La culture suisse aux artistes : « La télévision m’a tuer »

L’embêtant, avec l’initiative No Billag, c’est qu’elle ne fait pas dans la nuance. La redevance annuelle non plus, hélas, qui finance à la fois une programmation radiophonique de haut niveau où la culture est mise en valeur, mais aussi une programmation télévisuelle en dessous de tout dans laquelle, même avec la meilleure volonté du monde, on serait bien en peine de trouver quoi que ce soit qui correspondrait à son cahier des charges (favoriser la diversité culturelle et la diffusion de la production culturelle suisse, par exemple…) à part quelques émissions alibis et superficielles à des heures indues et juste là pour sauver la face et justifier le budget.

L’embêtant avec l’argumentation contre No Billag, c’est que, pour des raisons d’efficacité politique, elle ne fait pas non plus dans la nuance : un tract récent de Suisse Culture, l’Organisation faîtière des associations de créateurs artistiques et de professionnel des médias, souligne que soutenir le service public culturel d’une radiotélévision suisse, c’est attacher de la valeur à (c’est moi qui met en gras) :

– « la diversité d’une offre culturelle faite d’informations critiques et de programmes authentiques produits en Suisse : musique, films, textes, arts visuels, festivals, concerts en direct »

– « la possibilité pour les artistes de publier et de diffuser leurs projets et leurs oeuvres »

– « l’encouragement de la production et de la réflexion culturelles dans les médias, dans l’esprit d’une société démocratique et solidaire »

En revanche, Suisse Culture avertit que soutenir No Billag, c’est, entre autres :

– « aboutir à une large privatisation ou commercialisation de l’encouragement de l’art et de la culture par les médias suisses »

– « détruire la diversité culturelle, c’est à dire restreindre fortement la diversité de la diffusion et de la production culturelle en Suisse : d’où sensiblement moins de musique suisse à la radio et sur internet, pas de films suisses à la télévision et au cinéma, plus d’histoires ou pièces radiophoniques à la radio, peu ou pas de festivals, moins de mise en réseau et d’informations »

LA RADIO SUISSE ? BRILLANTE !

J’ai évidemment voté contre No Billag pour toutes les raisons que l’on sait, sans compter mon intérêt personnel bien compris : si d’aventure un de mes textes ou une de mes prestations scéniques étaient diffusés à la radio ou à la télévision, ça me ferait beaucoup de pub et j’aurais peut-être droit à une (très modeste) rémunération. « Des p’tits sous », comme dirait ma grand-mère, pour une fois plutôt réaliste…

De ce côté-là, rien à dire concernant la radio, qui remplit son cahier des charges de radio nationale, de soutien aux artistes locaux, de représentation des différentes sensibilités nationales et qui, sur ses quatre chaines, mais en particulier sur la Première et sur Espace 2, fait un travail extraordinaire de mise en valeur du patrimoine suisse, par des interviews, des documentaires, et aussi par ses créations notamment grâce à David Collin, qui dirige Le Labo, la structure fiction d’Espace 2, à qui l’on doit un renouveau du genre à la radio – je recommande la brillante série pastiche Hillary et Donald à la Maison Blanche jouée par une kyrielle d’artistes (Michèle Durand-Vallade, Jean-Luc Borgeat, Edmond Vuilloud…) et concoctée par d’excellents auteurs (Isabelle Carceles, David Collin, Alain Freudiger…) ou Les évadés du Spitzberg de Jonas Pool, dont l’excellente qualité a été relevée tout récemment par le magazine français Télérama.

Entre parenthèse, je ne comprends pas pourquoi la radio ne fait pas l’objet, au même titre que la télévision, d’une vraie présentation détaillée et critique des programmes dans nos quotidiens et nos magazines, en particulier ceux du groupe Ringier Axel Springer Suisse SA (Le Temps, l’Illustré, TV8), qui trouveraient là un nouveau débouché non seulement apprécié par les fans de radio, mais aussi utile à la mise en valeur efficace d’une part importante de notre culture, et de l’extraordinaire vitalité de notre radio : ça se fait bien en France, dans l’Obs et dans Télérama, pourquoi pas en Suisse ?

