Comment la pression scolaire ruine la santé mentale des enfants et des jeunes: récit d’un psychiatre

Je partage ici un article d’un psychiatre polonais dans une revue médicale: 

Quand l’année scolaire s’est terminée en juin dernier et que les vacances d’été approchaient, j’ai ressenti le sens du devoir bien fait. La plupart des enfants et des adolescents avec qui je travaille en tant que psychiatre ou psychothérapeute se sentaient beaucoup mieux. Chez certaines personnes, nous avons arrêté les médicaments, l’anxiété et la dépression ont presque disparu. « Tant de mois de travail portent enfin leurs fruits », ai-je pensé. Les visites étaient sporadiques pendant les vacances. Les jeunes qui sont restés dans le service pour des séjours de deux semaines ont passé leur temps assez agréablement et de manière créative, à tel point que plusieurs ont voulu rester avec nous pendant l’année scolaire.
En septembre, ou en fait déjà fin août, quelque chose a commencé à changer. Les premières peurs et sautes d’humeur sont apparues. Début octobre et novembre, le niveau des problèmes était similaire à celui d’avant les vacances. Bien sûr, les personnes qui suivaient une thérapie depuis plusieurs mois se sentaient généralement mieux et faisaient mieux face aux problèmes, mais la baisse d’humeur était visible chez toutes.
Il ne s’agissait pas seulement de l’humeur. La violence entre pairs a considérablement augmenté.
Après la rentrée scolaire, des enfants qui jusqu’à présent semblaient coopérer et se soutenir mutuellement ont commencé à s’attaquer, déclenchant des batailles massives.
Le but de ces guerres était de complètement discréditer l’autre, de l’humilier et parfois de le tourmenter. Les types de harcèlement les plus fréquents était ceux à travers lesquels le bourreau essaie de retrouver un certain sens de l’agence et du contrôle sur sa propre situation sociale.
L’ECOLE EST-ELLE LE PROBLEME?
Que se passe-t-il? on s’est demandé. Pourquoi la situation se répète-t-elle à l’identique l’année scolaire suivante ? Le caractère saisonnier de la dépression est-il le problème ? Peut-être est-ce la réduction de l’exposition à la lumière qui entraîne des changements émotionnels et comportementaux plus profonds chez les adolescents ? Peut-être que oui, mais il ne s’agit probablement pas seulement de la durée du jour et des sautes d’humeur saisonnières. Après tout, nous connaissons les sautes d’humeur des jeunes adultes et des étudiants. Sont-elles si profondes? De plus, elles ne s’accompagnent pas d’une augmentation du mobbing et de la violence.
De plus, on voit que les gens qui franchissent la barrière du baccalauréat et vont plus loin dans le monde ressentent un grand soulagement parce qu’une certaine force oppressive disparaît de leur vie. Et pourtant, il semble que ce devrait plutôt être l’inverse. L’enfance se termine définitivement et pour beaucoup de gens commence une difficile confrontation avec l’indépendance.
L’école serait-elle la source du problème ? Et si c’est l’école ou quelque chose lié à l’éducation, qu’est-ce qui pourrait avoir un si grand impact ? La réponse à ces questions n’est pas particulièrement difficile si vous écoutez ce dont parlent les enfants et les jeunes.
LA PRESSION DE L’ENSEIGNEMENT POURRAIT ETRE LA PRINCIPALE SOURCE DE STRESS
Presque tous les élèves en parlent. Examinons donc cette pression sans succomber au stéréotype selon lequel un élève se plaindra toujours de l’école. Dans ce cas, il ne s’agit pas de se plaindre de l’école et du besoin d’apprendre. On parle de décompensations profondes des jeunes, dont certaines conduisent à des tentatives de suicide, des automutilations et des hospitalisations en psychiatrie. Alors qu’est-ce que la pression scolaire, quelle est son ampleur et quels peuvent être ses effets ?
PRESSION CAPITALISTE A L’ECOLE
Selon les sources dont je dispose, il existe une notion de pression scolaire dans la littérature, et la plupart des recherches concernent les étudiants et les jeunes adultes. Dans ma compréhension, la pression scolaire serait une sorte de pression émotionnelle exercée sur les enfants et les jeunes, probablement dès la période préscolaire et s’intensifiant considérablement dans les dernières années du primaire et dans les classes du secondaire. Cette pression est exercée par les enseignants, les parents, mais aussi par la culture dans laquelle nous vivons. Sue Fletcher-Watson (2022) saisit cette question avec précision, quand elle note que le capitalisme peut influencer la pression pour atteindre les résultats scolaires les plus élevés possibles, car ces résultats sont censés permettre un niveau de revenus élevé à l’avenir.
Les besoins des élèves qui, pour diverses raisons, sont incapables de répondre aux exigences, sont ignorés et négligés, et les élèves sont éliminés des “meilleures” écoles et déplacés vers les “pires”.
DES TONNES DE TACHES ET EVALUATION PERSISTANTE
Je pense que la pression sur l’élève est créée par plusieurs éléments. Le premier est la pression exercée par les enseignants. Moins de trois jours après avoir écrit ceci, j’ai parlé avec un patient qui avait eu 19 crédits, 6 devoirs et 8 devoirs et présentations le mois précédent.
L’évaluation répétée et persistante d’un enfant par les enseignants est une cause de stress extrême.
De plus, certaines épreuves orales ou écrites sont inopinées, tout comme l’interrogation de l’étudiant. De nombreux adultes mentionnent qu’ils n’oublieront jamais la peur mêlée de culpabilité qu’ils ont ressentie lorsque l’enseignant a parcouru la liste avant de choisir un élève pour répondre. Il semble que peu de choses aient changé à cet égard en un demi-siècle, ou même plus.
Les étudiants se plaignent également du manque de coordination entre l’enseignement des différentes matières. “Chaque enseignant considère que sa matière est la plus importante.” Ils affirment qu’ils doivent apprendre des choses complètement inutiles du point de vue de leur formation continue et que le manque de sélectivité entraîne une surcharge de matériel redondant, ce qui est également souvent souligné par les parents.
ENFANTS QUI TRAVAILLENT PLUS QUE LEURS PARENTS
La somme des heures passées à l’école et l’équilibre entre le temps libre et le temps occupé par l’éducation (apprentissage à l’école et à la maison) penchent dangereusement vers le surmenage et la surcharge de travail, et donc vers le stress.
