Je suis née en Pologne, à Varsovie, dans les années 1970. C’était un des pays les plus libres du bloc communiste, ce qui signifie que des nombreuses personnes critiquaient le système entre amis sans avoir trop de problèmes, qu’ils n’étaient pas persécutés pour la fréquentation de l’église, et qu’ils pouvaient posséder une maison familiale ou une épicerie. Le gouvernement était assuré par le parti unique communiste, dont il fallait être membre pour se présenter aux élections et pour bénéficier de divers avantages. Les partis capitalistes étaient interdits. Les voyages à l’étranger étaient limités.
Presque le monde avait un travail, de 8h à 16h. Je dirais que le travail, ainsi que les recherches de travail, étaient moins stressants et créaient une certaine sécurité. Les femmes avaient le droit de vote, de travailler, de divorcer, et d’avorter. Personne ne m’a jamais dit que les hommes étaient meilleurs à l’école. Les salaires étaient assez égalitaires, mais le système était corrompu. Les fortunes personnelles, les biens, les châteaux, avaient été confisqués vers 1945. Les propriétaires privés ont pu garder une petite maison familiale. Il n’y avait aucun sens à avoir des économies en banque, car elles étaient très lourdement taxées. La population vivait essentiellement du salaire mensuel. Le change international était tel que 10 dollars américains permettaient d’acheter de la nourriture pour un mois, ce qui contribuait à l’impression d’une immense richesse des pays capitalistes, mais l’alimentation était beaucoup moins chère. La carotte polonaise valait alors infiniment moins qu’une carotte suisse. La nourriture était essentiellement locale, les rares importations provenaient des autres pays du bloc communiste.
Les entreprises appartenaient à l’Etat, dont tous étaient les employés, et dépensaient dans les magasins d’état leur salaire mensuel, que l’état récupérait. Les salaires étaient à peu près égaux, certains ouvriers de métiers pénibles étaient particulièrement bien payés. L’économie était planifiée, la production prévue d’avance. La corruption, le système D et l’entraide régnaient.
Dans les magasins, le choix était très limité. Le rayon de produits ménagers par exemple proposait un produit à vaisselle Ludwik et un produit de nettoyage du même nom. Le rayon vêtements offrait un choix aussi restreint. En conséquences, les magasins couvraient ainsi une surface à peu près cent fois plus petite que dans les pays capitalistes aujourd’hui. Il n’y avait aucune publicité, sans enseignes ni néons. J’ai retrouvé des magasins un peu semblables au Danemark dans les années 2000.
Le système avait des bugs, des pénuries épisodiques provoquaient d’immenses files d’attente lors des livraisons de certains produits. Les gens disaient qu’il s’agissait d’erreurs d’un employé, mais cela pouvait être lié au choc pétrolier, au commerce international. Les vendeuses des magasins et les serveurs engueulaient les clients. Cela dit, tout le monde était disponible, avait du temps, les gens étaient beaucoup moins stressés, et cet aspect me plaisait beaucoup. La stabilité de l’emploi et l’absence de stress au travail était bénéfiques.
Après leur mariage, mon père et ma mère ont d’abord vécu dans la chambre de ma mère chez mes grands-parents, et un appartement de 64m2 leur a été attribué quand j’avais trois ou quatre ans, selon le critère d’une pièce par personne. Bien sûr, ils ne pouvaient choisir ni la vue, ni le quartier, ni l’étage.
Les vacances se passaient dans des centres de vacances d’entreprise, comme EDF par exemple en a en France, au camping, ou chez l’habitant à la campagne, dans des petites constructions entourées de Nature. Les lieux de villégiatures n’étaient pas bétonnés à outrance comme les destinations populaires actuelles.
J’ai eu beaucoup de vaccins et d’antibiotiques, et quand nous étions malades, nous restions à la maison à partir d’une température de 37.2° sur l’ordre du médecin. Cela évitait la propagation des maladies aux autres et peut-être des accidents. Ma mère avait droit à des jours de congé pour maladie personnelle et pour s’occuper de ses enfants malades. Le congé maternité était probablement plus long aussi.
