Quelles perspectives pour les actifs non cotés ?

 

Thierry Célestin, responsable des solutions d’investissement Private Assets

 

La plupart des marchés cotés ont été chahutés en 2022 et la volatilité a perduré en 2023. Qu’en est-il des actifs privés ? Après plusieurs années de performances remarquables, notamment dans le segment du private equity, faut-il craindre une crise ? Réponses et perspectives avec Thierry Célestin, en charge des solutions d’investissement autour de cette classe d’actifs pour notre clientèle privée.

 

Comment se sont comportés les actifs privés durant les périodes difficiles comme celle que nous vivons sur les marchés financiers depuis l’an dernier?

Historiquement, les meilleurs millésimes de private equity ont souvent été des millésimes de crise, comme par exemple 2001 ou 2008.

Alors que les marchés côtés sont impactés rapidement face à une activité économique en baisse, un contexte géopolitique difficile et la remontée des taux d’intérêt, les marchés privés réagissent plus lentement. Au cours des derniers mois, les valorisations dans certains segments ont été ajustées à la baisse, présentant des points d’entrée intéressants pour déployer du capital. Néanmoins, il est très difficile de « timer » le marché dans les actifs non cotés et il convient donc de toujours rester très discipliné dans le processus d’allocation et d’investir de manière sélective et graduelle, pour lisser les engagements dans la durée.

 

Rendements des buyouts américains sur plusieurs années (source: Cambridge Associates, US Buyout Index, Vintage 1994-2020)

 

Quelles sont les perspectives actuelles ?

La question pour tout le monde aujourd’hui reste de savoir quelle sera la sévérité d’une possible récession et donc nous continuons à voir un certain attentisme des investisseurs institutionnels. En effet, nous observons actuellement un certain ralentissement des levées de nouveaux fonds ainsi qu’un volume d’affaires moindre ces deux dernières années. Avec des marchés cotés très volatils, pour les actions comme pour les obligations, les clients privés comprennent l’intérêt d’une allocation aux actifs non cotés dans leurs portefeuilles. L’une des principales interrogations des clients concerne le segment du « early stage », c’est-à-dire le capital-risque pour les jeunes entreprises. Nous sommes toutefois assez constructifs sur ce segment, porté par des tendances séculaires comme la digitalisation de l’économie.

De manière plus générale, la plupart des gérants de fonds ont suffisamment de capital pour soutenir leurs sociétés. Dans un environnement plus difficile, la sélection des gérants reste toutefois la clé, car il y a une très grande dispersion de performances dans le private equity, bien plus que dans l’univers coté.

 

Quelle part devraient représenter les actifs privés dans les portefeuilles aujourd’hui ?

Au-delà du private equity, les investissements dans la dette privée, l’immobilier et les infrastructures se développent également. Quelles est votre vision à ce sujet ?

Notre expertise est déjà bien établie pour ces segments mais il est vrai que le marché se développe de plus en plus, engendrant plus d’opportunités d’investissement pour nos clients, ce pourquoi nous renforçons sans cesse notre offre, notre expertise et nos talents. Lombard Odier a développé une large expertise dans les actifs non cotés depuis plus de 15 ans, avec une équipe dédiée qui compte plus de 30 spécialistes. Un nombre qui devrait doubler dans prochaines années.

S’agissant de la dette privée, elle offre une très bonne diversification à l’obligataire traditionnel liquide et permet d’augmenter le rendement courant des portefeuilles d’actifs privés, surtout dans un contexte de hausse de taux. L’immobilier, en particulier opportuniste qui se concentre sur des actifs sous-performants ou sous-évalués, présente un intérêt actuellement, en disposant de plus des caractéristiques naturelles de couverture contre l’inflation. Enfin, nous voyons également des opportunités intéressantes dans les infrastructures, notamment renouvelables.

 

Justement, comment est-il possible d’intégrer la durabilité comme critère dans les investissements dans les actifs privés ?

C’est une démarche assez complexe car la durabilité est encore à un stade naissant dans les actifs privés. Cela dit, la capacité à faire évoluer une entreprise vers des pratiques plus durables peut être plus forte dans le private equity, grâce à la proximité avec l’entreprise et l’engagement des actionnaires dans la durée, et offre des perspectives intéressantes. Par ailleurs, les entreprises leaders dans le domaine de la durabilité ne sont pas toutes cotées et nombreuses d’entre elles sont de jeunes sociétés en forte croissance. Les actifs privés peuvent ainsi donner accès à des sociétés technologiques qui facilitent la transition.

Les Romands investissent-ils comme les Alémaniques ?

 

Philippe Gay, responsable de l’offre domestique suisse

 

Gérard Felley, associé et responsable des marchés Suisse et Europe francophones

 

Disons-le d’emblée : le sentiment des investisseurs n’était pas à la fête en début d’année, quel que soit le côté de la Sarine. Les inquiétudes sur secteur bancaire et la chute de Credit Suisse n’ont rien arrangé. Des différences notables sur la manière dont investissent Alémaniques et Romands ressortent d’une étude menée par Lombard Odier auprès de 300 investisseurs suisses fortunés (HNWI)*. Ces différences régionales portent en particulier sur trois aspects : la manière de gérer son patrimoine, l’intérêt pour les actifs privés (c’est-à-dire non cotés en bourse, comme le « private equity ») et enfin l’investissement durable.

Ce sondage, mené entre décembre 2022 et janvier 2023, s’inscrivait dans un contexte de marché inédit : « Nous avons aujourd’hui le pire des années 1930, des années 1970 et de 2008 », comme le déclarait l’économiste américain Nouriel Roubini dans Le Temps fin janvier. Et pour cause, les marchés boursiers et obligataires ont souffert en tandem en 2022, en raison de la hausse de l’inflation et de la remontée des taux. Les actions et les obligations n’avaient connu que trois années de performances négatives simultanées depuis les années 1920.

Pas étonnant donc que l’on retrouve dans les principales préoccupations des investisseurs les rendements négatifs, la volatilité et la crainte de passer à côté d’opportunités d’investissement. Parmi les principaux facteurs qui vont impacter l’économie en 2023, les conflits géopolitiques, l’inflation et la crise énergétique arrivent en tête. Plus surprenant toutefois : c’est le changement climatique qui est le 4ème facteur le plus cité par les répondants, devant les craintes de récession, de licenciements massifs ou de volatilité des marchés. Passons désormais au cœur du sujet annoncé : quelles sont les différences les plus notables entre HNWI romands et alémaniques ?

Divergences sur la gestion de portefeuille et les actifs non cotés

La manière de réagir face à la situation des marchés financiers ces derniers mois constitue une première divergence : 53% des Alémaniques disent avoir repositionné eux-mêmes leurs portefeuilles d’investissement, contre 39% seulement côté romand. L’écart se creuse encore plus au niveau de la composition de ces portefeuilles, puisque plus de la moitié des Alémaniques (51%) disent avoir augmenté leur diversification, contre moins d’un tiers des Romands (31%).

« Nous observons tous les jours des attentes et des réactions très différentes en fonction de nos clients. Dans des moments volatils et incertains, l’expérience montre qu’il est toujours bénéfique de confronter son point de vue à celui de son banquier, qui est lui-même entouré d’analystes et de spécialistes en investissement, afin de prendre du recul sur les événements. En effet, les réactions instinctives ou émotionnelles ne sont pas rares chez les investisseurs, qui vendent parfois leurs positions au plus bas et accentuent ainsi leurs pertes », commente Philippe Gay, responsable de l’offre domestique suisse.

Autre divergence : les Alémaniques sont 37% à avoir augmenté leur part d’investissements durables, contre à peine 23% de Romands en 2022. Enfin, l’une des différences les plus notables concerne les investissements alternatifs, comme les actifs non cotés ou l’immobilier, puisque 57% des Alémaniques disent avoir augmenté leur exposition à cette classe d’actifs, contre un tiers des Romands (32%).

