Vivre en Ecologie 1: des villes vertes sans stress

Des journées saines à tous les âges de la vie

Les petits enfants

La société devrait avant tout assurer le bien-être des enfants, car il détermine la santé et le déroulement de toute leur existence. On dit que les trois premières années de la vie sont les plus importantes. Les traumatismes ou les stress dans l’enfance influencent le développement du cerveau, le système immunitaire, le système hormonal, ont des conséquences sur la réussite scolaire, sur le comportement,  mais augmentent  aussi le risque de très nombreuses maladies plus tard au cours de l’existence: les personnes qui ont subi des traumatismes infantiles ont des problèmes de comportement, de santé mentale mais aussi. Dans le TED Talk que je cite, le médecin mentionne 2,5x plus de risques de maladie de poumon et d’hépatite, 4,5x plus de risques de dépression, ont trois fois plus de risques de maladie cardiaque et de cancer de poumon pour des personnes qui ont eu une enfance difficile (Ted Talk ). C’est très impressionnant.

Le bien-être des enfants contribue beaucoup à la santé de la société une ou deux générations plus tard, et les mauvais traitements dans l’enfance sont la cause la plus importante de problèmes de santé publique aux Etats-Unis.  Nous devons donc nous assurer que l’enfance se passe bien, et que les journées des enfants soient saines.

Garderie

L’enfant devrait vivre à la maison, entouré de ses parents. Il ne devrait pas passer des longues journées fatigantes dans la foule d’une crèche… J’ai cherché des  publications scientifiques sur l’effet des crèches sur les enfants, et je ne trouve pas ce qui me paraît évident, à savoir que la crèche est infiniment plus stressante, ou plus animée que la maison. Je dois dire que la plupart des études ne voient pas de différences entre une enfance en garderie et à la maison. Un étude australienne trouve que la garderie ou la maternelle améliorent les performances scolaires par la suite, mais c’est loin d^être universel.  Par contre, il a été montré que les enfants dans les crèches ont le taux de cortisol plus élevé, et que ceux qui y sont toute la journée ont un risque d’obésité plus élevé. Cela pourrait être lié, et dû peut-être au stress ou à l’excitation des journées de crèche.  Les enfants en crèche ont plus de maladies dans la petite enfance, mais cela pourrait les protéger des leucémies. Ce type d’études est compliqué par le fait que les familles sont toutes différentes. Une étude isolée suggère qu’une enfance en garderie pourrait perturber la relation avec la maman et empêcher de nouer des relations stables par la suite (lien).

Cela dit, dans mon expérience il est clair que la crèche, une bonne crèche avec plus d’une dizaine d’enfants, est un endroit où l’excitation est incomparablement plus forte que dans une maison calme, où les activités tranquilles sont plus difficiles. A la garderie, l’enfant peut rarement finir un jeu, il est souvent interrompu par d’autres. J’ai vu une garderie aux Etats-Unis, où chaque enfant était assis à son petit bureau. Ici, il me semble qu’ils se promènent et courent librement, et il y a pas mal d’animation, mais la liberté de mouvement semblent quand même importants.  Il a besoin de moments assez calmes aussi. Je trouve que les petits ne devraient pas y être beaucoup, au plus des demie-journées.  Vers deux ans, une journée où nous voyions d’autres enfants une heure ou deux était bien assez mouvementée, et quand ils sont fatigués, la foule devient pénible, ils ne peuvent plus interagir correctement.  Si les enfants sont dehors, dans la nature, le groupe est moins stressant. Les transports motorisés, même le vélo, sont stressants aussi, la télévision aussi.

Dans mon expérience, quand les journées étaient calmes et bien organisées, l’enfant était calme et facile, et les crises de colère de colère ou de larmes étaient souvent dues à un bruit excessif, à un autre stress excessif ou à une maladie infantile.

