Augmentation de feux de forêts en Europe

La population de toute la Terre est frappée aujourd’hui par des catastrophes plus grandes, plus complexes et plus chères, notamment par manque de mesures adéquates.  Beaucoup de ces événements sont dus au climat, et s’aggraveront probablement (UNDRR). 

En particulier, les sécheresses et les feux augmentent beaucoup. L’Amérique du Sud subit une sécheresse qui dure depuis 2019, la plus longue depuis des décennies. L’Uruguay, le nord de l’Argentine et le sud du Brésil sont particulièrement touchés.  La production de soja de l’Argentine est réduite de moitié, les glaciers des Andes ont perdu de 30 à 50% de leur volume (Flash News from the Disaster Risk Management Knowledge Centre, online).

Une nouvelle étude met en garde contre les sécheresses éclair (flash drought) , qui se développent très vite, en quelques semaines et menaceront progressivement toutes les régions agricoles au 21ième siècle (lien).

La chaleur s’accompagne d’immenses feux, qui ont frappé tous les continents,  l’Australie en 2020 où 126’000 km2 de forêts uniques au monde sont parties en fumée, emportant des peuples d’animaux entiers (BBC, blog1, 2  l’Amazonie, ou la Sibérie. Les feux sont clairement liés à la sécheresse, et certaines régions boréales, où l’humidité avait toujours régné, se sont révélées très susceptibles.  A Lytton au Canada, l’incendie s’est déclaré dans la ville lors de la monstrueuse vague de chaleur de 2021, l’été passé l’Angleterre a atteint une température de 40°C et a aussi vu de très nombreux embrasements les jours les plus chauds. 

Ce printemps, ce fléau s’est abattu sur le Canada (Temps) et l’Espagne (Euronews)  lors de canicules exceptionnelles. 

L’Europe n’échappe pas à ce danger.  L’Agence européenne Copernicus en fait l’inventaire.  Leur rapport sur l’année 2021 concluait qu’il s’agissait de la deuxième année la plus touchée, et que ces catastrophes s’étaient surtout produites dans les années 2016-2021,  les plus chaudes de l’Histoire.  En 2021, les flammes se sont surtout attaquées à l’Italie, ainsi qu’à la Grèce, à la Turquie et au Portugal. La surface embrasée avait doublé par rapport à l’année précédente (lien). 

L’année passée a vu plus de feux que la précédente. En 2022, 45 pays d’Europe ont subi ce cataclysme (Copernicus EFFIS Advance report on forest fires). Le nombre de brasiers et la surface totale ont augmenté.  L’Espagne a  été particulièrement éprouvée, ainsi que la Roumanie, le Portugal, la Bosnie et la France. Malheureusement les flammes se sont aussi attaquées aux zones protégées, particulièrement importantes. 

En Suisse, la surface brûlée a fortement augmenté en 2022. 

Cette année ce danger subsiste, l’Espagne et la France ont déjà vu de nombreux embrasements, et la surface consumée en France surpasse déjà sa moyenne annuelle.  

Les incendies sont un des grands dangers des canicules. Nous verrons des feux de forêts et des départs de feux dans les villes. Une augmentation de ces catastrophes est prévue par les experts. Il faut compter avec ce danger, et prévoir beaucoup plus de surfaces forestières pour compenser celles qui seront perdues. Je propose aussi d’étudier plusieurs solutions techniques, par exemple la présence d’eau,  pour juguler les  immenses incendies à venir.

Un nouveau trésor a été découvert dans nos forêts

La mousse des forêts, de la famille des Bryophytes, est une plante archaïque, une des premières à s’être développée sur la Terre. Elle des petites feuilles, mais pas de vraies racines ni de vaisseaux qui répartiraient l’eau dans la plante. Elle colonise souvent des roches nues et ouvre la voie aux végétaux.  Une nouvelle étude montre qu’elle est extrêmement utile.

Les chercheurs ont établi une carte des mousses présentes dans le monde, et comparé le fonctionnement des écosystèmes avec ou sans mousse. Les plantes profitent de la présence de ces minuscules voisins, car dans les sols couverts de mousse les nutriments sont plus présents, la décomposition de la matière organique se fait mieux. Le sol qui en est recouvert contient plus de nitrate, de phosphore et de magnésium, ce qui favorise la croissance des végétaux. Elles font circuler l’eau et contrôlent l’humidité du sol et le microclimat. Elles fixent aussi les poussières emportées par le vent.

Elles participent aussi au cycle de carbone. Les scientifiques estiment que les bryophytes présents surtout dans les forêts sont responsables du stockage de 6,45 Gt de carbone, six fois plus que les émissions annuelles de l’agriculture. C’est particulièrement notable dans les forêts boréales où abondent les mousses Sphagnum. Dans les déserts, règnent les Pottiacae (lien). Si nous perdions ces plantules, ce carbone serait émis du sol dans l’atmosphère et aggraverait le réchauffement climatique. Par contre, leur protection fixerait plus de carbone dans leur sol, comme cela devait être le cas sur la Terre du passé couverte de forêts, jonchées de vieilles souches moussues.

