L’Antarctique est entourée par une immense banquise. Elle s’étend lors de chaque hiver Austral et se réduit énormément en été (janvier-février-mars). Cette année, les températures élevées et des vents foehn forts ont provoqué une fonte record. La banquise Antarctique a atteint un nouveau minimum en février 2022.
Cette fine couche de glace marine n’influence pas le niveau de la mer. Elle est cependant très importante pour le climat terrestre. La blancheur de la banquise reflète les rayons de soleil en été, alors que la surface sombre de la mer, tel un habit noir, absorbe beaucoup plus de chaleur.
La banquise Antarctique s’est fortement réduite pendant les années 2016-2019. Lors de l’été austral 2018-2019, elle occupait à peine la moitié de la surface habituelle. L’autre moitié a fondu ou a été brisée, désintégrée par des violentes tempêtes. C’est une grande différence, la Terre apparaît comme plus foncée, et absorbe plus de rayons de soleil.
Cette fonte rapide, spectaculaire, représentait une perte aussi grande que la surface perdue dans l’Arctique en trente ans. Elle a pu jouer un rôle important dans le réchauffement rapide et les températures record de la Terre au cours de ces années.
La banquise s’était reformée en 2020, et les températures terrestres se sont stabilisées, mais cette année, elle a fondu plus que jamais auparavant. Les zones de glace plus vieille, présente depuis plusieurs années et plus épaisse, sont couvertes de flaques d’eau et fragilisées. Elles pourraient céder rapidement.
Fort effet sur le réchauffement climatique
En 2019, j’ai demandé à Sam Carana, un groupe anonyme de climatologues engagés, quel était l’effet de la fonte de la banquise. Selon eux, en janvier 2019 la surface de glace était de 4.212 millions de km² plus petite qu’en 2015. La Terre absorbait 1,6 W/m2 à cause de l’effet de serre provoqué par les émissions de carbone, et une énergie comparable, 1,3W/m2 supplémentaires à cause de l’effritement de la banquise.
La fonte de la glace sur l’océan Austral provoquerait un réchauffement comparable à celui dû aux émissions humaines, et si l’on y ajoute la disparition de la glace sur la mer Arctique, le réchauffement provoqué par l’assombrissement de la surface de la Terre en été a un effet plus fort que l’effet des activités humaines.
La différence dans l’étendue de la glace suffirait à expliquer pourquoi températures ne redescendent pas comme c’était habituellement le cas lors d’années El Nina.
Le comportement de cette banquise est moins prévisible que celui de l’Arctique. Le réchauffement de l’océan et de l’air attaque la glace. Les modèles indiquaient une diminution mais elle n’a pas été évidente au cours des dernières décennies. Elle dépend de plusieurs facteurs, la température des courants en surface, la fonte de glaciers qui pourrait amener une couche d’eau douce à la surface des océans, et les vents. Les climatologues commençaient à croire qu’ils s’étaient trompés, mais une première période réduction importante s’est produite il y a quelques années, et maintenant une seconde survient.
Au 20ième siècle, l’Antarctique était isolée par un courant-jet fort, et restait froide. Les vents et la circulation atmosphérique ont récemment changé autour de l’Antarctique, favorisant l’arrivée de courants plus chauds à la surface de l’océan. Les courants atmosphériques et marin pourraient peut-être évoluer de nouveau et favoriser la réformation d’une immense couche de glace. Il est aussi possible que le courant-jet antarctique soit définitivement perturbé.
La fonte de la glace marine forme actuellement une forte boucle rétroactive du réchauffement climatique. Si cette glace disparaît, les températures Planétaires pourraient prendre l’ascenseur. Elles sont influencées par plusieurs autres facteurs. Le courant la Nina à l’oeuvre cette année entraînait généralement une baisse des températures mais la fonte de la banquise Antarctique pourrait contrecarrer cet effet, et lorsque la Nina finira, la Terre pourrait bien atteindre des nouveaux records de température.
Détails par Severe Weather Europe: Antarctic sea-ice melt