Mon “au revoir” à l’Amérique avec Bo et Sunny

Il est l’heure de passer le témoin à celle qui me succède à New York, Valérie de Graffenried que l’Amérique de Donald Trump va sans doute beaucoup occuper. Pour ma dernière contribution à ce blog “L’Amérique dans tous ses Etats” que je tiens depuis 2012, je tenterai d’être un peu plus léger qu’à l’accoutumée. Par les temps qui courent, c’est peut-être ce qu’un blog a de mieux à faire. Aussi, si on devait réduire mes cinq ans passés aux Etats-Unis à une image, je choisirais celle-ci:

Avec Sunny à gauche et Bo à droite, les "premiers chiens" d'Amérique
Le correspondant du Temps à la Maison-Blanche avec Sunny à gauche et Bo à droite, les “premiers chiens” d’Amérique

Elle résume un peu la situation d’un journaliste suisse aux Etats-Unis: fasciné par la grandeur du pays et contraint de rester humble face à un pouvoir inaccessible. Difficile, à Washington, d’accéder aux figures qui incarnent l’Amérique comme on rencontrerait un conseiller fédéral dans un tram de la capitale bernoise.

Bo et Sunny, les “premiers chiens” d’Amérique, ceux des Obama, c’est l’accès le plus rapproché que l’on peut décemment avoir de la présidence américaine. Mais Valérie de Graffenried me prouvera peut-être le contraire. Pour discuter par exemple de la construction d’une “Trump Tower” au coeur de Berne.

Bo, pour Barack Obama, est un chien d’eau portugais. Il est blanc et noir, métis en somme comme son propriétaire. Comme son maître, il n’aboie pas vraiment. Mord-il? Non, il a l’air plutôt d’un chien réfléchi qui a peur des éléphants (républicains) et qui reste distant des ânes (démocrates). Sunny, c’est une chienne de la même race. Elle paraît effacée. Or elle a une force intérieure insoupçonnée. Quand les invités s’abaissent devant elle pour la caresser, elle s’élève (“When they go low, we go high”) et passe à l’action.

En tant que journaliste suisse, on apprend l’humilité à Washington…Mais comme me le rappelle mon collègue et ami Yves Petignat, la scène n’a rien d’étonnant. “Ne faisons-nous pas toute notre vie, nous journalistes, ce que l’image suggère: promener le chien du pouvoir?”

L’Amérique me quitte. Je la quitte. On se retrouvera sans doute un jour. Good luck and good night!

 

Stéphane Bussard

De Barack Obama à Donald Trump

Je me souviens des premiers mois en tant que correspondant du Temps aux Etats-Unis. En automne 2011, New York était secouée par le mouvement Occupy Wall Street. Plusieurs centaines de protestataires s’étaient installés avec leurs tentes dans le froid du parc Zuccotti, à deux pas de ce qui était encore Ground Zero. On se demandait si c’étaient les signes avant-coureurs d’une nouvelle petite révolution sociale. Joan Baez était venue à la place Foley chanter l’espoir de voir Wall Street rendre des comptes après la faillite des subprime et la crise économico-financière de 2008-2009.

Cinq ans plus tard, la révolution qui a cours n’est pas exactement celle qu’avaient prévue les militants d’Occupy Wall Street. C’est un milliardaire, Donald Trump, qui va s’établir à la Maison-Blanche à partir du 20 janvier 2017 à la place de Barack Obama. Parmi les électeurs du magnat new-yorkais de l’immobilier, il y a sans doute des militants d’Occupy Wall Street. Difficile de s’y retrouver, non?

Même si une bonne partie du pays estime que les Etats-Unis ne vont pas dans la bonne direction, ils sont tout de même près de 55% à juger favorablement le président Barack Obama. Le chômage (4,9%) n’a plus été aussi bas depuis 2007. Le candidat républicain à la Maison-Blanche Mitt Romney, qui chercha à déloger Barack Obama de la Maison-Blanche en 2012 aurait été très satisfait d’un tel bilan. Au cours de la présidentielle, voici quatre ans, il promettait, s’il était président, de ramener le chômage à 6%…