Une autre étude récente montre que la présence des bryophytes diminue les émissions de méthane des tourbières asséchées.  Celles-ci étaient considérées comme un grand risque pour le climat, mais il s’avère que les fossés couverts de mousse émettent très peu de méthane.   La présence de ces plantules favorise l’activité de bactéries méthanotrophes, qui vivent dans les mousses et consomment le méthane. Ces petits végétaux pourraient aussi secréter des composés chimiques qui limitent le développement des bactéries méthanogènes responsables de la production de ce gaz (lien). Leur présence réduit ce risque.

Les mousses survivent à un siècle de sécheresse et reprennent quand les conditions le permettent. Après une éruption volcanique, elles sont les pionnières du retour de la végétation. Les chercheurs travaillent sur la réintroduction des mousses pour régénérer des sols dégradés des villes,  mais je me demande si elles supportent la pollution chimique.

Elles semblent aussi limiter les microorganismes dangereux.  Le sol sous les bryophytes contient moins de pathogènes, ce qui est d’une grande utilité pour l’humanité. La diversité des mousses va de concert avec de nombreux effets chimiques et bactéricides sur le sol des forêts.

C’est un des innombrables maillons de la biosphère et nous prenons seulement conscience de son importance. La mousse retient le carbone dans le sol et provoque la croissance de bactéries bénéfiques.  Elle constitue une richesse écologique qu’il faut développer. Nous pouvons favoriser sa présence en augmentant la part de réserves naturelles ou en évitant la pollution.  La nature est composée de très nombreuses interactions, que nous n’appréhendons pas totalement et que nous devons sauvegarder. Cette semaine j’ai vu un autre exemple, les virus des bactéries du sol qui en influencent la prolifération et qui semblent influencés par le climat (lien). Ces bactéries elles-mêmes sont encore peu connues et c’est un nouveau niveau de complexité que nous découvrons maintenant.  Respectons et protégeons la nature telle qu’elle est car nous ne la maîtrisons pas.

 

 

La Nouvelle-Zélande est déjà confrontée au changement climatique

Les inondations

En janvier 2023 la Nouvelle-Zélande a subi des fortes pluies.  L’océan alentour était touché par une vague de chaleur marine qui a élevé sa température bien au-dessus des normales.  Un mois de pluies sans précédent a provoqué quelques inondations. Puis le 27 janvier,  la plus grande ville de Nouvelle-Zélande,  Auckland était frappée par les flots à un niveau exceptionnel dans l’histoire du pays (Guardian, Wikipédia).

En février , le Cyclone Gabrielle a porté les destructions à un niveau supérieur. Il a dévasté le Nord de la Nouvelle-Zélande et touché Vanuatu et l’Australie.

A Vanuatu, les pluies torrentielles ont déclenché des glissements de terrain, contaminé l’eau potable et détruit les champs.

En Nouvelle-Zélande, des milliers de maisons ont été inondées ou sapées, les toits des bâtiments arrachés par le vent et de nombreux glissements de terrain ont paralysé l’île Nord. Des milliers de personnes ont été évacuées, d’autres ont fui sur les toits de leurs maisons et des glissements de terrain ont détruit les routes. Les flots charriaient d’immenses troncs arrachés qui rasaient la forêt et tout le reste sur leur passage.  Un état d’urgence national a été déclaré. Le gouvernement a déclaré qu’il s’agissait d’un événement sans précédent en Nouvelle-Zélande (guardian).

Les causes climatiques

Le cyclone s’est formé au-dessus de la mer de Coral dont la température dépassait 30°C, après trois années de la Nina qui favorisent ce type de phénomènes dans cette région. Il a déversé l’équivalent de mois de pluie en un seul jour. Il s’agissait d’un événement sans précédent, de la plus grande catastrophe du siècle dans ce pays (nzherald).

Selon l’article actuel de World Weather Attribution, les études d’attribution au changement climatique ont relevé que les précipitations étaient extrêmement abondantes, et qu’elles ont touché des régions montagneuses vulnérables aux inondations. Les modèles climatiques prévoient une exacerbation des pluies intenses d’environ 30% à l’heure actuelle, ainsi qu’un accroissement futur, ce qui rend les inondations plus probables.  Cependant, les modèles n’anticipaient pas le déluge qui s’est déversé sur la région, les mesures des stations météorologiques montrent des changements plus importants que ceux prévus par les modèles (WWA). Cela pourrait alors être un phénomène exceptionnel, isolé, ou alors les conséquences du changement climatique sont plus importantes que prévu. Cette dernière explication s’est révélée vraie dans de nombreux endroits dans le monde, le GIEC et l’ONU disent que les effets sont plus graves que prévu. Si c’est le cas, ils pourraient bien s’amplifier aussi plus vite.

Selon le climatologue Kevin Trenberth, les pluies inhabituellement intenses sont dues au réchauffement de l’océan, dont la température était de 3°C au-dessus de la normale.  Des telles vagues de chaleur marines ont aussi causé les inondations du Pakistan en été 2022, ainsi que celles de Californie en janvier.  Ses travaux confirment que les températures des océans changent à cause du réchauffement global (publi). Il a aussi observé que les régions humides le deviennent plus, la pluie s’y accroît. Il souligne aussi que des précipitations de 10% plus importantes suffisent pour déborder les aménagements existants et pour causer des dégâts (Trenberth).

