Risques climatiques: Understanding Risk UR22

J’ai participé à la conférence  Understanding Risk’. La conférence suivait un concept nouveau, décentralisée sur trois continents, en Npuvelle-Zélande, Europe et Amérique du Sud. Ce concept semble très utile . D’une part il évite les vols longs-courriers, d’autre part il a permis de tenir la conférence jour et nuit dans les différents fuseaux horaires, ce qui bien sûr prive les participants du droit au repos. De plus, le site principal de la conférence,  Florianopolis au Brésil, a subi des graves inondations. Je suis sûre que ce concept sera très utile à l’avenir, car la conférence aurait pu continuer aux deux autres sites. Les visiteurs présents ont certainement acquis une précieuse expérience des inondations, j’espère qu’ils ont pu bien voir les problèmes.

Certains ont souligné que pour prévoir les risques, il faut faire une liste des biens existants, puis des dangers qui les menacent. Malheureusement, les risques liés au réchauffement climatique ont été sous-estimés par rapport aux événements réels de dernières années. Si  le calcul se base sur valeur des bâtiments et des infrastructures, les risques que courent les pays pauvres semblent petits. De nombreux bâtiments, parfois tous,  sont menacés, mais ont peu de valeur.

Une représentante de la Dominique dit que l’idéal serait de construire des maisons sûres, aux bons endroits, où les habitants pourraient être en sécurité en cas d’ouragan, et d’éviter les évacuations. Construire des bâtiments résistants constitue un gain très réel. Cela s’avère malheureusement difficile, il semble y avoir peu de zones sûres à la Dominique, toute l’île est menacée de catastrophes.  

L’intelligence artificielle semble améliorer les predictions de risque.  Divers solutions naturelles ou techniques ont été évoquées, la protection contre les vagues des ouragans, sous forme de mangroves, de murs en escalier, de récifs coralliens qui réduisent les vagues et leurs effets. Je crains que la montée de la mer ne dépasse ses défenses dans la deuxième moitié  du siècle. Je n’ai rien entendu sur les risques et la protection des ports maritimes. 

D’autres intervenants ont parlé de parcs urbains qui contiendraient les inondations, et rafraîchiraient les villes. 

Des nombreuses fermes urbaines où les légumes sont cultivés dans des bâtiments, parfois en plusieurs étages, sont en développement. L’idée est que l’immeuble, ou l’école, la résidence de personnes âgées cultivent leurs propres légumes.  Ce sera très utile si les rues sont inondées. 

Une étude récente montre aussi que le risque d’attaque, d’AVC, augmente à chaque degré se réchauffement climatique.

Une prise de conscience des risques de catastrophes telles que les vagues de chaleur et les glissements de terrain semble s’opérer. Elle est visible par une augmentation d’investissements dans les aménagements préventifs. 

Des nombreux systèmes d’alertes par téléphone portable sont en développement.  Des recherches sur l’étendue et les limites des feux de forêt ont été évoquées, notamment l’Australie a eu de graves problèmes, les feux ont seulement pu être arrêtés aux portes de Sydney.  Les études de risques ont besoin de grandes quantités de données, n’hésitez pas à mettre des données à disposition.

L’aspect psychologique a aussi été évoqué. Apparemment, les gens réagissent surtout aux risques qu’ils comprennent bien, et aux risques immédiats, proches. C’est pour la compréhension que je mets tellement les points sur les ‘i’. D’autre part, le public refuse parfois d’agir par respect des traditions.  La connaissance des barrières pourrait permettre une prévention plus efficace.

J’ajoute encore quelques éléments scientifiques que j’ai relevé dans les conférences de la COP: – La capture de carbone chimique est faisable, opérationnelle, et attend seulement les investissements.

Une autre conférence  de la COP27 “Evénements lents et irréversibles” montrait surtout que la mer monterait beaucoup plus  à 3°C de réchauffement qu’à 1.5°C. A la fin de la conférence une femme, s’est présentée comme membre de l’IPCC, donc professeure d’université de climatologie.   Elle est intervenue en demandant : Comment pouvez-vous taire que ces calculs sont très incertains et que les risques pourraient être bien plus graves?  Ce problème a des conséquences sur une grande partie de calculs de risque, qui pourraient bien être encore très sous-estimés. Le climatologue Johan Rockström disait récemment qu’il ne sait pas vraiment quel serait le climat à +3°C.  La Terre pourrait énormément changer.

