Michael Mann s’attend maintenant à une montée de mers de plusieurs mètres

Je partage et retranscris en français la vidéo d’une interview récente de Michael Mann et de Kiya Riverman.  Michael Mann est un des grands climatologues américains qui a établi que le réchauffement actuel était sans précédent au cours de l’histoire.  Il est un scientifique exceptionnel, un des auteurs des rapports du GIEC, a été vilipendé et honni pour son travail et a écrit des livres entiers sur ses “guerres climatiques” avec ses détracteurs à la solde de l’industrie pétrolière.

Les deux chercheurs déclarent que nous avons sous-estimé la fonte des glaces du Groenland et d’Antarctique.

L’élévation du niveau de la mer est un problème qui retient de plus en plus l’attention des scientifiques et des médias. Et alors que le changement climatique continue de réchauffer la terre, le taux actuel de montée des eaux de 1,4 pouce par décennie devrait augmenter.

Le point de basculement le plus important, en ce qui concerne l’élévation du niveau de la mer, est le glacier Thwaites, situé dans l’ouest de l’Antarctique. également connu sous le nom de glacier du jour du Jugement Dernier,  Lorsque cette calotte glaciaire fondra, les mers de la Terre devraient monter d’au moins deux pieds. Mais à ce moment-là Thwaites ne sera plus là pour stabiliser la région qui l’entoure. De nombreux scientifiques prédisent que si ce système s’effondrait complètement, nous verrions en fait une élévation du niveau de la mer de quelques mètres – un scénario vraiment catastrophique. New York, une grande partie de la Floride et du Bangladesh seraient alors inondés.

Les chercheurs considèrent que la plateforme principale pourrait d’effondrer dans moins de dix ans.  Elle empêche la course du glacier dans l’océan. Kiya Riverman a lancé un robot sous la plateforme pour étudier le fonds. Il semble y avoir un immense réservoir de chaleur en dessous, ce qui est très inquiétant.

Les images suivantes montrent des scientifiques qui pataugent en Floride. Certains  habitants abandonnent déjà les maisons du bord de mer.  Selon les projections actuelles, la marée touchera une partie de Miami vers 2040 – 2065, mais celles-ci n’incluent pas l’effondrement de grandes zones d’Antarctique.

Michael Mann: “25 millions de personnes vivent dans des régions qui seront inondées.  La vraie question est combien de temps cela prendra.” “Historiquement, nos modèles ont sous-estimé la vitesse de la montée du niveau de la mer.” “Ils prévoient un demi-siècle ou un siècle.   “L’histoire de la Science nous a appris que ces impacts pourraient se produire plus vite que nos modèles ne l’ont prévu.”  “Il y a une dizaine d’années nous ne voyions pas de contribution des plateformes glaciaires à la montée du niveau de la mer, mais maintenant elles y participent. Il s’agit des glaces du Groenland, qui pourrait ajouter 5 mètres au niveau des mers du monde, et d’une grande partie de la plateforme Antarctique (Ouest je crois dr), qui pourrait relever d’un effondrement à grande échelle au cours de plusieurs décennies et ajouter peut-être 5 autres mètres au niveau des océans.”

Kiya Riverman déclare qu’ils ont d’abord pensé en milliers d’années, puis ont compris que les glaciers répondent en quelques années, et même en quelques semaines, aux changements de l’océan et de l’atmosphère.  Ces réactions ont été observées lors de l’effondrement de la plateforme Larsen B en 2002. Et ces changements sont maintenant visibles au niveau du glacier Thwaites. Sa langue flotte sur l’océan et s’arrête contre une île.  Riverman et ses collègues ont remarqué que l’eau sous le glacier est trop chaude, et que la glace flotte et plie avec la marée. Ce mouvement agit comme une pompe qui amène l’eau chaude sous le glacier. Selon Kiya Riverman, au cours des prochaines 3, 4, 5 ou 6 années nous verrons cette plateforme changer vraiment vite et se désintégrer.

Elle dit aussi que nous avons changé l’Antarctique, et que les conséquences de sa fonte ne sont pas si loin.

Michael Mann déclare que le changement climatique dangereux est déjà là, mais que nous pouvons prévenir les pires conséquences. Selon lui, il y a une immense différence entre ce qui va se passer si nous agissons énergiquement maintenant et les conséquences d’un échec.

J’ajoute que si la plateforme s’effondre, la course du glacier Thwaites accélèrera,  la montée du niveau de la mer s’étalera alors en années ou plutôt en décennies.

Mes propres réflexions récentes sur le même sujet Blog

 

Laissons des très grands arbres dans nos forêts – sylviculture dynamique naturelle

La stratégie de développement de la biodiversité de l’Union européenne appelle à une utilisation plus large des pratiques forestières ” proches de la nature “.

Aujourd’hui, la gestion forestière  en Europe n’imite pas les schémas de la nature, en particulier les schémas complexes créés par les perturbations naturelles qui laissent derrière elles une mosaïque de types, d’âges et de tailles d’arbres ; bois mort debout et abattu; et des paysages très variables et résilients.

La grande majorité – près de 73 % – des forêts européennes penche vers des plantations homogènes et équiennes. Celles-ci, historiquement, ont été gérés pour maximiser la croissance et le rendement du bois et d’autres produits du bois, mais sont de plus en plus vulnérables au stress environnemental et au changement climatique.

Si nous homogénéisons un paysage pour que tout soit épicéa à perte de vue, cela signifie que lorsque les scolytes de l’épinette arrivent, ils peuvent également se propager à perte de vue.

Aujourd’hui, des nombreuses forêts européennes souffrent d’importantes épidémies d’insectes, de problèmes de maladies forestières, de fréquences croissantes de tempêtes de vent et d’incendies plus intenses.  Le réchauffement climatique favorise les épidémies, certains insectes prolifèrent dans la chaleur, les scolytes attaquent des arbres affaiblis par la sécheresse.

