Après près de deux ans de pandémie, l’heure est à nouveau aux voyages pour les Américains. Et fait surprenant, ils sont nombreux à privilégier l’Europe plutôt que les Etats-Unis. On vous explique les raisons et dessous de ce phénomène.
On ne surprendra personne en disant que l’année 2020 fut catastrophique pour le tourisme international, américain et intérieur. Si avec l’arrivée des vaccins et des mesures sanitaires en constante évolution, 2021 a pu être meilleur sur le plan national, les voyages internationaux ont encore souffert. Ainsi, dès l’été dernier, les parcs nationaux, sites touristiques et villes des Etats-Unis ont accueilli des visiteurs en masse avec des réservations records (notamment à Las Vegas, dans les parcs californiens et de l’Utah). Mais contrairement à l’an dernier, la tendance s’est complètement inversée pour cet été.
Levée des tests PCR
Avec la fin de l’obligation des test PCR covid pour le retour dans le pays, et la levée des mesures dans la plupart des pays d’Europe, les voyages internationaux font à nouveau le plein et les Américains en profitent en masse. Bloqués pendant deux ans sur leur territoire, certains ont quelques économies de côté ou profitent enfin de réaliser les visites qu’ils ont tant repoussés pendant la longue fermeture de leurs frontières. Et le vieux continent semble être particulièrement privilégié pour cette reprise.
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En parallèle à ce rebond de l’industrie touristique, le dollar est au plus haut face à l’euro et favorise les vacances en Europe. En effet, malgré l’inflation qui s’installe sur tout le continent, voyager à Rome, Paris ou les îles grecques n’a jamais été aussi abordable pour les Américains. Avec un taux de change proche de la parité (1 Euro pour 1,02 USD), le charme n’est pas seulement culturel et touristique, il est aussi économique. En d’autres termes, les villes et îles européennes son plus qu’attractives et font le plein de touristes américains. La France, l’Italie, la Grèce et l’Irlande semblent faire le plein et la course en tête.
Et quid de la Suisse ? Ce constat est également valable, puisqu’avec un franc suisse aux alentours de 1,03 USD, notre pays est aussi intéressant. Certes, l’hébergement et les transports peuvent être un peu plus cher mais il semble que notre pays parvienne aussi à tirer son épingle du jeu.
Les revers : annulations, inflation, récession, habitudes
Alors, ce phénomène est-il parti pour durer ? Pas certain au vu des premières conséquences et des prévisions économiques à venir. Tout d’abord, il faut rappeler que normalement les Américains ne voyagent pas autant et si souvent.
En effet, bon nombre ne sont que très rarement voir jamais sorti de leur pays et privilégient les voyages à l’intérieur du pays. Les raisons sont souvent financières et culturelles. Seuls les hauts salaires et la classe moyenne supérieure peuvent se permettre de voyager et les congés payés ne sont pas légions. Il faut rappeler qu’aucune loi aux Etats-Unis n’impose aux employeurs d’accorder des congés annuels mais qu’en moyenne la plupart des entreprises offrent 2 semaines de congés payés.
De plus, cette reprise forte et rapide du tourisme international en a mis plus d’un en difficulté. A commencer par les compagnies aériennes qui annulent vol sur vol en Europe (par manque de personnel et ressources) et proposent de gros dédommagements aux Américains prêts à renoncer à leur voyage sans passer par la case ultime qu’est l’annulation.
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Enfin, l’inflation continue et les coûts de l’or noir risquent de freiner très prochainement l’enthousiasme de tous ces voyageurs. Le prix du gallon est déjà exorbitant dans la plupart des Etats de la bannière étoilée, et avec des coûts de vie qui augmentent de jour en jour, les Américains risquent de se renfermer dans leur région ou maison. Pour toutes ces raisons économiques, cultures et intérieures, cet exode touristique des Américains vers l’Europe pourrait n’être qu’un boom unique et temporel de cet été 2022. Et risque d’être sans suite et lendemain.
Sous l’impulsion de Donald Trump et de Joe Biden, et en marge des tensions dans les partis républicains et démocrates, un troisième parti américain de premier plan est-il envisageable ? Retour sur l’histoire, analyse des forces en présence et tentative de réponse et décryptage.
Le poids de l’histoire
Comme expliqué plus haut, aux Etats-Unis, vous êtes soit républicain, soit démocrate. Or, il n’en a pas toujours été ainsi. Il faut rappeler que ces deux monstres sont issus d’une scission du parti républicain-démocrate en 1824 (Democratic-Republican Party). Et oui, aussi incroyable que cela y paraît, les deux géants ne faisaient à l’origine qu’un en opposition au parti fédéraliste de George Washington qui se désintègre lui en 1820. Il y avait donc dès le départ déjà, un bipartisme que les experts attribuent à la simplicité du débat politique américain.
Un court précédant à trois partis A la division du parti républicain-démocrate en 1824, le parti whig qui deviendra le parti républicain en 1854, ainsi que le parti démocrate prennent les devants de la scène politique américaine en bipartisme pour ne plus la lâcher. Il y aura, toutefois, bien des tentatives de troisième force mettant en danger les deux ogres. Dans une atmosphère encore plus polarisée qu’aujourd’hui (oui, c’est possible), le Populiste Party (défense des paysans) aurait pu faire vaciller les démocrates entre 1890 et 1900, avant de les rejoindre.
Plus incroyable, le Progressive Party était encore plus proche d’imposer une troisième voie aux Etats-Unis. Fondé en 1912 pour ramener l’ancien président Théodore Roosevelt au pouvoir, le parti est une division de l’aile progressive républicaine. Le succès est au rendez-vous, puisque Roosevelt termine 2ème de l’élection avec 27%, mais avec seulement 88 grands électeurs. Le format de l’élection majoritaire à un tour a encore frappé. Le nouveau parti au logo d’un élan (face à l’âne démocrate et l’éléphant républicain) a fait partiellement chuter le grand parti républicain et pensait ensuite pouvoir attirer les progressistes démocrates.
Mais les mid-terms de 1914 qui suivent sont un gros échec. Et en 1916, sous l’influence du revenant Roosevelt, le parti républicain adapte des valeurs plus progressistes pour retrouver leur poids et mettre fin au parti progressiste. L’histoire retiendra que les deux anciens partis ont tremblé et une occasion unique a été manquée.
Les Américains tiraillés
Mais qu’en est-il du souhait des Américains de voir émerger une troisième voie près de 100 ans après ? S’il étaient moins de 35% à en vouloir en 2000 après la défaite d’Al Gore (soi-disant due à l’entrée du Green Party dans la course), ce chiffre bondit à presque 50% en 2019 et 60% en 2021. Un arbre cache cependant la forêt, puisque ce sont en majorité des réactions passagères au sein des partis. D’une part, contre la personne de Donald Trump, ou contre la politique migratoire de Joe Biden (au sein des démocrates).
De simple menaces avec un risque trop élevé
Avec le party Libertarian et le Green Party qui existent maintenant depuis plusieurs décennies, il semble que toute tentative de troisième parti soit vouée à l’échec. En effet, les résultats de ces deux mouvements sont une suite de déceptions sans noms, et l’exemple de la présidentielle de 1992 avec Ross Perot est éloquent. Cet indépendant se lance contre Bill Clinton et Georges Bush, jusqu’à créer un débat à trois à la télévision américaine. Perot obtiendra 19% des voix mais aucun grand électeur. Un exploit en chiffres (20 millions de votes), mais un échec en terne d’élection pure. Et comme l’histoire se répète, Clinton reprendra une partie de ses idées et son mouvement sera marginalisé.
Alors, en 2021, les menaces de certains républicains, Liz Cheney en tête (fille de l’ancien vice-président Dick Cheney), de contrer le pouvoir de Donald Trump au sein du Gran Old Party ne semblent pas tenir la route. Bien que les réactions face à l’ascendance trumpiste et populiste soient de plus en plus nombreuses, un nouveau courant progressiste ne saurait être viable à long terme. Et le constat est encore plus implacable du côté démocrate, où Alexandra Ocasio Cortez et Bernie Sanders ne jouent que sur la peur d’une scission pour renforcer leur courant d’idées.
Over 100 Republicans, including former officials, are preparing to release a letter this week threatening to form a third party if the Republican Party does not make certain changes. https://t.co/5hj5UYLO4A
Vers un statu quo Pour conclure, comme l’ont montré les élections de 1912, 1992 ou 1912, les troisièmes partis dans la politique américaine sont plutôt perçus comme des solutions de facilité que de recours. Comme semble le confirmer l’éminent politique Gregory Koger de l’University of Miami : « Les Etats-Unis sont un des rares pays démocratiques à avoir un système électoral qui récompense la voie à deux partis. Tant au niveau local que national, il en est ainsi fait. En conséquence, les élections et les électeurs ont tendance à préférer un des deux favoris probables face à l’émergence d’un troisième candidat. La conclusion est que leur influence peut être grande mais leur succès moindre. »
Mais en politique, comme en sport, c’est bien connue, il ne faut jamais enterrer quoi que ce soit.
