Lousy times for small pensions

It is hard to understand the decision by the Swiss Parliament lower chamber to cut into the additional benefits that are paid to low-income retirees on top of their regular pension.

500 millions less, even though the Federal Council was not asking for so much. Given the healthy situation of Swiss public finances, these savings won’t change much for the public purse. They however change everything for the people affected.

It is true that the amount of these additional benefits is increasing fast. That’s to be expected as population is aging and the amount of the standard benefit remains low.

Let’s remember that the people against a monthly 70 franc increase in benefit that had been put forward in the pension reform proposal a few months ago pointed to the additional benefits as a better tool to support low income retirees. Some actions speak much louder than words.

Ne taxons pas les robots. Subventionnons le travail

Le progrès rapide des robots soulève des craintes pour le revenu des travailleurs. Un subside aux salarié(e)s peut résoudre le problème, mais il ne faut pas le financer par une taxe sur les robots. Utiliser la TVA est bien plus efficace.

Une approche complète du problème

Analyser l’impact du progrès technique et la réponse à y apporter est complexe, car il faut prendre en compte l’interaction entre plusieurs variables : salaires, investissement, consommation, taxes, et j’en passe. Si l’on essaie de réfléchir de manière purement verbale cela relève de l’impossible.

Les modèles macroéconomiques sont faits précisément pour ce genre de question. Ils permettent de se concentrer sur les points clefs et prennent rigoureusement en compte les interactions entre les diverses variables. Voyons donc quel message ressort de cette analyse (je vous épargne les équations et autres détails techniques).

Bénéfices et coûts du progrès technique

Le développement des robots représente un progrès technologique asymétrique qui augmente la productivité du capital plus que celle du travail. Avoir un robot à disposition va certes augmenter ma productivité, mais il va avoir un impact encore plus important sur la productivité d’autres robots car ils se complètent directement.

Le progrès technique est bénéfique pour l’économie dans son ensemble. Ce gain est cependant mal distribué et le revenu du travail peut en souffrir. Cette tension entre un bénéfice global et une distribution déséquilibrée est d’autant plus forte qu’il est facile de substituer entre capital et travail dans la production.

Comment la technologie affecte l’économie

Le progrès apporte un gain global parce qu’il permet de produire plus avec une quantité donnée de capital et de travail. Plus il est aisé de substituer entre capital et travail, plus ce gain est élevé : une réorientation de la production vers une utilisation accrue du capital permet de tirer pleinement avantage de la meilleure productivité de celui-ci.

Le progrès peut également affecter la distribution du revenu. Tout d’abord, il entraîne un renchérissement du travail par rapport au capital (1). Les entreprises réorientent alors leur production vers plus de capital, diminuant ainsi le ratio entre les quantités de travail et de capital. Un point crucial est la mesure dans laquelle il est possible de remplacer les travailleurs par les machines.

Dans le cas le plus standard en analyse économique une hausse de 10 % du coût du travail (par rapport au capital) entraîne une baisse de 10 % du ratio travail-capital. Les deux aspects se compensent exactement et le ratio entre le revenu du travail (salaire multiplié par emploi) et celui du capital est constant. En d’autres termes, le progrès bénéficie à tout le monde dans la même mesure. Cette stabilité de la distribution des revenus est précisément ce pourquoi les économistes se sont concentrés sur ce cas, car les statistiques montrent une distribution très stable jusqu’à récemment.

Mais la venue des robots change la donne car ils peuvent plus facilement se substituer à un travailleur que ne pouvait le faire une machine. Une hausse de 10% du salaire entraîne une baisse de l’emploi (par rapport au capital) de plus de 10 %. Le revenu du travail baisse alors par rapport à celui du capital (voire même en termes absolus). Plus il est facile de remplacer le travail par le capital, plus le progrès technique va entraîner une inégalité de revenu.

Comment redistribuer ?

Contrer la péjoration du revenu des travailleurs demande un transfert du capital vers le travail, par exemple par un subside versé aux salariés. Si ce subside est clairement une bonne idée, il faut faire très attention à la manière de le financer.