Les perturbations naturelles qui se produisent dans les forêts sont de taille très variable, mais moins graves que les dégâts laissés par l’exploitation forestière et d’autres formes de gestion humaine des forêts. Certaines, comme les grands incendies et les tempêtes de vent, se produisent rarement mais façonnent les paysages pendant de nombreux siècles. Les perturbations causées par la coupe forestière en rotation sont plus fréquentes, laissant moins de temps aux écosystèmes pour développer des habitats qui se rétablissent lentement. Les événements naturels laissent généralement plus d’arbres et de bois vivants et morts que les principaux types de gestion forestière populaires en Europe incluant la coupe à blanc, les coupes répétées de les jeunes arbres dans les systèmes de taillis, les coupes progressives et l’élimination continue des arbres d’âge moyen dans un système de sélection.

Une étude  montre comment les pratiques forestières européennes pourraient imiter plus étroitement les perturbations naturelles pour produire une gamme plus large d’habitats et de services écosystémiques pour être plus durables et résiliantes. Il s’agit d’une nouvelle réflexion de pointe pour l’Europe, où contrôler et éliminer les perturbations, plutôt que de les imiter, a été la façon dominante de penser pendant plusieurs siècles.

Les scientifiques suggèrent un style de foresterie appelé “proche de la nature” ou “sylviculture dynamique naturelle” pour les forêts européennes.  Des grands arbres, des arbres fauniques, des arbres d’habitat, du bois mort à différents stades de décomposition, des microhabitats et des canopées complexes permettraient le développement de nombreux types de créatures et de biodiversité.

Les techniques sylvicoles qui accordent plus d’attention à ces éléments des forêts naturelles – et copient la dynamique des perturbations naturelles à l’échelle de peuplements individuels d’arbres et de paysages plus vastes peuvent enrichir le portefeuille de systèmes de gestion de l’Europe, surtout  si la production de bois n’est pas l’objectif principal.

Et un nombre croissant de citoyens européens et de gestionnaires des terres souhaitent que leurs forêts contribuent davantage à l’absorption de carbone, à la protection de la biodiversité et à d’autres services tels que la qualité de l’eau et la protection contre les inondations. Or aujourd’hui, seulement 8% des forêts européennes ne sont pas gérées ou le sont pour des objectifs non ligneux tels que le stockage du carbone, la qualité de l’eau ou l’habitat faunique.

Les pratiques de gestion forestière équienne à haute intensité sont loin des conditions dans lesquelles les organismes ont co-évolué et auxquelles ils sont adaptés.

Depuis la fin de la dernière période glaciaire, l’Homme a modifié les forêts d’Europe, de manière décisive depuis la révolution néolithique de la colonisation et de l’agriculture au cours des 6 000 dernières années.  Il y a encore mille ans, l’Europe était une immense forêt.

Depuis quelques siècles, la production intensive de bois s’est appropriée les restes de celle-ci.

Ces plantations gérées,  souvent entretenues avec des coupes à blanc, composées de peuplements de même âge d’une seule espèce; et récoltées tous les 80 ou 120 ans , contrôlent la dynamique forestière pour maintenir un flux de bois vers le marché. Les avantages supposés de l’élimination des perturbations – comme les incendies, les arbres morts et mourants, les inondations ou les espèces non commercialisables – ont été largement tenus pour acquis jusqu’à ces dernières années. Cependant, elles  diminuent souvent la résilience d’une forêt à de nombreux stress, du changement climatique aux scolytes en passant par la sécheresse.

“Nous avons constaté que plus de 85 % des forêts gérées en Europe imitent une sorte de perturbation de remplacement des peuplements. Il s’agit d’un pourcentage énorme de nos forêts étant donné que presque toutes les forêts d’Europe sont gérées et qu’il existe très peu de réserves naturelles”, déclare le scientifique forestier Dominik Thom, co-auteur de la nouvelle étude à l’Université technique de Munich à Freising, en Allemagne. “Ce qui nous manque le plus dans nos forêts, ce sont les stades de développement tardif”, dit-il, “les structures anciennes, comme les très grands arbres” (cité par Joshua Brown, article).

Dans une forêt naturelle, une grande complexité émerge au fil des années et des siècles. Elle peut être intégrée aux techniques forestières comme le propose une nouvelle étude. Les perturbations naturelles créent aussi des patchs et des mosaïques très complexes. Si nous pouvons imiter les perturbations naturelles d’un peu plus près dans les forêts gérées, nous aurons une meilleure chance de fournir la gamme complète d’habitats dont les salamandres, les champignons, les araignées et de nombreuses autres formes de vie ont besoin… et nous rendrons probablement ces forêts européennes, et nous-mêmes, plus résistantes au changement climatique rapide. Elles doivent aussi être protégées de la pollution.

Nos forêts sont en danger, les épidémies de scolytes, les vents, l’alternance des sécheresses et de pluies intenses, l’érosion les menacent ces prochaines années déjà. L’étude constate plus de dommages dûs au vent. L’été passé le Canada a connu une vague de chaleur à 49,6°C, et les climatologues ont annoncé que des événements semblables, et plus graves, viendront encore. Le réchauffement climatique pourrait apporter un printemps à 30°C dans quelques années, ou une autre aberration météorologique de ce niveau.   Les techniques pour améliorer la résilience des forêts, par exemple des poches laissées à l’évolution naturelle, doivent être appliquées immédiatement.  Personnellement, je suggère aussi l’étude sérieuse de solutions de sauvetage, de plusieurs solutions différentes, telles que en place de réservoirs ou d’arrosage de forêts en cas de catastrophe météorologique. Nous devons les sauvegarder.

Autre blog sur les forêts: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2021/12/05/la-mort-et-les-tentatives-de-renaissance-des-forets-allemandes/

Blog: la mort et l’importance des forêts

Blog: L’importance des grands arbres pour les forêts

L’effritement de l’Antarctique alerte sur la montée des mers

Un grand  fragment de banquise s’est détaché mi -mars de l’Antarctique – Est. 