Et le vainqueur est….Donald Trump ou Joe Biden. Dans notre article, vivez l’Election Day comme si vous y étiez avec les résultats virtuels de chaque état. En lisant jusqu’au bout, vous découvrirez notre pronostic avec la carte interactive du vote. Alors, notre prévision était-elle juste ? Faites-vous votre idée, la réponse le 3 novembre prochain
A exactement une semaine du vote, une question est sur toutes les lèvres. Qui sera le prochain président des Etats-Unis ? Un républicain ou un démocrate ? Lequel des deux septuagénaires va l’emporter ? Assistera-t-on à un deuxième mandat pour le 45ème président en exercice ou aura-t-on un ancien vice-président à la tête du pays ? On peut tourner la question dans tous les sens, on espère toutefois avoir la réponse mercredi 4 novembre. Suivez les éléments-clés et la répartition du vote état par état pour déchiffrer qui arrivera le premier à 270 grands électeurs afin d’être élu président des Etats-Unis ?
La carte électorale de 2016
Point de départ pour cette élection, la carte représentant le vote d’il y a quatre ans entre Donald Trump et Hillary Clinton. Ceci nous donne une première indication sur le nombre de grands électeurs que l’actuel président doit défendre, et sur la répartition entre états démocrates et républicains. Bien sûr, le vote de ce 3 novembre 2020 risque d’être un peu différent, mais une large partie des régions ne peut pas basculer si facilement d’un camp à l’autre et vice-versa. Si Biden veut être élu, il doit gagner des états sur la côte sud-est ou par le nord. Si Trump veut être réélu, il doit garder le nord ou le sud-est du pays.
Les Swing States: Focus sur 3 états Les quelques états qui peuvent basculer d’un camp à l’autre, voici tout l’enjeu comme nous l’avions indiqué dans notre précédent article. Plus nombreux qu’en 2016, ces états appelés “pivots” vont être le juge de paix de cette élection et feront pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Dans les 5 ou 6 en ballotage (Floride, Michigan, Ohio, Pennsylvanie, Iowa, Caroline du Nord), la campagne a fait rage jusqu’au bout. Les candidats investissant des millions en publicité ou meetings (physiques et virtuels) pour tenter d’emporter la mise. La Pennsylvanie (où est d’ailleurs né Biden), la Floride et l’Ohio seront extrêmement serrés et disputés, et nul ne semble pouvoir prédire le résultat précis.
L’Ohio: un cas à part
Durant les 50 dernières années, l’Ohio a toujours voté pour le président élu. Une habitude qui fait que tous les regards se tourneront vers les 18 voix de cet état voisin de la Pennsylvanie en début de soirée électorale. Donald Trump y a d’ailleurs mis les moyens dans son sprint final. Il se pourrait toutefois que l’exception confirme la règle cette année, puisque la possibilité que Joe Biden perde cet état mais remporte la présidentielle est hautement probable.
Que se passe-t-il en cas d’égalité En cas d’égalité parfaite (oui c’est possible) avec 269 voix chacun, qui est élu ? Ce scénario un peu fou est peu probable mais il y a quelques possibilités non négligeables. Ce fut d’ailleurs le cas une fois…en 1800. La Constitution américaine stipule qu’en cas d’égalité, la décision revient à la Chambre des représentants tandis que le Sénat choisit le vice-président. Mais attention, la chambre sera nouvellement élue et chaque état à droit à un vote, les nombreux représentants de celui-ci devant se mettre d’accord. Compliqué ? Oui, soit oublions ce scénario du casse-tête pour l’instant.
Le rôle du vote par correspondance
Une composante à ne pas mettre de côté, en cette année 2020 très spéciale, est l’importance du vote par correspondance. Critiqué par Donald Trump début septembre, il semble que les républicains aient aussi tenté de le déstabiliser (en Californie) en installant des urnes devant des églises et lieux de rassemblements. Quoi qu’il en soit, nous pourrions avoir des résultats plus tôt que prévus étant donné que beaucoup ont déjà voté (dont Donald Trump et Mike Pence) au moment où ces lignes sont écrites.
Les femmes blanches en arbitre ?
C’est déjà elles qui avaient fait pencher la balance dans certains états en 2016, et c’est à nouveau à elles que s’adresse Donald Trump pour sauver sa peau. Comme le vote des afro-américains semble s’orienter vers Biden, on a normalement tendance à dire que les latino-américains décident souvent de l’élection. Or, il semble y avoir un appel aux “femmes blanches actives des banlieues” par Trump. Le prouve un de ses derniers discours agressifs (“J’ai sauvé votre quartier et banlieue”). Un comté de Californie, l’Orange County à majorité républicaine avec un électorat typique de ce profil sera intéressant à suivre pour notre part (comme micro-test de l’élection). Alors, la situation va-t-elle se resserrer comme l’annoncent de nombreux observateurs? On savait déjà que Biden pouvait compter sur “sa carte magique” des seniors, voilà que Trump nous sort son joker “femme”.
L’Election Day virtuel: Voici notre pronostic et simulation de vote en vidéo
Après cette revue des principaux enjeux, nous voici prêts pour l’élection finale. En visionnant cette courte vidéo (mode plein écran), vous découvrirez enfin qui sera le prochain président des Etats-Unis selon notre ressenti. Attention, je précise bien que ce n’est pas mon souhait mais mon pronostic. Il n’y a donc pas de prise de position ou de choix d’un camp ou de l’autre dans cette simulation, ce blog n’étant pas à caractère “militantisme” mais informatif et de partage.* *Vidéo à caractère virtuelle et de simulation. Aucune référence à la réalité ne pourrait être reflétée
Faites-votre propre carte électorale Alors, vous n’êtes pas d’accord avec notre pronostic ? Vous voulez faire une autre simulation et tester certains états swings ? Ou arriver au scénario possible de l’égalité à 269 voix chacun ? Voici un lien pour vous y amuser d’ici à mardi prochain.
En conclusion, un constat et une question. Si Biden s’impose, il ne sera de loin pas le premier vice-président devenant président des Etats-Unis. Il rejoindrait ainsi une longue liste comprenant entre autres Gerald Ford, George H. W. Bush ou encore Théodore Roosevelt. Et du coup, si Trump perd, il rejoindra lui aussi George H. W. Bush dans le camp des présidents défaits après leur premier mandat.
Enfin, la question: Une éventuelle défaite sera-t-elle reconnue ? On en attend pas moins des démocrates, ce qui signifierait toutefois un parti totalement brisé, quatre ans après Hillary Clinton. Quant à Donald Trump ? On ose espérer, car dans le cas contraire, le pire des scénarios (et pas seulement pour la bourse) allant jusqu’à de nouveaux heurts dans le pays n’est pas à exclure. Tant la situation est tendue. Mais croyons (encore un peu) en la démocratie américaine.
Et Pour ceux qui n’ont pas pu regarder la vidéo jusqu’à la fin: Notre carte électorale virtuelle finale
A 45 ans, Oliver Wyss originaire du canton de Soleure est l’homme fort du football dans l’Orange County californien. Cet ancien joueur et entraîneur, devenu manager, s’est donné comme objectif de promouvoir le football à l’européenne au pays du Superbowl. Portrait d’un visionnaire aussi américain que suisse.
Aux Etats-Unis, le football comme nous l’appelons en Europe n’est pas roi. Si vous prononcez d’ailleurs le mot football devant un américain, vous serez confus. Lui pensera à la NFL, au Superbowl et aux quarterbacks, et vous plutôt aux dribbles de Ronaldo, Messi et à la Champions League. Pourtant, il est bien connu que notre football tel que nous le connaissons en Europe et ailleurs se nomme « soccer » pour les Américains. Première erreur donc à ne pas commettre, confondre le soccer avec le football américain dit « football » USA. En Californie, un homme s’est toutefois mis en tête de donner une place en or au soccer. Et c’est un Suisse.
Lorsque je rencontre Oliver Wyss pour la première fois, je me retrouve moi aussi devant ce dilemme. Parlant en anglais, j’opte donc pour le mot « soccer », et bien m’en prend puisqu’il est le manager général du « Orange County Soccer Club. » basé à Irvine. Ce Soleurois d’origine qui vit maintenant depuis plus de 25 ans en Californie, a malgré tout gardé son amour pour le « football européen », comme il me le racontera plus tard en Suisse-Allemand. Ainsi, il veut prouver que le soccer peut avoir sa place au pays de la bannière étoilée. Et il s’est donné pour mission de construire un club pour conquérir le cœur des jeunes californiens et de l’Europe.
