Un pas en arrière, trois en avant

Dans une bonne passe, les opportunités s’alignent. Elles se créent aussi. Comme les trois dernières, pour moi : ma sélection par l’Armée suisse en sport d’élite, mon diplôme en éthique et mon élection au Grand Conseil de Genève.

Des aboutissements, ou plutôt des étapes, à travers un engagement sans faille dans les activités et pour les causes que j’ai choisies. Pour chacune d’elles, on peut la saisir ou la laisser passer. C’est un choix qu’il est nécessaire d’assumer. Jusqu’au bout. Mais il faut déjà voir les opportunités qui se profilent. Comment ?

Philosophie de la vie

En restant ouvert à toutes les possibilités à laquelle une situation précise pourrait conduire. Au résultat d’une action ou d’un événement de vie. En quelque sorte cela mènera toujours à autre chose. Mais ça, c’est une musique d’avenir. Focalisons-nous sur l’instant présent. Ma force est de considérer les éléments positifs dans ce qu’il y a de plus dur. Ce qui touche à ma santé notamment. Ce qui perturbe ma carrière sportive ou professionnelle, bien que cela reste anecdotique. D’ailleurs, “ce qui ne tue pas, rend plus fort”, dit-on. C’est vrai. Les émotions bouleversent. Pour faire la part des choses et prendre le recul nécessaire pour maintenir une vision objective d’une situation, j’appellerai cela le fait d’être “émotionnellement rationnel”. Cela me permet de garder la tête hors de l’eau à travers les défis du quotidien. De garder la tête haute lors d’échecs que je ne considère pas comme une fin en soi, mais plutôt comme une étape. Nous en vivons tous. Qu’ils soient nombreux ou non, ils ne doivent pas être sous-estimés. Ils pourraient vous gâcher la vie si vous n’êtes pas prêts à les affronter, les dépasser. Il n’y a pas de miracle ; il faut travailler. Gérer vos émotions. En faire quelque chose d’utile.

Mettez des priorités

Si quelque chose me plaît, je vais investiguer. Si je choisi d’y aller, je ne laisse pas tomber. Comment faire s’il y en a trop ? Je me concentre sur mes activités, sans m’éparpiller, malgré cette forte tendance, stimulée par ma potentielle hyperactivité qui n’a, certes, jamais été diagnostiquée. Pour garder ma ligne, les maîtres mots sont : sport et handicap. Toutes mes activités en découlent : sport de haut niveau en cyclisme, l’entreprise Lead 2 Progress SA, mes engagements associatifs, l’éthique, la politique. Comment expliquer que les choses s’alignent magnifiquement bien ? Les sollicitations ? J’essaie d’y répondre favorablement à chaque fois. Sans m’épuiser ; c’est là le plus important. Mon hygiène de vie et ma capacité de planification sont mes plus grandes forces. Ma santé est essentielle. Pourtant, je dois être forte mentalement. Mon plus grand ennui, mon handicap, est devenu ma plus grande motivation, une source d’inspiration pour moi et pour les autres. Toutes mes activités viennent de là et font donc sens. Des éléments importants : faire une chose après l’autre, les programmer soigneusement dans l’agenda, en assurant des moments de bien-être (pour moi, cela peut être un massage, un sauna ou une simple pause-café).

Faites des choix

Soit on en fait. Soit on n’en fait pas. La vie étant une succession de choix, ceux que j’ai fait il y a plusieurs mois et années influencent ceux d’aujourd’hui. Si je n’avais pas maintenu une activité sportive suite à mon arrêt brutal en athlétisme, je n’aurais jamais gagné la Coupe du monde en cyclisme. Si je n’avais jamais milité aux côtés d’associations, je n’aurais jamais imaginé faire de la politique un jour. Ainsi, j’ai décidé, il y a moins d’une année, de porter ma candidature auprès de la population genevoise pour l’élection au Grand Conseil de Genève. Menant ma carrière sportive de front, parallèlement à plusieurs engagements associatifs, je tenais à élargir mon champ d’action vis-à-vis de la population genevoise via son parlement. Un choix, une implication, un engagement : ce processus pousse à évoluer plutôt que de stagner. Je me suis ouverte à cette possibilité, sans aucune garantie. Et elle s’est concrétisée ! Sans prétentions aucune, je savoure chaque victoire, qu’elle soit minuscule ou très concrète pour maintenir ma motivation intacte.

Finalités

Le 2 avril, j’ai été élue au Grand Conseil de Genève. Étant d’avis de prendre mon destin en main et de créer l’avenir plutôt que de se laisser bercer et de le subir, j’ai semé les graines qui, en étant irriguées, deviendront grandes. La vie a un sens. Pour moi, les résultats actuels me poussent à aller dans la bonne direction. N’étant pas naïve, je sais qu’il me faudra adapter mes activités. Gérer mon agenda. Planifier soigneusement mes absences. Pour mener à bien le mandat qu’on m’a confié. Ça, c’est le sens de ma vie. Régulièrement, un peu de philosophie me permet de lui la donner.

Celine van Till

Celine van Till défie l’impossible. Du dressage équestre au cyclisme sur route, en passant par le 100 mètres sprint, valide et handisport, elle court d’un extrême à l’autre. L’ennui n’existe pas. Les surprises attendent. Les limites sont remises en question. Elle gagne la Coupe du Monde 2022 et est aussi auteure et conférencière.