J’ai souvent rencontré des étudiants qui travaillaient plus que leurs parents pendant la journée, même pendant le temps qui devrait être un temps de repos, par exemple les samedis, dimanches ou jours fériés. Personne ne se demande vraiment où cela se termine.
Des exigences irréalistes signifient que la plupart des étudiants sont incapables de se souvenir de la matière, et ceux qui suivent consciencieusement les recommandations de l’école le paient avec des nuits blanches, l’épuisement et la privation d’autres besoins. Ce dernier point me semble particulièrement important. Les jeunes manquent de temps pour les rencontres avec les collègues, les jeux, les loisirs, la poursuite de leurs propres passions, etc. Le temps libre est consommé par le tutorat et les activités annexes, le plus souvent également pédagogiques ou « au service » de la future carrière. Il n’y a presque pas de temps pour soi. Privés de la possibilité de se rencontrer et d’interagir, les enfants tombent dans le monde virtuel et se stimulent à travers les jeux ou les médias sociaux.
LES ENSEIGNANTS SONT AUSSI VICTIMES
Comment fonctionnent les enseignants dans cette situation ? Ils sont probablement autant victimes du système éducatif que leurs élèves.
Des programmes d’études irréalistes et un système d’enseignement obsolète réduisent le rôle de l’enseignant à celui d’exécuteur d’hypothèses complexes.
Dans cette situation, l’enseignant cesse d’être un adulte amical, soutenant le sentiment de sécurité de l’élève et le façonnant de manière à ne pas ébranler son sens très fragile des valeurs. Il cesse également de remarquer les forces et les talents de l’enfant, ainsi que ses efforts pour répondre aux exigences de l’école. Dans le système actuel, l’enseignant est trop souvent réduit à un rôle purement formel de fonctionnaire chargé de mettre en œuvre un plan. Cela conduit à une frustration inévitable et, pour de nombreux enseignants, déclenche un conflit avec les élèves. Bien sûr, les enseignants ne baissent pas les bras, ils se battent pour préserver leur propre subjectivité et celle de leurs élèves, mais la voie pour déshumaniser la relation enseignant-élève est ouverte.
QUI A LE PLUS MAL?
Les enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux sont dans la situation la plus difficile. Les enfants atteints du spectre de l’autisme, du TDAH, de la dyslexie, de la dysgraphie, des troubles de la communication ne sont pas identifiés et leurs problèmes sont traités comme de simples “paresses” ou traits de caractère.
Les résultats sont déplorables : dépression, anxiété, automutilation, refus d’aller à l’école et, surtout, violence entre pairs.
La violence systémique se joue dans les microsystèmes des étudiants.
Nous sommes tous immergés dans la même culture, c’est pourquoi il est très difficile de reconnaître ce qui est un effet culturel, civilisationnel ou social et ce qui appartient au trait de caractère d’une personne. Avec de fortes pressions culturelles à atteindre, certains parents peuvent ne pas reconnaître la pression éducative et la supporter par souci de l’avenir de leur enfant. Les adultes ont souvent des difficultés à reconnaître les sources de la dépression chez les enfants, le contexte de leurs tentatives de suicide et l’étendue de leur souffrance individuelle.
ECOLES QUI SOUTIENNENT L’ELEVE ET ECOLES QUI MENACENT
Le fait que la pression éducative, en particulier du système éducatif polonais, soit un facteur de risque important pour les troubles mentaux des enfants et des adolescents, est confirmé par le fait qu’il existe des écoles qui ont décidé d’organiser l’éducation différemment et que ces écoles sont généralement très appréciées des élèves et des parents. Les enseignants qui y travaillaient ont reconnu avec précision les phénomènes et ont organisé leurs institutions de manière à créer un espace non seulement pour l’éducation, mais aussi pour le développement en toute sécurité des enfants.
Malheureusement, on peut imaginer que c’est aussi l’inverse et la lutte pour les places dans le classement conduit à l’élimination des élèves qui ne vont pas bien.
Certaines situations semblent bizarres – par exemple, un enfant traumatisé présentant des symptômes de dépression fait une tentative de suicide, arrête d’aller à l’école, va à l’hôpital ou non, suit ou non une thérapie – comme nous le savons, trouver un médecin et une thérapie n’est pas facile, les absences augmentent. L’école doit répondre à l’absence de l’élève. Il peut reconnaître la situation et l’aider à revenir et à trouver de l’aide, ou non. Trop souvent, l’accent est mis sur l’assiduité et la menace d’un retard croissant. Les menaces de «notification au tribunal», d’amendes et de placement de l’enfant dans un établissement 24 heures sur 24 sont typiques, ce qui augmente encore la peur de l’enfant et des parents. Les effets de cette pression peuvent être désastreux. Surtout lorsque le système éducatif est orienté vers des objectifs contre-thérapeutiques. Les histoires personnelles peuvent être multipliées indéfiniment.
LE SYSTEME DOIT ETRE REFORME ET RELACHER LA PRESSION
Je pense que la pression scolaire est un facteur de risque important et encore méconnu des troubles. Nous devons l’étudier et façonner le système éducatif de manière à ce qu’il n’interfère pas avec le bon développement de l’enfant.
La pression éducative déresponsabilise l’enseignant et transfère entièrement la responsabilité à l’élève.
C’est un type de violence psychologique et peut facilement devenir une forme de mobbing.
Si nous pensons à la santé mentale des enfants et des jeunes, nous avons besoin d’une réforme de l’éducation, de réductions de la pression pédagogique en faveur d’une meilleure compréhension des besoins et des difficultés des élèves, et de les accompagner dans le dépassement des difficultés qu’ils rencontrent.
*Dr Cezary Żechowski, psychiatre spécialisé pour enfants et adolescents, chef du service de jour de réadaptation psychiatrique pour enfants et adolescents à l’hôpital Wolski de Varsovie.
L’article du Dr. Żechowski sur la pression éducative a été initialement publié dans la revue polonaise “Psychiatra” 1(40), 2023 https://www.psychiatraonline.pl; partagé sur Facebook par oko.press.
 
