Vivre en éco-village

Le hameau des Buis

Le Hameau des Buis est un écovillage en Ardèche, construit au sommet d’une colline. Pour y accéder, il faut traverser une forêt de chêne, et au sommet, le village émerge soudain de la forêt, entouré d’un vaste paysage de nature. 

L’éco-village a été construit par les habitants et par des bénévoles, qui ont vécu dans des roulottes lorsqu’ils construisaient leurs maisons. Celles-ci sont  en argile, en bois et en paille, de provenance locale, et  essentiellement chauffées par le soleil grâce aux baies vitrées et aux murs capteurs. Les maisons sont assez petites pour des familles, mais comportent une petite terrasse et tout le monde, les enfants en particulier, passe beaucoup de temps dehors, dans une nature magnifique.

Le village contient une station de phytoépuration. L’eau passe par plusieurs bassins où des plantes différentes purifient l’eau. Le village récupère l’eau de pluie et utilise des toilettes sèches.

Vidéo Hameau des Buis 22 min: https://hameaudesbuis.org/entretiens-avec-les-habitants/

Les photos qui illustrent l’article ne proviennent pas du Hameau des Buis, mais de pays différents. Cliquez sur les liens ci-dessus pour voir ce village. 

 Autonomie, responsabilité, entraide

Le village est un système d’organisation sociale qui existe depuis des millénaires, dans toutes les sociétés. La nourriture des habitants peut être produite à proximité immédiate, les champs l’entourent directement, et les paysans y accédaient à pied. Le village permet l’entraide et le partage entre des personnes qui se connaissent bien, et une légère spécialisation. Différents métiers y sont représentés, les personnes capables y exercent les métiers de boulanger, de forgeron ou de couturier.

Dans l’éco-village le Hameau des Buis, chaque projet était discuté par le conseil, et accompli par les habitants et les bénévoles. Les habitants se réunissaient, discutaient du projet à entreprendre, puis s’y mettaient, avec l’aide de nombreux bénévoles. L’accord du groupe est nécessaire, et il peut être facilité par l’adhésion à des valeurs communes ou à une charte acceptée à l’avance par les habitants.

Image par FranckinJapan de Pixabay

J’ai remarqué que les tâches étaient parfois accomplies par des débutants, qui devaient comprendre ce qu’ils faisaient, et d’entraînement physique très divers. En conséquence, en accomplissant des tâches variées, les habitants acquéraient une excellente forme physique, qui fait partie des valeurs de l’écologie. Le corps et l’esprit d’un humain devraient être en bonne santé. Les villageois se sentaient libres et maîtres de leur destin, et en gardant les projets simples et sensés, ils étaient capables de constuire des maisons, et de produire tout le cadre de vie nécessaire eux-mêmes. Les principes d’écologie, de simplicité et d’autonomie permettaient l’empowerement, c’est à dire l’émancipation et la confiance en soi des habitants. A l’extrême inverse, notre société peut convaincre les personnes qu’elles ne sont pas qualifiées si elles ne savent pas emballer un produit exactement comme le précédent qui le faisait faux.   De plus, dans notre monde stressé, les tâches de plus en plus automatiques sont réduites à une minute, et ne peuvent pas toujours être exécutées aussi vite, ce qui provoque des échecs à répétition. La relaxation et le recentrage sur l’essentiel améliorent notre fonctionnement et nos performances. 

Production locale et artisanale

Tout était fait en matériaux locaux, le fromage était fabriqué sur place à base de lait de chèvres qui broutaient dans forêt, les oeufs provenaient du poulailler, les légumes du potager. Tous ces produits étaient transportés à pied jusqu’au magasin du village, puis dans les maisons des habitants.

De nombreux objets étaient fabriqués par des amateurs ou par des artisans. La qualité finale était-elle moins bonne que dans le cas d’objets fabriqués à extrêmement bas prix en Chine puis revendus à des nombreux intermédiaires?  Evidemment, le temps de fabrication d’une chaise était infiniment plus long, mais les matériaux et le travail étaient locaux, et le besoin de transport, de magasins, d’usine de camions, et de vendeuses de magasin disparait alors. Au cours de notre histoire, nos ancêtres construisaient de temps en temps un meuble pour des dizaines ou des centaines d’années. Les objets étaient peut-être conçus correctement pour répondre au besoin précis. Ghandi, entre autres, conseillait de fabriquer ses objets soi-même. Une idée qui ne correspond pas tout à fait à une vision matérialiste du monde est que si nous avons besoin d’un objet, nous serons inspirés ou aidés pour le faire correctement, et qu’il sera réellement utile. Peut-être cette capacité existe-elle en chaque humain, comme celle de s’occuper d’un enfant. Nous ne devrions en fait consommer et acheter que par besoin réel.

