Les touristes américains se ruent vers l’Europe

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Après près de deux ans de pandémie, l’heure est à nouveau aux voyages pour les Américains. Et fait surprenant, ils sont nombreux à privilégier l’Europe plutôt que les Etats-Unis. On vous explique les raisons et dessous de ce phénomène.

On ne surprendra personne en disant que l’année 2020 fut catastrophique pour le tourisme international, américain et intérieur. Si avec l’arrivée des vaccins et des mesures sanitaires en constante évolution, 2021 a pu être meilleur sur le plan national, les voyages internationaux ont encore souffert. Ainsi, dès l’été dernier, les parcs nationaux, sites touristiques et villes des Etats-Unis ont accueilli des visiteurs en masse avec des réservations records (notamment à Las Vegas, dans les parcs californiens et de l’Utah). Mais contrairement à l’an dernier, la tendance s’est complètement inversée pour cet été.

Levée des tests PCR

Avec la fin de l’obligation des test PCR covid pour le retour dans le pays, et la levée des mesures dans la plupart des pays d’Europe, les voyages internationaux font à nouveau le plein et les Américains en profitent en masse. Bloqués pendant deux ans sur leur territoire, certains ont quelques économies de côté ou profitent enfin de réaliser les visites qu’ils ont tant repoussés pendant la longue fermeture de leurs frontières. Et le vieux continent semble être particulièrement privilégié pour cette reprise.

Taux de change favorable

En parallèle à ce rebond de l’industrie touristique, le dollar est au plus haut face à l’euro et favorise les vacances en Europe. En effet, malgré l’inflation qui s’installe sur tout le continent, voyager à Rome, Paris ou les îles grecques n’a jamais été aussi abordable pour les Américains. Avec un taux de change proche de la parité (1 Euro pour 1,02 USD), le charme n’est pas seulement culturel et touristique, il est aussi économique. En d’autres termes, les villes et îles européennes son plus qu’attractives et font le plein de touristes américains. La France, l’Italie, la Grèce et l’Irlande semblent faire le plein et la course en tête.

Et quid de la Suisse ? Ce constat est également valable, puisqu’avec un franc suisse aux alentours de 1,03 USD, notre pays est aussi intéressant. Certes, l’hébergement et les transports peuvent être un peu plus cher mais il semble que notre pays parvienne aussi à tirer son épingle du jeu.

Les revers : annulations, inflation, récession, habitudes

Alors, ce phénomène est-il parti pour durer ? Pas certain au vu des premières conséquences et des prévisions économiques à venir. Tout d’abord, il faut rappeler que normalement les Américains ne voyagent pas autant et si souvent.

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Les Américains ont de très beaux parcs nationaux sur leur territoire sans avoir besoin de sortir du pays

En effet, bon nombre ne sont que très rarement voir jamais sorti de leur pays et privilégient les voyages à l’intérieur du pays. Les raisons sont souvent financières et culturelles. Seuls les hauts salaires et la classe moyenne supérieure peuvent se permettre de voyager et les congés payés ne sont pas légions. Il faut rappeler qu’aucune loi aux Etats-Unis n’impose aux employeurs d’accorder des congés annuels mais qu’en moyenne la plupart des entreprises offrent 2 semaines de congés payés.

De plus, cette reprise forte et rapide du tourisme international en a mis plus d’un en difficulté. A commencer par les compagnies aériennes qui annulent vol sur vol en Europe (par manque de personnel et ressources) et proposent de gros dédommagements aux Américains prêts à renoncer à leur voyage sans passer par la case ultime qu’est l’annulation.

Enfin, l’inflation continue et les coûts de l’or noir risquent de freiner très prochainement l’enthousiasme de tous ces voyageurs. Le prix du gallon est déjà exorbitant dans la plupart des Etats de la bannière étoilée, et avec des coûts de vie qui augmentent de jour en jour, les Américains risquent de se renfermer dans leur région ou maison. Pour toutes ces raisons économiques, cultures et intérieures, cet exode touristique des Américains vers l’Europe pourrait n’être qu’un boom unique et temporel de cet été 2022. Et risque d’être sans suite et lendemain.

Un an de Joe Biden : de l’euphorie à la débâcle ?

Plus d’un an après son élection et après presque une année au pouvoir, Joe Biden ne semble plus faire rêver. Retour sur un début de mandat qui avait pourtant bien commencé avant de sérieusement décliner.

Nous sommes le 6 janvier 2021, au pied du Capitole. Le lieu par excellence de la démocratie américaine est attaqué par des militants trumpistes. Le monde n’en croit pas ses yeux en découvrant ce spectacle irréaliste mais pourtant bien réel. C’est le dernier acte de quatre ans d’une Amérique déchirée et de tensions politiques, avant l’investiture de Joe Biden. Lui qui prêtera serment avec le slogan d’une Amérique unie et des promesses économiques, climatiques, sociétales, médicales et internationales. Pour tous les observateurs, c’est le retour de l’image traditionnelle des Etats-Unis. Sauf que l’ombre du America First ne va pas arrêter de planer sur ce nouveau président et les bonnes paroles ne vont vite plus suffire.

Une économie fragile

Si le printemps et les trois premiers mois de l’ère Biden semblent se dérouler à merveille, c’est aussi grâce à au rebond économique post-vaccin et aux résultats boursiers. Mais l’équilibre est fragile, et des premières tensions surgissent. Comme par exemple, plus de droits pour les travailleurs demandés par l’aile gauche du parti démocrate. Tout ceci, dans un contexte de forte inflation (près de 6%). L’union sacrée est-elle déjà mise à mal par les progressistes dans un pays qui n’a pas pour habitude de se battre pour ses droits sociaux ?

Le bourbier d’Afghanistan : un échec militaire et humain
L’été arrive et le 46ème président va aussi connaître un gros coup de chaleur. Ayant hérité d’un dispositif militaire défaillant et sur le départ en Afghanistan, Joe Biden va manquer la sortie et quitter le pays en ruines. Avec au passage, un aveu d’échec et d’impuissance crasse. Comment après tant d’années à rebâtir une nation et une démocratie peut-on abandonner au pas de course tout un projet et un peuple ? Sous la pression des Américains d’un côté et des menaces des Talibans de l’autre, le résultat est une perte en vie humaines dans tous les camps. Ultime humiliation, l’image du Vietnam que l’homme de 79 ans voulait à tout prix éviter revient en tête. Ses conférences de presse délicates vont le hanter pour une fin d’été très compliquée.

Plan de relance et budget : des coupes et des tensions internes

Les saisons se suivent et se ressemblent malheureusement pour le président démocrate. En automne, le retour du froid rime avec covid. Le nombre de cas et les hospitalisations ne vont cesser d’augmenter et son pari d’en venir à bout avec ce virus s’assombri. Et ce malgré un bon taux vaccinal. Mais ce n’est pas tout. Joe Biden va encore subir de près les tensions et divisions internes au sein des démocrates. Mis sous pression par les progressistes, il va éviter de peu un shut down national en octobre. A la suite d’âpres négociations et autres querelles internes, son budget est approuvé, non sans plusieurs retouches.

Joe Manchin, l’homme qui fait trembler Washington, @Reuters

Quant à son plan de relance, le « Build Back better act », ce qui devait être un grand succès se transforme en plan à coupes. Déjà raboté de 3500 à 1750 milliards sur 10 ans sous le chantage de l’historique dissident démocrate Joe Manchin, le climat, les aides médicales et sociales pour les parents ont en pris un coup. Et le package complet a été dissous en silos. Mais le président reste convaincu de parvenir à un bon deal avec l’autre Joe, celui qui lui vole la vedette.

Le fantôme de Donald Trump

Un autre homme bien connu de la politique américaine rêve lui aussi de torpiller les plans de Joe Biden. Toujours convaincu de s’être fait voler l’élection, l’ombre ou le fantôme de Donald Trump rôde sur Washington. Et sur tout le pays. L’ancien président n’est pas mort et les défaites démocrates cinglantes aux élections de novembre (gouverneurs, maires) n’ont fait que revigorer le camp républicain et ses trumpistes, et paniquer les démocrates. Ajoutez-y une cote de popularité en baisse, un manque de leadership sur son parti, l’âge et les promesses intenables, et vous avez un cocktail prêt à exploser. Et pourtant, Biden avait été élu avec une majorité (certes courte) aux deux chambres. Quel gâchis.