Exemple d’objectif de tests d’histoire, liste à apprendre par coeur à 11 ou 12 ans en Suisse en 2021.
J’aurais pu écrire cet article, dont l’auteur est un psychiatre polonais. En Suisse il y a des vacances en octobre, mais novembre et décembre étaient extrêmement chargés et épuisants dès l’âge de dix ans. A notre époque, à Lausanne avec M. Schnorf, nous avions cinq noms de rois et dates à retenir, cinq au lieu de le centaine demandés dans les objectifs du test ci-dessus.  Les questions du test portaient sur la compréhension des événements. En 2021-2022, une évaluation sur dix avait une matière gigantesque comme celle-ci. J’ai reparti ce travail sur plusieurs jours, mais parfois il en y avait plusieurs  par semaine. Je trouve que le PER convient aux classes pré-gym,  dans le cursus du bac international les notions de maths sont même introduites deux ans plus tôt, mais dans sa réalisation ‘introduction’ et ‘notion’ sont vérifiés avec un test en cinquante questions de détail, trop long, qui ne vérifie pas l’acquisition d’une compétence. Il ne faudrait pas du tout apprendre l’encyclopédie  par coeur.  Je suis aussi d’accord sur l’idée d’une sélection précoce (6 ans?) et d’un enseignement différencié, de base ou varié, je pense que cela aiderait beaucoup.