Jusqu’ici, elle avait été épargnée par la fonte. Le mois de mars a apporté des températures anormalement élevés,  de 40 degrés au-dessus des normes antarctiques. Ces températures sont causées par des flux atmosphériques imprévus.   Une rivière atmosphérique a piégé la chaleur au dessus de l’Antarctique.  La plateforme de glace Conger, qui se réduisait depuis les années 2000, s’est détachée à la mi-mars. 

Au moins trois vêlages importants de glaciers d’Antarctique-Est ont été observés au mois de mars, trois glaciers ont perdu des icebergs à cette période:

Les plateformes de glace bloquent la course des glaciers, et lorsqu’elles s’effondrent, l’ écoulement de ceux-ci s’accélère, parfois des centaines de fois. La disparition des banquises constitue probablement le début de la fonte des glaces Antarctiques. 

Les modèles estiment que cette fonte pourrait s’étaler sur des milliers d’années, mais ces estimations n’ont pas prévu  les vagues de chaleur qui touchent ce continent aujourd’hui, ni la stratification des océans dont parle James Hansen.

Des observations par satellite ont permis de constater que la surface de glace d’Antarctique-Est fond en été, et se couvre de nombreux lacs.  Les plans d’eau changent de saison en saison, et d’année en année (Lien) . D’autres études montrent qu’ils se vident parfois par le fond, l’eau percole alors dans la plateforme, et réchauffe celle-ci. La glace est de plus en plus chaude. Plusieurs événements de ce type préparent la fracture finale. La présence de lacs constitue un des signes précurseurs de la fonte et du détachement des plateformes. 

L’effondrement de l’Antarctique -Ouest entraînerait l’accélération et la fonte progressive des glaciers qu’elle retient, et pourrait mener à une augmentation du niveau de la mer de 7 mètres. 

Si l’Antarctique-Est est aussi touchée, et que ses glaciers, tels que Totten, s’effondrent, le niveau de la mer pourrait monter de 20 mètres.  

Il est probablement trop tard pour éviter l’effondrement de l’Antarctique-Ouest  La rapidité de la fonte est très incertaine,  elle prendra des dizaines, des centaines, ou des milliers d’années.  

Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres serait fatale pour la plupart des villes côtières. James Hansen estime qu’elle pourrait se produire assez rapidement, et même  au cours du 21ième siècle.   Avant cela, la fonte des glaces arrêterait la circulation océanique. Cela augmenterait le réchauffement des tropiques et amènerait des “superstorms”, des tempêtes géantes, notamment sur l’Est des Etats-Unis. Les températures des tropiques deviendraient vraiment dangereuses.  Selon lui, les modèles sous-estiment les changements  réels. Par contre,  une fonte importante des glaces apporterait une couche d’eau froide à la surface des océans et limiterait la montée des températures (James Hansen video). 

Lien sur mon livre électronique sur ce sujet:

La forêt amazonienne est encore là mais pourrait approcher d’un seuil critique

Le changement climatique apporte à l’Amérique du Sud des sécheresses, d’intensité et de durée croissante.  Les températures augmentent.

Une nouvelle étude a exploité les données satellite pour comprendre les réponses de la jungle amazonienne à ces changements. Ils ont utilisé les données satellitaires de VOD (vegetation optical depth) qui mesurent bien la biomasse de la forêt (Boulton, Lenton and Boers, Nature Climate Change).

Les mesures d’activité photosynthétique, qui renseignent sur la croissance active des plantes, et notamment des feuilles, indiquent par contre une forte activité dans les zones nouvellement défrichées. Les satellites rapportent que des végétaux poussent intensivement là-bas, il s’agit probablement des pâturages ou de cultures. Cette mesure ne renseigne pas bien sur la présence d’arbres.

Les données de la profondeur optique de la végétation VOD sont bien indicatives de la biomasse de la forêt.  Les scientifiques ont étudié les changements de celle-ci au cours du 21ième siècle. La forêt subit des variations annuelles, en raison des pluies et des chaleurs saisonnières.  Si on fait abstraction de ce cycle naturel, des variations inattendues apparaissent. Des perturbations se sont toujours produites, mais elles perdurent malheureusement de plus en plus. La forêt ne se régénère plus aussi bien après des dommages subis. Les scientifiques ont mesuré l’autocorrelation de ces changements.

Ce changement touche les trois quarts de l’Amazonie. Il se produit dans quasiment toutes les régions, proches de l’activité humaine ou pas. Les zones attenantes aux exploitations humaines sont exposées aux feux qui abîment les arbres alentour. La déforestation et la dégradation des forêts diminuent l’évapotranspiration, ainsi que la formation des pluies favorisée par les arbres, et font monter la température localement lors des vagues de chaleur, car la végétation abondante tempérait le climat.

Seules quelques zones reculées dans le Nord semblent épargnées sur une carte qui représente l’évolution au cours de la dernière vingtaine d’années. Un autre graphique, qui représente le changement annuel, semble pourrait indiquer que même les zones les plus éloignées perdent de leur résilience aux cours des quelques dernières années, dès 2013, mais les auteurs attirent l’attention sur le faible nombre de parcelles concernées. Il n’est donc pas certain si les zones éloignées de l’Homme sont encore viables.

La perte de résilience est en tout cas plus forte dans les régions touchées par l’Homme. Evidemment, les arbres coupés et remplacés par des pâturages repoussent difficilement.

La pluviométrie ne semble pas influencer la résilience de la forêt, qui diminue sur la majorité du territoire.

Selon les auteurs de l’article, la perte de résilience peut annoncer une transition critique, la perte de cette forêt. Cette observation est très inquiétante. Il s’agit d’un des plus grands réservoirs de biodiversité du monde, une merveille de la Nature.

L’Amazonie est point de retroaction potentiel dans le système climatique mondial, et un grand puit de carbone terrestre. Sa perte changerait dangereusement le climat local et mondial.

