Un « effet Trump » sur l’économie ? Pas vraiment

Contrairement à ce qu’affirment le président Trump et ses partisans, avoir un chef d’entreprise à la Maison Blanche n’a pas été positif pour l’économie. La performance est en fait dans la moyenne de celle des autres présidents.

Lier la performance de l’économie au résident de la Maison Blanche est un exercice pas très sérieux, car un grand nombre de facteurs hors de son contrôle affectent la conjoncture. Mais si nous passons outre, que nous disent les données? Pour mettre les choses en perspectives, comparons une série d’indicateurs sous les divers présidents depuis Jimmy Carter.

Croissance et chômage : d’autres ont fait mieux

La figure ci-dessous montre la croissance du PIB sur les deux années depuis la date de l’élection de différents présidents, les démocrates étant en bleu, les républicains en rouge, et Trump en vert. Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir l’économie a crû de 2.4 pourcent. C’est assez moyen, et les deux présidents qui ont fait pire (Georges W Bush en 2000 et Barack Obama en 2008) ont eu la malchance d’entamer leur mandats durant une crise économique.

D’autres présidents ont fait bien mieux, comme Bill Clinton et Jimmy Carter. Ce dernier point peut paraître surprenant car le mandat de Carter est plutôt associé à une morosité économique. En fait, cette morosité c’est manifestée seulement sur la fin de son mandat.

Le taux de chômage a diminué d’un demi-pourcent sous Donald Trump, une performance très moyenne. Clinton et Obama (dans son deuxième mandat) ont fait mieux. Détail piquant, le taux de chômage a tendance à baisser plus fortement sous les présidents démocrates que républicains, même si nous faisons abstractions des trois débuts de mandats ayant connu de fortes récessions (Ronald Reagan en 1980, Georges W Bush en 2000 et Barack Obama en 2008).

Et la bourse ?

Trump fait un peu meilleure figure pour le marché boursier, l’indice SP500 ayant augmenté de 21 pourcent depuis son élection, même en prenant compte du récent repli. C’est une performance honorable, mais nous sommes loin d’un boom qu’une aura de businessman aurait amené. En fait, la situation de bonne performance boursière pour une croissance moyenne est ce à quoi nous pouvons nous attendre suite à des coupes d’impôts axées sur les entreprises et les hauts revenus sans beaucoup d’effet stimulant sur la croissance.

Attention aux clichés

Il est intéressant de comparer la performance de l’économie sur toute la durée des mandats plutôt que des deux premières années. Loin de l’image de républicains sachant mieux gérer l’économie, nous constatons que la croissance est en général plus élevée et le chômage plus faible sous les présidents démocrates (le premier mandat d’Obama tombant durant la pire phase de la crise fait exception). Les deux mandats de Clinton ont été particulièrement prospères. N’y voyons pas un signe de supériorité des démocrates, car la situation économique n’est de loin pas entre les mains du président, mais le cliché de républicains plus solides économiquement est mis à mal.

Un point souvent méconnu est que sur l’ensemble de son mandat Jimmy Carter a fait tout aussi bien au plan du chômage que Ronald Reagan durant son premier mandat. Le souvenir qui est resté d’une économie faible sous Carter est en fait surtout dû à la forte détérioration durant la dernière année de sa présidence avec le second choc pétrolier, ce qui au final lui a coûté son poste.

Cédric Tille

Cédric Tille est professeur d'économie à l'Institut des IHEID de Genève depuis 2007. Il a auparavant travaillé pendant neuf ans comme économiste chercheur à la Federal Reserve Bank of New York. Il est spécialiste des questions macroéconomiques, en particulier des politiques monétaires et budgétaires et des dimensions internationales comme les flux financiers.