Sous pression - le trauma

SOMMES-NOUS TOUS TRAUMATISES ? Série sur le trauma #2

Tous mes nouveaux blogs depuis juillet 2023, sur mon site ici: https://therapie-de-couple.ch/blog/#

Fête du 1er août, je suis un garçon de 8 ans, nous sommes montés en famille au chalet pour la fête nationale. Nous sommes très excités, car nous les trois garçons, nous avons pu acheter des feux d’artifice et surtout de petites fusées, de plusieurs grandeurs. C’est le crépuscule, nous ne pouvons pas attendre, dans le champ à côté, nous commençons tout fiers, à en allumer quelques-unes. Mon père, Britannique venu s’installer après la guerre en Suisse, nous supervise un peu, mais… juste pas assez.

A un moment, mon frère aîné, allume une fusée un peu plus grande que les autres, au mauvais endroit, c’est-à-dire au milieu des fusées qui jonchent le sol. Et c’est là que le vrai feu d’artifice démarre ! En allumant cette fusée, le jet de feu, avant de s’envoler, allume une bonne dizaine d’autres fusées, horizontalement, dans toutes les directions. Juste effrayant et drôle comme tout.

Mon père, qui avait fait la grande guerre dans les parachutistes, ne fait qu’un bond en se couchant par terre, les bras en croix, la tête enfouie dans ses bras pour éviter les bombes !? Réflexe de guerre, complètement inapproprié avec toutes ces flèches qui frôlaient le sol. Nous avons beaucoup ri de cette mésaventure maladroite, mais mon cher père, le pauvre, pour un instant était à nouveau dans “sa guerre“.

Le terme de “traumatisme“ désigne les conséquences émotionnelles pénibles que peut entraîner le fait de vivre un évènement éprouvant. Il n’y a pas de règles et c’est subjectif. C’est à dire, que pour deux mêmes personnes, face à une violence par exemple, le trauma et ses conséquences peuvent être singulières et très différentes. Par ailleurs, certains traumatismes sont apparemment asymptomatiques, mais peuvent se réveiller plus tard, de manière surprenante.

 

Ce blog veut vous donner une meilleure notion

de ce qu’est un psycho-traumatisme

et de quelle manière il peut impacter nos vies et nos proches.

 

Wikipédia en donne une définition simple :

“Le traumatisme psychique, psycho-traumatisme, ou traumatisme psychologique, est l’ensemble des mécanismes de sauvegarde d’ordre psychologique, neurobiologique et physiologique1 qui peuvent se mettre en place à la suite d’un ou de plusieurs évènements générant une charge émotionnelle non contrôlée et dépassant les ressources du sujet (défaut d’intégration corticale). Il s’exprime très souvent par un trouble de stress post-traumatique mais également par des troubles de l’humeur, troubles de la personnalité, troubles de l’alimentation, troubles anxieux généralisés, symptômes dissociatifs, troubles psychotiques aigus, maladies liées aux stress, etc.“

Il est donc à différencier du traumatisme somatique en médecine classique.

 

Une autre histoire, en résumé approximatif, celle de mon Prince Harry !

En 1997, ce petit garçon de 12 ans , Harry, perd sa mère, Diana, de manière dramatique. D’après son récit dont il a abondamment parlé à la Presse, il décida que pleurer, ça ne ferait pas revenir sa mère. Donc il bloqua ses réactions naturelles à un tel choc, comme pleurer, être en colère, craquer et ressentir toutes ces émotions et sentiments qui viennent dans de pareilles circonstances. Il tient le coup, mais dès la fin de son adolescence Harry est turbulent, fait ses frasques, et s’attire des ennuis et le regard des tabloïds… Drogues et alcool, partys déjantées, bagarres etc… Vers l’âge de 28 ans, son grand frère William lui parle et lui demande de se prendre en main et d’aller consulter un thérapeute. Il le fait et cela change tout. Il en parlera à l’époque dans la Presse, en s’exposant de manière étonnante pour un British. D’ailleurs, il a été reconnu pour avoir fait beaucoup pour que la notion de Santé Mentale soit plus acceptable et utile au Royaume Uni.

Suite à ce premier travail sur ses traumas et son passé, il rencontre sa femme Meghan, fonde une famille, quitte son pays et se libère du carcan lourd de notre bien aimée Famille Royale normalement dysfonctionnelle. Pour toute jeune personne, c’est un vrai signe de santé, qu’au moment de sa prise d’autonomie, elle mette une distance avec le premier “nid“ . Cela n’arrange pas sa famille, ce qui est souvent le cas. L’émancipation a parfois un coût.