Une recette souvent avancée est de taxer les robots (c’est-à-dire le revenu du capital). Le problème est que cette taxe pénalise l’investissement, car personne ne va accumuler beaucoup de capital si son revenu est ensuite fortement imposé. Nous pouvons montrer qu’une taxe stabilisant la part du revenu des travailleurs dans le PIB casse l’incitation à investir. Plus précisément, l’économie se retrouve dans la même situation que lorsque travail et capital ne sont pas facilement interchangeables (le cas où une hausse de salaire de 10 % réduit le ratio travail-capital de 10%). Certes l’économie bénéficie quelque peu du progrès, mais ce gain reste bien en deçà de celui qui serait réalisable.

Comment faire alors ? Une meilleure recette est de taxer la consommation. Cette taxe est payée par les consommateurs indépendamment de la source de leur revenu et ne péjore pas leur incitation à investir dans un capital plus productif. On pourrait objecter que les travailleurs sont péjorés car ils paient la taxe sur la consommation. Ce n’est pas un problème car leur paiement est plus faible que le subside qu’ils reçoivent. Les propriétaires de capital quant à eux paient la taxe mais ne reçoivent rien en retour. Nous avons donc bien une redistribution du capital vers le travail, mais d’une manière qui ne plombe pas l’investissement.

En pratique : impôt négatif sur le revenu et TVA

Comment un tel système pourrait-il être mis en pratique ? Une manière simple est de modifier le barème de l’impôt sur le revenu pour introduire un impôt négatif (c’est-à-dire un subside) pour les personnes aux revenus faibles, dont les ressources proviennent essentiellement du travail. Ce subside serait payé par une hausse de la TVA.

Il est donc tout à fait possible de corriger l’impact du progrès technique sur la distribution des revenus, mais ceci ne doit pas être fait via une taxe sur le progrès lui-même.

 

(1) Pouvoir travailler avec un robot me rend plus productif et augmente mon salaire. En revanche, le coût du capital ne change pas. Ce résultat apparemment étrange reflète le fait qu’il est possible d’accumuler du capital, c’est-à-dire d’investir, option qui n’existe pas pour le travail. La hausse de productivité stimule l’investissement, et l’abondance du capital qui en résulte réduit son prix.

Don’t tax robots. Instead, subsidize workers.

The fast pace of technological progress with the growing role of robots is fueling concerns for workers’ income. A subsidy paid to workers can solve the issue, but it should not be funded by a tax on robots. A value-added tax is better.

A comprehensive view

Assessing the impact of technical progress and the appropriate policy response is complex, as we need to take account of the interaction between several pieces: wages, investment, consumption, taxes, and more. Trying to think about the issue only verbally is near impossible.

Macroeconomic models are designed precisely with such analysis in mind. The allow us to focus on the key points and rigorously take account of the interactions between many variables. So let’s review what they have to say (I’ll spare you the equations and technical details).

Benefits and costs of technical progress

The rise of robots can be viewed as an asymmetric technological progress that boosts capital productivity more than labor productivity. I am more efficient if I can use a robot, but it boosts the productivity of other robots even more as they are directly complementary.

Such progress is clearly positive for the economy as a whole. The gain is however unevenly distributed and the income of workers can suffer. This tension between an overall gain and an unbalanced income distribution is more pronounced when it is easy to substitute capital for labor in the production of goods and services.

How technology impacts the economy

The gain from better technology simply reflects the fact that we can produce more when using the same quantity of labor and capital. The easier it is to substitute between these two inputs, the higher the gain: re-orienting production towards more use of capital allows the economy to take full advantage of the higher efficiency of this input.

Progress can also impact the distribution of income. First of all, it leads to a higher cost of labor relative to the cost of capital (1). Firms then adjust their production by using less labor relative to capital. A crucial point is the extent to which one can replace workers with machines.

The mast standard case in economics is the one where a 10 % increase in the cost of labor (relative to capital) lowers the labor-capital ratio (in terms of quantities) by 10 %. The two aspects exactly offset each other and the ratio between the income of labor (wages times employment) and that of capital is unchanged. In other words, progress benefits everyone equally. This stability of the income distribution is precisely why economists have focused on this case as the data show that the income distribution between capital and labor has been broadly stable until recently.