Une vice-présidente aux abois

Pour terminer, celle qui devait être son relai, son témoin et la nouvelle étoile du pouvoir à Washington, Kamala Harris, connaît toutes les peines du monde à trouver sa place. Et à briller dans son rôle. On attendait tellement plus de la Californienne. Cependant, Biden l’a plusieurs fois envoyée au charbon. Que ce soit sur l’immigration ou sur la diplomatie. Piégée entre les républicains et les progressistes, Harris doit régler la situation complexe des clandestins aux frontières avec l’Amérique Centrale seule. Pareil avec la France, Biden l’envoie à Paris mal préparée et les médias se déchainent sur un achat d’un sac à main à 400 dollars dans une boutique de luxe au début de l’hiver. On a presque mal pour elle.

Kamala Harris cherche encore son rôle @Reuters

Pour conclure, si 2021 s’annonçait radieux pour Joe Biden, il n’a pas su exploiter toutes les opportunités qui s’offraient à lui. Et lorsqu’on ne s’impose pas, les adversaires et la pression augmentent. Le retour du “Sleepy-Joe” n’est pas loin. Et les dangers guettent pour 2022. Covid, immigration, élections de mi-mandat, économie, les menaces ne manquent pas. Il faut que le président de l’Amérique unie se ressaisie, au risque d’être face à un triple échec : politique, économique et social- sanitaire.

L’Afghanistan n’est qu’un exemple : America First est parti pour rester

Quatre ans de Trumpisme semblent avoir bouleversé le paysage politique américain. Et le discours de Joe Biden sur le retrait afghan n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Joe Biden l’avait annoncé lors de son investiture (Inauguration Day). L’Amérique est de retour aux affaires mais ce ne sera plus comme avant. Entendez par la, un prolongement d’un America First lancé par Donald Trump et plus que populaire dans le pays.
Protéger les Américains, pas gérer l’Afghanistan

Au-delà du drame humain et de l’échec politique occidental, le discours de Joe Biden sur son retrait afghan chaotique prouve que les États-Unis ont changé. “Je ne serai pas le président qui renverra à la mort une nouvelle génération de soldats Américains”.
Ou encore : “notre but n’était pas de construire un état politique mais de protéger l’Amérique du danger et de ses ennemis”.
Terminés les guerres interventionnistes ou les combats moralisateurs, républicain ou démocrate. Sur le fond, personne ne peut lui en vouloir de ne pas envoyer des femmes et hommes dans un combat mortel et incertain.
Mais avec ces mots, Joe Biden a enlevé le dernier petit espoir aux enfants et femmes Afghans et plongé dans la terreur ceux qui comptaient sur lui pour vivre autrement. Pour avoir assisté à plusieurs commémoration d’anciens combattants, il a aussi baffé certains soldats américains qui ont donné leur vie pour une cause digne. Mais, les États-Unis ont perdu patience et se sont recroquevillés sur eux. Comme le disait un spécialiste, ils se sont isolés du monde.
De plus, plusieurs autres exemples montrent cette volonté de la nouvelle administration américaine de prolonger ce courant de l’Amérique d’abord.

Vaccins américains
Rappelons-nous que lors de la sortie du vaccin, les Américains se sont bien gardés de partager à haute dose. Il fallait premièrement avoir assez de vaccins pour leurs concitoyens, puis en vendre aux plus offrants. Beau geste… pour l’économie américaine tout du moins.

Restrictions de voyages
Biden n’a pas non plus assoupli aussi rapidement que l’Europe les interdictions d’entrées sur le territoire suite au covid. Il fallait protéger son pays.

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Plan de relance économique américain
Le plan de relance a également été construit pour relancer d’abord l’économie américaine. Ce qui semble fonctionner. Tant mieux si les autres pays en profitent, mais ce n’était pas dans les prérogatives. America First.

Immigration stricte
Enfin, n’oublions pas l’épisode des migrants latino-américains. Avec une Kamala Harris accusée de n’avoir pas de cœur pour ces enfants qui souhaitent entrer aux États-Unis illégalement. En réalité, elle a été obligée d’acter le cas ainsi. Avec les foudres de certains progressistes mais pas de la majorité des Américains.

En conclusion, tous ces exemples montrent que l’héritage Trumpiste est plus lourd qu’initialement prévu. Plus de la moitié des Américains républicains et démocrates soutiennent ce discours et les clivages populistes des deux côtés de l’échiquier politique poussent Joe Biden à un exercice de l’équilibriste risqué.Image

Pour revenir au peuple afghan abandonné, Angela Merkel, le candidat conservateur allemand à la chancellerie et Emmanuel Macron ne se sont pas trompés. Il faudra gérer seuls les anciens alliés afghans que l’on se doit d’aider. Et l’Europe devra trouver seule une solution face à une crise migratoire compliquée à venir. Laissés tombés par leur allié américain qui ne pense qu’à son intérêt personnel.

Mais les Américains n’auront pas le temps de se faire des remords. Ils protègent leur pays et leur peuple face à d’autres géants avec encore moins d’âme ou de conscience. La Russie ou la Chine, au vu de leur réponse face au désastre afghan ont presque donné raison à Joe Biden. Du point de vue américain, un peu d’America First ne fera pas trop de mal pour lutter face à ces nouvelles puissances égocentriques et impartiales du monde. Pour mieux défendre ce qui peut encore l’être.

Credits Photo @CNN, @Shutterstock

Un troisième parti politique est-il possible aux Etats-Unis ?

Sous l’impulsion de Donald Trump et de Joe Biden, et en marge des tensions dans les partis républicains et démocrates, un troisième parti américain de premier plan est-il envisageable ? Retour sur l’histoire, analyse des forces en présence et tentative de réponse et décryptage.  

Un système politique fait pour le bipartisme

Si nous devons présenter un paysage politique parfait pour un paysage politique à deux partis et hostile au multipartisme, c’est bien l’exemple américain. Avec son système de vote majoritaire à un tour et sans proportionnelle, il avantage nettement le duel de deux adversaires avec le gagnant qui est dit du « winner takes it all ».

Et c’est le cas pour l’élection présidentielle tout comme pour la chambre des représentants ou le Sénat. La puissance et la force de pénétration de deux partis principaux rend presque caduque et illusoire l’irruption d’un troisième larron. Quant à des coalitions de circonstances, elles ne sont pas dans la culture américaine.
United States presidential election of 1992 | United States government | Britannica

Le poids de l’histoire
Comme expliqué plus haut, aux Etats-Unis, vous êtes soit républicain, soit démocrate. Or, il n’en a pas toujours été ainsi. Il faut rappeler que ces deux monstres sont issus d’une scission du parti républicain-démocrate en 1824 (Democratic-Republican Party). Et oui, aussi incroyable que cela y paraît, les deux géants ne faisaient à l’origine qu’un en opposition au parti fédéraliste de George Washington qui se désintègre lui en 1820. Il y avait donc dès le départ déjà, un bipartisme que les experts attribuent à la simplicité du débat politique américain.

Un court précédant à trois partis
A la division du parti républicain-démocrate en 1824, le parti whig qui deviendra le parti républicain en 1854, ainsi que le parti démocrate prennent les devants de la scène politique américaine en bipartisme pour ne plus la lâcher. Il y aura, toutefois, bien des tentatives de troisième force mettant en danger les deux ogres. Dans une atmosphère encore plus polarisée qu’aujourd’hui (oui, c’est possible), le Populiste Party (défense des paysans) aurait pu faire vaciller les démocrates entre 1890 et 1900, avant de les rejoindre.