Les Alémaniques sont par ailleurs déjà beaucoup plus présents sur les actifs non cotés : seulement 13% n’en détiennent pas du tout, contre 36% de Romands. Quand on leur demande quelle part d’actifs non cotés ils pensent détenir dans deux ans, 26% des Alémaniques pensent qu’ils composeront plus de 20% de leur portefeuille, alors que seulement 13% des Romands font la même estimation.

« Ces résultats confirment l’intérêt grandissant des actifs non cotés pour les investisseurs, qui souhaitent très majoritairement augmenter leur exposition à l’avenir. Les performances remarquables des actifs non cotés comme le private equity sur la décennie écoulée et leur intérêt en termes de diversification en font un investissement particulièrement pertinent dans l’environnement actuel. Naturellement, leur liquidité n’est pas comparable à celle des marchés cotés, mais cela va de pair avec une volatilité nettement plus faible », ajoute Philippe Gay.

La durabilité reste une priorité, en particulier outre-Sarine

Dans l’ensemble des répondants, plus de 7 HNWI suisses sur 10 se disent intéressés par l’investissement durable et qu’il s’agit d’un sujet important pour eux, voire plus important encore en temps de crise économique. Seulement 8% déclarent qu’ils vont mettre de côté la durabilité en attendant la fin de la crise. Pour près d’un quart des Alémaniques, l’investissement durable est même devenu un « must absolu » durant la période de crise, tandis qu’ils ne sont que 16% côté romand à en dire de même.

En termes d’allocation actuelle dans les portefeuilles, 15% des Alémaniques disent n’avoir aucun investissement durable, alors qu’ils sont plus nombreux chez les Romands (26%). Des deux côtés de la Sarine, un tiers disent en détenir « moins de 20% ». L’écart se creuse de nouveau ensuite, puisque 36% des Alémaniques ont entre 20 et 40% de leurs portefeuilles investis de manière durable, contre 15% des Romands. A noter toutefois qu’à l’autre bout du spectre, 12% des Romands ont déclaré détenir plus de 80% d’investissements durables, alors que l’on ne trouve que 4% d’Alémaniques dans le même cas.

On remarque aussi des différences en termes de thématiques d’investissement privilégiées. Parmi une liste de plusieurs sujets, la protection du capital naturel arrive en tête, coté romand comme alémanique. On retrouve ensuite sur le podium romand l’atténuation du changement climatique, puis la protection de la biodiversité. Chez les Alémaniques, c’est l’économie circulaire qui arrive en deuxième position, suivie de l’adaptation au changement climatique.

« En termes d’investissement durable, et malgré quelques divergences, nous voyons que Romands comme Alémaniques se rejoignent sur des thématiques qui ont un impact direct sur leur environnement, comme la protection du capital naturel et la préservation de la biodiversité, qui sont également au cœur des discussions sur la scène internationale », relève Gérard Felley, associé et responsable des marchés Suisse et Europe francophones chez Lombard Odier.

Enfin, pour le futur, près de 50% des Alémaniques sont d’accord ou totalement d’accord avec le fait « d’augmenter la part d’investissements durables dans leurs portefeuilles », tandis que 33% des Romands sont dans cet état d’esprit.

Explorer ce qui rassemble et ce qui divise les investisseurs au sein de notre pays ouvre un champ des possibles passionnant. De notre point de vue, il ne s’agit pas d’ignorer ou de lisser ces différences, mais de les adresser et de confronter les points de vue, afin que les investisseurs aient toutes les cartes en main pour prendre des décisions éclairées pour leur patrimoine. Il s’agit finalement de l’une des missions essentielles des banques privées, qui se doivent d’informer leurs clients de tous les enjeux et opportunités, et de construire pour eux des solutions d’investissement personnalisées, en fonction de leurs préférences et aspirations.

 

* Méthodologie : l’étude menée par Lombard Odier rassemble les réponses de 300 Suisses fortunés, disposant d’au moins un million de francs d’actifs à investir (HNWI), qui ont répondu à un questionnaire en ligne. Le sondage a été mené entre décembre 2022 et janvier 2023. 40% des répondants résidaient en Suisse alémanique, 58% en Romandie et 2% au Tessin. 40% des répondants se situaient dans la tranche d’âge 35-50 ans et 47% des répondants avaient entre 50 et 70 ans. A noter que l’emploi du genre masculin dans le présent texte est employé au sens neutre, désignant à la fois les répondantes et les répondants au sondage.

Optimiser la fortune des cadres dirigeants

 

Hervé Felli, banquier privé, CWMA


Le patrimoine des cadres dirigeants demande des expertises spécifiques, pour les accompagner dans de multiples situations : transfert dans un autre pays, participations ou actions de l’entreprise à gérer, envie de retraite au soleil ou encore projets personnels à financer. Cas concrets et conseils.

Actions : se protéger contre la fluctuation des cours et optimiser la fiscalité

Les cadres dirigeants disposent fréquemment de parts dans leurs entreprises, appelées fréquemment « company shares » ou encore « stock-options ». En fonction de leur ancienneté, la valeur totale de ces actions peut représenter un pourcentage important de leur patrimoine. Arrivé à un certain seuil ou à quelques années de la retraite, ces participations peuvent toutefois représenter un risque si leurs cours baisse sensiblement, ou même un poids en raison de leur fiscalité.

Pour mieux s’en rendre compte, prenons le cas d’un cadre qui travaillait pour une multinationale américaine établie en Suisse depuis de longues années, et qui disposait d’environ deux millions d’actions libres de cette entreprise. Le cadre en question travaillant dans une entreprise cotée en bourse, il lui a été proposé de créer un produit structuré pour détenir la moitié de ces actions, soit un million. L’avantage de cette « enveloppe », plutôt que la détention en direct, est la mise en place de mécanismes de protection des cours, tout en réduisant la charge fiscale.

Un produit structuré est un instrument financier réalisé sur-mesure et à la demande par une banque, basé sur des actions, des devises ou d’autres sous-jacents. Concrètement, si le cours de l’action de l’entreprise en question a une valeur nominale de 100 aujourd’hui, il est possible de mettre en place un système de protection à la baisse, à 80 par exemple, à une échéance donnée. Ainsi, si le cours de l’entreprise baisse jusqu’à 20% à l’échéance, le détenteur sera protégé.

Cet instrument est aussi intéressant sur le plan fiscal. En effet, les dividendes des actions, qui se monteraient à 5%, sont taxés au taux maximum de 41.5% dans le canton de Vaud par exemple, tandis qu’à travers un produit structuré, la performance peut être exonérée d’impôt dans certains cas. Quand la situation du client permet de mettre en place une telle structure, il est ainsi gagnant sur les deux tableaux : diminution du risque et de la fiscalité.

Les dividendes des actions, qui se monteraient à 5%, sont taxés au taux maximum de 41.5% dans le canton de Vaud par exemple, tandis qu’à travers un produit structuré, la performance peut être exonérée d’impôt dans certains cas.

Plus globalement, il n’existe pas de « chiffre magique » sur la part que devrait représenter la valeur des participations reçues sur la fortune globale, ce qui dépend aussi du profil de risque de chacun. Toutefois, il est important de veiller à diversifier ses investissements, à fortiori si l’échéance de certains grands projets de vie se rapproche (déménagement, retraite, achat immobilier, etc.) ou si la devise des participations diffère de sa monnaie de référence, par exemple en dollar ou en euro, alors que l’on réside en Suisse.

Mobilité, retraite : préparer le terrain

Les parcours de vie des cadres dirigeants sont si personnels qu’une analyse sur mesure est évidemment nécessaire. Certains ont passé l’essentiel de leur carrière à l’étranger, d’autres à l’inverse en Suisse. Certains souhaitent prendre une retraite anticipée, d’autres resteront actifs bien au-delà de l’âge légal de la retraite.

