Encore raté ! Tout ce qui touche à la réforme de la prévoyance semble voué à l’échec. Même si le projet avait de multiples défauts, il avait au moins le mérite de proposer des solutions – certes compliquées et souvent discutables – pour faire face aux défis les plus pressants comme le déficit abyssal à venir de l’AVS ou encore le niveau trop élevé du taux de conversion. On pouvait également noter de belles améliorations pour la situation des femmes les moins bien loties sur le marché du travail, au point qu’une grande partie d’entre elles aurait pu continuer à partir en retraite à 64 ans aux mêmes conditions qu’auparavant, malgré l’année de plus prévue dans Prévoyance 2020.
Petits paquets législatifs
Et maintenant ? Certains, comme le politologue Andreas Ladner de l’UNIL, préconisent d’abandonner le principe de gros paquets plus ou moins bien ficelés qui ne mènent nulle part, trop complexes, et qui ne sont finalement pas suivis par le peuple. L’idée serait plutôt de saucissonner les projets pour qu’ils arrivent à passer la rampe, comme il l’expliquait cet après-midi dans le débat consacré aux résultats de la votation sur la RTS. Mais pour que cette stratégie fonctionne, il faudrait que les responsables des principaux partis s’accordent sur un programme à long terme, dans lequel ces différents mini-paquets s’inscriraient, en commençant par la question la plus importante, à savoir l’assainissement de la prévoyance. On pourrait ensuite s’occuper, poursuivait le politologue, par l’âge de la retraite.
Large soutien nécessaire
L’idée paraît séduisante pour sortir de l’impasse. Le problème, c’est que tout est lié et qu’aucune entente ne semble possible sans contreparties, comme le mettait en avant la conseillère nationale vaudoise Rebecca Ruiz, qui participait à ce débat. Par exemple, l’élévation de l’âge de la retraite des femmes ne pourrait être soutenue que par des compensations. Raison pour laquelle, précisait-elle, son parti avait accepté cette concession dans le cadre de Prévoyance 2020.
Retour à l’original ?
Dans ce même débat, un autre conseiller national vaudois Olivier Feller évoquait l’idée de revenir au plan original d’Alain Berset, où le niveau des rentes dans le 2e pilier étaient maintenu grâce à des mesures de financement dans ce même cadre juridique, sans aller chercher cette compensation tellement polémique dans le 1er pilier. Approche sans doute intéressante. Mais quels que soient les choix du Conseil fédéral et du parlement, le principe défendu par Andreas Ladner d’un large consensus pour soutenir un gros paquet législatif ou plusieurs petits paraît incontournable. La balle est donc dans le camp de nos responsables politiques afin qu’ils rebondissent rapidement, car le temps presse.