Robots however change the picture because they can take the place of a worker much more easily than machines could. A 10 % increase in the wage then lowers employment (relative to capital) by more than 10 %. The income of labor then falls relative to that of capital (and can even fall in absolute value). The easier it is to replace labor with capital, the larger the impact of progress on income distribution.

How can we redistribute?

To offset the worsened situation of workers we need to transfer income from labor to capital, for instance with a subsidy paid to workers. This is clearly a good idea, but one needs to be very careful about how we pay for this.

An option that is often considered is to tax robots (that is tax the income of labor). The problem with this tax is that it discourages investment, as no one is keen to accumulate much capital if the income is then heavily taxed. We can show that a tax that stabilizes the share of labor in GDP breaks the incentive to invest. More precisely, it puts the economy in the same situation as when labor and capital are not so easy to substitute (the case where a 10 % increase in wages lowers the labor-capital ratio by 10 %). While the economy does benefit from progress to some extent, this gain remains well below the one that could be achieved.

So what can we do? A better strategy is to tax consumption. This tax is paid by consumers regardless of where they get their income from and thus does not weight on their incentive to invest in productive capital. One may object that workers are adversely affected as they pay the consumption tax. This is not a problem however as what they pay is lower than the subsidy they receive to supplement their wages. The owners of capital on the other hand pay the consumption tax but get nothing in return. We thus have a redistribution from capital to labor but without any unpleasant side-effect on the incentive to invest.

In practice: negative income tax and VAT

What would such a scheme look like in practice? A simple way is to adjust the schedule of income tax to introduce a negative tax (i.e. a subsidy) for people with low incomes, who get their income predominantly from wages. This subsidy would be paid for by a value-added tax.

We have the policy tools to correct the impact of technological progress on income distribution. We should simply be careful not to do it via a tax on progress itself.

 

(1) If I work using a robot my productivity increases, and so does my wage. The cost of capital however remains constant. This apparently puzzling pattern reflects the fact that we can accumulate capital by investing, while no such option exists for labor. The higher productivity boosts investment, and the resulting abundance of capital keeps its price low.

 

 

Inégalité salariale : Hâtons-nous (bien trop) lentement

Le renvoi en commission par le Conseil des Etats d’une loi bien modeste sur l’égalité salariale entre hommes et femmes montre que le monde politique peine à prendre le sujet avec le sérieux qu’il mérite. L’argumentaire économique tient difficilement la route.

L’inégalité est un fait

L’écart de revenu entre hommes et femmes a été étudié en détail et ne s’explique pas entièrement par des différences de professions ou de formation. Même en tenant compte de toute une palette de facteurs, il reste un écart inexpliqué de 7.4 pourcent. Cela correspond à un 13ème salaire, ou à 600 francs par mois environ.

L’approche volontaire ne fonctionne pas

L’approche pragmatique suisse cherche d’abord à résoudre les problèmes sans établir une loi contraignante. C’est une bonne approche, mais au bout d’un moment il faut qu’elle produise des résultats. L’écart persistent alors que le principe d’égalité est dans la Constitution depuis 37 ans est un échec. Aucune entreprise ne garderait un cadre qui n’aurait pas mené son projet à terme en 37 ans !

Une pression est donc – hélas – nécessaire. Notons que la lenteur de l’approche volontaire ne montre pas nécessairement de la mauvaise volonté, mais peut simplement refléter une situation classique de complémentarité entre choix des entreprises. Admettons que toutes les entreprises aimeraient bien augmenter le salaire des employées. La décision d’une entreprise dépend cependant du choix des concurrents. S’ils laissent leurs salaires inchangés, l’entreprise qui veut être équitable se trouvera alors pénalisée. Si en revanche les concurrents augmentent les salaires, alors notre entreprise pourra le faire facilement. Il y a donc besoin d’une coordination des comportements. Si le monde économique ne peut pas le faire de lui-même, une loi contraignante peut remplir ce rôle.