Plus incroyable, le Progressive Party était encore plus proche d’imposer une troisième voie aux Etats-Unis. Fondé en 1912 pour ramener l’ancien président Théodore Roosevelt au pouvoir, le parti est une division de l’aile progressive républicaine. Le succès est au rendez-vous, puisque Roosevelt termine 2ème de l’élection avec 27%, mais avec seulement 88 grands électeurs. Le format de l’élection majoritaire à un tour a encore frappé. Le nouveau parti au logo d’un élan (face à l’âne démocrate et l’éléphant républicain) a fait partiellement chuter le grand parti républicain et pensait ensuite pouvoir attirer les progressistes démocrates.
Mais les mid-terms de 1914 qui suivent sont un gros échec. Et en 1916, sous l’influence du revenant Roosevelt, le parti républicain adapte des valeurs plus progressistes pour retrouver leur poids et mettre fin au parti progressiste. L’histoire retiendra que les deux anciens partis ont tremblé et une occasion unique a été manquée.theodore roosevelt a progressive bull moose,Free delivery,OFF67%,welcome to buy!

Les Américains tiraillés

Mais qu’en est-il du souhait des Américains de voir émerger une troisième voie près de 100 ans après ? S’il étaient moins de 35% à en vouloir en 2000 après la défaite d’Al Gore (soi-disant due à l’entrée du Green Party dans la course), ce chiffre bondit à presque 50% en 2019 et 60% en 2021. Un arbre cache cependant la forêt, puisque ce sont en majorité des réactions passagères au sein des partis. D’une part, contre la personne de Donald Trump, ou contre la politique migratoire de Joe Biden (au sein des démocrates).

De simple menaces avec un risque trop élevé
Avec le party Libertarian et le Green Party qui existent maintenant depuis plusieurs décennies, il semble que toute tentative de troisième parti soit vouée à l’échec. En effet, les résultats de ces deux mouvements sont une suite de déceptions sans noms, et l’exemple de la présidentielle de 1992 avec Ross Perot est éloquent. Cet indépendant se lance contre Bill Clinton et Georges Bush, jusqu’à créer un débat à trois à la télévision américaine. Perot obtiendra 19% des voix mais aucun grand électeur. Un exploit en chiffres (20 millions de votes), mais un échec en terne d’élection pure. Et comme l’histoire se répète, Clinton reprendra une partie de ses idées et son mouvement sera marginalisé.

Alors, en 2021, les menaces de certains républicains, Liz Cheney en tête (fille de l’ancien vice-président Dick Cheney), de contrer le pouvoir de Donald Trump au sein du Gran Old Party ne semblent pas tenir la route. Bien que les réactions face à l’ascendance trumpiste et populiste soient de plus en plus nombreuses, un nouveau courant progressiste ne saurait être viable à long terme. Et le constat est encore plus implacable du côté démocrate, où Alexandra Ocasio Cortez et Bernie Sanders ne jouent que sur la peur d’une scission pour renforcer leur courant d’idées.

Vers un statu quo
Pour conclure, comme l’ont montré les élections de 1912, 1992 ou 1912, les troisièmes partis dans la politique américaine sont plutôt perçus comme des solutions de facilité que de recours. Comme semble le confirmer l’éminent politique Gregory Koger de l’University of Miami : « Les Etats-Unis sont un des rares pays démocratiques à avoir un système électoral qui récompense la voie à deux partis. Tant au niveau local que national, il en est ainsi fait. En conséquence, les élections et les électeurs ont tendance à préférer un des deux favoris probables face à l’émergence d’un troisième candidat. La conclusion est que leur influence peut être grande mais leur succès moindre. »
This four-word line packed a punch in 1980's election - CNN Video

Mais en politique, comme en sport, c’est bien connue, il ne faut jamais enterrer quoi que ce soit.

Joe Biden : le retour d’une Amérique unie ?

Plus de Donald Trump, plus de divisions, plus d’incitation au soulèvement. Dans son premier discours, Joe Biden a semblé réussir à rassembler l’Amérique. Mais pour combien de temps ?

On s’était quitté sur le terrible spectacle du Capitole avec un Donald Trump incapable d’assumer et rassembler les Américains les uns aux autres. On se retrouve avec un Joe Biden qui a promis de gouverner uni pour tout un pays, pour tous les Américains. Le président est parti, vive le nouveau président. Alors, est-ce vraiment si simple ? On aimerait y croire, tant ce pays a besoin de retrouver son unité maintes fois fracturée ces dernières années. Et en cas d’échec, les prochains heurts et soulèvements le guettent déjà.

Pas de ratés
En apparences, tout le monde s’accordera pour dire que le mandat de Biden a plutôt très bien commencé. N’en déplaise à ses détracteurs, « Sleepy Joe » n’a pas gaffé. Pas de raté, pas de signe de fatigue ou de faiblesse, et un homme en pleine course sur l’allée menant à la maison Blanche. Union également lors de la prestation de serment et pour les invités à l’investiture. Il n’a pas oublié ses partisans, mais il a également eu un mot et un geste pour ses anciens rivaux ou personnalités de l’autre bord politique.

Du show et de l’émotion
Ah que c’était beau de voir cette élite réunie autour des anciens présidents Barack Obama et George W. Bush. Le tout, sous le regard presque approbateur de Mike Pence. Un poème lu par une jeune étudiante, des chansons et prières par un compositeur proche du parti républicain. Les stars Lady Gaga et Jennifer Lopez (Jlo pour les intimes) qui font le show à l’Américaine. Ou encore, Kamala Harris accompagnée du premier « Second Gentleman » d’origine juive. Et cette première vice-présidente n’est pas n’importe qui. D’un père jamaïcain et d’une mère immigrée indienne, elle fut la première procureur de couleur de Californie. Vous m’avez compris, le symbole fut total. Et on pourrait encore parler des heures de Jill Biden au cœur de la famille présidentielle recomposée ou du soudain « sympathique » Bernie Sanders qui n’est plus “si communiste” avec sa chaise et ses moufles sur les réseaux sociaux.

L’ombre de Donald Trump et des progressistes
Mais attention, cette embellie et « union sacrée » de début de mandat pourrait ne pas durer longtemps. En effet, le crédit dont bénéfice normalement le nouveau locataire de la maison blanche pourrait vite s’effriter. Le premier danger se nomme Donald Trump. Toujours là et encore bien soutenu par les républicains, son procès « d’impeachment » au Sénat ne sera pas une partie de plaisir pour les démocrates. Ni pour Joe Biden et les Américains. C’est presque à se demander si le nouveau commandant en chef ne souhaiterait pas voir le procès liquidé au plus vite, tant chaque débat offre une tribune au magnat de l’immobilier et une chance de division chez les républicains et par enchaînement chez les Américains.

En effet, le danger n’est jamais très loin y compris dans le propre camp de Biden. Face à lui, les progressistes et l’aile gauche du parti démocrate seront une composant très fragile tout au long de son mandat. Tiendra-t-il ses promesses ? Sera-t-il à leur écoute ? Emmenés par Bernie Sanders et l’étoile montante Alexandria Ocasio-Cortez, ils pèseront de tout leur poids mais feraient bien de comprendre une chose pour le bien du pays : Joe Biden n’est pas Barack Obama. Bien que très proche de son ancien président, le nouvel homme fort aura sa propre marque de fabrique.

America First

Et en parlant de fabriques et de présidents, vous rappelez-vous du « America First » de Donald Trump ? Il y à fort à parier que ce courant ne soit pas si mort. Après tout, quel meilleur slogan que celui-ci pour unifier tout un pays ? Et Biden aurait tort de s’en priver. Alors, oui il va sans conditions s’engager pour le climat. Oui, il va rouvrir les relations diplomatiques et redonner une politique plus ouverte à l’immigration. Mais non, le 46ème président des Etats-Unis ne prendra pas de risques sur les relations économiques, taxes en places ou protectionnisme industriel, héritage du Trumpisme avec lequel il faudra composer. Et il ne le pourrait de toute manière que partiellement, preuve en est une de ses mesures retoquées par la Cour Suprême conservatrice.

Joe Biden, dans son mandat digne du jeu de l’équilibre mettra toutes ses forces pour le bien être, la santé et la sécurité des habitants de l’Amérique. Un échec serait fatal, l’épisode du Capitole l’ayant démontré. Mais pourquoi ne réussirait-il pas, lui l’ancien qui revient de si loin ? Alors, bonne chance au nouveau président de la bannière étoilée.