Cela [les séances de thérapies, il en refait depuis les 4-5 dernières années.] fonctionne pour moi, et je commence à revenir au point de traumatisme et à être capable de tout démêler et déballer pour que je puisse maintenant vivre une vie vraiment authentique, être vraiment heureux et être un meilleur père pour mes enfants”, a relaté le prince Harry. Avant d’ajouter : “Mais en même temps, je me sens de plus en plus distant avec mes proches et ma famille.” Interview du 4 mars 2023

Harry se lâche, décide de parler, d’écrire et de partager son expérience, médiatise et finance ses révélations. Vous pouvez le juger, vous moquer de lui, mais je reste convaincu que son parcours est exemplaire et pour un hyper-sensible et suppléant, il prend sa place et s’offre un vrai chemin de résilience !

Récemment, il a eu un entretien avec un des spécialistes du trauma, le Dr Gabor Maté (ce dernier sera le sujet d’un prochain blog). Le Prince Harry semble avoir vraiment appris comment travailler ses traumas. Il prend ainsi ses responsabilités, ce qui lui permet de vivre sa vie, et que du coup, il libère aussi ses enfants : “ Je ressens une énorme responsabilité à ne pas transmettre les conséquences de mes traumatismes ou d’expériences négatives que j’ai vécues en tant qu’enfant ou en tant qu’homme en grandissant“.

 

Pour vous rassurer, (!) cette rupture nécessaire,

permets souvent plus tard dans de meilleures conditions,

un retour à des relations familiales plus sereines.

 

Dénis, moqueries et dangers ambulants :

La grande méthode après-guerre était de serrer les dents, serrer les fesses, un coup de rein pour se remettre debout, “stiff upper lip“ (lèvres pincées), arrêter d’en faire toute une histoire et aller de l’avant ! Dénis et minimisation. Il fallait survivre, il y avait donc de bonnes raisons à cela. La psychologie populaire en livres et dans les magazines n’existait pas, “ma foi, on devait vivre avec !“

Dans les caricatures, surtout pour nous les hommes, il est de bon ton de ne pas montrer nos faiblesses, de ne pas s’en occuper, voire même de se glorifier de nos cicatrices, de notre dureté et de notre insensibilité. Même si cela est un peu moins vrai ces dernières années, où beaucoup d’hommes (et de femmes bien-sûr) ont pu se montrer vulnérables, même en public, dans les médias, cela reste une sorte de tabou.

Je ne veux pas en parler“, “mais oui, je vais bien“ , “je peux le faire tout seul“, “ça ira mieux“ sont des phrases naïves, mensongères, trop courantes dans les couples et familles, où l’on pourrait s’attendre à plus de transparence et d’honnêteté.

La vulnérabilité (le fait d’être humain, “blessable“ (“verwundlich“ en allemand) est souvent assimilé à de la faiblesse ou de la fragilité. Les Maîtres disent qu’au contraire, c’est une grande force que de pouvoir se montrer vulnérable, de s’assumer dans son humanité.

 

Et de devoir toujours jouer les forts pour cacher ses failles,

c’est un aveu de faiblesse, c’est tuant pour les proches,

et en terme de santé psychique ou physique, c’est dangereux et stupide.

 

Conséquences sur l’entourage : un être humain traumatisé, marqué par un ou des évènements douloureux et laissant de graves blessures au corps et aux âmes, porte ce fardeau et réussi à survivre. Ce qui est déjà extraordinaire. Souvent à l’aide d’addiction, de consommation de substances, de compensations dangereuses et de comportements dysfonctionnels lourds pour les proches au travail ou en privé.

Mais lorsqu’il s’agit de vivre, alors cela devient beaucoup plus difficile. Porter un poids, une ombre, des charges fantômes nous rend maladroit, hyper réactifs de manière inappropriée, peut nous faire passer à l’acte, de manière désastreuse. Une image : nous sommes un peu comme des bombes à retardement. Ces bombes explosent souvent dans le contexte intime et sécure d’un couple ou d’une famille où l’on se lâche de manière plus automatique, parfois des années plus tard.

Imaginez le conflit Russo-Ukrainien en ce moment. Des deux côtés, tous ces traumas, toutes ces charges émotionnelles violentes concernant la folie déshumanisée de cette guerre. Combien de générations devront absorber et faire leur processus avec les séquelles et les conséquences de cet absurde et inutile massacre ?