Si l’on énumère les succès du 44e président, le bilan est bon. Barack Obama a permis à l’économie d’éviter de sombrer dans une nouvelle grande dépression. Il a sauvé l’industrie automobile grâce à un plan de sauvetage ambitieux et en a profité pour imposer aux constructeurs de Détroit de sévères normes environnementales en matière de consommation de carburant. Il a tendu la main à l’ennemi juré l’Iran et négocié avec cinq autres puissances et l’Iran un accord subtil sur le programme nucléaire de Téhéran. Il a négocié en amont avec la Chine et adopté des mesures draconiennes pour réduire en Amérique les émissions de CO2 (Clean Power Plan), créant avec Pékin une dynamique qui a permis l’adoption de l’historique (même si insuffisant) accord de Paris sur le climat. Constatant un échec patent de l’embargo commercial de plus d’un demi-siècle appliqué par Washington contre Cuba, il a amorcé une normalisation avec la Havane. Aujourd’hui, les deux capitales ont rétabli leurs relations diplomatiques rompues en janvier 1961. Obamacare ou l’Affordable Care Act fut un moment historique outre-Atlantique. Adoptée en 2010 lorsque le Sénat était encore sous le contrôle des démocrates, l’administration Obama a réussi à faire passer la première réforme de la santé d’envergure depuis la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, elle connaît des problèmes en raison d’une forte hausse des primes maladie et nécessiterait, Barack Obama l’a reconnu lui-même, d’être améliorée. Elle n’en a pas moins permis d’assurer 22 millions d’Américains supplémentaires. Le président démocrate aurait aimé assurer davantage de personnes en élargissant la couverture de Medicaid (l’assurance-maladie pour les plus démunis), mais nombre d’Etats (républicains) ont refusé cette “mainmise” de l’Etat fédéral malgré le fait que ce dernier finançait cette extension de la couverture médicale.

Sur le plan intérieur, là où Barack Obama n’a pas été à la hauteur, c’est à propos de la torture. Il en a bien interdit la pratique dès son arrivée à la Maison-Blanche, mais il n’a jamais cherché à traduire en justice les responsables de la torture perpétrée dans les prisons secrètes de la CIA et à Abou Ghraïb sous les années Bush. C’est un manquement, car les prochaines administrations pourraient être tentées d’en faire de même. D’ailleurs Donald Trump a promis, en campagne électorale, de restaurer la pratique des simulations de noyade (waterboarding) voire même des techniques de torture encore plus violentes. Barack Obama a aussi traqué, sans qu’on sache vraiment pourquoi, les journalistes qui ont réussi à obtenir des informations dites secrètes (classifiées) de l’administration. C’est pourtant un principe fondamental du journalisme qui cherche à questionner le fonctionnement des institutions.

Au sujet de la Syrie, tout le monde tire à boulets rouges sur l’administration Obama, estimant qu’elle a démissionné. Barack Obama a sans doute sous-estimé le désastre humanitaire syrien et aurait pu être plus engagé à chercher une manière multilatéral de venir en aide aux Syriens. Aurait-il dû armer les rebelles syriens plus tôt? Le fait qu’il ait fini par s’y résoudre semble laisser entendre qu’il aurait dû agir avant. Mais bien malin aujourd’hui qui peut dire qu’une telle tactique aurait réussi face à une opposition syrienne très éclatée. Un professeur de l’Université de Quantico, un ami, me disait à quel point il était difficile de trouver un terrain d’entente entre chaque composante de l’opposition syrienne qu’il rencontrait régulièrement en Turquie.

Quant à la ligne rouge que Barack Obama a très maladroitement tracée en 2012 si le président Bachar el-Assad utilisait des armes chimiques contre son peuple, nombre d’experts relèvent que son non-respect a sapé l’autorité internationale des Etats-Unis. C’est le point de vue de François Heisbourg, de l’IISS à Londres. Peu crédible si l’on pense que Washington a conclu l’accord sur le nucléaire iranien après cela et l’accord de Paris sur le climat également. De plus, la ligne rouge avait un objectif: punir Bachar el-Assad par rapport aux armes chimiques. Or qu’a fait l’administration Obama? Un an avant le gazage de la Ghouta orientale par le régime syrien, Barack Obama a décidé de son initiative d’entamer des négociations avec la Russie pour tenter d’éliminer l’arsenal chimique syrien. On était en septembre 2012. Quand la tragédie d’août 2013 a lieu, le plan d’élimination est prêt. Il est mis en oeuvre avec la Russie et l’Organisation onusienne pour l’élimination des armes chimiques (OIAC). En plein conflit, la communauté internationale parvient à évacuer près de 1200 tonnes d’armes chimiques. Le programme est un succès diplomatique considérable. Mais bien sûr, il ne règle en rien le conflit syrien. Ce n’était d’ailleurs pas son but. Mais l’initiative a atteint son but, ce que des bombardements en 2013 n’aurait jamais réussi à atteindre.