J’ai vu dans de nombreux médias qu’il a une explosion de dépressions d’adolescents, 30% ou 40%  en Suisse, en France, aux Etats-Unis. C’est une réelle épidémie mondiale, peu comprise, qui laisse tout le monde démuni. A l’école suisse que j’ai vue, un élève sur dix allait bien. Certains avaient des symptômes d’anorexie et de culpabilité chronique, d’autres semblaient haïr tout le monde. Les tâches impossibles suivies de critiques ou de punitions pourraient  y contribuer. Ne créons pas une génération pareille.

Vu la gravité de la situation actuelle,  je propose une suppression de notes (et donc de l’apprentissage par coeur la veille des tests oublié le lendemain) à l’école jusqu’à 15 ans. Les élèves pourraient rendre un nombre donné de devoirs d’entraînement. Au minimum, le temps maximal de travail doit être réglementé en accord avec les indications de médecins pour chaque tranche d’âge. Les horaires d’école sont prévus pour que l’enfant puisse jouer dès 15 -16 heures, mais actuellement le temps préparation des tests  dépasse parfois les 24 heures, et il y en a parfois cinq ou six par semaine.Les élèves demandent un planning hebdomadaire des devoirs pour que les professeurs répartissent le travail et réalisent qu’ils en ont déjà. Le temps de préparation des tests devrait figurer sur les objectifs et être intégré à ce planning des devoirs, qui ne devrait pas excéder deux heures à douze ans.

Une médecin belge déclarait que le diagnostic de dépression est souvent donné à un épuisement des surrénales dû à un stress chronique, qui peut être facilement diagnostiqué par une prise de sang.  Cette maladie-là ce soigne par plusieurs mois de repos. J’espère que le stress chez nos enfants pourrait être détecté de cette façon ou autrement.  Il a déjà été remarqué et l’école genevoise tente de ralentir la cadence pour améliorer l’état des jeunes.