Egalité et coût du travail

Augmenter les salaires des femmes de 7.4 pourcent représente un coût pour les entreprises. Nous pourrions cependant très bien étaler cette hausse dans le temps. Et si le problème est là, il y a une solution toute simple (et provocatrice): au lieu d’augmenter le salaire des femmes de 600 francs par mois, augmentons-le de 300 francs et baissons celui des hommes de 300 francs. L’égalité serait ainsi atteinte avec un coût modéré pour l’économie, coût qui semblait être le souci majeur des sénateurs cette semaine. Allons messieurs, pourquoi pas un geste bon pour l’égalité et la compétitivité de nos entreprises ?

Wage inequality: a (much too) gradual approach

The Swiss Parliament upper chamber sent a bill on men-women wage equality back to committee, showing that politicians still struggle to take this issue as seriously as it should. The economic case put forward does not hold.

Inequality is a fact

The wage gap between Swiss men and women has been studied in detail and is only partially accounted for by differences in training or sector of activity. Even when taking a broad range of factors into account, an unexplained gap of 7.4 percent remains. This amounts to a 13th monthly paycheck, or about 600 Swiss francs per month.

The voluntary approach has not worked

The Swiss pragmatic approach is to first try to solve problem without putting in place a constraining law. This is a sensible approach, but after a while it has to lead to results. The persistent wage gap, despite the fact that wage equality has been put in the Constitution 37 years ago, is a failure. No company would keep a manager who would not have brought a project to completion after 37 years!

Some pressure is thus – unfortunately – necessary. Note that the slow pace of the voluntary approach does not necessarily reflect bad will, but could simply be due to a standard problem of complementarity between the choices of different firms. Let’s consider that all firms would like to raise the wage of women. The decision of an individual firm depends however on what its competitors do. If they leave their wages unchanged, the firm trying to be fair will face problems of competitiveness. If however competitors raise wages, then our firms can easily do so. There is thus a need for coordination of choices. If the business world cannot achieve it on its own, a constraining law is necessary to fill this role.

Equality and labor cost

An increase of women’s wages by 7.4 percent is a real cost for firms. We could however spread it through time to make it more bearable. And if this is the core of the problem, there is a very simple (and provoking) solution: instead of raising women’s monthly wages by 600 francs, let’s raise them by 300 francs and lower men’s by 300 francs. Equality would be reached with only a moderate cost to the economy, cost that seemed to be front and center in Swiss Senators’ mind this week. So gentlemen, how about a gesture good for equality and firms’ competitiveness?

Un « effet Trump » sur l’économie ? Pas vraiment

Contrairement à ce qu’affirment le président Trump et ses partisans, avoir un chef d’entreprise à la Maison Blanche n’a pas été positif pour l’économie. La performance est en fait dans la moyenne de celle des autres présidents.

Lier la performance de l’économie au résident de la Maison Blanche est un exercice pas très sérieux, car un grand nombre de facteurs hors de son contrôle affectent la conjoncture. Mais si nous passons outre, que nous disent les données? Pour mettre les choses en perspectives, comparons une série d’indicateurs sous les divers présidents depuis Jimmy Carter.

Croissance et chômage : d’autres ont fait mieux

La figure ci-dessous montre la croissance du PIB sur les deux années depuis la date de l’élection de différents présidents, les démocrates étant en bleu, les républicains en rouge, et Trump en vert. Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir l’économie a crû de 2.4 pourcent. C’est assez moyen, et les deux présidents qui ont fait pire (Georges W Bush en 2000 et Barack Obama en 2008) ont eu la malchance d’entamer leur mandats durant une crise économique.

D’autres présidents ont fait bien mieux, comme Bill Clinton et Jimmy Carter. Ce dernier point peut paraître surprenant car le mandat de Carter est plutôt associé à une morosité économique. En fait, cette morosité c’est manifestée seulement sur la fin de son mandat.

Le taux de chômage a diminué d’un demi-pourcent sous Donald Trump, une performance très moyenne. Clinton et Obama (dans son deuxième mandat) ont fait mieux. Détail piquant, le taux de chômage a tendance à baisser plus fortement sous les présidents démocrates que républicains, même si nous faisons abstractions des trois débuts de mandats ayant connu de fortes récessions (Ronald Reagan en 1980, Georges W Bush en 2000 et Barack Obama en 2008).