La construction d’un réseau
Après un début de carrière au FC Solothurn accompagné de sélections en équipes nationales suisses espoirs, Oliver Wyss arrive en 1994 en Californie à l’âge de 23 ans. Contrat en poche chez les Los Angeles Salsa (D1 aux USA avant la MLS), il souhaite participer à la renaissance du soccer dans ce pays. Malheureusement, le début de son rêve américain tourne court sur le terrain. Victime d’une anémie plastique, il est obligé d’arrêter sa carrière et de se faire soigner. Il va dès lors trouver un nouveau sens à sa passion. Soutenu par sa femme originaire de Californie, il va se consacrer au développement du football chez les jeunes, dans cette région qui l’accueilli et soigné.
Ce challenge commence avec le coaching d’une équipe espoirs, puis avec les Orange County Blues FC en 2013 (D2 américaine). Après plusieurs bonnes saisons en tant qu’entraîneur, il reçoit en 2016 une promotion et une mission par le nouveau propriétaire du club James Keston: former et découvrir les futurs stars du soccer en Californie et participer au rebranding de l’équipe. Renommé Orange County Soccer Club (pour la région entre Los Angeles et San Diego), le club lui fait confiance en le plaçant au poste de Manager général et président des opérations. Ses contacts auprès de la fédération américaine, sa philosophie, son réseau et son passé européen offrent toutes les garanties.
La prise en main d’un club dans une région à énorme potentiel
Pour mener ce projet avec succès, Oliver Wyss peut s’appuyer sur une région multiculturelle, jeune, dynamique et économiquement forte. Non seulement, il parvient à enthousiasmer des partenaires et sponsors locaux, mais aussi des investisseurs internationaux comme le joueur Keisuke Honda (passé par l’AC Milan). « Je ne veux pas seulement des sponsors donateurs, je veux des partenaires qui s’identifient et s’investissent dans cette mission » Oliver Wyss en est convaincu, la passion pour le football est bien présente en Californie. Outre les Los Angeles Galaxy, le club du FC Los Angeles vient d’être crée en MLS (D1 USA) et la population s’intéresse énormément au football européen. La proximité avec le Mexique et le nombre de jeunes d’origines multiculturelles est une richesse pour ce sport dans l’Orange County : « chaque jeune de la région doit pouvoir rêver de devenir footballeur professionnel, et nous voulons être leur tremplin ».
Inculquer et s’inspirer du football européen Sans pour autant glorifier notre système et formation en Europe, il faut reconnaître que le travail effectué ces 20 dernières années avec des campus, des formations et l’accompagnement pour les jeunes footballeurs est bien meilleur qu’aux Etats-Unis. En Amérique, le soccer est encore un peu le parent pauvre, bien que le futur semble meilleur. Ainsi, les Colleges (Universités) et clubs universitaires préfèrent mettre en avant le basketball, le hockey et le American football. Wyss et l’Orange County Soccer Club veulent changer cela. Pour devenir footballeur professionnel, il ne faudra plus nécessairement passer par une équipe universitaire. Il faut donner la chance à tous et s’inspirer du modèle européen.
C’est ainsi que le club organise des visites dans les écoles de la région pour promouvoir ce sport. A travers sa kids Community, il organise aussi des camps d’entraînements et offre des activités aux familles. Lors de mon premier match du club, j’ai d’ailleurs été surpris du nombre d’activités et de jeux avant le coup d’envoi pour les familles, les enfants et les jeunes. C’est une véritable fête autour du match et le club se veut rassembleur, comme c’est souvent le cas en Amérique avec les communautés (Community), ici dans le cas des loisirs. Feu d’artifice, test techniques et footballistiques, lounges d’échanges pour business et VIP, présence de la chambre du commerce ou dégustation de bière, il y en a pour tous les goûts. Vu de l’Europe, un vrai show à l’américaine pourrait-on dire.
Des accords et une stratégie pour le futur Après une tentative infructueuse de rapprochement avec les Los Angeles FC, l’Orange County soccer club a trouvé son club partenaire officiel. Il s’agit du club écossais des Glasgow Rangers. La synergie avec ce mythe du football va bien au-delà du simple prêt de joueurs déjà en place aux USA. « Notre objectif est de remporter le championnat USL (D2 USA) et de se positionner comme le club formateur des USA. » Le club compte ainsi 7 internationaux espoirs dans sa première équipe et des transferts dans les plus grands clubs d’Europe semblent possibles. Outre Glasgow, des clubs comme Dortmund, Barcelone ou Porto recherchent typiquement le genre de profils de jeunes joueurs que nous formons.
Les premiers succès internationaux
Avec le nouveau stade flambant neuf inauguré fin 2017, Oliver Wyss a des arguments de poids pour mener a bien sa mission. Membre de la fédération américaine de soccer, il a aussi attiré plusieurs anciennes légendes européennes dans son staff technique. On y retrouve d’ailleurs aussi un Suisse, le Valaisan Didier Crettenand qui officie comme « Talent Manager. »
Sur le terrain, le succès est aussi au rendez-vous. Lors du championnat 2019, Orange County Soccer Club n’échoué qu’en en demi-finales des playoffs face au Phoenix FC de Didier Drogba. Une promotion en MLS (D1) n’est pour l’instant pas (encore) une priorité pour le club, puisqu’il faudrait acheter une place dans le système de franchises à l’américaine. Mais le niveau du championnat est presque égal et le récent premier transfert d’un joueur du club en Europe en est une preuve. Bryang Kayo a en effet signé pour Wolfsburg en Bundesliga. Auparavant, c’est un autre footballeur encore plus jeune qui avait fait les gros titres. Francis Jacobs était devenu, courant 2019, le plus jeune joueur professionnel au monde. A 14 ans, Oliver Wyss lui a offert sa chance et son premier contrat : “On en a parlé jusqu’en Europe et notre club est une véritable vitrine et fierté pour toute la région. Nous croyons au marché européen et nous pensons aussi inversement pouvoir attirer des bons joueurs en Californie.”
Lorsque l’on connaît Oliver Wyss, on a aucun doute qu’on entendra encore parler de l’Orange County Soccer Club. Allier le sérieux suisse au rêve et business américain, avec lui c’est possible. Et on se réjouit que le public et la région d’Irvine puisse à nouveau vibrer dans un stade plein après le covid-19. En attendant, soyez certains que le club et l’homme ont été parmi les premiers à aider, soutenir et donner aux associations, hôpitaux, malades et plus faibles pendant la pandémie.
Après avoir longtemps sous-estimé, voire négligé l’importance du Coronavirus Covid-19, Donald Trump semble enfin prendre conscience du vrai danger en ce début avril. Toutefois, plusieurs répercussions de sa tardive réaction risquent d’entraver ses prochaines actions. Tour d’horizon sur ces différentes menaces.
Gouverner n’est pas jouer. Et encore moins en ces temps sensibles. Alors que la manière dont Donald Trump a dirigé les Etats-Unis jusqu’ici a plus ressemblé à une partie de poker (parfois gagnante) qu’à une stratégie, il est aujourd’hui l’heure qu’il se comporte en “commander in chief” que tout un pays attend. Fini les calculs politiciens, le business ou la stratégie de campagne. La situation est grave, avec au soir du 2 avril plus de 250’000 personnes infectées et près de 5’900 morts sur le territoire américain. Et ce n’est malheureusement qu’un début, le pays tout entier ayant réagi bien trop tard.
Des actions et prise de conscience bien tardives Si l’on peut reprocher à la Chine d’avoir caché le véritable visage du Covid-19, on ne peut pas s’empêcher de penser que les Etats-Unis auraient dû et pu se préparer de meilleure manière à la future vague de contagion. En voyant ce qui se passait en Italie, puis ailleurs en Europe, l’administration américaine se devait de prendre les devants. Et de protéger sa population. Il a toutefois fallu attendre que plusieurs états (dont Washington à l’ouest et New York à l’est) soient gravement atteints pour que le président réagisse. Les Américains ne sont eux pas non plus exempts de tout reproche. La population a également mis trop longtemps à se rendre compte du danger et à pratiquer le social distancing. Le prouvent, les images de la fin mars, avec un nombre incroyable de personnes se pressant sur les plages de Californie (Orange County) ou de Floride (plusieurs comtés n’ont fermé que des parkings). Des habitants mal informés et des gouverneurs hésitants, de quoi rendre la situation encore plus complexe pour la suite. Trump avait pourtant (peut-être à raison) fermé dès le 12 mars ses frontières avec l’Europe pour protéger le pays et ses concitoyens.