 

Au revoir Président Trump et merci ou pas…

A moins de 10 jours de la fin de son mandat présidentiel, Donald Trump s’apprête à tirer sa révérence de manière insolite. Sous le feu des critiques après l’insurrection du Capitole du 6 janvier, sa présidence s’achève comme elle a commencé. Entre imprévisibilité et chaos. Alors, merci et au revoir ou bon débarras Mister President Trump ?

Plus de passes d’armes sur twitter, plus de prises de têtes dans la maison blanche, plus de conférence de presse ahurissante, mais comment les médias américains vont-ils bien pouvoir occuper leurs journées ? Et que va faire Donald Trump ? Du golf, des affaires immobilières ou lancera-t-il sa campagne 2024 dès le 20 janvier sous les yeux de Joe Biden ?
Vous l’avez compris, à une semaine de la passation de pouvoir à laquelle il n’assistera d’ailleurs pas (une première depuis 1870), l’heure est bien au bilan pour le 45ème président des Etats-Unis. Quelles promesses a-t-il tenues, quelle Amérique laisse-t-il derrière lui et quel sera son héritage et celui du « make America great again » ?

Une économie saine avant le covid
Si Donald Trump a bâti sa campagne sur le protectionnisme et une économie nationale, son bilan chiffré semblait être positif avant la crise du covid. Convaincant jusqu’à Wall Street, le taux de chômage au plus bas depuis 30 ans (moins de 4%) pouvait lui ouvrir la porte d’un second mandat et des électeurs indécis. Relocalisation, relance d’industries mortes, taxes sur l’importation, économie et emplois sous la mention « America First ». Cela semblait fonctionner, non sans froisser la Chine, l’Europe et d’autres au passage.

Néanmoins, pour beaucoup d’Américains, cette politique n’aurait été bénéfique qu’à court terme, avec le risque d’une probable inflation. Mais, Donald Trump en hommes d’affaires qu’il est, n’aurait pas été à un retournement près pour dynamiser le deuxième volet de sa présidence. Le covid et sa mauvaise gestion étant passés par-là, on ne le saura jamais.

Immigration : le mur que l’on ne verra pas
C’était son argument de campagne favori sur le thème de l’immigration. «  We are going to build a great wall » (Nous allons construire un grand mur). Sensé être bâti tout au long de la frontière mexicaine, cette barricade prévue conte les « trafiquants, voleurs et gangs mexicains » ne verra jamais le jour. Ou tout du moins que partiellement puisque seuls 595 km sur les 3’100 km ont été construits ou rénovés. Le Mexique (on s’en doutait bien) a refusé de payer et le Congrès s’est opposé au financement des 25 milliards prévus. Mais l’essentiel était ailleurs : rassurer la base républicaine et montrer les crocs face à la Californie démocrate. Pour avoir traversé légalement la frontière mexicaine (et ses multiples contrôles douaniers à pied sous la supervision des snipers), on vous rassure ce n’est pas une partie de plaisir.

Cour suprême : une large majorité conservatrice
L’histoire et l’âge de certains juges de la Cour Suprême aidant, Donald Trump a pu faire élire pas moins de 3 juges à la plus haute autoritaire judiciaire américaine. Tous bien sûr conservateurs, et proches de la base trumpiste. Néanmoins, ceci n’a pas empêché les magistrats de le désavouer sur l’Obamacare (une de ses grandes défaites) ou dans sa ridicule croisade sur les « élections truquées. » La démocratie américaine est plus forte qu’un seul homme et il ne restera que « le plaisir » au 45ème président d’avoir pu instaurer 3 juges. Toutefois, ces nominations ont fait totalement basculer l’équilibre de la Cour d’une courte majorité progressiste à une large majorité conservatrice. Un lourd héritage avec le retour d’une politique conservatrice sur des thèmes comme l’avortement et l’immigration pourraient en être la conséquence.
Augmenter le nombre de juges comme le suggère Joe Biden ne serait qu’une solution rapide et incontrôlable à long terme. Les républicains peuvent remercier le président Trump.

Tensions raciales : de mal en pire
Si Barack Obama n’avait pas totalement réussi là où on l’attendait, Donald Trump n’a fait que de jeter de l’huile sur le feu. Avec ses multiples appels du pied aux mouvements d’extrêmes-droite et aux suprémacistes blancs, il n’a rien fait pour calmer les tensions. Pire, il a joué avec la réputation de groupes comme « Qanon », refusant parfois de condamner leurs actes. Bien que l’on ne puisse le tenir responsable de tous ces maux, héritages profonds de l’histoire, il n’y a aucun doute qu’il s’en soit servi. En fin stratège, il a su caresser certains au risque de créer des tensions intenables. L’Amérique a besoin d’autre chose.

Sur la scène internationale : une nation en retrait
Bien avant le début de son mandat, on avait compris que Trump ne serait pas l’homme des traités et accords internationaux. Nucléaire iranien, retrait sur le climat, de l’OMS ou du conflit Syrien en sont les preuves. Rompant avec une longue tradition, ce côté populiste a séduit plus d’un Américain. Et on oserait presque ajouter qu’il peut se targuer de n’avoir entraîné le pays dans aucune guerre ou conflit international. Imprégnée d’imprévisibles et de dangereux revirements, sa politique extérieure n’avait pas de lecture claire. Mais Donald Trump n’est pas un homme de guerre. Tout au plus, un personnage incalculable avec trop d’égo.

Une scission et des Américains divisés : l’acte final
Comme décrit précédemment, le 45ème président n’est pas un homme de compromis. Avec lui, il n’y a pas de zone grise. Vous êtes great or not (son mot préféré), vous êtes républicain ou démocrate, gentils ou méchants pour reprendre sa rhétorique. Au bout de quatre ans d’usure, ces divisions se font sentir plus que de raison. Et faire la différence entre riches et pauvres, chrétiens ou non, banlieue et centre-ville devient presque normal. Or, les Etats-Unis sont de par leur origine une union de différents états et populations.

A force de monter les uns contre les autres et faire croire qu’une fraude lui a volé les élections, Trump a directement ou indirectement (l’histoire jugera) encouragé l’assaut et l’insurrection sur le Congres le 6 janvier dernier. L’acte final de son dangereux jeu de scissions en quelque sorte. Et la goutte de trop pour tout un pays, tous bords confondus. On peut être mauvais perdant, mais l’irresponsabilité et le refus de condamner fermement (dans un premier temps) ces manifestants hostiles auront creusé sa perte jusqu’au sein de son propre camp. Et on peut dire merci à la démocratie américaine telle qu’elle existe d’avoir résisté, preuve qu’elle est au-dessus de tout.
Suite à ces événements, il n’y a guère de monde pour le remercier à part quelques féroces partisans. Et les républicains se retrouvent face à un énorme défi: reconstruire avec ou sans Trump ? Nul doute que les démocrates veilleront au grain.

En conclusion, que restera-t-il du président Trump ? Il aurait pu partir en président renversant et opportuniste, sauveur de l’économie mais mauvais perdant. Or, il quitte la scène par la plus petite porte, sans respect de l’adversaire et avec un terrible bilan sanitaire, démocratique et moral sur la conscience. Celui d’avoir tiré sur la corde jusqu’au bout, jusqu’au dernier jour. Alors oui, au contraire de son envol, Donald Trump a totalement raté sa sortie. Et pas que sur Twitter.

Donald Trump VS Joe Biden: Voici notre pronostic

@Reuters, B.Snyder, File foto, Le Temps

Et le vainqueur est….Donald Trump ou Joe Biden. Dans notre article, vivez l’Election Day comme si vous y étiez avec les résultats virtuels de chaque état. En lisant jusqu’au bout, vous découvrirez notre pronostic avec la carte interactive du vote. Alors, notre prévision était-elle juste ? Faites-vous votre idée, la réponse le 3 novembre prochain

A exactement une semaine du vote, une question est sur toutes les lèvres. Qui sera le prochain président des Etats-Unis ? Un républicain ou un démocrate ? Lequel des deux septuagénaires va l’emporter ? Assistera-t-on à un deuxième mandat pour le 45ème président en exercice ou aura-t-on un ancien vice-président à la tête du pays ? On peut tourner la question dans tous les sens, on espère toutefois avoir la réponse mercredi 4 novembre. Suivez les éléments-clés et la répartition du vote état par état pour déchiffrer qui arrivera le premier à 270 grands électeurs afin d’être élu président des Etats-Unis ?