Planifier les derniers rachats d’années dans la caisse de pension par exemple, demeure une décision génératrice de gains fiscaux importants, quitte à financer lesdits rachats par des opérations de levier, en fonction des liquidités disponibles.

Pour ceux qui veulent s’installer à l’étranger, pour un nouveau défi ou pour y passer leur retraite, le choix de la destination est souvent très personnel, mais il est important d’évaluer en avance les options afin d’avoir toutes les cartes en main. Il peut y avoir des différences majeures au niveau de la fiscalité, soit en fonction du statut fiscal – si un choix est possible – soit en fonction de la manière dont est structuré son patrimoine avant de s’installer à l’étranger.

La fiscalité des investissements est très différente d’un pays à un autre. Au Portugal par exemple, la fiscalité sur les plus-values des actifs financiers privés est élevée, alors qu’elle est nulle en Suisse. Il est donc important de réfléchir avec un conseiller fiscal à l’opportunité de liquider des plus-values avant de s’y installer, quitte à réinvestir au sein d’une structuration assurantielle par exemple.

Au Portugal par exemple, la fiscalité sur les plus-values des actifs financiers privés est élevée, alors qu’elle est nulle en Suisse.

En ce qui concerne les capitaux de prévoyance, pour ceux qui envisagent leur retraite à l’étranger, ou dans un autre canton en Suisse, le traitement fiscal sera également très variable en fonction du choix entre le versement d’une rente, le retrait du capital ou un mélange des deux, ainsi que le lieu de résidence choisi.

Dans tous les cas, une analyse complète en amont, combinant des expertises financières, patrimoniales et fiscales, permettra de modéliser plusieurs scénarios et ainsi d’anticiper. Même si l’option la plus optimale fiscalement n’est pas celle retenue in fine par le client, il est toujours extrêmement utile et rassurant de pouvoir visualiser toutes les options à disposition, et ainsi éviter les mauvaises surprises après-coup. En définitive, la valeur ajoutée économique finale est générée par les meilleures décisions sur les marchés financiers de manière coordonnée, avec une saine planification patrimoniale globale.

Réforme des successions en 2023 : comment protéger sa famille ?

 

Gilles Panchard, planificateur financier, LO Patrimonia

Josselin de Saint Périer, directeur, LO Patrimonia

 

Avec la révision du droit des successions qui entre en vigueur le 1er janvier 2023, les parts réservataires pour les descendants seront diminuées, octroyant ainsi plus de liberté au testateur.

A la différence d’autres pays, notamment anglo-saxons, l’ordre juridique suisse fixe en effet un cadre à l’autonomie des testateurs. D’une part, seuls deux types d’actes sont envisageables : le testament ou le pacte successoral. D’autre part, le législateur a posé certaines limites, en instaurant le principe dit de la « réserve héréditaire ».

Principe de la réserve héréditaire

Le principe de la réserve héréditaire impose au testateur d’allouer une part de son patrimoine à certains héritiers limitativement énumérés. La fraction du patrimoine dont le testateur peut librement disposer (appelée « quotité disponible ») est par conséquent liée à la présence ou non d’héritiers réservataires.

Si ce principe est pleinement applicable dans le cadre d’un testament, le pacte successoral permet quant à lui, sous certaines conditions, de réduire voire d’annuler la part prévue aux héritiers réservataires. Cela est néanmoins envisageable uniquement si ces derniers y consentent de manière expresse.

Quotités disponibles et parts réservataires à compter du 1er janvier 2023 :

Outre la sérénité, ce qui guide celui ou celle qui souhaite planifier sa succession est de pouvoir protéger ses proches. En fonction du ou des proches concernés, les moyens peuvent être différents, et parfois se cumuler. Vous trouverez ci-dessous quelques pistes de réflexion dans cette optique.

Comment favoriser son conjoint ?

Si le testateur souhaite protéger tout particulièrement son conjoint, le droit matrimonial, accompagné de la stricte identification du propriétaire des biens composant le patrimoine du couple, permettrait d’améliorer la position du conjoint survivant. En effet, par contrat de mariage, le bénéfice de l’union conjugale (c’est-à-dire ce qui reviendra au conjoint survivant à la liquidation du régime matrimonial) peut être attribué, en tout ou partie, au conjoint survivant. Ceci à l’exception de la réserve légale des enfants non communs, qui doit être préservée. Lors de cette liquidation, le conjoint survivant bénéficiera ainsi d’une part plus importante.

« Pour toute succession ouverte après le 1er janvier 2023, le testateur aura une marge de manœuvre plus importante dont il pourra faire bénéficier les personnes de son choix, y compris son conjoint. »

Unilatéralement, le testateur peut en plus prévoir d’allouer la partie disponible de son patrimoine successoral (la quotité disponible) à son conjoint ou à son partenaire enregistré. Ce qui permet, là encore, d’augmenter la part du conjoint. En effet, à compter du 1er janvier 2023, en concours avec des enfants, le conjoint à qui le testateur octroierait la quotité disponible verrait ainsi sa part augmenter d’un quart (de 50% à 75%). C’est également un quart que le conjoint pourrait recevoir en plus s’il est en concours avec les père et mère du défunt (de trois quarts à la totalité). Un droit d’usufruit peut également être attribué par le testateur au conjoint survivant. On précisera que ce droit d’usufruit déploie tous ses effets en présence uniquement d’enfants communs.

Enfin, avec le concours nécessaire des héritiers qui devraient renoncer à leur réserve, le pacte successoral permettrait une complète liberté de disposition du testateur au bénéfice du conjoint.

Favoriser ses enfants

Si ce sont ses enfants (communs ou non) que le testateur souhaite particulièrement protéger, la plupart des moyens évoqués en faveur du conjoint sont également disponibles au bénéfice de ses enfants. Grâce à un aménagement du régime légal de la participation aux acquêts ou du choix d’un autre régime adéquat, le testateur peut, avec l’accord de son conjoint mais sans que cela puisse atteindre à la réserve de ses enfants non communs, modifier le bénéfice de l’union conjugale afin que chacun des époux conserve ses acquêts, augmentant de ce fait la masse successorale à partager entre les héritiers (dont les enfants). Le testateur peut également prendre unilatéralement des dispositions testamentaires afin d’allouer la quotité disponible à ses enfants. En concours avec le conjoint survivant, les enfants pourraient en effet recevoir 25% en plus de ce qu’ils auraient reçu en l’absence de toute disposition (de 50% à 75%).

« En concours avec le conjoint survivant, les enfants pourraient ainsi recevoir 25% en plus de ce qu’ils auraient reçu en l’absence de toute disposition. »

Par ailleurs, avec le concours nécessaire du conjoint qui renoncerait à sa réserve, le pacte successoral permettrait une complète liberté de disposition du testateur au bénéfice des enfants. Dans l’hypothèse d’un couple qui aurait des enfants issus d’une union différente et des enfants communs, le testateur pourrait souhaiter vouloir protéger tant ses enfants (communs et/ou ceux issus d’une union différente) que son conjoint, et cela sans atteindre pour autant à la part de ce dernier. Dans ce cadre et dans le respect de la réserve du conjoint, le testateur pourrait disposer qu’au décès subséquent de son conjoint, les actifs qu’il a transmis à ce dernier « reviennent » à ses enfants (les enfants communs que le testateur a eus avec son conjoint et ceux d’une union précédente). C’est grâce au dispositif légal de la substitution fidéicommissaire qu’il pourra y parvenir.

Quid des enfants du conjoint ?

Si ce sont les enfants de son conjoint que le testateur souhaite également protéger, ce dernier doit impérativement prendre des dispositions successorales en leur faveur. En effet, les enfants du conjoint sont considérés par le droit civil successoral comme des tiers et à ce titre, ils ne reçoivent rien des actifs du défunt. En amont des dispositions successorales, le droit matrimonial permet également mais indirectement de protéger les enfants du conjoint.