California coronavirus: Crowds packed beaches despite shelter in place order – CNN https://t.co/ayO8HMzwc6
Clivages et affrontements Si Donald Trump n’est pas le seul responsable, il a toutefois totalement manqué son diagnostic présidentiel. Qualifiant cette pandémie de “petite grippe” fin février, (comme le président brésilien Jair Bolsonaro ou le conseiller d’état vaudois Philippe Leuba d’ailleurs), il a indirectement fait diminuer le respect qu’avait les gens face à ce virus. Voici dix jours, il s’amusait encore en conférence de presse. Blaguant sur une poussée de fièvre d’une de ses conseillères ou se vantant de ne pas avoir été dans un premier temps testé au virus.
D’autres ont clairement mieux affronté la situation et pris les devants. On pense au gouverneur de l’Etat de New York Andrew Cuomo qui a combattu et agi avec vigilance dès le début, ou à celui de Californie Gavin Newsom qui a été un des premiers à déclarer le confinement (ce qui n’empêchera pas certains de se pavaner sur la page). Problème : ces deux gouverneurs sont démocrates. Vous l’aurez compris, le coronavirus ne soigne malheureusement pas toutes les divisions. Les uns reprochant aux autres de n’aider que les états républicains, les autres renvoyant leur manque de préparation à l’impeachment démocrate. Une telle tension est d’ailleurs aussi palpable entre ruraux et urbains ou entre gouverneurs avec les républicains (Texas, Floride) opposés aux démocrates (Californie, New York). Au-delà de savoir qui a raison, le manque de collaboration pourrait être désastreux. L’Europe, pourtant souvent divisée a su montrer une meilleure solidarité.
La santé américaine fébrile
De la solidarité, le Américains risquent d’en avoir besoin. Dans un pays, où plus de 27.5 millions d’habitants n’ont pas d’assurance maladie (voir le très juste article du Temps), nombre sont ceux qui se demandent comment ils pourront payer leurs frais d’hospitalisation. Pire, en guerre ouverte contre l’Obamacare, Donald Trump feint et menace de se servir de cette crise afin de prouver que la loi promulguée par l’ancien président démocrate pourrait être un gouffre pour le système américain. Pourtant, certains de ses concitoyens risquent de devoir renoncer à se faire soigner et diagnostiquer à temps, en raison de l’énormité des coûts et du peu de ressources financières à disposition. Certaines associations caritatives existent bien, mais elles seront trop peu nombreuses pour couvrir tous les besoins.
Cependant, un autre mal ronge la population des Etats-Unis. Celui de la différence de qualité des soins et de l’iniquité des services. Selon que vous résidiez dans un comté riche californien (comme l’Orange County) ou dans le Bronx new-yorkais, les hôpitaux et le nombre de ventilateurs seront très disparates. Rajoutez une santé générale des Américains assez moyenne et bien plus mauvaise que celle des Suisses, et vous comprendrez le défi. En effet, un nombre alarmant d’habitats du pays de George Washington souffre de diverses maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou l’obésité. Soit, près de 40% de la population selon certains chiffres officiels. Additionnez ceci au service de santé inégal et vous comprendrez la fébrilité du système et du danger guettant.
Les catastrophes économiques et naturelles menacent Enfin, n’oublions pas les conséquences économiques qui pourraient affaiblir la première puissance mondiale. Près de 7 millions de travailleurs se sont déjà inscrits au chômage et un des pires scénarios prévoirait plus de 30 millions, c’est à dire environ 20% de la population active. Les signes ne trompent pas: certaines PME fabriquent des masques en tissus pour survivre malgré le confinement, et l’administration américaine a honteusement racheté à la Chine des masques en partance pour l’Europe.
Au delà de l’humain, il faut parfois savoir écouter la nature. Et les Etats-Unis ne sont malheureusement pas à l’abri d’une catastrophe naturelle. Ouragans et tornades sont légions entre mai et août dans le centre et l’est du pays. Sans oublier les feux de forêt et les tremblements de terre en Californie. Quid alors d’un pays touché tant économiquement que physiquement ? Le jeu économique en vaut-il vraiment la chandelle ? Ou ne vaudrait-il pas mieux entendre cet avertissement sanitaire pour mieux repartir ?
JUST IN: 6.6 million workers filed for their first week of unemployment benefits in the week ending March 28 — a new historic high. A week earlier, 3.3 million Americans filed for their first week of benefits, which was the largest number ever at the time. https://t.co/nWo5LjHjCf
Donald Trump n’aura peut-être pas le choix. Et le pays sera-t-il d’ailleurs encore la plus grande puissance après cette probable crise qui s’annonce ? La Chine pourrait bien profiter de son avance sur la maladie pour dicter le ton de la relance économique. Presque un comble devrait-on dire. Car au-delà de l’origine de la maladie que surnomment certains républicains “The Chinese virus”, l’Empire du Milieu devra un jour rendre des comptes. Comment le virus s’est-il véritablement développé à l’origine, et à quel rythme ? L’interdiction mondiale des marché sauvages va-t-elle enfin être respectée ?
Alors, oui Donald Trump sera en partie jugé par le Covid-19 comme le rappelle Le Temps dans son éditorial du 12 mars. Mais il aura beau jeu de dénoncer ses meilleurs ennemis : la Chine, Obama et les démocrates.
Car rappelons-le, aux Etats-Unis, pas besoin d’avoir la majorité de la population à ses côtés pour être élu. Le nombre le plus élevé de grands électeurs (du collège électoral) suffit, demandez à Hillary Clinton. Espérons tous que d’ici là, tous les Américains et surtout toutes les populations mondiales seront guéries. Le choix du président nous paraîtra alors peut-être un peu plus secondaire.
Après plusieurs mois de campagne, de débats, de publicités et de levées de fonds, le gros choc avant l’acte final de la primaire démocrate approche déjà à grands pas. La plupart des favoris sont encore en lice pour s’adjuger la course à l’investiture présidentielle mais le Super Tuesday du 3 mars prochain avec le vote Californien pourrait désigner le futur candidat. Ou à défaut en éliminer plus d’un de cette primaire 2020. Et Bernie Sanders semble prêt à en profiter.
Non, il ne s’agit ni d’une finale de Baseball, ni d’un nouveau jour de soldes, ni encore d’un show ou jeu télévisé (quoique le doute est permis sur ce dernier point). Le Super Tuesday fait référence au premier mardi du mois de mars où s’affrontent tous les quatre ans les candidats à la primaire présidentielle pendant une grande journée de votation. Organisée conjointement sur plusieurs états, le Super Tuesday existe depuis 1988 quand fut organisé la première primaire simultanée de plusieurs états du Sud. Ceci a pour avantage de non seulement médiatiser encore plus (s’il est besoin) cet événement mais aussi de donner une tendance claire et un favori à chaque camp à moins de dix mois de l’élection présidentielle. S’en suivent certes encore plusieurs primaires et votes dans de nombreux états, mais il devient dès lors difficile de revenir sur l’homme ou la femme de tête.
Le poids de l’histoire En effet, les derniers Super Tuesdays ont tous ont vu virer en tête le futur candidat à la présidentielle de chaque parti respectif. Avec un grand nombre de délégués à distribuer et beaucoup candidats encore en lice, les vainqueurs ramassent gros. Et lors des votes suivants dans des états peu peuplés, le leader n’a plus qu’à dérouler. S’en suivent un mini super Tuesday (mi-mars) et les derniers états (avril-juin) avant les conventions nationales démocrates et républicaines (juillet) pour désigner le candidat officiel des deux partis.
Ainsi, Bill Clinton (1992), George W. Bush (2000), Barack Obama (2008) et Donald Trump (2016) ont tous posé lors d’un Super Tueday les jalons de leurs victoires à la primaire mais aussi à la présidentielle qui suivait. Pour l’anecdote, rappelons qu’Hillary Clinton l’avait emporté face à Bernie Sanders en 2016, néanmoins pas de manière aussi significative que Donald Trump côté républicain (était-ce un présage ?).
Le poids des chiffres Si en 2016, douze états représentants 18% des déléguées étaient en jeu lors du Super Tuesday, cette édition 2020 s’annonce encore plus importante et lourde de conséquences. Pas moins de 15 états (Alabama, Colorado, Minnesota, Utah, Massachussetts, Virginia…) totalisant plus de 30% des votes sont à distribuer. Il est vrai qu’avec plusieurs régions à grande densité de population, 1340 des 3979 délégués y seront distribués. Comme pour la présidentielle, plus un état est peuplé, plus il obtient de part de voix ( appelés délégués). Ceci est notamment le cas pour le Texas (228) et la Californie (415) nouvelle venue de ce super mardi cette année. Absente en 2016 avec une primaire en juin, ce n’est toutefois pas la première fois que la Californie y participe. En 2008 un Super Mega Tuesday avait réunis pas moins de la moitié des états.