Avec Donald Trump, dont on ne connaît pour dire pas la vision tant il a bâti sa campagne sur des mots, des slogans, des twittos de 140 caractères, tout cela pourrait s’effondrer. Mais comme le dit Barack Obama, l’histoire des Etats-Unis n’est pas linéaire, elle va en zigzag. En quittant l’Amérique, je suis animé par une grande déception, celle de voir la raison, les Lumières diraient d’autres, éteinte par la vague populiste. Je ne dis pas que Donald Trump a volé son élection. Bien qu’odieux, il a gagné les primaires à la régulière, convaincant 14 millions d’Américains à le soutenir, du jamais vu lors des primaires républicaines. Il a réussi à souffler de manière extrêmement efficace sur les braises de la colère surtout des Blancs qui ont l’impression que le pays leur échappe: sa destinée, sa nature, sa démographie, ses objectifs. Il a mis les partis républicain et démocrate devant leur responsabilité: celle d’avoir omis de faire leur travail.

Donald Trump pourrait toutefois très vite décevoir. Les promesses qu’il a faites, parfois extravagantes, à un électorat furieux, seront très difficiles à tenir. Il dit ainsi qu’il ne va sans doute pas abroger Obamacare alors que pour les républicains, c’est un cheval de bataille depuis toujours. Les cols bleus aimeraient voir Wall Street payer pour les problèmes économiques auxquels ils sont confrontés. Là aussi, pas sûr qu’ils soient entendus. Parmi les “papables” pour le poste de secrétaire au Trésor le chef des finances de sa campagne, un ancien dirigeant de Goldman Sachs…

 

 

Derniers potins sur l’élection de Donald Trump

J’ai appris que le New York Times avait prévu de publier de très nombreuses pages sur ce qui devait être un événement le 8 novembre: l’élection de la première femme à la Maison-Blanche. Le prestigieux quotidien avait des articles prêts sur les suffragettes et sur d’autres thèmes liés aux femmes. Problème: il n’avait pas de plan B. Quand les résultats ont commencé à indiquer le début de la victoire de Donald Trump, la rédaction a dû mettre les bouchées doubles pour réagir à l’élection du candidat républicain.

Au QG de la campagne de Hillary Clinton, le climat restait relativement serein deux jours avant l’élection. Dans la section qui se consacrait au Big Data, on jubilait encore dimanche à la vue de la participation massive des Hispaniques. Manifestement, le Big Data n’aura pas suffi à contenir la vague trumpiste. Au sein de l’équipe Clinton et des volontaires, beaucoup se sont toutefois demandés comment il a été possible que la candidate démocrate à la Maison-Blanche n’ait pas mis les pieds dans le Wisconsin alors que Donald Trump semblait une menace évidente dans la région de la Rust Belt.

A l’Université Cornell à Ithaca, des étudiants ont organisé un “cry-in”, un rassemblement pour “pleurer” et exprimer sa tristesse à la suite de l’élection de Donald Trump. Plusieurs cours ont été supprimés.

A l’approche de la présidentielle américaine, l’anxiété des New-Yorkais est présente dans toutes les conversations

A New York, à deux jours de la présidentielle américaine qui s’annonce plus serrée que prévu, tout le monde ne parle que de ça. En majorité favorables à la démocrate Hillary Clinton, les New-Yorkais ne cachent pas leur vive inquiétude de voir le milliardaire new-yorkais et candidat républicain accéder à la Maison-Blanche. Croisée sur Broadway dans l’Upper West Side, Ariel et sa fille de neuf ans font partie de ces New-Yorkais inquiets. Samedi, elles se sont rendues au siège de la campagne de la démocrate en tant que volontaires pour appeler des électeurs dans les Etats bascules pour pourraient décider du verdict du scrutin.

L’équipe de campagne de Hillary Clinton n’est pas en reste. Elle envoie plusieurs textos par jour pour avertir que l’écart entre la candidate et le républicain Donald Trump se resserre. Samedi soir, elle relevait que selon le statisticien Nate Silver du site Fivethirtyeight.com, Trump avait désormais une chance sur trois voir plus de l’emporter.