Il en est vrai de chaque guerre d’ailleurs.

 

Il y a de petits traumas et de grands traumas. Il y a un temps et une disposition à créer pour les travailler avec un professionnel. Certains, rarement, se métabolisent et se digèrent de manière naturelle. D’autres agissent comme les secrets de famille, et peuvent se transmettre aux générations suivantes.

La prise de conscience est souvent facilitée par des proches, par les femmes en particulier – davantage en contact avec leur ressenti, ou hélas victime de la violence normalisée et niée de leur conjoint.

 

Attention, il n’a rien de plus naturel

que nos névroses et nos vieux traumas… !

Ce n’est pas une bonne raison que de les laisser prendre la place et polluer l’ambiance !

 

Les sciences humaines et les experts ont fait des pas de géants dans ce domaine, ces dernières décennies, nous apprenons beaucoup comment en prendre soin et de s’en occuper de manière délicate et appropriée.

 

Demander de l’aide est un signe de maturité.

 

Il y a souvent un avant et un après. Le thème de la résilience que nous voyons partout parle de cela. Il est possible de rebondir, de passer à autre chose, de créer une qualité de vie intérieure meilleure pour nous-même et aussi pour nos proches.

 

  • Réveiller le tigre – Guérir le traumatisme“, Peter A. Levine, Ed InterEditions 2019
  • La sagesse du trauma“, voir ce film récent, en français aussi, qui fait état des dernières découvertes sur le trauma. https://thewisdomoftrauma.com/fr/
  • Of Men and War“ Film exemplaire et bouleversant sur le travail proposé à des soldats mal revenus d’Irak, pour les aider dans leur symptômes post-traumatiques. https://vimeo.com/ondemand/ofmenandwar
  • Prince Harry, voir la Presse

 

 

Stephen Vasey

Stephen Vasey est sociologue, travaille à Lausanne comme Gestalt-thérapeute en consultation individuelle et couple. Anime des séminaires sur la relation et la sexualité des couples, d’autres sur la colère saine. Auteur du livre « Laisser Faire l’Amour ». www.therapie-de-couple.ch

13 réponses à “SOMMES-NOUS TOUS TRAUMATISES ? Série sur le trauma #2

  1. Lorsque traumatisé depuis sa plus petite enfance, on ne s’en sort jamais, ou très difficilement (témoignages).
    On garde toute sa vie une haine envers les coupables (atrocités) et on s’en veut à soit même d’être resté en vie pour avoir enduré ces souffrances ou ne pas avoir su s’en libérer.
    Ceux qui battent et violent leurs enfants et/ou épouses sont des criminels mais ne sont jamais inquiétés.

    1. Merci Ange, de votre commentaire.
      D’abord, je suis très touché de ce que vous exposez, je ressens une immense douleur et une évidente rancoeur.
      Je suis désolé pour vous.
      Avez-vous lu le blog? De travailler depuis 35 ans avec le malaise et la douleur du monde, mais aussi avec la résilience, l’apaisement et la guérison de blessures terribles, j’ai confiance que nous apprenons et progressons et que nous pouvons mieux accompagner le trauma. En cette époque, vu nos progrès, plus que jamais.
      Et vous avez raison, il est primordial que les auteurs (souvent eux-mêmes traumatisés) de ces abominations soient rendus responsables et sanctionnés.
      De tout coeur avec vous.

      1. Justement, aucune amélioration depuis des décennies, aucune condamnation, aucun coupable en prison, de plus en plus de drames quotidiens, passés sous silence.

        Un garçon de 10 ans que je connais est allé au poste de police avec du sang sur le visage à cause des coups de son père alcoolique et la seule réponse du flic a été “… enfin un père qui se respecte, sors de là ou je vais t’en coller une”.

        Que faites-vous avec les autorités compétentes (si j’ose dire !) ?

        1. Pouvez-vous donner des exemples de traumas légers. Le sevrage, ‘maman n’est pas venue me chercher à la crèche’, ‘Jules m’a arraché mon jouet’, sont-ils des traumas?