Dégâts et solutions

Ce cyclone a causé les destructions le plus coûteuses de l’hémisphère Sud, estimées à plus de huit milliards de dollars américains.  Bien sûr, de nombreuses maisons individuelles ont été sapées par les flots. La majorité, 70% , appartenait à des indigènes maoris. Ceux-ci ont relevé que les événements météorologiques deviennent de plus en plus cataclysmiques et qu’ils devront quitter leurs terres pour éviter de disparaître dans les tempêtes. Ils ont invoqué l’aide de l’ONU. Les Maoris estiment que leurs droits ne sont pas respectés. Ils besoin de plus de financement et de plus de liberté pour choisir de nouvelles terres et y fonder des agglomérations durables.

L’adaptation au changement climatique dans ce pays devrait inclure des cas de retraite organisée, où les communautés et les biens sujets aux aléas sont déplacés.  Elle est en retard, certains subissent déjà des catastrophes climatiques. Le leader du parti Vert Nouveau-Zélandais appelait récemment à accélérer l’adaptation, à dépasser les clivages des partis politiques pour réagir face à ces dangers qui les dépassent (lien). Le gouvernement a alloué environ trois-quarts de milliard de dollars américains dans la réparation des routes, des ponts et des écoles pour permettre au pays de reprendre les activités normales.

Récemment, la route côtière Napier -Wairoa était remise en service, trois mois après sa destruction par le Cyclone Gabrielle (lien). Mais la semaine passée, la métropole d’Auckland était de nouveau inondée, et un état d’urgence a été déclaré.

Je dirais que les Maoris ont raison. Ils ont bien compris ce que l’avenir nous réserve.  Les catastrophes se répéteront, s’amplifieront et ils ont raison de quitter les zones menacées pour des lieux plus sûrs. Les côtes des océans sont menacées partout et les vallées de montagne suisses pourraient rencontrer les mêmes problèmes.

Les canicules des dernières années ont aussi eu des graves conséquences sur les écosystèmes de Nouvelle-Zélande. Elles ont apporté des vagues de chaleur marine et fait fondre la moitié des glaces des Alpes du Sud depuis 1950. Historiquement, l’eau atteignait de telles températures une fois en quelques centaines d’années, mais maintenant ces extrêmes se sont succédés plusieurs fois en quelques années.  Les petits penguins korora ont souffert de ces changements. Ils ne peuvent pas s’alimenter dans ces conditions nouvelles et succombent à la faim, ce qui a entraîné une forte mortalité lors des années El Nina et des vagues de chaleur marine précédentes. Des millions d’éponges sur les côtes ont blanchi, ce qui signifie une très grave maladie, ou la mort de ces animaux (Victoria U).     Les températures très élevées de l’océan en 2023 pourraient bien causer plus de pertes dans ces écosystèmes.

Rapport du GIEC 2023 – Risques de catastrophes

Aujourd’hui je vous livre une sélection de phrases exactes du résumé pour décideurs du rapport du GIEC avec le numéro de paragraphe. Si cela vous est utile, vous pouvez donc les citer ainsi. 

Ce document montre que le réchauffement causé par l’Homme contribue déjà à de nombreux événements extrêmes partout dans le monde. 

Pour chaque 1000 Gt de CO2 émis par l’activité humaine, la température de surface globale augmente de 0,45°C (B.5.2).

Le changement climatique a réduit la sécurité alimentaire (A.4).  Environ la moitié de la population mondiale connaît actuellement des graves pénuries d’eau. Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones très vulnérables au changement climatique : Afrique, Asie, Amérique centrale et du Sud, PMA, petites îles et Arctique (A.2.2).

Avec chaque augmentation supplémentaire du réchauffement climatique, les changements dans les extrêmes continuent de s’amplifier (B.1.3). Cela signifie que si la température moyenne sur la Planète augmente de 0,5°C, en Suisse elle montera d’un (1) degré (fig SPM.2 a et plus détaillé ailleurs, rts, OFEV), et les vagues de chaleur augmenteront plus (dr). Les pluies et sécheresses extrêmes s’intensifieront, les puits de carbone terrestres et océaniques fonctionneront de moins en moins bien (GIEC).

À court terme, chaque région du monde devrait faire face à une nouvelle augmentation des aléas climatiques (B. 2.1.) Les impacts à long terme projetés sont jusqu’à plusieurs fois plus élevés que ceux actuellement observés (B.2 degré de confiance élevé).  Les inondations seront donc plusieurs fois plus grandes, les sécheresses toucheront beaucoup plus de cultures (dr).

Les risques à court terme comprennent une augmentation de la mortalité et de la morbidité humaines liées à la chaleur (degré de confiance élevé), des maladies et des problèmes de santé mentale.

L’augmentation prévue de la fréquence et de l’intensité des fortes précipitations (confiance élevée) augmentera les inondations locales générées par la pluie (confiance moyenne).

Par rapport au rapport du GIEC précédent AR5, les niveaux de risque globaux agrégés sont évalués comme étant élevés à très élevés à des niveaux inférieurs de réchauffement climatique en raison de preuves récentes des impacts observés (B.2.2).

Les risques d’événements météorologiques extrêmes seront déjà élevés à 1.5°C degré (Fig SPM.4).