Et la bourse ?

Trump fait un peu meilleure figure pour le marché boursier, l’indice SP500 ayant augmenté de 21 pourcent depuis son élection, même en prenant compte du récent repli. C’est une performance honorable, mais nous sommes loin d’un boom qu’une aura de businessman aurait amené. En fait, la situation de bonne performance boursière pour une croissance moyenne est ce à quoi nous pouvons nous attendre suite à des coupes d’impôts axées sur les entreprises et les hauts revenus sans beaucoup d’effet stimulant sur la croissance.

Attention aux clichés

Il est intéressant de comparer la performance de l’économie sur toute la durée des mandats plutôt que des deux premières années. Loin de l’image de républicains sachant mieux gérer l’économie, nous constatons que la croissance est en général plus élevée et le chômage plus faible sous les présidents démocrates (le premier mandat d’Obama tombant durant la pire phase de la crise fait exception). Les deux mandats de Clinton ont été particulièrement prospères. N’y voyons pas un signe de supériorité des démocrates, car la situation économique n’est de loin pas entre les mains du président, mais le cliché de républicains plus solides économiquement est mis à mal.

Un point souvent méconnu est que sur l’ensemble de son mandat Jimmy Carter a fait tout aussi bien au plan du chômage que Ronald Reagan durant son premier mandat. Le souvenir qui est resté d’une économie faible sous Carter est en fait surtout dû à la forte détérioration durant la dernière année de sa présidence avec le second choc pétrolier, ce qui au final lui a coûté son poste.

A « Trump effect » on the economy ? Not really

Unlike what president Trump and his partisans claim, the presence of a businessman in the White House has not been positive for the economy. Instead, the economic performance is average compared to other presidents.

Connecting the health of the economy to the person in the White House is a bit silly, as many factors outside the reach of the president impact the business cycle. But never mind, what do the data show? To put things in perspective, we can compare some indicators under the various presidents since Jimmy Carter.

Growth and unemployment: others have done better

The chart below shows the GDP growth over the two years following the election of various presidents, democrats being in blue, republicans in red, and Trump in green. Since Trump got elected the economy has growth by 2.4 percent. It’s an average performance, and the two presidents who did worse (George W. Bush in 2000 and Barack Obama in 2008) were unlucky to start their mandates during an economic crisis.

Other presidents did much better, including Bill Clinton and Jimmy Carter. This may seem odd as we usually associate the Carter presidency with a weak economy. In fact, that weakness came only during the last year of his mandate.

The unemployment rate has decreased by one-half percent under Donald Trump, a very average performance. Clinton and Obama (in his second mandate) did better. Ironically, the unemployment rate tends to decrease by more under democrat presidents than under republican ones, even if we abstract from the three mandates that started with deep recessions (Ronald Reagan in 1980, Georges W Bush in 2000 and Barack Obama in 2008).

What about the stock market?

Trump does better for the stock market, the SP500 index being up 21 percent since his election, even taking account of the recent correction. It’s a good performance, but we are far from a confidence boom that his businessman aura would have brought. In fact, the combination of a strong stock market and average growth is exactly what we would expect following tax cuts aimed at businesses and high income households with a limited economic stimulus impact.

Beware of clichés

It is interesting to compare the economic performance over the entire duration of presidential mandates instead of just the first two years. Far from the image of republicans being better stewards of the economy, we see the growth is generally higher and unemployment weaker under democrats (the first mandate of Obama under the worst phase of the recent crisis being the exception). The two mandates of Bill Clinton were particularly prosperous. This in no ways shows some superior skills of democrats, as the economic situation is far from being under the control of the White House, but the cliché of republicans being economically stronger takes a hit.

A little known point is that over his full mandate Jimmy Carter did as well on the unemployment front as Ronald Reagan did in his first mandate. The recollection of the Carter’s presidency being a weak economic time is primarily due to the sharp worsening in the last year of his presidency with the second oil shock, which in the end cost him his job.