Les grenouilles qui coassaient jadis dans l’étang près de la maison de ma grand-mère avaient disparu, l’eau du robinet était polluée, le ciel à Varsovie n’était presque jamais bleu, un smog permanent couvrait la ville. L’écosystème de la mer Baltique a aussi été endommagé par la pollution chimique. Nous ne savions pas quels polluants se trouvaient dans l’eau, il était interdit d’en parler.
A la fin des années soixante-dix, des nombreuses protestations se sont déroulées en Pologne qui furent réprimées par un Etat d’urgence. Celui-ci était accompagné d’un rationnement de certains produits: p.ex de viande, en quantité raisonnable, de beurre, d’essence et d’habits. Nous sommes partis alors. En 1989, à la fin du communisme, la Pologne a adopté le capitalisme à l’américaine, et a connu une forte croissance. Une des conséquences les plus terribles a été une grande inflation, où le prix des appartements a dépassé de plusieurs fois les retraites des personnes âgées, dont le budget est devenu réellement impossible.
Je n’ai pas vraiment de morale. Je me souviens que tout le monde avait le temps les uns pour les autres. Je crois que la liberté d’expression est primordiale, sans elle une pollution très dangereuse peut par exemple être cachée. Les gouvernements totalitaires savent-ils eux-mêmes ce qu’ils cachent? Une information correcte aurait pu permettre de voir l’étendue des problème et de trouver des solutions.
Je trouve aussi qu’un salaire égal pour tous est une assez bonne idée. Il pourrait affecter le choix des métiers par les jeunes et les orienter plus vers leurs compétences ou leurs intérêts. Il est absolument injuste que certains fassent des travaux pénibles sans pouvoir boucler le mois. La planification des emplois peut orienter le travail des citoyens vers des tâches utiles à la société. Je ne veux pas d’un monde des cireurs de chaussures qui dorment dans la rue.
Un minimum de propriété privée me paraît souhaitable, souvent les propriétaires s’occupent mieux de leur propre maison, prennent des décisions plus durables, et elle donne un sentiment de sécurité pour l’avenir. De nombreuses personnes ont réellement l’esprit d’entreprise, et ont déployé une activité beaucoup plus importante, dix fois plus importante pour leur entreprise privée que dans leur emploi d’Etat, mais cela a peut-être conduit à un remplacement de la production locale par l’importation. Alors il faudrait au moins des règles.
La consommation, la production industrielle et la destruction d’objets fabriqués par l’Homme devraient être limitées. Une certaine planification de la production est souhaitable sur une Planète finie. Le climat va poser d’énormes problèmes. Il faudra de toute façon tout changer pour faire face au climat.
Point de vue très intéressant , qui permet de relativiser beaucoup de choses , notamment la victoire presque totale du consumérisme associé à un libéralisme de plus en plus ultra .Peut-être les choses se rééquilibreront-elles par la suite , il faut l’espérer .
Merci pour ce témoignage et les questionnements.