LA TÉLÉVISION SUISSE ? QUELLE TÉLÉVISION SUISSE ?

En revanche, c’est avec tristesse et en trainant les pieds que j’ai voté contre No Billag au profit d’une télévision d’état qui ne remplit pas du tout son cahier des charges.

Car il y a plusieurs questions à se poser, et notamment sur l’utilisation du budget de l’audiovisuel national suisse financé par Billag, c’est à dire par la redevance que chacun paie.

À part les frais de fonctionnement normaux (matériel, studios, personnel), on aimerait bien disposer de chiffres précis sur l’utilisation du budget dans la programmation :

quel est le pourcentage du budget à l’achat de fictions américaines et étrangères qui, en Suisse, occupent tout de même, en moyenne, plus de 15 heures quotidiennes de cerveau(x) disponible(s) ?

– quel est le pourcentage du budget pour des émissions présentant la vie culturelle suisse (interviews d’écrivains et d’artistes, concerts, récitals à la télé, etc.) ?

– quel est le pourcentage du budget utilisé pour la création suisse (produite par la télévision ou la radio, séries télévisées, documentaires, reportages, cinéma) ?

pourquoi RTS Deux est-elle une chaîne consacrée presque exclusivement au sport alors que dans le meilleur des cas, le public-cible doit se monter à 50% de la population (hommes et femmes confondus, le sport n’intéresse pas tout le monde) ?

LA TÉLÉVISION SUISSE N’A PAS DE PLACE POUR LES CRÉATEURS SUISSES

Il faut se faire une raison : un créateur suisse qui scruterait avec espoir la grille des programmes de télévision susceptible de présenter son travail littéraire, théâtral, musical, chorégraphique, cinématographique ou autre, aurait en tout et pour tout environ 20 minutes quotidiennes de programmation disponible, qui se résume à un passage au Journal Télévisé de RTS UN pour un sujet de 10 minutes à tout casser.

J’exagère ?

Prenons le cas de la grille de programmes télé du samedi 10 février 2018 (le samedi, jour d’audience maximale, bien utile pour tout créateur) :

7.25 RTS Kids : La maison de Mickey Mouse, Hé, Oua-Oua, The Furchester Hotel, La Pat’Patrouille, Mile dans l’espace, La tribu Montichi, Crakan Studio présente (sur 3 heures, environ 50% de production anglo-saxonne)

10.15 : Quel temps fait-t-il ?

10.30 : Clo-Clo, la revanche du mal-aimé (2 heures de documentaire français)

12.25 : Interface

12.45 : Le 12.45 (info)

13.15 : Météo

13.25 : Faut pas croire

13.55 : Les dragons de Komodo, une histoire d’amour (1 heure de documentaire étranger)

14.55 : Dossiers criminels : l’affaire Thomas Chevallier : l’étrange meurtre du notaire (une heure de série documentaire française)

15.45 : Columbo (1 heure de série américaine)

17.05 : Prof T

18.45 : Les saisons de « Pique-assiette »

19.15 : Météo

19.20 : Swiss Loto (en français dans le texte)

19.30 : Journal télévisé

20.00 : Météo

20.05 : Le Grand Quiz (jeu télévisé)

21.55 : Cinquante nuance de Grey (2 heures de série américaine)

0.00 : Homeland (2 heures de série américaine)

En résumé, sur 17 heures de programmation, la RTS UN diffuse environ 10.30 par jour de programmation étrangère (programmes pour enfants compris), 6.30 de production plus ou moins suisses, où je relève en particulier, par ordre de durée, le Journal Télévisé (1 heure), les jeux Swiss Loto et le Quiz (1 heure), la météo (45 minutes), Faut pas croire (30 minutes), Pique-assiette (30 minutes).

Quant à RTS DEUX et ses 24 heures de programmation, on arrive à 23.20 de programmation de sport et 40 minutes de non-sport, c’est à dire, le Journal Télévisé (30 minutes) et le Trio Magic (10 minutes).

LA TÉLÉVISION PUBLIQUE SUISSE ? UNE TÉLÉVISION AMÉRICAINE !

