Le 7 octobre, à l’occasion des 65 ans du Président russe Vladimir Poutine, des opposants au régime sont sortis dans les rues et les places du pays. La répression, les arrestations, l’intimidation et la peur compréhensible des opposants a fait en sorte que la mobilisation a été faible. Les médias suisses ont parlé d’un maximum de 3’000 personnes dans la rue à Saint Pétersbourg.
Contenir l’apparition publique de l’opposition
En faisant grimper les coûts personnels et les dangers du rassemblement pour les opposants, le gouvernement russe parvient à contenir l’apparition publique de l’opposition. Comme d’autres gouvernements autoritaires, il comprend très bien la force de la présence publique des corps. La mobilisation politique est en effet souvent réduite au pouvoir de la parole. Or, nous rappelle la philosophe Judith Butler dans son livre Rassemblement, la politique est aussi affaire de corps et de lieux, comme l’ont montré de nombreux mouvements sociaux d’importance ces dernières années allant d’Occupy Wall Street aux rassemblements de la place Gezi à Istanbul et de la place Tahrir au Caire en passant par Nuit Debout à la Place de la République à Paris.
Le rassemblement n’est pas une simple audience
Dans ces différents cas, le rassemblement n’est pas simplement orienté par la parole de leaders. Il n’est pas une simple audience, mais constitue un collectif qui se reconnaît comme tel, qui échange, qui souvent s’organise dans ces lieux et qui peut ainsi gagner en puissance. Cela ne signifie pas que ces rassemblements soient forcément progressistes et démocratiques, comme en témoignent les foules mobilisables par le fondamentalisme religieux ou le nationalisme autoritaire. Mais la démocratie est vivante si elle autorise ces rassemblements, s’il y a des lieux pour les accueillir. Le gouvernement russe sait très bien l’efficacité de son action quand il met ainsi de grands moyens pour créer les conditions d’un non-droit au rassemblement.