 

 

 

 

 

No-Billag : l’information n’est pas un produit comme un autre

L’initiative No-Billag considère à tort que l’argent public n’est pas nécessaire pour garantir la diversité médiatique. Or une information de qualité se prête mal au jeu du marché.

L’information est un bien public

« Je paie ce que je consomme » est un argument valable pour la plupart des activités, comme par exemple un repas au restaurant. L’information de qualité fait cependant partie des activités générant une externalité : même si je ne consulte pas les médias je suis exposé aux vues des personnes de mon entourage qui les regardent. Certes, cela ne me fait pas toujours plaisir, mais c’est nettement préférable que de rester enfermé dans ma bulle.

Dans une telle situation d’externalité les économistes savent bien que le marché laissé à lui-même conduira à une consommation trop faible de services comme l’information indépendante. Il y a alors un rôle pour les pouvoirs publics, un point que votre serviteur soulignait déjà voici bientôt un an avec Jean-Pierre Danthine dans le contexte de la presse écrite.

Il est du reste saisissant que les initiants prennent le cas de la presse écrite pour argumenter que l’acceptation de No-Billag serait sans dommages. Après la disparition de l’Hebdo, les restructurations répétées dans la presse romande, et le transfert des recettes publicitaires sur d’autres plateformes, c’est un bien étrange argument. Certes des journaux à l’échelle de la Suisse romande subsistent, pour l’instant, mais leur avenir est très incertain.

Payer pour des services publics que l’on ne consomme pas, ou peu, est normal, car après tout nous bénéficions aussi du paiement des autres pour les services que nous consommons. Il ne me viendrait pas à l’idée de refuser qu’une partie de mes impôts financent l’école primaire sous prétexte que je n’ai pas d’enfants en bas âge, ou l’assurance chômage sous prétexte que j’ai un job stable. Cela serait oublier un peu vite que j’ai bien bénéficié des impôts des autres pendant ma formation.

Réparer plutôt que jeter

La SSR et le système de la redevance ne sont de loin pas exempts de critiques. J’ai par exemple toujours trouvé qu’il serait nettement préférable de financer la redevance via les recettes générales de la Confédération (TVA, IFD et autres) plutôt que via une entreprise n’existant qu’à cette fin.

Mais l’initiative ne propose rien de tout cela. Son texte est limpide :

4- Elle [la Confédération] ne subventionne aucune chaîne de radio ou de télévision. Elle peut payer la diffusion de communiqués officiels urgents.

5- Aucune redevance de réception ne peut être prélevée par la Confédération ou par un tiers mandaté par elle.

Il ne s’agit donc pas de rationaliser le financement des médias ou les tâches de la SSR, mais bien de supprimer tout financement public. Cela revient à jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est une démarche trop radicale : l’information de qualité est un bien trop précieux dans un pays divers comme le nôtre pour qu’on le traite comme un smartphone que l’on jette dès qu’il devient poussif.

No-Billag : information is a special product

On March 4th the Swiss will vote on the “No Billag” proposition to end public financial support to radios and TV (Billag being the name of the company who collected the associated tax). The proponents wrongly consider that public money is not required to ensure the diversity of media. However a good quality of information is not delivered by a free market.

Information is a public good

“I only pay for what I consume” is a valid argument for most forms of consumption, such as a meal taken at the restaurant. An information of quality is however one of the activities that entail an externality: even if I don’t listen to the radio I am exposed to the views of my friends and relatives who do. Sure, this is not always pleasant, but it is much better than remaining locked in my bubble.

In the presence of such an externality economists know that the free market will lead to a suboptimal provision of services such as independent information. There is then a role for public support, a point that yours truly was already stressing a year ago with Jean-Pierre Danthine in the context of written media.

It is actually interesting that the proponents of No Billag make the parallel with newspapers to argue that accepting their proposal would not lead to much damage. After a year where we saw the disappearance of l’Hebdo (a popular weekly magazine), repeated restructuring in the French language Swiss press, and the shift of advertising income towards other platforms, the proponents’ argument is a strange one. Of course there are still newspapers in French speaking Switzerland, for now, but their future remains very much in doubt.