En effet, en augmentant la part matrimoniale revenant au conjoint survivant, cela augmente la masse successorale que les enfants de ce dernier ont vocation à recevoir (en totalité ou en partie). Grâce au droit successoral, le testateur peut également allouer – directement ou indirectement – une partie de son patrimoine.

En effet, soit il alloue directement grâce à un testament la quotité disponible aux enfants de son conjoint (soit, à compter du 1er janvier 2023, 1/2 en présence d’enfants du défunt et du conjoint), soit il alloue indirectement aux enfants du conjoint en prévoyant, grâce à une substitution fidéicommissaire, que les actifs transmis à son conjoint dans le respect de sa réserve reviennent aux enfants (non communs) de ce dernier.

Situation pour les concubins

Si le testateur souhaite protéger son concubin, respectivement les enfants de ce dernier, il devra également prendre des dispositions successorales en leur faveur car, de manière identique aux enfants non communs du conjoint, le droit suisse n’offre pas de statut juridique au concubin et aux enfants de ce dernier. Par conséquent, sans dispositions particulières, ceux-ci n’ont pas de vocation successorale à recevoir des actifs du testateur.

« Le droit suisse n’offre pas de statut juridique au concubin et aux enfants de ce dernier. Par conséquent, sans dispositions particulières, ceux-ci n’ont pas de vocation successorale à recevoir des actifs du testateur. »

Dans le respect des règles successorales, ce dernier pourra décider d’octroyer au concubin et/ou à ses enfants tout ou partie de la quotité disponible dont le montant dépendra des héritiers réservataires. Le logement du couple pourrait par exemple être légué au concubin, dès lors que la valeur du logement ne dépasse pas la quotité disponible.

Planification optimale, pour préserver le patrimoine à long terme

Pour une famille fortunée, ou un individu qui ne souhaite pas attendre l’inéluctable pour impliquer la prochaine génération, la première démarche doit consister en une discussion aussi large que possible avec un partenaire financier, capable d’appréhender des objectifs de gestion au regard de contraintes légales et fiscales (et les voies d’optimisation) sur plusieurs juridictions, même si tous les membres d’une famille sont résidents suisses au moment de la discussion.

Quand une donation est envisagée à des fins de gestion fiscalement efficiente au service d’objectifs familiaux communs, il convient bien entendu de valider la notion « d’excédent de fortune » au niveau du donateur, afin d’évaluer le montant qui peut être donné, sans affecter son train de vie.

Dans notre vision de la gestion de patrimoine, nous avons la conviction que l’organisation d’un patrimoine familial multigénérationnel est l’option la plus bénéfique à toutes les parties. La pratique de notre approche a validé qu’une partie non négligeable de la performance future dépend des bonnes décisions de transmission multigénérationnelle.

Ne pas sous-estimer la fiscalité étrangère

Si cet article précise le nouveau cadre civil suisse applicable à une succession régie par le droit civil suisse, la fiscalité suisse applicable à la succession d’une personne résidente en Suisse, elle, n’est pas modifiée.

En comparaison internationale, si l’on s’intéresse aux transmissions entre parents et enfants et que l’on se limite à une comparaison des taux applicables, les taux pratiqués en Suisse sont souvent nuls ou faibles (entre 0 et 7%) alors que des pays voisins comme la France, la Belgique ou le Royaume-Uni pratiquent des taux successoraux qui peuvent être à 2 chiffres.

Or, une personne domiciliée en Suisse pourrait voir la transmission de son patrimoine exposée à ces taux d’impôt étrangers.

Il est ainsi fortement recommandé de ne pas sous-estimer la fiscalité étrangère qui pourrait s’appliquer à la transmission de certains actifs qu’une personne résidant en Suisse pourrait détenir dans son patrimoine. Nous parlons ici de la notion du « situs » d’actifs ou dit autrement, de la question de la charge fiscale en cas de transmission (du vivant ou pour cause de décès) qui naitrait non pas en raison des règles applicables dans l’Etat du dernier domicile du défunt (la Suisse, par hypothèse) mais du lieu où sont situés certains actifs composant cette transmission.

Anticiper les conséquences fiscales

En effet, certains Etats peuvent prélever un impôt au moment de la transmission sur les actifs considérés comme étant situés sur leur territoire, bien que le donateur ou le défunt n’en sont pas des résidents.

Nous observons notamment que des pays comme la France, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis connaissent ce type de règle.

Cela concernerait des actifs immobiliers (p. ex. une résidence secondaire située en France), des actifs financiers (p. ex. des actions émises par une société américaine), ou des biens meubles (comme une collection d’œuvres d’art entreposée au Royaume-Uni).

Il est donc essentiel d’anticiper, à des fins de protection du patrimoine familial, les conséquences fiscales de la détention de ces actifs qui seront à la charge des héritiers en sus de l’éventuelle fiscalité successorale suisse.

Le métier de banquier privé se doit aussi de compléter un planning successoral civil tenant compte de ces considérations fiscales internationales en vue d’identifier et de réorganiser ce qui peut encore l’être, en amont de toute transmission de patrimoine.

Quelles perspectives pour les actifs privés ?

 

Thierry Célestin, responsable des solutions d’investissement Private Assets

 

La plupart des marchés cotés ont été chahutés cette année, avec parfois de fortes corrections. Qu’en est-il des actifs privés ? Après plusieurs années de performances remarquables, notamment dans le segment du private equity, faut-il craindre une crise ? Réponses et perspectives avec Thierry Célestin, en charge des solutions d’investissement autour de cette classe d’actifs pour notre clientèle privée.

 

Comment se sont comportés les actifs privés durant les années difficiles comme celle que nous sommes en train de vivre ?

Historiquement, les meilleurs millésimes de private equity ont souvent été des millésimes de crise, comme par exemple 2001 ou 2008. Il n’y a pas eu de corrections majeures sur les actifs privés ces derniers mois, mais les valorisations ont commencé à s’ajuster à la baisse et nous commençons donc à trouver de bons points d’entrée pour déployer du capital. Néanmoins, il est très difficile de « timer » le marché dans les actifs privés et il convient donc de toujours rester très discipliné dans le processus d’allocation et d’investir de manière sélective et graduelle, pour lisser les engagements dans la durée.

 

Rendements des buyouts américains sur plusieurs années (source: Cambridge Associates, US Buyout Index, Vintage 1994-2019)

Quelles sont les perspectives actuelles ?

La question pour tout le monde aujourd’hui semble être de savoir quelle sera la sévérité d’une possible récession et donc nous commençons à voir un certain attentisme des investisseurs institutionnels. En effet, nous observons actuellement un certain ralentissement des levées de nouveaux fonds ainsi qu’un volume d’affaires moindre qu’en 2021. Avec des marchés cotés très compliqués et volatils, pour les actions comme pour les obligations, les clients privés comprennent l’intérêt d’une allocation aux actifs privés dans leurs portefeuilles. L’une des principales interrogations des clients concerne le segment du « early stage », c’est-à-dire le capital-risque pour les jeunes entreprises. Nous sommes toutefois assez constructifs sur ce segment, porté par des tendances séculaires comme la digitalisation de l’économie.

De manière plus générale, la plupart des gérants de fonds ont suffisamment de capital pour soutenir leurs sociétés. Dans un environnement plus difficile, la sélection des gérants reste toutefois la clé, car il y a une très grande dispersion de performances dans le private equity, bien plus que dans l’univers coté.

 

Quelle part devraient représenter les actifs privés dans les portefeuilles aujourd’hui ?

Je ne crois pas qu’il y ait de chiffre absolu. Il faut pouvoir faire du sur mesure, en fonction des objectifs d’investissement, des besoins de liquidité et de l’appétit pour le risque de chaque client. En outre, l’allocation optimale doit être évaluée en fonction de l’horizon de placement, des projets de vie et du profil de risque individuel des investisseurs. Nous recommandons clairement une exposition aux actifs privés quand cela est possible, car ce type d’actifs permet de diversifier les portefeuilles, et a constitué une source de performance importante ces dernières années. Notre approche dans la construction des allocations d’actifs privés de nos clients vise à assurer une bonne diversification par gérants, géographies, secteurs, stratégies et, très important, par millésimes.