A Zabar’s, un café populaire de l’Upper West Side, un terme revient sans cesse dans la conversation: décence. La majorité de ses clients ne peuvent concevoir une présidence occupée par un être aussi peu “décent” que Donald Trump.

Une nouvelle du front semble réduire le degré d’anxiété présent dans les rangs de la démocrate. Le vote anticipé des Latinos dans plusieurs Etats clés comme la Floride ou le Nevada serait massif. La participation des Latinos, qui représente 14% de la population américaine, pourrait même être historique. Un signal plutôt positif pour la démocrate même si le vote des Hispaniques ne sera sans doute pas monolithique. En 2012, 11,2 millions de Latinos avaient voté, soit moins de 50% de l’électorat hispanique. Barack Obama avait obtenu 71% du vote hispanique. Cette élection pourrait dès lors être la première à montrer de façon aussi flagrante l’influence croissante de la première minorité des Etats-Unis qui devrait représenter, selon les estimations, 29% de la population américaine d’ici à 2065.

La Cour suprême, l’un des enjeux cruciaux de la présidentielle

L’une des prérogatives majeures du président des Etats-Unis réside dans son pouvoir de nommer des juges à la Cour suprême. Un an avant la fin de sa présidence, Barack Obama a exercé cette prérogative conformément à la Constitution afin de remplacer le défunt juge ultra-conservateur Antonin Scalia. Mais le Sénat, dominé par les républicains, n’a pas la même conception du fonctionnement des institutions. Il a refusé de confirmer la nomination du juge Merrick Garland et même de l’auditionner. Merrick Garland a pourtant par le passé eu droit aux éloges de démocrates et de républicains tant ses compétences comme juge à la Cour d’appel des Etats-Unis pour le circuit du District de Columbia. Mais les républicains n’entendent pas laisser un président démocrate, Barack Obama, nommer un juge de sensibilité plutôt “liberal”, de gauche.

Aujourd’hui, la Cour suprême des Etats-Unis, qui était censée être l’un des organes assurant le bon fonctionnement des institutions, est paralysée, incapable de trancher les questions les plus sensibles du moment. Avec huit juges au lieu de neuf, il est presque certain que les quatre juges “de gauche” soient opposés aux quatre juges “conservateurs”. C’est ce qui s’est passé quand la Haute Cour s’est emparée de la question de la constitutionnalité du décret présidentiel de Barack Obama pour surseoir à l’expulsion de quelque cinq millions de clandestins. A quatre contre quatre, la question est revenue à la cour inférieure et la mesure prise par le président Obama est pour l’heure suspendue.

Aujourd’hui, on pourrait croire que la politique de la terre brûlée était réservée au candidat républicain Donald Trump. Or plusieurs figures républicaines promettent déjà de bloquer toute nomination de juge par la démocrate Hillary Clinton si celle-ci est élue à la Maison-Blanche. C’est le cas du sénateur Richard Burr, un républicain de Caroline du Nord qui cherche à se faire réélire à Washington le 8 novembre. Il le promet déjà: il fera tout en son pouvoir pour bloquer la nomination de tout juge par Hillary Clinton si elle accède à la présidence. Quitte à attendre quatre ans jusqu’à ce que les républicains aient une nouvelle ouverture en cas d’élection d’un président républicain. Il n’est pas le seul à plaider pour cette politique nihiliste. Le sénateur du Texas et ex-candidat à la présidence Ted Cruz semble prêt à adopter la même attitude, relevant que l’histoire serait pleine d’exemples d’une Cour suprême fonctionnant avec un nombre de juges inférieur à neuf. Même celui qui était encore vu, lors de sa candidature à la présidence en 2000 lors des primaires républicaines, John McCain, est sur cette ligne radicale: “Je promets que nous serons unis pour nous opposer à toute nomination proposée par Hillary Clinton si elle est élue présidente.”  Une porte-parole de John McCain tentera après coup de corriger le tir. Mais le dommage est fait. Les républicains de Washington, qui disent vouloir remettre le pays sur le droit chemin, sont prêts à créer un climat insurrectionnel qui n’annonce rien de bon, le cas échéant, pour une présidence Hillary Clinton. On a cru que l’obstructionnisme dont a souffert Barack Obama en raison du fait qu’il est démocrate et peut-être aussi et surtout parce qu’il est Noir ne pouvait être pire. On n’a peut-être- rien vu.