Cette étude a étudié la stabilité du système de la forêt amazonienne, en calculant un indicateur de stabilité. La forêt pourrait vivre un ralentissement critique (CSD). La perte de résilience indique un affaiblissement des feedbacks négatifs qui permettaient à la forêt de récupérer après un dommage.  D’autres systèmes de la biosphère terrestre semblent aussi vivre un ralentissement critique: la hauteur des glaces du Groenland,  ainsi que la circulation océanique dans l’Atlantique (Boulton, Lenton and Boers). Nous pourrions être à la veille de la perte de ces systèmes. Le sommet des glaces du Groenland pourrait se trouver à une température supérieure à zéro degrés ce qui précipitera sa fonte, mais là le phénomène devrait s’étaler sur des centaines ou des milliers d’années.

Une forêt peut par contre mourrir en une année, ou en quelques années. Si elle dépérit, elle augmentera rapidement le réchauffement planétaire.

 

Les arbres meurent-ils debout?

Une étude portant sur la mort des arbres de la forêt amazonienne indique que les grands arbres meurent en premier, de défaillances hydrauliques lors des sécheresses ou frappés par la foudre. Le manque de lumière ou la sécheresse sont un des problèmes principaux.  Environ une moitié d’arbres tombe, déracinée ou brisée, et l’autre moitié meurt et sèche debout. Les espèces à croissance rapide subissent le plus de pertes (Nature). Cependant, il est à noter que la croissance ralentit avant la mort de l’arbre. Elle intervient donc après une maladie ou un affaiblissement, l’arbre tombe après une maladie, qui pourrait par exemple saper ses racines. Même les arbres qui s’effondrent encore verts ont en fait subi des dommages avant. Aujourd’hui, une partie de la forêt Amazonienne a cessé de croître. Les immenses arbres sont encore debout.

La sécheresse est responsable seulement dans le Sud de l’Amazonie, dans le Nord elle ne semblait pas jouer de rôle (Nature). Une étude portant sur les espèces de la forêt amazonienne indiquait en 2019 une mortalité accrue des espèces habituées à l’humidité, et un remplacement progressif par des essences tolérantes à la sécheresse. La forêt s’adaptait alors au changement qu’elle vivait (article). Une autre étude montrait aussi que la mortalité dépend du climat et de l’espèce végétale (Nature). Cela suggère qu’une meilleure irrigation aiderait la forêt.

Le rapport du GIEC prévoit une augmentation de températures en Amérique du Sud, ainsi qu’une diminution de pluies dans le Nord-Est du Brésil.  Les deux changements menacent la forêt.  Les vagues de chaleur seront plus longues, plus fortes, plus fréquentes, dureront plus de deux mois. Le risque de feux de forêt augmente aussi énormément. La jungle amazonienne est en danger. Des grandes parties seront remplacées par une végétation plus modeste et adaptée à la sécheresse.  La cascade de conséquences du changement climatique et des activités humaines pourrait entraîner la perte de cet écosystème autour de 2°C de réchauffement. (6ième rapport du GIEC). Mais les événements pourraient se précipiter. Une étude rapporte une perte de carbone par la forêt Amazonienne plus rapide que prévu par les modèles du GIEC (Nature Climate Change). La perte de résilience observée actuellement pourrait signifier que la jungle Amazonienne touche à la fin de son existence.

Sa disparition amènerait des sécheresses et des vagues de chaleur plus intenses, probablement insupportables dans la région.

L’Amazonie sera-t-elle bientôt un effrayant tourbillon de poussière et de décombres centrifugé par la colère d’un ouragan biblique, comme Macondo de  Garcia Marquez’?  Ne le permettons pas.

Comme je l’ai écrit la semaine passée la déforestation et la dégradation des forêts sont encore très actives au Brésil. L’activité humaine peut être arrêtée et inversée demain.

Anciens blogs sur l’Amazonie, autres détails et solutions:

Sauvez la forêt Amazonienne: cessons les importations de produits de la déforestation

Sauvez la forêt Amazonienne: cessons les importations de produits de la déforestation

La déforestation a doublé en vingt ans

Les plantes et tous les êtres vivants sont constitués en grande partie de carbone. Le gaz carbonique émis par l’Homme est partiellement absorbé par les plantes terrestres et les océans.  Une nouvelle étude a utilisé les registres de visibilité des aéroports pour estimer la présence de feux de forêts et la déforestation en Amazonie et en Indonésie au cours des décennies passées.  Ces recueils contiennent des données qui prédatent le lancement de satellites, des années soixante à quatre-vingt.  Ils ont révélé une bonne visibilité par le passé, ce qui indique que les feux de forêt étaient peu importants. Les auteurs de l’étude concluent que la déforestation était alors plus faible que dans les estimations précédentes. Elle a fortement augmenté ces dernières décennies. Cette nouvelle comporte un aspect positif. Il en découle que gaz carbonique était alors aussi moins absorbé par la végétation et les océans, et que lorsque les émissions de carbone humaines ont augmenté, les puits naturels ont pu en intégrer plus. C’est un des grands facteurs de la stabilité du climat. S’ils absorbent automatiquement plus de CO2, peut-être épongeront-ils encore nos excès futurs.

Pourtant ces puits de carbone, notamment les forêts, inquiètent les scientifiques.  Les arbres contiennent à peu près une moitié de carbone. Les forêts sont à la fois d’immenses réserves, qu’il faut absolument laisser sur place, et des puits actifs qui absorbent du CO2 pour leur croissance.  Des récentes sécheresses transforment la forêt amazonienne en source, en émetteur de carbone, car les arbres ne croissent plus, perdent leurs feuilles, et sèchent.

Une autre étude montre que la déforestation a doublé ces deux dernières décennies. Les données satellitaires à haute résolution pour les années 2001 à 2020  ont permis de suivre la perte de forêts tropicales année par année. Les pertes sont plus importantes que ce qui avait été rapporté par d’autres chercheurs et responsables dans le monde. La déforestation est particulièrement importante en République démocratique du Congo, en Indonésie et surtout au Brésil. Des zones forestières ont également été défrichées dans les régions montagneuses, plus étendues qu’on ne le pensait auparavant. Cela peut avoir des conséquences sur le bilan carbone planétaire car les arbres de ces régions en contiennent plus.