La carte électorale de 2016
Point de départ pour cette élection, la carte représentant le vote d’il y a quatre ans entre Donald Trump et Hillary Clinton. Ceci nous donne une première indication sur le nombre de grands électeurs que l’actuel président doit défendre, et sur la répartition entre états démocrates et républicains. Bien sûr, le vote de ce 3 novembre 2020 risque d’être un peu différent, mais une large partie des régions ne peut pas basculer si facilement d’un camp à l’autre et vice-versa. Si Biden veut être élu, il doit gagner des états sur la côte sud-est ou par le nord. Si Trump veut être réélu, il doit garder le nord ou le sud-est du pays.
final 2016 electoral map

Les Swing States: Focus sur 3 états
Les quelques états qui peuvent basculer d’un camp à l’autre, voici tout l’enjeu comme nous l’avions indiqué dans notre précédent article. Plus nombreux qu’en 2016, ces états appelés “pivots” vont être le juge de paix de cette élection et feront pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Dans les 5 ou 6 en ballotage (Floride, Michigan, Ohio, Pennsylvanie, Iowa, Caroline du Nord), la campagne a fait rage jusqu’au bout. Les candidats investissant des millions en publicité ou meetings (physiques et virtuels) pour tenter d’emporter la mise. La Pennsylvanie (où est d’ailleurs né Biden), la Floride et l’Ohio seront extrêmement serrés et disputés, et nul ne semble pouvoir prédire le résultat précis.

L’Ohio: un cas à part
Durant les 50 dernières années, l’Ohio a toujours voté pour le président élu. Une habitude qui fait que tous les regards se tourneront vers les 18 voix de cet état voisin de la Pennsylvanie en début de soirée électorale. Donald Trump y a d’ailleurs mis les moyens dans son sprint final.  Il se pourrait toutefois que l’exception confirme la règle cette année, puisque la possibilité que Joe Biden perde cet état mais remporte la présidentielle est hautement probable.

File Photos. @Reuters

Que se passe-t-il en cas d’égalité
En cas d’égalité parfaite (oui c’est possible) avec 269 voix chacun, qui est élu ? Ce scénario un peu fou est peu probable mais il y a quelques possibilités non négligeables. Ce fut d’ailleurs le cas une fois…en 1800. La Constitution américaine stipule qu’en cas d’égalité, la décision revient à la Chambre des représentants tandis que le Sénat choisit le vice-président. Mais attention, la chambre sera nouvellement élue et chaque état à droit à un vote, les nombreux représentants de celui-ci devant se mettre d’accord. Compliqué ? Oui, soit oublions ce scénario du casse-tête pour l’instant.

Le rôle du vote par correspondance
Une composante à ne pas mettre de côté, en cette année 2020 très spéciale, est l’importance du vote par correspondance. Critiqué par Donald Trump début septembre, il semble que les républicains aient aussi tenté de le déstabiliser (en Californie) en installant des urnes devant des églises et lieux de rassemblements. Quoi qu’il en soit, nous pourrions avoir des résultats plus tôt que prévus étant donné que beaucoup ont déjà voté (dont Donald Trump et Mike Pence) au moment où ces lignes sont écrites.
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Les femmes blanches en arbitre ?
C’est déjà elles qui avaient fait pencher la balance dans certains états en 2016, et c’est à nouveau à elles que s’adresse Donald Trump pour sauver sa peau. Comme le vote des afro-américains semble s’orienter vers Biden, on a normalement tendance à dire que les latino-américains décident souvent de l’élection. Or, il semble y avoir un appel aux “femmes blanches actives des banlieues” par Trump. Le prouve un de ses derniers discours agressifs (“J’ai sauvé votre quartier et banlieue”). Un comté de Californie, l’Orange County à majorité républicaine avec un électorat typique de ce profil sera intéressant à suivre pour notre part (comme micro-test de l’élection). Alors, la situation va-t-elle se resserrer comme l’annoncent de nombreux observateurs? On savait déjà que Biden pouvait compter sur “sa carte magique” des seniors, voilà que Trump nous sort son joker “femme”.

L’Election Day virtuel: Voici notre pronostic et simulation de vote en vidéo
Après cette revue des principaux enjeux, nous voici prêts pour l’élection finale. En visionnant cette courte vidéo (mode plein écran), vous découvrirez enfin qui sera le prochain président des Etats-Unis selon notre ressenti. Attention, je précise bien que ce n’est pas mon souhait mais mon pronostic. Il n’y a donc pas de prise de position ou de choix d’un camp ou de l’autre dans cette simulation, ce blog n’étant pas à caractère “militantisme” mais informatif et de partage.*
*Vidéo à caractère virtuelle et de simulation. Aucune référence à la réalité ne pourrait être reflétée

Faites-votre propre carte électorale
Alors, vous n’êtes pas d’accord avec notre pronostic ? Vous voulez faire une autre simulation et tester certains états swings ? Ou arriver au scénario possible de l’égalité à 269 voix chacun ? Voici un lien pour vous y amuser d’ici à mardi prochain.

En conclusion, un constat et une question. Si Biden s’impose, il ne sera de loin pas le premier vice-président devenant président des Etats-Unis. Il rejoindrait ainsi une longue liste comprenant entre autres Gerald Ford, George H. W. Bush ou encore Théodore Roosevelt. Et du coup, si Trump perd, il rejoindra lui aussi George H. W. Bush dans le camp des présidents défaits après leur premier mandat.
Enfin, la question: Une éventuelle défaite sera-t-elle reconnue ? On en attend pas moins des démocrates, ce qui signifierait toutefois un parti totalement brisé, quatre ans après Hillary Clinton. Quant à Donald Trump ? On ose espérer, car dans le cas contraire, le pire des scénarios (et pas seulement pour la bourse) allant jusqu’à de nouveaux heurts dans le pays n’est pas à exclure. Tant la situation est tendue. Mais croyons (encore un peu) en la démocratie américaine.

 

Et Pour ceux qui n’ont pas pu regarder la vidéo jusqu’à la fin: Notre carte électorale virtuelle finale

@Credits Video: @CNN, @IPO Vidéos, @Fox News @CNN politics
@credits Audio: @CNN
@Credits photos: @Le Temps

Élection présidentielle américaine 2020: Votre mode d’emploi

© EPA /JIM LO SCALZO

A exactement un mois de l’Election day et quelques jours après le premier débat, nous vous offrons notre guide pour cette 59ème élection présidentielle américaine. Débats, horaire des résultats, pronostics et états swings, découvrez les éléments clés de ce face à face entre Donald Trump (parti républicain) et Joe Biden (parti démocrate).*
*NB: Cet article a été rédigé et publié avant l’annonce des tests positifs au covid19 de Donald et Melania Trump)

Quatre ans après le terrible et historique affrontement entre Hillary Clinton et Donald Trump, nous revoici plongés dans la campagne présidentielle américaine. Si Donald Trump est toujours là, celle qui devait selon tous les sondages devenir la première femme à présider l’Amérique a eu plus de trois ans pour accepter sa défaite, ou pas. Quoi qu’il en soit, c’est Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama qui affrontera l’ancien magnat new-yorkais de l’immobilier le 3 novembre prochain. Mentionnons aussi le parti libertarien et le Green party (verts américains) qui ont eux aussi un candidat en lice, toutefois sans grande influence.