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

12 réponses à “Risques climatiques: Understanding Risk UR22

  1. Bonjour,
    Ce n’est pas la première fois que l’on nous dit que les risques sont sous-estimés.
    Les climatologues et le GIEC, ne veulent et ne peuvent pas affoler les peuples, aux risques de mouvements inconsidérés.
    Les politiques en sont pour quelques-choses, ils sont toujours sur les mêmes discours de croissances, de PIB, et de la finance…
    Les médias sont modérés aux risques de passer pour des fous et incompétents.
    Dans tous les discours on nous dit attention danger, il faut inverser la tendance avant 2030 ?? Tout le monde sait que ce ne sera pas possible, mais ça calme et tout le monde garde espoir, l’espoir fait vivre !!
    C’est sur qu’il n’y aura pas un jour blanc gris et un jour noir, mais les éléments seront de plus en plus dévastateurs et réguliers.
    En tout cas le retour en arrière est impossible.
    Nous devrons subir avec beaucoup de lucidité.
    Bonne soirée

    1. Entre les modèles ultra-libéraux (le marché va tout régler) et l’UR22 2.0 proposée, il doit exister d’autres manières de voir les choses.
      Personnellement, je ne souhaite pas faire le saut de l’ultra-libéralisme à l’UR22 2.0. en version mondiale et numérisée.
      Je souhaiterais un modèle qui ne soit pas dicté d’en-haut par des programmes informatiques (appelés “prévisions”), mais un modèle organique qui germe d’en-bas, car c’est ainsi que fonctionne la nature depuis toujours, avec sa diversité et son génie. La nature n’est pas normée, ni mondialisée. Elle est vivante et s’adapte à chaque climat.
      En ce moment, on nous projette à travers le discours de l’urgence vers un modèle qui est voué à l’échec, car ce modèle généré sans aucune concertation avec les populations terrestres par des groupes d’experts hors-sols. C’est un modèle purement technocratique, et donc non viable.
      Et si deux modèles sont mauvais, la lucidité, c’est de refuser ces deux modèles. Et non pas de choisir entre les deux sous un stress intense.
      Cela ne peut pas produire un mode de vie durable – ni pour nous, ni pour la planète.

      1. Je suis d’accord qu’il faut surtout des surfaces naturelles, des forêts, des arbres en ville, de la végétation. Les modèles permettent de prévoir les lieux inondés, ils calculent assez bien le trajet de l’eau dans le terrain existant, etc.

        1. Permettez-moi un brin d’ironie…
          Il n’y a pas si longtemps, alors qu’on ne disposait pas de modèles si performants, on ne construisait pas n’importe où, car on savait d’expérience ou de mémoire que telles ou telles zones pouvaient être inondées, soumises à un glissement de terrain, etc. Et l’on savait aussi économiser les zones construites, afin de conserver des zones naturelles, agricoles, etc.
          On ne jetait pas grand’ chose, on réutilisait presque tout. C’était il y a moins d’un siècle dans la plupart des régions du monde. Avant les ingénieurs et les experts, et toute leur technique sophistiquée.
          Conclusion: les modèles informatisés sont sans doute très performants et progressent chaque jour, mais le discernement humain semble décliner très vite.
          Y-a-t-il un lien entre ces deux phénomènes? Est-ce un hasard? Aidez-nous, il y a urgence pour l’avenir de la planète!

          1. Les vraies solutions sont la décarbonation de tous les secteurs et la sobriété énergétique. La technologie pour capter le CO2 est très complexe et donc, à mon avis, n’aboutira jamais, à moins qu’il y ait un nouveau Einstein 🙂

  2. ”La capture de carbone chimique est faisable, opérationnelle, et attend seulement les investissements.”. Certes, l’espoir provient probablement de ce projet de capture éventuelle du carbone atmosphérique mais cette technologie sera-t-elle la panacée miracle qui sauvera l’Humanité ? On peut raisonnablement en douter. Je m’interroge sur l’efficacité que ce projet futuriste. Combien d’usines à capture de carbone faudra-t-il construire dans le monde et à quel coût ? Sans doute des milliers, voire des centaines de milliers disposées un peu partout sur la planète. Pendant que les usines capteront le carbone atmosphérique, les moteurs à essence des véhicules motorisés, avions et bateaux vont continuer à émettre du CO2. Alors, on n’y arrivera pas. Ce sera un peu comment essayer de remplir avec de l’eau une chaudière percée d’un gros trou par le fond. La chaudière percée ne se remplira jamais. Sans investissement suffisant, que fera-t-on ? Rien ???

  3. Comme le CO2 s’accumule dans l’atmosphère et même s’il y a une diminution des émissions de CO2 dans les prochaines années, les phénomènes climatiques seront de plus en plus dévastateurs.
    Comme disait Einstein, ” Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir” . Les pays développés doivent s’engager dans le réchauffement climatique pour l’atténuer le plus rapidement possible.
    Le nouveau monde est en marche, mais le réchauffement climatique continuera.

  4. Avec les centrales nucléaires, les déchets nucléaires que nous ne savons pas retraiter restent un gros point noir. Elles ont le seul mérite d’être très peu émettrices de CO2 comme les énergies renouvelables.

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