Feux de forêt près de la frontière Brésilienne              Photo satellite @ESA

En mesurant la couverture forestière perdue et en calculant la perte de séquestration de carbone et l’augmentation des émissions, les chercheurs ont découvert que les émissions dues à la déforestation ont plus que doublé au cours des deux dernières décennies.

Le Brésil, qui contient plus de la moitié de la forêt amazonienne, est responsable de la majorité de la déforestation et des émissions de CO2 associées. Un seul de ses États (Pará) a connu plus de déforestation que les 8 autres pays amazoniens réunis.

La dégradation de la forêt est aujourd’hui aussi un danger important. Les feux, la coupe du bois, la fragmentation provoquent trois fois plus de perte de carbone que la déforestation.

Le Brésil traîne les pieds pour la reforestation

Le Brésil prend également du retard en matière de récupération des forêts, avec seulement 25 % des terres précédemment déboisées occupées par de nouvelles forêts et seulement 9 % de ses émissions de CO2 liées à la déforestation étant compensées. 

Une nouvelle étude menée par une équipe internationale de chercheurs du Royaume-Uni et du Brésil révèle que les régions ayant le plus grand potentiel de récupération forestière à grande échelle – celles qui ont subi la déforestation la plus importante – ont actuellement les niveaux de récupération les plus bas.

Ces paysages amazoniens fortement déboisés ne montrent également aucun signe de récupération, même 20 ans après le défrichement de la forêt. L’Equateur, au contraire, collabore activement à sauver le climat et régénère aujourd’hui les 60% des zones déforestées, et la Guyane un quart.

Le poumon de la Planète s’effrite encore de façon inquiétante. La  reforestation au Brésil est largement insuffisante. Les nouvelles forêts  n’absorbent que 10% de carbone  émis par la déforestation de la jungle originale.  Elles sont souvent très jeunes, la majorité a moins de vingt ans, et la moitié moins de cinq ans. Les minuscules arbrisseaux n’absorbent que peu de carbone, et ces parcelles sont souvent détournées de leur usage rapidement et les plantations sont détruites. De plus, elles sont généralement situées dans des zones moins humides qui supporteront  mal les sécheresses croissantes du Futur.

Nous devons sauver les forêts vierges de la Planète. Elles sont menacées par le réchauffement et l’activité humaine, mais nous ne pouvons les perdre et supporter la forte augmentation de vagues de chaleur et d’inondations que cela apporterait.   La disparition des forêts vierges provoquerait un réchauffement de la Terre de l’ordre d’un degré Celsius, qui aurait des conséquences dramatiques et nous pousserait dans des catastrophes mortelles. Nous devons réaliser que la forêt Amazonienne est essentielle à la survie de l’Humanité et la préserver au niveau international. Elle est elle-même menacée par le réchauffement. Sa survie serait mieux assurée si la superficie de la forêt s’étend de nouveau, et en cas d’aggravation des sécheresses, des pluies artificielles pourraient aider à la  sauvegarder pour le Futur.

J’ai pensé que nous aurions besoin de sanctions contre Bolsonaro comme elles sont actuellement mises en place contre Poutine. Bien sûr les conséquences retomberaient surtout sur le peuple négligé par ce dernier.  Il nous faut tout au moins refuser de collaborer à la déforestation en cessant l’importation de la viande et du soja Brésilien, et cela de façon concertée, au niveau mondial.

Vidéo Culture du soja

Vidéo ESA observations de l’Amazonie

Communiqués d’études scientifiques récentes:

https://phys.org/news/2022-03-global-carbon-emissions-deforestation-reveal.html

https://phys.org/news/2022-03-high-resolution-satellite-datasets-gross-tropical.html

https://phys.org/news/2021-08-exposes-big-differences-amazonian-countries.html

https://phys.org/news/2020-09-high-carbon-absorbed-amazon-forest.html

L’Amazonie en feu: danger pour le Brésil et toute la Terre

 

Arrêt des investissements dans la culture de soja et la déforestation

Inondations inattendues et exceptionnelles en Australie

Un déluge a touché l’Est de l’Australie. Des orages très dangereux avec de la grêle géante, des vents destructeurs et des pluies très intenses s’y sont déversés.  Par endroit, l’eau est montée jusqu’à un niveau de seize mètres, inondant jusqu’au haut des bâtiments.  Plus de deux cent mille personnes ont été évacuées (le Temps). D’autres habitants, surpris, se sont réfugiés sur les toits et les secours ont circulé plusieurs jours, récupérant les sinistrés.

Les années La Nina apportent souvent des inondations. Celle-ci a été causée par une rivière atmosphérique qui a apporté d’immenses quantités d’eau au-dessus du Queensland. Un courant d’air froid à 8’000-10’000 km d’altitude a rencontré de l’air des tropiques,  chaud et humide.  La chercheuse australienne Kimberley Reed (citée par le Guardian) estime que ce type d’événements deviendra plus fréquent.  Les rivières atmosphériques pourraient descendre plus au Sud de l’Australie, où elles rencontreront de l’air humide, et cela causera de fortes précipitations.

L’atmosphère contient plus d’humidité, 7% de plus par degré de réchauffement. Cela amplifie la montée de la vapeur d’eau des océans. De plus, leur surface  est aussi plus chaude ce qui favorise l’évaporation.  S’il est bien prévu que l’humidité augmente, les changements da la circulation atmosphérique se sont pas suffisamment compris.

La région a été touchée par des graves inondations en 2011. L’événement avait alors été décrit comme centennal (attendu une fois par siècle seulement). Dix ans après, des inondations plus graves encore surviennent. Selon les statistiques actuelles, elles devraient se produire tous les cinq cent ou mille ans, mais il est évident que ces prévisions ne sont pas fiables. Les événements extrêmes sont plus graves que prévu.  Scott Morrison, le Premier Ministre australien, a déclaré que la vie en lAustralie devient de plus en plus difficile de vivre à cause des catastrophes naturelles. Il est à noter qu’il s’en est rendu compte alors que le gouvernement Australien a longtemps nié le réchauffement climatique. Peut-être acceptera-t-il enfin d’agir.