Très populaire dans la base démocrate, il semble que Joe Biden ait cette fois-ci un parti uni derrière lui (ou contre Trump c’est selon), chose dont ne pouvait se targuer de disposer Clinton. Cela suffira-t-il à éjecter le locataire de la maison blanche ? Rares, sont ceux qui ont été boutés hors du bureau ovale de Washington mais on en trouve tant côté républicain que démocrate. Et Donald Trump a annoncé la couleur, il se battra avec toutes ses forces et tous les moyens pour conserver le pouvoir. Joe Biden est prévenu.

Des débats tendus
Comme il l’avait fait avec l’ancienne secrétaire d’Etat en 2016, Donald Trump va certainement attaquer personnellement, politiquement et moralement son adversaire. C’est là qu’il est le plus fort et il serait fou de s’en priver (quitte à être mensonger), tant il croit Joe Biden fébrile sur cette discipline-ci. Il l’a fait avant le débat avec sa demande d’un contrôle anti-dopage pour son adversaire et pendant leur premier face à face mardi 29 septembre à Cleveland dans l’Ohio.
Les deux suivants se tiendront les 15 et 22 octobre au Michigan et Tennessee, avec forcément des mesures covid strictes et encore plus de tensions et agressivité. Auparavant, vous pourrez aussi assister au débat des vice-président le 7 octobre entre Mike Pence et Kamala Harris.

Enfin, notez que la plupart des duels (ou combats) seront diffusés sur plusieurs chaînes américaines d’information (ABC, NBC, CNN, Fox News…) et sur Youtube. Néanmoins, ce sera toujours autour de 3h du matin en Suisse, loin de l’ambiance que l’on peut trouver aux Etats-Unis. Je me rappelle d’ailleurs du premier débat de 2016 que j’ai suivi dans un restaurant new-yorkais bondé et expressif. Rien à voir avec le premier acte de 2020 qui a d’ailleurs été qualifié par plusieurs médias comme le pire de l’histoire et de “Shit Show” par CNN. J’oserai m’aligner dessus en ajoutant que cela a accouché d’un duel de clowns stupides, séniles et grossiers. A-t-on vraiment envie de voir les suivants quand on sait que 90% des américains ont déjà fait leurs choix et peuvent voter par correspondance ce mois-ci ?

Grand électeurs et états swings
Petit rappel, l’élection présidentielle ne se joue pas au votre populaire mais au nombre de grands électeurs absolu. Pour ceux qui en doutent encore, demandez à Hillary qui a gagné par plus de 2.86 millions de voix d’avance (48% contre 46%) mais a dû s’avouer vaincu face aux 304 voix du collège électoral pour Donald Trump. C’est ainsi et les règles sont connues de tous depuis des décennies (inscrit en 1845 dans la constitution). Il faut donc réunir au moins 270 suffrages, soit la majorité des 538 en jeu. La répartition par état se fait par rapport au recensement de la population et il sera identique à celui de 2016. Concrètement, la majorité des voix d’un état suffit pour remporter la totalité des voix, communément appelé “winner take all”. Quelques états, toutefois, comme le Maine ont une certaines dose de proportionnelle par comtés.

En observant la carte ci-dessous, vous comprendrez mieux la réparation des électeurs par états, les plus importants en nombre de voix étant la Californie (55), le Texas (38), la Floride (29) et l’état de New York (29). Certains sont aussi clairement inflexibles (New York démocrate, Texas républicain), d’autres sont indécis et font à chaque fois pencher le sort de l’élection d’un côté ou de l’autre (NB: Vous pouvez aussi lire l’éditorial du Temps posté indépendamment notre article). Appelés swing states, on citera la Pennsylvanie, l’Ohio ou la Floride, tous trois perdus par Clinton ou gagnés par Trump en 2016 selon votre affinité. Capable de basculer d’un camp à l’autre selon le candidat et la campagne menée, certains présidentiables y investiront plus d’énergies et d’argent que dans des grands états moins indécis. Gageons que Joe Biden et les démocrates ne commettront plus l’erreur de sous-estimer certains états comme l’avait fait Hillary Clinton, et d’autre part que Donald Trump tentera ardemment de garder la Floride, le Michigan et la Pennsylvanie pour l’emporter.

@BBC

Election Day: Horaire des résultats
Comme indiqué dans l’introduction, le vote pour le prochain président des Etats-Unis aura lieu lors de l’Election Day fixé au 3 novembre 2020. Selon la règle, il s’agit toujours du mardi suivant le premier lundi du mois de novembre des années paires (voir notre post sur les Midterms). Parallèlement à la présidentielle, les Américains votent aussi pour la chambre des représentants (House of Representatives, chambre basse) et renouvellent un tiers du Sénat (Senate, chambre haute).

Basé sur la côte ouest en 2016, j’étais de passage en Europe la semaine de l’élection et avait assisté au triomphe « surprise » de Donald Trump. Vivant aux Etats-Unis, cette victoire ne fut pas aussi inattendue pour moi, tant la méfiance ressentie auprès de Hillary Clinton était grande sur place. Ce qui était passionnant était plutôt de voir l’Election Day se transformant comme souvent en « Election Night » tant sur la côte est que sur la côte ouest, et de suivre ceci au milieu de la nuit jusqu’au petit matin depuis l’Europe résultat par résultat. Avec un constat dès 4h45 et la fermeture des bureaux de vote. Trump est bien plus fort que prévu et son élection n’est plus improbable. A 6h30 Clinton maintient le suspens avec le Nevada mais à 7h40 le Minnesota « mine » ses dernières chances. A 8h30 Donald Trump est élu 45ème président des Etats-Unis.

Si cette élection fut serrée en 2016, elle ne l’est pas toujours avec l’exemple d’Obama en 2008 et 2012. Bien sûr, il y eut aussi l’un des cas les plus indécis en 2000 avec George W. Bush. Alors, à quelle heure peut-on attendre les premières tendances et résultats cette année ? Selon toute vraisemblance, un bout de la réponse devrait tomber vers 4h du matin mais le Minnesota et la Pennsylvanie devraient être âprement disputés, tel deux juges de paix entre 7h et 9h du matin. A moins que le vote par correspondance n’accélère les choses. Quoi qu’il en soit, il faudra encore que Donald Trump ou Joe Biden reconnaissent leur défaite, ce qui est loin d’être acquis aujourd’hui.

Les tendances du vote: Vers une nouvelle surprise ?
Alors que tous les instituts de sondage prédisaient une victoire de Hillary Clinton en 2016, les médias et les faiseurs de pronostics se prirent une bonne douche froide à l’annonce des résultats. L’histoire va-t-elle se répéter en 2020, avec un Joe Biden en tête des intentions de vote depuis plusieurs mois ? Nul ne le sait, et ce n’est guère le premier débat médiocre qui nous aiguillera.

Il faut dire qu’il n’y a pas que le vote caché pour Trump qui complique la tâche des sondeurs. La crise sanitaire du covid, et les tensions économiques, politiques et internationales peuvent faire basculer la donne d’un côté comme de l’autre. Surtout avec deux septuagénaires plus proche d’une maison de fou que d’une maison blanche. Par exemple, certains spécialités suisses prédisent à contre marées une victoire républicaine (voir le très bon article du Temps), alors que Biden est donné gagnant à 50% contre 43% ou à 279 grands électeurs électeurs.

Pour finir, il y a aussi l’histoire des 13 clés d’Allan Lichtman, Professeur d’histoire à l’American University de Washington et qui a développé depuis 1981 un système de clés basés tant sur le charisme que sur l’économie ou le social. Lui donne Joe Biden vainqueur d’une courte tête. Du côté de notre blog “Au cœur de l’Amérique”, nous nous oserons également à un pronostic 10 jours avant la présidentielle. Nous vous présenterons ainsi une carte interactive des Etats-Unis avec une simulation virtuelle de l’Election Day et « Night » . Histoire de voire, si notre ressenti était aussi juste qu’en 2016. Ensuite, il ne restera plus qu’à attendre le 4 novembre au matin (ou plus tard) pour suivre sur le site du Temps, les chaînes américaines (ou ailleurs) le verdict des urnes. En espérant que d’ici là, ces deux clowns ne nous gâchent pas Halloween trois jours avant le vote. Déjà que cette élection risque d’être masquée…

Oliver Wyss: Le Suisse qui construit le football de demain en Californie

A 45 ans, Oliver Wyss originaire du canton de Soleure est l’homme fort du football dans l’Orange County californien. Cet ancien joueur et entraîneur, devenu manager, s’est donné comme objectif de promouvoir le football à l’européenne au pays du Superbowl. Portrait d’un visionnaire aussi américain que suisse.