 

Au-delà du private equity, les investissements dans la dette privée, l’immobilier et les infrastructures se développent également. Quelles est votre vision à ce sujet ?

Notre expertise est déjà bien établie pour ces segments mais il est vrai que le marché se développe de plus en plus, engendrant plus d’opportunités d’investissement pour nos clients, ce pourquoi nous renforçons sans cesse notre offre. La dette privée offre une très bonne diversification à l’obligataire traditionnel liquide et permet d’augmenter le rendement courant des portefeuilles d’actifs privés. Nous voyons également des opportunités intéressantes dans les infrastructures, notamment renouvelables.

 

Justement, est-il possible d’intégrer la durabilité comme critère dans les investissements dans les actifs privés ?

C’est une démarche assez complexe car la durabilité est encore à un stade naissant dans les actifs privés. Cela dit, la capacité à faire évoluer une entreprise vers des pratiques plus durables peut être plus forte dans le private equity, grâce à la proximité avec l’entreprise et l’engagement des actionnaires dans la durée, et offre des perspectives intéressantes. Par ailleurs, les entreprises leaders dans le domaine de la durabilité ne sont pas toutes cotées et nombreuses d’entre elles sont de jeunes sociétés en forte croissance. Les actifs privés peuvent ainsi donner accès à des sociétés technologiques qui facilitent la transition.

Une stratégie pour atteindre vos objectifs financiers ? Trois cas concrets

Nadine Mottu, banquière senior, responsable Grandes Familles internationales

 Franco Fortunato, banquier senior

La fixation d’objectifs financiers constitue l’une des bases pour gérer son patrimoine sereinement. Mais cette étape est souvent plus facile à dire qu’à faire… En effet, nous sommes souvent influencés par de nombreux facteurs extérieurs, qu’il s’agisse de l’évolution des marchés financiers, de l’inflation, des taux d’intérêt, ou de facteurs plus personnels, comme la vente d’une maison ou le départ à la retraite. Résultat? Nous réagissons parfois de manière trop émotionnelle quand nos investissements sont à la hausse ou à la baisse, et la gestion de notre patrimoine en pâtit.

Définir ses objectifs de vie avant ses objectifs financiers

S’il ne s’agit pas de se transformer en robot pour gérer son patrimoine, certains outils de gestion et de planification se révèlent particulièrement utiles pour appréhender plus sereinement ses investissements. Tout d’abord, il s’agit d’élargir le spectre, en définissant des « objectifs essentiels » à moyen ou long terme, comme assurer son train de vie pendant 5 ou 10 ans, ou prendre une retraite anticipée. Ensuite, il s’agit de définir quelles sont ses « aspirations », qui peuvent se matérialiser sous la forme d’un projet d’achat immobilier, de création d’une nouvelle entreprise ou d’une fondation, ou encore de la transmission de son patrimoine à ses enfants.

Ces objectifs fixés permettront d’établir une « feuille de route » et une allocation de ses actifs en conséquence. L’expertise d’un conseiller financier permettra en outre de réaliser des simulations de l’évolution probable de son patrimoine, afin de mesurer les chances d’atteindre les objectifs fixés, et de mieux comprendre comment les actifs privés peuvent y contribuer. Au cours du temps, la stratégie pourra certes évoluer, mais la planification initiale permettra de maintenir un « cap », que ce soit dans les bons moments comme durant les périodes plus difficiles. Pour démontrer l’intérêt de cette stratégie, Nadine Mottu, banquière senior et responsable de l’équipe Grandes Familles internationales, et Franco Fortunato, banquier senior, partagent leur expérience de situations rencontrées par leurs clients.

Retour d’expériences de clients

Nadine Mottu et Franco Fortunato partagent les retours clients sur l’approche appelée « Votre Horizon Patrimonial ». Il s’agit d’une approche personnalisée et tournée vers l’avenir, où chaque objectif de vie peut être atteint avec des portefeuilles et des horizons temporels différents, tout en offrant une vue consolidée de l’allocation d’actifs et des risques.

Nadine Mottu, banquière senior et responsable de l’équipe Grandes Familles internationales, a été l’une des premières à mettre en place ce type de stratégie. « Il s’agit de raisonner par « poches » et allocations différenciées en fonction des objectifs, et non plus à travers le prisme d’un portefeuille global. » Cette approche est particulièrement pertinente lors d’une modification substantielle de patrimoine, à l’occasion de la vente d’une entreprise ou d’un héritage. « Elle peut également permettre de mieux structurer un patrimoine existant, en établissant des objectifs clairs sur le long terme, avec des attentes de rendements différentes par poche et des profils de risque également variés. Cette stratégie peut aussi faire la différence durant les périodes boursières compliquées, car nous visons la construction de poches avec un faible taux de corrélation. »

Structurer le patrimoine, gérer les passifs et optimiser la charge fiscale

Franco Fortunato, banquier senior, rejoint l’analyse de Nadine Mottu. Il évoque le cas d’un entrepreneur très pointu dans son domaine, qui préparait la vente de sa société. « S’il est assurément un entrepreneur hors pair, j’ai rapidement constaté qu’il avait une gestion trop émotionnelle de sa fortune, en investissant presque exclusivement dans des entreprises ou des thèmes qu’il connaissait. Votre Horizon Patrimonial lui a permis d’appréhender sa fortune à long terme, en diversifiant ses investissements mais aussi en apportant notre expertise en matière d’optimisation de la charge fiscale, de gestion des passifs et de structuration de la prévoyance. »

Nadine Mottu évoque le cas d’un autre entrepreneur, ayant vendu sa société à un fonds de private equity. « Concrètement, nous avons construit pour lui trois portefeuilles bien différenciés et proposé un crédit lombard pour financer un projet personnel. Les investissements et les rôles de ces différentes poches sont très différents et ciblés. » La poche avec un mandat de private equity fonctionne particulièrement bien, ce qui permet de compenser la baisse récente des marchés listés. La poche appelée « cash plus » a permis de traverser la récente correction boursière avec plus de sérénité. « Ce client s’est reconnu dans cette approche multi-poches avec une pondération importante en private equity dans ce cas précis. »

Pour Franco Fortunato, Votre Horizon Patrimonial permet ainsi de donner une grille de lecture et une vision globale aux clients, grâce à une analyse de la fortune à 360°. « Cela permet aussi de proposer des projections et une trajectoire, pour montrer ce qui est réalisable. »

Plus de visibilité et de sérénité

Un élément que Nadine Mottu a pu vérifier dans d’autres situations clients. Par exemple avec une héritière, séduite par cette approche lui permettant de se projeter sur le long terme – en prenant également en compte ses dépenses et ses impôts – afin de construire une stratégie sur mesure par rapport à ses besoins et ses projets de vie.

Enfin, Nadine Mottu évoque le cas d’un autre client qui souhaitait restructurer ses avoirs existants, et pour qui elle a mis en place des poches avec différentes stratégies d’investissement, indépendantes et avec un faible un taux de corrélation. « Ceci lui a apporté plus de tranquillité car ces différentes poches sont vraiment complémentaires. Lors de la récente correction boursière, la poche alternative a contribué à amortir la baisse de la poche actions, avec une performance positive sur les huit premiers mois de l’année. Notamment, grâce aux hedge funds qui sont essentiellement investis dans des stratégies décorrélées, qui bénéficient de la hausse de la volatilité durant cette période compliquée. » Quant au portefeuille de private equity, il affiche une solide performance qui se concrétise sur le long terme. « Chaque poche joue ainsi son rôle », conclut Nadine Mottu.

Le franc fort va-t-il peser sur l’attractivité des actions suisses ?