Photos des inondations: https://www.dailymail.co.uk/news/australia-top-news/article-10563299/Lismore-floods-pictures-McDonalds-crisis-smashing-records.html

NB: Les immenses feux de forêt (article, photos) qui ont mis en danger la faune Australienne (article) et tué un tiers des koalas étaient aussi dus au réchauffement: blog et les experts les attendaient seulement vers 2100.  Les survivants ont obtenu des tribunaux en 2021 que l’autorité de protection environnementale de leur région prenne des mesures contre le changement climatique (lien).

https://theconversation.com/australias-black-summer-of-fire-was-not-normal-and-we-can-prove-it-172506

La banquise Antarctique est réduite au minimum et favorise le réchauffement

L’Antarctique est entourée par une immense banquise.  Elle s’étend lors de chaque hiver Austral et se réduit énormément en été (janvier-février-mars). Cette année, les températures élevées et des vents foehn forts ont provoqué une fonte record. La banquise Antarctique a atteint un nouveau minimum en février 2022.

Cette fine couche de glace marine n’influence pas le niveau de la mer. Elle est cependant très importante pour le climat terrestre. La blancheur de la banquise reflète les rayons de soleil en été, alors que la surface sombre de la mer, tel un habit noir, absorbe beaucoup plus de chaleur.

La banquise Antarctique s’est fortement réduite pendant les années 2016-2019.  Lors de l’été austral 2018-2019, elle occupait à peine la moitié de la surface habituelle. L’autre moitié a fondu ou a été brisée, désintégrée par des violentes tempêtes. C’est une grande différence, la Terre apparaît comme plus foncée, et absorbe plus de rayons de soleil.

Cette fonte rapide, spectaculaire, représentait une perte aussi grande que la surface perdue dans l’Arctique en trente ans.  Elle a pu jouer un rôle important dans le réchauffement rapide et les températures record de la Terre au cours de ces  années.

La banquise s’était reformée en 2020, et les températures terrestres se sont stabilisées, mais cette année, elle  a fondu plus que jamais auparavant. Les zones de glace plus vieille, présente depuis plusieurs années et  plus épaisse, sont  couvertes de flaques d’eau et fragilisées. Elles pourraient céder rapidement.

Image par Leonhard Niederwimmer de Pixabay

Fort effet sur le réchauffement climatique

En 2019, j’ai demandé à Sam Carana, un groupe anonyme de climatologues engagés, quel était l’effet de la fonte de la banquise. Selon eux, en janvier 2019 la surface de glace était  de 4.212 millions de km² plus petite qu’en 2015.  La Terre absorbait 1,6 W/m2 à cause de l’effet de serre provoqué par les émissions de carbone, et une énergie comparable, 1,3W/m2 supplémentaires à cause de l’effritement de la banquise.

La fonte de la glace sur l’océan Austral provoquerait  un réchauffement comparable à celui dû aux émissions humaines, et si l’on y ajoute la disparition de la glace sur la mer Arctique, le réchauffement provoqué par l’assombrissement de la surface de la Terre en été a un effet plus fort que l’effet des activités humaines.

La différence dans l’étendue de la glace suffirait à expliquer pourquoi températures ne redescendent pas comme c’était habituellement le cas lors d’années El Nina.

Le comportement de cette banquise est moins prévisible que celui de l’Arctique.  Le réchauffement de l’océan et de l’air attaque la glace. Les modèles indiquaient une diminution mais elle n’a pas été évidente au cours des dernières décennies.  Elle dépend de plusieurs facteurs, la température des courants en surface,  la fonte de glaciers qui pourrait amener une couche d’eau douce à la surface des océans, et les vents. Les climatologues commençaient à croire qu’ils s’étaient trompés, mais  une première période réduction importante s’est produite il y a quelques années, et maintenant une seconde survient.

Au 20ième siècle, l’Antarctique était isolée par un courant-jet fort, et restait froide. Les vents et la circulation atmosphérique ont récemment changé autour de l’Antarctique, favorisant l’arrivée de courants plus chauds à la surface de l’océan. Les courants atmosphériques et marin pourraient peut-être évoluer de nouveau et favoriser la réformation d’une immense couche de glace. Il est aussi possible que le courant-jet antarctique soit définitivement perturbé.

La fonte de la glace marine forme actuellement une forte boucle rétroactive du réchauffement climatique. Si cette glace disparaît,  les températures Planétaires pourraient prendre l’ascenseur.  Elles sont influencées par plusieurs autres facteurs. Le courant la Nina à l’oeuvre cette année entraînait généralement une baisse des températures mais la fonte de la banquise Antarctique pourrait contrecarrer cet effet, et lorsque la Nina finira, la Terre pourrait bien atteindre des nouveaux records de température.

Détails par Severe Weather Europe: Antarctic sea-ice melt

 

 

Dudley, Eunice, Franklin et le petit dernier décoiffent l’Europe

Le Nord de l’Europe est balayé par une série de tempêtes inhabituellement intenses. Eunice a notamment touché le Royaume-Uni, les vents ont avoisiné les 200 km/ h (196km/h) dans le Sud (Article temps) et  une onde de tempête violente a touché Hambourg.

L’Allemagne et la Pologne ont aussi subi la formation Dudley plus tôt cette semaine. Elle était poussée par un courant-jet puissant et une énergie CAPE forte pour la saison. Elle a traversé la Pologne sous la forme d’une ligne de grains caractérisée par des rafales de vent rectilignes destructrices (LEWP) et a probablement causé plusieurs tornades.  La situation était extrêmement dangereuse à cause d’un afflux d’air très chaud devant le front froid actif, ce qui permet souvent la formation de tornades.  La tempête Dudley s’est accompagnée de nombreux éclairs, des fortes rafales, ainsi que de forts courants descendants qui ont causé de  nombreux dégâts (Burza-Alert-IMGW). 