Aux Etats-Unis, le football comme nous l’appelons en Europe n’est pas roi. Si vous prononcez d’ailleurs le mot football devant un américain, vous serez confus. Lui pensera à la NFL, au Superbowl et aux quarterbacks, et vous plutôt aux dribbles de Ronaldo, Messi et à la Champions League. Pourtant, il est bien connu que notre football tel que nous le connaissons en Europe et ailleurs se nomme « soccer » pour les Américains. Première erreur donc à ne pas commettre, confondre le soccer avec le football américain dit « football » USA. En Californie, un homme s’est toutefois mis en tête de donner une place en or au soccer. Et c’est un Suisse.

Oliver Wyss avec la légende Keisuke Honda

Lorsque je rencontre Oliver Wyss pour la première fois, je me retrouve moi aussi devant ce dilemme. Parlant en anglais, j’opte donc pour le mot « soccer », et bien m’en prend puisqu’il est le manager général du « Orange County Soccer Club. » basé à Irvine. Ce Soleurois d’origine qui vit maintenant depuis plus de 25 ans en Californie, a malgré tout gardé son amour pour le « football européen », comme il me le racontera plus tard en Suisse-Allemand. Ainsi, il veut prouver que le soccer peut avoir sa place au pays de la bannière étoilée. Et il s’est donné pour mission de construire un club pour conquérir le cœur des jeunes californiens et de l’Europe.

La construction d’un réseau
Après un début de carrière au FC Solothurn accompagné de sélections en équipes nationales suisses espoirs, Oliver Wyss arrive en 1994 en Californie à l’âge de 23 ans. Contrat en poche chez les Los Angeles Salsa (D1 aux USA avant la MLS), il souhaite participer à la renaissance du soccer dans ce pays. Malheureusement, le début de son rêve américain tourne court sur le terrain. Victime d’une anémie plastique, il est obligé d’arrêter sa carrière et de se faire soigner. Il va dès lors trouver un nouveau sens à sa passion. Soutenu par sa femme originaire de Californie, il va se consacrer au développement du football chez les jeunes, dans cette région qui l’accueilli et soigné.

Ce challenge commence avec le coaching d’une équipe espoirs, puis avec les Orange County Blues FC en 2013 (D2 américaine). Après plusieurs bonnes saisons en tant qu’entraîneur, il reçoit en 2016 une promotion et une mission par le nouveau propriétaire du club James Keston: former et découvrir les futurs stars du soccer en Californie et participer au rebranding de l’équipe. Renommé Orange County Soccer Club (pour la région entre Los Angeles et San Diego), le club lui fait confiance en le plaçant au poste de Manager général et président des opérations. Ses contacts auprès de la fédération américaine, sa philosophie, son réseau et son passé européen offrent toutes les garanties.

La prise en main d’un club dans une région à énorme potentiel
Pour mener ce projet avec succès, Oliver Wyss peut s’appuyer sur une région multiculturelle, jeune, dynamique et économiquement forte. Non seulement, il parvient à enthousiasmer des partenaires et sponsors locaux, mais aussi des investisseurs internationaux comme le joueur Keisuke Honda (passé par l’AC Milan). « Je ne veux pas seulement des sponsors donateurs, je veux des partenaires qui s’identifient et s’investissent dans cette mission » Oliver Wyss en est convaincu, la passion pour le football est bien présente en Californie. Outre les Los Angeles Galaxy, le club du FC Los Angeles vient d’être crée en MLS (D1 USA) et la population s’intéresse énormément au football européen. La proximité avec le Mexique et le nombre de jeunes d’origines multiculturelles est une richesse pour ce sport dans l’Orange County : « chaque jeune de la région doit pouvoir rêver de devenir footballeur professionnel, et nous voulons être leur tremplin ».

Inculquer et s’inspirer du football européen
Sans pour autant glorifier notre système et formation en Europe, il faut reconnaître que le travail effectué ces 20 dernières années avec des campus, des formations et l’accompagnement pour les jeunes footballeurs est bien meilleur qu’aux Etats-Unis. En Amérique, le soccer est encore un peu le parent pauvre, bien que le futur semble meilleur. Ainsi, les Colleges (Universités) et clubs universitaires préfèrent mettre en avant le basketball, le hockey et le American football. Wyss et l’Orange County Soccer Club veulent changer cela. Pour devenir footballeur professionnel, il ne faudra plus nécessairement passer par une équipe universitaire. Il faut donner la chance à tous et s’inspirer du modèle européen.

C’est ainsi que le club organise des visites dans les écoles de la région pour promouvoir ce sport. A travers sa kids Community, il organise aussi des camps d’entraînements et offre des activités aux familles. Lors de mon premier match du club, j’ai d’ailleurs été surpris du nombre d’activités et de jeux avant le coup d’envoi pour les familles, les enfants et les jeunes. C’est une véritable fête autour du match et le club se veut rassembleur, comme c’est souvent le cas en Amérique avec les communautés (Community), ici dans le cas des loisirs. Feu d’artifice, test techniques et footballistiques, lounges d’échanges pour business et VIP, présence de la chambre du commerce ou dégustation de bière, il y en a pour tous les goûts. Vu de l’Europe, un vrai show à l’américaine pourrait-on dire.

Des accords et une stratégie pour le futur
Après une tentative infructueuse de rapprochement avec les Los Angeles FC, l’Orange County soccer club a trouvé son club partenaire officiel. Il s’agit du club écossais des Glasgow Rangers. La synergie avec ce mythe du football va bien au-delà du simple prêt de joueurs déjà en place aux USA. « Notre objectif est de  remporter le championnat USL (D2 USA) et de se positionner comme le club formateur des USA. » Le club compte ainsi 7 internationaux espoirs dans sa première équipe et des transferts dans les plus grands clubs d’Europe semblent possibles. Outre Glasgow, des clubs comme Dortmund, Barcelone ou Porto recherchent typiquement le genre de profils de jeunes joueurs que nous formons.

Oliver Wyss avec Steven Gerrard pour le lancement du partenariat avec les Glasgow Rangers.

Les premiers succès internationaux
Avec le nouveau stade flambant neuf inauguré fin 2017, Oliver Wyss a des arguments de poids pour mener a bien sa mission. Membre de la fédération américaine de soccer, il a aussi attiré plusieurs anciennes légendes européennes dans son staff technique. On y retrouve d’ailleurs aussi un Suisse, le Valaisan Didier Crettenand qui officie comme « Talent Manager. »

Sur le terrain, le succès est aussi au rendez-vous. Lors du championnat 2019, Orange County Soccer Club n’échoué qu’en en demi-finales des playoffs face au Phoenix FC de Didier Drogba. Une promotion en MLS (D1) n’est pour l’instant pas (encore) une priorité pour le club, puisqu’il faudrait acheter une place dans le système de franchises à l’américaine. Mais le niveau du championnat est presque égal et le récent premier transfert d’un joueur du club en Europe en est une preuve. Bryang Kayo a en effet signé pour Wolfsburg en Bundesliga. Auparavant, c’est un autre footballeur encore plus jeune qui avait fait les gros titres. Francis Jacobs était devenu, courant 2019, le plus jeune joueur professionnel au monde. A 14 ans, Oliver Wyss lui a offert sa chance et son premier contrat : “On en a parlé jusqu’en Europe et notre club est une véritable vitrine et fierté pour toute la région. Nous croyons au marché européen et nous pensons aussi inversement pouvoir attirer des bons joueurs en Californie.”