Barack Obama lui-même a fustigé l’attitude irresponsable de certains républicains lors d’un meeting électoral en Caroline du Nord en faveur de Hillary Clinton. Il a jugé indécent le fait qu’ils promettent déjà de destituer la démocrate avant même qu’elle ne soit élue.

Y aura-t-il une nouvelle révolution américaine si Trump perd?

Les propos incendiaires de Donald Trump ne font plus rire les garants de l’ordre aux Etats-Unis. En criant à tort et à travers que l’élection présidentielle américaine est faussée à la vue des sondages qui lui sont de moins en moins favorables, le candidat républicain est en train de galvaniser de façon dangereuse une partie de son électorat qui semble prêt à en découdre en cas de victoire de la démocrate Hillary Clinton. A mener, littéralement une révolution pour contester l’accession de Hillary Clinton à la Maison-Blanche.

Mensonges comme arme permanente de discrédit de son adversaire et des institutions, recours systématique à la théorie du complot, Donald Trump ne se prive d’aucuns moyens pour créer l’un des climats politiques les plus délétères depuis des décennies.

A en croire Businessweek, un responsable du Parti républicain serait prêt à mener une campagne de “suppression du vote”. L’opération viserait des Blancs ancrés à gauche, des jeunes femmes et des Afro-Américains. Personne ne semble en mesure de dire si de telles opérations se feraient dans la légalité ou l’illégalité. S’il s’agit de tenter de limiter la participation en rappelant les casseroles que traînent les Clinton, cela paraît légal. En revanche, s’il est question de distribuer des flyers à des électeurs sur lesquels est inscrite la mauvaise date de l’élection, ce type de pratique est clairement illégale.

L’évocation d’une opération de “suppression du vote” fait écho aux appels implicites de Donald Trump lancés lors de meetings électoraux à vérifier sur place que le scrutin électoral se déroule correctement. Beaucoup ont voulu y voir l’arrivée de militants pro-Trump armés prêts à intimider l’électeur.

La peine de mort recule aux Etats-Unis

Dans le bruit de la campagne présidentielle, la nouvelle est passée un peu inaperçue. Or elle traduit un changement crucial aux Etats-Unis. Moins de la moitié des Américains  (49%) soutient désormais la peine de mort. 42% y sont opposés. C’est moins de sept point qu’en mars 2015 selon le Pew Research Center. En près de vingt-ans, l’évolution est remarquable. En 1994, ils étaient 80% à soutenir la peine capitale alors que seuls 16% y étaient opposés.

Les affinités politiques et la race divisent les Américains sur ce sujet sensible. Les Blancs sont toujours 55% et les Républicains 72% à soutenir la peine de mort, les Afro-Américains ne sont que 29%, les Hispaniques 36% et les démocrates 34%.

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Les hommes sont plus favorables à la peine capitale (55% pour, 38% contre) que les femmes (43% pour, 45% contre). L’âge n’est pas non plus un facteur déterminant. Les 18-29 ans sont 42% à soutenir la peine de mort et les 30 et plus âgés sont 51%. En termes d’éducation, les Américains sans diplôme universitaire y sont plus favorables (51%) que les universitaires (43%). Au niveau de la religion, les évangéliques, étonnamment, restent clairement en faveur de l’exécution capitale (69% contre 26%). Chez les catholiques, 43% sont en faveur de la peine de mort et 46% sont contre.

Depuis 1976, date à laquelle la peine capitale fut réintroduite aux Etats-Unis, 1438 personnes ont été exécutées selon le Death Penalty Information Center. 17 personnes ont pour l’heure été exécutées en 2016. Elles furent 28 en 2015. Le pic fut en 1999 (98).

A cet égard, Hillary Clinton, la candidate à la Maison-Blanche reste favorable à la peine capitale dans les cas les plus sordides. Même la ministre afro-américaine de la Justice Loretta Lynch paraît toujours favorable à la peine de mort. Or de multiples tests ADN ont montré que la peine capitale pouvait tuer des innocents comme Anthony Ray Hinton, qui passa 30 ans de sa vie dans le couloir de la  mort et que j’ai rencontré à Montgomery, Alabama, un mois après sa libération.