Paying for public services that one does not use is commonplace, as after all we benefit from the payment by others for services that we do use. It would not occur to me to object that part of my taxes fund primary school because I don’t have young children, or fund unemployment benefits because I have a steady job. I doing so I would conveniently forget that I did benefit from other people’s taxes when I was in school.

Fix it, don’t throw away

The SSR (Swiss radio and TV) and the system of the tax funding it are far from exempt from criticisms. For instance I always found that it would be much better to fund public support to media from the general tax base instead of relying on a company whose sole purpose is to levy that particular tax.

But the proposal does not propose any reform. Its text is crystal clear:

4- The Confederation does not subsidize any radio or TV outlet. It can pay for the broadcast of urgent official announcements.

5- No tax on media use can be levied by the Confederation or any third party mandated by it.

The point is thus not to rationalize the way we fund media or the mandate of the SSR, but instead to suppress any form of public funding. This amounts to throwing out the baby with the bath water. This is too radical a step: a good quality of information is much too precious a service in a country as diverse as Switzerland for use to treat it like a smartphone that we toss away as soon as it slows down.

L’inquiétante stagnation de la productivité suisse

La croissance de la productivité est anémique depuis bientôt dix ans, comme le soulignait récemment l’OCDE. Si cela devait persister, tous les défis économiques de notre pays en seront d’autant plus lourds à relever.

La croissance de l’économie suisse a nettement ralenti durant la récente crise, sans surprise. Alors que le PIB augmentait de 2.8 pourcent chaque année entre 2002 et 2007 ce rythme a depuis baissé à 1.4 percent. Certes, ce n’est pas si mal comparé à la situation de nos voisins.

Les sources de croissance ne sont plus les mêmes

La situation est plus préoccupante si nous regardons les sources de croissance, utilisant les données de l’OFS. Celles-ci sont présentées dans le graphique ci-dessous qui contraste la seconde moitié des années 1990, la période avant la crise de 2008, et les années depuis lors. L’économie, comme une entreprise, peut croître de trois manières : en embauchant plus de travailleurs (barre bleue), en utilisant plus de capital (barre verte), ou en faisant un meilleur usage des travailleurs et du capital dont elle dispose (barre rouge). Cette dernière, appelée productivité multifactorielle, est la source la plus désirable de croissance car au final elle seule permet une augmentation du niveau de vie.

Or la productivité multifactorielle suisse n’augmente plus depuis dix ans. Sur la seconde moitié des années 1990, l’économie a crû grâce à l’investissement et une meilleure productivité, et une hausse de l’emploi a renforcé ces deux sources durant les années 2000. Depuis la crise en revanche, la croissance n’a pu être maintenue que par le biais de l’investissement et de l’emploi.

La croissance de l’emploi est certes bienvenue, mais en l’absence de productivité elle ne génère que des gains de niveau de vie modérés. Si la croissance de la productivité s’était maintenue au rythme de 2002-2007, la Suisse produirait actuellement 10 pourcent de plus avec le même niveau d’emploi.

L’investissement ne compense que partiellement

Le niveau de vie est mieux représenté par la productivité du travail – le ratio entre PIB et emploi – que par le PIB lui-même. En effet, à long terme les salaires peuvent augmenter plus rapidement que l’inflation seulement si la productivité du travail augmente.

Le graphique ci-dessous illustre l’évolution de la productivité du travail. Celle-ci augmente lorsque les facteurs de production sont mieux utilisés (la productivité multifactorielle discutée plus haut, barre rouge) ou si chaque travailleur a plus de capital à disposition (barre verte). Si l’investissement a soutenu la productivité dans les années 1990, son rôle s’est depuis amoindri. Par conséquent, la faiblesse de la productivité multifactorielle se traduit directement par une chute de la productivité des travailleurs, qui finit toujours par se refléter dans les salaires.

Un défi majeur

La faiblesse de la productivité est un défi majeur pour la politique économique dans les années à venir. Les problèmes tels que la réforme des retraites ou le poids des coûts de la santé sont gérables dans une économie dont le niveau de vie augmente, mais deviennent bien plus lourd lorsque que l’économie peine à produire les ressources nécessaires.