Description très intéressante, par une belle idiote utile des puissants de la haute finance. Ce sont les mêmes qui avaient inventé le communisme avec Marx et Engels, lesquels travaillaient pour eux en étant payés par eux pour inventer une idéologie politique capable de détruire notre civilisation. Ces gens ont contôlé le monde soviétique pendant 70 ans, puis ils ont décidé de le liquider parce que c’était leur intérêt comme cela avait été leur intérêt de le créer. On a donc eu une parenthèse de deux générations d’un capitalisme débridé, qui a eu des avantages et des inconvénients. Mais manifestement les puissants dont miss Retelska est la ravissante idiote utile, sont arrivés à la conclusion qu’ils préfèrent le système de planification et de contrainte. C’est plus facile à contrôler. Ils ont donc décidé, en liaison avec l’industrie pharmaceutique qu’ils contrôlent aussi, de lancer une fausse pandémie pour pouvoir imposer un nouveau totalitarisme. Vaccination obligatoire aux frais des gouvernements et avec exonération des fabricants de vaccins pour les risques d’effets secondaires. Les gouvernements soumis obéissent et imposent en plus le masque comme signe extérieur de soumission et comme baillon pour le peuple. Ainsi leur big pharma peut encaisser des super-bénéfices ce qui remplit les caisses de ceux qui ont déclenché l’opération. Obligation de rester à domicile et fermeture des bistrots, mise en faillite des PME, comme ça les esclaves ne pourront plus se réunir ni connaître le goût de la liberté. Ce sera plus facile de les contrôler, d’autant que du même coup on impose un traçage généralisé du bétail humain par l’intelligence artificielle. Toute la classe moyenne qui avait des économies sera ruinée : c’est LE BUT DE L’OPERATION car cette classe moyenne indépendante est dangereuse pour le nouveau communisme 2.0 qu’on essaie de nous imposer. Désormais n’auront le droit d’exister que les multinationales du système genre Amazon ou Uber, multinationales responsables bien entendu, et contrôlées par l’oligarchie mondiale qu’elle nourissent. Pour compenser la paupérisation générale, et avec l’aide des idiot(e)s utiles, on instituera un système de revenu de base inconditionnel, aussi appelé parfois revenu de transition écologique. Comme ça les masses d’esclaves, confinées à la maison et tracées par informatique dans leurs moindres faits et gestes, n’auront pas envie de se révolter et préfèreront leur revenu minable à la mort (sociale ou physique). En effet, on pourra condamner à mort sans procès un individu pas obéissant en le déconnectant simplement du sytème informatique qui contrôle tout y compris les payements des revenus minimum. Ceci sera possoble car on aura supprimé l’usage des espèces monétaires. Tous les paiements se feront par informatique, contrôlée par le pouvoir. Tout le système donc pourra fonctionner par la menace de mort permanente. Ca a déjà commencé avec la menace de mort par le Covid. En pratique, miss Retelska se retrouvera donc dans une nouvelle société communiste qui ressemblera beaucoup à la Pologne de son enfance. Elle en sera très contente car cela lui rappellera des bons souvenirs et elle ne verra même pas l’injustice d’un système mis en place par une infime minorité d’ennemis de l’humanité et ne profitant qu’à cette minorité, tout le reste étant réduit en esclavage.
Bravo camarade Retelska. Vous faites du bon travail pour vos maîtres bolchéviques sous leurs nouveaux oripeaux verts et non plus rouges…
Au fil des millénaires, les sociétés humaines évoluent en fonction de diverses circonstances heureuses ou tragiques. Souvent avec un manque de recul que personne n’a le droit de leur reprocher. Les forces de l’évolution sont complexes et non manichéennes.
La très grande majorité des hommes et femmes font ce qu’ils peuvent, notamment pour améliorer le futur de leurs enfants. Les personnes que j’ai rencontrées en Afrique australe, dans le nord de l’Amérique du nord, en Amérique latine ou en Asie doivent d’abord assurer leur subsistance et l’avenir de leur progéniture. Si je me contente de mon regard étriqué d’occidental ventripotent je ne peux pas tout comprendre, mais ce que je sais c’est que malgré ce qui pourrait me sembler des erreurs, tous font du mieux et méritent le respect.
Face à l’espèce, je suis misanthrope globalement évidement, mais j’apprécie chaque personne différente que j’ai eu la chance de rencontrer que pour eux la terre soit plate ou non…
Sauf les cons.
… et en l’occurence on a raison.
Bravo pour votre commentaire lucide bien qu’un brin irrespectueux pour la dame. Elle a été élevée dans un système où la responsabilité individuelle était remplacée par une sorte d’esclavage au politiquement correct, où nous arrivons progressivement grâce aux “pastèques” qu’élisent de plus en plus une majorité d’inconscients. Les oripeaux verts cachent en effet (mal) le rouge.
Elle n’a juste pas connu les charmes de la Lubianka des années 37-38, les purges staliniennes et le goulag, qui étaient le salaire de ceux qui disaient tout haut ce que chacun osait à peine penser tout bas.
Mais qu’elle se rassure: on y arrive, elle va être comblée.
wahou! vous êtes un des élèves de Onnousprend POURDESCONS à l’université?
wahou! vous enseignez l’histoire à l’université?