Bref, je pense que l’enfant devrait vivre essentiellement  à la maison, proche de sa maman. Idéalement, il pourrait avoir des activités en groupe une heure par jour, resterait à la maison et ferait des petits trajets à pied.  Je ne trouve même pas super de faire une journée avec papa et une avec maman, par contre des demies-journées régulières, le matin avec papa, et l’après-midi et le début de soirée avec maman me semblent acceptables. Le travail devrait ‘être adapté à la santé des enfants. La société devrait être organisée pour le faciliter, pour permettre à un parent d’arrêter de travailler et de reprendre son travail par la suite avec assurance de réengagement, d’être en télétravail, ou que les deux parents travaillent en alternance, ou en partage de travail.

Il devrait aussi avoir un large accès à des places de jeu entourées de verdure à proximité, et des maisons comme les maisons Vertes pourraient  accueillir les mamans avec les petits, avec des gentilles animatrices en langues différentes. Des recommandations pédiatriques pourraient figurer sur les murs en BD.  On y ferait des tisanes et on s’échangerait des objets utiles, des habits, des jouets, des mini-cours de français adaptés pourraient être donnés aux enfants de dix-huit mois ou deux ans.

Les adolescents

Les stress subis par un enfant avant l’âge dix ans semblent les plus nocifs, ils changent peut-être sa vision du monde pour la vie et l’empêchent d’organiser sa vie correctement.   Le stress chez les adolescents semble moins grave, mais selon un expert du domaine, le stress scolaire augmente le niveau général de stress des adolescents, l’anxiété et pourrait les rendre moins heureux, et donc les pousser vers la dépression.  Selon d’autres experts, le stress pourrait augmenter le risque de l’alcoolisme et de la dépendance aux drogues. J’ai l’impression que le stress de l’école est le vrai responsable de la dépression généralisée de notre société constatée cette année.

Je trouve que l’école met un stress sur les adolescents. Elle leur fixe parfois des tâches énormes qui leur causeraient des nuits blanches, leur demande trop de se dépêcher. Une des différences principales que je vois est qu’en une génération, les tests sont passés de 5 questions à 30. Nous avions quelques questions auxquels nous pouvions répondre tranquillement, en réfléchissant, aujourd’hui on en fait des machines à recracher des détails.  Il est bon que l’enfant prenne le temps de comprendre, de faire les choses correctement, ensuite la démarche correcte, découverte lentement, deviendra une habitude. Une autre différence est que les notes, les moyennes de classe sont plus basses, de nombreux enfants sont en échec scolaire, et à mon avis le problème provient de l’excès de perfectionnisme, où l’enfant doit savoir tous les détails, et on en oublie l’essentiel.  Les enseignants, de nombreux enseignants, sont trop critiques envers les élèves, leur font des remarques négatives ce qui les déprime et finalement abaisse leur niveau scolaire de deux ans à peu près. L’école devrait faire une réflexion sur les stress qu’elle cause aux élèves, sur leur conséquences sur la santé des élèves, et d’abord veiller à ne pas mettre leur santé en danger, avant même de leur apprendre à lire. L’école n’est pas un hôpital où le personnel est parfois stressé pour sauver des vies, elle existe pour les élèves, les enfants et les adolescents, et doit y être bien adaptée.

Addendum: les devoirs et la matière pour les tests devraient être limités dans le temps et ne pas mener à des nuits blanches.  Les manuels, gris et ampoulés devraient être refaits pour les enfants, avec un language adapté, des exemples plus pratiques. L’enseignement du français semble concentré sur l’apprentissage par coeur de l’imparfait du subjonctif et d’autres éléments qui ne seront jamais utilisés, bien plus qu’il y a trente ans. Les langues pourraient être apprises de façon beaucoup plus pratique.

A aucun âge les enfants ne devraient rester en groupes de vingt ou trente personnes après 16h-16h30. Ils devraient avoir des ou trois heures pour se détendre et faire ce qu’ils veulent. S’ils restent en centre d’accueil malgré mes suggestions ce serait mieux qu’ils soient dehors , et qu’ils jouent assez librement,. S’il y a des consignes, qu’elles leur laissent de la liberté. Et s’ils ont envie de se parler et d’interagir en groupe, c’est merveilleux et à encourager.

