L’Afghanistan n’est qu’un exemple : America First est parti pour rester

Quatre ans de Trumpisme semblent avoir bouleversé le paysage politique américain. Et le discours de Joe Biden sur le retrait afghan n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Joe Biden l’avait annoncé lors de son investiture (Inauguration Day). L’Amérique est de retour aux affaires mais ce ne sera plus comme avant. Entendez par la, un prolongement d’un America First lancé par Donald Trump et plus que populaire dans le pays.
Protéger les Américains, pas gérer l’Afghanistan

Au-delà du drame humain et de l’échec politique occidental, le discours de Joe Biden sur son retrait afghan chaotique prouve que les États-Unis ont changé. “Je ne serai pas le président qui renverra à la mort une nouvelle génération de soldats Américains”.
Ou encore : “notre but n’était pas de construire un état politique mais de protéger l’Amérique du danger et de ses ennemis”.
Terminés les guerres interventionnistes ou les combats moralisateurs, républicain ou démocrate. Sur le fond, personne ne peut lui en vouloir de ne pas envoyer des femmes et hommes dans un combat mortel et incertain.
Mais avec ces mots, Joe Biden a enlevé le dernier petit espoir aux enfants et femmes Afghans et plongé dans la terreur ceux qui comptaient sur lui pour vivre autrement. Pour avoir assisté à plusieurs commémoration d’anciens combattants, il a aussi baffé certains soldats américains qui ont donné leur vie pour une cause digne. Mais, les États-Unis ont perdu patience et se sont recroquevillés sur eux. Comme le disait un spécialiste, ils se sont isolés du monde.
De plus, plusieurs autres exemples montrent cette volonté de la nouvelle administration américaine de prolonger ce courant de l’Amérique d’abord.

Vaccins américains
Rappelons-nous que lors de la sortie du vaccin, les Américains se sont bien gardés de partager à haute dose. Il fallait premièrement avoir assez de vaccins pour leurs concitoyens, puis en vendre aux plus offrants. Beau geste… pour l’économie américaine tout du moins.

Restrictions de voyages
Biden n’a pas non plus assoupli aussi rapidement que l’Europe les interdictions d’entrées sur le territoire suite au covid. Il fallait protéger son pays.

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Plan de relance économique américain
Le plan de relance a également été construit pour relancer d’abord l’économie américaine. Ce qui semble fonctionner. Tant mieux si les autres pays en profitent, mais ce n’était pas dans les prérogatives. America First.

Immigration stricte
Enfin, n’oublions pas l’épisode des migrants latino-américains. Avec une Kamala Harris accusée de n’avoir pas de cœur pour ces enfants qui souhaitent entrer aux États-Unis illégalement. En réalité, elle a été obligée d’acter le cas ainsi. Avec les foudres de certains progressistes mais pas de la majorité des Américains.

En conclusion, tous ces exemples montrent que l’héritage Trumpiste est plus lourd qu’initialement prévu. Plus de la moitié des Américains républicains et démocrates soutiennent ce discours et les clivages populistes des deux côtés de l’échiquier politique poussent Joe Biden à un exercice de l’équilibriste risqué.Image

Pour revenir au peuple afghan abandonné, Angela Merkel, le candidat conservateur allemand à la chancellerie et Emmanuel Macron ne se sont pas trompés. Il faudra gérer seuls les anciens alliés afghans que l’on se doit d’aider. Et l’Europe devra trouver seule une solution face à une crise migratoire compliquée à venir. Laissés tombés par leur allié américain qui ne pense qu’à son intérêt personnel.

Mais les Américains n’auront pas le temps de se faire des remords. Ils protègent leur pays et leur peuple face à d’autres géants avec encore moins d’âme ou de conscience. La Russie ou la Chine, au vu de leur réponse face au désastre afghan ont presque donné raison à Joe Biden. Du point de vue américain, un peu d’America First ne fera pas trop de mal pour lutter face à ces nouvelles puissances égocentriques et impartiales du monde. Pour mieux défendre ce qui peut encore l’être.

Credits Photo @CNN, @Shutterstock

Ludovic Chevalier

Ludovic Chevalier a tout d'abord étudié l’économie et le management touristique avant de se spécialiser dans le marketing. Après un premier passage aux Etats-Unis, il a décidé de s’établir sur la côte ouest américaine pour au moins six mois. Il nous livre un récit de sa vie américaine, universitaire et sportive. En 2020, Ludovic a également obtenu le certificat universitaire suivant: "U.S. Public Policy: Social, Economic, and Foreign Policies".

Une réponse à “L’Afghanistan n’est qu’un exemple : America First est parti pour rester

  1. Bonjour; j’aime bien votre papier qui n’étrille pas Biden mais exprime son côté réaliste ; la société contemporaine pille allègrement les pays sous-développés, mettant à leur tête des présidents-despote soutenus par des cliques corrompues; les populations comptant pour du beurre dans cette affaire ! critiquer Jo Biden n’a pas de sens car tous les pays occidentaux auront sans doute profité de l’aubaine jusqu’à la lie ! mon président macron prendra sans doute une décision identique lorsque les intérêts des industriels évolueront, mais le discours officiel n’évoquera jamais cette réalité, pour sûr ! ( comme vous dites en Helvétie )

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