Le reste de la semaine, dimanche compris, ça ne s’arrange pas, voici une petite statistique de ce qu’on pouvait voir du 12 au 16 février 2018 :

American Crime (90 minutes), Chicago Police (40 minutes), Cold Case (45 minutes), Friends (30 minutes), Hawaii 5-0 (90 minutes), Heartland (90 minutes), Inspecteur Lewis (90 minutes), Le monde nous appartient (30 minutes), Les Feux de l’amour (40 minutes), Life in Pieces (20 minutes), MacGyver (90 minutes), Monster (120 minutes), New York Unité Spéciale (90 minutes), Occupied (110 minutes), Outlander (120 minutes), Plus belle la vie (30 minutes), Pure Genious (45 minutes), Retour à Cedar Cove (90 minutes), Suits (90 minutes), Top Models (25 minutes), Wilder (120 minutes)

C’est à dire 21 séries étrangères, environ 1495 minutes, soit 25 heures quotidiennes de programmation presque exclusivement américaine répartie sur les deux chaines nationales de langue françaises, et je ne comptabilise pas les téléfilms et les films.

MAIS LA CULTURE SUISSE À LA TÉLÉVISION SUISSE, ALORS ?

Prenons le problème à l’envers et cherchons sur RTS Un et RTS Deux, pour la même semaine, les programmes culturels susceptibles de mettre en valeur les créateurs suisses (je ne compte pas Pique-Assiette, ni Le Grand Quiz, ni les courts sujets quelquefois culturels du TJ) :

Samedi 10 février : rien

Dimanche 11 février : ‘Pardonnez-moi’, avec Darius Rochebin (manque de pot, il reçoit Gérard Depardieu, mais bon) – 45 minutes

Lundi 12 février : Rien

Mardi 13 février : Rien

Mercredi 14 février : Infrarouge, consacré justement au débat sur Billag (60 minutes)

Jeudi 15 février : Rien

Vendredi 16 février : Rien

En gros, 105 minutes, soit 1 heure 45 disponible pour la culture nationale, quand Darius Rochebin et Infrarouge veulent bien s’intéresser à un sujet culturel suisse.

CONTRE ‘NO BILLAG’ MAIS POUR UNE VRAIE TÉLÉVISION SUISSE

C’est que la programmation à la télévision suisse reste coincée dans une problématique à mon avis dépassée.

D’un côté, elle veut essayer de récupérer la jeune génération qui, aujourd’hui, ne regarde plus la télévision, préférant se faire son propre programme via internet.

De l’autre, elle ne veut pas perdre les autres générations, les 40 ans et plus, une clientèle qui aurait tendance à aller voir ailleurs, ce qui explique les séries télévisées américaines achetées à tour de bras pour faire concurrence aux chaines françaises (ou allemandes, ou italiennes) et pour que les téléspectateurs suisses restent sur les chaines nationales, mais aussi les interviews de prestige de Darius Rochebin avec de grandes stars étrangères.

Mais, dans une télévision publique et subventionnée, concevoir une programmation télévisuelle et utiliser la majeure partie du budget à la promotion de produits culturels étrangers au pays pour empêcher que les spectateurs aillent voir ailleurs, est-ce que c’est vraiment de la programmation ? Et est-ce que ça remplit le cahier des charges ?

Les temps ont changé, les publics ont changé et la vie d’une programmation s’est rallongée et donc rentabilisée par la multiplicité des supports, la chaine franco-allemande Arte en est un bon exemple à ce niveau-là : elle touche à l’universel par sa manière passionnante de traiter des sujets ambitieux et pourtant souvent très locaux.

On pourrait penser que son audience limitée la rendrait invivable sans les subventions. Pourtant, sur le court et le moyen terme, ses programmes sont ensuite revendus avec succès à d’autres chaines dans le monde entier et présentés, diffusés, vendus sous formats DVD ou par téléchargement. Un fond culturel et un futur patrimoine de très haute qualité est en train d’être constitué qui sera très rentable à long terme.