We are just TWO WEEKS out from Super Tuesday! Minneapolis households will receive a postcard this week with important presidential primary voting information as well as a reminder that the 2020 Census officially kicks off on April 1. It's an exciting time to be a Minnesotan! ? pic.twitter.com/LC58p0zvK0
— Minneapolis Elections & Voter Services (@VoteMpls) February 18, 2020
Bernie Sanders, roi de la Californie ? En choisissant de s’y greffer cette année, la Californie assumera non seulement un plus grand rôle dans cette élection, mais se posera aussi en faiseur de roi, au détriment du Texas. Après sa défaite face à Hillary Clinton en 2016, le Golden State va-t-il cette fois consacrer Bernie Sanders ? Rien n’est moins sûr, mais au vu des sondages, l’homme de tête après les 3 premiers états (Iowa, New Hampshire et Nevada), malgré une récente alerte cardiaque, semble de plus en plus inarrêtable. La descente aux enfers de Joe Biden couplée à la bataille du centre (avec Buttigieg et Klobuchar) lui offrent une voie royale. Sans oublier l’absence de la Californienne Kamala Harris qui a jeté l’éponge faute de moyens financiers, pendant qu’Elizabeth Warren (sa concurrente à gauche) continue de dégringoler.
Pas surprenant dans un état assez inégalitaire mais quelque peu étonnant dans la mesure où l’on attendait une course plus serrée. Notamment avec Buttigieg en défendeurs des droits LGBT et Biden pour la classe moyenne supérieure et des Afro-américains. A moins que Michael Bloomberg ne crée la surprise à coups de spots publicitaires et avec l’appui des latino-américains.
Un comté à surveiller de près : Orange County
Pour terminer, s’il y a bien un comté (province) à surveiller de près, il s’agit de l’Orange County situé au sud de Los Angeles et au nord de San Diego. Dans une région prospère avec un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne, ce comté dont fait partie la ville d’Anaheim abrite toutefois également de nombreux étudiants et latino-américains.
Souvent indicateurs de tendances par son homogénéité démocrate-républicaine, les résultats de cette région n’avaient pas trahi leur réputation en 2016. Une victoire éclatante de Trump à la primaire républicaine et une à l’arraché de Clinton face à Sanders. Hillary Clinton y gagnera au niveau présidentiel mais d’une courte tête, ce qui laissait augurer d’une fin tragique. Enfin, pour conclure, un petit mot sur Donald Trump qui pour une fois n’est pas parmi les acteurs principaux de ce acte. Bien qu’obligé de passer par des « pseudos primaires » sans réel adversaire, l’actuel président semble d’ores et déjà assuré d’être le représentant républicain en novembre 2020. Pour le plus grand bonheur ou malheur (c’est selon ou 50-50) des habitants d’Orange County.
Voici quelques semaines maintenant, nous avions abordé dans notre précédent article le thème du rêve américain avec toutes les questions, succès et échecs qui peuvent l’accompagner. Petit voyage et plongée au cœur de la vie et de la réalité de ceux qui ont tenté l’expérience. Témoignages et confidences.
“Vous avez la chance d’être dans le pays où tout est possible et dans l’une des meilleures universités de la région pour quelques mois. Alors profitez de ce temps et soyez reconnaissants car beaucoup aimeraient être à votre place”. Je me souviens parfaitement des paroles de Kelly, la doyenne de notre université à Irvine. Originaire d’Asie mais née aux Etats-Unis, elle nous avait adressé ces mots avec sa voix empreinte d’émotion (comme souvent ici), qui sonnaient tant comme une bienvenue tant comme un rappel à la reconnaissance. Si certains d’entre nous n’étaient là effectivement que pour quelques mois, d’autres avaient toutefois bel et bien une autre intention, celle de lancer une nouvelle vie en Amérique.
Pour moi, entendre ceci était assez nouveau et exceptionnel, puisque je ne savais pas réellement dans quelle catégorie me ranger. Puis, au fil des jours et des semaines, je fais la connaissance de personnes qui ont émigré ici voici plusieurs années et aussi d’autres étudiants qui viennent d’arriver tout comme moi, mais qui ont un plan bien précis. Soyons néanmoins honnêtes dès le début, on dit souvent que tout est possible aux Etats-Unis, et c’est peut-être vrai. Toutefois, ceux qui tentent et réussissent de rester de nos jours en Amérique, ont souvent beaucoup d’argent et de forts soutiens (pas seulement financiers) derrière eux.
De jeunes gens intelligents et avec des moyens financiers
Le premier exemple est celui de cet universitaire chinois qui étudiait le programme business et administration. Sans forcément nous l’expliquer clairement, on comprend que Vincent a énormément de ressources financières et que son cursus et parcours universitaire ne s’arrêteraient pas après quelques mois. N’ayant pas été admis dans la prestigieuse UC Berkeley, il est toutefois accepté dans la nôtre, celle d’Irvine (Université of California Irvine), et a de plus déjà reçu une promesse de contrat assortie d’une demande de visa par une grande entreprise internationale chinoise. Il est certain que dans ces conditions-là, il partait avec plus d’une longueur d’avance sur tous ceux qui souhaiteraient réaliser leur rêve américain. A l’heure actuelle, Vincent travaille et habite dans la région de Los Angeles.
Un autre chanceux, est l’histoire de Sony un étudiant Taïwanais en mathématiques. Issu d’une famille fortunée de la capitale Taipei, il sait rester très humble et ne parle jamais de ses origines. Tout juste, m’explique-t-il qu’après son Bachelor en finance à Taiwan, il a ensuite géré un fonds de plusieurs millions. En venant en Californie, il cherchait un sens à sa vie et s’est donc inscrit pour un an à UCLA pour parfaire sa formation. Etant devenus amis entre temps, il m’a dernièrement écrit qu’il avait brillamment passé le test GMAT (test universitaire américain) ainsi que celui d’entrée du l’université du Massachusetts à Boston. Il est ainsi actuellement étudiant en master d’ingénierie mathématique de l’autre côté du pays.
La réussite par le talent et le travail
Soyons francs, ces jeunes gens avaient toutes les bases et des soutiens inconditionnels pour réussir. Toutefois, il est aussi possible d’y arriver par d’autres chemins, ceux que je considérerais déjà plus proches de l’archétype du rêve américain: comme celui de cette famille Iranienne que j’avais rencontrée. Les parents avaient fui leur pays au début des années 1980 peu après la révolution. Leur fille maintenant âgée d’une trentaine d’années est née sur sol américain. Ayant eu la chance de travailler avec elle, la jeune femme est confortablement intégrée et installée en Californie dans la région de Los Angeles. Diplômée de la fameuse Université du MIT (Massachusetts Institute of Technology), elle travaille pour une entreprise dans le domaine scientifique et est très fière de son père. Cependant, cela ne fut pas sans une multitude de sacrifices et des premières années dans des conditions particulièrement difficiles à l’arrivées des parents, avec notamment des premiers emplois précaires.
Parmi ceux qui ont également réussi, il y a aussi Romil, un étudiant venu d’Inde. Ce n’est d’ailleurs pas un secret de dire que beaucoup d’Américains originaires du pays du Taj Mahal habitent aux Etats-Unis. L’Inde fait en effet, figure d’un des pays ayant le plus d’immigrés en Amérique et ses ressortissants à l’instar des Chinois ou Mexicains peuvent compter sur l’aide d’un très bon réseau de double-nationaux. Concernant mon ancien comparse Romil, après des études à New Dehli et à Los Angeles, il enchaîne plusieurs stages afin de décrocher le job de ses rêves chez Uber. Dans la région de San Francisco, ce nouvel analyste financier est conscient qu’il a eu beaucoup de chance d’être soutenu par une grosse entreprise et surtout d’avoir eu son dossier accepté par l’énorme machine ou monstre administratif pour les visa d’immigration aux Etats-Unis. Il savoure et profite maintenant, mais il sait pertinemment que rien n’est jamais ancré dans la pierre, puisqu’il suffirait de perdre son emploi pour perdre son visa. Ce qui pourrait potentiellement le ramener dans son pays d’origine. Oui, comme déjà mentionné dans un ancien article, aux Etats-Unis il est très facile de passer du meilleur au pire et inversement à un rythme très rapide. Notez que ceci est aussi malheureusement valable pour les Américains qui peuvent perdre leurs maisons, leurs jobs ou toute une vie en quelques jours.
La réalité n’est pas si rose
Si nous avons jusqu’ici découverts que des jeunes gens pour qui l’aventure américaine s’est révélée être une réussite, d’autres non pas forcément eu ces honneurs. Pour 100 personnes tentant le grand saut, on estime le taux de réussite tout au plus vers les 8%. Ce qui est déjà un bon chiffre. Dans ceux pour qui le voyage n’a pas été payant, on retrouve Li de Taiwan, Bela de Corée ou encore Alvaro, Eric et Marta d’Europe.