Addendum: Il me semble que le classement Pisa porte sur des compétences générales, les maths, une langue, la compréhension, et les pays comme la France qui s’obstinent à apprendre l’histoire et la culture perdent des points à cause de cela.  

D’autre part, en 2021 en Suisse la majorité d’élèves parlaient une ou deux langues différentes du français à la maison. 

Je trouve encore cette étude qui montre que les cerveaux intelligents mettent plus de temps pour répondre correctement à une questions complexe que les moins intelligents (Trustmyscience). J’ai l’impression qu’en poussant les élèves à aller trop vite, certaines écoles perturbent le fonctionnement du cerveau qui donne les réponses correctes. Il faut donner le temps de la réflexion. 

 

Vivre en Ecologie 1: des villes vertes sans stress

Des journées saines à tous les âges de la vie

Les petits enfants

La société devrait avant tout assurer le bien-être des enfants, car il détermine la santé et le déroulement de toute leur existence. On dit que les trois premières années de la vie sont les plus importantes. Les traumatismes ou les stress dans l’enfance influencent le développement du cerveau, le système immunitaire, le système hormonal, ont des conséquences sur la réussite scolaire, sur le comportement,  mais augmentent  aussi le risque de très nombreuses maladies plus tard au cours de l’existence: les personnes qui ont subi des traumatismes infantiles ont des problèmes de comportement, de santé mentale mais aussi. Dans le TED Talk que je cite, le médecin mentionne 2,5x plus de risques de maladie de poumon et d’hépatite, 4,5x plus de risques de dépression, ont trois fois plus de risques de maladie cardiaque et de cancer de poumon pour des personnes qui ont eu une enfance difficile (Ted Talk ). C’est très impressionnant.

Le bien-être des enfants contribue beaucoup à la santé de la société une ou deux générations plus tard, et les mauvais traitements dans l’enfance sont la cause la plus importante de problèmes de santé publique aux Etats-Unis.  Nous devons donc nous assurer que l’enfance se passe bien, et que les journées des enfants soient saines.

Garderie

L’enfant devrait vivre à la maison, entouré de ses parents. Il ne devrait pas passer des longues journées fatigantes dans la foule d’une crèche… J’ai cherché des  publications scientifiques sur l’effet des crèches sur les enfants, et je ne trouve pas ce qui me paraît évident, à savoir que la crèche est infiniment plus stressante, ou plus animée que la maison. Je dois dire que la plupart des études ne voient pas de différences entre une enfance en garderie et à la maison. Un étude australienne trouve que la garderie ou la maternelle améliorent les performances scolaires par la suite, mais c’est loin d^être universel.  Par contre, il a été montré que les enfants dans les crèches ont le taux de cortisol plus élevé, et que ceux qui y sont toute la journée ont un risque d’obésité plus élevé. Cela pourrait être lié, et dû peut-être au stress ou à l’excitation des journées de crèche.  Les enfants en crèche ont plus de maladies dans la petite enfance, mais cela pourrait les protéger des leucémies. Ce type d’études est compliqué par le fait que les familles sont toutes différentes. Une étude isolée suggère qu’une enfance en garderie pourrait perturber la relation avec la maman et empêcher de nouer des relations stables par la suite (lien).

Cela dit, dans mon expérience il est clair que la crèche, une bonne crèche avec plus d’une dizaine d’enfants, est un endroit où l’excitation est incomparablement plus forte que dans une maison calme, où les activités tranquilles sont plus difficiles. A la garderie, l’enfant peut rarement finir un jeu, il est souvent interrompu par d’autres. J’ai vu une garderie aux Etats-Unis, où chaque enfant était assis à son petit bureau. Ici, il me semble qu’ils se promènent et courent librement, et il y a pas mal d’animation, mais la liberté de mouvement semblent quand même importants.  Il a besoin de moments assez calmes aussi. Je trouve que les petits ne devraient pas y être beaucoup, au plus des demie-journées.  Vers deux ans, une journée où nous voyions d’autres enfants une heure ou deux était bien assez mouvementée, et quand ils sont fatigués, la foule devient pénible, ils ne peuvent plus interagir correctement.  Si les enfants sont dehors, dans la nature, le groupe est moins stressant. Les transports motorisés, même le vélo, sont stressants aussi, la télévision aussi.