 Stéphane Monier, Chief Investment Officer, Banque Lombard Odier & Cie SA

 


Les actions suisses offrent des opportunités attrayantes en matière de sélection de titres, notamment pour les investisseurs recherchant des valeurs de qualité.

Quel impact aura la hausse du franc sur les actions suisses? Durant la majeure partie des quatorze dernières années, la Banque nationale suisse est intervenue pour l’affaiblir. En juin dernier, elle a indiqué sa volonté de laisser la monnaie s’apprécier dans le cadre de sa lutte contre les pressions inflationnistes. Au 1er septembre, le taux de change de l’euro/franc était de 0.98, ce qui représente une appréciation de 6% par rapport à la monnaie unique depuis le début de 2022.

Si un franc fort dope le pouvoir d’achat des importateurs, il réduit la compétitivité des entreprises exportatrices. L’économie suisse dépend très fortement du commerce extérieur. Les exportations de biens et de services représentaient 71% du PIB en 2021, trois quarts provenant du commerce des biens et un quart des services. L’Union européenne reste le principal partenaire économique de la Suisse, absorbant 43% de ses exportations. Les biens les plus exportées restent les produits pharmaceutiques et chimiques (52%), l’industrie mécanique et électrique (13%) et les montres (13%).

Baisse des exportations en vue

Si nous prévoyons une réduction de 1% à 1.5% de la croissance des exportations au cours de 2023, cela n’est pas dû à la force du franc, mais à la contraction économique de la zone euro. En effet, les industries exportatrices suisses affichent une faible élasticité des prix. Par ailleurs, les différentiels d’inflation avec les partenaires commerciaux sont en faveur de la Suisse. Ainsi, depuis 1999, le franc a progressé de 40% par rapport à l’euro en termes nominaux. Mais la monnaie suisse s’est affaiblie de 12% en termes réels, ce qui laisse une marge d’appréciation supplémentaire en termes nominaux.

Les entreprises suisses se sont progressivement adaptées à ce désavantage monétaire. Le franc fort les a poussées à innover et à exiger une prime pour leurs produits et leur expertise technologique. Nombre d’entre elles ont diversifié leur production pour créer une protection naturelle, délocalisant la production dans les marchés d’exportation. Depuis 2009, la Suisse a ainsi réussi à augmenter sa part dans le commerce mondial des biens de 1,4% à près de 1,7%.

Les implications en termes de compétitivité diffèrent selon les secteurs. Les biens de grande valeur, tels que les montres de luxe et les produits pharmaceutiques, restent relativement à l’abri des fluctuations des taux de change, tandis que les exportations de machines et de produits chimiques sont plus impactées. L’industrie du tourisme souffre également. Selon l’institut économique KOF, une hausse de 1% du franc se traduit par une baisse de 1,8% des nuitées dans certaines régions touristiques clés.

Croissance des bénéfices

La majeure partie des entreprises suisses devraient être en mesure de compenser la force du franc en augmentant leurs prix et en améliorant leur efficacité par le biais de l’automatisation. La preuve en est que la plupart des sociétés cotées ont annoncé pour le premier semestre des bénéfices supérieurs aux prévisions et des carnets de commandes solides.

La croissance historique des bénéfices des entreprises suisses a été stable comparativement à d’autres régions, mais cette stabilité a un prix. L’indice Swiss Market Index (SMI) se négocie actuellement à 16.4 fois les bénéfices prévisionnels, un niveau inférieur à sa moyenne historique, mais qui affiche une légère prime par rapport à l’indice MSCI World.

Potentiel de surperformance

Cette prime est en phase avec le potentiel de surperformance des actions suisses de qualité dans des conditions de marché difficiles. Grâce à leurs modèles d’affaires solides et leurs avantages concurrentiels, elles sont capables de défendre leurs marges et de continuer à verser des dividendes. Le profil sectoriel plus défensif du SMI devrait se montrer résilient en cas de récession, alors que l’indice des actions suisses de petite et moyenne capitalisation SPI EXTRA devrait moins bien performer en raison de son exposition à des secteurs plus cycliques, plus sensibles à la conjoncture. A mesure que la croissance ralentit, nous continuons à renforcer le biais qualité des portefeuilles de nos clients, notamment via des expositions plus élevées aux actions suisses de grande capitalisation.

4 questions clés pour organiser sa retraite

 Philippe Gay, Directeur et responsable de l’offre suisse, Banque Lombard Odier

 

A l’heure de prendre la retraite, de nombreuses questions doivent être posées : faut-il opter pour le versement d’une rente ou le retrait du capital ? Faut-il rembourser son hypothèque ? Quel serait l’impact financier d’un déménagement dans un autre canton ou à l’étranger ?

Quelles que soient sa situation et ses préoccupations, il est essentiel de faire un bilan patrimonial pour aborder sereinement ses projets de retraite. Ce bilan fait partie intégrante des missions d’un banquier privé gestionnaire de patrimoine qui accompagne ses clientes et clients dans cette transition. Voici les quatre points d’attention principaux abordés avec eux.

Rente ou capital ? Une question et ses conséquences

Avant même de choisir entre ces deux options, il faut dans un premier temps se renseigner sur les modalités du règlement de sa caisse de pension. Ce règlement fixe les conditions pour le retrait sous forme de capital ou de rente, le délai d’annonce pour la variante choisie, et si la décision est irrévocable. Ensuite, un plan financier simulant les variantes de prélèvements envisagées peut être établi par votre banquier et planificateur patrimonial. Ceci permettra de visualiser le développement de ses revenus, de ses dépenses – y compris de la charge fiscale – ainsi que sa fortune dans le temps.

Pour rappel, l’option de la rente permet l’obtention d’un revenu garanti à vie, sur le principe en tous cas. En effet, son indexation à l’évolution des prix n’est pas obligatoire et dépend en outre d’une décision du conseil de fondation, ce qui peut engendrer une différence notable de pouvoir d’achat réel au bout de 10 ou 15 ans. De plus, si le décès d’un rentier intervient malheureusement quelques années seulement après son départ à la retraite, le capital restant servira à financer la rente de survivant au conjoint survivant. Si ce dernier venait à décéder peu après, le capital restant restera en principe acquis à la caisse de pension.

A l’inverse, si le capital est retiré et bien géré, il peut ainsi générer des rendements et donc maintenir voire augmenter le pouvoir d’achat dans le temps. De plus, un autre aspect non négligeable concerne la transmission du patrimoine : en retirant la totalité du capital et en le plaçant judicieusement, on peut ainsi organiser sa succession et optimiser le capital transmis, à travers un héritage ou une démarche philanthropique.

D’un point de vue fiscal, le choix d’une rente implique qu’elle doit être déclarée intégralement chaque année, tout comme un revenu. En revanche, le capital retiré est imposé en une seule fois l’année du retrait, séparément des autres revenus et à un taux plus faible. Point d’attention à ne pas négliger : les capitaux des 2e et 3e piliers retirés la même année civile sont cumulés pour le calcul de la charge fiscale. Ce cumul s’applique également pour les prestations prises la même année fiscale, au sein d’un couple marié ou en partenariat enregistré. Il est donc essentiel de planifier et d’échelonner les retraits en capital des différentes poches de prévoyance sur plusieurs années, afin de limiter la charge fiscale totale.

Déménager en vue de la retraite ?

Dans ce contexte, l’aspect fiscal d’un changement de domicile n’est pas à négliger. En effet, le traitement fiscal des prestations de la prévoyance professionnelle et du 3e pilier lié diffère en fonction de la forme de la prestation (rente ou capital), mais aussi du lieu de domicile du bénéficiaire. Les barèmes cantonaux étant de la compétence des cantons, certains ont développé une fiscalité plus favorable en matière d’imposition des prestations de prévoyance.