Bela, une jeune Coréenne de 26 ans, a étudié deux ans aux Etats-Unis (UCLA et UCI) dans la région de Los Angeles (Bachelor en poche), avant de faire un stage d’une année dans une entreprise d’informatique. Après n’avoir pu obtenir un visa de travail définitif en raison d’un système de loterie supplémentaire imposé aux entreprises, la compagnie américaine lui propose de s’exiler dans sa succursale chinoise pour un an, en attendant d’avoir les papiers nécessaires. C’est à dire pour recevoir un permis de travail H1B après avoir eu chronologiquement un visa d’étudiant et de stagiaire. Malheureusement pour elle, celui-ci ne viendra jamais, l’impatience de sa société accouplé à la lourdeur administrative ayant eu raison de son dossier. Après un purgatoire d’un an en Chine, elle retourne pleine de regrets en Corée. L’histoire est identique pour Li, ingénieur dans le solaire qui devait être engagé à travers une société sœur en Asie, mais le contrat de travail ne viendra jamais.
Et l’histoire se répète pour de nombreux autres étudiants comme Alvaro et Marta respectivement en Espagne et Italie, qui ont dû rentrer dans leur pays et espèrent revenir un jour avec un visa en bonne et due forme. Aux dernières nouvelles, le rêve semble encore être à quelque part dans leur tête, mais la probabilité s’amenuise de jour en jour.
Quant à Mohamed, un ingénieur civile turque, il a lui définitivement tourné la page, après avoir cherché un projet de construction sur place pendant 3 mois sans relâche.
Le Graal suprême
Outre décrocher un stage, un travail ou un visa depuis l’étranger, il existe évidemment d’autres possibilités légales d’y arriver.
Matilda, une Brésilienne a par exemple rencontré son futur mari à Newport Beach et a pu rester vivre avec lui en Amérique. Presque aussi beau que dans les films me direz-vous.
Il y aussi ce fils d’un riche industriel d’Europe qui a reçu la green card en échange d’un gros investissement de plus de 500’000 dollars. C’est ce qu’appellent les Américains un visa pour grands investisseurs. Néanmoins, il ne suffit pas d’injecter de l’argent pour garder votre sésame. Il faut que votre création d’entreprise génère au moins 10 emplois dits « viables » et que cet investissement de près d’un million de dollars soit pérenne à long terme, c’est-à-dire en croissance pendant au moins deux ans.
Enfin, la dernière solution est celle comme l’annonce le titre de l’article de “tenter sa chance”. En effet, il existe encore aux Etats-Unis la loterie de diversité qui a lieu chaque année. Remise en question par Donald Trump mais toujours d’actualité, ce concours permet chaque année à un peu moins de 50’000 personnes de demander un visa, celle qu’on appelle communément la green card. Parmi tous les participants, vous avez officiellement moins de 0.35% de chance de gagner mais c’est déjà plus de possibilité que de devenir millionnaire. Emre* (prénom d’emprunt, connu par la rédaction), un jeune homme d’une trentaine d’années originaire de Turquie et que j’ai rencontré sur place, est lui la preuve vivante que c’est possible. Il a en effet gagné une green card à la loterie de la diversité voici 4 ans maintenant. Bien que dubitatif au début, j’ai bien dû finir par avouer que c’était bel et bien véridique et qu’il avait comme on dit décroché l’impossible. Emre m’a d’ailleurs fait visiter son restaurant oriental lors de ma dernière visite à San Diego et il travaille d’arrache-pied pour réussir comme de nombreux Américains. Il semble être pour l’instant satisfait et heureux de son chemin de vie.
Pour conclure, en attendant un prochain article en préparation sur un Suisse qui a réussi à Los Angeles, l’histoire ne dit toutefois pas (encore) si Emre ou Romil sont devenus millionnaires au pays de l’once Sam ou s’il auront seulement tenté leur chance dans ce monde d’un business sans pitié.
Malgré les crises, les tensions diplomatiques, douanières ou d’immigration et la popularité plutôt basse de Donald Trump en dehors des Etats-Unis, le pays de la Harley-Davidson et Hollywood fait bel et bien encore rêver beaucoup de monde. Notamment une partie de jeunes travailleurs et étudiants internationaux. Récit et analyse de ceux qui ont tenté leur chance sur place.
Il faut tout d’abord avouer qu’aux Etats-Unis, il y a certainement des endroits plus accueillants et qui font rêver plus que d’autres. La Californie et le comté d’Orange County en sont certainement un très bon exemple. Une population jeune et dynamique, une région en pleine croissance économique et une université de haute renommée et qualité. La ville d’Irvine, à un peu plus d’une cinquantaine de kilomètres de Los Angeles, symbolise cette région prospère et riche (voir notre article sur la ville d’Irvine). La population est principalement constituée de travailleurs de la classe supérieure et de retraités américains aisés vivant dans des villas ou loft de qualité. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser aux séries américaines telles Newport Beach, Sunset Beach ou encore Alerte à Malibu qui ne sont au fond pas une représentation si imaginaire et hollywoodienne que cela de la population locale. Où quand la fiction rejoint presque la réalité.
A côté de ces habitants que l’on décrira comme privilégiés, il y a toutefois également une proportion de travailleurs moins aisés, qui vivent avec un salaire proche du minimum légal en Californie (entre 12 et 15 USD de l’heure). Ils doivent d’ailleurs souvent cumuler deux jobs pour nouer les deux bouts dans un état où les taxes, le logement et le coût de la vie sont parmi les plus élevés du pays. C’est notamment le cas de Luis la quarantaine passée, un concierge dans mon ancienne communauté d’appartement, et venu d’Amérique centrale. Il me raconta dans un anglais très moyen et “hispanique” qu’il a tout quitté voici plus de dix ans pour venir au paradis, son rêve imaginé: aux Etats-Unis et en Californie. Il n’a malheureusement pas assez de temps et d’argent pour prendre des cours professionnels d’anglais, il se limite à un apprentissage basique de la langue sur les applications de son smartphone. La vie n’est ainsi pas forcément plus facile pour lui ici et il travaille plus de 15 heures par jour puisqu’il s’occupe en plus aussi du nettoyage d’un fitness tard dans la nuit. Mais, il m’avoue qu’il croit encore au rêve américain, à son rêve. Il ne sera probablement jamais riche, mais il espère que sa fille de quinze ans très douée à l’école sera un jour médecin. Et il travaillera jour et nuit pour cela s’il le faut, maintenant que son statut est régularisé. C’est ainsi aux Etats-Unis.
Dans ceux que le pays de Georges Washington et particulièrement la Californie fait aussi rêver, il y a une grande majorité d’étudiants internationaux. Venus de tous les continents, la plupart d’entre est originaire de pays émergents avec une formation supérieure. Ainsi, on retrouve de nombreux universitaires de Chine, Taiwan, Inde, Brésil, Turquie ou Arabie Saoudite. Certains ont de très gros moyens financiers chez eux, d’autres un peu moins. Mais ce qui les rapproche, est un pouvoir d’achat suffisamment élevé pour qui leur permet de venir étudier aux Etats-Unis.
Parmi ceux-là, il y a par exemple, Romil un étudiant en finance venu d’Inde, Sony, Li et Bela trois diplômés en ingénierie de Taiwan, Bruno et Matilda* du Brésil et *Emre (prénoms d’emprunt, connu par la rédaction) de Turquie. Tous ont en commun d’avoir réussi de brillantes études dans leur pays d’origine et d’avoir éventuellement un petit bagage professionnel. Attirés par les grandes universités américaines de renom, ils tentent leur chance afin d’obtenir un visa d’étudiant et poursuivre leurs cursus aux Etats-Unis. En effet, ils rêvent des plus réputées comme UC Berkeley, Stanford ou UCLA mais le niveau d’exigence d’entrée est très haut pour un étudiant d’un autre pays. Souvent, leur billet d’entrée pour leur rêve passe donc par des universités réputées mais plus accessible avec un visa d’étudiant étranger. Et comme me disait avec tout son patriotisme naturel la responsable des admissions de mon université à Irvine en Californie (membre de University of California), “l’Amérique avec toutes ses possibilités et opportunités reste très attractive et fait encore beaucoup rêver”.
Enfin, n’oublions pas ceux qui ont succombé au “charme” artificiel ou non de la bannière étoilée venus souvent de pays qui sont ou tentent de rester une grande puissance. On citera par exemple les Européens du Vieux-Continent avec en tête les Espagnols, Italiens, Français, Anglais ou encore les Japonais et Scandinaves. Au contraire des étudiants des pays émergents, ils viennent pour la plupart avec moins de moyens financiers mais avec une certaine expérience sur place. Leur séjour est souvent motivé par une formation de perfectionnement ou l’envie de lancer un business. Imprégnés dès leur plus jeune âge par le branding et la culture américaine, et avec une idée bien précise du pays véhiculée à travers les films de Hollywood, ils passent souvent par un stade de désenchantement. Ce fut le cas pour Gonzalo de Madrid, Lisa de Rome et Yoiri du Japon. Un sentiment de déception face à la réalité et les inégalités sur place qui fera pourtant à nouveau très vite place à l’impression que tout est vraiment possible aux Etats-Unis. Le meilleur comme le pire. La définition du rêve en d’autres termes.