Blagues très grinçantes entre Trump et Clinton au traditionnel Al Smith Dinner

Le dîner Al Smith, organisé chaque troisième jeudi d’octobre en hommage au premier candidat présidentiel catholique qui subit une défaite cuisante face à Herbert Hoover en 1928, met aux prises, en année d’élection présidentielle, les deux candidats à la Maison-Blanche.

Jeudi soir, cette soirée caritative de l’Eglise catholique tenue au Waldorf-Astoria en présence du gotha new-yorkais et du cardinal Timothy Dolan était censée être l’occasion, pour Donald Trump et Hillary Clinton, de prendre un peu de recul avec la campagne électorale, de faire de l’humour et de l’auto-dérision.

 

Humour grinçant

En 2012, le président démocrate sortant Barack Obama et le républicain Mitt Romney avaient pourtant eu des échanges très musclées lors de débats télévisés, mais lors du Al Smith Dinner, ils avaient saisi le ton que ce type de soirée exige. Jeudi soir, l’humour des deux candidats, assis ironiquement d’un côté et de l’autre du cardinal Dolan, fut très grinçant. La cause des enfants qui était censée être au cœur de cet événement caritatif fut complètement oubliée. Un jour après un débat brutal entre le républicain et la démocrate, la scène du dîner a paru surréaliste et empreinte d’hypocrisie.

 

Michelle-Melania: 2 poids 2 mesures

Donald Trump a réussi à dire quelques blagues très amusantes. Notamment celle où il dénonce le «deux poids deux mesures» dans la manière dont les médias ont jugé Michelle Obama et Melania Trump. Quand la First Lady tient un discours, a-t-il relevé, tous les médias le jugent extraordinaire. Quand son épouse tient «exactement le même discours», tout le monde la critique. Il faisait référence au discours que son épouse prononça à la convention républicaine de Cleveland et qui plagiait en grande partie un discours tenu par le passé par Michelle Obama.

Et soudain, la fin du politiquement correct

Mais après cette plaisanterie réussie, il est sorti du politiquement correct, adoptant un ton qui ne concordait pas avec ce type de soirée. Or quand il était jeune, Donald Trump avait déjà participé au dîner Al Smith avec son père. Il devait connaître les codes qui régissent ce type de soirée mondaine.

Combien de points récolte la statue de la liberté sur l’échelle de Trump?

Pour sa part, Hillary Clinton a parlé de la statue de la Liberté comme un symbole des idéaux de l’Amérique, précisant toutefois que Donald Trump y voyait plutôt un «4» ou un «5» si elle laisse tomber sa tablette et coiffe ses cheveux. Elle faisait allusion à l’échelle de 1 à 10 avec laquelle il jugerait les femmes qu’il rencontre. La démocrate a été plus subtile, mais elle a néanmoins inséré beaucoup de politique dans ses plaisanteries au point de desservir également son message.

En fin de compte, cet événement de l’Eglise catholique aura au moins eu un mérite: au cours du dîner, les deux candidats ont fini par se serrer la main, chose qu’ils avaient refusé de faire lors des deux derniers débats.

En “tournée d’adieux” en Floride, un Etat clé, Barack Obama fustige Donald Trump

A mois de trois mois de la fin de sa présidence, Barack Obama n’a pas perdu son énergie de grand orateur. A Miami, il l’a déclaré: “Ce sera probablement ma dernière visite à Miami en tant que président. Mais ne vous inquiétez pas, je vais revenir, mais je ne serai plus président et je m’amuserai davantage. Mais c’est ainsi que fonctionne la démocratie.”

“Michelle et moi n’avons qu’un contrat de bail de huit ans. Nous louons, nous ne possédons rien. Nous nous assurons maintenant que nous n’avons rien cassé, que Bo et Sunny n’ont pas endommagé les tapis. Nous effaçons les marques sur le mur montrant comment Malia et Sasha ont grandi, car nous voulons qu’on nous rembourse la caution.” Il a déclaré à quel point il a été honoré d’exercer la fonction de président, même s’il estime ne pas avoir été parfait, mais avoir fait ce qu’il a pu pour le peuple américain.

Visiblement content, enjoué, bénéficiant d’une cote de popularité de plus de 50%, Barack Obama a abordé des thèmes plus sérieux. Il a promu de façon très vigoureuse Hillary Clinton: “Il n’y a qu’une candidate qui a consacré sa vie entière à améliorer le sort de l’Amérique.” Le président a exhorté les gens de Floride qu’il n’était pas nécessaire d’attendre le 8 novembre pour aller voter. Le vote anticipé a en effet déjà commencé et selon les premières indications, les démocrates semblent davantage mobilisés qu’il y a quatre ans quand Barack Obama remporta la Floride face à Mitt Romney. “Je sais qu’elle peut être une grande présidente des Etats-Unis.”

