d’équitation en 2008, le deuxième était au sprint il y a trois ans qui n’a pas laissé de séquelles et, celui-ci, qui a engendré de légers symptômes d’ordres neurologiques que je « revis ». Fatigue intense, état de confusion durant une vingtaine de jours, maux de tête et vertiges aléatoires. Des signaux à considérer pour envisager la suite, quel que soit mon choix.

Je travaille dur pour réaliser mon rêve depuis longtemps. Ai-je le droit de m’arrêter ? Vais-je le regretter ? Que se passera-t-il si je décide de continuer ? Aucune idée car je ne l’ai jusque-là pas expérimenté ! Enfin, si ma reconversion de l’équitation à l’athlétisme ne compte pas. Bien entendu qu’abandonner n’est pas dans mes plans et je ne le ferai pas. Je continuerai toujours, par des moyens différents. Dans la vie, j’ai une mission que je poursuivrai toujours : inspirer, motiver, œuvrer pour la collectivité. J’y parviens par plusieurs moyens (mon activité sportive, des conférences, mes engagements associatifs, mon implication au sein d’autres comités et d’un Conseil d’éthique, notamment). Aujourd’hui le temps est venu pour moi de récupérer toutes mes capacités et de juger objectivement de ma situation.

Mon choix

Alerte. Santé. Risques encourus. Bilan entre coûts et bénéfices. J’ai fait le point en considérant toutes mes pensées et mes émotions. Je l’ai ai listées. Puis j’ai analysé chacune d’entre-elles. Je ne sous-estimais pas les risques pour ma santé. Je ne voulais pas me griller ; je me suis dit que j’avais 30 ans et que j’avais encore plein de projets ! Je n’ai plus besoin de rien prouver à qui que ce soit. De plus, je ne souhaitais pas mettre en péril l’immense apprentissage et tous les bénéfices que l’athlétisme m’a apporté. Une leçon de vie. Pour ces raisons, j’ai décidé d’arrêter. De démissionner de mon projet de départ, les Jeux paralympiques. L’idée de plonger dans l’inconnu ne m’a pas retenue. L’idée de ne plus être soutenue non plus. L’heure est venue pour moi de passer à autre chose. Je l’accepte, bien que ça ne plaira pas à tout le monde. Ce n’est pas une raison de poursuivre le projet en attendant la date d’échéance sagement pour contenter les autres. De mentir envers les autres, sachant que je ne veux plus courir. Autant continuer ma vie différemment. Ne pas perdre de temps. Je n’ai pas besoin de plaire à tout le monde. C’est ma vision de la vie, qui est précieuse et qui se doit d’être savourée.