Hudson Yards, le nouveau visage de l’ouest de Manhattan

Si nous avons le PAV à Genève, New York City a son équivalent à son échelle. Le notre se construit autour d’un vaste projet immobilier nommé Pont Rouge qui offrira 120’000 m2 de bureaux, magasins, restaurants, cafés, commerces, espaces de loisirs, hôtels et écoles, et plus de 600 logements. Le leur, sera tout simplement 13 fois plus grand. Les renommés promoteurs Related Companies et Oxford Properties sont en train de construire 1.6 millions m2 de surface de plancher au cœur d’un plan de redéveloppement de 60 blocs décidé par la ville et l’Etat de New York en 2005. Hudson Yards, qui sera livré en 2024, est le plus grand développement immobilier privé de l’histoire des Etats-Unis.

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Le projet de tous les superlatifs

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Mais ce n’est pas tout. Stephen Ross, le fondateur et chairman de Related Companies également propriétaire des Dolphins de Miami, voit les choses en grand. Il veut faire de Hudson Yards le nouveau centre de New York. Pour cela, il faut selon lui attirer les touristes en masse. Il est donc en train de faire réaliser une œuvre d’art monumentale par l’artiste Thomas Heatherwick qui deviendra la pièce centrale du développement. « Je ne pense à personne dans les 50 dernières années, qui ait dépensé 150 millions de dollars pour développer une œuvre d’art publique. Elle deviendra vraiment l’icône de la ville. La dernière fois que quelque chose de ce genre est arrivé à New York, c’est quand les Français nous ont offert la Statue de la Liberté », explique Ross dans une interview accordée en mars dernier à WWD. Les architectes du projet ne sont pas non plus inconnus du grand public puisque les pointures Kohn Pedersen Fox Associates, Diller Scofidio + Renfro et Rockwell Group ont mis la main à la pâte pour dessiner les silhouettes de Hudson Yards. « Nous avons essayé d’imaginer nos bâtiments pour qu’ils répondent à tous les aspects du contexte qui les entoure. Cette réactivité, ces mouvements et ce dialogue qui existera entre les bâtiments est véritablement l’essence de ce que nous essayons de faire », explique William Pederson, fondateur de KPF.

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Le numéro 30 Hudson Yards, qui sera la deuxième plus haute tour de bureaux de Manhattan, aura une plateforme d’observation panoramique suspendue à 335 mètres de hauteur, soit 15 mètres plus haut que celle de l’Empire State Building, entièrement vitrée et qui permettra à ses visiteurs de se pencher au-dessus du vide. Aux pieds du numéro 10 Hudson Yards, se dressera un centre culturel appelé Culture Shed, qui accueillera notamment la Fashion Week de New York dès 2019. Un des atouts incontestables du projet est également le fait qu’il se situe à l’extrémité nord de l’illustre parc suspendu de la High Line, qui compte chaque année plus de 4 millions de visiteurs et a généré plus de USD 5 milliards d’investissements à proximité depuis son ouverture en 2009. Les visiteurs pourront accéder au numéro 10 Hudson Yards directement depuis le parc. Le développement aura bien évidemment sa propre station de métro. La ligne numéro 7 a en effet depuis septembre dernier un nouvel arrêt nommé Hudson Yards.

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Le poumon du site sera ce que les promoteurs appellent « le plus intelligent des parcs ». Suspendu au-dessus des rails de métro, l’espace vert sera riche de 200 arbres et 28’000 arbustes. Il a été designé par les architectes paysagistes Nelson Byrd Woltz, penseurs notamment du fameux City Garden de Saint-Louis.

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Smart neighborhood

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Les initiateurs de ce projet de USD 20 milliards veulent promouvoir un épicentre d’art, de finance, de mode et de buzz créatif toute en assurant une efficience énergétique et opérationnelle de pointe. Pour le Centre de Progrès en Science Urbaine (CUSP) de la New York University, partenaire du projet, Hudson Yards est le prototype newyorkais de la ville quantifiée. Des capteurs mesureront le moindre aspect de la vie urbaine du quartier comme le bruit, la qualité de l’air et le passage des 24 millions de visiteurs attendus annuellement. De la fibre optique à haut-début sera installée directement dans les fondations des bâtiments et connectera chaque mètre carré de l’entier du complexe immobilier. Les chercheurs du centre aideront ensuite à analyser ces précieuses données produites chaque jour pour optimiser l’utilisation de l’eau et de l’énergie, fluidifier le trafic et améliorer la sécurité dans le quartier.