Barack Obama a ajouté: “Elle sait de quoi elle parle…” Elle ne regarde pas la télé-réalité, elle ne participe pas à (des émissions de ) la télévision réalité, elle fait son travail et ce qu’on veut d’un président.” Au sujet de Donald Trump, il a rappelé qu’il ne paie pas d’impôt fédéral et qu’il s’estime malin de le faire. Le républicain, souligne Barack Obama, évite ses responsabilités. “Il ne fait dès lors pas partie de la solution, mais du problème.” Le président ne s’est pas privé de décocher des flèches empoisonnées en direction des républicains qui ont été incapables de dénoncer les outrages de Donald Trump. Il s’étonne que les républicains se soient montrés choqués seulement lorsqu’ils ont découvert une vidéo où Donald Trump se vante d’avoir agressé sexuellement des femmes sans leur consentement. Si, relève-t-il, vous êtes un républicain qui croit aux valeurs de la famille, pourquoi ne pas avoir désavoué Donald Trump il y a des mois déjà?

Barack Obama Joe Skipper/Getty Images/AFP
Barack Obama Joe Skipper/Getty Images/AFP

A propos des accusations proférées par Donald Trump au sujet d’un système électoral corrompu et du fait que le candidat républicain pourrait ne pas reconnaître le résultat de l’élection, Barack Obama a voulu rétablir la vérité. Selon une étude, a-t-il renchéri, il y a eu 31 cas de fraudes sur près d’un milliard de votes au fil des des dernières années. La probabilité, a-t-il ajouté, de déceler un électeur qui fraude est à peu près la même que celle d’être frappé par la foudre ou de gagner le “Power Ball”, une loterie aux Etats-Unis.

Puis ces quelques phrases, fortes, prononcées avec force contre la personne même de Donald Trump: “Vous ne devez pas être un mari ou père pour défendre les femmes, vous ne devez pas avoir un handicap pour dire que c’est mal de se moquer d’une personne handicapée, vous ne devez pas être un musulman pour défendre un autre citoyen qui est juste aussi patriotique que nous, vous devez simplement être une personne décente et aimer ce pays.” 

Pour Barack Obama, il n’y a qu’un seul moyen d’éviter une élection catastrophique de Donald Trump: “Il faut aller voter”.

Michelle Obama en robe Versace pour accueillir Matteo Renzi

Que pouvait porter la First Lady pour le dernier dîner officiel lors de la visite d’Etat du président du Conseil italien Matteo Renzi? La délégation italienne a pu s’enorgueillir de voir que c’est bien un couturier italien qui a vêtu Michelle Obama, désormais sous les feux de la rampe dans cette période électorale aux Etats-Unis. L’Atelier Versace a confectionné une robe rose-or en cotte de maille, avec encolure asymétrique spécifiquement pour la First Lady. La styliste Donatella Versace était fière d’une telle réalisation: “Je suis honoré d’avoir eu l’occasion d’habiller la First Lady. Merci Michelle pour tout ce que vous avez fait pour l’Amérique et pour le reste du monde, pour les femmes aux Etats-Unis et à travers le monde.”

 

Le président Barack Obama and la First Lady Michelle Obama attendent le président du Conseil italien Matteo Renzi et sa compagne Agnese Landini (AP Photo/Manuel Balce Ceneta)
Le président Barack Obama and la First Lady Michelle Obama attendent le président du Conseil italien Matteo Renzi et sa compagne Agnese Landini (AP Photo/Manuel Balce Ceneta)

Matteo Renzi, pour sa part, a lui aussi voulu être à la hauteur de la couture italienne, portant un smoking Giorgio Armani, un styliste qui, selon le Washington Post, comptait parmi les invités du président du Conseil italien lors du dîner officiel à Washington.

 

Matteo Renzi avec Barack Obama   / AFP PHOTO / YURI GRIPAS
Matteo Renzi (L) / AFP PHOTO / YURI GRIPAS

 

 

 

 

 

  EPA/SHAWN THEW
EPA/SHAWN THEW