Une séance préparatoire a réuni les parlementaires romands de la première session des personnes handicapées au Grand Conseil vaudois, il y a un mois. Ils – nous – avons été élu, par votations. La question de la participation politique nous réunit.
Le chemin est long
Il m’aura fallu des années pour m’engager en politique, comme on l’entend au sens propre, intégrer un parti et prétendre à une fonction. Vivre une « jeunesse handicapée » m’aura confronté aux nombreuses limites que la société impose, des barrières architecturales aux comportements humains. Menant une politique militante depuis mon élection de Miss Handicap 2012 et mon rôle de porte-parole, je rempli ma mission en apportant des changements sur le terrain à travers des associations. Le social étant devenu mon domaine de prédilection, en plus du sport (deux domaines dans lesquels je baigne), il m’a fallu aller plus loin ! C’est ainsi que je soumets ma candidature au Grand Conseil de Genève le 2 avril prochain. Faire acte de candidature à la session extraordinaire du Parlement à Berne était une évidence.
La réalité du terrain montrée par l’ONU
Il a critiqué largement la mise en œuvre de la Convention des droits des personnes handicapées : la Suisse, pas un pays « pauvre » à priori, n’est pas à la hauteur, loin de là. Au contraire, elle démontre un grand retard. Par où faut-il commencer ? Par le début, évidemment. Pour espérer une avancée concrète, les personnes en situation de handicap doivent participer à tous les débats et ainsi se retrouver à tous les niveaux de l’échiquier politique – communal, cantonal et fédéral. Il est donc question de rendre possible et de faciliter l’exercice des droits civiques ainsi qu’inciter aux fonctions politiques. Au pouvoir législatif, il y en a, bien qu’on le compte souvent, selon les cantons, sur les doigts d’une main. À l’exécutif ? Je n’en connais pas ! Une adaptation du poste pour inclure une personne talentueuse, bien qu’en situation de handicap, semble hors de question à ce stade. Jusqu’où arriverons-nous à influencer et à « ouvrir » la loi ?
En route
Avant de prendre la route, en tant que sportive d’élite, je suis soumise, comme n’importe quel athlète, à un contrôle anti-dopage. Heureusement que mes affaires sont prêtes et que mon planning est fixé. Je bois un café au bistrot du coin. Je découvre l’article de la Tribune de Genève dans lequel je me suis exprimée. Le soleil étant levé, je profite de la bonne luminosité pour prendre le train, avant que l’on passe à l’heure d’été. Je ressens un stress. C’est une nouvelle expérience pour moi. Siéger au Palais fédéral… Ça fait rêver. Avoir un impact pour la bonne qualité de vie est bel et bien le fruit de mon engagement en politique.
Handicap, réfugié, jeune ou plus âgé, nous avons tous une place dans la société
Sans distinction, toutes les personnes ont le droit de vivre une vie bonne, qu’il s’agisse du 22% de personnes en situation de handicap, de celles que la Suisse a accueillie ou des citoyens originaires de Suisse. Tous devraient être égaux devant la loi : les droits humains s’appliquent à tous ; s’il existe des droits, il y a des devoirs correspondants, sans exceptions. Il est question d’exercer ses droits. D’ailleurs, venant de rendre mon travail de diplôme en éthique sur l’engagement politique au sein d’un parti pour le bien des citoyens (j’y reviendrai après les élections cantonales à Genève).
Marathon médiatique
Sans prétention aucune, les nombreuses sollicitations m’ont marquée, un peu comme avant les JO. Mais elle marque surtout l’intérêt pour la question du handicap. Enfin ! Il aura fallu prouver, encore une fois, de quoi nous sommes capables grâce au fait d’accéder à ce qu’il y a de plus haut, l’organe suprême du pays : le Conseil national. Première demi-journée de tournage était la semaine précédant la session extraordinaire du Parlement. Une visio-conférence pour Le Temps. Puis, la veille, je rencontrait les médias locaux. La couverture est exponentielle : jamais autant de personnes et de décideurs auront été sensibilisés. Le handicap concerne tout le monde et peut tous nous frapper. En plus, la société est vieillissante et les pathologies augmentent… Rendons donc notre avenir meilleur ! Se plaindre n’en vaut pas la peine.
Photo: Handicap International Suisse