Cette votation sur No Billag, c’est l’occasion rêvée pour repenser complètement la programmation de notre télévision nationale dans le sens d’une plus grande ambition, d’une plus grande créativité et d’une vraie proximité avec son public à tous les niveaux.

Contre No Billag, c’est sûr, mais pour une télévision suisse ambitieuse.

Coup de sac !

Sergio Belluz

Sergio Belluz est l'auteur de «CH La Suisse en kit -Suissidez-vous!» (Xenia, 2012), de «Les Fables de la Fredaine» (Irida, 2016) et de «Balzac, c'est bien, mais les descriptions sont trop longues» (Irida, 2020). Écrivain, chanteur lyrique et comédien, il se produit régulièrement en Suisse et à l'étranger dans des spectacles mêlant musique et littérature. Il est membre d'Autrices et Auteurs de Suisse (AdS), de la Société suisse des auteurs (SSA), et de Pro Litteris. Photo: Wollodja Jentsch.

5 réponses à “La culture suisse aux artistes : « La télévision m’a tuer »

  1. Je trouve qu’il y a un point très intéressant dans votre réflexion: à quoi bon avoir une radio télévision qui coûte très cher aux citoyens (la facture Billag) si cela ne sert pas à promouvoir avant tout les créations suisses?

    C’est évident qu’on pourrait faire beaucoup plus pour promouvoir des séries TV de qualité (comiques, romantiques, d’aventure, etc) réservées à des créateurs suisses, ce qui permettrait de faire manger les acteurs, -trices, les réalisateurs, -trices, les scénaristes, les créateurs, -trices de dessin animé et autres artistes et technicien-ne-s suisses. Mais non, on préfère passer des saloperies américaines comme “Californication”. Est-ce que les Suissesses et les Suisses se reconnaissent là dedans? Certainement pas, mais les gens sont gentils et subissent sans se plaindre cette aliénation.

    J’ai déjà voté oui à No Billag sans aucune hésitation. Vous allez voter non, parce que rêvez de recevoir peut-être un jour quelques miettes du festin officiel. A mon avis vous avez tort. Ce serait bien si la frousse que ces gens ont maintenant à cause de No Billag (qui malheureusement ne passera pas) les incitait à “repenser” les programmes et faire la part plus belle aux créateurs du pays. Oui, mais quand on voit l’idéologie délétère dont sont imbibées nos pseudo élites culturelles, rien de bon ne peut sortir d’une institution officielle de la Confédération aussi longtemps qu’on ne se sers pas débarrassé définitivement de des marxistes culturels post modernes à la noix. Mieux vaut qu’on ne laisse pas ces gens décider des programmes et de créations à financer. Il n’y a qu’à voir la “politique culturelle” du département Berset. Plus antisuisse tu meurs.

    Cher monsieur Belluz, vous vous bercez d’illusions.

    1. Merci pour votre intervention, Martin, et ne croyez pas que je vote non contre No Billag par pur intérêt personnel – c’est surtout parce Billag finance aussi notre radio, et que nos chaines de radio, sans battage publicitaire, sans présentation de leur programmes dans les autres médias, sans superstars, font un travail extraordinaire et répondent, elles, parfaitement au cahier des charges d’une radio nationale digne de ce nom.

      La télévision suisse devrait en prendre de la graine!

  2. Votre article est pertinent, mais je ne suis pas d’accord avec vous pour la radio, pour moi elle ne remplit pas plus son rôle que la RTS, et je parle en tant que musiciens.
    Si je prend comme exemple radio chablais le 26 février de 7 à 9h, voici la playlist
    07:54 Rita ORA anywhere
    07:48 MUSE undisclosed desires
    07:41 PURPLE DISCO MACHINE devil in me
    07:34 JENIFER au soleil
    07:31 LAUV I like me better
    08:53 George EZRA paradise
    08:47 Robin THICKE feat Pharrell WILLIAMS feat blurred lines
    08:26 The WEEKND feat Kendrick LAMAR pray for me
    08:23 EMINEM feat Ed SHEERAN river
    08:09 Camila CABELLO never be the same

    Pas un seul groupe Suisse est représenté dans cette liste. Comment voulez-vous que la scène musicale Suisse se développe dans ces conditions si même les radios locales subventionnées ne passent leurs musiques.