Alors, comment l’Amérique peut-elle encore nous faire rêver ? Vous retrouverez dans un prochain article l’expérience et le chemin parcouru par certains étudiants et professionnels internationaux qui ont tenté de vivre leur rêve américain.
Après deux chroniques un peu plus axées sur la politique, laissons-donc Donald Trump, les démocrates et les républicains se battre entre eux pendant les midterms. Nous aurons largement le temps d’analyser et de commenter les résultats dans les semaines qui suivront. Aujourd’hui, à travers cet article quelque peu différent et décalé, plongez dans les festivités américaines ou offrez-vous un petit voyage virtuel dans le pays de George Washington.
C’est bien connu, après l’été et ses belles chaleurs arrive l’automne et ses belles couleurs de septembre et octobre. Mais ensuite, c’est le gris, le froid, la pluie, des journées très courtes avec le changement à l’heure d’hiver en supplément. Vous l’aurez compris, le mois de novembre ne semble à priori pas très festif. Cependant, détrompez-vous, nous allons tenter de vous démontrer le contraire en vous faisant voyager à travers quelques traditions américaines. De Halloween à Thanksgiving, en passant par le Black Friday, vous ne pourrez qu’approuver que certaines d’entres elles ont depuis longtemps largement franchi l’autre côté de l’Atlantique. Et vous comprendrez dans le dernier paragraphe pourquoi il vous faut remercier notre calendrier annuel.
Lancement des festivités avec Halloween et El dia de los Muertos La fête originaire des îles Anglo-Celtes n’a plus besoin d’être présentée. Gagnant en popularité dans les années 1920-1930, Halloween est maintenant fêté par près de 70% de la population américaine dans la soirée du 31 octobre au 1er novembre. Avec ses célèbres citrouilles et autres lanternes, la tradition a maintenant également ses adeptes en Europe où des millions d’enfants partent à la chasse aux bonbons et bravent les premiers froids de l’hiver. Le lendemain de la récolte de sucreries, bienvenue en novembre.
Le 1er novembre est justement un jour férié dans les cantons catholiques suisses et en France avec la Toussaint que l’on retrouve sous le nom de “El dia de los Muertos” (le jour des morts en espagnol) aux Etats-Unis. Cette fête d’origine sud-américaine et mexicaine à la base, se fait petit à petit une place dans le pays de Washington avec les nombreux hispaniques et l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Offrandes de nourritures, costumes, décorations des tombes, défiles et spectacles se côtoient avec un temps pour le recueillement. Preuve de l’internationalisation de cette coutume avec le dernier James Bond sorti en 2015 (Spectre) qui en fait sa part belle dans la scène de lancement.
Un peu de politique ou de recueillement c’est selon
Nous avions tenté de laisser la politique de côté, mais les chaînes de télévisions et de news finissent par se lasser de Halloween et nous rattrapent le mardi suivant le premier lundi de novembre. Comme mentionné dans le dernier article (Midterms 2018: les Américains prêts à se mobiliser pour les élections de mi-mandat), les Américains se passionnent pour l’élection de leur congrès (tous les deux ans) ou de leur président (tous les quatre ans). Cette année, aucun répit avec Donald Trump en guerre contre l’immigration que l’on entend jusqu’en Europe.
Néanmoins, l’histoire fait des fois bien les choses, puisque le 11 novembre est le Veterans Day aux Etats-Unis. Cette journée commémorative en l’honneur des anciens combattants rassemble toute la population et est un jour férié officiel. Coïncidant avec le jour de l’Armistice de la première guerre mondiale, cette journée de recueillement a été insaturée en 1954 par le président Eisenhower. Composé de discours, défilés et rassemblements en l’honneur de tous les soldats ayant combattus (à ne pas confondre avec le Memorial Day au mois de mai), on remarque encore une fois ce jour-là que la place des vétérans est très importante dans la société américaine.
Thanksgiving suivi du très commercial Black Friday
Plus on avance dans le mois de novembre, plus la période des fêtes avec le début des décorations de Noël arrive à grand pas. Aux Etats-Unis, il y a encore un jour très important avant la folie et la fête du mois de décembre: Thanksgiving. Jour d’action de grâce et de retrouvailles par excellence, cette fête célébrée le quatrième jeudi du mois de novembre est irremplaçable pour tout Américain. Les jours ou soirs précédents, tout le pays se déplace pour retourner dans sa famille et les routes, autoroutes, transports et aéroports sont bondés et les prix au plus haut. Finalement, une fois arrivés chez eux, le repas de Thanksgiving composé traditionnellement d’une dinde est partagé dans la convivialité et la reconnaissance.
Pour avoir été sur place, j’ai également pu constater que c’est peut-être aussi la période la plus solitaire pour les personnes sans familles et seules. Toutefois, les associations et organisations font un travail remarquable en offrant et servant des repas aux personnes seules et sans domicile fixe. De nombreux habitants en font leur mission de cette journée là.
A des années lumières de Thanksgiving se trouve le Black Friday. Le lendemain de la fête, des millions d’Américains se ruent dans les centres commerciaux et autres magasins pour acheter toutes sortes de produits et d’équipements à des prix soldés défiants toute concurrence. Avec l’avènement de l’e-commerce, Amazon et les autres plateformes concurrentes en ont fait un rendez-vous incontournable du mois de novembre. Si les commandes explosent sur le net, il n’est pas rare de voir encore des gens se battre dans les magasins pour acheter le dernier téléviseur ou la dernière tablette disponible à prix réduit. Et vous n’avez pas besoin de partir aux Etats-Unis pour cela, puisque la mode du Black Friday s’est plus que démocratisée en Europe et en Suisse. Alors si vous avez besoin d’un nouvel équipement de ski ou d’une nouvelle veste pour l’hiver, pensez y mais avec calme et raison.
Noël et ses téléfilms sortis tout droit de Hollywood vs le sport américain Si le temps et le froid ne vous poussent aucunement à sortir de chez vous, soyez rassurés la télévision et l’industrie du cinéma s’occuperont de vous. Comme chaque année, les dizaines de films et téléfilms sur Noël passent en boucle sur les chaînes avec une multitude d’histoires à l’américaine. “Rendez-vous de Noël”, miracle et tragédies sont autant de comédies sorties tout droit des productions de Hollywood. Habituellement programmés dès novembre, ces films ont battu un record cette année en prévoyant le premier dès le début du mois d’octobre.
Enfin, il ne serait pas bon de rester inactif derrière les petits écrans. Bien que la grisaille persiste et que les stations de skis ne soient pas encore ouvertes, la période est propice aux patinoires, terrains de sports couverts voire extérieurs. Le sport américain tout entier est en pleine activité puisque la finale du championnat de Baseball (MLB) a lieu entre fin octobre et début novembre et que tous les autres sports sont en cours de saison. La NHL (hockey), la NBA (Basketball), la MLS (football ou soccer) et la NFL (football américain) offrent du beau spectacle dans les stades, à la télévision et pourraient vous tenter à effectuer un petit essai sportif. Vous l’aurez compris, le froid n’arrête pas les sportifs américains. Toutefois, il est vrai qu’il est plus facile et motivant de s’entraîner en Californie que dans la grisaille du Jura ou de Pittsburgh.
Des vacances sous soleil ou sous les lumières de l’Avent ?
Si vous êtes d’avis que le mois de novembre ne peut être festif et rempli de belles surprises, il vous reste encore l’option de voyager aux Etats-Unis. Certes, il vous faudra économiser un petit peu avant et ne pas tout dépenser pour Thanksgiving ou lors des soldes du Black Friday, mais si recherchez à tout prix le chaud et le soleil, la Californie et la Floride sauront vous accueillir à bras ouverts. Les températures sont encore dignes de la fin de l’été ou début de l’automne en Suisse et les prix et le nombre de touristes ont quelque peu diminués.
Pour ceux qui sont prêts à braver le froid, les villes situées sur la côte de l’Atlantique (dont la capitale et la ville de la statue de la liberté) offrent de magnifiques décorations et couleurs de Noël. Vous pourrez notamment participer à l’inauguration du sapin de Noël (Tree lighting day) le quatrième mercredi de novembre. Là aussi, les prix sont quelque peu plus abordables qu’en pleine saison touristique et que pendant les fêtes de fin d’année. Vous l’aurez deviné, ce petit voyage à travers les traditions et événements festifs du mois de novembre aux Etats- Unis était une manière de vous faire découvrir ou se rappeler l’influence qu’a pris ces dernières décennies le pays sur notre culture et commerce.