Conséquences de Dudley (aussi appelé Ylenia) en Pologne: https://fb.watch/bi3NPqCUf7/ et à Hambourg https://fb.watch/bi3-36MZdJ/

J’a trouvé des images ou des descriptions de plusieurs tornades, de pylônes pliés , coupures de courant, arbres tombant en miettes, toits arrachés, murs en miettes , et de  tornade en Pologne.

L’Allemagne subira encore la formation Antonia lundi, et deux nouvelles, Franklin et une autre, se dirigent sur la Grande- Bretagne. Le site de météorologie Severe Weather Europe alerte appelle Franklin la nouvelle tempête monstre, et la prochaine sera un cyclone bombe (lien).

Eunice, Dudley, et les deux nouvelles tempêtes Franklin et la suivante, se sont formées à cause d’un vortex polaire inhabituellement grand et puissant cet hiver.

Dans mon blog précédent, je mentionnais que l’Ecosse, par exemple, a subi de nombreuses tempêtes violentes cette année.  La Pologne a aussi vu les intempéries les plus impressionnantes de ces dernières décennies, et cela s’applique probablement à tout  le Nord de l’Europe.

Le GIEC est tout à fait certain que les pluies intenses et les vagues de chaleur augmentent avec le réchauffement climatique.   Pour les vents, leur rapport conclut que la vitesse des vents a diminué entre 1988 et 2017, alors que je vois de nombreux événements de vents forts. Le GIEC se base sur le travail d’ Azorin-Molino, ( Bulletin of American Meteorological Society 2019, pSi–S306 « State of the Climate in 2018 » lien). J’ai lu le travail de celui-ci pour en savoir plus. Lui interprète ses données différemment, et écrit que Les vents de surface ont poursuivi la reprise qui a commencé en 2013, après 30 à 50 ans de ralentissement”. (p. S43).

Dans le State of The Climate 2020 il montre que que les vents ont augmenté entre 2013-2020, et les vents forts, de plus de 10m/seconde ont augmenté en 2020, en particulier en Europe. (Fig 2.41 pS75, lien).

Il est possible que nous assistions à un renforcement des vents, et en particulier des plus forts, survenant lors des cyclones et des ouragans.   On pourrait extrapoler que la force des vents s’accroîtra à l’avenir comme au cours des huit dernières années. Jusqu’à quel point?

Tempêtes d’hiver et dangers de la chaleur

Tempêtes d’hiver dans l’hémisphère Nord

Il y a deux semaines j’ai décrit des tempêtes étonnantes en Pologne et en Turquie (blog).

La semaine passée, des intempéries exceptionnelles ont touché New York. En Europe, la tempête appelée Malik ou par endroits Nadia, a traversé la Pologne, l’Allemagne, le Danemark, et l’Ecosse.  Elle a endommagé des bâtiments, les côtes ont été inondées, et quelques personnes sont décédés, frappés par des objets ou des arbres emportés par le vent (lien).

En Ecosse, les vents ont été particulièrement forts, dépassant 200 km/h dans le Nord. Les tempêtes Malik et Corrie, qui surviennent peu après Arwen en automne, ont rasé des forêts entières.  Les  ouragans, auparavant exceptionnels, se succèdent maintenant.

‘Unrecognisable’: Entire forest flattened by Storms Malik and Corrie

Etats-Unis un cyclone bombe, a ravagé la côte Est il y a une semaine. Les chutes de neige très abondantes, proches des records enregistrés, ont bloqué les aéroports et les routes.  Le vent a atteint 80 mph, env 130 km/h (lien). La tempête a privé d’électricité plus de cent mille personnes et brisé des centaines, si ce n’est des milliers d’arbres. Les intempéries exceptionnelles surviennent de plus en plus souvent.

 

 

Cyclone Batsiraï fonce de Madagascar vers le Mozambique

Dans l’hémisphère Sud, Madagascar est frappé par le deuxième cyclone en une semaine. Selon l’Organisation Météorologique Mondiale, il pourrait être très dangereux. Les vents forts avec des rafales jusqu’à 235 km ont provoqué des destructions, des arbres arrachés, des bâtiments touchés. La ville de  Mananjary ,a été la plus touchée. 27000 personnes avaient été évacuées, et une population importante se retrouve sans eau potable,  dans une situation précaire. Le 6 février, il peut toujours à Madagascar (images).

Vagues de chaleur insupportables

La semaine passée, je décrivais la vague de chaleur en Argentine qui avait des conséquences importantes sur la production du soja mondiale (blog). Je répète encore une fois que toute la Planète sera bientôt confrontée à d’intenses vagues de chaleur. Une étude chapeautée par Sonia Seneviratne de l’ETHZ montrait que dès 2030, dans huit ans, la plupart des pays du monde connaîtront des vagues de chaleur record tous les deux ans (lien).  Les canicules exceptionnelles telles que celle de 2003 à Paris, et celles de l’été 2021, se produiront bientôt tous les deux ans, et des extrêmes plus hauts seront atteints.

Ces vagues de chaleur auront des conséquences importantes sur l’agriculture mais pourraient  aussi toucher directement les populations.

Selon les climatologues,  ces pics de température, à dix ou vingt degrés au dessus des normales saisonnières, sont aujourd’hui possibles partout dans le monde. Ces prochaines années, des anomalies aussi fortes pourraient aussi toucher les régions chaudes, des villes telles que Delhi, qui seraient alors décimées par la chaleur.  Un autre climatologue à la COP26 déclarait aussi que l’urgence, principale, aujourd’hui, est de prévenir les vagues de chaleur en Afrique.  C’est un risque énorme,  un couperet suspendu au dessus des populations les plus pauvres de la Planète, pour lequel il faudrait prévoir des solutions immédiatement, par exemple des abris (lien).

 

Canicule, insectes ou soja en Argentine

L’hémisphère Sud subit un été torride. En Australie, les températures ont dépassé 50 degrés. Ce pays a subi au moins cinq années de canicule extrême depuis 2015.