Les adolescents ont encore besoin de jouer et de bouger, et ne sont pas encore responsables, les adultes doivent d’en souvenir. Dans l’ensemble, les ados n’ont pas un mode de vie très sain. Beaucoup ne dorment pas assez, ne mangent pas toute la journée, passent leur vie sur internet, dépriment.  Nous venons de voir une dizaine d’alerte à la bombe inventées par des élèves pour échapper à l’école dans le canton de Vaud. Un journal anglais alertait que des jeunes, des très jeunes regardent de la porno extrême (lien).  Dans une émission TSR sur les jeunes violents, une assistante sociale disait qu’ils ont un sentiment d’exclusion dès l’âge de dix ans. Qui a dit à ces enfants qu’ils ne sont pas assez bons? Il ne faut pas le faire.

Pour que les jeunes ne soient pas stressés, il faut d’abord que leurs besoins naturels soient remplis, qu’ils puissent manger régulièrement des repas sains, dormir assez, bouger assez, jouer assez avec leurs camarades, et aller dans la Nature. Ce mode de vie ne doit pas être interrompu au cours de toute l’enfance.  Certaines écoles proposent des cours de bonheur ou de résolution de problèmes. Une étude citée par le Forum économique dit que les jeunes qui pratiquent un sport ou des activités artistiques ont sont en meilleure santé, il faut leur offrir cela. Ils devraient pouvoir se reposer et aller dehors après l’école, s’ils doivent aller dans un centre d’accueil, il devrait être essentiellement dehors.  Le Panda Club du WWF organise des jeux dans la forêt le samedi, cela devrait être accessible à tous les enfants et les jeunes. Des bus d’excursion pourraient partir des quartiers,  Ils devrait y avoir des places de jeux pour les adolescents avec des activités adaptées, des cours de sport et et d’art. Il faudrait alors carrément un planning national des excursions nature parce que ça ferait beaucoup de monde,  mais des activités nature sont très souhaitables.

Partage de travail pour les adultes

J’ai l’impression que notre société actuelle met un grand stress sur les adolescents et les jeunes.  Beaucoup de devoirs pour les ados, un grand stress de travail pour les jeunes, où il faut montrer qu’on est motivé en travaillant le weekend, en faisant des heures supplémentaires non payées, des stages et des cours du soir  qui augmentent les heures de travail totales. Une personne qui arrive au même diplôme avec un an de plus est jugée négativement, comme ayant raté son année.  Passé 40 ans, par contre, ils est beaucoup plus dur de trouver du travail, et fréquent de s’occuper, quelque soit notre profession de base,  deux ans à de lettres de postulations à plein temps. Evidemment, ça crée des emplois de secrétaires et de RH.

Les jeunes adultes de 20 ou 30 ans sont soumis au stress du travail, ils doivent se dépasser, travailler plus que leurs heures légales pour montrer leur motivation, accumuler des stages, changer de ville, etc.  Cela met leur santé en danger, et il faudrait l’éviter.

Ils devraient aussi bénéficier d’activités de bien-être, de recentrage, nature, art, musique à un prix très abordable. Il en va de la santé de la société, il faut mettre en place un système où les activités de bien-être ne sont pas une bizarrerie, mais sont normales pour chacun.

Les personnes de 30-40 ans ne devraient pas travailler 12 heures et se lever toutes les nuits parce que bébé est justement malade, le jeter à la crèche en vitesse et recommencer.

Les personnes entre 40 et 110 ans ne sont pas des déchets de la société. Elles en sont la moitié.   Au 19ième siècle, le quadragénaires étaient épuisées par un travail pénible et mourraient. Aujourd’hui, l’humain vit beaucoup plus longtemps en bonne santé. Nous ne devons pas voir les  voir comme avant.

Le travail devrait être mieux réparti au cours de la vie, avec moins de stress sur les jeunes, et l’integration des plus âgés. Les adolescents et les jeunes adultes jusqu’à 35-40 ans devraient avoir des activités de bien-être, sport, art, activités à l’extérieur.

Au Danemark l’âge était considéré différemment, les gens prenaient le temps de s’occuper d’eux-mêmes, le temps de faire autre chose, finissaient leurs études plus tard en moyenne.  Je ne sais pas exactement s’il y avait des encouragements légaux, mais il n’y avait pas ce stress énorme de trouver du travail tout de suite où jamais, ils étaient plus confiants d’avoir du travail, et recevaient un petit financement pour faire des études.