Adieu, Adu! Jacobs youngest to sign U.S. deal
Francis Jacobs 14 ans, le plus jeune footballeur professionnel de l’histoire

Lorsque l’on connaît Oliver Wyss, on a aucun doute qu’on entendra encore parler de l’Orange County Soccer Club. Allier le sérieux suisse au rêve et business américain, avec lui c’est possible. Et on se réjouit que le public et la région d’Irvine puisse à nouveau vibrer dans un stade plein après le covid-19. En attendant, soyez certains que le club et l’homme ont été parmi les premiers à aider, soutenir et donner aux associations, hôpitaux, malades et plus faibles pendant la pandémie.

Plus d’informations sur le club:

Site web du club: https://www.orangecountysoccer.com/

 

 

 

 

 

 

 

Covid-19 : Le dangereux jeu de Donald Trump

Après avoir longtemps sous-estimé, voire négligé l’importance du Coronavirus Covid-19, Donald Trump semble enfin prendre conscience du vrai danger en ce début avril. Toutefois, plusieurs répercussions de sa tardive réaction risquent d’entraver ses prochaines actions. Tour d’horizon sur ces différentes menaces.

Gouverner n’est pas jouer. Et encore moins en ces temps sensibles. Alors que la manière dont Donald Trump a dirigé les Etats-Unis jusqu’ici a plus ressemblé à une partie de poker (parfois gagnante) qu’à une stratégie, il est aujourd’hui l’heure qu’il se comporte en “commander in chief” que tout un pays attend. Fini les calculs politiciens, le business ou la stratégie de campagne. La situation est grave, avec au soir du 2 avril plus de 250’000 personnes infectées et près de 5’900 morts sur le territoire américain. Et ce n’est malheureusement qu’un début, le pays tout entier ayant réagi bien trop tard.

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Des actions et prise de conscience bien tardives
Si l’on peut reprocher à la Chine d’avoir caché le véritable visage du Covid-19, on ne peut pas s’empêcher de penser que les Etats-Unis auraient dû et pu se préparer de meilleure manière à la future vague de contagion. En voyant ce qui se passait en Italie, puis ailleurs en Europe, l’administration américaine se devait de prendre les devants. Et de protéger sa population. Il a toutefois fallu attendre que plusieurs états (dont Washington à l’ouest et New York à l’est) soient gravement atteints pour que le président réagisse. Les Américains ne sont eux pas non plus exempts de tout reproche. La population a également mis trop longtemps à se rendre compte du danger et à pratiquer le social distancing. Le prouvent, les images de la fin mars, avec un nombre incroyable de personnes se pressant sur les plages de Californie (Orange County) ou de Floride (plusieurs comtés n’ont fermé que des parkings). Des habitants mal informés et des gouverneurs hésitants, de quoi rendre la situation encore plus complexe pour la suite. Trump avait pourtant (peut-être à raison) fermé dès le 12 mars ses frontières avec l’Europe pour protéger le pays et ses concitoyens.

 

Clivages et affrontements
Si Donald Trump n’est pas le seul responsable, il a toutefois totalement manqué son diagnostic présidentiel. Qualifiant cette pandémie de “petite grippe” fin février, (comme le président brésilien Jair Bolsonaro ou le conseiller d’état vaudois Philippe Leuba d’ailleurs), il a indirectement fait diminuer le respect qu’avait les gens face à ce virus. Voici dix jours, il s’amusait encore en conférence de presse. Blaguant sur une poussée de fièvre d’une de ses conseillères ou se vantant de ne pas avoir été dans un premier temps testé au virus.

D’autres ont clairement mieux affronté la situation et pris les devants. On pense au gouverneur de l’Etat de New York Andrew Cuomo qui a combattu et agi avec vigilance dès le début, ou à celui de Californie Gavin Newsom qui a été un des premiers à déclarer le confinement (ce qui n’empêchera pas certains de se pavaner sur la page). Problème : ces deux gouverneurs sont démocrates. Vous l’aurez compris, le coronavirus ne soigne malheureusement pas toutes les divisions. Les uns reprochant aux autres de n’aider que les états républicains, les autres renvoyant leur manque de préparation à l’impeachment démocrate. Une telle tension est d’ailleurs aussi palpable entre ruraux et urbains ou entre gouverneurs avec les républicains (Texas, Floride) opposés aux démocrates (Californie, New York). Au-delà de savoir qui a raison, le manque de collaboration pourrait être désastreux. L’Europe, pourtant souvent divisée a su montrer une meilleure solidarité.

Les premiers confinement en Californie (orange County, @KTLA)

La santé américaine fébrile
De la solidarité, le Américains risquent d’en avoir besoin. Dans un pays, où plus de 27.5 millions d’habitants n’ont pas d’assurance maladie (voir le très juste article du Temps), nombre sont ceux qui se demandent comment ils pourront payer leurs frais d’hospitalisation. Pire, en guerre ouverte contre l’Obamacare, Donald Trump feint et menace de se servir de cette crise afin de prouver que la loi promulguée par l’ancien président démocrate pourrait être un gouffre pour le système américain. Pourtant, certains de ses concitoyens risquent de devoir renoncer à se faire soigner et diagnostiquer à temps, en raison de l’énormité des coûts et du peu de ressources financières à disposition. Certaines associations caritatives existent bien, mais elles seront trop peu nombreuses pour couvrir tous les besoins.

Soins intensifs à New York (Photo Le Temps, Keystone)

Cependant, un autre mal ronge la population des Etats-Unis. Celui de la différence de qualité des soins et de l’iniquité des services. Selon que vous résidiez dans un comté riche californien (comme l’Orange County) ou dans le Bronx new-yorkais, les hôpitaux et le nombre de ventilateurs seront très disparates. Rajoutez une santé  générale des Américains assez moyenne et bien plus mauvaise que celle des Suisses, et vous comprendrez le défi. En effet, un nombre alarmant d’habitats du pays de George Washington souffre de diverses maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou l’obésité. Soit, près de 40% de la population selon certains chiffres officiels. Additionnez ceci au service de santé inégal et vous comprendrez la fébrilité du système et du danger guettant.

Les catastrophes économiques et naturelles menacent
Enfin, n’oublions pas les conséquences économiques qui pourraient affaiblir la première puissance mondiale. Près de 7 millions de travailleurs se sont déjà inscrits au chômage et un des pires scénarios prévoirait plus de 30 millions, c’est à dire environ 20% de la population active. Les signes ne trompent pas: certaines PME fabriquent des masques en tissus pour survivre malgré le confinement, et l’administration américaine a honteusement racheté à la Chine des masques en partance pour l’Europe.

Au delà de l’humain, il faut parfois savoir écouter la nature. Et les Etats-Unis ne sont malheureusement pas à l’abri d’une catastrophe naturelle. Ouragans et tornades sont légions entre mai et août dans le centre et l’est du pays. Sans oublier les feux de forêt et les tremblements de terre en Californie. Quid alors d’un pays touché tant économiquement que physiquement ? Le jeu économique en vaut-il vraiment la chandelle ? Ou ne vaudrait-il pas mieux entendre cet avertissement sanitaire pour mieux repartir ?

Donald Trump n’aura peut-être pas le choix. Et le pays sera-t-il d’ailleurs encore la plus grande puissance après cette probable crise qui s’annonce ? La Chine pourrait bien profiter de son avance sur la maladie pour dicter le ton de la relance économique. Presque un comble devrait-on dire. Car au-delà de l’origine de la maladie que surnomment certains républicains “The Chinese virus”, l’Empire du Milieu devra un jour rendre des comptes. Comment le virus s’est-il véritablement développé à l’origine, et à quel rythme ? L’interdiction mondiale des marché sauvages va-t-elle enfin être respectée ?

Alors, oui Donald Trump sera en partie jugé par le Covid-19 comme le rappelle Le Temps dans son éditorial du 12 mars. Mais il aura beau jeu de dénoncer ses meilleurs ennemis : la Chine, Obama et les démocrates.
Car rappelons-le, aux Etats-Unis, pas besoin d’avoir la majorité de la population à ses côtés pour être élu. Le nombre le plus élevé de grands électeurs (du collège électoral) suffit, demandez à Hillary Clinton. Espérons tous que d’ici là, tous les Américains et surtout toutes les populations mondiales seront guéries. Le choix du président nous paraîtra alors peut-être un peu plus secondaire.