L’Amérique du Sud frappée par deux vagues de chaleur en janvier. La première, début janvier, a causé des records de chaleur au Paraguay. La deuxième a touché surtout l’Uruguay et l’Argentine. Elle provenait d’un dôme de chaleur sur la région. Les températures ont atteint 45°C, et de nombreuses pannes de courant ont rendu la climatisation aléatoire. Presque toute l’Argentine ainsi que les pays avoisinants ont subi les jours les plus chauds de leur histoire.

La vague de chaleur a aussi affecté l’agriculture et les écosystèmes naturels.

Elle pourrait meurtrir sérieusement  les écosystèmes argentins. La canicule de 2019 avait provoqué une mortalité massive de penguins. Cette année, une ville argentine a connue une plaie d’insectes, appelés  cascarudos (diloboderus abderus) qui ont transformé la rue en un grouillement brun.

La canicule a touché une région essentielle pour la production mondiale de céréales.  L’Argentine est le premier exportateur mondial de soja, elle assure les 41% de la production mondiale. Elle est aussi un important producteur de maïs.

Alors que les prix mondiaux des denrées alimentaires atteignent actuellement leur plus haut niveau depuis 46 ans, la vague de chaleur et la sécheresse qui y est associée en Argentine sont préoccupantes.

Les sécheresses extrêmes et/ou des inondations amplifiées par le changement climatique qui frappent plusieurs grands « greniers à blé » producteurs de céréales dans le monde au cours de la même année pourraient constituer la plus grande menace du changement climatique pour la civilisation au cours des 40 prochaines années.

Les pénuries pourraient déclencher d’importantes des flambées de prix qui conduisent à la famine massive, à la guerre et à une grave récession économique mondiale. L’Argentine joue un rôle clé dans la stabilité alimentaire mondiale, mais bien sûr le passage à une alimentation plus végétale l’assurerait facilement,

Généralement, les cultures ont une température optimale pour la performance, et des températures plus chaudes entraînent une forte baisse des rendements. Pour chaque degré Celsius d’augmentation de la température moyenne mondiale, les rendements devraient diminuer, en moyenne, d’environ 7 % pour le maïs, 6 % pour le blé, 3 % pour le riz et 3 % pour le soja. Ces calculs ne tiennent pas compte des pertes supplémentaires dues aux conditions de sécheresse qui accompagnent généralement la chaleur extrême. Cependant, elles pourraient être compensées modestement par des gains de croissance des plantes en raison de l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’air qui stimulera la croissance des plantes (l’effet de fertilisation du CO2).

Une étude de 2021 dirigée par Ariel Ortiz-Bobea, Le changement climatique anthropique a ralenti la croissance de la productivité agricole mondiale, a révélé que la température mondiale optimale pour la croissance des cultures est assez fraîche et a été atteinte avant 1961. Depuis cette année, la productivité agricole mondiale a à peu près doublé comme à la suite d’améliorations de la technologie et des pratiques, mais le changement climatique a réduit ces avantages d’environ 21 % – l’équivalent de la perte des sept dernières années de progrès de la technologie agricole. Les pertes dues au changement climatique ont été les plus importantes sous les tropiques et dans les latitudes moyennes du sud, y compris en Argentine (selon Yale Climate Connections basé sur Ortiz-Bobea et al). La sécheresse affecte aussi le transport des céréales. Elle a réduit le niveau du Parana, a empêché le transport fluvial des céréales, et a diminué les exportations de 30%. Les sécheresses pourraient doubler à la fin du siècle dans des nombreuses régions du monde (lien).  Une étude scientifique sur les effets de la chaleur anticipe cette  baisse de la productivité de maïs pour la fin de ce siècle (article vidéo), mais ce déficit a déjà été atteint cette année grâce aux problèmes de transport.

Les sécheresses en Argentine sont souvent liées au phénomène la Nina, alors l’année prochaine pourrait être meilleure.

La pluie pourrait sauver les récoltes argentines cette année, mais une nouvelle vague de chaleur s’annonce.  Il reste à espérer que les récoltes dans l’hémisphère nord seront abondantes, mais les risques planétaires s’aggravent. Une alimentation plus végétale constitue la meilleure solution pour la sécurité alimentaire mondiale.

Je cherche les descriptions des effets de cette vague de chaleur, mais pour le moment je n’en trouve pas assez. Elles seraient très utiles car ces événements seront fréquents et répandus dans le monde. La grande majorité de modèles sous-estime les conséquences réelles. Cette année, la sécheresse affecte aussi le transport fluvial.  Il est essentiel d’observer les catastrophes actuelles, les problèmes météorologiques ponctuels, tels que les vagues de chaleur, les grêles et les inondations, ainsi que des périodes plus longues, de sécheresse ou de chaleur.  Leur observation et leur description ouvre la voie à des modèles réalistes.

Ce problème est terriblement réel. Toute la Planète sera bientôt confrontée à d’intenses vagues de chaleur. Une étude chapeautée par Sonia Seneviratne de l’ETHZ montrait que dès 2030, dans huit ans, la plupart des pays du monde connaîtront des vagues de chaleur record tous les deux ans (lien).  Les canicules exceptionnelles telles que celles de 2003 à Paris, ou celles de l’été 2021, se produiront bientôt tous les deux ans, et des extrêmes plus hauts seront atteints.

Ces vagues de chaleur auront des conséquences importantes sur l’agriculture mais pourraient  aussi toucher directement les populations.

Dans l’interview vidéo ci-dessous, un climatologue s’exprime sur les records de chaleur. Selon lui, ces pics de température, à dix ou vingt degrés au dessus des normales saisonnières, sont aujourd’hui possibles, partout dans le monde. Selon lui, ces prochaines années, des anomalies aussi fortes pourraient aussi toucher les régions chaudes, des villes telles que Delhi, qui seraient alors décimées par la chaleur.  Un autre climatologue à la COP26 déclarait aussi que l’urgence, principale, aujourd’hui, est de prévenir les vagues de chaleur en Afrique.

https://www.nasdaq.com/articles/heat-wave-to-hit-argentina-further-stressing-corn-soybean-crops

Image par Reimund Bertrams de Pixabay