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Pour L. Jay Cross, Président de Related Hudson Yards, le fait de construire entièrement un quartier depuis le départ représente une opportunité particulière : « Typiquement, le Big Data s’implémente dans des villes existantes et collecte des données de systèmes et d’infrastructures déjà en place. Ce qui fait de Hudson Yards un projet unique est le fait de construire à partir de rien sur un terrain de 11 hectares en plein cœur de Manhattan. ». Cela permettra au quartier de bénéficier d’une précision et d’une densité de données rarement observées.

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Un défi technique

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Ce qui rend la réalisation de Hudson Yards particulièrement complexe est que la majeure partie du terrain constructible se situe au-dessus d’une gare de triage en activité. Les 16 futures gratte-ciels du quartier reposeront donc sur deux plaques de béton géantes surplombant les rails sur plus de 6 hectares. Plus que le problème des fondations, les trains génèrent une chaleur qui peut poser plusieurs problèmes notamment au niveau de la place publique et du parc. Pour contrer ce phénomène, un système de gestion de la chaleur complexe a dû être imaginé, combinant liquides de refroidissement, ventilateurs et récupération des eaux de pluie.

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Futures locataires de prestige

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Le géant du private equity KKR a récemment annoncé son déménagement du Plaza District pour venir s’installer au numéro 30 Hudson Yards, mais ce n’est pas le seul. Le monstre des médias Time Warner Inc., le consultant Boston Consulting Group, le prestigieux magasin de luxe Neiman Marcus, la banque Wells Fargo, ainsi que toute une série de leaders mondiaux comme L’Oréal, SAP et l’étude d’avocats Boies, Schiller & Flexner, ont décidé d’établir leurs quartiers généraux au cœur de ce nouveau poumon urbain. Les chefs Thomas Keller, José Andrés et Costas Spiliadis ont chacun annoncé leurs intentions d’ouvrir un restaurant à Hudson Yards. Une université, dont le nom est pour l’instant tenu secret, ouvrira également ses portes dans la partie ouest du développement.

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Stephen Ross, à la tête du projet, explique que ce nouveau quartier répond à une demande qui a changé ces dernières années. « Les entreprises ont besoin de moins d’espace par employé. Quand la plupart des bâtiments de bureaux de l’île ont été construits, elles avaient besoin d’environ 30 m2 par employé. Aujourd’hui ce chiffre se trouve plutôt en-dessous de 20. Les infrastructures doivent donc permettre plus d’ascenseurs, d’espaces sanitaires et de ressources énergétiques. ». Il explique ensuite que les Milléniaux travaillent différemment. Ils travaillent à des heures différentes, beaucoup plus tard et ensemble. Ceci oblige les entreprises à avoir des espaces plus ouverts, accessibles jour et nuit. Ils voudront également rentrer chez eux à pieds. Toutes ces nouvelles exigences ont été prises en compte dans la conception de Hudson Yards.

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Tout porte donc à croire que Manhattan affichera un nouveau visage dès 2024. Que ce soit à travers son efficience énergétique, son intelligence opérationnelle, ses capacités de rassemblement autour de l’art et la culture, ou sa puissante attraction touristique, la « ville dans la ville » que construisent Related Companies et Oxford Properties a tout pour plaire. Le plan de redéveloppement qui devait servir à la construction de complexes sportifs pour les Jeux Olympiques de 2012 – finalement attribués à Londres – aura probablement un impact sur la ville et l’Etat de New York pour l’instant encore inimaginable. Espérons maintenant que tout se déroule comme prévu et que la réalisation soit à la hauteur des attentes des newyorkais et des 50 millions de touristes qui visitent la Grosse Pomme chaque année.

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J.G.

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Julien Grange

Julien Grange a fait ses études d’économie entre HEC Lausanne et la Stern School of Business de NYU, New York. Il vit aujourd’hui à Londres et travaille pour une entreprise active dans le développement et le financement de projets immobiliers en Europe. Il se passionne pour le devenir du monde et celui de ses habitants. En tête de sa liste pour le Père Noël chaque année : une boule de crystal. Elle n'est pas encore arrivée, mais elle ne saurait tarder.

3 réponses à “Hudson Yards, le nouveau visage de l’ouest de Manhattan

  1. je suis un Architecte honoraire je connais bien ce quartier a N York je suis extrêmement interresse par ce projet que je trouve fabuleux je regrette que Paris ou sa banlieue n est pas de projet de ce niveau
    j ai hate de retourner a N Y pour suivre l avancement des travaux c est incroyable que ce programme se situe en extrémité de la hight line qui déjà interresse de si nombreux touristes
    mon souhait serait de pouvoir a acheter un petit appartement a proximité
    super et félicitations aux inventeurs de ce projet

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