La Cour suprême, l’un des enjeux cruciaux de la présidentielle

L’une des prérogatives majeures du président des Etats-Unis réside dans son pouvoir de nommer des juges à la Cour suprême. Un an avant la fin de sa présidence, Barack Obama a exercé cette prérogative conformément à la Constitution afin de remplacer le défunt juge ultra-conservateur Antonin Scalia. Mais le Sénat, dominé par les républicains, n’a pas la même conception du fonctionnement des institutions. Il a refusé de confirmer la nomination du juge Merrick Garland et même de l’auditionner. Merrick Garland a pourtant par le passé eu droit aux éloges de démocrates et de républicains tant ses compétences comme juge à la Cour d’appel des Etats-Unis pour le circuit du District de Columbia. Mais les républicains n’entendent pas laisser un président démocrate, Barack Obama, nommer un juge de sensibilité plutôt “liberal”, de gauche.

Aujourd’hui, la Cour suprême des Etats-Unis, qui était censée être l’un des organes assurant le bon fonctionnement des institutions, est paralysée, incapable de trancher les questions les plus sensibles du moment. Avec huit juges au lieu de neuf, il est presque certain que les quatre juges “de gauche” soient opposés aux quatre juges “conservateurs”. C’est ce qui s’est passé quand la Haute Cour s’est emparée de la question de la constitutionnalité du décret présidentiel de Barack Obama pour surseoir à l’expulsion de quelque cinq millions de clandestins. A quatre contre quatre, la question est revenue à la cour inférieure et la mesure prise par le président Obama est pour l’heure suspendue.

Aujourd’hui, on pourrait croire que la politique de la terre brûlée était réservée au candidat républicain Donald Trump. Or plusieurs figures républicaines promettent déjà de bloquer toute nomination de juge par la démocrate Hillary Clinton si celle-ci est élue à la Maison-Blanche. C’est le cas du sénateur Richard Burr, un républicain de Caroline du Nord qui cherche à se faire réélire à Washington le 8 novembre. Il le promet déjà: il fera tout en son pouvoir pour bloquer la nomination de tout juge par Hillary Clinton si elle accède à la présidence. Quitte à attendre quatre ans jusqu’à ce que les républicains aient une nouvelle ouverture en cas d’élection d’un président républicain. Il n’est pas le seul à plaider pour cette politique nihiliste. Le sénateur du Texas et ex-candidat à la présidence Ted Cruz semble prêt à adopter la même attitude, relevant que l’histoire serait pleine d’exemples d’une Cour suprême fonctionnant avec un nombre de juges inférieur à neuf. Même celui qui était encore vu, lors de sa candidature à la présidence en 2000 lors des primaires républicaines, John McCain, est sur cette ligne radicale: “Je promets que nous serons unis pour nous opposer à toute nomination proposée par Hillary Clinton si elle est élue présidente.”  Une porte-parole de John McCain tentera après coup de corriger le tir. Mais le dommage est fait. Les républicains de Washington, qui disent vouloir remettre le pays sur le droit chemin, sont prêts à créer un climat insurrectionnel qui n’annonce rien de bon, le cas échéant, pour une présidence Hillary Clinton. On a cru que l’obstructionnisme dont a souffert Barack Obama en raison du fait qu’il est démocrate et peut-être aussi et surtout parce qu’il est Noir ne pouvait être pire. On n’a peut-être- rien vu.

Barack Obama lui-même a fustigé l’attitude irresponsable de certains républicains lors d’un meeting électoral en Caroline du Nord en faveur de Hillary Clinton. Il a jugé indécent le fait qu’ils promettent déjà de destituer la démocrate avant même qu’elle ne soit élue.

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