En général, lorsqu’un chiffre de température est utilisé dans le rapport, il s’agit d’une moyenne décennale. La fonte en profondeur des glaces et du permafrost s’étale sur plusieurs années et une seule année chaude n’aura pas les mêmes effets.  Cependant, il me semble que l’atmosphère pourrait répondre très vite à une élévation de température, et des vagues de chaleur et des tempêtes extrêmes pourraient déferler lors d’une seule année torride.

L’élévation du niveau moyen mondial de la mer au-dessus de la plage probable – proche de 2 m d’ici 2100 ne peut être exclue. Il y a une confiance moyenne que la circulation thermohaline  Atlantique ne s’effondrera pas brusquement avant 2100 (B.3.3). Je crois qu’on pourrait rétorquer sur ce dernier point qu’elle ne s’effondrera par braquement parce qu’elle s’arrête progressivement.

Le risque de fonte du permafrost est déjà élevé à 1,5°C (Fig. SPM4).

Une atténuation profonde, rapide et soutenue et une mise en œuvre accélérée des mesures d’adaptation au cours de cette décennie réduiraient les pertes et les dommages prévus pour les humains et les écosystèmes (C 2.2).  Les options d’adaptation qui sont réalisables et efficaces aujourd’hui deviendront limitées et moins efficaces avec l’augmentation du réchauffement climatique (B.4). Les limites à l’adaptation et les pertes et dommages, fortement concentrés parmi les populations vulnérables, deviendront de plus en plus difficiles à éviter (confiance élevée) (Extraits exacts du résumé pour décideurs du rapport du GIEC: lien). 

Actuellement, une marche bleue réunissant plusieurs personnalités romandes, surtout des femmes, parcourt la Suisse romande de Genève à Berne pour demander à notre gouvernement le respect de l’accord de Paris qui permettraient cette attenuation rapide du changement climatique. Elle est accueillie à de nombreux endroits avec bienveillance et conscience de cette problématique (#lamarchebleue sur Instagram ou Facebook). La marche a parcouru la Côte de Genève à Lausanne,  a atteint Neuchâtel samedi et part aujourd’hui en direction de Berne en passant par Fribourg. Le 22 avril, elle remettra officiellement une pétition pour l’action climatique au gouvernement.

J’ai remarqué depuis plusieurs années que les catastrophes météorologiques dépassent les  prévisions précédentes. Celles-ci ont maintenant été partiellement mises à jour avec les connaissances acquises de ces événements récents.

Cette semaine encore, un nouveau record météorologique était battu par l’ouragan Ilsa, qui a percuté les côtes australiennes avec des vents record de 289 km/h.

Les observations suggèrent l’arrivée du El Nino, courant chaud dans le Pacifique, qui provoque des années chaudes et souvent des événements météo extrêmes. Plusieurs modèles estiment qu’un super El Nino est possible (Guardian). Une étude suggère que le changement climatique pourrait provoquer une amplification de ces phénomènes. Au cours des années 2015-2016, la température planétaire s’était alors élevée de 0.5°C.  Cette période avait provoqué la sécheresse en Amérique du Sud, et un retard de la mousson en Inde, et des épidémie de fièvre dengue et de choléra.  Il se trouve qu’un épisode de super El Nino pourrait nous faire dépasser 1.5°C degré l’année prochaine déjà, et nous amener des intempéries inconnues de l’humain. Cela montre le niveau du danger climatique auquel le monde est confronté aujourd’hui. Nous devons le réduire autant que possible.

 

 

 

 

Bonnes ou mauvaises solutions pour le climat

Radicaux hydroxyl dans l’atmosphère

En février 2023 j’ai vu une technique de géo-ingénierie ou  de “nettoyage de l’atmosphère” dans le groupe Facebook de climatologues Arctic news. J’aimerais lancer un débat, avoir l’opinion de chimistes de l’atmosphère à ce sujet. L’idée est de disperser des radicaux d’oxygène dans l’air. Ils forment des groupe hydroxy qui réagiraient avec le CO2 et le transformeraient en acide carbonique, qui tomberait sur terre avec la pluie. Ils se proposent d’éliminer 15 gigatonnes de CO2, en faisant passer l’air dans des turbines générant les radicaux oxygène.

Cette modification de l’atmosphère affecte la formation des nuages, selon les inventeurs, ils se condensent plus facilement, plus près du sol, reflètent mieux le soleil et réduisent le réchauffement. Ces effets sont très nombreux et donnent un exemple de la complexité du système.

Cette technique dégrade aussi le méthane. Actuellement, il est naturellement éliminé par les molécules hydroxy existantes dans l’atmosphère, mais celles-ci pourraient être saturées par les émissions de méthane croissantes. Les inventeurs expliquent d’ailleurs l’augmentation du méthane atmosphérique par la saturation des hydroxy naturels.

Je crois que nous avons absolument besoin d’une solution qui dégraderait le méthane en cas d’émissions massives du permafrost. Celles-ci pourraient fortement réchauffer l’atmosphère, accélérer la fonte du permafrost, et cette boucle de rétroaction comporte le risque d’un réchauffement intense qui menacerait l’Humanité. Il faut donc développer d’une solution de ‘dernière chance’ pour nous protéger de tels événements.

