A l’image de la Banque Nationale Suisse, les chartes éthiques ou environnementales sont devenues “très tendance” auprès des institutions financières. Qu’importe si les directives ne sont pas respectées ou mises en pratique, le marketing climatique sonne toujours très bien auprès du public et du politique.
Si la BNS est championne dans sa catégorie, la concurrence est féroce. Dans cette compétition, il faut souligner les efforts de la Société Générale.
Ainsi, la banque française a publié son «rôle dans la lutte contre le changement climatique». Le texte veut faire penser que la banque est désormais un modèle d’écologie et de sobriété.
Une orientation pétrolière et gazière marquée
En réalité, la Société Générale joue un rôle important dans le financement de l’industrie gazière au niveau mondial ainsi que dans les exportations de gaz de schiste américain vers la France et le reste de l’Europe.
Avec 2,4 milliards de dollars investis dans les entreprises développant des projets de gaz de schiste en Amérique du Nord, elle est la 7e banque internationale et la 1ère française dans ce secteur.
En même temps, elle est encore loin des 5 milliards $ investis par la Banque Nationale Suisse pour soutenir le programme de Donald Trump dans les énergies fossiles.
Un conseil d’administration dévoué aux énergies fossiles
Ainsi le conseil d’administration de la Société générale est représenté par son nouveau président Lorenzo Bini Smaghi, également président du conseil d’administration d’Italgas, le leader italien de la distribution urbaine de gaz, et ancien président du groupe italien Snam, l’un des principaux exploitants de gazoducs d’Europe.
S’y ajoutent Robert Castaigne, ancien cadre pétrolier de Total et administrateur de Novatek, l’entreprise gazière russe qui développe Yamal LNG, et Gérard Mestrallet, ancien PDG d’Engie, l’entreprise héritière de Gaz de France.
On ajoute Alexandra Schaapveld, également membre du conseil de surveillance de deux entreprises parapétrolières, la française Vallourec et la malaisienne Bumi Armada Berhad.
La Société Générale affiche 46,4% de sources renouvelables dans les énergies et des projets d’électricité qu’elle finance. Pour arriver à ce chiffre, elle comptabilise l’énergie nucléaire comme une énergie «renouvelable». Ce raccourci est certainement dû à la présence dans son conseil d’administration de Jean-Bernard Lévy, l’actuel PDG d’EDF et à la tête de plus de 50 centrales nucléaires.
Ainsi, sur les 12 membres du Conseil d’Administration, on peut aisément imaginer l’importance donnée à la charte environnementale du groupe par les 5 représentants des énergies fossiles. Mais tant que le public y croit…
Aves les sources et les recherches de Mathieu Paris et Olivier Petitjean sur MultiNationales.org