Je reconnais bien dans votre description la Pologne des années 70 telle que je l’ai connue avec ses bons et ses mauvais côtés. On a aujourd’hui de la peine à imaginer en Europe une telle société où l’on ne court pas après le fric, où on a le temps de s’ennuyer, de se rencontrer, où on n’est pas en permanence soumis à la concurrence. La Pologne était effectivement dans le bloc soviétique, comparée par exemple à la RDA, un “pays de liberté”, mais aussi de système D. Les gens avaient mille manières de contourner les règlements, de se libérer des contraintes.
J’ai eu du plaisir à lire votre texte et à me plonger dans des souvenirs de jeunesse.
L’adaptation,la résilience,le recyclage,le tri sélectif merci 🙏
Il n’y a pas de place au communisme dans le monde actuel car de nos jours les gens sont instruit. Selon moi, le communisme et la dictature ne font qu’un.
Avez vous la moindre idée de qui à inventé la sécurité sociale en France? Le nom d’Ambroise Croizat vous évoque t’il quelque chose?
Peut être que ça ne vous intéresse pas, qu’il ne faut surtout pas que ça vous intéresse. Le confort d’une pensée courte n’est pas aisé à quitter. Peu importe que cette pensée soit distordue et élaguée à l’extrême pour s’aligner avec vos fantasme, le plus important est surement le cocon rassurant d’un prêt à penser étriqué.
Désolé pour cette entré en matière méprisante. C’est que face à certain propos il m’est difficile de faire preuve à mon tour d’ouverture d’esprit. Pour tenter de me faire pardonner, je vous livre quelques faits historique qu’il vous sera facile de vérifier si vous confronter aux réalités vous deviens possible.
Les nazis était des gens très instruits. Ce qui a donné à réfléchir à la libération. Notamment à d’autre esprits très instruits aussi, mais pas de la même façon, des communistes. Eh, oui, il n’y as pas une seule façon d’être instruit. il n’y pas d’instruction absolue. Vous avez beau être amateur d’opéra, Être capable de citer des grand philosophes, et préférer le totalitarisme aux libertés. Il leur est donc apparu, pour éviter que ça se reproduise, qu’il était primordial d’instruire POLITIQUEMENT la population. Ils ont demandé à une enseignante, Christiane FAURE si elle voulais bien créer un ministère de l’éducation populaire. A l’époque, éducation populaire ne signifiait pas envoyer des enfants en colonie de vacance. Populaire était synonyme d’éducation politique des adultes. il s’en est suivi un affrontement politique qui aura raison du projet. La droite ne voyant pas d’un bon œil des communistes s’occuper d’éducation politique. Je vous laisse découvrir seul le reste de cette passionnante, et instructive histoire. mais je vous préviens, elle risque de bousculer votre réalité.
Un brin d’ostalgie dans cet article. C’est l’éternel combat entre la liberté et la sécurité: si on veut beaucoup de l’un, on a peu de l’autre et vice-versa. Avec le régime mis sur pied en Pologne, si on la bouclait, on était tranquille: boulot pas trop stressant, sécurité de l’emploi et quelques susucres accessoires. Par rapport à une vie de misère dans des pays capitalistes mondialisés “durs”, ça peut représenter une sorte de paradis.
Chouette récit d’un demi paradis perdu où je retrouve un peu de mon enfance en Betagne chez mes grands parents avec l’odeur du charbon honni de nos jours.
Je vous souhaite le meilleur.
Merci pour cet intéressant témoignage. Il devrait inciter à faire réfléchir ceux qui n’ont pas l’air d’avoir encore remarqué que le mur de Berlin est tombé depuis plus de vingt ans et raisonnent toujours en termes de guerre froide.
Pour paraphraser Léo Ferré, « et l’on se sent pas libre peut-être mais peinard ».
Réjouissez-vous, au vu de l’évolution des choses, vous pourriez être comblée au-delà de toutes vos espérances.
Vous serez, enfin !, libérée des pesanteurs de l’exercice de la liberté.
Une douce servitude. Au début.
Et puis, à la fin, une servitude tout court.