J’apprécie l’absence de métaux, de polluants dans l’atmosphère, qui éviterait des déchets toxiques pour l’Humain et les écosystèmes.  Même les ions d’argent actuellement utilisées pour la formation des pluies artificielles semblent légèrement nocifs pour les écosystèmes, pour les gastéropodes d’eau douce, je crois.

Je vois d’ailleurs que la technique est vendue par reductiontech  sur shopify.com., il semble que je pourrais l’acheter aujourd’hui pour mon coin de ciel bleu personnel, ce qui m’inquiète un peu.  Une étude sur l’utilisation à grande échelle devrait absolument être entreprise. Qu’en pensez-vous?

Pas de billes de verre sur la banquise

Une autre invention consistait à stabiliser la glace sur la mer arctique en la couvrant de petites billes de verre. Celles-ci devaient réfléchir la lumière du soleil et protéger la glace de la fonte. J’y étais viscéralement opposée, car  la glace se fracture, est lessivée par la pluie, et j’imaginais les poissons arctiques ingérant des billes de verre. Leurs effets pourraient être bien pires que l’ingestion de plastique, mener à une disparition des petits poissons, et à une catastrophe en chaîne dans cet écosystème, où les grands poissons et les phoques ne trouveraient plus d’aliments.

Une nouvelle étude s’est penchée sur cette technique et aboutit à la conclusion que les billes de verre auraient même, un effet contraire, de réchauffement. Elles devraient de plus être répandues par l’Homme sur toute la surface de l’océan arctique.  Il s’avère qu’elles seraient inutiles dans des flaques d’eau de fonte, que le vent pousserait les billes de verre dans un coin du bloc de glace,  et que la neige reflète mieux la lumière du soleil. Cette technique est donc déconseillée (lien).

Holisoils: capture de carbone dans le sol des forêts

Le carbone devrait être stocké dans les sols. Dans les zones boisées, celui-ci constitue un réservoir plus important que les arbres eux-mêmes.

Une gestion adaptée des forêts peut transformer leur sol en puits de carbone important, ou au contraire en faire une source de carbone.  Il faut absolument utiliser au maximum cette possibilité de diminuer l’effet de serre. Le projet HoliSoils donne des pistes pour y parvenir. Les forêts de conifères ou mixtes accumulent généralement plus de carbone, car les aiguilles se décomposent plus lentement.

La coupe à blanc et le drainage des tourbières doivent être évités dans la mesure du possible. Sur les prairies, ils recommandent en général une éclaircie modérée pour maintenir la croissance du peuplement de semis, la domination des conifères et l’augmentation de la période de rotation renforcent la puits de carbone, et la régénération rapide après coupe rase freine la baisse des stocks de carbone du sol. Ils suggèrent la fertilisation par l’azote de certaines forêts, et des aménagements pour conserver de l’eau dans les tourbières (lien).  Je me demande si la fertilisation pourrait être accomplie par des semis de plantes légumineuses.

D’autre part, les forêts anciennes, de plus de cinquante ou cent ans ont des sols particulièrement riches en carbone qui doivent être préservés.

C’est une excellente solution, sans risque pour l’écosystème, et il convient d’y prêter attention.

 

 

 

 

 

 

 

Les inondations de Californie ont provoqué d’énormes dégâts et s’aggraveront à l’avenir

Des rivières atmosphériques

En janvier de cette année de nombreuses tempêtes ont balayé la Californie. L’eau provenait de rivières atmosphériques, immenses bandes d’humidité formées au-dessus des océans et transportées sur des milliers de kilomètres.  Elles sont constituées par l’évaporation de l’eau des océans, qui sont de plus en plus chauds chaque année. Les températures du Pacifique Nord, notamment, ont atteint un nouveau record cette année. Les océans ont absorbé une quantité d’énergie cent fois supérieure à la production d’électricité mondiale.  Michael Mann a déclaré que l’accumulation de la chaleur par les océans, le ‘heat content‘, atteint et dépasse chaque année des extrêmes nouveaux. L’intensité du cycle hydrologique, l’évaporation de l’eau et les précipitations, augmente continuellement. Cette intensification provoque les événements météo extrêmes. “L’interaction entre l’océan en réchauffement et l’atmosphère produit les pluies prodigieuses qui se sont produites dans autant d’endroits récemment” (Kevin Trenberth, NCAR, publication article).

Une de ces formations orageuses était un ‘bomb cyclone‘, un cyclone à formation extrêmement rapide, qui s’est intensifié en 36 heures et a provoqué l’inondation des bords de mer à Santa Cruz et Capitola.

Les inondations

Les inondations ont commencé le 31 décembre après des précipitations record dans tout l’État de Californie, habité par 39 millions de personnes. San Francisco a vécu son deuxième jour le plus humide jamais enregistré et Oakland, le jour le plus pluvieux.  Des plaines ont été inondées, des quartiers entiers se sont transformés en lacs. Plusieurs villes ont reçu environ 30 cm de précipitations (vidéo).

Les pluies ont provoqué de nombreuses inondations, et glissements de terrain.  Plusieurs inondations sont venues de la mer, un môle a été emporté, de grandes vagues ont entamé des falaises côtières et se sont engouffrées dans les maisons en bord de mer (vidéo, vidéo2).   Une vingtaine de personnes ont perdu la vie, noyées dans leur voiture, tuées par des chutes d’arbres sur des voitures ou sur leur maison en bois, ou emportées par les eaux en crue.