Des mères détendues avec les enfants jouant près d’elles

Photo Marie Nollet

Dans l’éco-village, il y avait de nombreuses familles avec des petits enfants. En général, les mamans gardaient les petits près d’elles les premières années. Plusieurs enfants étaient allaités deux ou trois ans, puis jouaient tous ensemble, et, moins traditionnellement, rejoignaient l’école la Ferme des enfants. Les mères s’occupaient essentiellement de la maison et des enfants, et puis partaient parfois en pique-nique avec leurs enfants qui jouaient ensemble près d’elles. Les jours où tout allait bien, la maman était détendue et disponible, et l’enfant était en permanence rassuré par la présence d’un mère aimante. Les petits se développaient un peu comme des chatons, en ceci que d’abord ils appelaient leur mère en permanence, puis exploraient un peu leur environnement en revenant vers leur mère, puis devenaient plus indépendants, et s’aventuraient plus loin. C ‘est un développement naturel de l’enfant qui devrait lui être assuré. C’est aussi la façon de vivre la plus harmonieuse que j’ai vu pour des jeunes mamans, s’occuper assez de ses enfants, et s’octroyer des moments de repos. Je précise que quand les enfants sont petits, il est assez exceptionnel de s’assoir tranquillement.  Les journées sont mouvementées. 

Des valeurs de gentillesse, de communication

L’éco-village a été fondé par Sophie Rabhi et son mari et a été en grande partie construit par des jeunes retraités qui ont investi leurs économies dans ce projet, des personnes merveilleuses, écologiques, humanistes, altruistes, et ouvertes. Comme vous le voyez, les mots me manquent, mais je suis vraiment admirative. L’écovillage et l’école organisaient aussi des fêtes où les habitants se rencontraient, s’amusaient et communiquaient, ainsi que des conférences.  Je crois que la communication est aussi un besoin de l’Humain, auquel, comme aux autres besoins, des moments devraient être dévolus et que Sophie Rabhi a correctement pris en compte dans l’organisation de l’écovillage. Bien de problèmes étaient inexistants ou immédiatement résolus par la bienveillance et la gentillesse.

Site d’écovillages européens:  https://eco-villages.eu/category/eco-construction/

Image de couverture par Teresa Cotrim

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

8 réponses à “Vivre en éco-village

  1. Image d’Epinal d’un monde idéalisé à des années lumière de la réalité !
    Revenez sur Terre, surpeuplée de 8 milliards d’habitants qui défrichent à tout va pour survivre …

  2. Il existe aussi des fermes du mouvement Colibri soutenu par Pierre Rhabi, agriculteur respectable et écrivain, qui prônent les circuits courts, la permaculture, tres certainement adaptable à nos économies agricoles. Ces projets sont avant tout destinés à faire comprendre que les cultures industrielles avec l’aide de l’agrochimie ne servent qu’à faire du chiffre et ne sont pas nécessaires pour nourrir la planète. Votre éco-village, c’est très bien, mais c’est aussi une idéologie du passé et probablement inadaptée pour notre époque et sa démographie. On doit pouvoir faire mieux, sans polluer la planète et appauvrir la terre.

    1. Après le grand chaos ces petits villages seront surement ce qu’il restera de notre belle et puissante civilisation, le cycle sera accomplit et tous les rêveurs écolos du monde auront ou rejoindront leur paradis. Pauvre de nous qui pensons pouvoir encore espérer de l’intelligence humaine si tous les collapsologues deviennent pour de vrai dans ce monde, prophètes de malheurs.

  3. Merci de diffuser ce type d’information décrivant des réalisations actuels qui sont les briques du monde d’après un peu comme des fragments d’un puzzle que l’on déconstruit ou les pièces encore séparées du début de jeu…
    A l’école, on comprenait que les empires tombaient et se reconstruisaient presque instantanément et il n’en est rien. Les Etats nations actuels pourraient durer et ils tentent encombrés de conflits d’intérêt, d’apporter des correctifs écologiques (les pansements). Les pôles économiques, espaces du pouvoir concret, sont depuis trop longtemps transnationaux et intouchables. Ce sont leurs entreprises multinationales qui dictent le rythme en laissant aux Etats l’illusion de choisir la symphonie.
    Nous les individus nous ne sommes pas dupes si nous cultivons l’indépendance d’esprit. Bravo a toutes celles et ceux qui agissent a leur niveau pour façonner le nouveau monde en évitant de rester dans l’impuissance.

  4. C’est un monde peu réaliste digne du moyen-âge ou pire du néolithique. Quels types d’instructions académiques ces enfants auront-ils en grandissant ? Pas de lycée, pas d’université dans un éco-village, à ce que je sache. Pour les soins médicaux, où iront-ils se faire soigner ou opérer en cas de besoin ? Il n’y a pas d’hôpitaux dans un éco-village, à ce que je sache. Cette forme de vie ne conduira qu’à une très grande misère et des enfants ignorants de tout y grandiront et qui seront facilement endoctrinable dans des sectes religieuses par des gourous. Je ne suis pas intéressé par cette forme de vie.

  5. Je crois qu’il y a beaucoup de désinformations et de préjugés au sujet des écovillages… Je pense que ce sont des modèles auxquels on devrait se rapprocher le plus possible mais l’autonomie énergétique totale est illusoire. Pour se déplacer, ils doivent utiliser une voiture. Comme j’ai un enfant dysfférent, je confirme que la communication est l’un des premiers besoins fondamentaux de l’Homme.

  6. J’ai l’impression que le Hameau des Buis a fortement évolué depuis 3 ans… et que la description du blog n’est plus d’actualité…

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