Ces réflexions ont été interrompues par l’appel d’un jeune homme qui me dit que j’ai gagné un conseil d’assurance gratuit, ‘c’est super, non ?’ Là, ce n’est plus de la vente, c’est de l’arnaque. Est-ce vraiment bien qu’il travaille? Bien sûr, il doit vivre, mais c’est un exemple d’emploi nuisible à la société qui devrait être remplacé par du travail utile.  J’espère que ce monde trumpien deviendra bientôt un monde bien organisé

Je crois qu’il faudrait que le bien-être soit assuré à l’école et au travail.  La population devrait travailler moins,  avec moins de stress sur les adolescents, sur les jeunes, et du travail à temps partiel tout au long de la vie. La réduction du temps de travail devrait assurer le succès du jardinage familial et des activités RRR.

Une des choses qui fait travailler les mamans est la peur de ne pas trouver de travail après une interruption. Il faut remédier à ce danger et créant des garanties de reengagement, des congés parentaux étendus et des adaptations du temps de travail. Il faudrait aussi assurer qu’il est interdit de prendre en compte l’âge du candidat à un travail, comme on interdit les autres discriminations, et augmenter la stabilité du travail, des contrats de travail.

Peut-être les personnes dans les emplois essentiels pourraient-elles exercer leur activité à mi-temps, et il y aurait deux employés pour un poste, avec la possibilité mentionnée d’office de les réquisitionner dans les situations d’urgence, et un salaire à 70%, ou  quelque chose de ce genre.

Ville verte

Nous utilisons trop de mètres carrés de constructions par personne. Où couper ? Je trouve qu’il n’est pas optimal qu’actuellement les familles achètent leur maison quand les enfants sont petits, 5-6 pièces, 200 m2, et y restent après le départ des enfants. Une étude américaine qui dit qu’actuellement, les familles sont souvent petites et préféreraient plus de contacts, par exemple des places de jeux communes, des piscines communes, plusieurs lieu qui seraient des lieux de rencontre et serviraient à 10 ou 20 familles. On pourrait imaginer des rangées de maisons mitoyennes convertibles, qui pourraient former un ou deux appartements, et au départ des enfants, les parents garderaient le bas et le haut accueillerait deux autres  autres personnes. Il faudrait créer des épargnes logement comme cela existe en France pour favoriser l’accès à la propriété.

Il faudrait des marchés de produits locaux, ou les objets d’occasions, très écologique, auraient leur place, privilégiée, à prix réduit.

En tout cas, les villes devraient offrir l’accès à des parcs, à des activités sportives et de bien-être à tous les habitants, à bas prix, pour assurer la santé de la population.

 

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

4 réponses à “Vivre en Ecologie 1: des villes vertes sans stress

  1. Je me disais en vous lisant que certains “domaines” sociaux comme la garde d’enfant pouvaient (peut être) être organisés de façon avantageuse écologiquement et économiquement parlant, au niveau des entrprises ou des regroupements d’entreprises. Ceci pourrait pourquoi pas, être étendu à d’autres catégories de personnes qui ont besoin d’être “aidées” ou “assistées”, les vieux, etc…
    En somme réfléchir et initier sur le “local” qui peut être aussi bien au boulot qu’au domicile…

  2. Merci pour cet article intéressant qui me fait penser qu’il faudrait peut-être recréer ce qu’on appelait au XIXe siècle des phalanstères ou familistères. Ces structures étaient loin d’être négatives et les mètres carrés n’y étaient pas gaspillés. Les personnes de tous les âges y vivaient en symbiose, les enfants avec les adultes et les seniors.

    Quand j’étais enfant, dans les années 50, nous vivions à quatre générations sous le même toit et j’en garde un très bon souvenir. Maintenant, à 72 ans, je me rends compte, en lisant votre article, que j’ai toujours eu une très bonne santé.

  3. Après avoir mis la ville à la campagne, on va remettre la campagne dans les villes …

    1. Remettre la campagne dans les villes, en créant des jardins sur les toits des immeubles, ça peut être très beau. Allez voir à Düsseldorf, c’est superbe.

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