 

Six cent glissements de terrain ont touché la région, la terre détrempée des collines a été délogée par les pluies (KTVU FOX2).  De nombreuses routes et voies de chemin de fer ont été interrompues. Des trous profonds se sont formés dans les routes. Une dizaine de mètres de neige s’est accumulée dans les montagnes.  Les intempéries ont créé des risques importants de glissement de terrain plus grands. Accuweather a estimé les coûts début janvier, alors que les pluies duraient encore, à 31 à 34 milliards de dollars (lien).

Un avenir sombre

Une étude récente établit que les pluies intenses augmenteront dans cette région à mesure que le climat se réchauffera.  Les précipitations pourraient s’accroître de 34%, l’intensité maximale des pluies s’élèvera, et elles toucheront une superficie plus importante (publication).  Le risque d’inondation s’aggravera notablement, Cette étude ne tient pas compte de l’inondation des côtes.

La montée du niveau de la mer est un facteur supplémentaire. Cette année déjà, les vagues ont emporté des structures sur les plages, ont inondé les rues du bord de mer, ont endommagé des routes et des maisons. Lorsque le niveau de la mer sera de vingt ou de cinquante centimètres plus haut, les dommages seront beaucoup plus étendus, les falaises côtières s’effriteront les unes après les autres, et l’écoulement des pluies sera modifié.  Les inondations pourraient alors être beaucoup plus importantes.

Peu après, des vagues semblables frappaient furieusement les côtes italiennes et de Nouvelle-Zélande lors de forts orages, qui ont provoqué des inondations dans ces deux pays.  Ils sont probablement aussi liés à la température record des océans (article). La Nouvelle-Zélande a  essuyé de nombreuses tempêtes tropicales cette année. La ville d’Auckland a subi des pluies torrentielles et des graves inondations (vidéo). Elles annoncent les déluges futurs. La Terre entière traverse aujourd’hui une zone de turbulences qui ne s’arrêteront pas, mais iront croissant.

 

Image de couverture par Dimitris Vetsikas de Pixabay.

Remerciements au Dr Trenberth pour les articles et les publications communiquées

 

Sécheresse persistante dans le bassin du Rio de la Plata

Le bassin Parana – La Plata, le deuxième plus grand bassin fluvial d’Amérique du Sud, traverse la pire sécheresse depuis 1944. Des déficits de précipitations record au cours des deux dernières années hydrologiques ont asséché le sud-est du Brésil, le nord de l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Une faible mousson sud-américaine a encore aggravé la situation.

La sécheresse dans le bassin du Parana – La Plata a causé des dommages à l’agriculture avec une baisse des rendements, en particulier pour le soja et le maïs, ce qui a un impact sur les marchés mondiaux. Le bas niveau du fleuve a freiné les transports des récoltes restantes. La sécheresse a persisté en 2022.

La partie inférieure du bassin de La Plata souffre des pires conditions d’humidité du sol et de végétation, en particulier dans ses zones les plus méridionales.

Le bassin de La Plata est l’un des principaux producteurs d’énergie hydroélectrique au monde. C’est la principale source d’énergie renouvelable en Amérique du Sud. Les barrages et les centrales hydroélectriques du bassin de La Plata satisfont environ 55% de la demande de la région. La sécheresse prolongée a un impact considérable sur la production d’énergie et provoque une diminution de la production hydroélectrique qui touche l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie.

Le rapport européen « Sécheresse extrême et à long terme dans le bassin de La Plata : évolution des événements et évaluation de l’impact jusqu’en septembre 2022 » décrit l’épisode de sécheresse extrême 2019-2021 dans le bassin du Rio de la Plata en Amérique du Sud  l’année dernière, causé par des températures exceptionnellement élevées (visible aussi dans la vidéo en lien et décrit dans mon blog ci-dessous l’année passée).

Une grave sécheresse persiste dans le bassin de Parana – La Plata en Amérique du Sud. Cette année, les poissons meurent et échouent en masse sur les bords de rivières, le bétail succombe dans les pâturages, et le soja périclite dans les champs. L’Argentine était récemment le premier producteur mondial de soja.

Selon l’agence de Presse Sud-américaine Mercopress, la récolte sera inférieure à celle de l’année passée, qui était déjà compromise par la sécheresse. Seul un tiers du soja des années précédentes avait été planté cette année. La récolte de cultures d’hiver, d’orge et de blé sera particulièrement mauvaise, et les perspectives pour l’été semblent inquiétantes aussi.  Le réchauffement climatique augmente le risque de mauvaises années.

L’Argentine pourrait remettre en question l’élevage qui souffre de ces conditions météorologiques. La production de céréales suffirait facilement à nourrir l’Humanité si elle n’était pas utilisée pour nourrir un cheptel en expansion rapide. La reforestation ou des plantations agricoles d’arbres, respectant la biodiversité, auraient des effets bénéfiques sur le climat local et global.

Quels arbres pourraient être cultivés en Argentine? Des noix du brésil? Du moringa?