  2. @ Ange / 7 avril 2023 à 15h38

    Je ne pense pas qu’il y a de plus en plus de drames quotidiens passés sous silence. Je ne me réfère pas aux événements publiés dans les journaux, mais aux « histoires » mémorisées depuis mes treize ans jusqu’à aujourd’hui, septante. Les scènes courantes de violence à l’école ou à la maison, où professeurs ou parents employaient « les bonnes vieilles méthodes », n’étaient pas relatées en tant qu’évènements parce que considérés comme « normales ». Le SPJ était déjà présent à cette époque, mais n’intervenait pas pour empêcher les « châtiments corporels » qui étaient en usage « pour le bien de l’enfant ». Dans les pays qui ont peu à peu instauré des lois interdisant ceux-ci, d’abord en définissant des limites sur les moyens employés (main, instrument), puis totalement ou presque, il m’apparaissait que les lois ne suivaient pas une évolution du grand public quant à ces méthodes (remises en question peu après la reconnaissance des droits de l’enfant en tant que personne). L’entourage des personnes de ma génération riait le plus souvent de ces changements (encore une invention des psychologues). Ceux qui avaient dix ou vingt ans de moins, bien que pas révoltés ou moqueurs, avaient de la peine à comprendre que ce qui était « normal » (l’éducation qu’ils ont reçue) ne l’était ensuite plus. Dans le domaine de l’éducation (école, famille), les avis se rejoignent en rapport de l’âge, de manière plus marquée que dans les autres sujets de discussion.

    L’histoire du garçon de dix ans, que vous relatez, n’est pas la norme actuellement. Voyez comment réagissent généralement les parents quand un professeur perd les nerfs et donne une gifle : l’affaire tombe sur le bureau du directeur bien emprunté qui n’a d’autre choix que de prendre l’histoire au sérieux. Il songe déjà à la mauvaise image que cet événement peut donner, et sermonnera le professeur au moins sur cet aspect.

    La police, aujourd’hui, mieux qu’avant ? Mon avis est qu’elle a fait de grand progrès. Le commandant n’est pas plus libre que le directeur d’école, il est conscient de ses responsabilités avec les lois qui se resserrent et l’obligation de justifier tout acte afin de prévenir les abus. Est-ce que pour être un bon policier, il faut jouir d’une bonne maturité ? Pas plus que dans le passé, mais comme dans le passé un bon policier obéit sans faille à son commandant… Donc à mon avis cela ne va pas si mal. Bien sûr cet avis se réfère peut-être trop au « vieux temps », j’ai grandi moi aussi avec ce qui était longtemps considéré « normal ».

    Quand l’immaturité s’ajoute à la vieillesse, celle-ci sonne encore plus tristement. Un jour, dans le bus, les paroles d’un gendarme depuis longtemps retraité :
    « Ces sales gamins qui chahutent, ce ne sont pas des enfants mais des voyous ! »
    Moi : « Et vous, vous n’êtes ni un voyou ni un adulte, mais grand enfant sage de septante ans ! »

    Les gamins turbulents étaient contents que ce soit le gendarme qui se fasse gronder, celui-ci me criait en retour que je suis un malhonnête, peu avant que le conducteur du bus serre son frein à main et se retourne :
    « C’est bientôt fini ce cirque ? ! »

    Quel cirque ?.. Celui de trois générations différentes qui revendiquent leur droit d’exister en premier dans un bus où il est impossible de s’échapper ? Je pense que c’était quand même positif que l’on se soit parlé, y compris les enfants qui criaient parce qu’ils ont besoin de grandir… Ah pauvre gendarme qui n’a pas assez ri et crié dans son enfance.

    (À M. Stephen Vasey : si mon commentaire prend trop de place ou dérive du sujet, vous êtes libre de ne pas le publier).

    1. @dominic
      SVP, ne pas tout mélanger.
      Gronder les gamins ou les gifler n’est pas assimilable à battre ou violer des familles entières alors que les services sociaux sont au courant depuis des années mais ne font rien ou si peu.
      Les juges suisses ne prennent aucunes mesures contraignantes.
      Le nombre de femmes et aussi enfants qui meurent sous les coups continue à augmenter mais personne n’en parle.

      En Suisse, 135 femmes ont été tuées par leur conjoint entre 2009 et 2018, soit une par mois en moyenne, selon l’Office fédéral de la statistique, rapportent le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung.
      https://www.rts.ch/info/suisse/11581796-une-femme-meurt-chaque-mois-en-suisse-sous-les-coups-de-son-conjoint.html

      En France:
      Nombre de victimes féminines d’homicides liés aux violences au sein du couple en France entre 2006 et 2021.
      https://fr.statista.com/statistiques/573279/nombre-femmes-tuees-violence-couple/

      Donc approximativement, on a autant de meurtres en Suisse qu’en France avec une population de 8 millions contre 65 milions.
      Moralité, tout va bien en Suisse mon Général, y a rien a voir, circulez (en silence SVP).