Néanmoins, si vous n’êtes pas encore convaincu des richesses du mois de novembre, un petit rappel historique ne vous fera aucun mal. Ainsi, jusque vers le 16ème siècle (avec l’utilisation du calendrier de la Rome antique), le mois de novembre était le dernier mois de l’année avec 61 jours. Ce n’est qu’en 1582 avec le passage au calendrier grégorien qui vit la création du mois de décembre que le mois de novembre fut raccourci à 30 jours. Alors, pas si long le mois de novembre ?
Deux ans après la victoire surprise de Donald Trump, les Américains sont rappelés aux urnes pour les élections de mi-mandat appelées “midterm elections” aux Etats-Unis. Si cet exercice est un peu moins connu que la course à la maison blanche en Europe, il est également moins populaire en Amérique. Cette année semble toutefois être une exception, avec une participation qui s’annonce importante. La personne de Donald Trump n’est d’ailleurs certainement pas étrangère à tout cela. Petit tour d’horizon de l’humeur et des enjeux à quelques jours du vote.
Qu’on le soutienne ou qu’on le déteste ouvertement, le président américain Donald Trump a au moins le mérite de ne laisser personne indifférent. Pour lui, les midterms du 6 novembre prochain sont le premier grand test avant une éventuelle campagne pour sa réélection. Soit les républicains gardent le pouvoir au congrès et il pourra très certainement continuer à mener sa politique actuelle, soit les démocrates parviennent à renverser la table et une toute autre constellation politique se profilera à lui pour les deux dernières années de son mandat présidentiel.
Un renouvellement (partiel) du congrès chaque deux ans
Comme évoqué en préambule, le système électoral américain est ainsi fait, que ses concitoyens sont appelés chaque deux ans à renouveler leur congrès constitué de deux chambres. La chambre des représentants (House of Representatives, chambre basse) est complètement recomposée, alors que le Sénat (Senate, chambre haute) ne l’est qu’à un tiers puisque les sénateurs sont élus pour 6 ans. De ce fait, une nouvelle assemblée est à chaque fois élue soit lors de l’élection présidentielle, soit lors du scrutin de mi-mandat comme ce sera le cas le 6 novembre prochain. En résumé, l’élection du congrès a ainsi lieu chaque mardi suivant le premier lundi du mois de novembre des années paires.
Vous l’aurez compris, outre le renouvellement de l’assemblée, les midterms sont aussi une occasion pour les Américains d’approuver ou non la politique du gouvernement en place. Un air de “mini référendum présidentiel”, en quelque sorte. Il est d’ailleurs de coutume que le parti du président en place perde ce scrutin et qu’il doive plus ou moins gouverner avec un congrès moins favorable que lors de la première moitié de son mandat. Dans l’histoire, seuls Bill Clinton (1998) et George W. Bush (2002) sont parvenus à faire gagner leur camp lors de cette épreuve.
Une occasion en or pour les démocrates
Avec un Donald Trump très populaire dans sa base mais tout aussi décrié par le reste de la population, les démocrates ont donc de très grandes chances de remporter une voire les deux chambres du congrès. Selon les dernières projections, ils devraient ainsi s’emparer de la chambre des représentants alors que leur probabilité de remporter le Sénat paraît beaucoup plus incertaine qu’il y a six mois. En cause, quelques succès “passagers” de Trump sur la scène internationale, et les accusations finalement sans conséquences prononcées contre le nouveau juge fédéral Brett Kavanaugh qui ont eu le mérite de regonfler et mobiliser la base la plus solide et conservatrice de l’électorat républicain. Dans ces conditions, le parti de Barack Obama semble capable de gommer les 23 sièges de différence à la chambre des représentants. Cependant, au Sénat avec 26 sièges à gagner dont 24 remis en jeu (contre 11 à défendre mais 8 seulement à conserver pour les républicains) la tâche s’annonce très ardue et sera certainement déterminée par la participation du jour.
Les artistes se mobilisent pour les inscriptions sur les listes électorales: Taylor Swift vs Kanye West
La participation, parlons-en. L’une des excuses des démocrates pour la défaite d’Hillary Clinton à la présidentielle était le manque de moyen pour se déplacer le jour du vote. Cette fois-ci, plusieurs artistes ont donné de la voix pour appeler les américains à se mobiliser. Phénomène très ordinaire pour l’élection présidentielle, cette incitation au vote l’est moins pour des midterms. Ainsi, Taylor Swift a ouvertement demandé à ses “followers” d’aller voter, et pour le camp démocrate si possible. Kanye West a lui préféré s’offrir un mono-dialogue incroyable avec Donald Trump. Quoi qu’il en soit, les résultats sont là, avec plus de 170’000 nouveaux inscrits (en 4 jours) suite aux posts de Taylor Swift, beaucoup en comparaison des 70’000 sur tout le mois d’août. Ses fans étant plutôt jeunes et ayant tendance à être contre Donald Trump, cela laisse présager une course serrée le 6 novembre prochain. Reste encore à voir la mobilisation des 45-75 ans qui semblent dans leur majorité pencher très légèrement en faveur du parti du président pour le vote au Sénat.
La bataille du Texas et les county de Californie
Comme mentionné plus haut, la voie des démocrates pour récupérer la majorité aux deux chambres passe par des succès voire des exploits dans quelques états stratégiques. Ainsi, qui aurait cru voici encore deux ans que le Texas, terre républicaine, patrie de la famille Bush et base solide pour Donald Trump pourrait vaciller en mains démocrates? Le sénateur Ted Cruz tente en tous les cas de sauver sa tête face au challenger Beto O’Rourke. Le président en personne a appuyé la candidature de Cruz après l’avoir pourtant personnellement attaqué à maintes reprises lors de la présidentielle. Preuve que l’heure est à la vigilance du côté d’Austin.
Du côté de la chambre des représentants, l’attention se porte vers la Californie avec plusieurs comtés ( county en anglais) à tendance républicaine qui vont très certainement passer chez les démocrates. L’un des meilleurs exemples est celui d’Orange County, une région riche et privilégiée située entre Los Angeles et San Diego (voir aussi l’article sur la ville d’Irvine).
Cette enclave républicaine au pays des démocrates semble lassée par son représentant de la ligne pro-Trump et tout porte à croire que le modéré Harley Rouda remportera la partie. Un professeur de l’Université de Califonria se réclamant des républicains confiait d’ailleurs: ” Je suis républicain, mais rien ne m’oblige cette fois-ci à voter pour eux. Cette ligne n’est pas celle historiquement défendue ici. Je voterai pour l’autre candidat”. En d’autres termes, il votera démocrate. D’autres sons de cloches auprès de femmes blanches de la communauté de Newport Beach laissent penser que le candidat démocrate est plus proche des vraies valeurs républicaines notamment sur l’économie et le libéralisme. Elles aussi miseront sur lui pour sortir de la ligne trumpiste. Ces cas isolés mais assez nombreux pour pouvoir faire pencher la balance feront-ils le jeu des démocrates ? On ne demande qu’à voir.
Trump se posera en vainqueur
En conclusion et en attendant la décision des Américains, l’ampleur de la participation devrait être le juge de paix. Les derniers midterms de 2014 avaient vu 36% de participation (dans la moyenne basse) contre près de 60% pour la présidentielle de 2016. Nous devrions pour 2018 être très certainement au-dessus de 45% soit une vraie prouesse pour des élections de mi-mandats américaines. Une autre donnée cruciale sera la réaction des démocrates en cas de victoire. Iront-ils jusqu’à tenter de voter l’impeachment contre Donald Trump ou attendront-ils l’heure de la présidentielle comme Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama, le conseille. Tout dépendra de la marge de manœuvre et des rapports de force des futurs candidats à la primaire. Si l’aile gauche emmenée par Bernie Sanders et Elizabeth Warren sort renforcée, l’impeachment est probable. Si, par contre, les modérés comme le Texan O’Rourke et la jeune Californienne Kamala Harris à qui l’on prédit un grand destin prennent le pouvoir, ils devraient normalement laisser le président terminer son mandat pour mieux attaquer ensuite
Une seule chose paraît toutefois certaine. Donald Trump maniera la victoire ou la défaite avec opportunisme comme il sait le faire. Si les républicains gardent leur majorité, il aura la voie libre et se posera en grand vainqueur et sauveur de la nation. Il n’aura ainsi plus qu’à lancer sa campagne pour 2020 assortie d’un “keep America Great again”. Si les démocrates gagnent à une courte majorité, il se présentera en grand rassembleur et “roi du deal” comme il se vend si bien. Et non content de pouvoir nommer de nouveaux juges conservateurs à la cour suprême, il utilisera cet argument et ses promesses électorales tenues lors de la première partie de son mandat pour se tourner vers 2020.