    Je ne décolère pas de savoir qu’une grande partie de cette redevance part chez les américains au lieu de soutenir les artistes suisses, c’est un non-sens complet pour moi, la SSR ne remplit pas son rôle. Je voterai oui mais avec une énorme rancoeur, à savoir que j’aurai été ravi de payer si le mandat, le devoir de la SSR avait été rempli.

  3. Cher monsieur ,
    Merci pour votre blog il soulève en effet bien des questions dont la pertinence de supporter a la fois une culture élitiste (musique classique ,opéra, théâtre) , une culture populaire (Alain Morisod , Henri Dès, Patrick Eicher ou musikantenstädl) , une culture regionale ( cors des alpes , yodle Appenzellois), une culture linguistique (chanson francophone,..) et de satisfaire les désires musicaux et culturels des auditeurs /téléspectateurs . Il y a malheureusement deux facteurs écrasant le désire de promouvoir le made in Switzerland. Le budget, car l’heure de fiction Suisse coûte plus cher que Doctor House , l’auditmat, car une majorité préfère écouter Pharrel Williams ou Katty Perry que Gothard.
    Vu de l’extérieur et étant en mesure de comparer avec d’autre services public, je trouve que la SSR remplis très bien la mission que le gouvernement lui a confié , elle le fait avec une compétence technique de haut de gamme , une qualité de service sans faille et un contenu satisfaisant la moyenne de la population avec tous les compromis que cela comporte et son lot inévitable de grincheux qui n’aiment pas et d’inconditionnels qui aiment trop. Ce qui m’étonne c’est que les vrais problèmes ne sont pas évoqués , la concurrence déloyale des Swisscom /salt/upc /… qui utilisent l’argent qu’ils soutirent à leurs abonnés de téléphonie/internet pour financer l’achat de droits sportifs et la création de chaines à péage additionnelles drainant l’audience du service publique . Comme cela ne suffit pas ils nous pompent encore de l’argent de la redevance en faisant payer à la SSR la location du réseau de diffusion terrestre. Là ce n’est plus un service publique et là j’ai le droit d’exiger de payer pour ce que je consomme de manière transparente , j’ai aussi le droit d’exiger de recevoir gratuitement le service publique sans qu’une régie me force a payer les services d’un opérateur sous le prétexte que cela dérangerait l’esthétique urbaine d’avoir une antenne sur le toit. Alors Non a no billag et oui a la baisse des tarifs téléphones/internet grâce a l’éclatement obligatoire des packages triple play . Fini de payer trois fois pour la même chose et de faire croire aux gogos que la télé c’est gratuit si c’est swisscom ou orange qui diffuse en IP ou via le web.

    1. Merci de votre contribution. Au sujet du coût de l’heure de fiction suisse par rapport à l’heure de fiction étrangère, je trouve que ce n’est pas un argument, d’abord parce que si on économisait sur le budget des 21 séries étrangères qui passent en boucle sur la RTS, on aurait de quoi produire quelques fictions plus locales. Et puis, la radio non seulement y arrive bien, avec sa structure de fictions et documentaires (Le Labo, sur Espace 2, dirigé par David Collin), mais en plus montre qu’il y a beaucoup de talent(s) ici – comme d’ailleurs le montrent certains feuilletons télévisés suisse-allemands. Et puis, il n’y a pas que les séries qui font problème, il y a aussi le manque d’émissions vraiment culturelles, où l’on puisse débattre de livres, de films, de musique(s) – ce ne sont pas des émissions qui coûtent cher à produire (c’est un format “talk show”, un studio, des chaises, un décor et des invités), mais qui peuvent intéresser un grand public et profiter aussi aux invités. Il fut un temps, à la Télévision, où on avait une émission passionnante sur le cinéma, avec des invités, où on avait des émissions de variétés (comme les Oiseaux de Nuit, avec Bernard Pichon), où on recevait des auteurs, où des événements culturels étaient créés. Ce n’est pas toujour une question d’argent.

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