Voici un exemple de quelques disparités cantonales en matière d’imposition des capitaux de prévoyance professionnelle, pour un couple marié et domicilié dans l’un des cantons suivants lors de l’échéance de la prestation en capital :

Source : Taxware, 14.06.2022

Un changement de résidence nécessite une planification rigoureuse, ainsi que de déplacer son centre d’intérêt et d’avoir la volonté de s’installer durablement à son nouveau domicile afin d’éviter des interrogations de la part des autorités fiscales du canton de départ. En outre, en cas de déménagement à l’étranger, il est indispensable de connaître le traitement fiscal des prestations de prévoyance dans le nouveau pays de résidence. Une planification minutieuse à l’aide d’un professionnel est requise pour anticiper les impacts juridiques et fiscaux du projet.

Quelle stratégie pour couvrir ses besoins à la retraite ?

La première étape consiste à établir un bilan patrimonial, un « état des lieux » qui permettra de construire une stratégie personnalisée. Il comprend l’ensemble des actifs mobiliers et immobiliers, ainsi que les dettes existantes, pour les mettre en perspective avec les futures dépenses et aspirations. En fonction des besoins individuels à la retraite, la structure du patrimoine ou sa gestion devront être ajustées.

Pour illustrer l’importance de cette analyse, prenons un exemple du côté du passif. Nos clients jeunes retraités se posent parfois la question suivante : dois-je rembourser ma dette hypothécaire? Ici, la réponse ne doit pas se limiter à une analyse fiscale. En effet, l’analyse doit tenir compte de son profil d’investisseur, de la manière dont les liquidités sont investies, du niveau des taux d’intérêt, du taux marginal d’imposition et des projets à venir.

Pour simplifier, les liquidités investies doivent rapporter davantage que le coût du crédit après impôts. Ainsi, si les placements rapportent plus que le coût du crédit après impôts, il est préférable de conserver son endettement. Cette considération est d’autant plus importante au moment de la retraite, sachant qu’il sera souvent plus difficile d’augmenter une dette pendant cette étape de vie.

Comment structurer son capital ?

Lors du départ à la retraite, il convient de déterminer ses besoins en liquidités à court, moyen et long terme. La stratégie de placement doit alors répondre à vos besoins, à vos objectifs de vie et à votre profil de risque. Pour cela, il est conseillé de structurer son patrimoine financier par « phases » de besoins de consommation – à court, moyen et long terme – avec des portefeuilles distincts qui répondent à des objectifs bien identifiés, tout en conservant une vision consolidée de ses actifs bancaires.

Globalement, on peut identifier trois grandes « phases » et stratégies associées. La phase 1 correspond à la mise en place d’un portefeuille de liquidités permanent, qui permet de couvrir ses besoins à court terme et de parer à des imprévus. La phase 2 correspond à un portefeuille de préservation du capital, qui permet d’assurer les besoins à moyen terme, et de profiter de l’évolution favorable des marchés. Enfin, la phase 3 correspond quant à elle à un portefeuille de croissance, qui servira à couvrir les besoins à long terme pour ses vieux jours, et à la transmission du patrimoine.

Pour conclure, et afin de préparer sereinement cette nouvelle étape, il est essentiel de prendre le temps d’évaluer toutes les options à disposition, voire de remettre en question certains à priori. Sachant que la retraite peut représenter 20 à 30 ans de vie, le choix d’un expert financier capable de préserver et faire fructifier le patrimoine est donc capital.

 

 

Pourquoi investir dans le private equity ?

 Philippe Gay, Directeur et responsable de l’offre suisse, Banque Lombard Odier

 

 

L’Europe compte aujourd’hui plus de 300 licornes, avec une centaine de nouvelles venues rien qu’en 2021, d’après les données du cabinet CB insight.  Toujours plus nombreuses, ces entreprises qui sont qualifiées de « licornes » partagent au moins deux points communs : être valorisées à plus d’un milliard de dollars, et ne pas être cotées en bourse.

Souvent actives dans les secteurs liés à la technologie et au digital, leur croissance a été portée par les besoins grandissants pour ce type de services, mais aussi par des levées de fonds record, notamment grâce aux investisseurs en private equity, c’est-à-dire dans les entreprises qui ne sont pas cotées en bourse

Au niveau mondial, la barre des 1000 licornes a été passée cette année. Au sommet du classement, on retrouve la société Bytedance (éditeur chinois du réseau social TikTok), avec une valorisation de 140 milliards de dollars.

Les entreprises qui entrent en bourse sont plus rares, et leurs performances sont plus modestes

Si l’année 2021 a été témoin d’un nombre record d’entrées en bourse (ou « IPO ») depuis 20 ans, il s’agit surtout d’un effet de rattrapage par rapport à 2020, selon le dernier rapport Global IPO Watch du cabinet de conseil et d’audit PricewaterhouseCoopers. Malgré ce sursaut l’an dernier, la tendance de fond reste en effet à la baisse : en vingt ans, le nombre d’entreprises cotées à Wall Street a été divisé par plus de deux, passant d’environ 7500 à 3500, entre 2000 et 2020.

Est-ce que les nouvelles IPO auront au moins été profitables pour investisseurs ? Le bilan est pour le moins contrasté, pour ne pas dire décevant. En effet, toujours d’après PwC, 80% des IPO sur le continent américain étaient en sous-performance au 31 décembre 2021. C’est également le cas de 57% des IPO au niveau mondial.

Pour prendre deux exemples d’entreprises suisses illustrant ce phénomène, citons tout d’abord Sophia Genetics. Créée en 2014 en Suisse, l’entreprise active dans les données du séquençage génétique a fait son IPO sur le Nasdaq en juillet 2021. Le prix de l’action était alors de 18 dollars, mais il était à moins de 7 dollars au début du mois de mai 2022. Du côté de la marque de sport On Running, malgré des débuts en fanfare en septembre 2021 à Wall Street, le titre avait perdu près de 30% de sa valeur début mai. Cependant il est à noter que la situation des marchés depuis ce début d’année a également influencé les cours de ces deux sociétés.

Toujours plus de valeur créée hors bourse via le private equity ou capital-investissement

Finalement, de plus en plus d’entreprises font le choix de ne pas entrer en bourse, ou alors beaucoup plus tard qu’auparavant. Même celles qui ont du succès, comme les fameuses licornes. En conséquence, la valeur créée par ces entreprises se réalise de plus en plus en dehors des circuits boursiers. Ce qui ne veut pas dire qu’elles sont inaccessibles aux investisseurs. En effet, il est possible de participer au financement et à la croissance de ces entreprises à travers des investissements dits de « private equity », aussi appelé capital-investissement, à différents stades de leur croissance.

Rappelons par ailleurs que dans la composition de nos économies, la majorité des entreprises ne sont pas cotées en bourse, même si par effet médiatique on entend plus parler de celles qui le sont.

L’intérêt du private equity : diversification & décorrélation des portefeuilles

Investir dans des entreprises non cotées en bourse participe à améliorer la diversification de ses investissements et de son portefeuille, et permet aussi une décorrélation naturelle d’avec les cycles boursiers et leur volatilité. Il faut toutefois être prêt à s’engager sur le long terme, ce type de financement nécessitant plusieurs années pour en voir pleinement le potentiel. En contrepartie de cette patience des investisseurs, les rendements annuels peuvent être sensiblement supérieurs.

Mais comment investir dans le private equity ? Trois grandes options sont possibles. La première est un investissement direct dans une entreprise : l’investisseur participe à une levée de fonds par exemple. La seconde est de passer par un fonds de private equity, géré par des professionnels qui vont investir l’argent des investisseurs dans plusieurs entreprises. Enfin, la troisième voie est celle qui offre le plus de diversification: l’investissement dans un fonds de fonds, avec un partenaire financier expérimenté qui va procéder à une sélection des meilleurs fonds de private equity.