Le rapport préparé conjointement par le Centre commun de recherche de la Commission européenne, l’OMM, le CEMADEN, la Fondation CIMA et le SISSA  : The 2019-2021 extreme drought episode in La Plata Basin

The European Commission’s: Drought in South America – 10 years overview

Mon blog sur la sécheresse de l’année passée:

Canicule, insectes ou soja en Argentine

 

Les forêts menacées par l’activité humaine et le climat

Dangers pour les forêts

L’Homme défriche les forêts depuis des centaines d’années. Au vingtième siècle, la déforestation a surtout touché les tropiques. L’activité humaine en est encore une cause importante.  Les feux qui ont sévi en Amazonie entre 2003 et 2020 ont été provoqués par l’Homme, par la déforestation intentionnelle, plus que par le réchauffement climatique (FAPESP). La déforestation a doublé à cette période et  les feux sont un phénomène nouveau largement provoqué par l’Homme (blog ci-dessous).  Ils constituent une des plus importantes perturbations de la forêt amazonienne, ils empêchent le stockage de carbone et libèrent celui contenu dans les arbres.

Une étude chinoise récente montre que les activités humaines sont le deuxième facteur le plus important après le climat de modification de la structure forestière. C’est le cas à la fois au niveau mondial et régional. Ils ont en outre montré que la dégradation anthropique est omniprésente même dans les zones forestières qui sont officiellement protégées ou perçues comme intactes.

Cette étude a considéré la densité des forêts, une indication du nombre d’arbres présents. Elle établit que dans un tiers de forêts l’activité humaine est la principale cause de déforestation, et le chiffre est semblable pour les zones protégées (phys). Nous pouvons éviter ces dégradations par des décisions politiques.

Déforestation

Je trouve un excellent article de Wikipedia sur la déforestation. Il montre une carte des Etats-Unis en 1620, les forêts apparaissent en noir. Elle donne une idée de la Terre il y a quelques centaines d’années, la forêt y était omniprésente. La grande forêt européenne couvrait notre continent et a été déboisée un peu plus tôt.

Image par William B. Greeley, US Forest Service — Southern Forests Flickr, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19261874

Avant cela, il y a des milliers d’années, les hommes de l’âge de pierre cultivaient des jardins -forêts, un mélange d’arbres sauvages, fruitiers, et de noisetiers et d’autres fruits qu’ils plantaient (lien). Depuis mille ans au moins, nous grignotons les forêts parcelle par parcelle sans réaliser les conséquences planétaires.

J’aimerais que ces immenses forêts reviennent, arbre par arbre, que nos régions soient ombragées par une canopée que les écureuils puissent parcourir d’un bout à l’autre du continent.  J’ai l’impression que chaque arbre compte, chaque jardin pourrait contenir au moins un représentant de son écosystème naturel.

Wikipédia mentionne aussi que la forêt accroît de 0.5°C la température moyenne des tropiques, comme Martine Rebetez l’a observé en Suisse. L’absence des arbres pourrait aussi permettre des vagues de chaleur plus importantes, car la forêt les tempère (Wikipédia). Il a été calculé que plus la jungle Amazonienne est grande, plus elle est résistante. Elle provoque des pluies bienfaisantes. La déforestation diminue cet effet et expose les arbres restants à des sécheresses croissantes.

Les dangers du climat

Cependant, le climat est aussi une menace. Une étude  récente confirme que l’Amazonie est menacée par le changement climatique à la fin du siècle (Exeter).  Elle semble bénéficier de moins d’humidité, la chaleur croissante l’assèche graduellement (lien).

Je crains que les années 2023 et 2024 n’apportent des catastrophes dangereuses pour la région. El Nino est prévu pour la fin de l’année. En 2015-2016, il a apporté un demi -degré de réchauffement planétaire.  L’Amazonie a alors été touchée par des chaleurs record, et une sécheresse extrême, notamment dans le Nord-Est. Cet effet pourrait être lié aux températures  élevées du Pacifique équatorial central (RUVID).    La sécheresse a tué 2,5 milliards d’arbres et émis un demi-milliard de tonnes de CO2 d’une surface correspondant à environ 1% de l’Amazonie, ce qui a augmenté les émissions du Brésil d’environ 20%.   Les arbres mourraient encore au cours des années suivantes (phys). Dans le Sud de l’Amazonie, comme dans la forêt du Congo, les espèces habituées à l’humidité meurent et sont remplacées par d’autres, plus résistantes à la sécheresse (article, Nature). Une partie de l’Amazonie au moins, le Sud-Est, émet désormais plus de carbone qu’elle n’en absorbe (Nature).

Ensuite, les températures ne sont pas vraiment redescendues, et le prochain El Nino causera sûrement un réchauffement supplémentaire, des nouveaux records. L’ Amazonie pourrait subir une sécheresse beaucoup plus importante l’hiver prochain, et une mortalité d’arbres accrue. Combien en perdra-t-elle cette fois?

La biodiversité et l’âge de la forêt, entre autres la présence de mycorhizes dans le sol, améliorent les perspectives de survie de l’écosystème pendant les sécheresses. Les forêts anciennes, millénaires résistent mieux et il faut absolument les sauvegarder.