Dans mon expérience, quand les journées étaient calmes et bien organisées, l’enfant était calme et facile, et les crises de colère de colère ou de larmes étaient souvent dues à un bruit excessif, à un autre stress excessif ou à une maladie infantile.

Bref, je pense que l’enfant devrait vivre essentiellement  à la maison, proche de sa maman. Idéalement, il pourrait avoir des activités en groupe une heure par jour, resterait à la maison et ferait des petits trajets à pied.  Je ne trouve même pas super de faire une journée avec papa et une avec maman, par contre des demies-journées régulières, le matin avec papa, et l’après-midi et le début de soirée avec maman me semblent acceptables. Le travail devrait ‘être adapté à la santé des enfants. La société devrait être organisée pour le faciliter, pour permettre à un parent d’arrêter de travailler et de reprendre son travail par la suite avec assurance de réengagement, d’être en télétravail, ou que les deux parents travaillent en alternance, ou en partage de travail.

Il devrait aussi avoir un large accès à des places de jeu entourées de verdure à proximité, et des maisons comme les maisons Vertes pourraient  accueillir les mamans avec les petits, avec des gentilles animatrices en langues différentes. Des recommandations pédiatriques pourraient figurer sur les murs en BD.  On y ferait des tisanes et on s’échangerait des objets utiles, des habits, des jouets, des mini-cours de français adaptés pourraient être donnés aux enfants de dix-huit mois ou deux ans.

Les adolescents

Les stress subis par un enfant avant l’âge dix ans semblent les plus nocifs, ils changent peut-être sa vision du monde pour la vie et l’empêchent d’organiser sa vie correctement.   Le stress chez les adolescents semble moins grave, mais selon un expert du domaine, le stress scolaire augmente le niveau général de stress des adolescents, l’anxiété et pourrait les rendre moins heureux, et donc les pousser vers la dépression.  Selon d’autres experts, le stress pourrait augmenter le risque de l’alcoolisme et de la dépendance aux drogues. J’ai l’impression que le stress de l’école est le vrai responsable de la dépression généralisée de notre société constatée cette année.

Je trouve que l’école met un stress sur les adolescents. Elle leur fixe parfois des tâches énormes qui leur causeraient des nuits blanches, leur demande trop de se dépêcher. Une des différences principales que je vois est qu’en une génération, les tests sont passés de 5 questions à 30. Nous avions quelques questions auxquels nous pouvions répondre tranquillement, en réfléchissant, aujourd’hui on en fait des machines à recracher des détails.  Il est bon que l’enfant prenne le temps de comprendre, de faire les choses correctement, ensuite la démarche correcte, découverte lentement, deviendra une habitude. Une autre différence est que les notes, les moyennes de classe sont plus basses, de nombreux enfants sont en échec scolaire, et à mon avis le problème provient de l’excès de perfectionnisme, où l’enfant doit savoir tous les détails, et on en oublie l’essentiel.  Les enseignants, de nombreux enseignants, sont trop critiques envers les élèves, leur font des remarques négatives ce qui les déprime et finalement abaisse leur niveau scolaire de deux ans à peu près. L’école devrait faire une réflexion sur les stress qu’elle cause aux élèves, sur leur conséquences sur la santé des élèves, et d’abord veiller à ne pas mettre leur santé en danger, avant même de leur apprendre à lire. L’école n’est pas un hôpital où le personnel est parfois stressé pour sauver des vies, elle existe pour les élèves, les enfants et les adolescents, et doit y être bien adaptée.