      1. Correctif:
        Le nombre de femmes tuées en France est bien supérieur qu’en Suisse. On en note environ 120 par année (Statista), donc malheureusement 10 par mois contre 1 par mois en Suisse.
        Ce qui n’excuse rien chez nous mais situation encore bien pire en France.

  3. @ Ange / 8 avril 2023 à 3h11

    Je ne mélange pas tout, bien au contraire, et aborde dans mon texte le recours à la violence dans le cadre de la famille. Maintenant si vous voulez faire la distinction entre une gifle et les coups pouvant entraîner la mort, en vous focalisant sur ces derniers parce que bien plus graves, je peux le comprendre, mais cela ne contribue pas à l’étude des origines de la violence en tant que telle, et encore moins en faisant la part entre ce qui est admissible ou non. Ce sont les types de comportements qui en premier lieu doivent être remis en question, pas en particulier quand il s’agit d’un homme qui maltraite une femme, mais dans tous les cas de figure où les rapports de force physique ou de contraintes psychiques s’exercent de manière nocive, sous des prétextes tendant à présenter ces agissements comme étant « normaux ».

    Vous ne connaissez pas le milieu des Services sociaux, du SPJ, de la police, et de toutes les professions concernées qui mènent un travail pour lequel le public ne les soutient pas. Ceux-là en voient bien plus que vous, pas en chiffres dans la presse mais sous leurs yeux. Je dirais donc qu’il « n’y a rien à voir » quand on arrive pour juger en ne faisant rien. Il n’est pas interdit d’agir à sa mesure quand des cas malheureux de tous degrés se présentent à proximité, en conservant le désir de ne pas « tout mélanger ».

  4. En me focalisant sur les commentaires, j’ai oublié que je voulais donner d’abord un avis sur votre article. Rassurez-vous, je dirai les choses en plus simples pour ne pas remplir la page. J’apprécie que vous ayez été sensibilisé à la vie du Prince Harry, je n’ai jusqu’à maintenant lu que des articles relatant les sentiments des Anglais à son sujet, ou des citations de son livre choisies pour le ridiculiser : un homme riche qui a tout pour être heureux, et qui se comporte en enfant gâté, ignorant les vraies difficultés de la vie, c’est de cela qu’on a le plus parlé. Et pourtant, beaucoup de personnes pourront se reconnaître sans être riche ou prince, et constater que l’honneur et le pouvoir ne compensent pas les manques et difficultés relationnelles dans la période de son enfance. Bien sûr nous avons déjà des récits historiques de vies tristes ou événements cruels dans les familles royales, mais on ne s’en émeut pas, c’était il y a si longtemps ! Cela faisait pourtant aussi mal que maintenant. Est-ce que c’est seulement l’éloignement dans le temps qui explique ce phénomène ? En rapport ce cela, une petite histoire toute récente :

    Mon ami prêtre devait être opéré d’un œil, il avait très peur. Sa femme psychologue était là pour l’accompagner, le rassurer, l’écouter… J’avais l’habitude d’envoyer à celle-ci, de temps en temps, des images prises sur internet (qui montrent la vie, nos rêves, nos folies), et elle m’en retournait d’autres qui l’avaient touchée. Je n’avais alors pas résisté, avec mon humour pas toujours compris, à lui envoyer une gravure en couleur d’un patient richement vêtu soigné au Moyen-Âge. Le grand médecin lui plantait délicatement une perche pointue dans l’orbite… La réponse que j’avais reçue ?.. « Oh c’est joli ! » Je m’attendais à : « Quelle horreur ! » Pour moi cela reste un mystère…

  5. Si nous sommes tous traumatisés et soignés comme tels, alors nous allons tous nous couper de notre famille, ce qui crée un grave problème d’isolation sociale pour des personnes malades ou déprimées. Si nous mettons à la place les amis que nous voulons, nous choisissons alors amis jeunes, beaux, riches, heureux et populaires que nous rejetons ou qui nous rejettent si ces critères de succès ne sont pas remplis. Il faudrait d’autres relations humaines. De plus, chaque problème réel, présent est mis sur le compte du trauma et ignoré. Il se trouve que les maltraitances infantiles sont interdites, et le nombre de dépressions double à chaque génération, ce qui remet en cause l’importance des traumas. Nous vivons dans une société dysfonctionnelle par le stress du travail et l’absence de relations humaines et la rupture de contacts familiaux aggrave encore leur déficit. Le pourcentage des personnes sans contact social pendant plus d’un mois, ou trois mois est conséquent.