Un marché toujours en pleine croissance et des perspectives positives

Les gestionnaires de fonds de private equity ont connu la deuxième meilleure année de collecte de fonds de l’histoire du secteur en 2021, d’après un rapport publié par Bain & Company en mars 2022. Ceci permet de réaliser des opérations de financement toujours plus importantes. Ainsi, la taille moyenne des transactions a franchi la barre du milliard de dollars en 2021 pour la première fois.

Les fonds ont augmenté les distributions et ont continué à produire des rendements supérieurs à ceux de toutes les autres classes d’actifs, poursuivant une tendance bien établie depuis plusieurs années.

Le volume mondial des transactions de capital-investissement a même représenté environ 20% du volume global des fusions et acquisitions l’an dernier, d’après un article publié par la Harvard Business School, en collaboration avec PwC. Parmi les transactions technologiques les plus importantes soutenues par des fonds de capital-investissement, on peut citer l’acquisition de McAfee pour 14 milliards de dollars, par un consortium d’investisseurs en capital-investissement.

D’après les auteurs de l’article, malgré la hausses des taux d’intérêt attendue, la fin programmée des mesures de relance directement liées à la pandémie et d’éventuelles réformes fiscales, les fondamentaux économiques restent en place pour une année 2022 forte dans le private equity.

 

 

Planifier sa retraite tout en préparant la vente de l’entreprise à ses cadres dirigeants

Daniel Ricci, gérant de fortune Banque Lombard Odier & Cie Genève

 

Près d’un quart des dirigeants de PME suisses envisagent de vendre leur entreprise dans les cinq prochaines années. Pour la génération du baby-boom, la transmission est au cœur de leurs préoccupations.

 

Cas classique, le propriétaire, un quinquagénaire qui a prévu de céder son entreprise à trois cadres dirigeants à moyen terme, souhaitait lever du capital en sollicitant des investisseurs privés pour soutenir la croissance de ses activités. Si l’accès au financement est crucial dans ce projet, encore faut-il opter pour la meilleure solution, en fonction de la structure de l’entreprise. En tant que gérant de fortune de l’entrepreneur, nous l’avons mis en relation avec nos collègues du Corporate Coverage, spécialisés dans l’accompagnement de stratégies d’entreprises et notamment en ce qui concerne la transmission, le capital-risque et les financements structurés.

 

Après analyse financière, le bilan s’est révélé excellent, avec un compte de résultat solide et un niveau d’endettement très bas. Nous lui avons conseillé d’opter pour l’émission d’une dette privée, afin de ne pas diluer le capital, ce qui aurait en outre compliqué la cession future aux cadres. De plus, les taux bas encourageaient cette solution adossée à un remboursement à terme, l’entreprise étant en capacité de dégager suffisamment de cash flow.

 

L’équipe de Corporate Coverage de Lombard Odier a présenté au propriétaire une sélection de fonds d’investissements européens spécialisés dans ce type de financement. L’entrepreneur et ses cadres dirigeants ont ainsi pu opter pour une offre qui prenait en compte les besoins actuels du développement de l’entreprise et du futur management buyout.

 

La transmission d’entreprise est un moment clé pour l’entrepreneur qui souhaitera valoriser au mieux le fruit de son travail. Notre particularité est d’apporter des solutions de façon globale, en prenant en compte tous les paramètres concernant la famille, le patrimoine et l’entreprise, afin d’implémenter des solutions de gestion appropriées et personnalisées.

 

Utiliser les liquidités excédentaires du bilan pour préparer sa retraite

 

En parallèle au financement de l’entreprise, une analyse globale de la situation financière de l’entrepreneur a également été réalisée. À quelques années de la cession, et donc de la retraite, des questions stratégiques ont été abordées. Comment planifier sa retraite ? Comment optimiser sa fiscalité ?

Comment générer les rendements nécessaires au niveau de vie qu’il souhaite poursuivre ?

L’expérience nous montre qu’un entrepreneur mesure souvent son enrichissement personnel par rapport à la valorisation de son entreprise et la taille de son compte d’actionnaire. Il a par ailleurs fréquemment réduit au minimum sa prévoyance, n’anticipant pas la valeur ajoutée patrimoniale qu’elle peut lui offrir.

 

Aujourd’hui, repenser sa prévoyance comme partie intégrante de la gestion de son patrimoine global est un acte préalable à la prise de retraite.

Les gérants de fortune observent régulièrement que les entrepreneurs ont tendance à limiter les prélèvements dans leur société pour éviter de générer de la fiscalité. In fine, de nombreuses sociétés se retrouvent donc avec des liquidités excédentaires au bilan, non nécessaires à l’exploitation. Au moment de la cession, ces liquidités peuvent avoir des conséquences négatives sur la valorisation de l’entreprise.

 

Dans le cas qui nous occupe ici, la trésorerie conséquente constitue une difficulté supplémentaire à la cession de la société aux cadres dirigeants.

 

En collaboration avec le conseiller fiscal du client, nous avons entrepris une réflexion sur son 2ème pilier et la mise en place d’une solution de Bel Etage pour lui-même et ses cadres. Cette opération a permis de mieux maîtriser sa fiscalité tout en augmentant de manière significative son capital retraite. L’assuré devient dès lors un acteur de sa prévoyance sur-obligatoire. Une bonne allocation de ses avoirs lui permet de tendre à une amélioration de la performance sans modifier le profil de risques. La prévoyance professionnelle permet ainsi de créer de la valeur grâce à une gestion d’avoirs mobiliers qui font partie intégrante du patrimoine global de nos clients.

 

Les rachats d’années de cotisation n’étant plus possible les 3 ans avant le départ à la retraite, le quinquagénaire a réalisé qu’il lui restait finalement peu de temps pour se constituer un capital de prévoyance nécessaire afin de maintenir le train de vie souhaité après la cession de l’entreprise. Ces rachats sont intégralement déductibles du revenu imposable de l’assuré, et l’argent qui sert à financer ledit rachat sort de la fortune imposable de l’assuré.

Dans une optique de gestion globale du patrimoine des entrepreneurs, ces rachats participent à une gestion fiscalement efficiente, qui intègre la fortune privée, les avoirs de prévoyance et les liquidités de l’entreprise.

 

Une retraite au soleil

 

L’entrepreneur et son épouse ont également fait part de leur projet de passer une retraite ensoleillée au Portugal. Si le statut de résident fiscal non habituel instauré par le pays ibérique a connu un retentissant succès, un changement de juridiction nécessite une étude de cas individuelle poussée. Tout déménagement à l’étranger implique des enjeux personnels, mais également juridiques et fiscaux. Le patrimoine doit également être structuré en tenant compte des réglementations et des législations en vigueur dans la juridiction de départ, la Suisse, et celle de destination. Pour notre entrepreneur, nos conseillers en planification patrimoniale ont pu exposer au couple les avantages, mais aussi les contraintes, qu’un tel déménagement impliquaient, ce qui leur a permis de se faire une opinion en connaissance de cause.

 

La mobilité internationale concerne près de 3 millions de personnes par an dans l’Union européenne selon Eurostat, un chiffre qui a augmenté de 12% depuis 2013.

Cette tendance durable nous a poussé à développer une expertise couvrant les principales juridictions européennes. Ainsi, si vous prenez la décision de déménager à l’étranger, nous structurerons vos biens selon les règles et les lois en vigueur dans les deux juridictions de départ et d’arrivée.

 

En tant que banquiers entrepreneurs, nous comprenons vos préoccupations. C’est pourquoi nous avons développé une expertise pour vos besoins spécifiques.

Nous vous conseillons dans la structuration personnalisée et la gestion de votre patrimoine sur trois axes : votre fortune liée à l’entreprise, votre fortune privée et vos avoirs de prévoyance.

Enfin, grâce à nos experts en matière de planification patrimoniale, nous vous conseillons dans la transmission et la cession d’entreprise, qu’elle soit réalisée avec un tiers ou avec un membre de la famille. Pour en savoir plus sur notre expertise auprès des entrepreneurs, n’hésitez pas à visiter notre page dédiée.