Addendum: les devoirs et la matière pour les tests devraient être limités dans le temps et ne pas mener à des nuits blanches.  Les manuels, gris et ampoulés devraient être refaits pour les enfants, avec un language adapté, des exemples plus pratiques. L’enseignement du français semble concentré sur l’apprentissage par coeur de l’imparfait du subjonctif et d’autres éléments qui ne seront jamais utilisés, bien plus qu’il y a trente ans. Les langues pourraient être apprises de façon beaucoup plus pratique.

A aucun âge les enfants ne devraient rester en groupes de vingt ou trente personnes après 16h-16h30. Ils devraient avoir des ou trois heures pour se détendre et faire ce qu’ils veulent. S’ils restent en centre d’accueil malgré mes suggestions ce serait mieux qu’ils soient dehors , et qu’ils jouent assez librement,. S’il y a des consignes, qu’elles leur laissent de la liberté. Et s’ils ont envie de se parler et d’interagir en groupe, c’est merveilleux et à encourager.

Les adolescents ont encore besoin de jouer et de bouger, et ne sont pas encore responsables, les adultes doivent d’en souvenir. Dans l’ensemble, les ados n’ont pas un mode de vie très sain. Beaucoup ne dorment pas assez, ne mangent pas toute la journée, passent leur vie sur internet, dépriment.  Nous venons de voir une dizaine d’alerte à la bombe inventées par des élèves pour échapper à l’école dans le canton de Vaud. Un journal anglais alertait que des jeunes, des très jeunes regardent de la porno extrême (lien).  Dans une émission TSR sur les jeunes violents, une assistante sociale disait qu’ils ont un sentiment d’exclusion dès l’âge de dix ans. Qui a dit à ces enfants qu’ils ne sont pas assez bons? Il ne faut pas le faire.

Pour que les jeunes ne soient pas stressés, il faut d’abord que leurs besoins naturels soient remplis, qu’ils puissent manger régulièrement des repas sains, dormir assez, bouger assez, jouer assez avec leurs camarades, et aller dans la Nature. Ce mode de vie ne doit pas être interrompu au cours de toute l’enfance.  Certaines écoles proposent des cours de bonheur ou de résolution de problèmes. Une étude citée par le Forum économique dit que les jeunes qui pratiquent un sport ou des activités artistiques ont sont en meilleure santé, il faut leur offrir cela. Ils devraient pouvoir se reposer et aller dehors après l’école, s’ils doivent aller dans un centre d’accueil, il devrait être essentiellement dehors.  Le Panda Club du WWF organise des jeux dans la forêt le samedi, cela devrait être accessible à tous les enfants et les jeunes. Des bus d’excursion pourraient partir des quartiers,  Ils devrait y avoir des places de jeux pour les adolescents avec des activités adaptées, des cours de sport et et d’art. Il faudrait alors carrément un planning national des excursions nature parce que ça ferait beaucoup de monde,  mais des activités nature sont très souhaitables.

Partage de travail pour les adultes

J’ai l’impression que notre société actuelle met un grand stress sur les adolescents et les jeunes.  Beaucoup de devoirs pour les ados, un grand stress de travail pour les jeunes, où il faut montrer qu’on est motivé en travaillant le weekend, en faisant des heures supplémentaires non payées, des stages et des cours du soir  qui augmentent les heures de travail totales. Une personne qui arrive au même diplôme avec un an de plus est jugée négativement, comme ayant raté son année.  Passé 40 ans, par contre, ils est beaucoup plus dur de trouver du travail, et fréquent de s’occuper, quelque soit notre profession de base,  deux ans à de lettres de postulations à plein temps. Evidemment, ça crée des emplois de secrétaires et de RH.

Les jeunes adultes de 20 ou 30 ans sont soumis au stress du travail, ils doivent se dépasser, travailler plus que leurs heures légales pour montrer leur motivation, accumuler des stages, changer de ville, etc.  Cela met leur santé en danger, et il faudrait l’éviter.

Ils devraient aussi bénéficier d’activités de bien-être, de recentrage, nature, art, musique à un prix très abordable. Il en va de la santé de la société, il faut mettre en place un système où les activités de bien-être ne sont pas une bizarrerie, mais sont normales pour chacun.