Excellent article de l’Independent: https://www.independent.co.uk/news/long_reads/amazon-rainforest-river-water-dry-b2230358.html?r=60948

Le réchauffement provoque des graves inondations au Nigeria

L’Afrique de l’Ouest et du Centre a été frappée par d’importantes inondations.  De nombreuses cultures ont été anéanties. L”insécurité alimentaire menace cette région fragilisée par la crise économique due à la guerre d’Ukraine.

Certaines parties du Nigeria sont sujettes aux inondations pendant la saison des pluies, mais cette année est la pire depuis 2012, lorsque plus de 2,1 millions ont été déplacées.

Le fleuve Niger – le principal fleuve d’Afrique de l’Ouest – traverse le nord du Niger et passe la frontière nord du Bénin jusqu’au Nigéria avant d’atteindre le golfe de Guinée sur l’Atlantique à travers le delta du Niger.

Les fortes pluies tombées au Niger depuis juin et les inondations qui s’en sont suivies ont fait 159 morts et touché plus de 225 000 personnes, faisant de cette saison des pluies l’une des plus meurtrières de l’histoire.

“Selon nos études, nous pouvons lier ces pluies au changement climatique en général”, a déclaré Katiellou Gaptia Lawan, directeur général de la météorologie nationale du Niger. “Les pluies deviennent de plus en plus intenses et les précipitations extrêmes augmentent.”

Les pluies au Niger cette année ont également totalement détruit ou endommagé plus de 25 900 maisons et touché les terres agricoles et le bétail,. La saison des pluies de juin à septembre y fait régulièrement des morts, y compris dans les zones désertiques du nord, mais le bilan est particulièrement lourd cette année.

En 2021, 70 personnes sont décédées et 200 000 ont été touchées.

Au Tchad, l’ONU a déclaré que plus de 622 500 personnes avaient souffert “à différents niveaux” des inondations dans plus de la moitié du pays, y compris la capitale N’Djamena, les zones les plus touchées bordant le nord du Cameroun.

Selon les Nations unies, en 2021, 5,5 millions de Tchadiens, soit plus d’un tiers de la population du pays enclavé, avaient déjà besoin d’une aide humanitaire d’urgence, avant même les inondations.

Au Nigeria, les fortes pluies ont provoqué les pires inondations en une décennie, tuant plus de 300 personnes depuis le début de la saison des pluies et en déplaçant au moins 100 000, selon les responsables des urgences.

Des récoltes entières ont été perdues. Un agriculteur constate: “Les pluies n’ont jamais été aussi destructrices. Nous prions pour ne jamais vivre un tel cauchemar.” Je crains au contraire que ces catastrophes ne s’aggravent.

Le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) du Nigeria, Manzo Ezekiel, a déclaré que les inondations étaient sans précédent en raison des précipitations continues, 29 des 36 États du pays étant touchés “Des milliers de terres agricoles ont également été détruites. Les chiffres vont encore augmenter car nous subissons toujours des pluies torrentielles et des inondations”.

500 millions de Nigérians ont été touchés par les inondations. L’insécurité alimentaire qui sévissait déjà s’aggrave.

https://www.reuters.com/world/africa/nigerias-food-basket-state-floods-wash-away-homes-crops-hope-2022-10-05/

Image de couverture par michaelalabi774 de Pixabay

Les inondations du Pakistan sont dues à une mousson décuplée

Le Pakistan subit des graves inondations. Les eaux couvrent un tiers de la surface du pays, détruisent les routes et les bâtiments. Les habitants se réfugient dans des zones surélevées. Des familles ayant plusieurs enfants ont quasiment tout perdu, leur maison, leur bétail, et attendent désespérément des secours, sans eau potable, en voyant les flots monter autour de leur abri précaire et leurs réserves de nourriture s’épuiser.  Des centaines de milliers de maisons ont été détruites.

La catastrophe est sans précédent dans le pays.  Les graves inondations qui touchent le Pakistan ont été causées par des pluies dix fois plus fortes que normale, selon ESA (European space Agency).  Une étude récente a prévu que les fortes moussons seront plus probables, plus fréquentes au cours du 21ième siècle, à mesure que le climat changera.

La responsabilité des pays émetteurs de gaz carbonique dans cet événement sera certainement établie quand les statisticiens analyseront tous les chiffres.  Partout sur la Planète, des villages démunis perdent  leurs moyens de subsistance lors de catastrophes climatiques, et cela arrivera de plus en plus à l’avenir.

Les maisons de cette population sont parties à la dérive et les terres inondables devront peut être abandonnées.  Comme d’autres, ils devraient partir et chercher un lieu sûr où s’installer. Le pays est aussi affligé de vagues de chaleur mortelles qui réduisent la production alimentaire.

Devons-nous aider le Pakistan inconditionnellement ou promouvoir les droits de la femme et la contraception pour limiter les naissances? Lors de prochaines catastrophes, notre aide sera peut-être due du fait de notre responsabilité climatique.

Peut-être serait-il bon d’informer clairement que les familles feront face à des intempéries et des vagues de chaleur croissantes, qu’elles seront exposées à des déplacements et à la recherche incertaine de moyens de subsistance au cours des prochaines années, et de proposer la contraception pour ces années difficiles à venir. Nous sommes en urgence climatique, leur futur sera fait d’évacuations, de sauvetages et hasardeux et d’expédients. Du reste, la survie de la Planète exige une stabilisation de sa population.