4 questions clés pour organiser sa retraite

 Philippe Gay, Directeur et responsable de l’offre suisse, Banque Lombard Odier

 

A l’heure de prendre la retraite, de nombreuses questions doivent être posées : faut-il opter pour le versement d’une rente ou le retrait du capital ? Faut-il rembourser son hypothèque ? Quel serait l’impact financier d’un déménagement dans un autre canton ou à l’étranger ?

Quelles que soient sa situation et ses préoccupations, il est essentiel de faire un bilan patrimonial pour aborder sereinement ses projets de retraite. Ce bilan fait partie intégrante des missions d’un banquier privé gestionnaire de patrimoine qui accompagne ses clientes et clients dans cette transition. Voici les quatre points d’attention principaux abordés avec eux.

Rente ou capital ? Une question et ses conséquences

Avant même de choisir entre ces deux options, il faut dans un premier temps se renseigner sur les modalités du règlement de sa caisse de pension. Ce règlement fixe les conditions pour le retrait sous forme de capital ou de rente, le délai d’annonce pour la variante choisie, et si la décision est irrévocable. Ensuite, un plan financier simulant les variantes de prélèvements envisagées peut être établi par votre banquier et planificateur patrimonial. Ceci permettra de visualiser le développement de ses revenus, de ses dépenses – y compris de la charge fiscale – ainsi que sa fortune dans le temps.

Pour rappel, l’option de la rente permet l’obtention d’un revenu garanti à vie, sur le principe en tous cas. En effet, son indexation à l’évolution des prix n’est pas obligatoire et dépend en outre d’une décision du conseil de fondation, ce qui peut engendrer une différence notable de pouvoir d’achat réel au bout de 10 ou 15 ans. De plus, si le décès d’un rentier intervient malheureusement quelques années seulement après son départ à la retraite, le capital restant servira à financer la rente de survivant au conjoint survivant. Si ce dernier venait à décéder peu après, le capital restant restera en principe acquis à la caisse de pension.

A l’inverse, si le capital est retiré et bien géré, il peut ainsi générer des rendements et donc maintenir voire augmenter le pouvoir d’achat dans le temps. De plus, un autre aspect non négligeable concerne la transmission du patrimoine : en retirant la totalité du capital et en le plaçant judicieusement, on peut ainsi organiser sa succession et optimiser le capital transmis, à travers un héritage ou une démarche philanthropique.

D’un point de vue fiscal, le choix d’une rente implique qu’elle doit être déclarée intégralement chaque année, tout comme un revenu. En revanche, le capital retiré est imposé en une seule fois l’année du retrait, séparément des autres revenus et à un taux plus faible. Point d’attention à ne pas négliger : les capitaux des 2e et 3e piliers retirés la même année civile sont cumulés pour le calcul de la charge fiscale. Ce cumul s’applique également pour les prestations prises la même année fiscale, au sein d’un couple marié ou en partenariat enregistré. Il est donc essentiel de planifier et d’échelonner les retraits en capital des différentes poches de prévoyance sur plusieurs années, afin de limiter la charge fiscale totale.

Déménager en vue de la retraite ?

Dans ce contexte, l’aspect fiscal d’un changement de domicile n’est pas à négliger. En effet, le traitement fiscal des prestations de la prévoyance professionnelle et du 3e pilier lié diffère en fonction de la forme de la prestation (rente ou capital), mais aussi du lieu de domicile du bénéficiaire. Les barèmes cantonaux étant de la compétence des cantons, certains ont développé une fiscalité plus favorable en matière d’imposition des prestations de prévoyance.

Voici un exemple de quelques disparités cantonales en matière d’imposition des capitaux de prévoyance professionnelle, pour un couple marié et domicilié dans l’un des cantons suivants lors de l’échéance de la prestation en capital :

Source : Taxware, 14.06.2022

Un changement de résidence nécessite une planification rigoureuse, ainsi que de déplacer son centre d’intérêt et d’avoir la volonté de s’installer durablement à son nouveau domicile afin d’éviter des interrogations de la part des autorités fiscales du canton de départ. En outre, en cas de déménagement à l’étranger, il est indispensable de connaître le traitement fiscal des prestations de prévoyance dans le nouveau pays de résidence. Une planification minutieuse à l’aide d’un professionnel est requise pour anticiper les impacts juridiques et fiscaux du projet.

Quelle stratégie pour couvrir ses besoins à la retraite ?

La première étape consiste à établir un bilan patrimonial, un « état des lieux » qui permettra de construire une stratégie personnalisée. Il comprend l’ensemble des actifs mobiliers et immobiliers, ainsi que les dettes existantes, pour les mettre en perspective avec les futures dépenses et aspirations. En fonction des besoins individuels à la retraite, la structure du patrimoine ou sa gestion devront être ajustées.

Pour illustrer l’importance de cette analyse, prenons un exemple du côté du passif. Nos clients jeunes retraités se posent parfois la question suivante : dois-je rembourser ma dette hypothécaire? Ici, la réponse ne doit pas se limiter à une analyse fiscale. En effet, l’analyse doit tenir compte de son profil d’investisseur, de la manière dont les liquidités sont investies, du niveau des taux d’intérêt, du taux marginal d’imposition et des projets à venir.

Pour simplifier, les liquidités investies doivent rapporter davantage que le coût du crédit après impôts. Ainsi, si les placements rapportent plus que le coût du crédit après impôts, il est préférable de conserver son endettement. Cette considération est d’autant plus importante au moment de la retraite, sachant qu’il sera souvent plus difficile d’augmenter une dette pendant cette étape de vie.

Comment structurer son capital ?

Lors du départ à la retraite, il convient de déterminer ses besoins en liquidités à court, moyen et long terme. La stratégie de placement doit alors répondre à vos besoins, à vos objectifs de vie et à votre profil de risque. Pour cela, il est conseillé de structurer son patrimoine financier par « phases » de besoins de consommation – à court, moyen et long terme – avec des portefeuilles distincts qui répondent à des objectifs bien identifiés, tout en conservant une vision consolidée de ses actifs bancaires.

Globalement, on peut identifier trois grandes « phases » et stratégies associées. La phase 1 correspond à la mise en place d’un portefeuille de liquidités permanent, qui permet de couvrir ses besoins à court terme et de parer à des imprévus. La phase 2 correspond à un portefeuille de préservation du capital, qui permet d’assurer les besoins à moyen terme, et de profiter de l’évolution favorable des marchés. Enfin, la phase 3 correspond quant à elle à un portefeuille de croissance, qui servira à couvrir les besoins à long terme pour ses vieux jours, et à la transmission du patrimoine.

Pour conclure, et afin de préparer sereinement cette nouvelle étape, il est essentiel de prendre le temps d’évaluer toutes les options à disposition, voire de remettre en question certains à priori. Sachant que la retraite peut représenter 20 à 30 ans de vie, le choix d’un expert financier capable de préserver et faire fructifier le patrimoine est donc capital.

 

 

Lombard Odier

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