Les personnes de 30-40 ans ne devraient pas travailler 12 heures et se lever toutes les nuits parce que bébé est justement malade, le jeter à la crèche en vitesse et recommencer.

Les personnes entre 40 et 110 ans ne sont pas des déchets de la société. Elles en sont la moitié.   Au 19ième siècle, le quadragénaires étaient épuisées par un travail pénible et mourraient. Aujourd’hui, l’humain vit beaucoup plus longtemps en bonne santé. Nous ne devons pas voir les  voir comme avant.

Le travail devrait être mieux réparti au cours de la vie, avec moins de stress sur les jeunes, et l’integration des plus âgés. Les adolescents et les jeunes adultes jusqu’à 35-40 ans devraient avoir des activités de bien-être, sport, art, activités à l’extérieur.

Au Danemark l’âge était considéré différemment, les gens prenaient le temps de s’occuper d’eux-mêmes, le temps de faire autre chose, finissaient leurs études plus tard en moyenne.  Je ne sais pas exactement s’il y avait des encouragements légaux, mais il n’y avait pas ce stress énorme de trouver du travail tout de suite où jamais, ils étaient plus confiants d’avoir du travail, et recevaient un petit financement pour faire des études.

Ces réflexions ont été interrompues par l’appel d’un jeune homme qui me dit que j’ai gagné un conseil d’assurance gratuit, ‘c’est super, non ?’ Là, ce n’est plus de la vente, c’est de l’arnaque. Est-ce vraiment bien qu’il travaille? Bien sûr, il doit vivre, mais c’est un exemple d’emploi nuisible à la société qui devrait être remplacé par du travail utile.  J’espère que ce monde trumpien deviendra bientôt un monde bien organisé

Je crois qu’il faudrait que le bien-être soit assuré à l’école et au travail.  La population devrait travailler moins,  avec moins de stress sur les adolescents, sur les jeunes, et du travail à temps partiel tout au long de la vie. La réduction du temps de travail devrait assurer le succès du jardinage familial et des activités RRR.

Une des choses qui fait travailler les mamans est la peur de ne pas trouver de travail après une interruption. Il faut remédier à ce danger et créant des garanties de reengagement, des congés parentaux étendus et des adaptations du temps de travail. Il faudrait aussi assurer qu’il est interdit de prendre en compte l’âge du candidat à un travail, comme on interdit les autres discriminations, et augmenter la stabilité du travail, des contrats de travail.

Peut-être les personnes dans les emplois essentiels pourraient-elles exercer leur activité à mi-temps, et il y aurait deux employés pour un poste, avec la possibilité mentionnée d’office de les réquisitionner dans les situations d’urgence, et un salaire à 70%, ou  quelque chose de ce genre.

Ville verte

Nous utilisons trop de mètres carrés de constructions par personne. Où couper ? Je trouve qu’il n’est pas optimal qu’actuellement les familles achètent leur maison quand les enfants sont petits, 5-6 pièces, 200 m2, et y restent après le départ des enfants. Une étude américaine qui dit qu’actuellement, les familles sont souvent petites et préféreraient plus de contacts, par exemple des places de jeux communes, des piscines communes, plusieurs lieu qui seraient des lieux de rencontre et serviraient à 10 ou 20 familles. On pourrait imaginer des rangées de maisons mitoyennes convertibles, qui pourraient former un ou deux appartements, et au départ des enfants, les parents garderaient le bas et le haut accueillerait deux autres  autres personnes. Il faudrait créer des épargnes logement comme cela existe en France pour favoriser l’accès à la propriété.

Il faudrait des marchés de produits locaux, ou les objets d’occasions, très écologique, auraient leur place, privilégiée, à prix réduit.

En tout cas, les villes devraient offrir l’accès à des parcs, à des activités sportives et de bien-être à tous les habitants, à bas prix, pour assurer la santé de la population.