  6. @ Stéphanie, 10 avril 2023 à 9h39 et 10h58
    (C’est mon dernier commentaire),

    Poser l’hypothèse d’un lien de cause à effet, qui s’il peut être confirmé, permet d’agir en amont sans garantie de succès. Vos commentaires parlent de « vrais » et « faux » traumatismes dans le contexte de la famille, si je ne me trompe. Une personne qui souffre régulièrement en évoquant un événement particulier, unique ou répété, dans le présent ou le passé, ne va pas faire a priori l’objet d’une analyse dans le but de savoir si son état se justifie ou non en rapport de ce qu’elle a vécu. Celle-ci manifeste son traumatisme, on ne va pas lui répondre d’entrée, dans un lieu de soins ou d’accompagnement : « Oh vous faites des histoires pour pas grand-chose ! » Les gifles en tant que moyen éducatif sont un exemple que vous avez choisi pour laisser entendre qu’il y a des « faux traumatismes ». Une gifle, même sans grande souffrance physique, est humiliante. La loi suisse la tolère quand elle est donnée dans un instant de profonde exaspération, mais la condamne en tant que méthode punitive, donc planifiée. Pensez aussi qu’une gifle peut manifester le rejet, ce dont un enfant est parfaitement capable de saisir. Les cas de figure sont nombreux, je pense qu’il est chaque fois important de donner la parole à celui qui reçoit la gifle, et celui qui la donne. Vous déplorez les séparations ordonnées pour le tort qu’elles causeraient, ce ne sont pas des décisions prises par facilité, mais afin de préserver l’intégrité psychique, physique, ou les deux de personnes ne parvenant plus à vivre calmement ensemble, avec des dégâts constants ou allant en croissant. De plus les enfants placés temporairement ne sont pas sans contacts sociaux, ils ont l’occasion de communiquer avec des personnes en bonne santé, et parfois se reposer de tempêtes supportées à la maison. Vous parlez de rupture des contacts familiaux qui aggravent d’autant plus le « déficit » de ces enfants. N’y a-t-il que des situations qui s’expliquent par un déficit propre clairement diagnostiqué ? Ces enfants ont-ils pour déficit de ne pas réussir à s’adapter à un milieu familial invoquant toutes sortes de mauvaises influences extérieures afin de ne pas se sentir partie intégrante du problème ? Je veux bien croire que le pollen qui entre par les fenêtres fait tousser toute la famille, mais pour ce dont on parle, c’est au paysage entre les quatre murs qu’il est constructif de s’intéresser.

    Il faudrait d’autres relations humaines, dites-vous. C’est nous qui les construisons, à la maison, autour de soi dans la rue, les magasins et… en famille. Dans une société instable, le bonheur et le plaisir de vivre existe encore toujours en divers lieux et moments, seul à la montagne à 85 ans, emporté par les rires chez MacDonald à 16 ans, et même dans une famille d’accueil à dix ans, après séparation pour un, deux, trois mois…

  7. Chère et Cher blogueur du Temps,

    J’apprends comme vous que la plateforme va fermer.

    Même si nous ne pouvons guère agir sur cette décision, il me semble capital de demander au journal de maintenir une archive en ligne.

    En effet, s’il est possible de déplacer un blog techniquement, il reste très délicat d’effacer une archive qui sert d’outils pour notre communauté, nos articles pouvant être cités par ailleurs.
    Mes articles circulent notamment dans des communautés en santé mentale, et aucun référencement ne pourrait aujourd’hui leur permettre une visibilité équivalente via un moteur de recherche.

    Il serait dans mon cas insensé que les articles publiés depuis plusieurs années soient déplacés sur une autre plateforme.

    C’est très important de demander au Temps de maintenir une archive visible et consultable.
    Je propose de rédiger un courrier à plusieurs pour faire une demande groupée dans ce sens.

    Bien à vous
    Caroline Bernard
    Démesurer
    https://blogs.letemps.ch/caroline-bernard/
    Me contacter
    [email protected]

    1. Bonjour,
      Merci pour cette initiative. Je vous propose de rédiger une demande à laquelle vous pourriez apposer notre signature d’accord, qu’en dites-vous?

Les commentaires sont clos.