Malgré les crises, les tensions diplomatiques, douanières ou d’immigration et la popularité plutôt basse de Donald Trump en dehors des Etats-Unis, le pays de la Harley-Davidson et Hollywood fait bel et bien encore rêver beaucoup de monde. Notamment une partie de jeunes travailleurs et étudiants internationaux. Récit et analyse de ceux qui ont tenté leur chance sur place.
Il faut tout d’abord avouer qu’aux Etats-Unis, il y a certainement des endroits plus accueillants et qui font rêver plus que d’autres. La Californie et le comté d’Orange County en sont certainement un très bon exemple. Une population jeune et dynamique, une région en pleine croissance économique et une université de haute renommée et qualité. La ville d’Irvine, à un peu plus d’une cinquantaine de kilomètres de Los Angeles, symbolise cette région prospère et riche (voir notre article sur la ville d’Irvine). La population est principalement constituée de travailleurs de la classe supérieure et de retraités américains aisés vivant dans des villas ou loft de qualité. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser aux séries américaines telles Newport Beach, Sunset Beach ou encore Alerte à Malibu qui ne sont au fond pas une représentation si imaginaire et hollywoodienne que cela de la population locale. Où quand la fiction rejoint presque la réalité.
A côté de ces habitants que l’on décrira comme privilégiés, il y a toutefois également une proportion de travailleurs moins aisés, qui vivent avec un salaire proche du minimum légal en Californie (entre 12 et 15 USD de l’heure). Ils doivent d’ailleurs souvent cumuler deux jobs pour nouer les deux bouts dans un état où les taxes, le logement et le coût de la vie sont parmi les plus élevés du pays. C’est notamment le cas de Luis la quarantaine passée, un concierge dans mon ancienne communauté d’appartement, et venu d’Amérique centrale. Il me raconta dans un anglais très moyen et “hispanique” qu’il a tout quitté voici plus de dix ans pour venir au paradis, son rêve imaginé: aux Etats-Unis et en Californie. Il n’a malheureusement pas assez de temps et d’argent pour prendre des cours professionnels d’anglais, il se limite à un apprentissage basique de la langue sur les applications de son smartphone. La vie n’est ainsi pas forcément plus facile pour lui ici et il travaille plus de 15 heures par jour puisqu’il s’occupe en plus aussi du nettoyage d’un fitness tard dans la nuit. Mais, il m’avoue qu’il croit encore au rêve américain, à son rêve. Il ne sera probablement jamais riche, mais il espère que sa fille de quinze ans très douée à l’école sera un jour médecin. Et il travaillera jour et nuit pour cela s’il le faut, maintenant que son statut est régularisé. C’est ainsi aux Etats-Unis.
Dans ceux que le pays de Georges Washington et particulièrement la Californie fait aussi rêver, il y a une grande majorité d’étudiants internationaux. Venus de tous les continents, la plupart d’entre est originaire de pays émergents avec une formation supérieure. Ainsi, on retrouve de nombreux universitaires de Chine, Taiwan, Inde, Brésil, Turquie ou Arabie Saoudite. Certains ont de très gros moyens financiers chez eux, d’autres un peu moins. Mais ce qui les rapproche, est un pouvoir d’achat suffisamment élevé pour qui leur permet de venir étudier aux Etats-Unis.
Parmi ceux-là, il y a par exemple, Romil un étudiant en finance venu d’Inde, Sony, Li et Bela trois diplômés en ingénierie de Taiwan, Bruno et Matilda* du Brésil et *Emre (prénoms d’emprunt, connu par la rédaction) de Turquie. Tous ont en commun d’avoir réussi de brillantes études dans leur pays d’origine et d’avoir éventuellement un petit bagage professionnel. Attirés par les grandes universités américaines de renom, ils tentent leur chance afin d’obtenir un visa d’étudiant et poursuivre leurs cursus aux Etats-Unis. En effet, ils rêvent des plus réputées comme UC Berkeley, Stanford ou UCLA mais le niveau d’exigence d’entrée est très haut pour un étudiant d’un autre pays. Souvent, leur billet d’entrée pour leur rêve passe donc par des universités réputées mais plus accessible avec un visa d’étudiant étranger. Et comme me disait avec tout son patriotisme naturel la responsable des admissions de mon université à Irvine en Californie (membre de University of California), “l’Amérique avec toutes ses possibilités et opportunités reste très attractive et fait encore beaucoup rêver”.
Enfin, n’oublions pas ceux qui ont succombé au “charme” artificiel ou non de la bannière étoilée venus souvent de pays qui sont ou tentent de rester une grande puissance. On citera par exemple les Européens du Vieux-Continent avec en tête les Espagnols, Italiens, Français, Anglais ou encore les Japonais et Scandinaves. Au contraire des étudiants des pays émergents, ils viennent pour la plupart avec moins de moyens financiers mais avec une certaine expérience sur place. Leur séjour est souvent motivé par une formation de perfectionnement ou l’envie de lancer un business. Imprégnés dès leur plus jeune âge par le branding et la culture américaine, et avec une idée bien précise du pays véhiculée à travers les films de Hollywood, ils passent souvent par un stade de désenchantement. Ce fut le cas pour Gonzalo de Madrid, Lisa de Rome et Yoiri du Japon. Un sentiment de déception face à la réalité et les inégalités sur place qui fera pourtant à nouveau très vite place à l’impression que tout est vraiment possible aux Etats-Unis. Le meilleur comme le pire. La définition du rêve en d’autres termes.
Alors, comment l’Amérique peut-elle encore nous faire rêver ? Vous retrouverez dans un prochain article l’expérience et le chemin parcouru par certains étudiants et professionnels internationaux qui ont tenté de vivre leur rêve américain.
“Ailleurs, l’herbe est plus verte”, mais personnellement, il y a déjà un moment que l’ “Amérique” (quelle prétention pour les Etats-Unis de se considérer comme l’entier du continent à eux-seuls; unique pays à ma connaissance à ne pas avoir de nom en propre d’ailleurs) ne me fait plus rêver. Même s’il ne faut évidemment pas généraliser (il y a aussi des gens très biens aux USA), souvent prétentieux, voire arrogants si on prend leur président actuel, trop d’inégalités, trop de violence, etc. Je considère qu’en Europe nous avons réussi un meilleur équilibre; si seulement nous savions mieux nous “tenir les coudes”!
Merci pour votre commentaire. Effectivement, on pourrait disserter un certain temps sur les inégalités et équilibres de monde.
Néanmoins, la question du pourquoi on nomme les Etats-Unis avec l’appellation du continent “Amérique” serait très intéressante à analyser.
D’ailleurs, que’en penserait le Canada : )
Et le Mexique :-), également pays d’Amérique du Nord, et en plus dont le nom officiel est aussi “Etats-Unis … du Mexique”!
Bien vu. Estados Unidos Mexicanos EUM : )